Dossier de presse Accidents du travail et maladies professionnelles en Bretagne Présentation des statistiques 2009 et de la réforme de la tarification Mercredi 3 novembre 2010 - Rennes Sommaire P2 : Communiqué de presse P3 : Dossier de presse P3 : Les accidents du travail en Bretagne P4 : Les accidents de circulation P5 : Les maladies professionnelles P6 : Les accidents du travail et les maladies professionnelles : conséquences économiques et sociales P7 : La réforme de la tarification P14 : Annexe Service Communication, le 3 novembre 2010 Contact : Cécile Rivoalland Mél. : cecile.rivoalland@carsat-bretagne.fr Tél. : 02 99 26 61 95 / 06 79 57 96 04 1
Communiqué de presse La Carsat (Caisse d Assurance Retraite et de la SAnté au Travail) Bretagne a pour mission, entre autres, d assurer et de prévenir les risques professionnels dans les entreprises du régime général de la Sécurité sociale. Cette activité couvre, pour la Bretagne, plus de 830 000 salariés, travaillant dans près de 110 000 établissements. En 2009, 35 084 accidents du travail avec arrêt (AT) et 4 539 maladies professionnelles (MP) ont été recensés en Bretagne. (entreprises du régime général). Cette situation est contrastée par rapport à l an dernier avec une amélioration pour les accidents du travail (- 5,5% au niveau de l indice de fréquence des accidents) mais une dégradation pour les maladies professionnelles (+ 20% en nombre absolu). La mobilisation des entreprises et des acteurs de prévention reste donc un enjeu majeur pour réduire les accidents de travail et pour les maladies professionnelles. En Bretagne l indice de fréquence des accidents du travail est de 20% supérieur à l indice de fréquence moyen national. Par ailleurs, alors que l effectif salariés de la région représente 5% de l effectif national, les maladies professionnelles reconnues en Bretagne pèsent 9% du total national. Les efforts doivent aussi être poursuivis pour éviter les accidents de circulation. Le nombre des accidents de mission est stable en 2009 mais les accidents de trajet augmentent de 15%. 21 décès dus aux accidents de circulation sont survenus. Les accidents et les maladies professionnelles ont un coût humain et financier. Le coût direct en Bretagne pour 2009 est de 270 millions d'euros pour les entreprises du régime général. Une augmentation de 14,7% par rapport à 2008. Les incidences indirectes pour les entreprises porteraient la somme à près d'un milliard d'euros. En moyenne, un accident occasionne 49 jours de travail perdus et une maladie 200 jours. Au total, plus de 2,6 millions de journées d arrêt de travail ont été comptabilisées en 2009. Les défis pour l industrie bretonne sont donc très importants en matière d AT/MP, au regard des statistiques annuelles qui positionnent la Bretagne parmi les régions aux résultats les plus préoccupants. Outre les actions mises en œuvre par divers acteurs pour sensibiliser et former à la prévention, la réforme de la tarification des accidents et maladies professionnelles est aussi attendue pour promouvoir d avantage la prévention. La réforme qui se prépare déjà en 2010 se concrétisera en 2012 par un calcul du taux de cotisation basé sur des tarifs moyens en fonction des durées d arrêt de travail et du degré d incapacité permanente des seuls accidents de travail ou maladies professionnelles survenus dans la période récente. Jusqu ici, c est l ensemble des dépenses, y compris celles résultant d accidents ou de maladies très anciens qui étaient pris en compte. Ces nouvelles règles de calcul auront pour effet de rendre plus lisible et rapide la prise en compte des accidents et maladies professionnelles dans le calcul du taux de cotisation. La réforme permettra une simplification en terme de suivi et d analyse des variations de taux de cotisation et une plus grande sensibilisation des entreprises à l intérêt de mesures de prévention permettant d éviter les accidents du travail et les maladies professionnelles. *L indice de fréquence représente le nombre d accidents du travail avec arrêt rapporté à 1 000 salariés 2
Dossier de presse Les accidents du travail en Bretagne : Un indice de fréquence supérieur à la moyenne nationale malgré la légère baisse constatée en nombre d accidents La branche Accidents du Travail et Maladies Professionnelles de la Carsat Bretagne couvre 833 309 salariés du régime général travaillant dans 109 822 établissements de l industrie, du bâtiment, du commerce et des services. Un indice de fréquence* régional élevé L indice de fréquence régional 2009 est de 43,4. Il est en baisse pour la deuxième année consécutive : - 5% par rapport à l an dernier (45,9 en 2008) et 4% en 2008 vis à vis de 2007. Toutefois, il est près de 20% supérieur à l indice de fréquence moyen national ( 36 ). Une baisse constatée en nombre d accidents pour 2009 En 2009, le nombre global d accidents avec arrêt baisse de plus de 5%, alors même que le nombre total de salariés diminue de plus de 1 %. Evolution du nombre d accidents du travail 2006 2007 2008 2009 Nombre d accidents du travail avec arrêt 37 537 37 888 37 117 35 084 Nombre d accidents du travail graves (avec IP*) 2 118 1 782 1 754 1 604 Nombre de décès 31 17 22 35 IP* : incapacité permanente Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics, demeure le secteur d activité à la plus forte sinistralité (95,7 soit près de 100 accidents du travail pour 1 000 personnes). En nombre d accidents, on relève 7 245 accidents du travail avec arrêt, 348 accidents du travail graves et 9 accidents mortels. Ensuite les indices de fréquence les plus élevés concernent les secteurs : «bois, ameublement, papier, cartons, textiles, vêtement, cuir et peaux, pierres et terres à feu» (56,8 ), «l alimentation» (56,2 ), «transport, eau, gaz, électricité, livre, communication» (49,8 ) et les «activités de service et travail temporaire» (46,8 ) *L indice de fréquence représente le nombre d accidents du travail avec arrêt rapporté à 1 000 salariés 3
Les accidents de circulation : une augmentation en 2009 due aux accidents de trajet. Le risque d'accident de circulation encouru par les salariés lors d'une mission ou d'un trajet domicile-travail est un risque professionnel couvert par la branche accidents du travail et maladies professionnelles. Les accidents de circulation regroupent les accidents de mission et les accidents de trajet. Evolution du nombre d accidents de circulation Tous secteurs confondus, le nombre d accidents de circulation a augmenté en 2009, surtout en raison des accidents de trajet. 2006 2007 2008 2009 Nombre d accidents de circulation 4 017 3 820 3 849 4 305 avec arrêt Nombre d accidents de circulation 377 305 288 296 avec IP Nombre de décès 26 21 22 21 Evolution du nombre d accidents de trajet 2006 2007 2008 2009 Nombre d accidents de trajet avec 3 157 2 944 3 060 3 521 arrêt Nombre d accidents de trajet avec 277 225 217 224 IP Nombre de décès 18 18 14 17 Après une baisse sensible en 2007, une nouvelle augmentation des accidents de trajet avait été constatée en 2008 (+ 3,9%). Elle s est amplifiée en 2009 ( +15% ). Le nombre d accidents grave (avec IP) s est globalement stabilisé mais le nombre de décès a augmenté. Les secteurs «Activités de service II et Travail temporaire», «Alimentation» et «Bâtiment», sont toujours les secteurs les plus touchés. Evolution du nombre d accidents de mission 2006 2007 2008 2009 Nombre d accidents de mission 860 876 789 784 avec arrêt Nombre d accidents de mission 100 80 71 72 avec IP Nombre de décès 8 3 8 4 Une certaine stabilité par rapport à 2008 est constatée avec toutefois un nombre de décès qui passe de 8 à 4. A noter que les accidents de mission représentent 2% des accidents de travail. Ils occasionnent 4 décès sur les 21 constatés suite à un accident de circulation. Logiquement, le secteur qui inclut les «Transports» est particulièrement touché par les accidents de mission. 4
Les maladies professionnelles : une forte recrudescence Depuis les années 70, le nombre de maladies professionnelles reconnues n a cessé d augmenter. Ce constat est, en très grande partie, dû à l explosion considérable des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) reconnus en 1991. Au niveau national : 1979 2009 Maladies en 1 er règlement 4 095 49 341 Au niveau régional : 1979 2009 Maladies en 1 er règlement 200 4 539 Depuis 2003-2004, une baisse relative des maladies professionnelles avait cependant été constatée. L année 2009 marque une rupture de cette tendance avec une augmentation de plus de 20%. Un quart de cette évolution s explique par une nouvelle manière de recenser les maladies professionnelles. En effet, une modification dans la comptabilisation des maladies ayant plusieurs affections est surrvenue. Dorénavant chaque affection est considérée comme une maladie à part entière. Néammoins, au niveau régional, un décompte selon les anciennes modalités, aurait engendré tout de même une augmentation de 15,7% au lieu de 20,4% ce qui demeure une hausse majeure. Les maladies professionnelles avec incapacité permanente (attribution d un capital ou d une rente) ont par contre augmenté en 2009 de façon plus limitée ( 5% ) 2006 2007 2008 2009 Nombre de Maladies Professionnelles 4 044 3 966 3 769 4 539 ayant donné lieu à un premier versement Nombre de Maladies Professionnelles avec 1 526 1 204 1 273 1 335 incapacité permanente Nombre de décès 19 9 6 24 Les Troubles Musculo Squelettiques (TMS) du tableau n 57 représentent sur la Bretagne, 85% des maladies professionnelles. Ils sont développés pour plus d un tiers dans le secteur «alimentation» Affections périarticulaires (TMS tableau 57) 2006 2007 2008 2009 3 375 3 351 3 283 3 847 Hormis les TMS qui évoluent de plus de 17%, plusieurs autres maladies professionnelles sont en forte augmentation telles que la silicose qui a plus que doublé, la surdité (+65%) ou les affections du rachis lombaire provoquées par la manutention (+44%). Ces dernières (235 cas en 2009) constituent la deuxième cause de maladies professionnelles dans notre région juste devant les maladies liées à l amiante (210 cas). 5
Les accidents du travail et les maladies professionnelles : conséquences économiques et sociales Au-delà des conséquences humaines et sociales liées aux accidents du travail et maladies professionnelles, les AT/MP se traduisent pour la Sécurité sociale et pour les entreprises par des journées perdues et par d éventuelles attributions de rentes et indemnités en capital. Les journées perdues En 2009, les accidents du travail, ont entraîné 1 706 636 journées d arrêt de travail. C est moins que l an dernier puisque le nombre de journées perdues s élevait à 1 777 055 En moyenne, c est 49 jours par accident de travail. Pour les maladies professionnelles : 921 682 journées d arrêt de travail ont été recensées en 2009 contre 878 899 en 2008 soit une augmentation significative de près de 5%. Le poids des TMS dans les absences des salariés, équivaut à 797 946 journées en 2009 (769 423 en 2008). En moyenne, c est 203 jours de perdus par maladie professionnelle. Au total, 2 628 318 journées d arrêt de travail ont été relevées en 2009. Coûts des accidents et maladies professionnelles pour l Assurance maladie Pour l année 2009, le coût global des dépenses s élève pour l Assurance maladie à 270 524 043 243 874 445 pour les accidents et maladies professionnelles 26 649 598 pour les accidents de trajet. En 2008, les dépenses de l Assurance maladie s élevaient à 235 788 989. On enregistre donc une hausse de 14,7% en 2009 ( + 13,3% pour les AT/MP et + 29,6% pour les accidents de trajet) En détail : Coût des AT avec arrêt : 98 933 321 Coût des AT graves : 54 785 536 Coût des maladies avec arrêt : 44 864 223 Coût des maladies graves : 45 291 365 Coût des accidents de trajets avec arrêt : 13 107 212 Coût des accidents de trajets graves : 13 542 386 Les coûts des accidents ou maladie avec arrêt prennent en compte les prestations pour incapacité temporaire (montants des indemnités journalières, frais médicaux, frais pharmaceutiques, frais d hospitalisation). Les coûts des accidents ou maladies graves concernent les rentes (montant des indemnités en capitaux, capitaux Incapacité Permanente (IP), capitaux décès). 6
La réforme de la tarification des risques professionnels et la rénovation des incitations financières à la prévention En octobre 2009, les partenaires sociaux membres de la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT-MP) ont adopté à l'unanimité le projet de réforme de la tarification et ont précisé les conditions de sa mise en oeuvre. Inscrite dans la convention d objectifs et de gestion (COG) de la branche AT-MP signée entre la Cnamts et l Etat pour 2009-2012, la rénovation du dispositif de tarification vise à simplifier la gestion du système pour les entreprises et les organismes de Sécurité sociale chargés de sa mise en oeuvre et à inciter à la prévention. Une logique plus incitative à la prévention, sans impact financier Le taux de cotisation imputé aux entreprises sera calculé dès 2012 sur la base de tarifs moyens en fonction des durées d arrêt de travail et du degré d incapacité permanente des seuls accidents de travail ou maladies professionnelles survenus dans la période récente. Jusqu ici, l ensemble des dépenses, y compris celles résultant d accidents ou de maladies très anciens étaient pris en compte. Ces nouvelles règles de calcul rendront plus lisible et rapide la prise en compte des accidents et maladies professionnelles dans le calcul du taux de cotisation. Outre la simplification du suivi et d analyse des variations de taux de cotisation, ce nouveau système permettra de mieux sensibiliser les entreprises à l intérêt de mesures de prévention permettant d éviter les accidents du travail et les maladies professionnelles. Pour autant, le passage à ces nouvelles règles n aura aucun impact financier significatif, comme ont permis de le constater des simulations statistiques. Les simplifications, la meilleure transparence et lisibilité de la tarification devraient aussi réduire les contestations et démarches en contentieux. Actuellement même s ils sont le fait d un nombre réduit d entreprises, elles représentent 400 millions d euros. Les nouvelles règles d imputation s appliqueront aux sinistres survenus dès 2010 avec un effet dans les taux de cotisation calculés pour 2012. Le nouveau dispositif montera en charge progressivement jusqu en 2014. Fiche 1 : Système actuel de tarification Fiche 2 : Présentation du nouveau système Fiche 3 : Calcul des tarifs moyens de tarification Fiche 4 : Vers une tarification plus incitative et plus simple Fiche 5 : Calendrier de la réforme Fiche 6 : Rénovation des incitations financières à la prévention 7
Fiche 1 : Système actuel de tarification Une tarification à partir du coût du risque À la différence des autres branches de la Sécurité sociale financées sur la base de taux fixés par voie réglementaire, les cotisations AT-MP sont entièrement à la charge des entreprises et sont calculées individuellement et par secteurs d activités selon des règles spécifiques dont le but est de sensibiliser les entreprises ou les secteurs d activité en fonction des taux de fréquence et de gravité des accidents ou des maladies professionnelles. Chaque année, la branche fixe ainsi la contribution de chaque établissement au financement du système d assurance. Le taux de cotisation est calculé en fonction du niveau de risque de l activité exercée et de la taille de l entreprise. Ce coût correspond aux dépenses réelles réglées par les caisses primaires pour les soins de santé, les indemnités journalières, les indemnités en capital et les capitaux représentatifs des rentes d incapacité permanente ou suite à un décès. C est à partir de ces données financières, rapportées à la masse salariale des trois dernières années connues, que les taux bruts de cotisation sont calculés. Des règles complexes Par établissement et en fonction de l effectif Les taux de cotisations sont révisés chaque année au 1er janvier, avant d être notifiés à chaque établissement employeur par sa caisse (CRAM ou CGSS). Ils sont calculés par établissement et varient en fonction de la taille de l entreprise. Plus la taille de l entreprise est importante, plus le taux repose sur les résultats individuels de l établissement en matière de sinistralité. Il existe ainsi trois modes de tarification : - individuelle, pour les entreprises de 200 salariés et plus. Toutes les dépenses imputées au compte de l employeur vont déterminer le taux de cotisation de l établissement ; - collective, pour les entreprises de moins de 10 salariés. Le taux de cotisation est déterminé en fonction de la sinistralité de l ensemble des établissements du même groupe professionnel. Tous les établissements qui relèvent d une même activité cotisent sur la base d un taux collectif identique ; - mixte, pour les entreprises de 10 à 199 salariés. Ce mode de tarification combine taux collectif de l activité et taux propre (individuel) de l établissement : plus l effectif se rapproche de 199, plus la part de taux propre augmente. Une mutualisation de certaines charges Le coût du risque (par établissement ou par activité, selon la taille de l entreprise) rapporté aux salaires permet de calculer le taux brut de cotisation. Pour obtenir le taux net notifié à chaque établissement, il faut ajouter au taux brut, trois majorations de chargement qui couvrent des dépenses mutualisées : le coût des accidents de trajet, les frais de fonctionnement et le reversement à la branche Maladie au titre de la sous déclaration des sinistres ainsi que les transferts vers les autres régimes et les fonds dédiés à la prise en charge spécifique des salariés exposés à l amiante. Ces majorations sont fixées chaque année par arrêté ministériel. Au fil du temps et des réformes, le système de tarification est devenu très complexe et peu lisible. Cela va à rebours de l objectif prioritaire de la gestion du risque AT-MP : éviter en amont les accidents et les maladies par une incitation à la prévention. Enfin, il existe des règles particulières pour les entreprises du bâtiment et celles implantées en Alsace. 8
Fiche 2 : Présentation du nouveau système Les deux principaux volets de la réforme ont pour objet une simplification des règles et le renforcement à l incitation à la prévention. Seuls sont modifiées les modalités de calcul du taux brut, sans aucun impact sur les autres mécanismes de la tarification (taux collectifs, taux bureau, écrêtement, majorations de chargement, ). Une option est également proposée pour les entreprises multi-établissements. Modification des seuils de la tarification mixte Sur la base des trois modes de tarification fixés en fonction de l effectif global de l entreprise : collectif pour les entreprises de moins de 10 salariés, mixte entre 10 et 199 salariés et individuel au-delà, la réforme modifie les seuils intermédiaires. Conformément à l accord des partenaires sociaux de mars 2007, le seuil de la tarification individuelle sera abaissé de 200 à 150 salariés. Parallèlement, le seuil de la tarification mixte passera de 10 à 20 (sauf en Alsace Moselle, où le seuil reste à 50) ; cette mesure constituera une simplification importante pour les 60 000 entreprises concernées (entre 10 et 20 salariés), sans impact significatif du point de vue de l incitation à la prévention car pour ces entreprises, la part individuelle ne représente qu une vingtaine d euros en plus ou en moins par mois sur le total des cotisations AT-MP versé. Grâce au resserrement des seuils de la tarification mixte, la part individuelle du taux pour les entreprises de taille intermédiaire, celles dont la sinistralité est la plus élevée, augmente, les incitant ainsi à développer leur effort de prévention. Principe d imputation des sinistres Jusqu à présent, le taux brut de cotisation annuel est calculé à partir de l ensemble des dépenses générées à l euro près par tous les sinistres enregistrés dans l entreprise par le passé. Tous les accidents ou les maladies éventuellement très anciens (arrêts longs, rechutes, soins postconsolidation) continuent donc à peser sur le taux annuel de cotisation de l entreprise aussi longtemps qu ils génèrent des dépenses. La réforme modifie les modalités d'imputation aux comptes employeurs par l'utilisation d un barème de tarifs défini annuellement par grands secteurs d activité et en fonction de la gravité des sinistres. Le principe consiste à imputer une fois pour toute après chaque accident ou maladie un montant choisi dans une grille de tarifs moyens calculé en fonction du degré de gravité du sinistre. Le cas échéant (moins de 6% des cas), une seconde imputation aura lieu selon le même principe (en une seule fois et en fonction de la gravité) si la personne après stabilisation de son état médical a des séquelles permanentes durables et reçoit, à ce titre, une prestation d incapacité permanente (capital ou rente). A noter que le BTP a choisi de conserver à ce stade une tranche unique pour toutes les incapacités permanentes supérieures à 10%. En option : calcul d un taux unique pour les entreprises multi-établissements Les grandes entreprises pourront demander le calcul d un seul taux de cotisation pour l ensemble de leurs établissements ayant la même activité. Cela contribuera au développement d une politique globale de prévention dans les grandes entreprises et cela facilitera leur gestion par une centralisation sur une seule caisse régionale des contacts sur les sujets relatifs à la tarification AT-MP. Ce système est toutefois purement optionnel, chaque entreprise sera considérée comme optant par défaut pour le maintien du calcul d un taux différent pour chacun de ses établissements. 9
Fiche 3 : Calcul du barème des tarifs moyens de tarification Les tarifs moyens seront calculés chaque année pour chaque grand secteur d activité. Il y aura 6 tranches de tarification pour les sinistres avec incapacité temporaire en fonction de la durée de l arrêt de travail prescrit et 4 tranches pour les sinistres avec incapacité permanente (IP) en fonction du taux de gravité. Catégorie de sinistre Valeur du tarif (euros) Sinistres sans arrêts et avec arrêts de moins de 4 200 jours Sinistres avec arrêt de 4 à 15 jours 430 Sinistres avec arrêt de 16 à 45 jours 1 350 Sinistres avec arrêt de 46 à 90 jours 3 900 Sinistres avec arrêt de 91 à 150 jours 7 800 Sinistres avec arrêt plus de 150 jours 27 000 Sinistres avec IP< 10% 1 900 Sinistres avec IP de 10% à 19% 43 000 Sinistres avec IP de 20% à 39% 84 000 Sinistres avec IP de 40% et plus ou mortels 356 000 Attention : les montants en euros indiqués dans le tableau sont donnés à titre purement indicatif ; ils ont été calculés à partir des données des années 2006-2007-2008. Ces valeurs sont une moyenne des dépenses supportées pour chaque catégorie de sinistre et calculée chaque année pour chaque grand secteur d activité (Métallurgie, BTP, transports ). Les sinistres survenus durant l année 2010 seront les premiers à être pris en compte en utilisant les tarifs moyens d imputation. Ces tarifs serviront donc pour la première fois pour le calcul des taux notifiés aux entreprises en 2012, mais partiellement car les dépenses prises en compte au titre des années 2008 et 2009 resteront encore calculées selon les règles anciennes. Année de plein effet de la réforme : en 2014, le taux de cotisation imputé aux entreprises sera calculé sur la triennale 2010-2011-2012 prenant en compte les nouvelles règles d imputation. 10
Fiche 4 : Vers une tarification plus incitative et plus simple Ces évolutions favorisent la prévention, simplifient la gestion des taux AT pour les entreprises et sécurisent le financement de la branche AT-MP. Un système vertueux pour la prévention La tarification aux coûts moyens permet à l entreprise de connaître dès l année qui suit la survenance du sinistre le coût qui servira au calcul de son taux de cotisation durant les trois années qui suivent. L entreprise est donc totalement et immédiatement «sensibilisée» à prendre les mesures de prévention nécessaires. Grâce au système de barème de tarifs très progressif calculés par grand secteur d activité, ce dispositif sera particulièrement responsabilisant. L utilisation de coûts moyens tend également, dans une tranche de gravité donnée, à pénaliser de manière égale tous les accidents, selon le principe de base de la prévention consistant en priorité à prévenir la répétition des accidents, parmi lesquels, aléatoirement, survient de temps en temps un accident plus grave. Des évolutions qui pallient les défauts du système «au réel» Prévisible et lisible, la tarification aux coûts moyens permet à chaque entreprise : - d avoir un suivi simple de la sinistralité, année après année, et de son coût ; - de réduire l incertitude sur l impact de la sinistralité et les variations de taux de cotisation et de leur conséquence sur le passif social de l entreprise. L imputation au coût moyen n aura pas d impact financier pour la branche AT-MP Ces évolutions sont financièrement neutres pour la branche AT-MP. Les paramètres généraux de l équilibre de la branche ne sont pas modifiés (majorations trajet, transferts maladie et fonds amiante, bénéfice du taux bureau, etc.). De plus, elles ne génèrent aucun transfert d un secteur à l autre car les tarifs sont calculés séparément pour chaque grand secteur d activité. En outre, les impacts de la réforme seront circonscrits au sein de chaque secteur et surtout ne seront pas significatives : les simulations réalisées ont montré également que les impacts sur les taux de cotisation, établissement par établissement, résultant de la réforme seront moins forts que ceux qui résultent d une année sur l autre du fait de la survenance des sinistres. Enfin, les simplifications et la diminution des contentieux que l on peut attendre permettront aux caisses de consacrer plus de moyens à l instruction des décisions de prises en charge et aux contrôles des dépenses et des prestations et contribueront ainsi à une meilleure gestion de la branche AT-MP. 11
Fiche 5 : Calendrier de la réforme Une mise en oeuvre progressive 22 octobre 2009 : adoption du projet de réforme de la tarification par la CAT-MP 1er trimestre 2010 : publication des textes réglementaires 2011 : adaptation des systèmes informatiques avant la fin du 1er trimestre et phase de tests 2012 : réforme effective, 1ère année pour laquelle le taux de cotisation prendra en compte les nouvelles règles d imputation (accidents survenus ou maladies reconnues en 2010) 2014 : année de plein effet de la réforme (taux de cotisation calculé sur 2010-2011-2012) Un comité de suivi de la réforme au sein de la CAT-MP suivra dès début 2010 la préparation des évolutions et un bilan sera fait dès 2012. Des télé services «employeurs» qui vont évoluer Parallèlement à la mise en oeuvre progressive du nouveau dispositif de tarification des risques professionnels, l offre de services en ligne proposée aux entreprises évoluera. A ce jour, tout employeur peut consulter en ligne son taux de cotisation AT/MP et son compte employeur en accès sécurisé au moyen d'un code confidentiel. Les nouveaux e-services permettront à toute entreprise : - d obtenir son taux de cotisation AT-MP complété par des informations exhaustives sur son calcul ; - de comparer sa sinistralité par rapport aux autres sociétés du même secteur ; - et d évaluer ses risques. 12
Fiche 6 : Rénovation des incitations financières à la prévention Déploiement des incitations positives Les aides financières simplifiées sous forme de subvention pour les TPE-PME sont développées et deviennent le principal instrument d incitations positives à la prévention. Parallèlement, les simplifications administratives permettent d améliorer les conditions d éligibilité et de suivi des contrats de prévention. Le dispositif des ristournes trajet, quant à lui, évolue pour ne plus financer seulement des coûts de fonctionnement récurrents mais contribuer au développement et à la mise en œuvre de mesures innovantes de prévention du risque routier professionnel. Nouvelles mesures d injonction et de majoration des cotisations Les Carsat peuvent actuellement demander à l entreprise toute mesure justifiée de prévention, par voie d injonction, pouvant aboutir à une majoration de cotisation AT-MP si une des mesures n est pas réalisée dans un délai imparti. Afin de renforcer le caractère incitatif de ces dispositions, la loi de financement a prévu que : - Si, au terme du délai fixé par l injonction, l établissement n a pas pris les mesures de suppression ou de réduction du risque, la cotisation sera majorée d un pourcentage et d une durée minimum fixés par arrêté ministériel (3 mois à 25%). Le montant de la majoration ne pourra être inférieur à une valeur plancher (1000 euros). - Pour des situations de travail présentant des risques particulièrement graves, lorsque les mesures de prévention auront déjà été demandées par injonction à un établissement, il sera possible, dans les six mois, à la caisse régionale de procéder sans nouvelle injonction à une majoration de cotisation si la même situation est constatée dans le même établissement dans les six mois suivant l échéance de l injonction initiale. 13
Annexe Les accidents du travail et maladies professionnelles dans les entreprises : définitions - Accident du travail C est l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail. - Accident de mission C est l'accident de circulation survenu au cours d'un déplacement professionnel. Il est considéré comme un accident de travail. - Accident de trajet C est l'accident survenu pendant les trajets aller et retour entre le lieu d'habitation et le lieu de travail ou le lieu de restauration habituel et le lieu de travail. - Maladie professionnelle est présumée d'origine professionnelle toute maladie désignée dans un tableau de maladies professionnelles et contractée dans les conditions mentionnées à ce tableau. Une maladie professionnelle est la conséquence de l exposition plus ou moins prolongée à un risque qui existe lors de l exercice habituel de la profession. 14