Les complications non infectieuses de l endoscopie: les perforations digestives

Documents pareils
Faut-il encore modifier nos pratiques en 2013?

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Causes d insatisfactions du patient pris en charge en ambulatoire

Gastric Bypass, Mini-Gastric Bypass et Sleeve Gastrectomy

L Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le surpoids comme un IMC égal ou supérieur à 25 l obésité comme un IMC égal ou supérieur à 30

DIVERTICULE PHARYNGO-OESOPHAGIEN (DPO) DE ZENKER À PROPOS DE QUATRE CAS J. MOALLA, L. BAHLOUL, B. HAMMAMI, I. CHARFEDDINE, A.

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

Traitement chirurgical du reflux gastro-œsophagien et de la hernie hiatale

Incontinence anale du post-partum

Chirurgie assistée par robot et laparoscopie en 3D à l avantage des patients?

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

Janvier 2003 PLACE DE L ENDOSCOPIE DANS LES COLITES MICROSCOPIQUES RECOMMANDATIONS DE LA

ROBOT ET CHIRURGIE AORTIQUE:

schémas du by-pass gastrique pour obésité morbide

Complications des examens endoscopiques et pharmacologie

GUICHET D ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

va être opéré d un hypospadias

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

PRISE EN CHARGE DES LESIONS SPINCTERIENNES ANALES DU POST-PARTUM : DU CURATIF AU PREVENTIF

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

LA CHOLÉCYSTECTOMIE PAR LAPAROSCOPIE

Modules optionnels. Passer à l acte en implantologie

o Non o Non o Oui o Non

L EXPÉRIENCE POUR L AUTONOMIE

ACCIDENTS ELECTRIQUES EN CHIRURGIE COELIOSCOPIQUE. Dr JF Gravié FCVD

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

Recommandations de la Société française d Endoscopie Digestive pour l organisation et le fonctionnement d un plateau technique en endoscopie digestive

Item 182 : Accidents des anticoagulants

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Accidents des anticoagulants

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

Glossaire. de l assurance complémentaire santé(1) pour vous accompagner. Frais d accompagnement. CMU Tiers payant ...

Consignes de remplissage - Grille de recueil - Thème DAN2

Voyager avec sa mici.

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Item 308 : Dysphagie

Compte-rendu de la conférence débat du 26 mai 2005 : LA TELECHIRURGIE

PRADO, le programme de retour à domicile

Que savoir sur la chirurgie de LA HERNIE DE LA LIGNE BLANCHE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE en hospitalisation AMBULATOIRE?

Carnet de bord. COMPLÉMENTAIRE SANTÉ. La Mutuelle de la mer

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

PLAQUETTE D INFORMATION

La chirurgie ambulatoire dans les pays de l OCDE

Recommandation Pour La Pratique Clinique

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

QUALITÉ DE L APPRENTISSAGE DE L INTUBATION ORO-TRACHÉALE EN LABORATOIRE DE SIMULATION, SON INTÉRÊT POUR LES PATIENTS.

Une infirmière re clinicienne en et soins de. Stomathérapie. fonction? L infirmière. re «clinicienne?» Rôle de l infirmil. ressource?


EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

TUTORAT UE Anatomie Correction Séance n 6 Semaine du 11/03/2013

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Les Infections Associées aux Soins

Système d anneau gastrique ajustable LAP-BAND AP avec la conception OmniForm. Directives d utilisation

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Douleurs thoraciques aiguës d origine digestive J. MATHIAS AFPR 6/12/11

Réparation de la communication interauriculaire (CIA) Informations destinées aux patients

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

GUIDE D'ENSEIGNEMENT PRÉOPÉRATOIRE Pour la clientèle admise avant l'opération

NUMÉRIQUEMENT VÔTRE L INNOVATION AU SERVICE DES PATIENTS ET DU MONDE MÉDICAL

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Migraine et Abus de Médicaments

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

COMMISSION NATIONALE D EVALUATION DES DISPOSITIFS MEDICAUX ET DES TECHNOLOGIES DE SANTE. AVIS DE LA COMMISSION 08 février 2011 CONCLUSIONS

PREVENTION DES TRAUMATISMES DENTAIRES LORS DE L ACCES AUX VOIES AERIENNES SUPERIEURES

Spécialiste en chirurgie

Les différentes maladies du coeur

MONITORING PÉRI-OPÉRATOIRE DE L'ISCHÉMIE CARDIAQUE. Dary Croft 9 mai 2013

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

Cancer de l'œsophage. Comprendre le diagnostic. Le cancer : une lutte à finir

Les maladies valvulaires

Estelle Marcault. 20/01/2012 URC Paris Nord 1

Résultat du traitement de la varicocèle chez l'adolescent par l'association coils-sclérosants.

Mieux informé sur la maladie de reflux

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

La recto-colite hémorragique

Le sevrage de la trachéotomie

sur la valve mitrale À propos de l insuffisance mitrale et du traitement par implantation de clip

INFORMATIONS AU PATIENT SUR LA COLOSCOPIE

INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

Solar GI. Manométrie digestive évolutive. Diagnostic complet de la motricité. Base de données universelle MMS. Configurations évolutives

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

SOCIETE MEDICALE DES HOPITAUX DE PARIS Association reconnue d utilité publique - FMC n

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

cursus d implantologie orale Les clés du succès par le compagnonnage

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Transcription:

Les complications non infectieuses de l endoscopie: les perforations digestives K. Vahedi Département Médico-Chirurgical de Pathologie Digestive Hôpital Lariboisière, Paris Séminaire DES Ile de France Bases de L endoscopie digestive, 3 février 2007

Introduction Taux très variable!"siège #"terrain $"pathologie sous jacente Grande différence - acte diagnostic - acte thérapeutique Absence de consensus thérapeutique

Fréquence diagnostic thérapeutique mortalité oesophage 0,03-0,1% - 18,7% (4,8-36%) estomac 0,03-0,1% - duodénum <0,01% 1% 0,21% grêle - - - colon 0,006-0,4% 0,2%* 0,19** - 1% 1,2%* (0,1%) 0,019%** 0%* 12%*** Surg Endosc 1999 Ann Surg 2000 *Gastrointest Endosc 2001 **Am J Gastroenterol 2000 ***Br J Surg 1996

Taux de mortalité Siège Précocité du diagnostic et prise en charge perforation oesophagienne - avant 48 heures: 0-30% - après 48 heures: 36-56% Nature de l affection sous jacente +++

Perforations oesophagiennes Facteurs favorisants malade intubé, ballonet gonflé ostéophytes cervicaux passage aveugle pharynx pathologie sous jacente - paroi fragile ( sclérodermie, sténose, inflammation, ingestion caustique) - tumeur - diverticule Zenker

Perforations oesophagiennes Tiers supérieur 9,3%* bouche C6-C7 douleur emphysème Tiers moyen 33,3%* Tiers inférieur Cardia 57,3%* diverticule dilatation prothèse mégaoesophage sclérothérapie douleur emphysème pneumothorax pneumopathie douleur emphysème défense contracture pneumopéritoine *Surg Endosc 1999

Perforations oesophagiennes Diagnostic Clinique per endoscopie ++ douleur emphysème fièvre tachycardie Examens thorax: pneumomédiastin, épanchement pleural ASP: coupoles, pneumopéritoine togd ( face -profil -!, hydrosolubles, baryte) à répéter ++ scanner avec opacification (diagnostic et surveillance)

Perforations oesophagiennes Traitement Chirurgical Traitement médical suture simple résection exclusion bipolaire drainage Endoscopique prothèse à jeun strict alimentation parentérale sonde gastrique à discuter antibiotiques surveillance ++ drainage collection colle

Perforation oesophagiennes Indications thérapeutiques Gravité du tableau Âge du patient, terrain Délai de mise en route du traitement Siège de la perforation Taille Existence et nature d une pathologie concomitante *aucune étude contrôlée comparant traitement médical et chirurgical

Perforation oesophagiennes Indications thérapeutiques Traitement conservateur Douleur modérée et facilement contrôlée par les antalgiques Absence de collapsus Fièvre et hyperleucocytose modérée Absence de sepsis clinique Perforation contenue dans le médiastin avec drainage satisfaisant de la collection dans l oesophage

Perforations oesophagiennes Tiers supérieur Chirurgical Non chirurgical fistule importante échec traitement médical fistule borgne malade vu tard sepsis controlé malade inopérable

Perforations oesophagiennes Tiers moyen Chirurgical Non chirurgical fistule large sepsis majeur échec traitement médical fistule borgne sepsis controlé malade inopérable (pathologie et ou terrain)

Perforation oesophagienne après dilatation

Traitement par mise en place d une prothèse

Contrôle de la prothèse : fermeture de la fistule

Perforation oesophagienne : pneumomédiastin

Perforations oesophagiennes Tiers inférieur - Cardia Chirurgical Non chirurgical* Fistule large Sepsis majeur Echec traitement médical Fistule borgne Sepsis controlé malade inopérable *Gastroenterol Clin Biol 2002

Perforations duodénales : post sphinctérotomie Clinique Traitement per endoscopie douleur fièvre hyperleucocytose non chirurgical ++ sonde gastrique antibiotiques surveillance Ann Surg 2000 Gastrointest Endosc 1998

Perforation post sphinctérotomie endoscopique

Perforations grêle Rares Enteroscopie pré ou per opératoire Dilatation sténose (crohn) Coagulation (angiodysplasie) Traitement : chirurgie - suture - stomie

Perforations coliques Facteurs favorisants malade «mal endormi» malade mal préparé endoscopiste en formation

Perforations coliques Facteurs favorisants geste thérapeutique siège colon: caecum zones fixes: charnière recto sigmoidienne, angles coliques, interventions antérieures, radiothérapie) colon pathologique: sténoses, colite, radiothérapie, diverticules, ischémie)

Perforations coliques Diagnostic- Clinique immédiat (endoscopiste) réveil retardé ++*(42-58%) après la sortie (chute d escarre) douleur (<50%) fièvre (>25%) météorisme emphysème nausées, vomissements hyperleucocytose BJS 1996, Endoscopy 1997

Perforations coliques Diagnostic Examens Aucun Asp (coupoles) scanner +- opacification (si doute sur siège) lavement aux hydrosolubles

Perforations coliques Méthodes thérapeutiques Médicales - à jeun strict - perfusions - sonde gastrique (+-) - antibiotiques large spectre - surveillance clinique et biologique

Perforations coliques Indications thérapeutiques Endoscopie Pose de clips

Perforations coliques Méthodes thérapeutiques Chirurgie - voie d abord: laparoscopie > laparotomie - suture simple (37%)* - résection anastomose (47%)* - stomie de protection (33%) *Am J Gastroenterol 2000

Perforations coliques Indications thérapeutiques Médical - vu tôt (avant 6 heure) - perforation limitée - pauci symptomatique - absence de contracture - malade bien préparé - pas de pathologie sous jacente - perforation rétropéritonéale +++++ Chirurgie* - vu tôt - vu tard - défense généralisée - contracture - malade mal préparé - vaste perforation - colon pathologique (tumeur, colite aigue grave, sténose sus jacente) - échec traitement médical (augmentation mortalité) * Taux: 59 93% (1998)

Conclusion Diagnostic précoce - y penser (attention patient ambulatoire) Diagnostic difficile, car perforation peut être retardée Prevenir le chirurgien Meilleur traitement est préventif : savoir s arrêter Si abstention chirurgicale «surveillance armée» Perforation sus mésocolique le traitement médical est souvent proposé Perforation sous mésocolique, le traitement est chirurgical