Il y a beaucoup à dire sur le plan régional de lutte contre le décrochage scolaire que vous souhaitez mettre en œuvre.

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Transcription:

Intervention sur le plan de lutte contre le décrochage scolaire Il y a beaucoup à dire sur le plan régional de lutte contre le décrochage scolaire que vous souhaitez mettre en œuvre. Tout d abord, nous ne partons pas de rien, loin s en faut puisque la région Pays de la Loire a été entre 2010 et 2015 une région pilote dans la lutte contre le décrochage scolaire : 80 % des 2400 jeunes suivis dans les dispositifs qui n ont pas «décroché», un taux de rupture des contrats d apprentissage de moins de 10 % (présentation en session plénière du Budget Primitif 2015). La politique régionale de prévention du décrochage scolaire donne donc des résultats positifs concrets depuis 2012 et les premiers transferts de compétence de l Etat vers les Régions. Nous avons un problème de méthode dans votre façon de construire ce plan. Nous apprenons dans les documents préparatoires à la commission en février que des échanges se déroulent depuis le second semestre 2016 sur ce projet, avec une centaine d acteurs sans d ailleurs nous préciser lesquels. Je regrette de vous dire que vous ne nous prenez pas au sérieux puisque vous avez choisi de ne pas nous associer en amont! D ailleurs, une communication de la région a été faite vendredi sur ce plan : les conseillers régionaux n ont pas remis leur 1

avis que ce soit en commission ou en session plénière que des décisions sont publiquement annoncées. Remarquons également que c est le rapport du CESER de 2015 sur la lutte contre le décrochage scolaire, qui est cité sans actualisation. A cette période, celui-ci mettait en garde contre le recours aux appels à projets, pas adaptés à l accompagnement spécifique sur le long terme en matière de prévention du décrochage scolaire. Votre projet de plan n est pas chiffré précisément : nous n avons pas de visibilité sur l impact budgétaire. Budgets de fonctionnement et d investissement sont confondus ; certaines mesures déjà budgétées sont reprises dans ce plan. Quels crédits nouveaux sont véritablement consacrés à ce que vous présentez comme une nouveauté, une avancée? A l heure où la certification des comptes par la Chambre Régionale des Comptes est présentée comme une volonté politique de meilleure lisibilité des comptes publics, ce n est pas du tout le cas pour ce schéma. La méthode retenue encore une fois, comme pour d autres schémas, se caractérise par la réduction de budgets (- 10 % pour les missions locales, l un des opérateurs incontournables de la lutte contre le décrochage scolaire) puis à présenter un schéma régional. C est une méthode-sanction qui ne permet pas de dynamique positive et porteuse auprès des acteurs des territoires. 2

Au-delà de la méthode, ce sont nos propositions qui ne sont pas entendues. En effet, de nombreux jeunes décrocheurs sont exclus de ce plan. Nous avons alerté la majorité en commission sur le fait que le décrochage commence dès 13-14 ans dans la réalité et non à partir de 16 ans. en effet, nous savons par l Observatoire des Inégalités que les deux tiers des jeunes décrocheurs sont déjà en grande difficulté au collège. Or, rien n est pensé à ce niveau par la Région car le choix est fait de s attacher aux 16-25 ans. Pourtant, certains dispositifs existent pour les 14-16 ans en particulier dans les MFR, les associations de protection de l enfance (demande du CESER), parfois les collèges. Nous demandons que la lutte contre le décrochage soit pensée en commun avec les départements et les acteurs de la Protection de l Enfance, et pas seulement la Protection Judiciaire de la Jeunesse, pour utiliser et bénéficier de l ensemble des moyens et initiatives existantes dans la région. Nous avons demandé la prise en compte du soutien à l accessibilité pour les jeunes des territoires les plus éloignés et parfois les plus marqués par le décrochage scolaire comme votre cartographie l a montré : soutien des frais de déplacement, d hébergement et de restauration. Nous restons en attente de réponse. 3

Encore plus étonnant, vous n utilisez pas tous les outils dont la région dispose. Le lycée expérimental de St Nazaire n est pas du tout cité dans le plan régional contrairement à notre demande : il accueille pourtant des jeunes en risque de décrochage ou décrocheurs. C est un outil précieux qui n est pas repéré par la majorité. Le projet ne prend pas en compte les jeunes décrocheurs allophones contrairement à la demande du CESER. Nous avons demandé un accès aux dispositifs de «raccrochage scolaire» sans pré-requis, ce qui n apparaît pas en tant que tel dans vos propositions. Or, les jeunes porteurs d un handicap ou d une différence (physique, psychique, intellectuel), ne trouvent pas de place dans la plupart des dispositifs existants et sont même déscolarisés dès le collège malgré l obligation scolaire pour certains d entre eux. Ils sont parmi les premiers touchés par le décrochage scolaire et les plus vulnérables. Les Mineurs Non Accompagnés ne sont pas cités dans l accès aux dispositifs, mais renvoyés à des échanges avec l Etat dont il n est rien dit à ce jour. Vous connaissez notre souci constant d intégration de ces jeunes parmi les plus démunis et nous avons été jusqu à présent dans l échange avec vous, monsieur le président. Pouvez-vous nous apporter des réponses sur ce point? En-dehors de cette enceinte, des initiatives d intégration voient le jour : deux classes d alphabétisation de 20 élèves mineurs non-accompagnés, non- 4

reconnus comme tels par le département, que j appelle les «invisibles» car ne bénéficiant d aucun droit, ni pour les mineurs ni pour les majeures. Ces classes sont ainsi ouvertes et fonctionnent à Nantes, portées uniquement par des bénévoles remarquables depuis novembre dernier. C est ce mouvement que nous proposons de faciliter, encourager, soutenir et fortifier. Enfin, la place des parents n est pas repérée ou ponctuellement via les associations de parents d élèves. La majorité a d ailleurs reconnu ne pas avoir d idée sur la façon d impliquer les familles dans les dispositifs. Rappelons simplement la loi 2002-2 et l obligation faite sur la place des usagers dans le fonctionnement des établissements recevant du public, qui s applique donc à la Région. Nous pouvons par exemple, accompagner la création d une association de représentants des usagers. Nous nous abstiendrons donc sur cette délibération. 5