Docteur Erik Erik BOQUET Page 1 11/10/2003 INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE (Docteur Erik BOQUET) 1 ORIGINE DU MONOXYDE DE CARBONE (CO), ÉPIDÉMIOLOGIE Le CO est un gaz incolore, inodore, non irritant et explosif en présence d'autres gaz. Sa densité est voisine de celle de l'air, d'où une grande diffusibilité. Il provient essentiellement de la combustion incomplète du carbone. L'accident le plus fréquent est dû au chauffe-eau à gaz non raccordé à un conduit de fumée (plus de 50% des causes domestiques qui représentent elles-mêmes plus de 60% du total des cas), aux incendies... Il existe également une production naturelle (volcans ). En 2001, l'estimation des victimes d'intoxication au CO était de 6 000 par an dont 300 décès. 2 PHYSIOPATHOLOGIE La voie d'entrée dans l'organisme est exclusivement respiratoire. L'affinité de l'hémoglobine pour le CO est très supérieure à celle pour l'o2 (220 fois plus importante environ). La présence du CO entraîne donc une hypoxie en déplaçant l'o2 de l'hémoglobine. Par ailleurs, le CO a une toxicité propre sur les cellules (par fixation sur les enzymes...) : c est un toxique général. Les tissus les plus sensibles à ces deux effets sont le cerveau et le cœur.
Docteur Erik Erik BOQUET Page 2 11/10/2003 3 CLINIQUE celle-ci. Les signes de l'intoxication aiguë varient selon l'intensité de En cas d'intoxication de faible importance, il s'agit surtout de CÉPHALÉES REBELLES, d'asthénie et d'angoisses... Si l'intoxication est plus massive, apparaissent : _ des douleurs abdominales avec vomissements mais sans diarrhée _ des vertiges, des malaises, des pertes de connaissance brèves... _ et, dans les formes les plus sévères, un COMA dont il faut apprécier : la profondeur les signes de gravité : temps d'exposition au toxique > 6 heures hypotonie œdème aigu du poumon troubles du rythme respiratoire dérèglement thermique. L'ÉVOLUTION de cette intoxication est IMPRÉVISIBLE. Elle est soit favorable avec guérison rapide et complète, soit émaillée de COMPLICATIONS pouvant aboutir à de lourdes SÉQUELLES, ceci quelle que soit l'intensité de l'intoxication. Les complications sont d'ordre : _ cardio-vasculaire : infarctus du myocarde _ neurologique : paralysies, syndromes extrapyramidaux... _ psychique : troubles de la mémoire fréquents... Le SYNDROME POST-INTERVALLAIRE consiste en l'apparition, après une amélioration initiale, des complications décrites plus haut. L'intervalle libre peut aller de 10 à 45 jours voire plusieurs mois, le plus souvent autour de 15 jours.
Docteur Erik Erik BOQUET Page 3 11/10/2003 4 FORMES PARTICULIERES DE L'INTOXICATION AU CO Intoxication chronique dont les signes sont peu évocateurs (céphalées...) mais d'horaire caractéristique au début (amélioration lors de l'éloignement de la source du toxique). Forme grave du brûlé. Forme selon le terrain (gravité chez le vieillard...). 5 DIAGNOSTIC Il faut y penser! Il faut se renseigner sur les appareils de chauffage... Le tableau est évocateur si plusieurs personnes habitant sous le même toit sont malades. Penser à vérifier si les animaux sont également atteints. C'est plus difficile si une seule personne est malade. Se méfier alors d'un suicide et chercher une intoxication associée. Il y a quelques signes cliniques particuliers : _ la couleur de la peau qui peut être (rarement en fait) cochenille _ l'apparition de phlyctènes aux points d'appui. Le diagnostic est affirmé par le dosage sanguin : _ de l'oxycarbonémie qui ne tient pas compte de l'état hématologique du sujet et est exprimée en ml de CO/100 ml de sang ou ml de CO/l de sang ou en mmol/l (ou en mmol%) _ de la carboxyhémoglobine (HbCO) exprimée en % de HbCO par rapport à l'hémoglobine totale.
Docteur Erik Erik BOQUET Page 4 11/10/2003 Pour un sujet ayant une hémoglobine normale, un taux de 1 ml CO/100 ml de sang correspond à une HbCO de 5% : HbCO 10% 2 ml/100ml intoxication 10 à 20% 2 à 4 ml céphalées 20 à 30% 4 à 6 ml céphalées + vertiges + nausées + tachycardie 30 à 40% 6 à 8 ml confusion ± pertes de connaissance 40 à 50% 8 à 10ml altérations de la vision et de l audition + faiblesse musculaire 50 a 70% 10 à 14ml coma ± convulsions >70% 14ml décès Chez le fumeur l'hbco peut atteindre 8 à10% Sur les lieux de l'intoxication peuvent également être effectués des dosages atmosphériques par les Sapeurs-Pompiers à la demande du médecin. En parties par million = ppm ou mg/m3 : 1 ppm = 1,15 mg/m3 ; 1 mg/m3 = 0,873 ppm : <100ppm 1 vol. CO /10000 vol d'air sans danger, céphalées 200 ppm 1 vol. CO /5000 vol d'air nausées 500 ppm - vomissements + perte de connaissance brève 1 000 ppm - coma 2 000 ppm - mortel en 4-5 heures 5 000 ppm - mortel en 20 minutes 10% de CO dans l air (soit 100 000 ppm) tuent instantanément
Docteur Erik Erik BOQUET Page 5 11/10/2003 6 CONDUITE À TENIR Toujours faire attention aux risques d'explosion. Soustraire la ou les victimes à l'atmosphère toxique, aérer le local et prévenir le SAMU. En cas de difficultés d accès à la victime, le sauveteur ne doit s engager qu équipé d un ARI. Libérer les VAS. Mettre sous O2 à raison de 15 l/min, au moyen d'un masque afin d'obtenir une concentration en O2 proche de 100% et pendant environ 6 heures. Les indications de l'oxygénothérapie hyperbare restent controversées sauf pour les femmes enceintes ou les comas. Surveiller : conscience, pouls, TA, respiration. En fonction de la situation : _ si coma -> PLS _ si détresse respiratoire -> ventilation assistée voire contrôlée _ si collapsus ou état de choc -> décubitus dorsal membres inférieurs surélevés _ si arrêt cardio-ventilatoire -> MCE + ventilation artificielle. 7 PRÉVENTION Installations conformes Aération des locaux
Docteur Erik Erik BOQUET Page 6 11/10/2003 OBJECTIFS : Caractéristiques et origine du CO. Citer les deux tissus organiques les plus sensibles au CO. Quels sont les signes de l'intoxication au CO? Quelles sont les complications pouvant apparaître lors de l'évolution d'une intoxication oxycarbonée? Qu'est-ce que le syndrome post-intervallaire? Quel est le principal signe évolutif caractéristique de l'intoxication oxycarbonée chronique? Conduite à tenir devant une intoxication oxycarbonée. REFERENCES : Cahiers Médicaux 1982 n 15 Revue du Praticien 1989 n 28 Panorama 1993 n 3734 * Revue du Praticien 1994 n 2 Concours Médical 1995 n 3 Urgence Pratique 1999 n 33 Quotidien du médecin 2001 n 7001 Internet "Paracelse"