PRÉPARÉ PAR : RICHTER CONSEIL, 1 ER MARS 2004. TOUS DROITS RÉSERVÉS



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LE VÊTEMENT AU CANADA : PERSPECTIVES D AVENIR ÉTUDE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL : RAPPORT FINAL PRÉSENTÉ PAR : PRÉPARÉ PAR : RICHTER CONSEIL, 1 ER MARS 2004. TOUS DROITS RÉSERVÉS

TABLE DES MATIÈRES PAGE Phase 1: Conjoncture... 1 1. Introduction... 1 2. Sommaire... 2 3. Aperçu de l industrie canadienne du vêtement... 7 3.1 Composition de l industrie 7 3.2 Tendance à la baisse 7 3.3 Pressions accrues des détaillants 12 4. Principaux accords commerciaux internationaux en vigueur... 15 4.1 Accord de l OMC sur les textiles et les vêtements 15 4.2 Concessions aux pays les moins avancés (PMA) 15 4.3 Accords commerciaux américains 16 4.4 Fin du programme de remise de droits 16 5. Impact à ce jour des accords commerciaux internationaux... 17 5.1 Augmentation en flèche des importations au Canada 17 5.2 Augmentation des importations favorisée par l élimination des contingents en 2002 18 5.3 Les exportateurs canadiens aux prises avec des difficultés comparables aux États-Unis 19 6. Raisons du changement dans la compétitivité... 22 6.1 Écarts entre les salaires 22 6.2 Subventions gouvernementales et mesures incitatives 23 6.3 Sous-évaluation de la monnaie 23 6.4 Propriété gouvernementale 23 6.5 Le virage de la compétence 24 7. Impact éventuel futur sur le marché canadien... 25 7.1 Expériences d autres pays développés 25 7.2 Impact éventuel sur le marché intérieur canadien 26 7.3 Impact éventuel sur le marché des exportations de produits canadiens 29 7.4 Impact éventuel sur l ensemble de l industrie canadienne du vêtement 30 8. Impact éventuel sur la main-d œuvre canadienne... 32 8.1 Impact possible sur la main-d œuvre canadienne de la perte de parts de marché 32 8.2 Autres estimations des emplois qui seront perdus au Canada 33 9. Exemples de changements dans l industrie du vêtement ailleurs dans le monde... 35 9.1 Chine 35 9.2 PMA 36 9.3 Australie 37 9.4 Italie 38 9.5 Californie 38 10. Autres modèles d affaires pour les fabricants canadiens de vêtements... 41 10.1 Stratégie n 1 : Réussir grâce à une création exceptionnelle 42 10.2 Stratégie n 2 : Créer une marque «style de vie» 42 10.3 Stratégie n 3 : Devenir une entreprise intégrée de vêtements incluant la vente au détail 43 i

10.4 Stratégie n 4 : Être un producteur à faible coût d un produit de base 43 10.5 Stratégie n 5 : Être un innovateur 44 10.6 Stratégie n 6 : Devenir un importateur distribuant à un marché fragmenté 45 10.7 Stratégie n 7 : Être le fournisseur d approvisionnement préféré des grandes chaînes de magasins 45 10.8 Stratégie n 8 : Fournir plusieurs collections par saison en écourtant le cycle «création vente» 45 10.9 Adoption d une nouvelle stratégie 46 11. Formation de la main-d œuvre... 48 11.1 De nouvelles compétences pour de nouvelles stratégies 48 11.2 Recrutement et formation des professionnels requis 49 Phase 2 : Évolution de la main-d œuvre... 50 1. Situation actuelle de l emploi dans l industrie canadienne du vêtement... 50 1.1 Situation de l emploi par province 51 1.2 Taille des employeurs 53 1.3 Activités de production et autres activités 54 1.4 Postes 57 2. Profil actuel de la main-d œuvre de l industrie canadienne du vêtement... 58 3. Sondage sur le futur de la main-d œuvre de l industrie canadienne du vêtement... 61 3.1 Méthodologie du sondage 61 3.2 Profile des répondants 61 3.3 Libéralisation du commerce et stratégies futures 64 3.4 Impact sur l industrie canadienne du vêtement 67 3.5 Pertes d emplois 69 3.6 Gains d emplois 70 3.7 La main d œuvre en 2005 71 3.8 Situation actuelle quant à la mise en place de meilleures pratiques en ressources humaines 72 3.9 Nouveaux postes 73 3.10 Formation 74 3.11 Autres recommandations 75 Phase 3 : Enjeux futurs liés aux ressources humaines... 76 1. Profil des nouveaux postes dans l industrie canadienne du vêtement... 76 2. Recrutement de nouveaux talents... 77 2.1 Difficultés de recrutement 77 2.2 Causes des difficultés de recrutement 77 2.3 Solutions pour surmonter les difficultés de recrutement 78 3. Promotion des employés compétents actuellement en poste... 81 3.1 Manque de possibilités d avancement 81 3.2 Raisons expliquant le manque de possibilités d avancement 81 3.3 Amélioration des perspectives de carrière 82 4. Formation... 84 4.1 Défis de formation 84 4.2 Raisons expliquant le manque de formation 86 4.3 Formation en cours d emploi efficace 87 4.4 Formation externe efficace 88 Phase 4 : Conclusions... 91 ii

1. Objectif 1 : Amélioration des compétences en gestion... 91 1.1 Étape de préparation 91 1.2 Étape des solutions 93 1.3 Calendrier mise en oeuvre 95 2. Objectif 2 : Amélioration de la communication avec le secteur de l éducation... 96 2.1 Élargissement du réseau d établissements d enseignement 96 2.2 Aide aux établissements d enseignement pour mettre au point de nouveaux programmes 96 2.3 Amélioration des programmes de stages, d incubateur et coopératifs 97 2.4 Promotion d une carrière dans l industrie auprès des étudiants 97 2.5 Recyclage des employés en poste 97 2.6 Promotion de l éducation permanente auprès des employeurs et des employés 98 2.7 Calendrier de mise en œuvre 98 3. Objectif 3 : Aide pour adopter les meilleures pratiques en ressources humaines... 99 3.1 Fournir un plus grand nombre de services-conseils en ressources humaines 99 3.2 Calendrier de mise en œuvre 99 Table des annexes... 100 Veuillez noter que le genre masculin employé dans ce document désigne aussi bien le féminin que le masculin. iii

Les opinions et interprétations contenues dans le présent rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du gouvernement du Canada. PROJET FINANCÉ PAR LE GOUVERNEMENT DU CANADA

PHASE 1: CONJONCTURE 1. INTRODUCTION Le CONSEIL DES RESSOURCES HUMAINES DE L INDUSTRIE DU VÊTEMENT (CRHIV), en partenariat avec DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES CANADA (DRHC), a engagé RICHTER CONSEIL pour réaliser une étude sur le marché du travail au nom de l industrie canadienne du vêtement. Les objectifs de cette étude sont les suivants : Évaluer l impact de l accord de l OMC et des concessions aux PMA sur la main-d œuvre actuelle de l industrie. Déterminer les nouveaux postes et les nouvelles compétences nécessaires pour relever les défis d un marché complètement ouverts aux importations. Permettre au CRHIV, à l industrie et aux gouvernements de participer à la restructuration régionale et nationale de la main-d œuvre de l industrie. Cette étude a été réalisée par étape : La phase 1 présente un aperçu de l industrie, de l impact des accords commerciaux internationaux et des raisons justifiant les changements dans la compétitivité. En s appuyant sur les faits établis, le rapport fournit une estimation des pertes éventuelles de part de marché et d emplois dans les années à venir, si les dirigeants de l industrie du vêtement ne prennent aucune mesure. Pour aider à contrecarrer les effets de ce phénomène, le rapport contient des exemples de modèles opérationnels susceptibles de réussir dans ce contexte difficile. La phase 2 brosse un tableau de la main-d œuvre actuelle et des changements qu elle subira dans les années à venir, selon l étude nationale réalisée spécialement dans le cadre de ce dossier. Les conclusions de la phase 2 apportent des précisions sur les pertes et les gains d emplois futurs ainsi que sur l évolution de l industrie canadienne du vêtement. L étude fait ressortir certains problèmes liés aux ressources humaines que l industrie devra surmonter pour mettre en œuvre avec succès les nouveaux modèles opérationnels. La phase 3 résume les conclusions des entretiens que nous avons eus avec les dirigeants de l industrie et les directeurs des ressources humaines et qui étaient basés sur les conclusions de la phase 2. Les conclusions de ces entretiens mettent l accent sur les causes profondes des problèmes liés aux ressources humaines et sur les solutions recommandées. La phase 4 récapitule toutes les recommandations comprises dans le présent rapport et présente un échéancier de mise en œuvre. Nous remercions le CRHIV et DRHC de nous avoir confié ce très important mandat. Nous remercions également le Conseil, ses administrateurs et le comité de direction chargé de ce dossier pour leur aide et leur soutien tout au long de cette étude. Ayant travaillé de près avec les dirigeants de l industrie du vêtement, nous sommes parfaitement conscients de l importance de ce projet et de la nécessité de le mettre en œuvre avec succès. Nous espérons que cette étude s avérera un élément crucial du plan visant à garantir la viabilité future de l industrie canadienne du vêtement et à préserver son rôle important dans l économie et le marché du travail canadiens. 1

2. SOMMAIRE Contexte : Le défi L industrie canadienne du vêtement est le sixième employeur manufacturier en importance au Canada. Soumis depuis longtemps à la concurrence des importations en provenance des pays à bas salaires, les fabricants canadiens ont vu leur part du marché intérieur s effriter continuellement. Heureusement, ces pertes ont été en partie compensées par les exportations accrues aux États-Unis, le principal pays d exportation. Ces dernières années, les pressions exercées sur l industrie canadienne du vêtement se sont intensifiées. Les détaillants et les consommateurs continuent d exiger toujours plus de leurs fournisseurs, réclamant des chaînes d approvisionnement plus rapides et des prix inférieurs tout en favorisant les marques maison aux marges plus faibles. Les effets de la libéralisation accrue du commerce mondial se font également sentir. Les importations ont grimpé en flèche, particulièrement dans les secteurs qui étaient auparavant protégés par des contingents d importation efficaces. La Chine s annonce comme la plus importante menace pour le marché intérieur, ses exportations vers le Canada ayant augmenté de 191 % en 2002 dans les catégories qui ne sont plus contingentées. Non seulement le marché canadien est menacé, mais les exportations canadiennes aux États- Unis sont également en danger. Dans les catégories qui n étaient plus contingentées en 2002, les importations d origine chinoises se sont accrues de 826 % tandis que les importations d origine canadiennes ont chuté de 43 %. Perspectives d avenir Ces pressions sur le marché intérieur et le marché des exportations ébranleront la maind œuvre. En 2001, l industrie du vêtement fournissait de l emploi à environ 104 000 travailleurs. Notre étude révèle que ce chiffre pourrait chuter à environ 63 000 d ici 2005, soit une perte possible de 41 000 emplois en 4 ans. Selon l étude, les fabricants ont l intention de doubler leur production à l étranger, ce qui entraînera des pertes d emplois principalement dans le secteur de la production, notamment dans la couture. Généralement, il s agit de postes de débutant le plus souvent occupés par des immigrants. Étant donné que l industrie du vêtement a longtemps été un des plus grands employeurs d immigrants, le gouvernement fera face à un défi de taille pour régler le problème du chômage et pallier la perte de ces postes pour les futurs immigrants. Pendant ce temps, le reste du monde n arrête pas pour autant de tourner. La Chine cherche à accroître sa compétitivité par rapport aux pays à bas salaires. Les pays les moins avancés (PMA) s efforcent d améliorer leur productivité et leur savoir-faire. L Italie et l Australie concentrent leurs efforts sur des créneaux et des éléments qui requièrent peu d effort manufacturier. La Californie (dont la main-d œuvre dans l industrie du vêtement est supérieure à celle du Canada) met l accent sur des chaînes d approvisionnement rapides qui tiennent compte des exigences de temps de cycles des usines locales, antillaises et asiatiques. 2

La lumière au bout du tunnel Nous espérons que les entreprises canadiennes ont aussi l intention de se battre pour défendre leur part de marché et qu elles sont convaincues que les occasions à saisir existent en nombre suffisant. Le marché américain a été et continue d être important pour l industrie canadienne du vêtement. Toutefois, les entreprises canadiennes ont accaparé uniquement 1 % de ce marché. Chaque point de pourcentage acquis sur le marché américain équivaut à des livraisons manufacturières de 1,5 milliard de dollars. Ce qui porte à croire que les entreprises canadiennes peuvent compenser les pertes de livraisons manufacturières prévues dans le présent rapport et être viables simplement en augmentant de 1 % leur part de marché aux États-Unis. Toutefois, pour y arriver, les entreprises de vêtements doivent changer : elles doivent cesser d exploiter leurs activités de façon médiocre tout au long de la chaîne de valeur et se spécialiser pour devenir de classe mondiale dans certains éléments de la chaîne de valeur et conclure des partenariats dans d autres. Loin de constituer une liste exhaustive, le présent rapport propose huit stratégies possibles permettant aux entreprises canadiennes du vêtement d être concurrentielles. Les dirigeants d entreprises manufacturières reconnaissent de façon intuitive la nécessité de changer. Notre étude fait valoir que malgré la perte d emplois dans le secteur de la production, l industrie a l intention d engager plus de 3 000 employés de bureau possédant des compétences dans les domaines de la logistique, des ventes et de la commercialisation. En mettant en œuvre les changements requis, une industrie du vêtement de taille réduite verra sa main-d œuvre passer de cols bleus à cols blancs. Compréhension des obstacles La consultation des dirigeants d entreprises manufacturières a mis en lumière non seulement la restructuration de l industrie expliquée ci-dessus, mais aussi les défis qu elle devra relever pour y arriver. Les principaux obstacles au changement sont les suivants : La plupart des dirigeants sont conscients des accords de libre-échange qui entreront en vigueur et ils croient qu ils seront lourds de conséquences. Toutefois, un pourcentage étonnant de sociétés, soit 83 %, ne dispose pas de stratégies claires pour faire face à ces changements. Il existe actuellement une pénurie d employés de bureau compétents possédant une formation dans l industrie du vêtement. La mauvaise image de l industrie et ses piètres pratiques de rémunération nuisent considérablement aux efforts de recrutement. La formation est souvent inappropriée pour soutenir la mise en œuvre des nouveaux modèles opérationnels. La plupart des entreprises n appliquent pas les meilleures pratiques élémentaires en matière de ressources humaines pour attirer les employés compétents dans le contexte actuel. 3

Recommandations D autres entretiens avec les dirigeants et les directeurs des ressources humaines nous ont amenés à grouper les enjeux et les recommandations sous trois objectifs principaux, par ordre de priorité : Objectif 1 : Amélioration des compétences en gestion Objectif 2 : Amélioration de la communication avec le secteur de l éducation Objectif 3 : Élargissement du rôle du CRHIV pour fournir un plus grand nombre de services-conseils en ressources humaines Objectif 1 : Amélioration des compétences en gestion Traversant une période difficile, les entreprises doivent se doter d une orientation stratégique claire pour survivre et prospérer. Étant donné que 83 % des sociétés ont indiqué qu elles ne disposaient d aucun plan pour surmonter les obstacles, le CRHIV devrait définir un programme pour améliorer rapidement les compétences en gestion. Ce programme comprendrait les principaux éléments suivants : Fournir aux entreprises les principaux outils nécessaires pour se livrer à un exercice de planification stratégique, notamment : (1) des ateliers de formation sur l établissement de stratégies, (2) l information factuelle et analytique requise comme une étude comparative de l industrie canadienne du vêtement, et (3) des renseignements détaillés sur le marché américain. Aider les entreprises individuelles à effectuer une étude de diagnostic et à planifier leurs stratégies. Soutenues par des consultants, les entreprises pourraient établir des plans d action pour régler leurs problèmes particuliers. Fournir de la formation particulière sur des sujets pertinents comme le «lean manufacturing», l impartition et les meilleures pratiques en matière de ressources humaines pour aider les sociétés à mettre en œuvre les nouveaux modèles opérationnels. Étant donné l environnement changeant, le CRHIV pourrait aussi se tenir au courant des plus récents modèles opérationnels afin de continuer de soutenir judicieusement les entreprises. Par exemple, il est probable que l industrie traversera une période de regroupement. Le cas échéant, il pourrait être nécessaire que le CRHIV fournisse du soutien en matière de ressources humaines dans un contexte de fusions et d acquisitions. Objectif 2 : Amélioration des communications avec le secteur de l éducation Le CRHIV doit travailler de concert avec le secteur de l éducation pour combler les écarts entre les besoins des entreprises en évolution et la formation fournie par les établissements d enseignement. Nous croyons que quatre initiatives principales doivent être prises pour atteindre cet objectif, notamment : Élargir le réseau des institutions d enseignement pour inclure des fournisseurs de formation traditionnellement ignorés de l industrie du vêtement, comme par exemple des entreprises de formation en gestion de chaîne d approvisionnement. 4

Rencontrer les fournisseurs de formation (traditionnels et nouveaux) pour discuter des conclusions de l étude, des besoins futurs et des nouveaux programmes de formation possibles indiqués dans le présent rapport. Rechercher des modèles innovateurs de programmes d apprentissage, d enseignement coopératif et d incubation en vigueur dans d autres industries et d autres pays pour améliorer la situation actuelle. Entreprendre une campagne de relations publiques pour rehausser l image de l industrie afin d encourager les candidats éventuels, les étudiants et les conseillers en orientation à considérer l industrie du vêtement comme un débouché intéressant. Encourager la formation des employés actuels et mettre au point des programmes d adaptation pour les travailleurs déplacés. Promouvoir l apprentissage permanent pour contribuer à maintenir la compétitivité future de l industrie. Objectif 3 : Fournir un plus grand nombre de services-conseils en ressources humaines En général, la gestion des ressources humaines n est pas une grande priorité de l industrie. Toutefois, elle devra le devenir si les entreprises veulent se transformer avec succès. Même si la taille de l industrie est appelée à diminuer, les sociétés qui survivront et seront prospères devront mettre en œuvre les meilleures pratiques en matière de ressources humaines pour rivaliser avec les autres entreprises afin d attirer les employés compétents. Étant donné que de nombreuses entreprises sont petites, elles n ont peut-être pas un service des ressources humaines suffisamment développé à l interne. Par conséquent, le CRHIV devrait envisager : de mettre rapidement en œuvre un service de conseils en ressources humaines virtuel sur Internet; d évaluer la demande potentielle pour un centre d appels offrant des services spécialisés en ressources humaines aux petites entreprises. Prochaines étapes : Une course contre la montre Étant donné la rapidité du changement et l entrée en vigueur de l accord de l OMC en 2005, la survie de nombreuses sociétés qui ne pourront pas s adapter dans des délais très courts sera menacée. Ces recommandations visent donc à venir en aide rapidement à l industrie. Le présent rapport comprend les principales dates repères et le chemin critique de mise en œuvre. Des mesures doivent être prises dans les mois à venir afin de respecter les délais indiqués. La pression sera grande sur le CRHIV pour qu il produise ces programmes à temps afin d apporter une aide concrète à l industrie. Par conséquent, le CRHIV devrait immédiatement prendre connaissance des échéanciers, des possibilités de financement et des exigences en matière d effectifs pour mettre en œuvre les recommandations dans les délais suggérés. 5

Remerciements Ce document constitue notre rapport final de l étude sur le marché du travail. Nous remercions le CRHIV et DRHC de nous avoir confié ce très important mandat. Nous remercions également le Conseil, ses administrateurs et le comité de direction chargé de ce dossier pour leur aide et leur soutien tout au long de cette étude. Nous souhaitons également remercier tous les cadres de l industrie canadienne du vêtement qui nous ont aidés à compléter ce projet en participant aux forums, aux sondages et aux entrevues. Ayant travaillé de près avec les dirigeants de l industrie du vêtement, nous sommes parfaitement conscients de l importance de ce projet et de la nécessité de le mettre en œuvre avec succès. Nous espérons que cette étude s avérera un élément crucial du plan visant à garantir la viabilité future de l industrie canadienne du vêtement et à préserver son rôle important dans l économie et le marché du travail canadiens. 6

3. APERÇU DE L INDUSTRIE CANADIENNE DU VÊTEMENT 3.1 Composition de l industrie Selon INDUSTRIE CANADA, l industrie canadienne du vêtement occupe le sixième rang des industries manufacturières au pays et fournit de l emploi à environ 100 000 personnes travaillant dans 3 900 établissements. Elle représente 2 % du produit intérieur brut canadien de l ensemble du secteur manufacturier et 4 % des investissements faits dans ce secteur, et elle emploie 4,4 % de la main-d œuvre manufacturière totale. L industrie canadienne du vêtement est très fragmentée : Toutes les provinces et tous les territoires fabriquent des vêtements. Le Québec représente 55 % de la valeur de la production canadienne de vêtements, mais l Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique sont aussi des acteurs importants. Environ les trois-quarts des entreprises comptent moins de 50 employés. Les fabricants de vêtements canadiens sont présents dans de nombreux secteurs dont cinq représentent 49 % des livraisons manufacturières et emploient 58 % de la maind œuvre. LIVRAISONS MANUFACTURIÈRES CANADIENNES PAR SECTEUR EN 2001 ESTIMATION DU POURCENTAGE D EMPLOYÉS PAR SECTEUR EN 2001 Autre (12) 51% Sous-traitance des activités de coupe et de couture 14% 6% 6% 15% 8% Pantalons et jeans pour homme et garçon Bas et chaussettes Vêtements d extérieur pour femme et fille Complets, manteaux et pardessus pour homme et garçon Source : Statistiques Canada Autre (12) 42% 6% Pantalons et jeans pour homme et garçon 6% 27% 8% Bas et chaussettes Sous-traitance des activités de coupe et de couture 11% Complets, manteaux et pardessus pour homme et garçon Vêtements d extérieur pour femme et fille 3.2 Tendance à la baisse Depuis des années, la tendance est à la baisse dans l industrie canadienne du vêtement. Les livraisons manufacturières canadiennes ont chuté de 2,84 % en moyenne entre 1999 et 2002 : 7

LIVRAISONS MANUFACTURIÈRES CANADIENNES DE VÊTEMENTS (en millions de dollars canadiens) 7 392 $ 7 380 $ 6 992 $ 6 780 $ TCAC*: - 2,84 % 1999 2000 2001 2002 Source : Statistique Canada La progression constante des importations au Canada au cours de la même période peut expliquer cette situation : IMPORTATIONS TOTALES DE VÊTEMENTS AU CANADA (en millions de dollars canadiens) 4 720 $ 5 311 $ 5 895 $ 6 086 $ TCAC*: 8,84 % 1999 2000 2001 2002 Source : Données sur le commerce en direct, Industrie Canada * TCAC = taux de croissance annuel composé 8

La Chine a enregistré la plus forte hausse: POURCENTAGE DE PART DU MARCHÉ CANADIEN DES IMPORTATIONS (en valeur) Inde Mexique Hong Kong États-Unis 100 % 100 % 100 % 6,53 100 % 6,88 6,65 3,89 4,91 10,34 3,48 9,65 8,72 6,47 16,69 14,44 12,23 11,03 6,84 5,08 Chine 23,05 25,22 26,24 31,23 Tous les autres 39,79 39,92 41,37 39,35 1999 2000 2001 2002 Source : Données sur le commerce en direct, Industrie Canada Les fabricants canadiens ont en partie compensé cette hausse en augmentant principalement leurs exportations aux États-Unis: DESTINATION DES EXPORTATIONS CANADIENNES DE VÊTEMENTS (en millions de dollars canadiens) Tous les autres pays 2 749 $ 109 $ 3 042 $ 114 $ 2 960 $ 112 $ 3 069 $ 135 $ TCAC: 7,35 % États-Unis 2 640 $ 2 928 $ 2 848 $ 2 934 $ 3,59 % 1999 2000 2001 2002 Source : Données sur le commerce en direct, Industrie Canada 9

Par conséquent, les exportations aux États-Unis, représentant 43 % de la production de l industrie manufacturière canadienne, revêtent une importance accrue: DESTINATION DES VÊTEMENTS FABRIQUÉS AU CANADA Vendus au Canada Exportés aux États-Unis 55 % 43 % 2 % Exportés ailleurs Source : Statistique Canada et Données sur le commerce en direct, Industrie Canada Toutefois, la part de marché du Canada aux États-Unis est très modeste et ne représente que 3 % des importations: RÉPARTITION DES IMPORTATIONS AUX ÉTATS-UNIS (en valeur) Mexique 17 % 13 % Chine 10 % Indonésie Corée du Bangladesh Sud Philippines 4 % 4 % 3 % Thaïlande 3 % 3 % 3 % Canada 40 % AntillesI Autre Source : OTEXA Si l on tient compte de la production américaine, la part canadienne du marché du vêtement aux États-Unis ne s établit plus qu à environ 1 %: RÉPARTITION DU MARCHÉ DU VÊTEMENT AUX ÉTATS-UNIS (en valeur) 55 % 44 % Fabriqués aux États-Unis Importés d ailleurs 1 % Importés du Canada Source : Département du Commerce des É.-U., Bureau de recensement des É.-U. et Otexa 10

La diminution des livraisons manufacturières a entraîné une baisse de l emploi: NOMBRE D EMPLOYÉS DE L INDUSTRIE CANADIENNE DU VÊTEMENT (en milliers) 145,1* 133,2 104,1 94,9 TCAC: -13,2 % 1999 2000 2001 2002 *approximatif Source : Statistique Canada Aux États-Unis, la diminution de l emploi a été encore plus marquée: NOMBRE D EMPLOYÉS DE L INDUSTRIE AMÉRICAINE DU VÊTEMENT (en milliers) 690 473 424 361 TCAC: - 19,41 % 1999 2000 2001 2002 Source : Département du Travail des É.-U., Bureau of Labour Statistics, Employment and Earnings L élimination des contingents et l ouverture encore plus grande des marchés intérieurs au commerce international en 2005 accentueront les pressions sur la main-d œuvre de l industrie canadienne du vêtement, car les fabricants canadiens devront faire face à la concurrence accrue des pays à bas salaires pour préserver leur part du marché intérieur et leur part du marché américain. 11

3.3 Pressions accrues des détaillants Au Canada et aux États-Unis, l industrie du commerce de détail a traversé une période de transformation dont les répercussions sur l industrie du vêtement n ont pas fini de se faire sentir. Ces dernières années, les magasins de rabais et les magasins spécialisés ont accru leur part de marché aux dépens des chaînes nationales, des grands magasins et des boutiques indépendantes : VARIATION DES VENTES DE VÊTEMENTS POUR FEMME (EN 2002 PAR RAPPORT À 2001), PAR CANAL DE DISTRIBUTION 23 % 15 % 1 % Magasins à rabais Magasins spécialisés Tous les autres -5 % Grands Magasins -4 % Chaînes nationales Source : Groupe NPD Cette tendance a exacerbé la concurrence basée sur les prix, ce qui a entraîné la faillite de certains détaillants, des fusions et des acquisitions. La concentration de l industrie du commerce de détail aux États-Unis a été telle que parmi les 100 plus grands détaillants, 10 réalisent maintenant 53 % des ventes: PART DE MARCHÉ DES 100 PLUS IMPORTANTS DÉTAILLANTS AMÉRICAINS EN 2002 100 10 100% 53 % 90 47 % 100 plus importants détaillants américains Source : Fédération nationale du détail Volume des ventes total 100 plus importants détaillants 12

Dans ce contexte, le rapport de force est renversé : des détaillants moins nombreux et plus importants imposent des exigences plus grandes à des fabricants de vêtements de plus petite taille, tels que : Embaucher du personnel de production pour vérifier le coût réel de fabrication et fixer dorénavant la marge bénéficiaire que les fabricants peuvent dégager; Investir considérablement dans les technologies de l information qui permettent de faire le suivi du rendement de certains articles et tendances mode; Réduire leurs niveaux de stock (refusant de tenir des approvisionnements supérieurs à plus de 60 jours); de plus en plus exigeants envers les fabricants pour qu ils offrent des cycles de production plus courts et des délais plus courts; Exercer des pressions croissantes sur les fabricants pour qu ils fournissent des produits de plus grande qualité à prix inférieurs; Exiger que la création de nouveaux produits atteignent des niveaux supérieurs; Imposer des frais pour les livraisons en retard; Imputer des frais aux fournisseurs, leur demandant de payer un pourcentage du coût des invendus, que les articles leur soient retournés ou non; Exiger des fabricants qu ils paient une partie des frais publicitaires (publicité à frais partagés) et qu ils accordent des rabais, comme des remises sur quantité ou des réductions en vue de l ouverture de nouveaux magasins; Créer leurs gammes de marque maison au détriment des marques des fournisseurs, ce qui diminue la rentabilité des fournisseurs et l importance de ces derniers pour le détaillant et le consommateur. Les détaillants ont ainsi accaparé une plus grande part de bénéfice, réalisant un BAIIA moyen (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) de 3 % comparativement à 1,5 % pour les fabricants de vêtements. BAIIA MOYEN EN 2002 3,0 % 1,5 % Détaillants Fabricants de vêtements Source : Statistique Canada, Indicateurs de performance financière 13

Toutefois, le marché du commerce de détail présente plusieurs tendances pouvant jouer en faveur des fabricants de vêtements canadiens : Comme l illustre le marché des vêtements pour femme, les magasins spécialisés ne lâchent pas prise. Les détaillants cherchent à exploiter de nouveaux créneaux et les concepts sont définis plus rigoureusement afin de concurrencer les magasins de rabais. Par exemple, des détaillants comme Jacob et Aldo ont ouvert des magasins spécialisés, en l occurrence Jacob Junior et Aldo Kids. Les boutiques Bebe ont lancé Bebe Sport qui vend des vêtements sport à la femme active dans la trentaine. Les fabricants de vêtements possédant une connaissance approfondie des marchés de niche peuvent tirer parti de ces points de vente qui ont besoin de nouveaux produits innovateurs pour leur clientèle cible différente. Non seulement les consommateurs veulent en avoir pour leur argent, mais selon les groupes de discussion et les études menées par Richter Conseil, ils recherchent également des produits et des modèles innovateurs. Par conséquent, les fabricants de vêtements canadiens possédant une connaissance approfondie des tendances de consommation seront bien placés pour accroître leurs ventes en Amérique du Nord. 14

4. PRINCIPAUX ACCORDS COMMERCIAUX INTERNATIONAUX EN VIGUEUR À l instar d autres pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, le Canada subit durement les contrecoups des accords commerciaux internationaux, comme l accord de l OMC sur les textiles et les vêtements et les concessions aux pays les moins avancés, qui visent à réduire les restrictions en matière d importations en éliminant ou en réduisant les contingents et les tarifs d importation. 4.1 Accord de l OMC sur les textiles et les vêtements Le 1 er janvier 1995, l accord de l OMC sur les textiles et les vêtements est entré en vigueur dans les pays signataires (y compris la Chine depuis décembre 2001). Par conséquent, en janvier 1995, 1998 et 2002, les tarifs ont été réduits et les contingents éliminés dans diverses catégories. Le 1 er janvier 2005, les derniers contingents d importation seront levés quand la dernière phase d élimination des contingents entrera en vigueur. L accord de l OMC sur les textiles et les vêtements précise le pourcentage du secteur des vêtements qui doit être libre de contingents à chaque date. Toutefois, il laisse à chaque pays signataire le choix du segment de marché à libéraliser à chaque période. Le Canada a donc commencé par ouvrir son marché aux catégories les moins névralgiques. Il subira les conséquences les plus graves à partir du 1 er janvier 2005, date de la mise en œuvre de l accord dans son ensemble. L annexe A fournit plus de précisions sur le calendrier d entrée en vigueur de l accord de l OMC au Canada et aux États-Unis. 4.2 Concessions aux pays les moins avancés (PMA) Le 28 juin 2002, le gouvernement canadien a annoncé qu à partir du 1 er janvier 2003, 48 pays moins avancés (dont le Bangladesh, le Cambodge, le Laos et Haïti) bénéficieraient de l élimination des contingents et des tarifs sur leurs exportations vers le Canada. À cause de règles laxistes sur l origine exacte des produits, les textiles en provenance de pays comme la Chine peuvent être expédiés dans les PMA (généralement en franchise de droits), être cousus en vêtements et importés au Canada hors contingent et en franchise de droits de douane. En comparaison, un fabricant canadien doit payer des droits de douane pour importer les mêmes tissus, ce qui le défavorise en partant. Lorsqu on tient compte des répercussions de l accès hors contingent et sans franchise de droits combiné aux faibles coûts de main-d œuvre que l on retrouve généralement dans les PMA, il en coûterait 39 % moins cher d importer un vêtement fini que le produire au pays. Les nouvelles règles viennent en aide aux importateurs, mais elles constituent une sérieuse menace pour les fabricants canadiens contraints de livrer concurrence à des importateurs exonérés de droits de douane. 15

4.3 Accords commerciaux américains Les États-Unis ont reconnu que dans de nombreux cas, ses fabricants ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec les pays à bas salaires. Pour sauver quelques entreprises de vêtements et de textiles, le gouvernement américain a conclu plusieurs accords commerciaux, notamment le «Caribbean Trade Partnership Act» (CTPA), le «African Growth Opportunities Act» (AGOA) et le «Andean Trade Preference Act» (ATPA). De façon générale, ces accords permettent l expédition de tissus et de fils fabriqués aux États-Unis à certains pays des Antilles, d Amérique du Sud et d Afrique qui en font des vêtements et les réimportent aux États-Unis en franchise de droits de douane et hors contingent. Conséquence de ces accords, non seulement les fabricants canadiens doivent livrer concurrence aux pays à bas salaires en vertu de l accord de l OMC pour accaparer une part du marché américain, mais ils doivent aussi affronter les sociétés américaines qui peuvent produire, en franchise de droits et hors contingent, des vêtements dans des pays à bas salaires. Même s il est prévu que certains de ces avantages seront étendus aux entreprises canadiennes dans le cadre de la zone de libre-échange des Amériques, cet accord n entrera pas en vigueur avant janvier 2005. 4.4 Fin du programme de remise de droits Au départ, le programme de remise de droits, qui prendra fin le 31 décembre 2004, était une mesure de transition visant à aider les fabricants à s adapter à la concurrence dans un contexte de libéralisation grandissante du commerce. Beaucoup d entreprises canadiennes continuent de compter sur ce programme et leur rentabilité en souffrira lorsqu il prendra fin. 16

5. IMPACT À CE JOUR DES ACCORDS COMMERCIAUX INTERNATIONAUX 5.1 Augmentation en flèche des importations au Canada À la suite de la libéralisation du commerce, les importations au Canada en provenance des pays à bas salaires ont grimpé en flèche. Pour la période de janvier à mai 2003 comparativement à 2002, les licences d importation au Canada ont augmenté de 19 %, les pays les plus avantagés étant la Chine et les PMA : AUTRES PAYS PMA CHINE 19,3 % 75,7 % 48,4 % LICENCES D IMPORTATION DANS LE SECTEUR DU VÊTEMENT AU 31 MAI (en millions d unités) 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 PMA États-Unis Inde Chine Autres 2001 2002 2003 Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international Les importations mondiales continuent d augmenter, mais depuis son entrée dans l OMC en décembre 2001, la Chine devient rapidement la plus sérieuse menace. Par ailleurs, les PMA, qui traditionnellement occupaient une petite part de marché, ont gagné du terrain (et ont dépassé les États-Unis) à la suite des concessions qu ils ont obtenues et qui sont entrées en vigueur le 1 er janvier 2003. En avril 2003, le marché canadien des importations se répartissait comme suit : RÉPARTITION DU MARCHÉ CANADIEN DES IMPORTATIONS EN AVRIL 2003 (en unités) Tous les autres pays 45 % 7 % 7 % Chine 29 % 12 % PMA États-Unis Inde Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international 17

5.2 Augmentation des importations favorisée par l élimination des contingents en 2002 En janvier 2002, les contingents d importation au Canada ont été supprimés dans plusieurs catégories, y compris les vêtements pour bébé, les chemises et les blouses maille et tissées pour femme et fille, les chemises maille pour homme et garçon et les vêtements de bain. Une nouvelle tendance est apparue à la suite de l élimination des contingents. Les importations ont grimpé en flèche dans les catégories auparavant soumises à des taux d utilisation des contingents traditionnellement élevés (c est-à-dire dans lesquelles les importations étaient efficacement limitées). Le tableau ci-dessous illustre les taux d utilisation des contingents en 2001 pour la Chine et la hausse subséquente des importations chinoises quand les contingents ont été abolis en 2002 : TAUX D UTILISATION DES CONTINGENTS EN 2001 CATÉGORIE AUGMENTATION DES IMPORTATIONS EN 2002 91 % Vêtements pour bébé 157 % 100 % 100 % 100 % 90 % 90 % 90 % Chemises et blouses maille pour femme et fille Chemises et blouses tissées pour femme et fille Chemises maille pour homme et garçon 68 % 92 % 191 % 81 % Vêtements de bain 19 % Source : Données sur le commerce en direct, Industrie Canada Non seulement les importations chinoises ont explosé, mais les importations dans ces catégories en provenance des autres pays se sont également accrues. 18

VARIATION DES IMPORTATIONS AU CANADA DE 2001 À 2002 157 % 191 % 92 % 68 % 5 % 41 % 13 % 19 % 6 % Vêtements pour bébé Chemises/blouses en maille pour femme et fille Chemises/blouses tissées pour femme et fille Chine Autres pays -5 % Vêtements de bain Chemises maille pour homme et garçon Source: Données sur le commerce en direct, Industrie Canada Les principaux secteurs de l industrie canadienne du vêtement sont actuellement protégés par des contingents à taux d utilisation élevés. Cette flambée des importations en 2002 soulève de sérieuses interrogations sur l avenir de ces secteurs en 2005. Cette question sera examinée en détail au point 7 du présent rapport. 5.3 Les exportateurs canadiens aux prises avec des difficultés comparables aux États-Unis Non seulement les entreprises canadiennes ne sont plus concurrentielles sur leur marché intérieur, mais elles font face à des problèmes similaires aux États-Unis, leur principal marché d exportation. En janvier 2002, les contingents d importation ont été abolis aux États-Unis dans plusieurs catégories, notamment les peignoirs en coton et en synthétique, les sous-vêtements; les robes, chemises, jupes, ensembles et pantalons en soie, ainsi que les vêtements de nuit. Depuis l élimination de ces contingents, les entreprises canadiennes font face à la concurrence féroce de la Chine et des autres pays importateurs : 19

% DE VARIATION DES UNITÉS EXPÉDIÉES AUX ÉTATS-UNIS DE 2001 À 2002 618 % 826 % 524 % 571 % 133 % 33 % 21 % 22 % 10 % 26 % 15 % Chine Autres pays -19 % -22 % Peignoirs en coton Peignoirs en synthétique Soutiens-gorge, sous-vêtements Vêtements pour bébé Source : OTEXA -43 % Canada Pantalons de soie *(taux d utilisation le plus bas) Comme c est le cas au Canada, nous remarquons que les catégories à taux d utilisation élevé (peignoirs, sous-vêtements) sont plus touchées que celles à taux d utilisation moindre (pantalons de soie). Le manque de compétitivité du Canada est flagrant quand on examine les écarts entre les prix FAB. Les peignoirs en synthétique et les vêtements pour bébé en sont des exemples éloquents : VARIATION DU PRIX FAB MOYEN DES PEIGNOIRS EN SYNTHÉTIQUE (au mètre carré) 10,25 $ 9,27 $ 5,83 $ 6,15 $ 5,07 $ 6,55 $ Chine Autres pays Canada 2001 2002 Source: OTEXA 20

Dans ce cas, le prix FAB moyen de la Chine a fléchi considérablement. Nous supposons que la Chine a maintenu artificiellement les prix élevés quand les contingents étaient en vigueur afin de réaliser un bénéfice, étant donné qu elle ne pouvait pas accroître son volume de production en raison de ces contingents. Quand les contingents ont été éliminés, la Chine a réduit ses prix pour réaliser une marge bénéficiaire plus normale. Pour concurrencer la Chine, les autres pays ont baissé leurs prix. Les sociétés canadiennes ne pouvaient pas rivaliser avec la Chine et les autres pays sur la base des prix dans les segments de marché à bas prix. Par conséquent, les fabricants canadiens ont perdu leur part de marché dans le segment bas de gamme et ont préféré se repositionner dans le haut de gamme, haussant ainsi ses prix FAB. VARIATION DU PRIX FAB MOYEN DES VÊTEMENTS POUR BÉBÉ (au mètre carré) 37,32 $ 44,86 $ 42,32 $ 19,02 $ 16,03 $ 16,70 $ Chine Autres pays Canada 2001 2002 Source : OTEXA Dans le cas des vêtements pour bébé, nous remarquons ici aussi une chute marquée du prix FAB de la Chine et des autres pays, vraisemblablement pour des raisons similaires à celles évoquées pour les peignoirs en synthétique. Les prix FAB canadiens sont restés élevés, indiquant que les fabricants canadiens étaient incapables de livrer une concurrence basée sur les prix, et par conséquent, ils n ont eu d autre choix que de cibler le marché haut de gamme. Il serait simpliste d extrapoler et d appliquer ces résultats à tous les autres secteurs de l industrie, mais le constat reste le même : l industrie canadienne du vêtement doit tirer des leçons de 2002 et s adapter en vue de 2005 quand tous les contingents seront éliminés. 21

6. RAISONS DU CHANGEMENT DANS LA COMPÉTITIVITÉ Pour mieux comprendre l impact de l élimination des contingents sur l industrie, il faut examiner les raisons du changement dans la compétitivité. Différents facteurs expliquent la hausse des importations. 6.1 Écarts entre les salaires Les entreprises canadiennes du vêtement continuent de perdre des parts de marché au profit des pays à bas salaires, à mesure que l écart entre les prix de la main-d œuvre se creuse : COMPARAISON DES TAUX DE SALAIRE (salaire horaire en dollars canadiens) 20.13 $ 16.60 $ 10.33 $ 0.22 $ 0.41 $ 0.48 $ 1.09 $ 1.55 $ 2.88 $ Inde Pakistan Chine Thaïlande Guatemala Mexique Corée du Sud Canada États-Unis Source : Annuaire des statistiques du travail, 2001, tenant compte des taux de change en vigueur depuis juillet 2003 Sans même tenir compte des questions évoquées plus loin et en supposant des coûts de matières premières et des taux de productivité identiques au Canada, il est évident que les fabricants canadiens ne peuvent rivaliser avec les entreprises installées dans les pays à bas salaires. Le graphique ci-dessous présentant la ventilation typique des coûts démontre qu en raison de l écart entre les salaires, le coût de production au débarquement d un produit Chinois (excluant les coûts indirects de production) est en moyenne 26 % plus bas qu au Canada : 22

COMPARAISON DU COÛT AU DÉBARQUEMENT ENTRE LE CANADA ET LA CHINE 100 % -26 % Main-d oeuvre Droits de douane et frais de transport 30 % 1 % 73 % 10 % 12 % Matières premières 60 % 60 % Canada Chine Droits de douane présumés de 16 % sur les importations de tissus et de 18 % sur les importations de produits finis. Frais de transport présumés de 2,5 % sur les matières premières. Source : Estimation de Richter Conseil 6.2 Subventions gouvernementales et mesures incitatives En plus du faible coût de la main-d œuvre, certains pays comme la Chine accordent à ses fabricants une réduction de taxes sur les articles exportés. Selon l American Textile Manufacturers Institute (l «ATMI»), la Chine accorde actuellement une réduction des taxes à l exportation de 10 %. L ATMI ajoute : «relativement à la prétendue réduction de la TVA, l Union européenne a constaté que l application de la TVA par la Chine est sélective et que dans le cas des articles exportés, la réduction de taxes est accordée même si la TVA n a jamais été payée». En plus de réductions de taxes à l exportation, d autres pays comme le Bangladesh offrent des congés fiscaux et des subventions à l emploi et à l investissement. 6.3 Sous-évaluation de la monnaie Lors d une récente conférence commanditée par l Institute for International Economics à Washington D.C., l Alliance des fabricants affirmait que le yuan est nettement sousévalué, ce qui se traduit par un avantage à l exportation de 40 % pour les entreprises chinoises. La plupart des économistes s accordent pour affirmer que la sous-évaluation du yuan pourrait atteindre les 30 %. Même si la manipulation des taux de change est illégale en vertu des règlements de l OMC et du FMI, aucun pays n a intenté de poursuite contre la Chine. 6.4 Propriété gouvernementale Dans certains systèmes économiques, les entreprises appartiennent entièrement ou en partie à l État. Dans ce cas, les exigences de rentabilité dans un libre marché ne s applique pas toujours et d autres aspects tels que la création d emploi l emportent sur la rentabilité. Par exemple, selon Textiles Intelligence Limited, la marge bénéficiaire 23

globale des entreprises exportatrices chinoises atteignait à peine 1 à 2 % au cours des dernières années. 6.5 Le virage de la compétence Le Canada dispose d une main-d œuvre qualifiée, ce qui n est pas le cas de plusieurs pays d Afrique et d Asie. Même si la compétence de la main-d œuvre dans ces pays ira en s améliorant, les pays comme le Canada bénéficient encore d un net avantage dans la fabrication de produits complexes. Contrairement aux pays où la main-d oeuvre est relativement inexpérimentée et où les capitaux manquent, la Chine peut compter sur des travailleurs qualifiés et sur des investissements considérables dans la modernisation de ses installations et de ses équipements de production. Elle s est aussi dotée de programmes de formation spécialement adaptés aux besoins de l industrie du vêtement (voir le point 9 pour plus de précisions). En conséquence, la Chine présente probablement la menace la plus sérieuse pour les fabricants de vêtements en Amérique du Nord et dans les pays en développement. 24

7. IMPACT ÉVENTUEL FUTUR SUR LE MARCHÉ CANADIEN 7.1 Expériences d autres pays développés Comme ce sera bientôt le cas au Canada, le Japon et l Australie n ont pas de système de contingentement et ils imposent des tarifs douaniers relativement minimes sur les vêtements. Dans ces deux pays, la Chine a réussi à accaparer 70 % du marché des vêtements : RÉPARTITION DU MARCHÉ JAPONAIS DU VÊTEMENT RÉPARTITION DU MARCHÉ AUSTRALIEN DU VÊTEMENT Tous les autres pays 23% 77% Tous les autres pays 30% 70% Chine Chine Aux États-Unis, l ATMI prévoit que la Chine va aussi détenir plus de 70 % du marché comme au Japon et en Australie : PART PRÉVUE DE LA CHINE AUX ÉTATS-UNIS 71 % TCAC : 52,87 % 44 % 13 % 20 % 22 % 2002 2003 2004 2005 2006 Source : ATMI Cependant, tous les analystes ne prédisent pas la domination de la Chine. Une étude publiée en décembre 2002 par le Harvard Center for Textile and Apparel Research mentionne que la nécessité de renouveler rapidement les stocks va inciter les fabricants de vêtements à se tourner davantage vers le Mexique et le bassin des Caraïbes dont les délais de livraison varient de quatre à neuf semaines contre sept à seize semaines pour la Chine. 25

L étude a analysé les habitudes d approvisionnement en produits à renouvellement rapide par rapport aux autres produits. En 1999, tandis que 82 % des exportations du Mexique vers les États-Unis étaient des articles à renouvellement rapide, cette catégorie ne représentait que 28 % des exportations de la Chine vers les États-Unis : 10 PRINCIPALES CATÉGORIES D IMPORTATION AUX ÉTATS-UNIS EN 1999 (en valeur) 100 % 100 % Produits renouvelés 28 82 Produits non-renouvelés 72 18 Chine Mexique Source: David Weil, Globalization in the Apparel and Textile Industries: What is New and What is Not?, information remise en forme par Richter Conseil L étude conclut que les détaillants continueront d exiger un nombre croissant de produits à renouvellement rapide, ce qui forcera les fabricants de vêtements à s approvisionner au Mexique et dans le bassin des Caraïbes plutôt qu en Chine. 7.2 Impact éventuel sur le marché intérieur canadien Environ 55 % des livraisons des fabricants canadiens sont destinées au marché intérieur évalué à 3,8 milliards de dollars, si l on exclut la valeur des livraisons sous contrat. Malheureusement, les statistiques canadiennes ne départagent pas la production locale des importations sur le marché canadien du vêtement. De plus, il est difficile d effectuer des calculs précis en raison des disparités entre les données CANSIM fournies par Statistique Canada et les données commerciales d Industrie Canada. Cependant, selon l information à notre disposition, nous estimons que les importations occupaient déjà une large part du marché avant 2002 : 26

PART DE LA PRODUCTION LOCALE COMPARATIVEMENT À CELLE DES IMPORTATIONS SUR LE MARCHÉ CANADIEN DU VÊTEMENT TCAC : Importations 49 % 53 % 60 % 61 % 7,57 % Fabrication locale 51 % 47 % 40 % 39 % - 8,55 % 1999 2000 2001 2002 Source : Estimation de Richter Conseil Au-delà de la diminution de 1 % de la part du marché intérieur, les pertes importantes subies dans les secteurs où les contingents ont été éliminés en 2002 sont autrement plus préoccupantes. Les catégories autrefois protégées par des contingentements efficaces ont perdu 7 % de part de marché : PART DU MARCHÉ INTÉRIEUR CANADIEN EN 2001 DES CATÉGORIES À TAUX D UTILISATION ÉLEVÉ, HORS CONTINGENT DEPUIS 2002* (en valeur) 43 % -7 % 40 % 2001 2002 * Comprend les vêtements pour bébé, les chemises et les blouses maille et tissées Source : Estimation de Richter Conseil La part de marché dans la catégorie à faible taux d utilisation (vêtements de bain) n a pas subi de baisse marquée après l abolition des contingentements, reculant d à peine 0,6 % : 27