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DOSSIER 21 Aidez-le à élaborer son projet PHOTOS/ILLUSTRATIONS DU DOSSIER RÉALISÉES PAR BERNARD DEMENGE POUR FAMILLE & ÉDUCATION Famille & éducation n o 495 janvier-février 2013

22 DOSSIER «Il est important QUE LE dialogue SOIT PLURIEL» Interview d Emmanuelle Reille-Baudrin, docteur en psychologie clinique du travail, au Cnam- Inetop (Institut national d étude du travail et d orientation professionnelle). Famille et éducation : comment aborder la question de l orientation avec son enfant afin d établir un vrai dialogue, sans a priori ni jugement? Emmanuelle Reille-Baudrin : l orientation implique un changement dans la vie de l adolescent. Ceci va provoquer un sentiment d inconfort, qui est aussi l énergie même du développement. Ainsi, l adolescent va se séparer de son établissement scolaire et de sa famille pour devenir un sujet dans le monde. Les parents sont alors un support pour rendre possible cette séparation, car ils sont source d altérité : ils énoncent leurs propres points de vue sur les formations, les métiers, apportent des connaissances, même informelles, sans chercher l accord ou le désaccord. Cependant, il est important que le dialogue soit pluriel : le jeune et ses parents, mais aussi son professeur principal, un conseiller d orientation, des copains Les choix se font très tôt. Comment aider les jeunes à appréhender la réalité des études supérieures, puis du monde professionnel? E. R.-B. : dès la maternelle, on peut parler aux enfants de certains métiers : le boulanger, le pompier, le médecin ; de son propre métier ou de celui d un grand-parent Les enfants ont une attirance très forte pour le monde extérieur. Il ne s agit pas pour autant de diriger plus tard le jeune dans ses choix, mais de l aider à donner un sens au monde qui l entoure. Toutes les occasions sont bonnes : les stages en entreprise, les salons, bien sûr, mais aussi les présentations vidéo de métiers par des professionnels sur Internet, les repas familiaux, une affiche dans la rue Jusqu où les parents peuvent aider leurs enfants et comment dégager ensemble un espace de réflexion, de discussion qui ne soit pas uniquement Famille & éducation n o 495 janvier -février 2013

23 Il ne s agit pas de diriger le jeune dans ses choix, mais de l aider à donner un sens au monde qui l entoure. assujetti aux échéances scolaires? E. R.-B. : les parents peuvent donner envie à leurs enfants de participer à la société dans laquelle ils vivent, en leur disant que l objectif de leur propre activité professionnelle, au-delà de la rémunération, c est de participer à son développement. Deux problématiques se croisent, dont on peut parler sereinement en famille et suffisamment en amont : la personnalité et les qualités de l enfant (ce que je sais de moi et ce que j ai envie de faire) et l organisation sociale des activités humaines, dont l accès est balisé par un cadre scolaire. C est une donnée, il faut faire avec, mais il importe d être acteur et de ne pas se laisser écraser par les procédures. Les adultes peuvent aider les jeunes à être armés pour ce type de navigation. Comment accompagner un enfant qui ne sait pas ce qu il veut faire ou, au contraire, a une idée trop précise? E. R.-B. : un choix est le compromis entre ce que l on souhaite faire et la réalité. Mais ce compromis n est jamais fixé une fois pour toutes. Un jeune peut vouloir, par exemple, être architecte, parce qu il rêve de construire des buildings à l autre bout du monde. Une fois son diplôme en poche, on lui propose d agrandir des bâtiments publics. Ce n est pas son projet initial et pourtant, il découvre que cela lui plaît autant. On peut se dire qu un parcours d orientation, c est une ligne droite qui nécessite des efforts, des tensions, mais peut être entrecoupée de chemins de traverse, de passerelles, qui permettent de souffler et de laisser s exprimer la créativité qu il y a en chacun d entre nous. Comment donner aux jeunes une image positive du monde du travail? E. R.-B. : il est urgent de séparer l emploi et le travail dans la tête des uns et des autres. Rabattre le travail sur l emploi, c est terrifiant car on ne sait pas de quoi, demain, l emploi sera fait! Et à force de parler emploi, on ne parle plus du travail. Or, le travail porte en lui le destin de l humanité. C est quelque chose de beau, qui fait que le monde existe et qu il va se développer. C est l histoire du don des générations précédentes. Soignons la jeunesse, donnons-lui envie de continuer. Aux parents et à l école de faire l éloge du travail et d expliquer aux jeunes comment le travail des uns va développer le métier des autres. Justement, on accorde de plus en plus d importance à l expérience professionnelle (stages de troisièmeseconde, stages pendant les études supérieures). Quelles sont les conditions pour que cela soit réussi? E. R.-B. : ces expériences, que l école propose et auxquelles les parents peuvent contribuer en emmenant leurs enfants sur leurs lieux professionnels, sont des moments exceptionnels, des espaces de transition entre ce que le jeune a en tête et la réalité. Mais pour qu elles soient véritablement enrichissantes, le rapport de stage ne suffit pas. Il faut instaurer un dialogue en classe pour que chacun fasse vivre ces différentes expériences avec les points de vue, les commentaires, les regards des autres. Au-delà des stages, comment bien informer les élèves sur les métiers? E. R.-B. : je pense qu il ne faut pas chercher le bon document, mais le plus de documents possible. D ailleurs, plus il y a d ambivalences et de contradictions et plus cela donne aux jeunes l envie de réfléchir. Un métier, c est à la fois un besoin que la société a prescrit, une aventure humaine (des hommes en relation avec les autres) et une histoire personnelle. Il est important que les jeunes, en dehors des fiches sur les métiers, entendent des témoignages. La motivation, c est souvent une injonction. Or, elle ne se décrète pas : que peut-on mettre derrière ce mot? E. R.-B. : effectivement, on n est pas motivé en soi, mais par et pour quelque chose. Ce par et ce pour, le jeune ne les a pas en lui. Il va pouvoir les développer, en découvrant le monde dans lequel il vit, en développant ses relations avec les autres, en multipliant les formations La motivation est un concept composite, où interviennent beaucoup les notions de confiance en soi, la façon dont l enfant s attribue ce qu il fait Être motivé, c est avoir envie de contribuer au monde et il y a mille façons de le faire! PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE BOCQUET

24 DOSSIER 3 QU EST CE QU UN BDI? 5 CRÉER UN BDI 8 ANIMER UN BDI 12 LE BDI AU QUOTIDIEN 14 LES DÉFIS DE DEMAIN LES ÉQUIPES DE PILOTAGE D ACCOMPAGNEMENT À L ORIENTATION Elles sont organisées dans les académies, diocèses, et les établissements pour promouvoir, coordonner, recenser des actions concernant l orientation et mettre en synergie toutes les initiatives qui aideraient les jeunes dans la connaissance d eux-mêmes, dans l accès à l information, dans la découverte du monde professionnel et ainsi permettre d éclairer leur choix. Ces équipes sont composées, autour du chef d établissement, de représentants d élèves, d enseignants, de parents, de membres de l équipe pédagogique, de parents animant le BDI Orientation, de personnels de vie scolaire, d animateurs de la vie pastorale, du psychologue de l éducation. Le BDI au cœur de l orientation LE BUREAU DE DOCUMENTATION ET D INFORMATION LE BDI ORIENTATION Au sein d un établissement scolaire de l enseignement catholique, il est ouvert à tous les élèves. Des adultes formés les accueillent et mettent à leur disposition les informations relatives aux métiers, filières de formation, cursus d études. Sous la responsabilité de l Apel et du chef d établissement, il est animé par des parents d élèves, des professeurs, des documentalistes ou toute personne bénévole formée et engagée par une charte assurant son engagement et son respect du caractère confidentiel des échanges. AU SEIN DE L ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE, l orientation, ÇA BOUGE! Jérôme Pallé / Onisep L avis de l GUIDE ÉLÈVE JE DÉCOUVRE MON WEBCLASSEUR ORIENTATION L'adresse web (ou URL) pour se connecter est : Mes identifiants : J'inscris mes identifiant et mot de passe personnels transmis par mon professeur : Mon identifiant : Mon mot de passe : Les identifiants de la classe (pour mes parents) : Identifiant : Mot de passe : Janvier 2012 - V3 Nos projets pour 2013 Avec l implication forte de l ensemble des services Information et conseil aux familles (ICF) l Apel souhaite mettre tout en œuvre, pour favoriser le développement des équipes de pilotage d accompagnement à l orientation dans chaque établissement scolaire. Dans la poursuite de ce projet, les services ICF participeront, avec le soutien de chaque Apel de collège et lycée à l implantation de BDI Orientation, pour que chaque jeune puisse en bénéficier dans son établissement. Véronique Bilbault, responsable du service ICF. LE WEBCLASSEUR ORIENTATION est un outil numérisé qui est au service de l orientation, sorte de portfolio qui va suivre l élève tout au long de son parcours scolaire, de la 5 e à la terminale. Le webclasseur est développé par l Onisep. Une version spécifique à l Enseignement catholique a été mise en ligne, afin de donner la possibilité de déposer des informations supplémentaires concernant nos établissements. Le webclasseur orientation aide l élève à construire des axes de réflexion et il doit être un support d échanges entre les adultes impliqués dans l orientation et le jeune. LE SITE DE L ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE http://orientation.enseignement-catholique.fr/site/index.php est dédié à l orientation et propose dans trois grandes rubriques destinées aux parents, aux élèves, et aux équipes éducatives des éléments d information indispensables pour mieux comprendre l orientation, ses enjeux, son calendrier. Le site est le point d entrée pour accéder au webclasseur, outil de la démarche d orientation. MARTINE CARRÉ

25 Choisir sa FORMATION DANS LE SUPÉRIEUR Pour réussir son inscription dans le supérieur, il faut allier une bonne connaissance de soi à une information précise sur ce qui est attendu dans chaque type de formation. Revue de détails. UN cursus général À L UNIVERSITÉ POUR LES PLUS MÛRS PROFIL REQUIS Autonomie dans le travail Bonne gestion de son temps Quelle que soit la matière, la capacité à anticiper et à s astreindre à un travail régulier sont les conditions premières de la réussite d un étudiant à l université. «On considère que le jeune est apte à travailler seul. On ne va pas lui indiquer toutes les étapes intermédiaires d un travail. S il doit avoir étudié une œuvre, il faut qu il ait lu les critiques qui ont travaillé dessus et qu il se soit entraîné aux sujets de dissertation qui sortent le plus souvent à propos de cette œuvre», précise Martine Vanhamme-Vinck, directrice du CIO médiacom, à Paris. Avec cela en tête, et une bonne planification de son travail, on peut très bien réussir à l université et y être heureux. 80 % des bacheliers qui s inscrivent en L1 sont dans la fi lière qui correspond à leur choix. UNE LICENCE DE sciences, ENTRE THÉORIE ET RECHERCHE APPLIQUÉE PROFIL REQUIS Passion pour une science Goût pour la recherche Vous aimez les sciences de la vie et de la terre, et rien d autre. Vous adorez la chimie et pas du tout la physique Les études scientifiques à l université sont faites pour vous. Vous pourrez vous concentrez sur ce que vous aimez, vous aurez accès à la recherche et vous aurez des enseignants pointus dans votre discipline de prédilection. Les travaux pratiques et les cours s y déroulent désormais en petits groupes, car ces cursus ne font pas le plein. Quant aux débouchés, ils sont déjà multiples et continuent de se développer dans un monde de plus en plus scientifique. Selon les enquêtes du Céreq sur l insertion professionnelle des jeunes diplômés, 70 % des titulaires d une licence de mathématiques ou de sciences s insèrent rapidement et de façon stable dans le monde du travail.

26 DOSSIER ALTERNANCE, LE GOÛT DU TRAVAIL Il faut bien choisir sa classe préparatoire en fonction de son niveau et de sa personnalité. MARTINE VANHAMME-VINCK, DIRECTRICE DU CIO MÉDIACOM, À PARIS Profil requis Envie de ne pas être toujours à l école Besoin de se confronter à la pratique Aujourd hui, 14 % des étudiants choisissent les études en alternance pour avoir un pied dans l entreprise et l autre en formation. Leur nombre a augmenté de 8 % entre 2010 et 2011, parce que c est un bon moyen d améliorer son insertion professionnelle. De plus, l étudiant est rémunéré et son entreprise paie ses droits de scolarité. La formule permet de mettre en pratique tout de suite les enseignements théoriques. En revanche, elle nécessite une bonne résistance physique, car le rythme est lourd et les vacances sont celles d un salarié classique. Les classes préparatoires, SELON SON NIVEAU PROFIL REQUIS Envie de rester généraliste Penchant pour la compétition Ambition «La prépa est réservée aux élèves qui ont au-dessus de 12 de moyenne», conseille Lionel Martin, professeur principal en terminale Pourtant, ce sont moins les notes qui comptent pour intégrer ces classes au rythme intensif, que le goût des études. «En fait, il existe des classes préparatoires de niveaux très différents», précise Martine Vanhamme-Vinck. «On peut apprécier le travail intellectuel par goût des disciplines étudiées, par ambition d intégrer une grande école, ou par plaisir de la compétition. Après, il faut bien choisir sa classe préparatoire en fonction de son niveau et de sa personnalité», conseille-telle. Certains se sentiront mieux s ils sont en tête de classe, d autres aimeront avoir à se battre pour gagner une ou deux places. L essentiel, c est de ne pas viser plus haut que ce que l on peut supporter. Si 70 % des 80 000 inscrits en prépas sont en sciences, les classes littéraires relèvent la tête. Une banque d épreuves littéraires (BEL) permet désormais aux khâgneux qui le souhaitent que leurs notes aux concours des écoles normales supérieures les classent admissibles dans les meilleures écoles de management (voir info p.47). Par exemple, cette année 37 étudiants ont intégré HEC par cette voie. Une vraie nouveauté! L IUT, DEUX ANS ET PLUS SI AFFINITÉS PROFIL REQUIS Envie d une formation courte Souhait d éviter les premières années d université Les instituts universitaires technologiques (IUT) permettent d acquérir une formation professionnelle de très bon niveau en deux ans. C est aussi un tremplin vers les écoles d ingénieur ou la licence d université, car il existe de nombreuses équivalences. Les IUT sont prisés car l encadrement y est très présent et le nombre d heures de cours important. Pensé à l origine pour les bacheliers technologiques, il est aussi très demandé par les bacheliers généraux. Famille & éducation n o 495 janvier -février 2013

27 FACULTÉ DE médecine OU PROFESSIONS DE SANTÉ PROFIL REQUIS : Détermination Très bonne capacité de travail Yann, qui a intégré médecine, en 2012, à sa deuxième tentative, avoue n avoir jamais autant travaillé que durant ces deux années. «La première année je n ai pas eu le temps d emmagasiner suffisamment de connaissances, mais je n étais pas trop loin du numerus clausus qui donne, par université, le nombre de jeunes admis en deuxième année. En redoublant, j ai recommencé à travailler mi-juillet, tous les jours et tous les week-end, et je ne me suis plus arrêté Même mes temps de transports me permettaient de réviser. Il faut mettre sa vie entre parenthèses et tabler sur deux années plutôt que sur une. Mais le travail paye», rappelle le jeune homme. Inscrit à Paris 7, il a aussi dû s habituer à étudier chez lui : «Les cours sont en ligne, et je ne sortais que pour suivre ma prépa». La prépa privée est, en effet, un passage obligé parce qu elle offre un entrainement intensif aux épreuves du concours. Pour réussir, il faut quatre choses, selon Yann : «Un travail très intensif, très régulier, une prépa et surtout un moral d acier». Désormais, on peut préparer plusieurs concours à la fois : médecine, odontologie, pharmacie, sage-femme (maïeutique). Un étudiant peut encore augmenter ses chances en préparant aussi en même temps un ou plusieurs concours paramédicaux. FACULTÉ DE droit, ÉCOLE DE RIGUEUR PROFIL REQUIS Être logique Être régulier dans son travail L image d Épinal de l avocat en robe, lancé dans une plaidoirie passionnée fait rêver. 200 000 étudiants sont inscrits en droit, soit 15 % des étudiants d université. Pourtant, seuls quatre sur dix passent en deuxième année, parce qu ils oublient que c est une formation très rigoureuse. «Pour être un bon élève en droit, il faut être assez littéraire pour savoir lire les textes dans le détail et un assez bon scientifique pour en faire une analyse logique», rappelle Martine Vanhamme-Vinck. Le droit est une discipline exigeante qui nécessite de se mettre très vite au travail et d être rigoureux. 15% des étudiants d université sont inscrits en droit. ÉCOLE DE MANAGEMENT ET D INGÉNIEUR, C EST POSSIBLE EN SORTANT DU LYCÉE Profil requis Souhait d une formation équilibrée avec un travail régulier Recherche d un environnement cadré Intégrer une école juste après le bac se développe. Cette voie permet de sortir diplômé d un master, sans passer par deux années de classe préparatoire. Les inscriptions se font sur concours que l on passe durant l année de terminale. Ils deviennent de plus en plus diffi ciles, car le nombre de candidats augmente. L école post bac a tout de même un vrai défaut : son coût. Les 7 000 ou 8 000 euros de frais de scolarité ne sont pas dûs sur trois ans, mais sur cinq. Le BTS, À CHOISIR AVEC SOIN PROFIL REQUIS Envie d une formation courte Goût pour un secteur d études Les sections de techniciens supérieurs (STS), qui préparent aux BTS (brevets de techniciens supérieurs) sont des formations en deux années avec, en moyenne, 30 heures de cours par semaine. 246 000 étudiants, bacheliers y sont inscrits, dont 41,5 % viennent des bacs technologiques. Dans la jungle des BTS, il y a de tout : des formations très prisées, donc très élitistes, et d autres qui le sont beaucoup moins et dans lesquelles il reste des places en juin à la fin d APB, voire en septembre. Certains BTS proposés par des lycées catholiques acceptent des élèves qui ont le niveau bac, mais pas le diplôme. En revanche, d autres, comme le BTS audiovisuel du lycée Jacques Prévert, à Boulogne-Billancourt (92), prend moins d un postulant sur 50, uniquement sur dossier et avec le bac. Nombre de BTS commerce international sont dans le même cas. ERMANCE MUSSET

28 DOSSIER LA DÉCOUVERTE du monde PROFESSIONNEL Comment permettre aux jeunes de découvrir le monde professionnel pour qu ils préparent de façon éclairée leur projet d orientation. Dans les établissements de l Enseignement catholique, souvent grâce à l impulsion de l Apel, de plus en plus d expériences se mettent en place. S elon une enquête menée par l AJE, en 2012, auprès des étudiants, 52 % déclaraient avoir des connaissances insuffisantes sur le fonctionnement et le management des entreprises, et 49 % sur les métiers (1). Une méconnaissance du monde professionnel qui pénalise à la fois les jeunes et les entreprises qui déplorent recruter des jeunes insuffisamment préparés à la vie professionnelle. À tel point que le ministre de l Éducation nationale, Vincent Peillon, annonçait en novembre dernier vouloir nommer dès 2013, un conseil éducation-entreprise, pour «que les chefs d entreprise soient représentés dans l Éducation nationale». Aller dans l entreprise Le stage de découverte professionnelle pour les élèves de 3 e (ou seconde, selon les établissements), autrement appelé, séquence d observation en milieu professionnel, est une première étape. Yvon Bonnet, chargé de mission, correspondant EMP (réseau École et monde professionnel) de l Apel Famille & éducation n o 495 janvier -février 2013

29 des Côtes d Armor, a constaté, grâce à un sondage mené auprès des collégiens, dans son département, que seulement 51 % ont choisi leur stage en lien avec un projet professionnel. «Il reste beaucoup de travail à faire, car il faudrait que les jeunes fassent le stage uniquement en fonction du métier qu ils voudraient exercer plus tard.» C est le choix qu a pu faire Thomas, élève en 3 e, qui va faire son stage dans un quotidien national, parce qu il veut être journaliste et que sa mère connaît quelqu un à la rédaction. «Je vais voir si c est vraiment le métier que je veux faire», se réjouit-il. Un autre moyen de découvrir le monde professionnel, ce sont les classes en entreprise. Le principe est simple : grâce à un partenariat entre un établissement et une entreprise, une classe se transplante dans les locaux de l entreprise pendant une semaine, où une salle de cours est aménagée pour que la classe ait lieu comme au lycée. Par ailleurs, des moments sont aménagés pour que les lycéens (et leurs enseignants) découvrent l entreprise et ses métiers. Cette année, l Apel du Rhône, l Apel du lycée La Mache, à Lyon, le lycée La Mache, et Renault Truck du groupe Volvo ont mis en place une classe en entreprise pour des 1 re ST2I. «Ces expériences sont très intéressantes pour les élèves car ils font un lien direct entre les disciplines qui leur sont enseignées et la réalité du terrain, constate Soazik Ollivry, responsable des relations entre l école et l entreprise, au lycée La Mache, à Lyon (69). Par exemple, à la place d un cours théorique en comptabilité, les élèves sont allés dans le service comptabilité de l entreprise pour voir de près à quoi cela ressemblait.» Dans le département Midi-Pyrénées, l Apel départementale et l UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) ont signé une convention pour promouvoir les classes en entreprise. En 2012, première année de sa mise en place, cinq classes sont allées dans cinq entreprises. «Tout le monde est gagnant, explique Pierre Calas, référent École et monde professionnel, pour l Apel dans ce département. Le secteur de l aéronautique est très présent dans notre département. Et les entreprises recrutent déjà et vont recruter pour tous types de postes. C est pour elles un bon moyen de faire connaître leurs métiers.» C est TRÈS INTÉRESSANT pour les élèves de faire un lien direct entre les disciplines qui leur sont enseignées ET LA RÉALITÉ DU TERRAIN Soazik Ollivry, responsable des relations entre l école et l entreprise, au lycée La Mache, à Lyon (69 Rencontrer des professionnels Certains établissements, aidés par les Apel, ont trouvé le moyen de faire rencontrer aux jeunes des professionnels. L Apel départementale d Indre-et-Loire, par exemple, a organisé pour la première fois, en novembre 2012, un Forum des métiers Imagine ton avenir, choisis ton métier. 1 600 jeunes y ont rencontré environ 70 professionnels, répartis en huit secteurs d activités. Les élèves de terminale avaient aussi la possibilité de participer à des ateliers de simulations d entretiens de motivation. Car, pour Sylvie Rimbert, présidente de l Apel départementale, chargée de mission ICF (Information et conseil aux familles) «préparer son projet professionnel et découvrir le monde professionnel, c est aussi savoir comment on présente son parcours, son projet, ses compétences». Enfin, les jeunes pouvaient assister à des tables rondes thématiques liées aux secteurs d activités. Ce qui a fait la particularité de ce forum, c est le guide d accompagnement, conçu par le service ICF, à destination des élèves. «Il se compose de trois parties : avant le forum, se poser les bonnes questions ; pendant le forum, poser les bonnes questions aux professionnels ; et après le forum, aller plus loin. Nous voulions que le forum soit préparé et qu il s intègre dans une démarche d orientation», précise Sylvie Rimbert. Léna, élève de 2 nd, était très motivée par ce forum des métiers. «J ai quelques idées, dans les grandes lignes, mais pas très précises. Au forum, j ai trouvé des réponses à des questions», raconte-t-elle. «Nous avons eu un très bon contact avec les adultes. Comme j étais avec une amie pour poser les questions, je me suis sentie plus à l aise.» Elle a rencontré un journaliste à qui elle a posé des questions très pratiques sur les horaires de travail, le déroulement d une journée «Ça me remotive pour ce métier que j avais un peu laissé tomber», précise-t-elle. Eliot, en terminale S, allait au forum sans trop savoir ce qu il venait y chercher. Cette journée a été un déclic : «Après le forum, je suis allé sur Internet, ça a mis en route ma recherche», reconnaît Eliot, qui va devoir faire ses vœux sur APB d ici peu. Autre initiative, au lycée La Providence, à Fécamp (76), les déjeuners avec des professionnels ont été lancés avec succès, il y a deux ans à l initiative du chef d établissement. Environ une fois par mois, un déjeuner avec un professionnel est proposé aux élèves. Les places sont chères, puisqu une vingtaine de jeunes seulement peuvent y participer. «Nous avons choisi le moment du déjeuner, car nous savons que les lycéens sont sur place, disponibles», précise Laurence Guinaudeau, présidente de l Apel de l établissement. Chacun vient avec son sandwich et la présentation peut commencer. Les élèves ont eu la chance de rencontrer une correspondante de presse, un agent immobilier, un libraire, un banquier, un consultant en marque et design «C est une formule qui fonctionne très bien, constate Laurence Guinaudeau. Le moment est très convivial et le dialogue s instaure facilement.» Ensuite, le BDI Orientation prend le relais en apportant toutes les informations nécessaires, si le métier ou le secteur d activité a intéressé le jeune. CLAIRE ALMÉRAS (1) Enquête sur la connaissance de l entreprise par les étudiants de l enseignement supérieur, AJE, octobre 2012.

30 DOSSIER Écoles de production Dans le bain de L ENTREPRISE Les écoles de production plongent les jeunes dans la vie professionnelle en les faisant travailler pour de vrais clients. Cette voie, pas tout à fait aux normes étatiques, se révèle néanmoins efficace pour lutter contre l échec scolaire. E lles ont pour credo «faire pour apprendre». Leurs élèves travaillent les deux tiers du temps en atelier et consacrent le dernier tiers à la théorie (français, maths, dessin industriel ). Leurs plannings évoquent ceux des salariés: 35 heures hebdomadaires et des vacances scolaires raccourcies. Au nombre de quinze, dont huit en Rhône-Alpes, les écoles de production, préparent à des CAP, BEP, Bac pro ou certificat de compétences. Couvrant un vaste éventail de métiers, elles scolarisent 700 jeunes. On y entre à partir de 14 ans (15, si les machines sont dangereuses). Un travail avec de vrais clients En immergeant des adolescents dans le monde réel et en donnant du sens aux apprentissages, cette filière, qui accueille 90 % de jeunes en difficulté, parvient à rattraper au vol nombre de décrocheurs. «En atelier, les jeunes réalisent des commandes passées par de vrais clients», indique Christophe Girard, délégué général de la Fédération nationale des écoles de production (Fnep). Ils opèrent sous la houlette d un maître-professionnel doté d une solide expérience, qui leur transmet son savoir-faire et rectifie le tir si l élève rate son coup. «Dans ces écoles, précise Christophe Girard, nous travaillons aux prix du marché et avec le même niveau d exigence.» Spécialisés dans la métallerie et la menuiserie, les Ateliers d apprentissage de La Giraudière, à Brussieu (69), comptent 102 jeunes en école de production, en vue d un CAP ou d un bac pro. Créés en 1957, ils accueillent en majorité des élèves de 3 e, attirés par leurs 100 % de réussite, mais aussi des jeunes déscolarisés. «Les mêmes élèves qui n arrivent pas à se concentrer en cours plus de dix minutes peuvent passer quatre heures sur des finitions en atelier», note Jean-Lou Moretton, directeur de La Giraudière. Chaque maître professionnel encadre un groupe d une dizaine de jeunes, qui, euxmêmes, s entraident. «Un élève de bac pro peut jouer un rôle de tuteur auprès d un camarade de CAP», précise Jean-Lou Moretton. 30 % des diplômés poursuivent leurs études en BTS et 70 % entrent dans la vie active. SERVICES À LA PERSONNE Des jeunes très encadrés À une soixantaine de kilomètres, à Saint- Étienne, l Afep scolarise 39 élèves qui se forment en métallerie ou en mécanique, du certificat de compétences au CAP. Depuis vingt ans, cet établissement jésuite accueille des jeunes «en grande difficulté»: décrocheurs, primo-arrivants ne maîtrisant pas le français, ados à la dérive adressés par la Protection judiciaire de la jeunesse Très encadrés, ils reprennent pied en travaillant manuellement sur de vraies machines. En atelier comme en cours, on compte un adulte pour 3 à 4 jeunes. L enseignement théorique est assuré par des bénévoles, car l école ne peut pas payer autant de professeurs. Mais la pédagogie, axée sur le concret, ressemble à celle des autres écoles. «Les cours partent de ce que les jeunes ont vécu à l atelier», indique Antoine Martin, le chef d établissement. Que deviennent les élèves? Les trois-quarts passent en deuxième année, l école s effor- Famille & éducation n o 495 janvier -février 2013

31 MÉCANIQUE QUELQUES CHIFFRES En moyenne, les revenus de ces écoles proviennent pour 40 à 50 % de la vente de leurs produits et pour le reste de la taxe d apprentissage et des subventions régionales. 90 % des élèves obtiennent un diplôme d État, 45 % poursuivent leurs études et 55 % sont embauchés. çant d aider les autres à se réorienter. L année suivante, 70 % obtiennent leur diplôme. «Cela n empêche pas les autres de trouver une place en entreprise», précise Antoine Martin. Pas de rémunération À la fois lieu de formation et entreprise, l école de production convient aux recalés de la voie professionnelle : ceux qui renoncent au lycée, parce que l aspect scolaire les rebute, ou à l apprentissage, parce qu ils ne trouvent pas d employeur. Mais ce statut hybride, qui fait la force de ces établissements, les empêche en même temps d être reconnus par l État. Certes, huit établissements sur quinze ont obtenu, en 2006, le statut d établissement privé d enseignement technique. Mais le Conseil supérieur de l éducation a refusé que leurs élèves touchent une bourse. Or, certaines écoles de production sont payantes. Les tarifs annuels varient selon les établissements : gratuité, quelques centaines d euros, voire autour de 1 000 euros dans certains cas. Par ailleurs, les jeunes ne touchent pas de rémunération. «Nous n en avons pas les moyens», précise Jean-Lou Moretton. Certaines écoles comme l Afep versent une «récompense», modulée selon le comportement. En novembre dernier, le sénateur UMP Jean- Claude Carle a déposé une proposition de loi donnant droit, entre autres, aux élèves, à la carte étudiant des métiers et à une bourse. Celle-ci a été rejetée. Ne remplissant ni les obligations des lycées (un nombre d heures de cours obligatoire) ni des CFA (1), où on n entre pas avant 16 ans et où on est payé. Les écoles de production ne peuvent prétendre aux mêmes avantages, ont estimé les sénateurs. Doivent-elles s adapter? Recruter leurs enseignants sur concours, augmenter la part des cours théoriques ou se fermer aux RESTAURATION moins de 16 ans? «Si nous devenons pareils aux autres, nous n apporterons plus rien aux jeunes», proteste Christophe Girard. La situation semble bloquée, ce qui n empêche pas les écoles de production de continuer leur bonhomme de chemin. Sept nouveaux établissements devraient se créer en 2013. NOÉMI CONSTANS (1) Centres de formation d apprentis. Pour en savoir + www.ecoles-deproduction.com

32 DOSSIER Papa, maman, vous faites quoi DANS LA VIE? Tous les ans, des parents viennent expliquer aux élèves de CM2 de l école Assomption-Bellevue, à La Mulatière (69), en quoi consiste leur travail. Des interventions qui enthousiasment les enfants et élargissent leurs horizons. Les enfants écouteront ce trimestre LE TÉMOIGNAGE DE PARENTS MÉDECINS, qui révèlera peut-être de futurs Hippocrate. I ls arrivent seuls ou à plusieurs, parlent ave c a ssurance ou un léger trac. Chaque année, Claire Bouillet, enseignante en CM2, à l école Assomption-Bellevue, à La Mulatière (69), lance un appel à témoignages. Les parents qui le souhaitent peuvent venir raconter leur métier. Partie d une envie d ouvrir la classe sur l extérieur, l initiative a débuté il y a dix ans. Une décennie durant laquelle les élèves ont élargi leurs horizons aux professions les plus diverses : plombier, économiste, chercheur, réanimateur de nouveau-nés «J ai découvert des métiers que je ne connaissais pas, témoigne Claire Bouillet. Je me souviens d une dame qui tannait les cuirs chez elle. Elle expliquait comment elle les choisissait, puis comment elle les préparait pour des défilés.» Certains parents se prennent au jeu et font des prestations mémorables. Un salarié d un distributeur d aliments bio a demandé aux élèves de tester des produits. Un pilote est arrivé avec une maquette d avion. «Quand les enfants peuvent manipuler des objets, c est plus concret», constate Claire Bouillet. En général, un à trois parents se proposent chaque année, parfois plus. «Avec l expérience, j arrive à sentir leur état d esprit. S ils sont inquiets, je leur donne les questions à l avance et je reste à côté d eux. S ils sont à l aise, je m installe au fond de la classe», explique-t-elle. De leur côté, les élèves s efforcent de poser des questions en langage soutenu, d écouter et de rebondir sur ce que les parents disent. Sans détour Combien gagnez-vous? Quel niveau d études votre métier exige-t-il? Laisse-t-il de la place à la vie de famille? Voici des exemples de questions que les enfants posent. «En général, ils restent concentrés sur le sujet. Parfois, ils sont directs. Au réanimateur de nouveau-nés, ils ont demandé s il y avait beaucoup de bébés qui mourraient!», raconte l institutrice. De ces échanges, ils sortent ravis, fiers quand il s agit de leur parent, avec parfois une vocation naissante qui les remotive. Savoir qu un architecte doit rédiger des projets peut donner aux leçons de grammaire un intérêt nouveau. «Les parents insistent sur la nécessité de bien parler l anglais dans leur métier. Dans une classe bilingue comme la nôtre (1), c est précieux», ajoute Claire Bouillet. Plutôt rare en primaire, cette initiative incite les enfants à réfléchir en douceur à leur futur. Dès la fin de l année, certains feront d ailleurs un premier choix, car le collège du groupe scolaire Assomption-Bellevue propose des 6 e et 5 e à projet. En attendant, les enfants écouteront ce trimestre le témoignage de parents médecins, qui révèlera peutêtre de futurs Hippocrate. NOÉMI CONSTANS (1) L école Assomption-Bellevue est une école bilingue français/anglais, de la maternelle au CM2.