L INCONSCIENT : LES PERVERSIONS SEXUELLES

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L INCONSCIENT : LES PERVERSIONS SEXUELLES

Sommaire Sommaire...2 I. Résumé :...3 II. Introduction :...3 III. Définitions de la perversion :...4 IV. Les perversions, d un point de vue clinique :...4 V. Les perversions, d un point de vue étiologique :...5 VI. Evolution de la perversion selon les ages :...7 VII. Conclusion...9 VIII. Bibliographie :...10

I. Résumé : La perversion est une pathologie du lien, qui étant bâti artificiellement par le pervers pour servir de support à une déviation de l exercice normal de sa sexualité. Ce n est pas cette déviation en tant que telle qui est perverse, mais les conséquences psychiques que le sujet en tire pour transformer sa relation à l autre et la vivre sous le mode de l emprise. Pour ce faire, le pervers dénie la différence de l autre, toute son énergie étant mobilisée en vue de le contraindre à partager sa propre vision du sexuel, c'est-à-dire de la différence des sexes. Le pervers use de tous les moyens pour faire de l autre son complice dans cette croyance (1). La perversion est un déséquilibre privé marqué par un comportement sexuel régressif se substituant avec prédilection et parfois exclusivité aux conditions normales de l orgasme ou aux conduites qui s y rattachent. Il s agit d une déviation par rapport à l acte sexuel normal, définit lui-même comme coït visant à obtenir l orgasme par pénétration génitale avec une personne du sexe opposé. Les conduites perverses peuvent être rangées en deux catégories : les anomalies du choix d objet (fétichisme, auto-érotisme, travestisme, zoophilie, ) et les anomalies du but ou de l acte (sadomasochisme, exhibitionnisme, voyeurisme, viol, ). II. Introduction : En fait la psychopathologie reconnaît le fonctionnement psychique du pervers en deux formes principales : le fétichisme, qui caricature son rapport à la différence des sexes, et le sadomasochisme, pour la mise en lumière de la dimension de l emprise et du lien pervers. C est ainsi que j aborderai la perversion sous ses différentes définitions pour l expliquer sur un point de vue clinique, puis étiologique, ainsi que ses différentes évolutions selon les ages.

III. Définitions de la perversion : «Les perversions sexuelles sont abordées avec un relativisme culturel, et sans oublier qu elles s enracinent dans la prédisposition sexuelle infantile qui demeure refoulée et inconsciente dans la névrose qui est le négatif de la perversion». (2) «Les perversions sont soit : a) Des transgressions anatomiques des zones corporelles destinées à l union sexuelle ; b) Des arrêts aux relations intermédiaires avec l objet sexuel qui, normalement, doivent être rapidement traversés sur la voie du but final». (3) «Dans la plupart des cas, le caractère pathologique de la perversion ne se découvre pas dans le contenu du nouveau but sexuel, mais dans le rapport de celui-ci avec la normale. Quand la perversion ne surgit pas à côté de la normale (but et objet sexuels), à un moment où les circonstances favorisent la première et font obstacles à la seconde, mais quand elle a refoulé et remplacé la normale en toutes circonstances, alors nous trouvons dans l exclusivité et dans la fixation ce qui nous autorise généralement à la considérer comme un symptôme pathologique». (3) «La sexualité perverse n est rien d autre que la sexualité infantile grossie, décomposée en ses motions isolées». (4) IV. Les perversions, d un point de vue clinique : L étude des perversions nous a révélé que la pulsion sexuelle doit lutter contre certaines forces psychiques qui agissent en tant que résistances, parmi lesquelles la pudeur et le dégoût ont émergé avec le plus de netteté. Il est permis de supposer que ces forces participent à la relégation de la pulsion à l intérieur des limites estimées normales, et, si elles se sont développées plus tôt dans l individu, avant que la pulsion sexuelle n ait acquit toute sa vigueur, alors ce sont probablement elles qui auront tracé la voie de son développement. Nous avons remarqué ensuite que certaines des perversions examinées ne peuvent être comprises que si l on admet la convergence de plusieurs motifs. Si elles sont accessibles à l analyse à la décomposition-, il faut qu elles aient la nature d un assemblage. Ceci nous indique que la pulsion sexuelle elle-même n est peut-être pas faite d une seule pièce, mais

qu elle ait assemblée à partir de composantes qui se détachent à nouveau d elle dans les perversions. La clinique aurait ainsi attiré notre attention sur des fusions qu on ne remarque plus dans l uniformité de la conduite normale (3). Pour expliquer le choix entre perversion et névrose, Freud se base sur la bisexualité de tous les humains. Chez un sujet purement viril, il se produira aux deux limites sexuelles, un excès de décharge mâle, donc du plaisir et en même temps une perversion. Chez un être purement féminin, il y aura un excédent de substance génératrice de déplaisir à ces deux époques. Durant les premières phases /0-4 ans et 5-8 ans/, les productions resteraient parallèles, c'est-à-dire qu elles fourniraient un excédent normal de plaisir. C est ce qui explique la plus grande susceptibilité des vraies femmes aux névroses de défense (Freud indique que chez le pervers, le refoulement est impossible ou non tenté) (3). Dans les Trois essais, Freud aborde la perversion comparativement à la névrose dans le cadre d une opposition tranchée. Des formations névrotiques, sur le modèle de l hystérie, sont caractérisées par l existence du mécanisme de refoulement, lequel est considéré comme le modèle de tous les mécanismes de défense. Dans la perversion, au contraire, le refoulement est absent. La passion amoureuse consiste en un débordement de la libido du moi sur l objet. Elle a la force de supprimer les refoulements et de rétablir les perversions (5). Dans la perspective d un développement libidinal en une série de stades caractérisés par l expression de pulsions partielles spécifiques, la perversion apparaît comme le résultat d un double processus : la fixation et la régression de la libido. Dans la perversion s expriment et se satisfont des pulsions partielles qui, dans la névrose, sont l objet d un refoulement. D où sa conception selon laquelle la névrose est le négatif de la perversion. V. Les perversions, d un point de vue étiologique : Selon Freud, les enfants sont des pervers sexuels cherchant le plaisir à tout prix. Selon cette approche la perversité seraient attribuable à une étape du développement foetal. C est pour cela qu il est instructif de constater que, sous l influence de la séduction, l enfant peut devenir pervers polymorphe et être entraîné à tous les débordements inimaginables. Cela démontre qu il porte dans sa prédisposition des aptitudes requises ; leur mise en acte ne rencontre que de faibles résistances parce que, suivant l âge de l enfant, les digues psychiques qui entravent les excès sexuels : pudeur, dégoût et morale, ne sont pas

encore établis ou sont seulement en court d édification. A cet égard, l enfant ne se comporte pas autrement que la femme moyenne inculte, chez qui subsiste la même prédisposition perverse polymorphe. Dans les conditions habituelles, celle-ci peut rester à peut prés normale sexuellement, mais, sous la conduite d un habile séducteur, elle prendra goût à toutes les perversions et en maintiendra l usage dans son activité sexuelle. L amour de la mère pour le nourrisson est de type amoureux et pervers, ce dont le père inconsciemment prend ombrage, surtout s il s agit d un fils (6). Dans son activité professionnelle, la prostituée met à profit la même prédisposition polymorphe et, par conséquent, infantile ; et, si l on considère le nombre immense de femmes prostituées et de celles à qui il faut accorder des aptitudes à la prostitution bien qu elles aient échapper au métier, il devient en fin de compte impossible de ne pas reconnaître dans l égale prédisposition à toutes les perversions un trait universellement humain et originel. (3). Ce que, dans la vie de l adulte, nous nommons «pervers» s écarte du normale sur les points suivants : premièrement par le franchissement de la barrière entres espèces (le fossé entre homme et animal), deuxièmement par la transgression de la barrière du dégoût, troisièmement de la barrière formée par l inceste ( ), quatrièmement de la barrière qui existe entres personnes du même sexe, et cinquièmement par le transfert du rôle génital a d autres organes et aires corporelles (4). On peut considérer schématiquement qu il y a pour Freud deux grandes séries de facteurs. La constitution tout d abord, à laquelle il accorde un rôle capital : les différences congénitales des constitutions sexuelles (3), probablement d une importance décisive, mais dont les caractères ne peuvent être saisis que par déduction en partant des manifestations ultérieures, sans pour autant arriver à une certitude absolue. Ces différences constituent en une prépondérance de telle ou telle source de l excitation sexuelle. Ces variations dans la disposition originelle, lorsqu elles conduisent à une vie sexuelle anormale, sont désignées comme les symptômes d une détérioration héréditaire. Elles peuvent conduirent aussi bien à l apparition d une névrose qu à l établissement d une perversion ; c est là, pour Freud, une preuve supplémentaire de l étroitesse des liens existants entre ces deux entités morbides. Toutefois, si la forme définitive prise par la vie sexuelle est, avant tout, le résultat d une constitution congénitale, il convient néanmoins de prendre aussi en considération les facteurs accidentels dont le rôle n est pas négligeable dans la genèse de tels troubles.

La perversion est une autre conséquence d un incident sexuel trop précoce. Il faut, semble t-il, pour qu elle apparaisse que la défense ne se produise pas avant l achèvement de l appareil psychique ou qu elle fasse tout à fait défaut (7). VI. Evolution de la perversion selon les ages : Ce qui caractérise en effet toutes les perversions, c est qu elles refusent et fuient le but essentiel de la sexualité, c est-à-dire l accouplement des organes génitaux de sexe opposé et ont bien entendu renoncé à la procréation. Une semblable définition élargit extraordinairement le domaine de la perversion, puisqu une activité sexuelle est considérée comme perverse lorsqu elle recherche le plaisir par un autre moyen que par les organes sexuels du partenaire de sexe opposé. Mais dans ce cas, qui n est pas pervers? Le baiser en effet entre dans cette définition de la perversion. C est pourquoi Freud admet que la sexualité est fondamentalement et primitivement perverse : elle ne devient normale qu à la suite de refoulements et d inhibitions qui se produisent au cours de son développement. L origine des perversions remonte à la sexualité infantile qui est nécessairement perverse, dans la mesure où le but sexuel échappe à l enfant. On trouve déjà toutes les possibilités de perversion chez l enfant. Mais chez l enfant, il y a perversion au sens large, théorique et général, comme lorsqu on y range le baiser. Les véritables perversions sont des déviations morbides où toute vie sexuelle normale est écartée. On sait que Freud avait provoqué un scandale, en traitant l'enfant de "pervers polymorphe". Il entendait par là d'une part que la sexualité infantile normale s'exerce sous les multiples aspects des pulsions partielles et n'est pas soumise au primat de l'amour génital (sexualité polymorphe), et d'autre part que cet exercice s'opère sans culpabilité, qui en signe sa structure perverse. L être humain expérimente donc la vie pulsionnelle dans un premier temps au travers de plusieurs zones érogènes. Plus tard, il accédera à une conscience de son unité corporelle mais il restera toujours marqué par ce morcellement pulsionnel initial. Quand Freud dit que les enfants sont des pervers polymorphes il veut simplement rappeler que nous sommes tous passées par une étape première dans notre vie sexuelle où la satisfaction de chacune des zones érogènes a prévalu pour elles-mêmes. On le constate tout particulièrement lors du complexe d Œdipe, appelé aussi stade phallique. Lors de cette crise oedipienne le sujet aura trois voies de résolutions des conflits inconscients entre les pulsions et l éducation qu il a reçut :

Les névroses dont le mécanisme inconscient est le refoulement. Les psychoses dont le mécanisme inconscient est la forclusion. Les perversions dont le mécanisme inconscient est le déni. Je développerai ici que le déni qui est le mécanisme inconscient de la perversion. Il s agit d une fixation inconsciente au stade infantile qui intervient au début de la crise oedipienne au moment particulier où l enfant prend réellement conscience de la différence des sexes notamment en s interrogeant sur les différences anatomiques qui distinguent les hommes des femmes. Alors que pour que l enfant la puissance symbolique semblait incarnée par sa mère, il constate qu elle n est pas pourvue de l organe viril, elle semble marquée d un manque, d une absence. Pour certains enfants cette différence paraît insupportable, ils s orientent vers le déni, c'est-à-dire un refus d admettre cette différence. Dés lors la vie pulsionnelle du sujet orienté vers la perversion, elle va fonctionner sur un clivage qui va affecter foncièrement sa vie. Freud distingue les perversions qui se rapportent à l objet sexuel, c est-à-dire à la personne exerçant un attrait sexuel, et celles qui se rapportent au but sexuel, à la nature de l acte qui remplace le coït hétérosexuel. " Le désir de faire souffrir l'objet sexuel - ou le sentiment opposé, le désir de se faire souffrir soi-même - est la forme de perversion la plus fréquente et la plus importante de toutes". Par cette phrase, apparue tôt dans son œuvre, Freud attirait l'attention sur un ensemble de comportements érotiques d'une importance considérable tant pour l'étiologie et la thérapeutique des névroses que pour la compréhension de l'organisation de la personne humaine. Pour l homme normal, la sexualité de l objet aimé ne se limite pas aux parties génitales, elle s étend au corps entier. Tous les organes du corps, outre leur fonction normale, peuvent jouer un rôle sexuel «érogène». Mais ce rôle n est pas dominant, c est-à-dire que l homme normal ne s arrête pas exclusivement à telle ou telle partie du corps de l être aimé en refusant le contact avec les organes génitaux. Or, les pervers non seulement remplacent le vagin par la bouche ou par l anus, mais encore par une autre partie du corps (le pied, le sein, les cheveux), ou même par un objet inanimé qui touche de près l être aimé ou son sexe (chaussures, sous-vêtements). Cela s appelle le fétichisme. Il y a une part de fétichisme dans l amour normal ; c est une forme de préparation à l acte sexuel. Mais il y a perversion lorsque le fétiche se détache de la personne et devient à lui seul le but sexuel.

Le sadisme est la perversion de ceux qui ne peuvent éprouver le plaisir qu à condition d infliger à leur partenaire des souffrances de toutes sortes, morales et physiques, depuis l humiliation jusqu aux lésions corporelles. Le masochisme consiste par contre à trouver son plaisir dans le fait de recevoir de l être aimé humiliations et souffrances. Mais le masochisme n est pas le simple contraire du sadisme. Souvent en effet le sadique éprouve de la volupté à prendre la place de la victime. Un sadique est toujours en même temps un masochiste, même si le côté actif ou passif de la perversion peut être plus fortement développé chez lui et constitué son activité sexuelle prédominante (3). L existence même des perversions prouve que le champ de la sexualité dépasse largement les fonctions de procréation et la maturité sexuelle. Ce champ englobe la période infantile qui seule permet d expliquer aussi bien la perversion et la névrose que la vie sexuelle normale. VII. Conclusion Nous voyons ici que la sexualité perverse n est qu une manifestation d un état psychique complexe où se dévoilent des états dépressifs, des états d angoisse mal structurés, des symptômes psychosomatiques et des inhibitions diverses. Il s agit d une sexualité utilisée autant pour fuir des états psychiques pénibles, et pour réparer des trous dans le sentiment d identité, que pour servir de chemin à la réalisation des désirs instinctuels. Cette tentative d autoguérison a l avantage de permettre au sujet un contact érotique avec lui-même ainsi qu avec autrui, tout en lui permettant en même temps d éviter un débordement affectif apte à le précipiter dans des actes de violence et d autodestruction.

VIII. Bibliographie : (1) J. Ménéchal, Les topos : Introduction à la Psychopathologie, Dunod, Paris 1997 (2) S. Freud, Fragment d une analyse d hystérie (Dora) Cinq Psychanalyses PUF, Paris 1975, 7 e édit. (3) S. Freud 1905, Trois essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, Paris 1991 (4) S. Freud 1916-1917, Introduction a la psychanalyse, Gallimard, Paris 1999 (6) S. Freud 1910, Un souvenir d enfance de Léonard de Vinci, Gallimard, Paris 1990 (5) S. Freud 1914, Pour introduire le narcissisme, in La vie sexuelle, PUF, Paris 1973 (7) S. Freud, La naissance de la psychanalyse, PUF Paris 1973, 3 e édit. revue et corrigée.