Big Data et agriculture numérique : Et si demain commençait maintenant



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Transcription:

Notes pour une allocution de Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée, à l occasion du Congrès 2015 de l Ordre des agronomes du Québec, le 16 octobre 2015 Big Data et agriculture numérique : Et si demain commençait maintenant La version prononcée fait foi

Chers collègues, Bonjour à tous, Bienvenue à ce congrès 2015! Je tiens d abord à remercier chaleureusement les organisateurs du Congrès et le président de l Ordre des agronomes de m offrir le privilège de partager quelques réflexions avec vous ce matin concernant le Big Data, l agriculture et le numérique. Je voudrais vous faire une confidence... Lorsque la publicité de ma conférence au congrès est parue dans nos canaux de communication, j ai eu la bonne surprise de recevoir un courriel de l un de mes professeurs préférés, un de ceux qui a fait de moi un agronome, Monsieur Claude André Saint-Pierre, que certains d entre vous doivent connaître. Il me soulignait l importance du thème de ma présentation et me suggérait une lecture d article. Avouez que c est fascinant l ère numérique et de l information! On trouve de tout, même un ami! Bref! 1

Lorsqu on observe autour de nous ce que l ère numérique a provoqué comme bouleversements dans toutes les industries et dans les métiers traditionnels, on ne peut pas être surpris de notre conversation d aujourd hui. Longtemps, nous avons été dans la science-fiction quand on parlait de technologies futuristes. Vous savez, quand on a inventé l automobile, les médecins affirmaient que le corps humain ne pourrait pas supporter des vitesses supérieures à 15 ou 20 km/h. Aujourd hui, il y a la Formule 1. Pire encore, bientôt, les automobiles n auront même plus besoin de conducteur pour nous amener là où nous voulons aller. Il y 20 ans, et je parle ici de1996, la seule idée d installer des capteurs numériques dans les champs ou sur nos équipements auraient relevé de la science-fiction pure et simple. Aujourd hui, pourtant, il s agit d une réalité dans les métiers et technologies agricoles. 2

À mon point de vue, nous sommes à un tournant fondamental dans notre industrie; je dirais même à un changement de paradigme, avec l agriculture de précision. En d autres circonstances, quelqu un dirait l heure est grave! Mais il faut plutôt se dire qu aujourd hui, tous les espoirs sont permis. Dans le domaine environnemental : on sait aujourd hui que la réduction de l'empreinte écologique de l'activité agricole est une chose possible. De ce fait, nous pourrons diminuer certains risques pour la santé humaine et l'environnement. En ce qui concerne la révolution verte : on sait que nos pratiques ont initialement été basées sur la mécanisation. Aujourd hui, l usage plus raisonné des engrais, des pesticides, de même que des meilleures techniques de drainage et d'irrigation ouvrent de nouvelles possibilités pour la préservation des ressources naturelles. En ce qui concerne aussi le volet économique de nos exploitations, nous avons aussi appris que l augmentation de la compétitivité de 3

nos fermes pouvait passer par une plus grande efficacité des pratiques agricoles, le recours à moins d intrants provoquant moins de gaspillage. Aujourd hui, les technologies numériques sont synonymes de la mise à disposition de nombreuses informations bénéfiques aux producteurs. En fait, ces technologies deviennent la mémoire de l'exploitation des producteurs; et une mémoire qui est une aide à la prise de décision et à la traçabilité. Nous sommes à l ère de l innovation, des capteurs de drones téléguidés, des données et de leurs nuages, et aussi de l'optimisation des rendements et des investissements. On cherche à mieux tenir compte des variabilités des milieux et des mages satellite. Le croisement entre la mécanisation agricole et les nouvelles technologies de l information et des télécommunications permet une agriculture d une modernité que les gens en ville ignorent totalement 4

et tout ceci permet l émergence d un secteur agroalimentaire de plus en plus précis, efficace et efficient. Bien peu de gens savent, en effet, que l ère numérique exerce une influence considérable sur le travail du sol, les semis, la fertilisation, l'irrigation, la pulvérisation de pesticides, le bien-être animal, et j en passe. L interaction, l interrelation des plateformes, la domotique et la mobilité rendent infini le potentiel de nos métiers et de nos expertises. Nous devons nous en réjouir. Imaginez, par exemple, tout le potentiel de l imagerie satellitaire et de l'informatique pour des moyens de localisation dans la parcelle. Je pense notamment ici au système de positionnement par satellite de type GPS. Aujourd hui, les technologies numériques permettent de créer des systèmes d'aide à la décision efficaces à grande échelle, qui permettront d'optimiser les rendements des investissements tout en préservant les ressources naturelles, financières et énergétiques. 5

Ce qui est extraordinaire dans le déploiement des technologies nouvelles, c est-à-dire les technologies numériques, c est la combinaison des notions de capacité de stockage, de vitesse et d accès. Mais ce qui est majeur, c est tout le volume des données que nous échangeons désormais sans délai et avec une précision impressionnante. C est que nous appelons le Big Data ou, autrement dit, l'éloge de la «pensée algorithmique» et du code qui peuvent façonner la manière dont nous produisons, surveillons et distribuions les choses et l information. Que les algorithmes, les Cloud (ou nuages) nous permettent de croiser, de générer ou d évaluer nos informations en des fractions de secondes, c est extraordinaire pour les agronomes. En même temps, cette nouvelle réalité soulève des enjeux importants. Pour vous en donner une idée, je vous cite un extrait d une entrevue avec le philosophe Michel Serres publiée en mars dernier dans Le Figaro. 6

«Un capital est en train de se former, qui est le capital des données. La question est de savoir qui sera le dépositaire de ces données. ( ). Il nous faudrait inventer des «dataires», des notaires des données. Elles ne seraient confiées ni à un État, ni à Google et à Facebook, mais à un nuage de dépositaires.» Parce qu on sait maintenant que d importants pouvoirs gravitent autour des données. Mais le scandale des révélations d'edward Snowden, les écoutes des services secrets du G7 entre eux, le scandale de Sony Pictures et de l industrie du cinéma ou, plus drôle, plus cocasse encore, le scandale de vie privée d Ashley Madison ont prouvé qu'une seule personne pouvait vraiment mettre à mal nos données et nos algorithmes. Nous devrons y réfléchir de notre côté. L'expression Big Data, qui serait apparue en octobre 1997, est liée aux progrès des systèmes de stockage, de fouille et d'analyse de l'information numérisée, bref, à une croissance inflationniste de l'univers de la donnée numérisée. 7

On sait que le Big Data s'accompagne du développement d'applications et de solutions à visée analytique complexes, qui traitent les données pour en tirer de la signification. Déjà, en raison du volume des données, de leur variété et de la vélocité de leur transmission le Big Data est en voie de devenir un marché aux proportions immenses. En fait, on estime que le taux de croissance annuel moyen mondial du marché de la technologie et des services du Big Data pour la période 2011-2016 devrait être de 31,7 %. Ce marché devrait ainsi atteindre 23 à 30 milliards de dollars en 2016, et cela, cela dans les seuls secteurs agri et agroalimentaire. Face à cette mutation de nos industries, une chose est claire pour moi : l agronome devra être le réel dépositaire du savoir numérique de l agriculture. Il faut voir dans ce virage tout-numérique qui est déjà amorcé en agriculture au Québec et au Canada une vraie occasion. D ailleurs, nos 8

producteurs agricoles ne nous attendent pas pour s adapter, ils y vont avec le flot. Pour nous, en tant que grande organisation leader, la vitesse à laquelle nous devons nous adapter au contexte d affaires changeant est phénoménale. Tous les indicateurs de la vitesse à laquelle nous étions habitués changent. Tout bouge dans notre monde moderne. Par exemple, les agriculteurs développent des solutions technologiques, tandis que les fournisseurs d intrants ou de fertilisants deviennent aussi des équipementiers et des programmeurs. Chez nous au Québec, on peut dire sans se tromper que la période des révolutions mécaniques successives est terminée. Les systèmes intelligents sont désormais là afin de soutenir une utilisation plus efficace des machineries et des données. L année dernière, à La Coop fédérée, nous avons entrepris un vrai virage technologique dans notre discours et dans nos actes. 9

Ce virage avait pour objectif de se démarquer dans le monde numérique à travers des initiatives technologiques, tant au niveau des livraisons de services, que des outils agroéconomiques que nous proposons à nos membres. Au printemps 2014, La Coop fédérée a donc débuté la phase de positionnement de son virage, qui consistait en un exercice de planification stratégique pour le canal numérique. Grâce à cet exercice, nous avons élaboré une stratégie visant à : Simplifier la vie du producteur, Miser sur les services à valeurs ajoutées, et Outiller les équipes pour une proximité client encore plus forte. En mode proactif et agile, nous sommes maintenant rendus à l étape d évaluer les différentes opportunités afin de mettre en œuvre notre stratégie. Au-delà-de ce projet, La Coop fédérée met déjà à la disposition de ses membres, divers outils numériques permettant de faciliter leur gestion. 10

Lorsqu on parle d outils numériques, on parle souvent de données (soit celles qu on peut aller chercher ou celles qu on peut créer). Ces données nous permettent de personnaliser notre approche de service et notre offre de produits à nos membres et prospects. C est en croisant les différents jeux de données et en exploitant les outils à leurs pleins potentiels que nous créons réellement de la valeur pour le producteur. À La Coop fédérée, nous avons la chance d avoir accès à énormément de données privilégiées à travers nos solutions technologiques, nos experts conseils, nos directeurs de vente sur les fermes et nos clients : les producteurs agricoles du Québec. C est notre Big Data à nous. Que faisons-nous actuellement afin d en tirer profit? 11

Premièrement, on peut dire qu il y a 4 types de données auxquels nous avons accès: Des données de production Des données transactionnelles, Des données clients/crm/ marché et des données numériques Nous avons ainsi développé certains outils afin d exploiter ces divers types de données qui sont à notre portée. Par exemple : Agriscan (PV), un outil d analyse unique qui scan la section végétale de l exploitation du producteur. Agriculture de précision (PV), un outil de collecte d information ferme, par le biais des images satellites Tableau mensuel laitier (PA), un outil technico-économique qui fusionne les informations de la paie de lait, des performances sur le sommaire du contrôle laitier, des achats à La Coop et d intrants produits à la ferme. Toutes les informations sur ces initiatives sont d ailleurs disponibles sur notre site web, dans une toute nouvelle section dédiée à nos outils 12

numérique. Nos employés, nos partenaires et nos membres peuvent d ailleurs demeurer informer de l avancement de notre projet et participer à la conversation grâce à notre mot-clic #LaCoopnumérique que nous utilisons sur nos réseaux sociaux. Mes chers collègues, l agriculture a toujours été dans la révolution technologique. Et elle fera aussi partie de la révolution numérique en cours. Avec l apport des agronomes que nous sommes, elle a toujours un pas en avant de la parade, contrairement à la croyance populaire. Notre image et nos métiers sont bucoliques parfois même habitants dans l opinion publique Mais vous et moi savons que nos gens, ceux qui retiennent nos services d agronomes, ont toujours flairé les occasions techniques pour améliorer leur sort. Cette année, avec le programme du congrès, nous plongeons directement au cœur d un des d une réalité bien contemporaines. Dans six ans à peine, La Coop fédérée franchira allègrement le cap des 100 ans, ce qui en fera une des rares entreprises à avoir atteint un âge aussi respectable dans l histoire du Québec. 13

Née en 1922, à l ère de ce que l on appelait l agriculture traditionnelle, notre coopérative aura évolué avec l industrie pour se diriger aujourd hui vers ce qu on appelle maintenant l agriculture numérique. Tous, vous nous côtoyez pratiquement tous les jours car plusieurs des marques que vous consommez proviennent de l un ou l autre des trois grands champs d expertise de notre réseau, soit le secteur agricole, le secteur détail et innovation et le secteur transformation des viandes. Le chiffre d affaires de notre réseau, incluant nos coopératives affiliées et nos participations dans différentes coentreprises, dépasse les 9 milliards de dollars. C est beaucoup de transactions par jour mes amis! Devant l ampleur de cette activité, il nous faudra nous décomplexer, avoir et consolider une vraie veille d intelligence d affaires de tout notre secteur. Nous exportons nos produits dans presque 60 pays. Là aussi, il y a beaucoup d informations à recueillir et à croiser Encore du Big Data! 14

Nous devons aussi composer avec un autre enjeu qui est propre au Canada : celui de la relève technologiquement aguerrie au sein des fermes canadiennes. La mission de La Coop fédérée est claire. Nous voulons être reconnus comme un chef de file des secteurs agricole, agroalimentaire canadiens et du secteur de la vente au détail dans l Est du Canada, sur la base d un modèle coopératif rentable et agile. Ceci passera indéniablement par le Big Data aussi. Pour réaliser nos ambitions il nous faudra faire preuve d ouverture et de dynamisme et embrasser le changement. Nous devrons accueillir et utiliser à leur plein potentiel toutes les avancées que les nouvelles technologies mettent à notre portée, aux possibilités que le Big Data met à notre portée pour l ensemble de la chaîne de production. Et tous ces changements ne sont pas incompatibles avec notre passion pour notre métier et le milieu agricole, non plus qu avec nos valeurs. 15

Évidemment, certains seront peut-être tentés de demander si cette nouvelle révolution est nécessaire. Personnellement, je suis convaincu que oui. D ici 2050, la planète comptera 10 milliards de personnes. C est donc dire que nous ferons face à une demande croissante, à une raréfaction certaine des ressources, à une hausse du coût des matières premières et de l énergie et, en bout de ligne, à une inquiétude croissante, et légitime, en ce qui concerne la sécurité alimentaire. On ne parle donc plus d accroître la productivité dans le seul but de faire croître aussi les profits des entreprises, mais d accroître la productivité pour nous assurer de pouvoir nourrir l humanité et le faire de façon intelligente. C est ça l apport du Big Data. Dans ce contexte, l agriculture de précision devient non seulement une nécessité, mais aussi une chance exceptionnelle. Je pense que des années intéressantes s annoncent pour tous les intervenants de l industrie et particulièrement pour les agronomes, qui 16

sont clairement parmi les premiers acteurs interpellés par ce changement de paradigme. Le Big Data est appelé à devenir un élément incontournable de notre stratégie d affaires. Cela étant, quelles seront les répercussions des technologies numériques et de l agriculture de précision sur le rôle et le travail des agronomes? Je pense que le tout premier sujet de réflexion à cet égard réside dans l enseignement et dans la formation des agronomes. Il faut que l agriculture de précision soit une concentration académique en soi au Québec, tout comme aux États-Unis. Je pense en effet que l avènement de l agriculture de précision appelle à une réflexion sérieuse sur la formation des futurs agronomes qui nous succéderont, ne serait-ce que pour nous assurer et ceci deviendra un facteur stratégique dans l exploitation de nos fermes que les futurs professionnels seront en mesure de faire les recommandations les plus pertinentes possibles à leurs clients. 17

Parmi les autres questions que nous devons nous poser aujourd hui à titre de professionnels, je crois que nous devons nous demander : - si l agriculture de précision n appelle pas tout simplement à la création de nouvelles expertises spécifiques pour les agronomes? - et si ces nouvelles expertises n ouvrent pas la porte à de nouvelles occasions d affaires et à la conception de nouvelles offres de services? En conclusion, j ai envie de vous dire ceci : je crois que La Coop fédérée et les agronomes québécois partagent trois grandes forces. Comme La Coop, je suis convaincu que vous êtes fiers de votre métier et que vous éprouvez un grand sentiment d engagement, de mobilisation et d appartenance à son égard. Comme La Coop, il ne fait pas non plus de doute que vous possédez un très large éventail d expertises reconnues. 18

Enfin, encore une fois comme La Coop, votre volonté de faire évoluer vos organisations et vos clients ne saurait être remise en question en aucune façon. Pour moi, ces trois grandes forces sont nos meilleurs atouts pour nous adapter au changement, pour mettre notre sens de l innovation à contribution et pour relever les défis d un monde qui change et qui continuera à changer. En fin de compte, c est de la capacité concurrentielle de nos fermes et de notre industrie dont il est question ici. Je vous remercie. 19