Rapport d expertise : Cadre de l expertise : Avis sur un confortement en bordure littorale sur la commune de Château d Olonne BRGM/RP - 59893 -FR Avril 2011 Appuis aux administrations Appuis à la police de l eau Date de réalisation de l expertise : 29/03/2011 Localisation géographique du sujet de l expertise : Château d Olonne Auteurs BRGM : E. PLAT Demandeur : DDTM 85
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L original du rapport muni des signatures des Vérificateurs et Approbateurs est disponible aux Archives du BRGM. Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008. Ce rapport est le produit d une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM. Ce document a été vérifié et approuvé par : Approbateur : Nom : CONIL P. Date : 29/04/2011 Vérificateur : Nom : GRANJEAN G. Date : 02/05/2011 Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008. Mots clés : expertise appui aux administrations érosion littorale mouvement de terrain - enrochement - Château d Olonne Vendée Pays de la Loire En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : Plat E. (2011) Avis sur un confortement en bordure littorale sur la commune de Château d Olonne, rapport final. Rapport BRGM/RP-59893-FR. 19 p., 22 fig., 1 annexe. BRGM, 2011, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l autorisation expresse du BRGM. Im 002 3
Synthèse La tempête Xynthia (28 février 2010) a été à l origine de nombreuses dégradations sur le littoral vendéen. Cette tempête a notamment généré des désordres au niveau du centre d hébergement géré par l association Util 85 situé sur la commune de Château d Olonne au lieu-dit «le Roc de Saint Jean», impasse Edouard Herriot où un front de falaise s est effondré. Dans le cadre d un appui aux administrations, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de la Vendée (DDTM85) a sollicité le BRGM en date du 16/02/2011 pour un avis sur le niveau d aléa du site, sur le projet de confortement envisagé par l association Util 85 (gestionnaire du centre de vacances) et sur les modalités d intervention les plus adaptées (logique de retrait ou de maintien du trait de côte). Le présent avis s appuie sur une visite de terrain réalisée le 29/03/2011 en compagnie de Mr Le Gros (DDTM85 / Délégation à la Mer et au Littoral) et Mr Minard (DDTM85 / Service eau risques et nature / Unité risques), sur des documents fournis par la DDTM85 comprenant, entre autre, un rapport de faisabilité géotechnique réalisé par la société Igésol, et sur une recherche bibliographique. Lors de la visite de terrain, le site avait déjà fait l objet des travaux de sécurisation/confortement (destruction d un bâtiment, réalisation d un enrochement). De ce fait, le présent avis ne porte pas sur un projet mais sur un diagnostic du site après travaux. Il n aborde pas les calculs et le dimensionnement des ouvrages. Compte tenu de l état du site lors de la visite et des documents disponibles, fournis par la DDTM 85, il n est pas possible de réaliser dans le cadre de la présente étude un diagnostic complet de l aléa dans le secteur étudié. Toutefois, nous pouvons néanmoins formuler les éléments suivants : dans le secteur sud-est, compte tenu de la géométrie de l enrochement (verticalité, zones d ancrage) et du fait que nous ne disposons pas d éléments du diagnostic initial ou de dimensionnement de l ouvrage, il n est pas possible de conclure quant à la stabilité de l ensemble du dispositif ; dans ce même secteur, la falaise située à l est de l ancien mur présente une fracturation qui pourrait être à l origine de rupture de type dièdre conduisant à des chutes de blocs de taille pluri-décimétrique au droit du sentier bétonné ; dans les secteurs nord-ouest et sud, les enrochements réalisés, qui auraient commencé à être endommagés lors de la grande marée du week-end du 19 et 20 mars, ne semblent pas constituer des ouvrages suffisants pour la protection à moyen terme du trait de côte si celle-ci est effectivement en érosion. Il est ainsi recommandé de : vérifier si un dimensionnement a bien été réalisé selon les règles et si l ouvrage est en conformité avec les calculs et les recommandations de réalisation (il conviendrait, pour cela, de solliciter l intervention d un bureau d étude spécialisé dans ce type d ouvrage) ; surveiller l éperon rocheux situé entre l enrochement et l ancien mur dans le secteur sud-est et purger des blocs fracturés présents à l est de l enrochement audessus du sentier bétonné ; réaliser une étude coût/bénéfice des solutions de gestion du site à une échelle plus large que le site qui permettrait de conclure quant à la politique à mettre en œuvre sur le site (logique de retrait ou de maintien du trait de côte). 4 Im 002
Sommaire 1. Cadre de l intervention... 6 2. Données exploitées... 6 3. Contexte du site d intervention... 7 3.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE... 7 3.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE ET GEOTECHNIQUE... 8 3.3 CONNAISSANCE RELATIVE AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN SUR LA ZONE D ETUDE... 10 4. Faits constatés et dossiers examinés... 11 4.1 SECTEUR SUD-EST... 11 4.2 SECTEUR SUD... 15 4.3 SECTEUR NORD-OUEST... 17 5. Diagnostic 17 6. Recommandations / avis... 19 Bibliographie 21 Annexes 1 : archives photographiques... 22 Im 002 5
1. Cadre de l intervention La tempête Xynthia (28 février 2010) a été à l origine de nombreuses dégradations sur le littoral vendéen. Cette tempête a notamment généré des désordres au niveau du centre d hébergement géré par l association Util 85 situé sur la commune de Château d Olonne au lieu-dit «le Roc de Saint Jean», impasse Edouard Herriot où un front de falaise s est effondré. En avril 2010, Util 85 a sollicité Igésol afin d établir une étude de faisabilité géotechnique pour un projet d enrochement. Les principales conclusions de cette étude sont les suivantes : au vu des résultats des investigations, «un avis géotechnique favorable est donné pour la réalisation d un mur poids de type enrochement» en limite sud-est de la parcelle (toutefois, il est noté que sa «stabilité ne peut pas être garantie face à des évènements naturels exceptionnels») ; «la stabilité du bâtiment annexe ne peut être garantie en l état même après renforcement des enrochements». Dans le cadre d un appui aux administrations, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de la Vendée (DDTM85) a sollicité le BRGM en date du 16/02/2011 pour un avis sur le niveau d aléa du site, sur le projet de confortement envisagé par l association Util 85 (gestionnaire du centre de vacances) et sur les modalités d intervention les plus adaptées (logique de retrait ou de maintien du trait de côte), cet avis devant s appuyer sur une visite de terrain. Lors de notre visite en compagnie de la DDTM 85, en date du 29/03/11, l entreprise SYOTRA était en train de finaliser les travaux, sous maitrise d ouvrage de Util 85. Le site avait fait l objet de plusieurs modifications majeures conduisant à masquer les talus à l arrière des ouvrages et ne permettant pas de vérifier les modes d ancrages de certains ouvrages. Suite à cette visite, la DDTM 85 a maintenu la demande adressée au BRGM de réaliser une évaluation de l aléa mouvement de terrain (mail du 30/03/11). Le présent avis porte donc sur un diagnostic du site après travaux mais n aborde pas les calculs et le dimensionnement des ouvrages. Il s appuie sur une visite de terrain réalisée le 29/03/2011 en compagnie de Mr Le Gros (DDTM85 / Délégation à la Mer et au Littoral) et Mr Minard (DDTM85 / Service eau risques et nature / Unité risques), ainsi que sur des documents fournis par la DDTM85 et sur une recherche bibliographique. 2. Données exploitées La présente étude repose sur les éléments suivants : un diagnostic des risques liés aux mouvements de terrain sur le littoral de la commune de Château d Olonne (Vandromme et al., 2007), ainsi que les photos prises dans le cadre de ce diagnostic sur le secteur d étude ; le rapport d étude de faisabilité géotechnique sur le projet de création d un ouvrage de soutènement de type «enrochements» commandé par l association Util 85 au bureau d étude Igésol (rapport n 100319, 2010), fourni au BRGM par la DDTM 85 ; 6 Im 002
la demande d autorisation de circulation sur le domaine public maritime de l état, en date du 3 février 2011 accompagnée de schémas et photos émanant de l entreprise SYOTRA pour le compte de l association Util 85, fourni au BRGM par la DDTM 85 ; un courrier adressé par la DDTM 85 à Util 85 ne donnant pas suite favorable à la demande d autorisation d accès, fourni au BRGM par la DDTM 85 ; une visite de terrain réalisée le 29/03/2011 par le BRGM et la DDTM 85 ; les cartes géologiques au 1/50 000 et topographique au 1/25 000, ainsi que la base BDMVT 1 ; les données littorales du Service de l'observation et des statistiques (SOeS) du ministère en charge de l environnement 2 (EUROSION, 2003) ; les orthophotos du secteur prises en 1950 et 2006. En annexe figurent des archives photographiques concernant le site : - les photos collectées par le BRGM lors de son étude du 23/02/2007 (avant la tempête) par Vandromme et al. (2007) ; - les photos du bureau d étude Igésol après la tempête qui étaient intégrées au rapport de faisabilité géotechnique (qui malgré leur faible lisibilité du fait de multiples impressions permettent de se rendre compte de l impact de Xynthia) ; - les photos prises lors de notre visite du 29/03/2011 (soit un an après Xynthia). 3. Contexte du site d intervention 3.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE Le secteur d étude est situé sur la commune de Château d Olonne au lieu-dit «le Roc de Saint Jean», impasse Edouard Herriot, au niveau de la parcelle cadastrale n 1371 de la feuille 000 E 01 (Illustration 1). 1 Base de données nationale mouvements de terrain, gérée et développée par le BRGM depuis 1994 2 Ex IFEN Im 002 7
Zone d étude Illustration 1 Extrait de la carte IGN au 1/25 000 localisant la zone d étude (www.geoportail.fr, consulté au 30/03/11) Afin de faciliter les observations, la zone d étude a été découpée en trois secteurs : le secteur nord-ouest, le secteur sud et le secteur sud-est (Illustration 2). Secteur N-W Secteur S Secteur S-E Illustration 2 - Extrait de la carte satellite au niveau de la zone d étude (www.geoportail.fr, consulté au 30/03/11) avec localisation des trois secteurs 3.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE ET GEOTECHNIQUE D après la feuille géologique des SABLES-D'OLONNE-LONGEVILLE au 1/50 000 (éditée en 1994), le sous-sol de la zone étudiée se situe en limite des sables dunaires et de la formation des orthogneiss des Sables d Olonne. Conformément aux observations réalisées par Igésol, seuls les 8 Im 002
orthogneiss surmontés de ses faciès d altération argilo-sableux à sablo-argileux ont pu être observés lors de notre visite de terrain en date du 29/03/2011. Zone d étude Illustration 3 - Extrait de la carte géologique à 1/25 000 centrée sur la zone d étude Dans le cadre de l étude de faisabilité géotechnique d Igésol, 2 sondages et essais pressiométriques (S1 et S2) ont été réalisés dans le secteur sud-est ainsi que des mises à jour des fondations de chacun des bâtiments (M1, M2 et M3). Le plan d implantation de ces sondages est présenté sur l illustration 4. Les données exploitées sont détaillées en tant que de besoin dans les parties suivantes. Im 002 9
Illustration 4 Plan d implantation des sondages réalisés par Igésol (extrait du rapport d étude de faisabilité géotechnique d Igésol) 3.3 CONNAISSANCE RELATIVE AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN SUR LA ZONE D ETUDE D après les données de SOeS (données EUROSION 2003), la zone d étude correspond à une côte rocheuse en érosion. Un diagnostic des risques liés aux mouvements de terrain sur le littoral de la commune de Château d Olonne a été réalisé par le BRGM en 2007 (Vandromme et al., 2007). Cette étude fournit quelques photos du secteur avant la tempête Xynthia qui ont été exploitées dans la suite de la présente note. Des éléments de cette étude seront détaillés par la suite autant que de besoin. Le terme de pré-falaise utilisé par Vandromme et al. (2007) sera repris dans le présent rapport (Illustration 5). Illustration 5 Schématisation de la pré-falaise Cette étude, se basant sur la présence de vestiges d anciens murs de soutènement localisés entre la falaise et la pré-falaise, semble confirmer que la zone d étude est en érosion. Sur ce secteur, Vandromme et al. (2007) recommande «de réaliser une surveillance périodique tant de la falaise que des ouvrages» dans cette zone. La base BDMVT alimentée en mars 2009 pour le département de la Vendée ne mentionne pas de mouvement au niveau de la zone étudiée. 10 Im 002
4. Faits constatés et dossiers examinés Lors de notre visite du 29/03/2011, le site avait fait l objet de plusieurs modifications majeures récentes (l entreprise SYOTRA était sur place en train de finaliser les travaux) : - destruction du bâtiment annexe situé en limite sud-ouest de la propriété ; - réalisation d un enrochement au niveau du secteur sud-est (objet de la demande d autorisation d accès). Les travaux réalisés par SYOTRA ont masqué en grande partie les dégâts occasionnés par la tempète Xynthia. Voici néanmoins les observations qui ont pu être réalisées lors de la visite du 29/03/11 sur chacun des trois secteurs définis au paragraphe 3.1. 4.1 SECTEUR SUD-EST D après l illustration 15 en annexe, avant Xynthia, ce secteur était constitué d un talus végétalisé (de 4 à 5 m de hauteur) maintenu par un muret en pierre (noté deuxième muret). Côté plage, un chemin bétonné surélevé par rapport au niveau de la plage était soutenu par un autre muret en pierre (nommé deuxième muret sur l Illustration 6). Talus végétalisé Deuxième muret Chemin bétonné Premier muret Illustration 6 Photo présentant la morphologie du haut de plage au niveau de la crique du secteur sud-est avant Xynthia (photo prise à la date du 23/02/07 (extrait de Vandromme et al., 2007) D après les observations réalisées par Igésol (cf. Illustration 16 en annexe), la tempête Xynthia a conduit au glissement d une partie du talus réduisant la largeur du passage entre le haut du talus et le bâtiment principal. En revanche, le deuxième muret qui était vraisemblablement ancré dans le Im 002 11
socle gneissique a bien résisté à la tempête malgré la surcote du niveau marin alors que le premier muret a été partiellement détruit (d après l illustration 16). Antérieurement à notre visite du 29/03/11, un enrochement avait été réalisé à l emplacement du deuxième muret sur la quasi-totalité de la largeur de la crique. Cet enrochement masque la nature et l état des sols situés à l arrière. D après Igésol (sondage S1), ce talus correspond à des remblais sur une épaisseur de 4,3 m surmontant des argiles jurassiques d épaisseur 1,3 m. Celles-ci reposeraient sur le socle gneissique (altéré en tête). Les remblais (constituant donc la majeure partie du front de falaise) présenteraient des caractéristiques géotechniques médiocres (module pressiométrique et pression limite). De même, la cohésion et l angle de frottement à long terme estimés par Igésol pour ces sols vaut respectivement 0 kpa et 25, ce qui en fait un matériau peu stable. Aucune venue d eau n a été constatée par Igésol qui a cependant mentionné que les remblais étaient «très humides dès 3,45 m de profondeur» et que «de petites circulations d eau étaient possibles à la base des remblais, au toit du socle gneissique et de ses produits d altération ou au toit des argiles d âge Jurassique, peu perméables». Au niveau des angles du bâtiment principal les plus proches du talus, Igésol a réalisé en outre deux mises au jour des fondations (M2 et M3) dans ce secteur. D après Igésol, l aile sud-est de ce bâtiment est «caractérisée par des élévations en moellons reposant sur le gneiss altéré résistant, entre 0,35 et 0,42 m de profondeur» et «le bâtiment serait ancré au niveau d un ancien front de falaise, avancé par des travaux de remblaiement pour la création d un passage». Aucune étude de dimensionnement de type G12 et G2 n a été fourni au BRGM, ne permettant pas de vérifier si l enrochement réalisé est conforme au projet et aux recommandations de réalisation. De plus, lors de notre visite, le sol d assise de l enrochement, la manière dont il est fondé et la présence d un géotextile n ont pu être vérifié. D après les schémas réalisés par l entreprise SYOTRA accompagnant la demande d autorisation de circulation sur le domaine public maritime, il semblerait que le premier muret ait été conservé et réhabilité et que l ancien chemin bétonné ait été réhabilité et bitumé (Illustrations 6 et 7). Illustration 7 Morphologie du haut de plage de la crique du secteur Sud-Est à la date du 20/03/11 (photo BRGM, prise le 29/03/2011 lors de la visite de terrain) La pente de cet enrochement est relativement importante. L enrochement est constitué de blocs d environ 50 cm de hauteur sur 80 cm de largeur. Ceux-ci sont positionnés en escalier sur les deux premiers niveaux de blocs visibles puis empilés les uns sur les autres jusqu au sommet. Des 12 Im 002
granulats décimétriques viennent combler quelques interstices. Certains de ces blocs sont tombés au niveau de la plage actuelle. De même, en tête de l enrochement des granulats de taille décimétrique ont été déchargés (Illustration 8). Illustration 8 Granulats déversés en tête de l enrochement du secteur Sud-Est (photo BRGM, prise le 29/03/2011 lors de la visite de terrain) A l est de l enrochement, se dresse un ancien mur qui était déjà présent en 2007 (cf. Illustration 15 en annexe). Celui-ci ne semble pas avoir subi de désordres lors de Xynthia (Illustration 16 et Illustration 9). L espace entre cet ancien mur et la falaise n est pas remblayé. Illustration 9 Vue du mur situé à l est de l enrochement (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de notre visite de terrain) La zone de transition entre ce mur et l enrochement est constituée par un éperon rocheux d orthogneiss fissuré en pied et fortement altéré en tête (cf. Illustration 10). Im 002 13
Illustration 10 Zone de transition entre le mur et l enrochement (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de notre visite de terrain) A l est de l ancien mur, la roche bien que relativement saine présente un léger surplomb et une fracturation importante individualisant des blocs de taille pluri-décimétriques à l aplomb du sentier bétonné (Illustration 11). Illustration 11 Vue du rocher situé à l extrémité est du mur de protection (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de notre visite de terrain) 14 Im 002
Par ailleurs, la comparaison des photos montre que les galets présents au niveau de la crique avant les travaux ont dû être évacués ou réutilisés en remblais dans le talus ou encore recouverts de sables ; la crique présente dorénavant quasiment que du sable (cf. annexe). 4.2 SECTEUR SUD Avant Xynthia, ce secteur était couvert d un enrochement de type revêtement (cf. Illustration 18 en annexe), formé de blocs de l ordre de 50 cm de diamètre, posés sur le talus (pas d ancrage visible d après les archives photographiques et notre visite de terrain). L enrochement masque la nature et l état du sol qu il recouvre bien qu il semble s agir de sols relativement meubles (Vandromme et al. 2007). Les seules données disponibles sont situées au droit du bâtiment annexe (détruit lors de notre visite) où Igésol avait réalisé une mise à jour des fondations (M1) mettant en évidence la coupe suivante : de 0 à 0,7 m de profondeur, un remblai constitué de sables marrons à argiles sableuse marrons noirs, de 0,7 à 1,2 m une altération du gneiss sous forme d argile sableuse micacée, grise et humide et, de 1,2 à 1,85 m de profondeur, le gneiss altéré se débitant en sables bruns à gris et cailloutis jusqu à décimétriques, pulvérulents. A la base de l enrochement, l orthogneiss, même s il semble conserver une structure reconnaissable, est fortement altéré et marqué par un creux topographique. A ce niveau, il est assez friable et se délite à la main (Illustration 14). Ensuite, le site est constitué d une pré-falaise relativement peu marquée mais caractérisée par de la roche saine. D après Igésol, la tempête Xynthia a contribué à déstabiliser cet enrochement, notamment dans sa partie supérieure Ouest. Selon Igésol, «la stabilité du bâtiment annexe n était pas garantie en l état même après le renforcement des enrochements». Ce bâtiment annexe a été détruit avant notre visite. La nature et les objectifs des travaux de réhabilitation ou réaménagement de l enrochement ne sont pas connus avec précision. Toutefois, lors de notre visite, nous avons constaté que l enrochement de ce secteur a fait l objet d un retalutage, l essentiel des blocs ajoutés étant de taille décimétrique inférieure à celle des blocs composants initialement l enrochement. Par ailleurs, certains de ces blocs ont déjà glissés dans l espace compris entre l enrochement et la pré-falaise (Illustration 12). Im 002 15
Illustration 12 Réhabilitation de l enrochement endommagé lors de Xynthia au sud du site (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de notre visite de terrain) En tête, l enrochement a été solidarisé au talus par du goudron, semble-t-il, au vu des observations de terrain (Illustration 13). Illustration 13 Vue du haut de l enrochement réhabilité/réaménagé où la suture de la zone endommagée lors de Xynthia a été colmatée, semble t-il, par du goudron (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de notre visite de terrain) 16 Im 002
4.3 SECTEUR NORD-OUEST Dans ce secteur, le relief et la géologie sont comparables à ceux du secteur sud. En tête, la roche est surmontée d une forte épaisseur de matériaux meubles. Localement, les vestiges d ancien mur entre la falaise et la pré-falaise mentionné par Vandromme et al. (2007) ont pu être observés. Dans l angle nord-ouest de la parcelle, des matériaux granulaires de tailles variables ont été déversés. Certains blocs ont d ores et déjà glissés au niveau de la pré-falaise altérée. Illustration 14 Photo du secteur nord-ouest (photo BRGM, prise le 29/03/2011 lors de notre visite de terrain) 5. Diagnostic Compte tenu des observations que nous avons pu réaliser et des documents fournis par la DDTM 85 et consultés par ailleurs, il n est pas possible de réaliser dans le cadre de la présente étude un diagnostic complet de l aléa dans le secteur étudié. En effet, un tel diagnostic nécessiterait la connaissance des caractéristiques de l enrochement réalisé dans le secteur sud-est, des éléments de dimensionnement de l enrochement prenant en compte la bathymétrie, la topographie, les conditions géotechniques ainsi que les conditions hydrauliques (niveau d eau, vent, houle, courants). Toutefois, les observations de terrain et les documents dont nous disposions nous permettent de formuler les éléments suivants. D un point de vue géologique et géomorphologique, la zone d étude est relativement complexe. Elle est formée essentiellement d une côte rocheuse constituée d orthogneiss plus ou moins altéré allant de la roche saine à des faciès d altération argilo-sableux. D après les sondages réalisés par Igésol, la zone d étude est également concernée par une faible épaisseur d argiles lie de vin de la base du Jurassique. Il pourrait s agit de placages résiduels de cette formation qui est d ailleurs bien représentée sur cette partie de la côte. D un point de vue dynamique, la zone semble être en érosion si l on se réfère à la présence de vestiges d anciens murets de soutènement au nord du site (confirmé par les données d EUROSION 2003). Concernant le secteur sud-est, Igésol, dans son rapport d étude de faisabilité géotechnique, indique que «le bâtiment principal repose sur le gneiss altéré résistant» qui peut toutefois contenir des poches plus altérées sablo-argileuses à argilo-sableuses micacées. D après Igésol, «ces dernières auraient été purgées au niveau de l assise du bâtiment». Concernant l enrochement réalisé, les éléments majeurs de dimensionnement n ont pas pu être observés et aucun document Im 002 17
relatif au dimensionnement de cet ouvrage n a été remis au BRGM ; le rapport géotechnique d Igésol est une étude de faisabilité géotechnique (G11) qui ne se substitue pas à une étude de dimensionnement (G12 et G2). Cet enrochement présente une pente très importante et une grande proximité avec la partie sud-est du bâtiment principal. D après Igésol, les matériaux retenus par cet enrochement sont «des remblais présentant des caractéristiques géotechniques médiocres» ; ceux-ci «auraient été amenés afin de laisser un passage au pied du bâtiment principal». De petites circulations d eau sont possibles à la base des remblais, au toit du socle gneissique et de ses produits d altération ou au toit des argiles lie de vin du Jurassique. Par ailleurs, l éperon rocheux situé entre l enrochement et le mur à l est de la plage constitue une zone de faiblesse de l enrochement compte tenu de sa fracturation et surtout de son niveau d altération. De plus, le rôle de l ancien mur situé à l est de l enrochement dans le dispositif de protection n a pu être identifié avec précision (protection de la falaise contre la houle? protection de la plage contre d éventuelles chutes de blocs?). Il aurait peut-être été préférable de détruire cet ancien mur et prolonger l enrochement jusqu à la zone rocheuse. Néanmoins, nous ne disposons pas des éléments du diagnostic initial ou de dimensionnement qui ont permis au bureau d étude de choisir la réhabilitation effectuée. Compte tenu des éléments à notre disposition et des observations réalisées lors de la visite de terrain, nous ne pouvons pas conclure quant à la stabilité du dispositif. Afin de conclure quant à l efficacité de l ensemble du dispositif, étant donné son emplacement à proximité de zones accueillant du public, il conviendrait de s assurer de l existence d une étude de dimensionnement de cet ouvrage (G12 et G2), et, si tel est le cas, de s assurer que la réalisation de l enrochement est bien en conformité avec ce dimensionnement et les recommandations pour sa réalisation. Toujours dans ce secteur sud-est, la falaise située à l est de l ancien mur présente une fracturation qui pourrait être à l origine de rupture de type dièdre conduisant à des chutes de blocs de taille pluri-décimétrique au droit du sentier bétonné. Dans les secteurs nord-ouest et sud, les enrochements réalisés qui ont commencé à être endommagés lors de la grande marée du week-end du 19 et 20 mars ne constituent pas des ouvrages suffisants pour la protection à moyen terme du trait de côte si celle-ci est effectivement en érosion même si les bâtiments présents sur le site sont relativement distants du haut du talus. De plus, en cas de tempête, les blocs décimétriques pourraient être projetés au niveau des bâtiments et être à l origine de désordres complémentaires. 18 Im 002
6. Recommandations / avis Concernant la stabilité générale des enrochements et, en particulier, celui situé dans le secteur sud-est, il est recommandé de vérifier si un dimensionnement a bien été réalisé, si le dimensionnement a été réalisé selon les règles et si l ouvrage est en conformité avec les calculs et les recommandations de réalisation. Pour cela, il conviendrait de solliciter l intervention d un bureau d étude spécialisé dans ce type d ouvrage. Dans le secteur sud-est, il est par ailleurs recommandé de surveiller l éperon rocheux situé entre l enrochement et l ancien mur, situé à l est de la plage dans le secteur sud-est, qui constitue une zone de faiblesse de l enrochement compte tenu de sa fracturation et surtout de son niveau d altération. De plus, il pourrait être envisagé une purge des blocs fracturés présents à l est de l enrochement au-dessus du sentier bétonné. A partir des éléments mis à notre disposition, il n est pas possible de conclure quant à la politique à mettre en œuvre sur le site (logique de retrait ou de maintien du trait de côte). Il pourrait être utile, à moyen terme, d analyser la nécessité ou non du maintien du trait de côte au droit de ce secteur au regard des enjeux en présence et de l aléa érosion qui devra être précisé. Pour ce faire, une étude cout/bénéfice des solutions de gestion du site serait utile (solution de protection/recul stratégique). Une telle étude serait plus pertinente à une échelle plus large pour éviter une logique d intervention au cas par cas, bien souvent couteuse, génératrice de désordres complémentaires et pouvant faire naitre un sentiment d injustice. Im 002 19
Bibliographie Vandromme R., Lembezat C., Closset L. (2007) Diagnostic des risques liés aux mouvements de terrain sur le littoral de la commune de Château d Olonne Rapport final. BRGM/RP 55540-FR. 95 p., 84 ill., 2 annexes dont 4 planches hors texte. Im 002 21
Secteur Sud-Est Annexes 1 : archives photographiques Illustration 15 - Photo du secteur sud-est avant Xynthia (photo BRGM, prise le 23/02/2007 dans le cadre de l étude de Vandromme et al., 2007) 22 Im 002
Illustration 16 - Photo du secteur sud-est après Xynthia (extrait du rapport d Igésol) Illustration 17 - Photo du secteur sud-est après Xynthia après travaux (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de la visite de terrain) Im 002 23
Secteur Sud Illustration 18 - Photo du secteur sud avant Xynthia (photo BRGM, prise le 23/02/2007 dans le cadre de l étude de Vandromme et al., 2007) Illustration 19 - Photo du secteur sud après Xynthia (extrait du rapport d Igésol) 24 Im 002
Illustration 20 - Photo du secteur sud après Xynthia après travaux (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de la visite de terrain) Im 002 25
Secteur Nord-Ouest Illustration 21 - Photo du secteur nord-ouest avant Xynthia (photo BRGM, prise le 23/02/2007 dans le cadre de l étude de Vandromme et al., 2007) Illustration 22 - Photo du secteur nord-ouest après Xynthia après travaux (photo BRGM, prise le 29/03/11 lors de la visite de terrain) 26 Im 002
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