Emergence de nouvelles résistances aux antibiotiques

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Tunisie : Mobilisation MSP ++ Contexte La Presse De nombreux patients infectés/ B ies très R aux ATB usuel en GB. La Propagation rapide et massive de la B ie isolée pour la 1 ère fois en Inde en 2008, inquiète la communauté médicale.

2008 : un patient suédois d origine indienne a été opéré en Inde Rentre en Suède avec une infection à K. pneumoniae type nouveau NDM1 Actuellement (The Lancet Infectious Disease): -150 patients NDM1 en Inde et au Pakistan - 37 en Grande Bretagne - Afrique, Australie, Grèce, Pays Bas, France, Canada, USA

Charactérisation d une nouvelle Métallobétalactamase, blandm-1 chez Klebsiella pneumoniae en Inde «Sequence Type»

BMR Emergentes Bactérie dont le mécanisme de résistance est nouveau et possède une capacité épidémique Définition liée à l espace (dans un pays) et au temps (peut devenir endémique puis épidémique)

Evolution de la résistance chez les staphylocoques Utilisation de la pénicilline Utilisation de la méticilline Utilisation des glycopeptides et autres anti-staphylococciques majeurs 1940 1950 1960 1970 1990 Staphylocoques R/ Pénicilline Staphylocoques R/ Méticilline Staphylocoques VISA, GISA

Espace périplasmique Membrane cytoplasmique 000 000 000 000 PLP 000000 000000 000000 000000 Gram - ME PG

L ATB pénètre Mais des enzymes : les bétalactamases le détruisent avant qu il n atteigne sa cible ATB Bétalactamase 000 000 000 000 PLP 000000 000000 000000 000000 Gram - ME PG MC

Blactamase à spectre étendu R à l'ensemble des pénicillines Seule alternative thérapeutique : Imipénème Image de synergie souvent détectée entre les C3G et AMC L'activité des céphamycines et de l'imipénème n'est pas modifiée Carbapénémase Confèrent la R en plus à l imipénème

Celles qui ont émergé SARM Endémie Entérobactéries BLSE Epidémie C. difficile 0127 Entérocoque R vancomycine Cas sporadiques

Les candidats actuels S. aureus résistant à la vancomycine 3 cas décrits aux EU entre 2002 et 2004 (1 cas I/Teicoplanine, CMI = 32 ug/ml en Tunisie CHU la Rabta)

Les candidats actuels Enterobactéries R à l imipénème Communauté (I. urinaires++) K. pneumoniae, E. coli et autres entérobactéries Carbapenemases : R plasmidique (VIM, Sfax. Dr A. Hammami en 2006) Echanges plasmidiques +++ (Urban, CID 2008; Bratu CID 2007) Impasses thérapeutiques (Mathers Transpl Infect Dis, 2009; Nadkarni Am J Infect Control 2009)

NDM1 dans le monde France <0.1% Grèce 42% Israël 22%

Exemples de cas importés en France d entérobacteries carbapenemase + Hôpital Espèce Année Provenance Brousse (Villejuif) Kp VIM1 2003 Grèce Cochin (Paris) Kp KPC-2 2005 New York Meaux Kp KPC-2 2007 Grèce Pitié (Paris) E. coli et E. cloacae KPC-2 IGR (Villejuif) Pitié (Paris) E. cloacae KPC-3 2002 Israel 2005 New-York Croix Rousse (Lyon) P. stuartii VIM-1 et Pyo SHV5 2008 Grèce

Patient transféré d un hôpital d un pays à prévalence élevée d ERV et d EBR à l imipénème Recommandations du CLIN central de l AP-HP (20/10/08 actualisée avril 2009) Rechercher un portage fécal d ERV et EBR à l imipénème

Liste des pays : données EARSS + littérature USA >10% de R vancomycine chez E. faecium Allemagne Angleterre Irlande Italie Portugal > 5% de R carbapénèmes pour K. pneumoniae Chypre Grèce Israël

Etape 1 : Evaluation de la situation, le 1 er jour 1. Isoler le patient porteur 2. Alerter la Direction de l hôpital 3. Arrêter les transferts du patient porteur 4. En attendant, limiter les admissions dans l unité (seules urgences) 5. Organiser une enquête de portage fécal «transversale» parmi les patients contacts. (06/02/09)

Etape 2 : dans les 2 jours 1.Etablir la liste des patients contacts déjà transférés 2. Isoler les patients contacts déjà transférés et les dépister 3. Renforcer l hygiène des mains (SHA) 4. Renforcer le bionettoyage quotidien de l environnement des cas 5. Signaler au CCLIN et à la DDASS

Etape 3 : tout au long de l épidémie 1. Regrouper les cas BMR dans un secteur dédié («secteur des porteurs») Regrouper les patients contacts («secteur des contacts») 2. Reprise des admissions dans un 3 e secteur indemne 3. Organiser le dépistage transversal hebdomadaire des patients contacts. 4. Limiter l utilisation des ATB afin de diminuer la pression de sélection 5. Informer les patients et leur médecin traitant 6. Etablir et tenir à jour la liste des patients porteurs et des patients contacts, de façon à les mettre en isolement BMR et à les dépister en cas de réadmission.

Automédication et prescription abusive d ATB à éviter car BMR à l hôpital mais aussi dans la communauté Mesures de contrôle à renforcer en raison de la diffusion des plasmides de R Conclusions Mesures de contrôle à renforcer en raison des impasses thérapeutiques En raison du coût, le soutien des autorités sanitaires est indispensable

Réunions de sensibilisation en présence du MSP ou du DG de la santé Diffusion de l information Surveillance et lutte contre l infection nosocomiale Coordination : DHMPE Mise en place de textes et de stratégies destinées à limiter l émergence des R aux ATB