Monitoring de l espace urbain suisse Analyses des villes et agglomérations



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Transcription:

Monitoring de l espace urbain suisse Analyses des villes et agglomérations

Impressum Editeur Office fédéral du développement territorial (ARE) Département fédéral de l environnement, des transports, de l énergie et de la communication (DETEC) Auteurs Hans Rudolf Meier, BHP Hanser und Partner AG Jürg Kuster, BHP Hanser und Partner AG Direction/Suivi du projet Muriel Odiet, Section Politique des agglomérations, ARE Marco Kellenberger, Section Bases, ARE Conception graphique Desk Design, Marietta Kaeser, Hinterkappelen Production Rudolf Menzi, Etat-major de l information, ARE Fond de la page de garde SWISSIMAGE swisstopo, 3084 Wabern Imprimé sur papier 100% recyclé Référence Office fédéral du développement territorial ARE, 2009: Monitoring de l espace urbain suisse Analyses des villes et agglomérations Commande OFCL, commande de publications fédérales, 3003 Berne www.publicationsfederales.admin.ch, no d article: 812.071.f En version électronique: www.are.admin.ch Disponible aussi en allemand et en italien 5.2009 800

Monitoring de l espace urbain suisse Analyses des villes et agglomérations

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Table des matières 3 Table des matières Avant-propos 4 En bref 5 Terminologie 7 1. Structure du rapport 10 2. L évolution des espaces urbains suisses 11 2.1 L urbanisation 11 2.2 La dynamique de la population et des emplois dans l espace urbain et dans l espace rural depuis les années 1980 16 2.3 Les surfaces d habitat et d infrastructure 21 2.4 Interdépendances ville-campagne 24 3. La structure interne des agglomérations suisses 27 3.1 Habiter et travailler dans les villes-centres et les communes périphériques 27 3.2 Les caractéristiques économiques des villes-centres et des communes périphériques 30 3.3 L habitat dans les agglomérations 34 3.4 La structure sociale de la population des villes-centres et des communes périphériques 38 3.5 Le trafic d agglomération 43 3.6 La répartition des charges financières dans l espace urbain 47 4. Spécialisations et polarisations dans le réseau de villes suisse 51 4.1 Les spécialisations fonctionnelles dans le réseau de villes suisse 51 4.2 Les principales grandes zones urbaines d influence dans le réseau de villes suisse 55 5. La position des grands centres suisses en Europe 58 Annexe 1: Carte des agglomérations et villes isolées suisses 63 Annexe 2: Etudes approfondies du Monitoring de l espace urbain suisse 64

4 Avant-propos Avant-propos On a beaucoup écrit sur l importance des villes, au point que certain-e-s parlent d une véritable renaissance de l urbanité. Ces observations sont confirmées par les statistiques: les trois quarts de la population habitent aujourd hui dans l espace que l on qualifie d urbain et c est dans cet espace que l on trouve 80 pour cent des emplois. Les régions urbaines de la Suisse représentent des entités dynamiques faisant preuve d un rayonnement considérable. Afin d assurer leur bon fonctionnement, des formes inédites et flexibles de coopération dépassant les frontières communales, voire cantonales sont nécessaires. L efficacité de la collaboration dépendra de la poursuite d objectifs communs; il est également essentiel de disposer de connaissances comparables s agissant de la situation actuelle et des évolutions en cours. Afin de mieux comprendre les mécanismes qui régissent ces espaces clés de la Suisse, l Office fédéral du développement territorial (ARE) a lancé le monitoring de l espace urbain suisse, un instrument qui analyse et présente un maximum d aspects relatifs aux espaces urbains. Ce monitoring a été introduit fin 2001, en même temps que la Confédération lançait sa politique des agglomérations. Ne se limitant pas à l analyse de l espace urbain, il constitue également un instrument essentiel d observation du territoire de l ARE: Il relève en effet non seulement la situation spécifique des espaces urbains, mais il compare également cette situation à celle de l espace rural. De plus, il examine tant les liens et les dépendances qui existent au sein de chacune des agglomérations, que les relations entre agglomérations (réseau de villes suisse). Il établit en outre des comparaisons avec les pays européens environnants. Seize études thématiques ont été élaborées dans le cadre du monitoring de l espace urbain. Ces études, qui seront mises à jour régulièrement et élargies si nécessaire, peuvent être consultées sur Ie site de l ARE (www.agglomeration.ch > Monitoring de l espace urbain). La présente publication a pour objectif de fournir une vue d ensemble aussi complète et synthétique que possible des études effectuées jusqu ici. Nous espérons qu elle contribuera à faciliter la compréhension des espaces urbains suisses et nous renvoyons les lecteurs désireux d approfondir certaines questions spécifiques aux études thématiques évoquées plus haut. Office fédéral du développement territorial, mai 2009

En bref 5 En bref La publication «Monitoring de l espace urbain suisse Analyses des villes et agglomérations» apporte un nombre important de données et de faits concernant l évolution de l espace urbain suisse. Cette publication présente sous forme de syntèses thématiques les principaux éléments tirés des études disponibles sur Internet. Ce rapport montre qu une part toujours plus importante de la population suisse habite en milieu urbain. Il s agit à présent des trois quarts de la population. Au cours des dernières années, la dynamique de la population et des emplois a évolué différemment d une ville/agglomération à une autre. De manière générale, les taux de croissance de la population et de l emploi dans l espace urbain se situent au-dessus de ceux de l espace rural depuis le début de ce siècle, contrairement à la période 1980 2000. Parallèlement, les interdépendances entre la ville et la campagne, principalement en matière de mouvements pendulaires, augmentent de manière significative. Les villes-centres des agglomérations constituent les principaux pôles économiques et d emploi, notamment dans le domaine des services, alors que la fonction d habitation reste dominante dans les communes de la périphérie. Cette différentiation a cependant tendance à s atténuer. Le cliché de la ville-centre qui cumule les désavantages socio-démographiques et socio-économiques, connu sous le terme allemand «A-Stadt», a tendance à s atténuer, mais reste tout de même valable pour les villes-centres des grandes agglomérations. Les transports publics représentent une proportion relativement importante du trafic total dans les villes-centres. Les charges liées à leurs fonctions de centre y sont également prédominantes. De manière générale, il apparaît que la Suisse dispose d un réseau de villes dense, au sein duquel les grandes, moyennes et petites agglomérations se complètent et remplissent des fonctions importantes pour leur périphérie respective. Le poids des principales grandes zones urbaines d influence que sont Zurich, Genève-Lausanne, Bâle et Berne a tout de même tendance à augmenter. En comparaison internationale également, l importance fonctionnelle de ces espaces urbains est plus affirmée que ne le laisse prévoir le nombre d habitants.

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Terminologie 7 Terminologie 1 Agglomération L agglomération est un ensemble d au minimum 20 000 habitant-e-s, formé par la réunion des territoires de communes urbaines adjacentes. Elle se constitue d une ville-centre et, suivant les cas, d autres communes de la zone-centre, ainsi que d autre communes qui ont un lien fonctionnel avec la ville-centre. Pour appartenir à une agglomération, les communes doivent remplir au moins trois des cinq conditions ci-après (compte tenu de valeurs seuils prédéfinies): Lien de continuité avec la ville-centre de l agglomération Densité élevée de population et d emplois Évolution démographique supérieure à la moyenne Secteur agricole peu développé Interdépendance prononcée de pendulaires avec la ville-centre et, suivant les cas avec d autres communes de la zone-centre Fig. 1: Les agglomérations suisses et les villes isolées, selon les critères de délimitation actuels 2000 villes centres villes isolées communes périphériques Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo Les espaces constitutifs de l agglomération La ville-centre La ville-centre est le centre (souvent historique) de l agglomération, généralement la commune la plus peuplée de l agglomération. La zone-centre Elle compte la ville-centre ainsi que les communes d agglomération adjacentes, qui comptent au moins 2000 emplois et une densité de 85 emplois pour 100 personnes actives résidentes. Par ailleurs, au moins 1 /6 des personnes actives doivent travailler dans la ville-centre, ou alors, la commune doit se situer dans la continuité du tissu bâti de la ville-centre, respectivement être adjacente à cette dernière. 1 Les définitions des pages 7 9 se basent sur la publication suivante: Martin Schuler, Pierre Dessemontet et Dominique Joye (2005): Les niveaux géographiques de la Suisse. Recensement fédéral de la population 2000, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel.

8 Terminologie Autres communes de la zone-centre Il s agit des communes de la zone-centre, à l exception de la ville-centre. Dans le rapport, elles apparaissent quelquefois sous le nom «reste de la zone-centre». Communes périphériques Les communes de l agglomération, à l exception de la ville-centre, sont des communes périphériques. Autres communes périphériques Les communes de l agglomération, à l exception de celles de la zone-centre, constituent les autres communes périphériques. Dans le rapport, elles apparaissent quelquefois sous le nom de «autres communes de l agglomération» ou «reste de l agglomération». Fig. 2: Les différentes parties de l espace urbain, à l exemple de l agglomération de Saint-Gall 2000 villes-centres reste de la zone-centre reste de l agglomération autres agglomérations Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo Ville isolée La ville isolée est une commune qui compte au moins 10 000 habitant-e-s, mais qui n appartient à aucune agglomération. Espace urbain L espace urbain comprend toutes les agglomérations et villes isolées de Suisse. Espace rural Tous les territoires situés hors de l espace urbain sont considérés comme espace rural. Ils présentent un aspect très hétérogène en fonction des structures et des possibilités de développement. 2 2 cf. ARE 2005: Typologies des espaces territoriaux utilisées dans le cadre du monitoring de l espace rural (PDF, disponible sur Internet via www.are.admin.ch > Thèmes > Espace rural > Monitoring).

Terminologie 9 Les quatre plus grandes zones d influence de la Suisse Le présent rapport définit comme aires métropolitaines les trois grandes agglomérations de Zurich, de Genève (qui comprend Lausanne et qui s appelle par conséquent Genève-Lausanne) et Bâle, avec leurs agglomérations voisines respectives qui comptent plus de 1 /12 d émigrants pendulaires vers la grande agglomération. Les analyses prennent en compte également la région de la ville fédérale. L agglomération de Côme-Chiasso-Mendrisio fait partie de l aire métropolitaine milanaise; comme son centre n est pas situé en Suisse, il n en sera pas tenu compte. Fig. 3: Les quatre plus grandes zones d influence de la Suisse agglomérations-centres des quatre principales grandes zones urbaines d influence autres quatre agglomérations des principales grandes zones urbaines d influence autres agglomérations et villes isolées Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo Catégorisation des agglomérations selon la taille Petites agglomérations: de 20 000 à 49 999 habitant-e-s Moyennes agglomérations: de 50 000 à 249 999 habitant-e-s Grande agglomération: au moins 250 000 habitant-e-s

10 Structure du rapport 1. Structure du rapport Le monitoring de l espace urbain suisse considère les espaces urbains sous des angles divers. Le présent rapport de synthèse consacre un chapitre à chacune de ces méthodes analyse (cf. schéma). Chapitre 2 L évolution des espaces ruraux en Suisse: en introduction, le texte présente les grandes étapes de l urbanisation en Suisse, l accent étant mis sur l évolution à partir de 1980, et plus particulièrement sur l évolution de la démographie, de l emploi et du tissu bâti à l intérieur de l espace urbain; l étude établit une comparaison avec l espace rural et décrit les interdépendances entre les deux types d espaces. Chapitre 3 La structure interne des agglomérations suisses: ce troisième chapitre établit les différences spécifiques qui existent entre les villes-centres et les communes périphériques, en termes d économie, de société, d urbanisation et de transports et comment les différentes partie de l agglomération se sont développées à cet égard depuis les années 1990. Chapitre 4 Spécialisations fonctionnelles et polarisations dans le réseau de villes suisse: les différences structurelles entre les agglomérations suisses font l objet du quatrième chapitre, qui analyse le rang de ces agglomérations en termes de lieu d habitation, de lieu de travail, de structure et d évolution des branches économiques, ainsi que l impact des quatre plus grandes zones d influence à l échelle suisse. Chapitre 5 Le positionnement des grands centres suisses dans le réseau de villes européen: pour conclure, il s agit de montrer comment les grands centres suisses, à savoir Zurich, Genève, Bâle, Berne et Lausanne, se positionnent par rapport autres grands centres urbains en Europe, en comparant des facteurs tels que la performance économique, l occurrence de fonctions de décision ou la force innovatrice. Espace rural Agglomération A Ville-centre Chapitre 2 Chapitre 4 Agglomération B Ville-centre Chapitre 3 Communes périphériques Communes périphériques Chapitre 5 Régions urbaines situées au-delà des frontières nationales

L évolution des espaces urbains suisses 11 2. L évolution des espaces urbains suisses Le progrès technique, la mobilité accrue, la globalisation et les bouleversements sociaux, mais aussi l urbanisation comptent parmi les développements qui ont marqué le 20 ème siècle. Le présent chapitre présente l évolution des espaces urbains suisses depuis les années 1980 et compare cette évolution à celle de l espace rural. 2.1 L urbanisation Les villes suisses ont changé d apparence au cours du 20 ème siècle. Toujours plus grandes, elles ont fini par se toucher, butant contre leurs frontières politico-administratives et débordant géographiquement sur leurs banlieues. Il en résulte des agglomérations qui, aujourd hui, comportent souvent des dizaines de communes. 2.1.1 L urbanisation de la Suisse depuis 1980 La structure fédéraliste de la Suisse a favorisé le développement d un nombre relativement élevé de villes de petite et de moyenne dimension, qui sont à l origine de l urbanisation polycentrique et décentralisée de la Suisse. La répartition spatiale des villes et des localités d une certaine importance n a que peu changé au cours de la première moitié du 20 ème siècle. L accroissement démographique et la multiplication des emplois ont conduit à l accroissement progressif du nombre des villes et des agglomérations. Les évolutions suivantes ont marqué le «paysage urbain» suisse depuis 1980 (cf. fig. 4 et 5): En 1980, la Suisse comptait 33 agglomérations et 15 villes isolées (selon la définition de l époque). Dans le cas de 16 agglomérations, les villes-centres correspondaient au chef-lieu cantonal. Parmi les 15 villes isolées mentionnées, quatre étaient des chefs-lieux cantonaux. Les 17 autres agglomérations et les 11 autres villes isolées s étaient transformées en villes ou en aire urbaine en rapport avec l industrialisation, le tourisme ou leur fonction de plaque tournante. Depuis 2000, la Suisse compte 50 agglomérations et encore cinq villes isolées: toutes les villes qualifiées d isolées en 1980 ont atteint le statut d agglomération, sauf Davos, Langenthal et Martigny. En vingt ans, de nombreuses communes sont devenues des villes de plus de 10 000 habitant-e-s. Aujourd hui, la majorité d entre elles font partie d une agglomération et on n a vu émerger que peu de villes isolées nouvelles (Einsiedeln, Lyss).

12 L évolution des espaces urbains suisses Fig. 4: Les agglomérations et les villes isolées de la Suisse 1980 2000 agglomérations et villes isolées 1980 (sans la partie étrangère) agglomérations et villes isolées 1990 agglomérations et villes isolées 2000 Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo Fig. 5: L évolution des agglomérations et villes isolées en Suisse 1980 2000 Année Nombre Nombre de communes Nombre de Total communes d agglomérations d agglomération villes isolées urbaines 1980 33 502 15 517 1990 48 797 9 806 2000 50 974 5 979 Source: OFS: Recensement fédéral de la population 2.1.2 La dimension urbaine s affirme Le nombre croissant de communes urbaines va de pair avec l accroissement de la population résidente dans l espace urbain (cf. fig. 6). Si on considère la surface des communes qui sont devenues urbaines depuis 1980, et non le nombre d habitants, cet accroissement est encore plus prononcé en termes de pourcentages. Cet écart s explique essentiellement par le fait qu outre quelques villes isolées très étendues, comme par exemple Buchs/SG, d autres communes étendues de l espace alpin et préalpin ont désormais rejoint l espace urbain (p. ex. Einsiedeln, Brigue-Glis, Sion, Monthey). L avancée de l urbanisation a provoqué un renversement du nombre moyen d habitant-e-s par commune urbaine, qui est passé de 7560 en 1980 à 5460 en 2000, puisque les communes qui ont rejoint les agglomérations durant cette période étaient généralement plus petites que les communes périphériques qui faisaient partie de l agglomération auparavant.

L évolution des espaces urbains suisses 13 Fig. 6: L évolution du degré d urbanisation, illustrée à partir du nombre de communes, du nombre d habitant-e-s et de la surface de la commune compris dans l espace urbain 1980 2000 Nombre 9000 8000 7000 6000 5000 4000 Surface des communes urbaines (en km 2 ) Nombre moyen d habitant-e-s par communes urbaines Nombre d habitant-e-s dans l espace urbain (en milliers) 3000 2000 1000 Nombre des communes urbaines suisses 0 1980 1990 2000 Les calculs ci-dessus ne prennent pas en considération les communes étrangères Source: OFS: Recensement fédéral de la population Fig. 7: L évolution de la proportion de population résidente urbaine par rapport à la population suisse totale 1980 2000 Part de population résidante en % 100 31% 27% 80 39% Espace rural Espace urbain 60 40 20 61% 69% 73% 0 1980 1990 2000 Source: OFS: Recensement fédéral de la population L urbanisation progressive de la Suisse a permis aux espaces concernés de s affirmer davantage au cours des deux décennies passées en termes de nombre d habitant-e-s (cf. fig. 7): si en 1980, on comptait six habitant-e-s sur dix dans l espace urbain en 1980, cette proportion atteignait près de 70 pour cent en 1990 et 73 pour cent en 2000.

14 La position des grands centres suisses en Europe Encadré 1: La croissance des agglomérations: l exemple de la grande agglomération de Zurich L exemple de l agglomération zurichoise illustre parfaitement comment la croissance relative de la population s est déplacée des communes proches de la ville-centre vers les communes situées dans les ceintures d agglomération extérieures avec la progression de l urbanisation. Durant les années 1970, ce sont les communes qui avaient rejoint l agglomération zurichoise à partir de 1970 qui ont grandi le plus fortement alors que le centre-ville présentait une perte de population. Dans les années 80 et plus particulièrement dans les années 90, on constate un déplacement de cet accroissement vers l extérieur, c est-à-dire dans les communes qui ont rejoint l agglomération à partir de 1990, voire plus tard. Aujourd hui, on constate enfin qu avec l extension progressive de l agglomération, les différences de développement entre les ceintures d agglomération se sont amenuisées. Depuis 2000, le taux de croissance démographique de la population de la ville-centre qui était encore stagnante dans les années 80 et 90 est au même niveau que celui des ceintures d agglomération. Fig. 8: Agglomération Zurich: Evolution de l extention spatiale ville-centre agglomération avant 1970 agglomération 1970 agglomération 1980 agglomération 1990 agglomération 2000 autres agglomérations Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo

L évolution des espaces urbains suisses 15 Fig. 9: Évolution démographique annuelle moyenne Ø Evolution en % p.a. Ville-centre 3.5 3.0 de Zurich Agglomération 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 avant 1970 depuis 1970 depuis 1980 depuis 1990 depuis 2000 0.0 0.5 1.0 1.5 1970 1980 1980 1990 1990 2000 2000 2007 Source: OFS: Statistique de la population En bref 3 L accroissement démographique des vingt-cinq dernières années est allée de pair avec une urbanisation soutenue de la Suisse, un phénomène qui s observe dans toutes les économies de croissance. 3 Entre 1980 et 2000, la Suisse a connu un accroissement de 61 à 73 pour cent de son taux d urbanisation si on se réfère à la part de la population qui vit dans l espace urbain. 3 L urbanisation progressive a transformé les anciennes villes isolées en petites agglomérations; de nombreuses communes de l espace urbain, ont également franchi le seuil statistique des 10 000 habitant-e-s, atteingnant ainsi le statut de villes.

16 L évolution des espaces urbains suisses 2.2 La dynamique de la population et des emplois dans l espace urbain et dans l espace rural depuis les années 1980 La Suisse a été marquée par la croissance démographique soutenue de ces récentes décennies, alors que l économie a connu des fluctuations considérables, qui n ont pas été sans répercussion sur le rythme de cette croissance. On constate cependant que la dynamique de l emploi n était pas la même en ville qu à la campagne. La dynamique de l économie a un effet déterminant sur le développement des régions du pays: la croissance économique engendre une augmentation de la demande de main d œuvre et, dans le cas de la Suisse, à une immigration accrue. Par conséquent, la croissance démographique s accélère durant les phases de croissance économique. Alors que le produit intérieur brut a un effet direct sur l offre d emplois, la dynamique de la population ne réagit aux fluctuations économiques que faiblement et avec un retard prononcé (cf. encadré 2). Encadré 2: Les phases de développement de l économie suisse depuis 1980: 1980 1991: la croissance économique: une relance timide est intervenue au début des années 1980, et plus prononcée à partir de 1985, faisant suite à la récession économique de la fin des années 1970, et entraînant un solde migratoire entrant toujours plus prononcé, ainsi qu une démographie en croissance et une augmentation du nombre d emplois. 1992 1997: la stagnation économique: les problèmes qui se manifestèrent sur les marchés immobiliers et financiers internationaux ont provoqué un revirement de tendance au début des années 1990, faisant stagner la valeur ajoutée et les revenus. Des dizaines de milliers d emplois ont été supprimés dans les entreprises durant cette période. Le recul de la demande de main d œuvre a également provoqué un solde migratoire en recul et, en corollaire, un fléchissement de l accroissement démographique. Depuis 1998: la reprise et la relance de l économie: vers la fin de la dernière décennie, l économie suisse a retrouvé son essor, avec un léger fléchissement de 2001 à 2003 Fig. 10: Les phases de développement de l économie suisse depuis 1980 La modification annuelle du PIB, de l emploi et de la démographie en Suisse Evolution en % 5 4 Croissance Stagnation Reprise/essor économique 3 2 1 0 1 2 3 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 Produit intérieur brut Emploi Démographie Source: OFS: Statistique de la population, Recensement fédéral des entreprises, Comptabilité nationale

L évolution des espaces urbains suisses 17 2.2.1 Villes et campagnes: des dynamiques dissemblables Lorsqu on compare l évolution de la dynamique de l emploi et de la démographie dans l espace urbain et l espace rural durant la période considérée, on aboutit aux constatations suivantes. 3 La phase de croissance de 1980 à 1991: entre 1985 1991 4, la progression du nombre d emplois était plus faible dans l espace rural (selon la délimitation des agglomérations de 2000) que dans l espace urbain (2,1% contre 1%). Une évolution comparable s observe pour l évolution démographique (cf. fig. 11). Néanmoins, l espace rural n a cessé de se dynamiser par rapport à l espace urbain durant cette période. La phase de stagnation de 1992 à 1997: le revers économique du début des années 1990 a provoqué la perte de 9 pour cent d emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire, tant en milieu rural qu en milieu urbain. Ces pertes étaient plus prononcées en milieu urbain entre 1992 et 1995, et plus fortes en milieu rural durant les trois années suivantes en termes de pourcentages. Dans les deux cas, la croissance démographique a progressivement fléchi suite au recul de la demande de main d œuvre; on constate que le taux de croissance annuel en milieu rural rejoint peu à peu celui des régions urbaines. Reprise et relance dès 1998: de 1998 à 2001, l accroissement annuel moyen du nombre d emplois en milieu urbain (+1,8%) était plus de deux fois plus élevé qu en milieu rural (+0,8%). Le nombre d emplois est ensuite resté relativement stable dans les deux types d espaces durant la période de 2001 à 2005. Côté démographie, la reprise économique s est manifestée dans l espace urbain dès 1998, année où l on enregistrait des taux de croissance démographique en progression dans l espace urbain. Par contre, cette croissance est restée relativement inchangée, à un bas niveau, dans l espace rural. Depuis cette époque, les taux de croissance démographique en région urbaine dépassent ceux des régions rurales de 0,2 à 0,4 pour cent par année. Si les dynamiques de la population et de l emploi étaient nettement plus accentuées dans l espace rural que dans l espace urbain durant les années 1980 et 1990, on observe un transfert des taux de croissance les plus marqués de l espace rural à l espace urbain. Parmi les raisons principales de ce transfert, on peut citer l internationalisation et les modifications structurelles survenues dans l économie, des phénomènes qui valorisent les villes comme centres des échanges commerciaux, des services et de l emploi. Le changement d affectation d anciennes surfaces industrielles, transformées en zones d habitation ou de services, a lui aussi contribué à cette évolution. 3 Contrairement au chapitre 2.1, les présentes observations considèrent l espace urbain tel qu il est défini en 2000. 4 Il n existe pas de données concernant l emploi pour 1980.

18 L évolution des espaces urbains suisses Fig. 11: L accroissement annuel de la population résidante permanente selon le type d espace 1981 2007 Evolution en % 2.0 1.8 Croissance Stagnation Reprise/essor économique 1.6 1.4 1.2 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 Espace urbain Espace rural Suisse Source: OFS: Recensement fédéral de la population; Space-Time-Research 2.2.2 Les différentes dynamiques de croissance des agglomérations et des villes isolées suisses Les dynamiques de la population et de l emploi qui se sont manifestées dans les différentes agglomérations et dans les villes isolées s éloignent de la tendance générale qui prévaut dans l espace urbain, et parfois, les écarts sont massifs (cf. fig. 12 et 13). Lorsqu on considère le nombre d habitant-e-s entre 1998 et 2005 dans 55 agglomérations et villes isolées, on constate que dans 30 cas, la croissance a été supérieure à la moyenne nationale et dans 22 cas inférieure, lorsqu elle n était pas négative comme dans les cas de Granges, de La Chaux-de- Fonds Le Locle et de Davos En termes d emplois, 19 agglomérations et villes isolées enregistrent des accroissements supérieurs à la moyenne nationale suisse et 21 d entre elles des accroissements inférieurs, alors que dans 15 cas, le nombre d emplois était en recul. Il n existe pas de lien de causalité direct entre les dynamiques de la population et de l emploi au sein des agglomérations et des villes isolées considérées. Alors que des différences sensibles apparaissent au niveau des grandes régions (cf. l évolution relativement avantageuse dans la région zurichoise, dans l arc lémanique, dans la région de Fribourg-Bulle, ainsi que dans le Bas-Valais et au Tessin), l évolution de l emploi varie d une agglomération à l autre dans les différentes régions du pays. Les facteurs déterminants sont la structure économique locale et l attrait exercé par les communes des agglomérations en question comme sites d implantation pour les entreprises (tout particulièrement en fonction de la situation et de la desserte en matière de transports, de la qualité du marché du travail, de l infrastructure publique, de la charge fiscale et des conditions cadres proposées par l État).

L évolution des espaces urbains suisses 19 Fig. 12: L évolution de la population résidante permanente 1998 2007 7 20% 0 7% < 0% moyenne des agglomérations: 7% Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo Fig. 13: Évolution du nombre d emplois dans les secteurs de l industrie et des services 1998 2005 3 18% 0 3% < 0% moyenne des agglomérations: 3% Sources: INFOPLAN-ARE, GEOSTAT-BFS, swisstopo

20 L évolution des espaces urbains suisses En bref 3 Durant les années 1980 et 1990, les taux de croissance de la population et de l emploi dans l espace urbain se situaient nettement au-dessous de ceux de l espace rural. 3 Les dernières années du 20 ème siècle marquent un revirement de tendance en faveur de l espace urbain: dès 1998, la croissance de la population et de l emploi y est en moyenne supérieure de 0,3 à 0,4 pour cent à celle des régions rurales. 3 Le nombre des emplois et des habitant-e-s dans les agglomérations suisses a connu une évolution peu homogène au cours des dix dernières années. Les agglomérations de la région de Zurich, de la Suisse centrale, de l arc lémanique et du Tessin enregistraient des taux de croissance de la population et de l emploi nettement supérieurs à la moyenne.