Mémoire présenté à la Commission nationale d'examen sur l'assurance-emploi à l occasion de la consultation publique du 28 août 2013 à Rimouski C.P. 72 Rivière-du-Loup (Qc) G5R 3Y7 Téléphone : 418 860-2221 Courriel : accord@tourbehorticole.com http://tourbehorticole.com
1. PORTRAIT DE L INDUSTRIE L association des producteurs de tourbe horticole du Québec (APTHQ) représente 9 entreprises membres. Ses principaux mandats sont de promouvoir l industrie de la tourbe horticole, de représenter et de défendre les intérêts des membres, de sensibiliser les producteurs à l utilisation responsable des tourbières et d informer le public sur cette ressource indispensable en agriculture et en horticulture; Le Québec compte, selon le Ministère des Ressources naturelles (MRN), 8,27 millions d hectares de tourbières, ce qui correspond à 7 % à 9 % de la superficie de la province 1, dont près de 85 % se trouvent au nord du 51e parallèle; Les principales régions productrices de tourbe horticole sont le Bas- Saint-Laurent, la Côte-Nord et le Saguenay-Lac-Saint-Jean; Le secteur de la tourbe et des technologies connexes mobilise au Québec une quinzaine d entreprises totalisant un chiffre d affaires de 550 M$/année et se déploie autour de trois grands secteurs d activités : Produits horticoles et agricoles: Tourbe horticole Substrats de culture d usage professionnel Terreaux Compost et autres matériaux organiques Produits environnementaux: Absorbants écologiques Biofiltration eau Biolfiltration air Biotechnologies Équipements spécialisés: Récolte Manutention et emballage Entre 2010 et 2011, les entreprises de la filière ont investies plus de 15 M$ en innovation, recherche et développement; 1 Buteau, 1988, Keys, 1992.
En tenant compte des activités économiques engendrées par les fournisseurs en amont de la filière, on estime à plus de 1500 emplois directs (équivalent personnes-années) créés et maintenus par l industrie de la tourbe horticole au Québec. Si le nombre total d emplois ainsi exprimé peut paraître relativement modeste, il ne faut pas oublier que les tourbières prennent place en milieux ruraux et constituent souvent un des principaux employeurs d une région. D ailleurs, il est reconnu qu un emploi créé ou perdu en région, transposé dans un contexte urbain, a un poids largement supérieur. Ainsi, certaines estimations permettent de considérer qu un emploi créé dans le Bas-St-Laurent correspond à 20 emplois dans la région montréalaise 2 par exemple. Dans le cas actuel, les 1500 emplois du secteur de la tourbe équivalent à 30 000 emplois à Montréal; La production de tourbe horticole génère près de 400 emplois saisonniers qui débutent en avril ou mai pour se terminer en novembre; Les emplois saisonniers sont difficiles à combler car demandent des habilités manuelles et mécaniques tout comme les emplois en agriculture et en horticulture; L APTHQ représente les entreprises qui produisent plus de 98% des volumes de tourbe au Québec et héberge depuis 2006 le Créneau Tourbe & Agroenvironnement, faisant partie des créneaux d excellence «leader» reconnus par la stratégie ACCORD du gouvernement provincial; Depuis 2012, l APTHQ a mis sur pied un programme de formation collective avec le support de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) afin de rendre disponible des formations spécialisées développées pour le secteur de la tourbe; Le programme de formation est axé sur les tâches d opération reliées à la récolte et à la transformation de la tourbe, donc vise plusieurs employés saisonniers; L APTHQ et ses membres travaillent activement sur des mesures d accompagnement des employés saisonniers. Une étude est actuellement menée auprès de chaque employé saisonnier pour connaître leurs intérêts. Les résultats jusqu à présent montrent que 80% des répondants sont intéressés à recevoir de la formation dans le cadre de leur travail. Ces données sont plus que pertinentes pour le 2 Source : Groupe Agéco, Rapport de responsabilité sociale de l industrie de la tourbe horticole au Québec, 2013.
développement d une stratégie de rétention des employés, mais nous devons l ajuster au programme d assurance-emploi. 2. COMMENTAIRES SUR LA RÉFORME DE L ASSURANCE-EMPLOI Cette année, nous avons pu noter beaucoup d inquiétude de la part des employés et des entreprises de notre secteur pour la prochaine saison (2014). Avec la réforme et la pression mise sur les travailleurs, nous craignons qu un bon nombre de nos employés soient obligés de quitter pour un autre poste pendant la saison hivernale et qu ils ne soient pas de retour lors de la reprise de nos activités au printemps suivant. Nous avons également de bonnes raisons de croire que cette situation sera récurrente si aucune modification n est faite au présent régime d assurance-emploi. L APTHQ a mis en place un projet de formation collective destiné à ses membres depuis deux ans avec le support de la Commission des partenaires du marché du travail. Nous avons investi beaucoup d argent et de temps dans la formation de nos employés. Avec la réforme, nous craignons de voir partir nos employés récemment formés pour les secteurs plus urbanisés ou le Nord du Québec. Dans certaines de nos entreprises membres, le délai pour combler un poste spécialisé s étend actuellement de 6 mois à 1 an. La main-d œuvre qualifiée et disponible en région pour le secteur se fait déjà de plus en plus rare avec le «boum» minier vécu depuis quelques années dans le Nord du Québec et les départs à la retraite anticipés. À titre d exemple, une étude produite par la firme SÉCOR en 2009 3 indiquait déjà une pénurie de main-d'œuvre au Bas-Saint- Laurent dans plusieurs secteurs, dont celui du créneau relié à l exploitation des ressources naturelles et aux biotechnologies. Ce problème de recrutement risque de s aggraver avec la réforme, car les travailleurs ne voudront plus d un emploi saisonnier. Les employés formés et qualifiés seront tentés par des emplois permanents à temps plein qui se trouvent plus facilement dans les grands centres ou dans le Nord du Québec. À ce niveau, l exode est dramatique pour l économie des régions ressources ; les pertes d emploi contribuent à la dévitalisation des petites municipalités les plus éloignées. De plus, le roulement de la main-d œuvre occasionne des coûts importants que ce soit au niveau de la formation de départ, de l entretien et réparation de machinerie et de la baisse de productivité. Ce seront des dépenses supplémentaires à assumer et surtout une perte importante d expertise. Nous craignons que ces coûts soient difficiles à absorber pour nos plus petites entreprises qui connaitront une baisse de leur productivité et de leurs bénéfices. Les coûts entrainés par la réforme sont donc réels et inquiétants 3 Prospective du marché du travail dans le Bas-Saint-Laurent, SÉCOR TAKTIK, juin 2009.
pour les entreprises de notre industrie dont plusieurs activités dépendent des employés saisonniers. 3. CONCLUSION L APTHQ est inquiète des répercussions de cette réforme sur l industrie de la tourbe horticole et souhaite que des ajustements soient apportés afin de tenir compte de la particularité de chaque région ainsi que des ressources naturelles qui sont présentes sur leur territoire. Le présent régime d assurance-emploi pénalise lourdement les travailleurs saisonniers et les entreprises qui en dépendent. L économie de nos régions demeure une force pour l ensemble du Québec car toute une grappe industrielle est reliée à chacune des ressources de notre territoire. En somme, l APTHQ souhaite que le régime d assurance-emploi : Soit adapté aux régions et à leur réalité; Soit adapté aux ressources naturelles présentes sur un territoire. S il y a un manque d employés pour exploiter ces ressources, on risque de favoriser les importations de produits et services au détriment de nos propres entreprises; Tienne compte de l écart entre les municipalités les plus dévitalisées et les grands centres.