ASPECTS CLINIQUES ET PRISE EN CHARGE DE L INFIRMITE MOTRICE CEREBRALE DE L ENFANT :

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Transcription:

ASPECTS CLINIQUES ET PRISE EN CHARGE DE L INFIRMITE MOTRICE CEREBRALE DE L ENFANT : CAS D UN CENTRE DE REEDUCATION DE LUBUMBASHI KANTENG AW, YABA A, SINDANO Y, LUBOYA NO. Département de pédiatrie / fac. Med. Unilu CUL

INTRODUCTION (0) IMC: LÉSION SURVENANT EN PÉRIODE ANTÉNATALE OU POSTNATALE, NON PROGRESSIVE, MAIS PERMANENTE, DU CERVEAU JEUNE ENTRAÎNANT UN DÉFICIT À PRÉDOMINANCE MOTRICE (DÉFICIT CÉRÉBRAL MINEUR). IMC À DIFFÉRENCIER DES IMOC GROUPE PLUS LARGE, DONT LES TROUBLES MOTEURS SONT ASSOCIÉS AU HANDICAP MENTAL (MALHERBE V, 2002). LES ENFANTS PRÉSENTANT UNE IMOC REPRÉSENTENT 2,14/1000 NOUVEAU-NÉS, LES IMC AU SENS STRICT 0,6/1000. (TARDIEU G, 2000) PEU D ÉTUDES EN AFRIQUE

INTRODUCTION (1) OBJECTIF GÉNÉRAL : CONTRIBUER À LA COMPRÉHENSION DE LA CLINIQUE ET DES ASPECTS CLINIQUES DE L INFIRMITÉ MOTRICE CÉRÉBRALE CHEZ LES ENFANTS. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES : DÉTERMINER UNE FRÉQUENCE HOSPITALIÈRE DE L IMC CHEZ L ENFANT ; DÉCRIRE LES CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES DES PATIENTS ; IDENTIFIER LES MOYENS THÉRAPEUTIQUES UTILISÉS.

MÉTHODOLOGIE (1) TYPE D ÉTUDE : DESCRIPTIVE TRANSVERSALE DURÉE: 36 MOIS, SOIT DE JANVIER 2010 À DÉCEMBRE 2013 TYPE D ÉCHANTILLONNAGE : DE CONVENANCE. TAILLE DE L ÉCHANTILLON : 166 PATIENTS INCLUSION : ENFANT DE MOINS DE 16 ANS AYANT ÉTÉ ADMIS AU CENTRE WOTE PAMOJA POUR IMC (DIAGNOSTIC CLINIQUE) DURANT LA PÉRIODE DE NOTRE ÉTUDE. TECHNIQUE DE COLLECTE: REVUE DOCUMENTAIRE

RÉSULTATS 166 CAS D IMC SUR 724 ENFANTS PRÉVALENCE DE 22,9%. L ÂGE MOYEN EST DE 36,0 MOIS. LES LIMITES SONT RESPECTIVEMENT 2 ANS ET 13 ANS. SEXE MASCULIN LE PLUS REPRÉSENTÉ, SOIT 68% DES CAS, LE SEXE RATIO ÉTANT DE 1,47. 92% DES ENFANTS SONT NÉS PAR VOIE BASSE CONTRE 8% PAR VOIE HAUTE. 120 PATIENTS SUR 166, SOIT 72,3% AVAIENT UNE AUTONOMIE CONSERVÉE LA PLUPART DES PATIENTS SONT NÉS AVEC UN POIDS NORMAL (85,6% ) ET EUTOCIQUEMENT (92% )

RÉSULTATS TABLEAU I. REPARTITION DES CAS EN FONCTION DE L APPROCHE COMMUNAUTAIRE Approche communautaire Fréquence Pourcentage Approche spirituelle 147 88,6 (guérisseurs / prophètes) Maladie 19 11,4 TOTAL 166 100

RÉSULTATS TABLEAU II. REPARTITION DES CAS SELON LES ANTECEDENTS MORBIDES Antécédents Fréquence Pourcentage Méningite 55 33,1 Epilepsie 22 13,3 Sepsis 19 11,5 Dysmorphie 15 9,0 Inconnus 55 33,1 TOTAL 166 100

RÉSULTATS 68,9% 10,4% 20,7% Athétosique Mixte Spastique FIGURE 2. RÉPARTITION DES CAS EN FONCTION DU TYPE D'IMC

RÉSULTATS 70,5% 17,5% 12% Kabat-bobath Ludothérapie Tonification massage FIGURE 6. RÉPARTITION DES CAS EN FONCTION DU TYPE DE TRAITEMENT

DISCUSSION LIMITES: DIFFICILE ÉVALUATION DU DÉVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR (COLLECTE RÉTROSPECTIVE) DIAGNOSTIC CLINIQUE PAUVRE (COMPÉTENCE LIMITÉE DU PERSONNEL) FRÉQUENCE HOSPITALIÈRE NOTRE SÉRIE: 22,9% AUTRES SÉRIES: 21,48% À BOBO-DIOULASSO, BURKINA-FASO (GANDEMA S, 2003), 20 % AU CAMEROUN (MOTCHIE, 2000) ET 22.29% À MADAGASCAR (RAMANATSOA, 1998).

DISCUSSION SEXE PRÉDOMINANCE MASCULINE À 68% (SEX-RATIO 1,47) RÉSULTATS SIMILAIRES: SEX-RATIO DE 1,3 (MBONDA, 1995; MOTCHIE, 2000); 1,7 (GANDEMA S, 2003) ET 1,5 (LANGUNDJU, 2001). HYPOTHÈSE D UNE DIFFÉRENCE NEUROBIOLOGIQUE DANS LE DÉVELOPPEMENT NEURONAL DES GARÇONS VS LES FILLES DIFFÉRENCIATION DES RÉPONSES LORS DE LA SURVENUE DES LÉSIONS CÉRÉBRALES (BEDIANG GW, 2008).

DISCUSSION MODE D ACCOUCHEMENT ET POIDS A LA NAISSANCE PAS DE LIEN STATISTIQUE CALCULÉ ENTRE CES PARAMÈTRES LA SURVENUE DES LÉSIONS CÉRÉBRALES. CE QUI EST CONNU: UN ACCOUCHEMENT DYSTOCIQUE ASPHYXIE CÉRÉBRALE DU NOUVEAU-NÉ IMC. PETIT POIDS DE NAISSANCE RETARD DE DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL SÉQUELLES NEUROLOGIQUES!!!! ÉTUDES PLUS APPROFONDIES POUR ÉVALUER CETTE RELATION DANS NOTRE MILIEU.

DISCUSSION PERCEPTION ET APPROCHE COMMUNAUTAIRE IMPORTANT RÔLE DES APPROCHES «SPIRITUELLES» IDEM AUTRES ÉTUDES AFRICAINES: 83,3% DES CAS ONT CONSULTÉ UN GUÉRISSEUR OU UN MARABOUT (DJIBO, 2007); AILLEURS 76% DES CAS ONT EU À CONSULTER UN TRADI- PRATICIEN (GANDEMA S, 2003). CES RÉSULTATS S EXPLIQUENT PAR LE FAIT QUE LA SOCIÉTÉ ET SURTOUT LES PARENTS PENSENT QUE LES FORCES MYSTIQUES ET MALÉFIQUES SERAIENT LA CAUSE DES CETTE PATHOLOGIE.

DISCUSSION ANTÉCÉDENTS A L IMC IDEM QUE CEUX RAPPORTÉS DANS LA LITTÉRATURE, PRÉPONDÉRANCE DES CAUSES INFECTIEUSES DANS NOTRE SÉRIE (MÉNINGITE, SEPSIS NÉONATAL, ETC.) ET DE L ÉPILEPSIE (MBONDA, 1995; HADJIPANAYIS, 1997, ASHWAL, 2004 ). PARTICULARITÉS DES AUTRES ÉTUDES: RÔLE DE LA PRÉMATURITÉ, DANS 30 À 40% DES CAS EN FRANCE (MÉTAYER M, 2006) MEILLEURE PRÉVENTION ET P.E.C DES INFECTIONS

DISCUSSION CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES NOTRE ÉTUDE: 68,9% DES PATIENTS AVAIENT UNE IMC ATHÉTOSIQUE ET 32,5% DE PARALYSIE GRANDE DIVERSITÉ SELON LES ÉTUDES; EX. PRÉDOMINANCE DES IMC SPASTIQUES (BLONDIS, 2002) OU DE LA PARALYSIE (MBONDA, 1995; BEDIANG, 2008). TRAITEMENT CHEZ 70.5% LA MÉTHODE DE KABAT-BOBAT ÉTAIT UTILISÉE ; 60,4% SELON DES DONNÉES GÉNÉRALES (NEWMAN C, 2007).

DISCUSSION LA PLACE DE LA GÉNÉTIQUE AFFINER LE DIAGNOSTIC (9% DES PATIENTS DYSMORPHIQUES MALADIES SYNDROMIQUES GÉNÉTIQUES) DÉPISTAGE PRÉCOCE = DIAGNOSTIC PRÉCOCE = PEC PRÉCOCE = MEILLEURE ADAPTABILITÉ

CONCLUSION PRÉVALENCE IMPORTANTE DES IMC DOIVENT SUSCITER DE L INTÉRÊT PRÉVENTION IMPORTANTE : DÉPISTAGE GÉNÉTIQUE À LA NAISSANCE, INFORMATION PEC PRÉCOCE, MEILLEURS PRONOSTIC ET ADAPTABILITÉ, MOINS DE «SPIRITUALISME» RENFORCEMENT DES STRUCTURES PRÉEXISTANTES : PERSONNEL COMPÉTENT, MATÉRIEL PLUS ADÉQUAT APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE