Evaluer les systèmes en grandes cultures biologiques Résultats de 4 années d essais à La Saussaye

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Transcription:

Evaluer les systèmes en grandes cultures biologiques Résultats de 4 années d essais à La Saussaye janvier 2015 L ESSAI EN BREF Afin d évaluer la faisabilité technique, économique, environnementale et sociale des systèmes bio en grandes cultures sans élevage, nous présentons une expérimentation réalisée en grandes parcelles, qui vise à évaluer deux systèmes de culture présentant des situations contrastées en terme d autonomie vis à vis des apports organiques. Deux systèmes biologiques céréaliers sont mis en place en Beauce Chartraine sur l exploitation agricole de l EPL de Chartres La Saussaye. Le sol est de type limoneux-argileux sur calcaire, peu caillouteux, moyennement profond à profond (60 à 90 cm). La rotation est basée sur les cultures couramment implantées en région Centre et est adaptée au type de sol. Mise en place depuis septembre 2010 sur une surface de 18 ha divisée en deux parcelles de taille identique. La 1 ère parcelle est nommée «Système Autonome (SA)», la 2 nd est nommée «Système Productif (SP)». Binage du système productif à gauche, labour du système autonome à droite 1

DESCRIPTION DU DISPOSITIF Le système autonome est représentatif d une conduite extensive des cultures. Il vise l autonomie azotée, par l implantation de luzerne et d autres légumineuses. Aucun apport de matière organique Système Autonome (SA) exogène n est apporté sur ce système où les interventions mécaniques restent limitées. Ce système est peu «gourmand» en main d œuvre et en mécanisation. Le système productif est représentatif d une conduite intensive des cultures. L objectif est d augmenter la valeur ajoutée par un niveau élevé de production et par le recours à des cultures mieux valorisées. Les Système Productif (SP) intrants autorisés en AB tout comme le recours à la main d œuvre et aux interventions mécaniques ne sont pas limités. En bref, on pourra considérer que : le système autonome a pour objectif d être réalisable et rentable en bio sur une surface relativement grande avec peu de main d œuvre (logique extensive), le système productif vise d être réalisable et rentable en bio sur une surface plus restreinte, avec des charges d intrants, de mécanisation et de main d œuvre plus importantes (logique intensive). 2

REGLES GENERALES DE DECISION Points clé des systèmes Système autonome Système productif Cahier des charges AB Certification par QUALITE FRANCE depuis 2010 : AB en 2014 Maintien de la fertilité Lutte contre les adventices Lutte contre les ravageurs et les maladies Luzerne 3 ans, féverole, trèfle Broyage du trèfle et de la dernière coupe de luzerne Légumineuses en interculture Labour systématique sur les cultures annuelles 2 à 3 déchaumages systématiques Apports exogènes de matière organique sur le maximum de cultures Implantation de couverts en intercultures longues Houe/herse étrille : un passage en pré levée, un passage en postlevée Diversification des cultures : hiver/printemps, familles différentes Semis tardif des cultures d hiver Présence de luzerne (3ans) et de trèfle (1,5 an) Valorisation économique Vente de la luzerne : contrat de déshydratation Binage d un maximum de cultures (y compris céréales) Diversification des cultures : hiver/printemps, familles différentes Emploi de produits homologués en bio si besoin Cultures à fortes valeurs ajoutées ITINERAIRE TECHNIQUE 2014 A noter : bien qu implantés en mélange, Skerzzo et Arezzo présentent des symptômes de rouille jaune plus marqués que Calabro implanté pure. 3

RESULTATS TECHNICO-ECONOMIQUES 2014 EVOLUTION DE LA MARGE DIRECTE DEPUIS 2011 4

REFERENCES ECONOMIQUES : CONCLUSIONS Comparaison aux références Inosys «grandes cultures bio / 80 à 180 ha, 1UTH Potentiel agronomique moyen» - Modélisation sur 5 ans. Blé tendre d hiver précédent luzerne : Système Autonome 2014 Références Inosys 2009-2013 Produits bruts (dont aide au maintien) 1549 /ha 1506 /ha Charges opérationnelles 192 /ha 102 /ha Marges brutes 1357 /ha 1404 /ha La marge brute «Autonome 2014» est proche de la moyenne pluriannuelle Inosys. Les produits bruts du système autonome et de la référence sont sensiblement égaux (moins de 3% d écart : rendement plus élevé pour le système autonome mais prix de vente plus faible). Le coût de la semence est la principale explication des 90 /ha d écart entre le système autonome et la référence Inosys. Blé tendre d hiver précédent féverole : Système Productif 2014 Références Inosys 2009-2013 Produits bruts (dont aide au maintien) 1675 /ha 1256 /ha Charges opérationnelles 448 /ha 102 /ha Marges brutes 1227 /ha 1154 /ha Le rendement élevé du système productif en 2014 (50 q/ha contre 34 q/ha pour la référence) permet de compenser des charges opérationnelles plus de 4 fois supérieures aux valeurs Inosys. Ainsi, la marge brute 2014 du système productif dépasse de 6% (73 /ha) la référence pluriannuelle. Toutes cultures confondues : Système Autonome (récoltes 2011 à 2014) Système Productif (récoltes 2011 à 2014) Références Inosys (2009-2013) Marges brutes 1036 /ha 1486 /ha 1070 /ha Marges directes 923 /ha 1017 /ha - Moyennées sur 4 ans, les charges opérationnelles et directes sont respectivement de 2,5 et de 4 fois supérieures pour le système productif que pour le système autonome (cf. histogramme page précédente). Malgré son niveau de charges plus élevé, le système productif demeure le système le plus rentable avec une marge directe de 10% supérieure. 5

ZOOM SUR LA GESTION DES ADVENTICES Le système productif présente une flore adventice plus dense et plus concurrentielle que celle du système autonome, avec 22 espèces différentes recensées en juin 2014. La densité de chardon, aujourd hui nuisible pour la culture (1 à 3 plantes/m²), est en forte augmentation depuis 2013. Afin de respecter le protocole de l expérimentation, l implantation d une luzerne ou d une autre culture de fauche ne sera pas réalisée sur ce système de cultures. Il faudra notamment compter sur le travail du sol, les couverts végétaux et l écimage pour lutter contre les chardons et autres vivaces. Renouée liseron et gaillet sont deux autres espèces présentes et potentiellement nuisibles (entre 3 et 10 plantes/m²). Sur le système autonome, les trois années de luzerne (3 fauches par an) ont permis d éliminer les chardons préalablement présents et de fortement contribuer à la maîtrise des mauvaises herbes. La parcelle compte aujourd hui une flore adventice peu concurrentielle, peu dense mais diversifiée. 30 espèces différentes ont été recensées en juin 2014. Contact : Matthieu Le Bras : m.lebras@eure-et-loir.chambagri.fr 02.37.24.46.76/06.84.98.95.54 6