Le Jardin : une aventure familiale

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UNE GLOIRE FRANÇAISE DU RENOUVEAU E HORTICOLE ET PAYSAGER AU XIX SIECLE. Le Jardin : une aventure familiale André Leroy semble être prédestiné à embrasser les arts du jardin. Son grand-père François-Pierre Leroy est maître jardinier à Angers à la pépinière du «Grand Jardin» sur la route de Paris, établissement repris par son oncle, Symphorien Leroy, lui-même à l origine d une famille d horticulteurs et jardiniers. André Leroy naît à Angers le 31 août 1801, au lendemain de la Saint Fiacre. Il passe son enfance dans la petite pépinière de 2 hectares créée par son père André-Pierre à la Croix-Montaillé, rue de Châteaugontier près du centre d Angers. Après avoir étudié au lycée entre 1808 et 1816, il y assiste sa mère devenue veuve et son aide Macé, joliment surnommé Printemps. Portrait d André Leroy, Soc. d hort. d Angers et de M&L. André Leroy monte ensuite à Paris en 1819 pour se former au Muséum d histoire naturelle auprès d André Thouin, professeur de culture et de naturalisation des végétaux. Ses trois ans d apprentissage lui permettent de tisser des liens profonds avec l élite des plus grands savants, de cultiver un penchant pour les introductions de plantes nouvelles et de partager le goût de la composition des jardins avec Gabriel Thouin, dessinateur. De retour à Angers, Leroy reprend les rênes de la pépinière familiale qu il agrandit peu à peu pour lui donner une réputation internationale. En 1863, l établissement horticole occupe trois cents hommes sur une superficie de 168 hectares. Parallèlement à la production végétale, André Leroy entreprend de nombreux voyages en Europe et y visite les grands établissements d horticulture. Il y puise aussi d heureuses inspirations d architecte-paysagiste, métier qu il entreprend avec un grand succès. Vue du Jardin de Botanique et de la nouvelle serre au Jardin du Roi (Muséum d histoire naturelle), Jean-Baptiste Hilair, 1794. BNF Plan et élévations de fabriques du Jardin du Roi (Muséum d histoire naturelle), Gabriel Thouin, Plans raisonnés de toutes les espèces de jardins, 2e éd. Paris, Impr. Lebègue, 1823. @ Muséum d histoire naturelle Notable éminent de la ville d Angers, il laisse à sa mort en 1875 le souvenir d un homme bienveillant et énergique. Chevalier de la Légion d honneur en 1855, il est élu président de la Société d horticulture de Maine-et-Loire en 1864, et figure parmi les fondateurs de la Société industrielle d Angers. Conseiller municipal (1840 à 1845 et 1848 à 1870), il n a de cesse d embellir Angers et notamment le jardin du Mail. Aujourd hui son célèbre Dictionnaire de pomologie, ses archives - plus de 300 plans, des carnets de voyages et quelques notes - sont précieusement conservés aux Archives départementales de Maine-et-Loire. Publicité pour la pépinière du grand père d André Leroy, dénommé Leroy du Grand jardin, Les Affiches d Angers, 6 septembre 1791 : «Le sieur Leroi, jardinier, prévient qu il a une belle & jeune pépinière d arbres tant fruitiers que de décoration, de la plus belle qualité, ainsi que plantes, arbres & arbustes étrangers, beaux plants charmille & asperges d Hollande ; il fait aussi construction des plantations.» Extrait de la généalogie de la famille d André Leroy FRANÇOIS-PIERRE LEROY (16 MAI 1741-SD.) maître-jardinier, ÉP. EN 1765 J.-A. CHAPILLON (1739-SD.) FRANÇOIS-PIERRE LEROY (1755-SD.) ANDRÉ-PIERRE LEROY (1767-1809) jardinier-pépiniériste ÉP. EN 1797 M. A. SAMOYEAU 1785 : création des Pépinières André Leroy SYMPHORIEN PIERRE LEROY (1770-1855) jardinier-pépiniériste ÉP. EN 1803 M.-A. HERVÉ ANDRÉ LEROY 31 AOÛT 1801-23 JUILLET 1875 horticulteur-pépiniériste- paysagiste ÉP. EN 1828 M.-A. MATHIEU (1809-SD.) AUGUSTE ANDRÉ LEROY (1828-1829) MARIE LÉONIDE LEROY (1832-1913) ÉP. EN 1851 EUGÈNE PIERRE APPERT (1814-1867) MARIE THÉRÈSE APPERT (1852-1934) ÉP. EN 1874 EMMANUEL DE GIRARDIN (1841-1917) MARGUERITE ANDRÉE- APPERT (1857-1945) ÉPOUSE AMBROISE HUGUET DE CHATEAUX (1847-1929) FRANÇOIS-JULES LEROY 1811-SD. horticulteur à Lisbonne ÉP. ANNE FRANÇOISE WEIGEL NICOLAS MARIE LEROY 1850-SD. AUGUSTINE ALICE LEROY (1838-1883) ÉP. EN 1860 AUGUSTE EDOUARD LORIOL DE BARNY (1830-1884) JULES LEROY 1846-1916 LOUIS CHRISTOPHE LEROY (1808-1887) pépiniériste-horticulteur ÉP. EN AVRIL 1841 L.-F. MARAIS DE TERVES (1822-1897) LOUIS ANATOLE LEROY (1844-1920) pépiniériste-horticulteur conseiller général ÉP. EN 1871 N.-M. BARRION Rachat des pépinières par M. Levavasseur en 1907 Cette exposition résulte d un partenariat associant, dans le cadre de la saison culturelle Jardins en Val de Loire 2017, la Mission Val de Loire et le Conseil Départemental de Maine et Loire (Direction de la culture et du patrimoine). CONCEPTION, RÉDACTION ET RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE : Isabelle Levêque Chargée d études - Parcs, Jardins et Paysages à la Conservation départementale du patrimoine (Direction de la culture et du patrimoine). Auteur de l ouvrage Les parcs et jardins de l Anjou au fil de l histoire, réalisé par le Département de Maine-et-Loire (Éditions Lieux-Dits, 2015). Graphisme : Supersoniks

2 Une pépinière internationale Après le retour d André Leroy à Angers, la pépinière passe de 4 à 15 hectares en 1830. En 1847, les pépinières occupant 108 hectares d arbres, d arbustes d ornement et de fruitiers, il semble opportun d élargir les débouchés commerciaux. Empêché par la Révolution de 1848 d implanter une succursale à Paris, André Leroy se tourne vers l Amérique où il envoie son fidèle collaborateur Baptiste Desportes et remporte un double succès : L exportation de ses productions l oblige à fonder une annexe à New York (pas moins de 1 500 caisses d arbres, pesant 600 tonnes et contenant 5 à 6 000 plants de semis, y partent d Angers en 1859). Il importe de nouvelles essences des forêts américaines pour les mettre en culture en Anjou. La signature d André Leroy sur sa correspondance. Le château du Pin, rénové en style gothique par André Leroy et son gendre, abrite aujourd hui des activités musicales à Angers. André Leroy est doué pour le commerce : à partir de 1855, son catalogue, qualifiédevéritableoutildetravailscientifique,estéditéencinqlangues. Ses pépinières sont desservies par le train et plus d un million de sujets partent en 1868 de la gare d Angers Les établissements d André Leroy sont classés en 1863 parmi les Grandes usines de France dans l ouvrage de M. Turgan, ancien directeur du Journal officiel. Les cultures sont réparties aussi bien aux abords du château du Pin à Angers (acquis en 1859), que sur d autres parcelles plus lointaines aux biotopes différents. Deux serres de bouturage et de greffage occupent plus de 1 000 m2. La couverture du catalogue des pépinières André Leroy montre des liaisons aisées dans la France entière, 1865. AMA André Leroy participe et remporte des prix aux expositions locales, nationales, internationales et universelles qui font le bonheur des visiteurs du XIXe siècle. Il a ainsi envoyé 1 078 variétés de fruits pour la serre du jardin réservé à l horticulture de l Exposition universelle de 1867. Après le décès de l horticulteur, son gendre Édouard Loriol de Barny, notaire et conseiller général, cède certaines parcelles centrales à l évêque du diocèse pour la construction de l Université catholique. D autres terres sont reprises par son neveu Louis-Anatole Leroy puis, en 1891, par les pépinières Brault. La fameuse enseigne André Leroy perdure cependant jusque dans les années 1930, date à laquelle les pépinières Levavasseur, déjà propriétaires des établissements de Louis Leroy depuis 1907, acquièrent les dernières parcelles, réunissant ainsi certaines terres familiales Leroy un siècle plus tard. E. Dontenvill Les serres du jardin réservé à l Exposition universelle de 1867 à Paris. BNF L utilisation du nom des pépinières André Leroy perdure encore dans les années 1930. Les bureaux des pépinières André Leroy à la fin du XIXe siècle (aujourd hui disparus). Les arbres des pépinières André Leroy expédiés dans des paniers en osier et couverts de protection en chaume.

3 Le botaniste horticulteur Le catalogue d André Leroy montre le goût des plantes nouvelles. En 1830, on recense à la pépinière 250 espèces d arbres d ornement, 60 espèces de conifères et 400 arbustes à fleurs, en plus des 360 fruitiers. En 1868 des spécimens gigantesques de flores forestières de toutes les régions du globe sont mentionnés. On a attribué à Leroy l introduction en Anjou du Wellingtonia, ou Sequoiadendron gigantea, à partir de trois jeunes pieds rapportés d Angleterre en 1855 dont il offre un sujet de 2 m. au Jardin d acclimatation du bois de Boulogne. Il propage la mode des palmiers de Chine (Chamaerops excelsa), des Yucca treculeana et des magnolias à grandes fleurs (un cultivar porte son nom). Magnolia x soulangeana André Leroy. Hortival Diffusion Les terres de son établissement, géographiquement réparties d Angers jusqu aux Alleux (à 30 km), offrent ainsi des écosystèmes invitant aux cultures diversifiées : sols argilo-calcaires, légers ou sableux, terre de bruyère. En matière d expérience, André Leroy tente la culture du thé pour laquelle il reçoit une médaille d or de la Société centrale d agriculture en 1846. Il teste la greffe d un arbre persistant sur un sujet caduc. Il note ses observations, telles le repérage du meilleur moment de taille pour le rajeunissement d un pêcher, et relate parfois ses expériences par écrit, notamment dans l Horticulteur français. D autres publicistes reprennent ses conclusions dans les bulletins de sociétés d horticulture de la France entière. Pêche André Leroy, A. Rocreux, La Revue horticole, 1876. Leroy est élu à la direction du Comice horticole d Angers en 1838, association gérant le jardin fruitier et préfigurant la Société d horticulture d Angers et de Maine-et-Loire. Il organise avec art l exposition de 1858 lors de l agrandissement et de l embellissement du jardin du Mail d Angers. L Exposition horticole d Angers où l on a vu se former comme par enchantement des jardins où la grandeur et l harmonie de l ensemble le disputent à la fraîcheur et à la variété des détails L Illustration, 1858. André Leroy, Dictionnaire de Pomologie, t. I à IV, Angers, 1867-1873. Le jardin fruitier d Angers en 1895 (actuel jardin du musée des Beaux arts). AMA André Leroy a rédigé un ouvrage historique et descriptif consacré aux arbres fruitiers : son Dictionnaire de pomologie, publié en 4 volumes de 1867 à 1873. Deux tomes sur les fruits à noyau sont parus à titre posthume en 1877 et 1879. Ce livre consacre le résultat de ses savantes expériences menées dans ses pépinières et au Jardin école et fruitier d Angers. Jardinier au pied d un Sequoiadendron giganteum à la pépinière Leroy du château du Pin.

4 L artiste, dessinateur de jardin André Leroy est sollicité pour la création de parcs et de jardins comme pour la plantation d arbres d ornement. A la mode, l art des jardins se démocratise : des parcs réguliers sont transformés en parcs anglais et de nouveaux châteaux sont érigés dans une campagne jardinée. Leroy propage ainsi son talent et remodèle le paysage de la France de l Ouest, totalisant avant 1850 près de 320 feuilles de projets conservées aux archives départementales, sans compter les plans des archives privées. Le docteur Lachèse mentionne même 1 200 jardins projetés et plantés Selon ses carnets manuscrits, au moins 380 clients sont visités de 1842 à 1850 ce qui fait d André Leroy un professionnel voyageur très prisé. Il est parfois consulté comme un architecte pour l implantation d un château neuf, des dépendances et de l aménagement des abords. En cours de chantier, il revient souvent pour suivre les travaux. L agence Leroy devient un lieu de formation de futurs paysagistes renommés, tels Édouard André et Auguste Killian. Plan général du château et du parc de Pignerolle (partiellement réalisé), M. Bardoul de La Bigottière, 1776. Plan des transformations paysagères de Pignerolle (partiellement réalisé entre 1830 et 1850). La clientèle d André Leroy est publique et surtout privée : elle est nombreuse, variée, composée d hommes du monde, de préfets, d industriels, de notables et de passionnés de plantes. Des membres d une même famille se recommandent souvent le paysagiste d un château à l autre. Leroy coopère aussi parfois avec d autres créateurs pour planter certains de leurs parcs et pour en proposer un projet simplifié plus réaliste. La méthode de représentation des plans d André Leroy, ou de son dessinateur M. Marchand, est très simple : elle repose sur la superposition de tracés nouveaux en rouge à ceux du cadastre napoléonien : en noir. Ainsi peut-on comprendre l évolution des constructions, des masses arborées, des limites et des allées. Les percées et les cadrages sont savamment travaillés par des bouquets d arbres aux couleurs et aux silhouettes se détachant des lisières et composant les perspectives de promenade. Les cours d eau prennent l aspect de rivières anglaises aux contours sinueux. Des routes sont parfois détournées pour augmenter la surface du parc. Le potager se voit éloigné du château derrière des massifs d arbustes. Tout projet se doit de mettre en valeur les beautés infinies de la nature en union avec le paysage. Vue actuelle du parc et des jardins de Pignerolle. Vue aérienne du parc du château de Saint-Jean, aujourd hui transformé en golf. S. Daupley S. Daupley Plan du parc du château de Saint-Jean-des-Mauvrets : en noir, l ancien dessin du jardin cerné de douves, et en rouge, les tracés du nouveau parc planté à partir de 1840. Les bovins pâturant au pied du château de Bourg d Iré chez le comte de Falloux, ancien ministre et client d André Leroy, A. de Wismes, Le Maine et l Anjou, 1854-1862. B. Rousseau

5 Des parcs renouvelant le paysage de l Anjou Grâce à André Leroy et à ses successeurs, le paysage de l Anjou se présente aujourd hui comme une campagne jardinée, rythmée par les cimes des grands arbres du XIXe siècle. Leroy est en effet le concepteur de près de 180 plans de jardins et parcs en Maine-et-Loire. Il répond aussi à des propriétaires créatifs pour lesquels il effectue directement des plantations : au Bas-Plessis à Chaudron-en-Mauge où il se déplace deux années de suite et à La Lorie près de Segré pour deux propriétaires successifs. La plupart du temps, ses projets le conduisent à revenir sur les lieux pendant plusieurs années pour avancer les travaux. Le parc agricole et paysager du nouveau château de Rouvoltz pour lequel une route a été déplacée lors de sa création par André Leroy vers 1847. I. Levêque André Leroy intervient aussi comme entrepreneur pour d autres paysagistes : à la Thibaudière à Montreuil-Juigné en exécutant un plan de Jolly et, à Chanzeaux en 1849, pour un parc à finir dessiné par le comte de Choulot deux ans plus tôt. Le nom de ce dernier et celui de Leroy se croisent d ailleurs sur dix-huit sites en Anjou. Différents genres de parcs et jardins ont été travaillés par André Leroy : Quelques parcs ont été conçus pour des institutions publiques (la Préfecture, le Mail, le cimetière de l Est, l asile d aliénés de Ste-Gemmessur-Loire). Vue du parc de la Préfecture de Maine-etLoire (ancienne abbaye St-Aubin). Projet dessiné et planté par André Leroy en 1836-1837, suite à la création du boulevard du Roi René. Détail, Angers en ballon, J. Arnout, vers 1848. Plan du parc du nouveau château de Dieusy à Rochefort-sur-Loire, dessiné pour M. Lardin, beau-frère d Alfred de Musset, André Leroy. I. Levêque La majeure partie de ses créations concerne les parcs de grandes propriétés rurales : Brézé, Rou-Marson, la Graffinière à Cuon, la Baronnière à la Chapelle-Saint-Florent, Tressé à Pouancé, Pignerolle à Saint-Barthélémy d Anjou Des jardins de ville ont aussi été aménagés pour les hôtels particuliers qu habitent souvent les propriétaires de châteaux pendant l hiver. Projet de transformations des jardins de Brézé en parc paysager, vers 1839, André Leroy. Nulle répétition dans les propositions formelles d André Leroy où l on trouve à côté des parcs paysagers que représente la plupart de ses dessins, des parcs mixtes avec parterres (Châteaubriant à St Gemmes-sur-Loire) ou avec de grands tracés réguliers anciens comme des pattes d oie (le Lavouer à Neuvy-en-Mauges). Vue aérienne du parc de Dieusy à Rochefort sur Loire sur un promontoire rocheux dominant la rivière du Louet. S. Daupley Détail du plan du parc régulier du château de Brézé, Brizard, 1717. Vue aérienne de l ancienne forteresse de Brézé, avec ses douves sèches les plus profondes de France. château de Brézé

6 Des créations dans la France de l Ouest, au-delà des limites de l Anjou André Leroy remanie la campagne et les paysages des Pays de la Loire, du Centre, de la Bretagne, du Poitou et des Charentes. Il se déplace aussi parfois très loin, près de Limoges et même près d Amiens. Projet pour le jardin botanique de Tours, André Leroy, vers 1845. A défaut de pouvoir citer la totalité des projets, voici quelques sites choisis pour leur notoriété, ou pour la richesse de leurs archives montrant des changements spatiaux radicaux : en Indre-et-Loire, le célèbre Villandry où André Leroy va chez le comte Hainguerlot, parfois plusieurs fois par an, de 1842 à 1849 ; La Bourdaisière à Montlouis, où après son Vues du parc paysager du château de Villandry qui disparaissait au milieu d une forêt d arbres et de verdure avant la recréation des jardins géométriques par le comte Joachim Carvallo. Villandry Les terrasses des Folies Siffait, près de Nantes, autrefois plantées par André Leroy. Région des Pays de la Loire intervention pour le baron Angellier, le parc sera repris par l illustre Édouard André ; à l Islette près d Azayle-Rideau où l ancien jardin principal, au nord, se voit complété par un parc délicieusement inscrit dans les bras de l Indre au sud du château. Sur une quarantaine de projets en Vendée, Leroy conçoit, pour des institutions publiques de la ville actuelle de la Roche-sur-Yon (Bourbon-Vendée), les plans et les plantations du haras (dépôt d étalons), du parc de la préfecture, de l École normale, du cimetière et de l asile d aliénés (hôpital rendu obligatoire dans chaque département par la loi de 1838). En matière de collections botaniques, en Loire-Atlantique, Oswald Siffait, président de la Société nantaise d horticulture, fait appel à André Leroy de 1846 à 1849 pour planter son célèbre et mystérieux parc en terrasses des Folies Siffait au Cellier. Leroy dessine et plante aussi vers 1845 le nouveau Jardin botanique de Tours avec M. Margueron, hygiéniste et pharmacien, sur les mauvais terrains marécageux de l hospice de la ville. On lui attribue là l introduction d un Gingko biloba variegata. Expert en arbres fruitiers, André Leroy est aussi allé dans les Deux-Sèvres replanter le verger-potager du château de Saint-Loup, comme il l avait fait pour les châteaux de Brissac et de Serrant. Plan du parc du château de l Islette à Cheillé, Azay-le-Rideau, avant 1849, André Leroy. I. Levêque Photo du parc du château de l Islette. Château de l Islette Plans de Villandry : le parc paysager vers 1860 puis les nouveaux jardins du comte Carvallo établis au début du XXe siècle. Villandry