Christophe Roulet LA BOURSE
LA BOURSE: COMMENT ÇA MARCHE? La loi de l'offre et de la demande La Bourse représente le lieu de rencontre privilégié entre vendeurs et acheteurs qui tous souhaitent réaliser une transaction aux meilleures conditions possibles. A noter que la différence entre le prix demandé et celui offert pour une même valeur (le spread) est d'autant plus petite que le nombre d'acheteurs et de vendeurs est important, ce qui est généralement le cas sur les principaux titres négociés en Bourse. De la confrontation entre acheteurs et vendeurs résulte donc un prix d'équilibre qui permet de conclure une transaction entre deux contreparties. Mais contrairement à la valeur accordée aux biens de consommations par exemple, fixée pour des durées relativement longues, les prix pratiqués sur les marchés financiers fluctuent constamment en fonction de l'offre et de la demande, avec des variations qui peuvent parfois prendre beaucoup d'ampleur et évoluent en quelques secondes. Le rôle de la Bourse Comme on l'a vu, le grand avantage des Bourses est de réunir en un même endroit de nombreux acheteurs et vendeurs intéressés à conclure une transaction en leur faveur. Mais pour qu'ils aient des titres à négocier, il faut au préalable que des entreprises et des collectivités publiques aient décidé de lever des capitaux sur les marchés financiers sous forme d'emprunts, représentés par des papiers valeurs qui seront ensuite librement échangeables en Bourse. En ce sens, les marchés financiers rassemblent dans un premier temps des entités à la recherche de nouveaux fonds auprès des épargnants qui, eux, désirent investir 2
leurs capitaux dans des produits rémunérateurs. Entre ces deux intervenants, on retrouve des prestataires de services qui agissent en qualité de médiateur pour les entreprises et de négociateur pour les investisseurs. Les actions Le détenteur d'actions d'une société anonyme peut être considéré comme copropriétaire de cette compagnie à hauteur du nombre de parts qu'il possède. Pour cette catégorie de titres, il faut différencier la valeur nominale, dont la somme représente le capital-actions porté dans les comptes de la société au passif de son bilan, de sa valeur marchande négociée sur les marchés financiers. La détention d'actions confère des droits à leurs propriétaires qui, au niveau financier, se traduisent par une participation aux bénéfices sous la forme de dividendes perçus annuellement au pro rata du nombre d'actions en leur possession, si les résultats de l'entreprise le permettent; droit également au produit de la liquidation d'une société et enfin droit préférentiel de souscrire à toute nouvelle émission d'actions de la part de la compagnie qui procède à une augmentation de capital. A ces droits patrimoniaux, s'ajoutent des droits sociaux comme celui de participer aux assemblées générales de la société ou de se faire élire à son conseil d'administration. A noter enfin que les actions se rangent en plusieurs catégorie: actions nominatives (le propriétaire est identifié et figure au registre des actionnaires pour un meilleur contrôle de l'actionnariat), actions au porteur (l'identité du propriétaire n'est pas précisée), bons de participation (dépourvus droits sociaux). Les obligations Les entreprises et collectivités publiques ont une autre possibilité de lever des capitaux sur les marchés financiers en lançant des emprunts obligataires. La somme totale de l'emprunt est divisée en un certain nombre d'obligations, toutes d'égale valeur et de conditions identiques. En ce sens, ces titres acquis par les investisseurs représentent une reconnaissance de dette. En tant que tels, ils sont assortis du versement d'un intérêt annuel, généralement fixe et appelé coupon. Ces emprunts sont tous limités dans le temps, avec des échéances généralement comprises entre 3 et 10 ans, voire plus pour certains emprunts d'etat. Au terme de l'échéance, l'émetteur des obligations est tenu de rembourser leurs détenteurs au pair, c'est-à-dire à la même valeur que le 3
prix d'émission. En conséquence, il est facile de comprendre pourquoi les obligations passent pour des investissements nettement moins risqués que les actions. Les échéances peuvent être parfaitement planifiées, le rendement est assuré à date fixe par le versement d'un intérêt et le remboursement garanti par contrat. Les fonds de placement Du fait qu'ils répondent à une logique simple et efficace, les fonds de placement se sont multipliés de manière exponentielle ces dernières années sur les marchés, donnant naissance à une véritable industrie financière. Le principe consiste à réunir l'épargne d'une multitude d'investisseurs au sein d'un même véhicule de placement collectif afin d'obtenir une masse critique suffisante permettant une large diversification de portefeuille. Ce type de produit répond en effet à une des lois immuables régissant le monde des placements, très bien illustrée par l'adage selon lequel il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. En collectant plusieurs dizaines de millions au sein d'un seul fonds, les professionnels de la branche ont ainsi une marge de manœuvre suffisamment large pour obtenir une meilleure répartition des risques qui constitue un avantage clé de ce type de placement. Le petit épargnant ne pourrait en effet jamais obtenir un aussi large spectre d'investissement avec ses seuls avoirs, c'est pourquoi les fonds de placement leur sont spécialement dédiés, d'autant qu'ils sont gérés par des professionnels aguerris qui modifient constamment la grille de placement en fonction de l'évolution des marchés. Pratiquement, l'investisseur acquiert une ou plusieurs parts d'un fonds qui sont calculées en faisant la somme de toutes les participations détenues en portefeuille, divisée de manière égale par le nombre de parts. Ce calcul donne la valeur nette d'inventaire (VNI) pour chacune des parts et sert de base d'évaluation pour ces produits d'investissement. Les instruments dérivés La famille des produits dérivés, même si leur variété est aujourd'hui relativement vaste, répond dans son ensemble à quelques principes de base. Par produit dérivé, on entend un véhicule d'investissement dont la valeur se base sur celle d'un autre actif ou instrument financier appelé sous-jacent ou notionnel. D'où leur appellation d'instruments dérivés. Ces actifs ou instruments sous-jacents peuvent être de plusieurs ordres: matières premières, actions, obligations, indices boursiers, taux d'intérêt, 4
taux de change ou d'autres produits dérivés. Ces véhicules d'investissement sont généralement des instruments financiers à terme, c'est-à-dire que l'acheteur et le vendeur conviennent à l'avance du prix auquel sera livré le sous-jacent dans un futur plus ou moins proche. La livraison matérielle des actifs n'a toutefois pas toujours lieu, la transaction pouvant être annulée en tout temps par une opération inverse. Les contrats à terme (futures en anglais) ont leur genèse inscrite dans le négoce des matières premières. C'est d'ailleurs encore essentiellement sur des denrées comme les céréales, le cacao, le sucre, le café, le coton, le soja, le pétrole, le cuivre, platine, l'or ou l'argent qu'ils sont basés. Théoriquement, un contrat à terme sur matière première consiste à en fixer le prix à l'avance pour un échange qui aura lieu dans le futur. Généralement les échéances interviennent à espace régulier jusqu'à un an. Selon le même principe, les spécialistes ont imaginé des futures sur des produits financiers tels que des indices boursiers, des devises, des dépôts à terme, des bons du trésor et autres instruments à taux d'intérêt. Dans ce cas, l'une des deux parties cherche à se prémunir contre un risque de change, de taux ou de baisse des cours sur des actifs détenus en portefeuille alors que l'autre, généralement une banque ou un courtier en Bourse, spécule sur une évolution inverse pour réaliser son gain. Comme ces contrats portent sur des sous-jacents immatériels, il n'y a pas de livraison de marchandise à terme. A l'échéance, on calcule la différence entre le cours du contrat et celui du sous-jacent pour déterminer les compensations financières entre les deux contreparties. Les options sont des contrats incluant un prix d'exercice, appelé également prix de base ou strike en anglais. Il s'agit du prix convenu à l'avance auquel se dénouera la transaction à l'échéance du contrat, en d'autres termes le prix déterminant pour la vente ou l'achat de l'actif sous-jacent à l'expiration du délai. A la différence des futures, l'acheteur n'est toutefois pas contraint de s'exécuter, il peut très bien laisser expirer son option sans la réaliser, alors que le vendeur, lui, a l'obligation de s'exécuter. Le cours des options qui fluctuent à la Bourse représente ce que l'on appelle une prime, à savoir le montant que va recevoir le vendeur pour assumer les risques inclus dans la transaction. Toutes les options ont ainsi un prix d'exercice, une échéance et une prime. Dans le jargon, on dit que le vendeur va prendre une position courte (short) contre l'encaissement d'une prime, alors que l'acheteur prend une position 5
longue (long) contre le versement de cette prime. En terme de durée, les options peuvent être courtes (short term option, STO), dont l'échéance porte sur quelques mois, ou longues (long term option, LTO) si l'échéance va au-delà d'un an. Les options peuvent être directement négociées entre deux parties, de gré à gré, sans passer par les marchés organisés. Quant aux options standards, elles font l'objet d'échanges intervenant auprès de Bourses spécialement dédiées à ce type de produits financiers, comme le Liffe à Londres, le Matif à Paris, le Chicago Board of Trade aux Etats-Unis ou l'eurex, né de la fusion de la Soffex suisse et de la Deutsche Termin Borse allemande. Toutes ces Bourses ont des chambres de compensation qui font office, comme pour les futures, de contrepartie lors des échanges assurant la liquidité du marché. Le cours des options varie à la Bourse selon l'offre et la demande et en fonction de l'évolution de l'actif sous-jacent. Option d'achat (call) On recense deux grandes catégories d'options. Les options d'achat ou call dans le jargon professionnel donnent le droit mais non l'obligation à l'acheteur d'acquérir, à l'échéance, l'actif sous-jacent au prix d'exercice fixé à l'avance. L'acheteur n'est donc pas tenu d'exercer son option si les cours du sousjacent évoluent à l'inverse de ses prévisions. En revanche le vendeur du call est, lui, contraint de vendre l'actif en question si l'acheteur en exprime la volonté Les options de vente (put) Les options de ventes ou put dans le jargon professionnel donne le droit mais non l'obligation à l'acheteur de vendre, à l'échéance, l'actif sous-jacent au prix d'exercice fixé à l'avance. L'acheteur n'est donc pas tenu d'exercer son option si les cours du sous-jacent évoluent à l'inverse de ses prévisions. En revanche, le vendeur du put est, lui, contraint d'acheter l'actif en question si l'acheteur de l'option en exprime la volonté. Le comportement des acheteurs et vendeurs d'options est exactement à l'opposé l'un de l'autre. L'évolution de l'actif sousjacent a donc des répercussions directement inversées selon que l'on se place d'un côté ou de l'autre de la transaction. D'une manière générale, l'acheteur d'options, qui prend une position longue, risque au pire de perdre les sommes versées sous forme de prime. Pour le vendeur en revanche, qui prend une position courte, 6
les pertes vont augmenter à mesure que l'actif sous-jacent évolue dans le sens opposé à ses prévisions. En ce sens, il adopte un comportement purement spéculatif puisque ces pertes peuvent représenter un multiple des primes encaissées. Le fonctionnement de la Bourse Les marchés des valeurs mobilières fonctionnent tous sur un même modèle, même si certains d'entre eux ont leurs particularités propres. Pour une bonne compréhension du système, on prendra l'exemple de la Bourse suisse ou la SWX Swiss Exchange qui, en termes de volume d'échanges, occupe la troisième place en Europe et la sixième au niveau mondial. La SWX a le statut d'une association qui regroupe 60 membres, soit des établissements financiers suisses comme étrangers, pour un quart d'entre eux, agissant en tant qu'intermédiaires pour les émetteurs et les investisseurs. Son rôle en tant que plate-forme de négoce consiste ainsi à assortir le maximum d'ordres d'achats et de ventes qui sont introduits dans le système. Car depuis 1996, avec la disparition des corbeilles de Bâle, Zurich et Genève pour créer la Bourse électronique suisse (BES), le marché helvétique est devenu une place financière virtuelle totalement informatisée et automatisée, du passage de l'ordre à son règlement en passant par la chambre de compensation, Les différents intervenants ne sont ainsi plus présents autour d'une corbeille fonctionnant à la criée, comme c'est encore le cas à Wall Street, mais ils agissent par écran d'ordinateur interposé pour animer le marché des valeurs mobilières. Un simple clic de souris suffit donc à négocier, payer, exécuter et confirmer une transaction, En ce sens, la SWX fait certainement partie des Bourses à la pointe de la technologie avec sa plate-forme totalement intégrée. Lorsque l'investisseur désire passer un ordre de vente ou d'achat, il va donc s'adresser à son conseiller en placement qui, après discussion, l'exécutera pour lui, directement s'il est membre de la Bourse. L'investisseur pourra également effectuer lui-même son ordre en passant par un courtier en ligne, directement connecté à la Bourse via Internet. Les ordres entrant dans le système seront ensuite assortis selon les règles de conciliation de la SWX (matching rules), qui stipule précisément dans quelles conditions et à quel moment ils peuvent déboucher sur une transaction. La Bourse suisse fonctionne selon un principe de priorité prix/temps, en d'autres termes, la meilleure cotation sera toujours exécutée en premier. Une fois les transactions conclues, soit un échange simultané de titres et d'espèces entre deux contreparties, elles sont 7
traitées par des chambres de compensation, spécialement rattachées à la Bourse. Ces dernières ont pour tâche de comptabiliser les titres achetés et vendus entre membres de la Bourse. Les créances et les engagements sont alors compensés réciproquement et les soldes portés au crédit ou au débit des différents établissements financiers auprès de la chambre de compensation. La dernière opération consiste enfin à effectuer le règlement des transactions et le cas échéant la livraison des titres. Comme on l'a vu, à la SWX, le négoce, la compensation (clearing) et le règlement (settlement) des titres représente un processus totalement intégré, fruit d'un système électronique développé entre Swiss Exchange, Swiss Interbank Clearing (SIC) et SegalnterSettle (SIS). En règle générale, les transactions boursières sont décomptées «à date de valeur 3 jours». C'est-à-dire que la compensation et le règlement ont lieu le troisième jour de Bourse après la conclusion de la transaction. A I'échéance, SegaInterSettle (SIS) débite via Swiss Interbank Clearing (SIC) le compte de l'acheteur auprès de la Banque nationale suisse (BNS) du prix d'achat convenu et crédite le compte du vendeur de ce même montant. En échange, les valeurs mobilières sont transférées du compte de dépôts SIS du vendeur vers celui de l'acheteur. SIC est donc un système de paiement en ligne géré par Telekurs à Zurich. La BNS y est reliée directement, tout comme les banques membres de la Bourse. Celles-ci disposent en outre d'un compte de virement auprès de la BNS. Cet ensemble de mesures est ainsi destiné à former un marché équitable et transparent pour les investisseurs qui ont plusieurs possibilités à disposition pour passer leurs ordres : limités, au mieux, de protection des gains. Les grandes bourses internationales Si, pendant longtemps, les différents pays ont entretenu des Bourses régionales à côté de leur marché principal, suite à la globalisation des flux financiers, l'activité boursière a connu une forte concentration, nationale dans un premier temps et internationale aujourd'hui. Dans ce contexte, les marchés financiers commencent à se livrer une concurrence sans merci pour augmenter leur liquidité et attirer les investisseurs. Mais le New York Stock Exchange (NYSE ou Wall Street) fondé en 1792, tout comme le Nasdaq créé en 1971 exercent toujours leur suprématie sur l'ensemble des Bourses de la planète dans la mesure où leur évolution influence largement le comportement de l'ensemble des places financières. A fin 1999, la capitalisation boursière de Wall Street totalisait plus de 11'000 milliards de dollars et celle du Nasdaq dépassait 8
les 5'000 milliards. Ces deux places financières caracolaient ainsi en tête du classement des Bourses internationales devant celle de Tokyo (4'100 milliards de dollars), représentative de la deuxième économie mondiale, de Londres (2'700), Francfort (1'400), Paris (1'300) Toronto (860), Milan (670) et Zurich (630). Décembre 2005 @ CENTRE ROMAND DE FORMATION DES JOURNALISTES Florimont 1, 1006 Lausanne Tél. : 021-343 40 70 - Fax : 021-343 40 71 - E-Mail : secretariat@crfj.ch 9