Le projet de filière Miels et Produits de la Ruche de la région Centre - Val de Loire Synthèse Orléans, octobre 2016
1. Diagnostic de la filière apicole 2016 Depuis 2008, la filière apicole poursuit sa structuration en région Centre - Val de Loire. Le projet de filière Miels et Produits de la Ruche, coordonné par l' (Association de Développement de l'apiculture du Centre), va être renouvelé pour un troisième quadriennat à partir de 2017. Il fera suite aux CAP 2008-2012 et 2012-2016 et au diagnostic de la filière apicole régionale réalisé courant 2016. Ce diagnostic se propose d'analyser la filière et son contexte, du rucher au consommateur, ainsi que l'ensemble des acteurs qui gravitent autour de la production apicole et participent à son développement en région Centre-Val de Loire. Concernant le contexte physico-géographique, la région se caractérise par une diversité de miellées et par des conditions météorologiques modérées. En revanche, les pratiques agricoles intensives, la recrudescence des phénomènes climatologiques extrêmes et la pression exercée par les parasites et les bactéries, impactent négativement le taux de renouvellement des cheptels à moyen terme. Sur le plan économique, le marché des produits de la ruche national et international joue plutôt en faveur des apiculteurs français. La demande est forte, et insatisfaite par la production nationale pourtant reconnue et de plus en plus recherchée pour sa qualité. Le risque réside dans le manque de lisibilité de l'origine pour le consommateur, qui ramène donc le choix au simple critère du prix (plus bas pour les miels d'importation). À l'échelle nationale et régionale, le nombre d'apiculteurs et la production de miel ont considérablement chuté depuis une vingtaine d'années, malgré une inversion de la tendance depuis 2014. Compte tenu des éléments de contexte abordés ci-dessus, il apparaît qu'un facteur clé soit le risque. Il est très probable que l'aversion au risque des apiculteurs, limite à la fois l'installation en apiculture, mais aussi l'investissement chez les professionnels, qui ne disposent pas de vision de leur activité à long terme. Cette incertitude est également liée au contexte administratif mouvant (mode de déclarations des ruches, fiscalité,...) et complexe. En effet, une multitude d'acteurs encadre et accompagne cette filière tant au niveau régional que national, sans qu'il y ait consensus sur les prérogatives de chacun ni même sur la définition de l'apiculture professionnelle. Cette multiplicité d'interlocuteurs est pourtant une réelle ressource pour les apiculteurs, mais aussi pour la représentation de la filière à l'échelle régionale comme c'est le cas au sein du CAP. 2
D'un point de vue plus global, l'apiculture bénéficie d'un statut double puisqu'elle constitue à la fois un enjeu pour l'agriculture et un enjeu de biodiversité. Cette caractéristique est surement à mettre à profit pour diversifier les sources de financement, mais surtout dans la communication auprès des agriculteurs et du grand public. D'autre part, il semble important de renforcer la communication au sein même de la filière. En effet, les apiculteurs manquent souvent de temps et d'occasions pour échanger sur leurs pratiques, et les entreprises de l'amont et de l'aval sont assez peu investies dans le projet de filière régional. Cela explique le peu d'informations disponibles à leur sujet. Mis à part quelques porteurs de projets et pluriactifs, les apiculteurs interrogés sont majoritairement des professionnels issus de toute la région. Ils présentent des résultats techniques et économiques variables, mais ont des problématiques communes. Outre la variabilité climatique qui a fortement affecté la région cette année, le varroa reste une menace majeure pour la production dans les ruchers. Lors de la récolte et du travail en miellerie, ce sont essentiellement les capacités matérielles et la main d'œuvre qui sont limitantes. L'achat de matériel et l'embauche, même d'un saisonnier, nécessitent une visibilité à moyen terme et des capacités de financement dont disposent rarement les apiculteurs. C'est d'autant plus vrai que selon les circuits, la commercialisation comporte également quelques incertitudes. La valorisation des produits vendus en gros et demi-gros est très variable et rarement en adéquation avec la réalité des coûts de production. Plusieurs apiculteurs projettent de diversifier leurs débouchés, et de rentrer dans des démarches de différentiation axées sur des signes officiels de qualité ou de provenance. L'objectif est d'assurer un prix de vente satisfaisant pour les produits apicoles et un revenu décent à des professionnels qui peinent parfois à vivre de leur activité. Une dynamique plus globale de diversification des activités est en cours, à travers la mise en place d'ateliers de transformation, ou encore par le développement du service de pollinisation. La filière semence étant en plein développement dans la région, la demande en colonies de pollinisateurs croit considérablement. Il s'agit d'une réelle opportunité pour l'apiculture du Centre. Les acteurs de la filière et les différents partenaires extérieurs montrent une volonté de poursuivre un travail commun afin d'exploiter au mieux les synergies entre filières et de poursuivre la structuration du secteur apicole, y compris au niveau national. Enfin, il est important de rappeler que les données étudiées sont souvent mal ou partiellement renseignées, et très hétéroclites selon les sources. Elles compliquent les comparaisons dans le temps et induisent un biais dans l'analyse. 3
2. Bilan du CAP Filière 2012 2016 En 2012, le projet de filière Miels et produits de la ruche a été redéfini. Ce projet de filière est une stratégie mise en œuvre par les acteurs de la filière afin d atteindre des objectifs partagés. Le Conseil Régional du Centre-Val de Loire participe à l élaboration et au financement du projet de filière grâce à son dispositif d appui aux filières agricoles : le Contrat d Appui au Projet des filières (CAP Filière). Le CAP Apiculture 2 ème génération a été signé le 17 mai 2013. Il s est appuyé sur un diagnostic de la filière Miels et produits de la ruche qui a permis de souligner les atouts, faiblesses et enjeux de la filière. Le diagnostic a débouché sur un plan d actions sur 4 ans (2012-2016) pour les différents acteurs de la filière. Le CAP 2012-2016 s est déroulé dans un climat assez néfaste pour le monde apicole, marqué par des conditions climatiques et sanitaires exceptionnelles (inondations, maladies etc.), qui se sont répercutées sur les effectifs d abeilles et les volumes de production. Cela n a guère été propice à la structuration de la filière, à la consolidation du réseau déjà existant ou bien à l installation de jeunes apiculteurs dans la région Centre. La collaboration entre l et les autres acteurs du monde agricole (GDS Centre, Bio Centre, FNAMS, CETA) a permis de développer des projets axés sur : la structuration du réseau régional sanitaire en région ; l accompagnement des apiculteurs (à travers l acquisition et la diffusion d information, la réalisation d audits sanitaires, d autres actions tournées vers l innovation et l expérimentation, l organisation de journées d échanges, de formations, de partage de savoirs pour faire connaitre le métier d'apiculteur, l identification et l accompagnement technique des porteurs de projet et des cédants) ; la sensibilisation à l environnement à destination du monde agricole, notamment sur la problématique de la pollinisation, des maladies (le varroa, le frelon asiatique) ; le soutien technique et financier lors de l acquisition de matériel apicole 4
3. Stratégie de la filière et renouvellement du CAP 2017 2021 Forte de cette expérience, la filière doit donc réfléchir à une stratégie de développement et d atténuation des risques externes, axée sur la consolidation de son système, sur le partenariat intra et extra-secteur apicole et sur le soutien technique et financier plus fort. Forces Des miels de qualité et renommés : Sologne, Gâtinais Un noyau de professionnels expérimentés et investis Une bonne coopération inter-filière Une diversité de débouchés Une forte demande sur la pollinisation Une consommation de miel stable et une demande sur les produits locaux Une consommation croissante de produits de la ruche biologiques Une forte médiatisation de l'abeille Faiblesses Une filière encore très atomisée Une forte sensibilité aux aléas notamment climatiques et sanitaires Un manque d'informations technico-économiques sur la filière ; de formations Une baisse de la qualité et de la disponibilité de la ressource végétale sur certains territoires Des pratiques agricoles dangereuses et/ou inadaptées Une variabilité climatique accrue Une technicité croissante des pratiques apicoles Une concurrence des produits de la ruche importés à bas prix En tenant compte des forces et faiblesses de la filière, les acteurs concernés ont validé les trois enjeux stratégiques pour l apiculture dans la région Centre, qui bâtirons le prochain CAP 2017 2021 : Poursuivre la structuration de la filière afin de consolider sa viabilité économique (exemples : C du Centre, démarche Carrefour) et assurer la lisibilité auprès d autres filières agricoles (semences, grandes cultures ) ; Consolider l accompagnement des apiculteurs pour répondre à la technicité croissante du métier (exemples : information, formations, expérimentations, aide à la décision...); Soutenir une dynamique d installation et de développement de la filière (exemples : investissement vers du matériel permettant une plus grande autonomie, une sécurisation de l activité, ou encore la diversification (élevage notamment)). La collaboration avec les différents partenaires du monde agricole servira à développer ces trois axes stratégiques et à élaborer le programme d actions de la filière pour les 4 années à venir. 5