Mémoire sur le Plan métropolitain d aménagement et de développement présenté à la Communauté métropolitaine de Montréal par le Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire Responsable du dossier : Éric Malka, directeur général adjoint 450 467-1755, eric@centrenature.qc.ca Le 04 octobre 2011
RÉSUMÉ Les considérations et recommandations du Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire portent sur les points suivants : L importance de l agriculture et de ses pratiques pour la santé de l environnement La promotion de la production alimentaire locale afin de contribuer à la sécurité et la diversité alimentaires de la région La connectivité des milieux naturels de la région afin de maintenir et de bonifier leur richesse écologique L attention à porter à certains milieux naturels qui dépassent les frontières de la communauté métropolitaine La pertinence de remise à l'état naturel des friches au fort potentiel de biodiversité L importance de la communication constante et concrète auprès des citoyens et des personnes et groupes impliqués dans les activités de protection de la biodiversité ou de la promotion de l agriculture diversifiée L importance de la recherche scientifique pour fournir des bases solides pour les pratiques en agriculture et en conservation, ainsi que pour assurer des décisions administratives éclairées Assurer le succès du développement par un solide soutien politique et l application d une législation stricte Développer une vision qui réunit la protection de la biodiversité avec le plaisir d un accès des citoyens à leurs milieux naturels 2 P a g e
TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION... 4 RECOMMANDATIONS DU CENTRE DE LA NATURE... 5 1. En agriculture... 5 Importance du territoire agricole pour la santé de l environnement.... 5 L émergence de la production alimentaire locale... 5 2. La connectivité des milieux naturels... 6 La fragmentation détruit la biodiversité... 6 3. Les friches... 7 4. Communication et recherche... 7 La communication... 7 5. Conditions de succès dans l application du plan.... 8 L appui politique et un soutien aux acteurs régionaux... 8 3 P a g e
INTRODUCTION Le Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire, initiateur de la première réserve de biosphère (UNESCO) au Canada et doté d une longue expérience en protection et en gestion de milieux naturels, formule ici des réflexions susceptibles d enrichir l orientation touchant les problématiques en environnement du Plan de développement et d aménagement de la communauté métropolitaine de Montréal. Le Centre est pleinement d accord avec les objectifs du plan dans le domaine de l environnement, qui visent notamment à : Conserver la diversité biologique des milieux naturels de la région Favoriser la connectivité entre les milieux naturels Protéger le couvert forestier existant Assurer une utilisation durable des atouts naturels et agricoles de la région. En effet, ces espaces naturels autour et dans les villes apportent de nombreux services aux citoyens. Ils absorbent le gaz carbonique, filtrent l eau et contribuent à la purification de l air. Les boisées permettent de refroidir la température moyenne et de limiter le phénomène des îlots de chaleur dans les villes, ce qui améliore la qualité de vie. En plus de ces avantages, ils permettent aux citadins de profiter d espaces verts dans leur ville et de jouir d îlots de beauté et de détente. Les recommandations qui suivent correspondent aux préoccupations qui découlent de la mission du Centre de la Nature. L accent tombe donc ici sur la conservation des milieux naturels et sur l agriculture à cause de son influence importante sur la santé de notre biodiversité. 4 P a g e
RECOMMANDATIONS DU CENTRE DE LA NATURE 1. En agriculture Importance du territoire agricole pour la santé de l environnement. Le Centre de la Nature invite la communauté métropolitaine à accorder une attention particulière à l agriculture, qui constitue 57% du territoire, en assurant des pratiques en harmonie avec l environnement. Recommandation : - Que la CMM fasse de son territoire agricole une vitrine de pratiques d agriculture durable. Les bonnes pratiques agricoles contribuent à la protection contre la contamination des cours d eau et au maintien d une certaine biodiversité. - Que la CMM veille, par l'implication des instances appropriées, à l établissement de bandes riveraines protectrices adéquates autour des cours d eau. - Que la CMM, par l'implication des instances appropriées, fasse la promotion des haies brise-vent et des labours qui limitent l érosion du sol et qui permettent dans certains cas de connecter des milieux naturels. L émergence de la production alimentaire locale La couronne verte devrait aussi encourager activement la production alimentaire locale afin de contribuer à la sécurité alimentaire de la région et de diminuer la pollution créée par le transport de produits venant de loin. Afin d encourager les nouvelles générations à pratiquer une agriculture locale, en dépit des coûts énormes d acquisition de terres agricoles, la communauté pourrait s inspirer de l exemple de l Ontario, où on encourage la création de petits lots de culture agricole avec des terres louées pour une agriculture «verte». (cf. Rouge Park Alliance en Ontario, Toronto and region Conservation Authority TRCA) - Que la CMM encourage la production locale en facilitant l acquisition ou la location de terres agricoles disponibles ou en friche. - Que la CMM s inspire en cette matière du rapport Pronovost. 5 P a g e
- Que la CMM freine la monoculture en faveur d une grande diversité de cultures essentielle à la santé de la biodiversité. Le cas des vergers Les vergers de la couronne sud sont un atout précieux pour les paysages, pour la qualité de vie des gens et une importante culture locale. Ils constituent aussi souvent des zones tampons vitales autour des montérégiennes qui risquent ainsi moins de se trouver isolées ou étouffées par le développement résidentiel. Toutefois, l importation de la pomme venant d ailleurs constitue un défi économique de taille pour les pomiculteurs d ici, qui peinent souvent à trouver une relève pour leur culture. Une mise en valeur de cette production locale ainsi que celle des produits de transformation méritent une attention particulière. Recommandation : - Que la CMM en partenariat avec les instances pertinentes soutienne la culture en vergers et le développement de produits de transformation. 2. La connectivité des milieux naturels La fragmentation détruit la biodiversité La fragmentation des habitats forestiers entraîne une transformation graduelle de la forêt d origine en une mosaïque de boisés répartis de façon éparse sur le territoire, présentant des îlots et des archipels forestiers plus ou moins denses et préservés. Cette fragmentation du paysage forestier peut engendrer la destruction d habitats propices pour certaines populations animales ou végétales, éléments nécessaires au maintien de l intégrité des écosystèmes. La réduction d un habitat peut avoir pour effet de diminuer la variabilité génétique d une population en déclin et ainsi rendre précaire la survie des organismes en réduisant leur résistance aux perturbations et aux maladies (Allendorf et Leary, 1986). C est pourquoi il est important d assurer la connectivité entre les milieux naturels par des actions de protection, de mise en valeur et d éducation sur les corridors forestiers. Cette connectivité ne doit pas se limiter au territoire administratif mais assurer le lien vital avec des milieux naturels contigus aux limites du territoire. - Que l on s'assure de protéger les 19% de boisés qui restent sur le territoire en leur appliquant une affectation "protection" ou "conservation" dans toutes les MRC du territoire de la CMM. - Que la CMM facilite la connexion entre les petits îlots forestiers et les boisés de grande taille. 6 P a g e
- Que la CMM offre des incitatifs fiscaux en vue de la plantation de haies brise-vent ou en vue de l acquisition d éléments de connectivité des corridors forestiers. - Que la CMM ne limite pas les milieux naturels d'importance à 31 bois, et que l on soutienne les initiatives de conservation des milieux naturels à l'échelle du territoire de le CMM. - Que l on ajoute du financement au «Fonds vert» de la CMM avec des redevances de 5% prises à même les projets de développement résidentiels, commerciaux et industriels. - Que la CMM considère les milieux naturels qui débordent ses frontières dans l établissement des priorités de conservation des milieux naturels de sa couronne. 3. Les friches En plus de protéger les milieux riches en biodiversité, on devrait chercher à remettre à l'état naturel les friches pour en faire, avec le temps, des milieux naturels. Ces espaces, souvent moins chers que des milieux bien conservés, ont un grand potentiel de restauration. On peut ainsi recréer, en partie, le patrimoine vert du passé, comme en témoigne l État du Vermont. (Voici un exemple fort éloquent : le Vermont, aujourd hui un véritable paradis vert, a retrouvé 80% de sa verdure après des pratiques agricoles destructrices du 19 e siècle qui n avaient laissé que 17% de boisés en 1880. 1921 sonne la fin de l importance de la coupe et de l exportation du bois et reboisement. En 1927, 17 villes ont planté 267 000 arbres. Après la deuxième guerre mondiale, 80% des arbres du Vermont sont de retour, mais pas la diversité biologique, ni les arbres géants d antan). - Que l on fasse le portrait des friches actuelles afin de déterminer le meilleur usage du territoire (agriculture ou remise à l'état naturel). - Que la CMM assure la cartographie des friches à bon potentiel agricole ainsi que de celles avec un bon potentiel de remise à l état naturel. - Que l on priorise, lors de la remise des friches en agriculture, une agriculture diversifiée et à petite échelle qui favorise la biodiversité. 4. Communication et recherche La communication Les objectifs que se donne la CMM sont riches et audacieux. Leur atteinte suppose la participation de nombreux partenaires, dont d abord la population de la région. La communication locale auprès du grand-public portant sur l importance de 7 P a g e
l environnement, sur sa beauté, ses services, sur les pratiques favorables, est essentielle pour assurer l appui et la participation du public. Recommandation : - Que l on assure une couverture régulière sur les divers projets de conservation des milieux naturels ainsi que sur les bonnes pratiques en agriculture. 5. Conditions de succès dans l application du plan L appui politique et un soutien aux acteurs régionaux Les projets de ceintures vertes n ont pas tous le même succès. Ainsi celle de l Île de France ou celle de Barcelone n ont pas atteint les objectifs visés. Dans ces deux cas, aucune loi stricte ne garantissait la pérennité de la ceinture face aux pressions urbaines. Dans les deux cas, le soutien politique au projet était insuffisant. La conséquence est que, depuis 1982, la ceinture verte de l Île de France a perdu environ 2000 ha par année. À Barcelone, la situation est encore plus dramatique, car malgré 14 ans de travail, la ceinture verte n a jamais dépassé le stade de projet. Pour s inscrire dans la durée et atteindre ses objectifs, une ceinture verte doit donc bénéficier d un soutien politique et d une législation stricte qui protègent ses espaces naturels des pressions de l urbanisation. La protection des milieux naturels et la création des corridors forestiers doivent être vues et vécues comme des enrichissements pour les citoyens et non pas comme des réserves clôturées. Les espaces verts doivent offrir des lieux de beauté, de détente et de pratiques de plein air. Ce doit être une démarche «win-win» pour l environnement et pour le citoyen. La CMM doit donc profiter de son plan d aménagement pour inspirer et mettre en place une vision pour la conservation des milieux naturels sur son territoire. À cette vision, doit cependant s ajouter un soutien financier pour les acteurs régionaux en conservation qui auront la responsabilité de la mise en œuvre des objectifs du PMAD. - Que la CMM soutienne financièrement les organisations qui participent à mettre en place la vision et les actions en conservation du PMAD. 8 P a g e