Plus jamais ca. 16 monuments aux morts pour se souvenir de la grande guerre



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Transcription:

d Plus jamais ca 16 monuments aux morts pour se souvenir de la grande guerre Livret pédagogique réalisé par le Service des Archives de la Communauté d Agglomération Pau-Pyrénées 2008 90e anniversaire de la commémoration de l armistice de la guerre de 1914-1918

Introduction Des clés pour comprendre son monument La guerre de 1914-1918 : un traumatisme pour l ensemble de la population Une législation incitative Les monuments «privés» L emplacement Des financements variés La forme des monuments Typologie des monuments Architectes et sculpteurs L absence apparente des monuments «sur catalogue» Les obélisques Le décor et la croix Les dédicaces et citations Les noms des morts L inauguration Des monuments évolutifs Les cérémonies commémoratives Les monuments à la loupe Artigueloutan Billère Bizanos Gan Haut-de-Gan Gelos Idron Jurançon Chapelle-de-Rousse Lée Lescar Lons Mazères-Lezons Ousse Pau Sendets Exploiter les sources Questionnaire de lecture Biographies Bibliographie

INTRODUCTION

Dans le cadre du 90e anniversaire de la commémoration de l armistice du 11 novembre 1918, le Service des Archives de la Communauté d agglomération Pau-Pyrénées s associe aux manifestations organisées par l ONAC. Devant la richesse du patrimoine monumental de la Communauté d agglomération, un regard particulier est proposé sur les monuments aux morts à travers la rédaction d un livret pédagogique destiné aux enseignants des classes primaires (principalement CM2) et des collèges. Cet outil ambitionne de les aider à approfondir le thème de la commémoration de l armistice de la guerre de 1914-1918, à partir de l étude de documents d archives, en s appuyant plus précisément sur les monuments aux morts : leur emplacement, leur style, le choix de l inscription, les noms des soldats. En effet, ces monuments sont présents dans chaque commune de l agglomération, installés sur la voie publique : ils font partie du paysage et méritent un regard plus documenté. Les objectifs recherchés sont les suivants : > mettre l élève en situation de recherche à partir de documents historiques réels, > développer l intérêt pour le patrimoine local (chaque commune a son propre patrimoine qui s inscrit aussi dans l histoire nationale), > permettre une réflexion sur le thème de la mémoire et du souvenir, pour agir aujourd hui en faveur de la Paix, > et, pour les plus grands, proposer un support concret à une réflexion sur le rapport entre l histoire (le fait historique) et les commémorations (la façon dont les générations se réfèrent aux faits, le discours construit sur la mémoire). Bas relief du monument de l église Saint-Laurent de Billère (Cl. V. Lisita, service des Archives de la CDAPP) Ces travaux pourront déboucher sur des présentations hors de l école : enrichissement de sites internet consacrés aux soldats de la grande guerre, pose d un cartel de présentation historique auprès du monument, lecture des résultats de l enquête scolaire lors des cérémonies du 11 novembre, etc. Ce livret pourra être complété par un déplacement de la classe aux Archives pour une (ou des) séance(s) de travail sur les documents originaux. Contacts : Service communautaire des Archives Pau-Pyrénées 05 59 27 27 70 mp.codol@agglo-pau.fr ou v.poubanne@agglo-pau.fr BP 1621-64016 Pau Cedex Mention sur un registre d état-civil de la ville de Pau

DES CLÉS POUR COMPRENDRE

La guerre de 1914-1918 : un traumatisme pour l ensemble de la population C est avec l armistice du 11 novembre 1918 que prend fin la première guerre totale de l histoire. Sur 8 000 000 d hommes mobilisés, 1 450 000 Français meurent sous les drapeaux ; pratiquement toutes les familles françaises sont endeuillées. Chaque commune a alors à cœur d élever un monument à la gloire de «ses chers disparus». C est donc surtout après 1918 que l édification de ce type de monument est systématisée, environ 36 000 sont édifiés sur le territoire français. Même si des monuments aux morts de la guerre de 1870-1871 avaient déjà été construits entre 1870 et 1914, ils n étaient pas très nombreux, ni spécifiquement communaux. L intention n est pas la même : après 1918, c est l ampleur du drame collectif et individuel qui s exprime dans la pierre, comme dans la formule «Plus jamais ça», ainsi qu un profond mouvement populaire d hommage aux victimes. Monuments commémoratifs, mais aussi lieux de recueillement pour les familles des disparus sans sépulture, «les monuments aux morts constituent un ensemble complexe de signes» qui s expriment dans la statuaire, les inscriptions et dédicaces, l ornementation et le choix de l emplacement dans la commune. La lecture de ces signes aide à comprendre la sensibilité locale et la volonté de mémoire exprimées dans chacun des quatorze villes et villages de la Communauté d agglomération Pau-Pyrénées. Une législation incitative L État accompagne ce mouvement tout d abord par la loi du 25 octobre 1919 «sur la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la grande guerre», qui institue des registres des noms des combattants déposés au Panthéon, crée la flamme du soldat inconnu à l Arc de Triomphe et octroie des subventions. La loi du 31 juillet 1920 sur les finances précise ensuite dans son article 81 les modalités d attribution de ces aides. Enfin, une circulaire du 10 mai 1920 «relative aux monuments commémoratifs aux morts de guerre» instaure la création dans chaque département d une commission concernant l exécution artistique des monuments. Celle-ci est surtout chargée de veiller au respect de l article 28 de la loi du 9 décembre 1905 interdisant «d apposer des signes religieux sur les monuments ou les emplacements publics à l exception des édifices du culte ou des cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou des expositions».

Les monuments «privés» L édification d un monument aux morts n est pas une exclusivité communale : les paroisses (Saint-Laurent à Billère, Saint-Martin et Notre-Dame à Pau, etc.), les établissements d enseignement publics et privés (Lycée Louis- Barthou, École normale des Basses-Pyrénées, Institution de l Immaculée Conception), les administrations (mairie de Pau, préfecture des Pyrénées- Atlantiques), les régiments (par exemple le monument au 18e Régiment d infanterie, place de Verdun à Pau), les associations sportives (Association Bourbaki à Pau) rendent hommage à leurs disparus, au moyen de plaques ou de véritables monuments pouvant rivaliser, de par leur taille ou leur esthétique, avec certains monuments publics. L emplacement Le monument aux morts est situé dans un lieu emblématique de la commune ; ceux de la Communauté d agglomération sont généralement placés à proximité de l église, hormis ceux de Mazères-Lezons et Idron qui ont pris place dans le cimetière, et celui d Ousse, reconstruit aujourd hui près de la mairie. Parfois, le choix de l emplacement du monument donne lieu à des querelles (Jurançon, Gelos). Ce choix, 15 ans seulement après la séparation de l église et l Etat, n est en effet pas anodin, le monument devant se situer dans un endroit assez dégagé pour accueillir les cérémonies destinées à faire naître un véritable «culte républicain». Vitrail-monument aux morts de l église Notre-Dame de Pau, par les ateliers Maumejean (cl. V. Lisita)

Des financements variés Le financement pour la construction d un monument aux morts peut prendre plusieurs formes. Il peut être tout d abord public avec l aide de subventions de l État : encadrées par l article 5 de la loi du 25 octobre 1919 puis par la loi du 31 juillet 1920, elles varient de 4 à 15 % de la dépense totale en fonction du nombre de morts par rapport à la population. Ces demandes de subventions font le plus souvent l objet de délibérations des conseils municipaux. Certaines communes ont choisi un mode de financement plus simple et plus rapide : un appel à la générosité publique souvent complété par un crédit municipal ou par une subvention de l État. La souscription est fréquemment organisée par un comité spécialement formé à cette occasion et couramment présidé par le maire ou le curé du village, établissant en cela un consensus large. Le monument conjugue le plus souvent, comme à Artigueloutan, Gelos, Bizanos, Gan, ces diverses ressources : subventions, souscriptions, finances municipales. La forme des monuments Typologie des monuments Cette typologie a été établie d après celle d Antoine Prost dans son article Les monuments aux morts (voir bibliographie). Notons que deux catégories, les monuments funéraires et pacifistes, ne sont pas représentées dans les communes de l agglomération. 1) Un monument civique : Ousse Le monument «civique» est caractérisé par son dépouillement tout à fait laïc et l absence d emblèmes, à l exception de la croix de guerre, la décoration due aux morts pour la France. La dédicace (épigraphe), conformément à l énonciation officielle, ne comporte que les mots «La commune de N*** à ses enfants morts pour la France». Appel à la souscription du Comité de Jurançon, tract imprimé, 9 avril 1919 (Archives municipales de Gelos, 1M1b)

2) Les monuments civiques patriotiques : Artigueloutan, Billère, Chapelle-de-Rousse, Gan, Haut-de-Gan, Lée, Lons, Sendets. Le monument «civique patriotique» se distingue du simple monument civique non seulement par la mention «morts pour la Patrie», la citation «Pro Deo, pro Patria» (Lée, Sendets), mais également par ses adjonctions empruntées au champ sémantique de la gloire et de l honneur : «glorieux héros» (Artigueloutan), «morts glorieux» (Pau). Il comporte également différentes allégories : palmes, rameaux, casques, drapeaux, ainsi que des inscriptions supplémentaires, gravées sur des faces secondaires (Gan, Lée, Sendets, Lons). 3) Les monuments patriotiques funéraires : Jurançon, Lescar, Pau, Bizanos, Gelos, Idron, Mazères-Lezons. Les monuments «patriotiques funéraires» glorifient le sacrifice des morts dans l amour de la patrie. Ils sont agrémentés de personnages venant rendre hommage aux disparus, notamment des personnes âgées (Jurançon), des veuves et des orphelins (Bizanos, Gelos, Pau) ; les costumes régionaux (Jurançon) viennent enraciner une douleur cependant universelle. Ils montrent enfin des détails qui viennent souligner le deuil : des croix (Gelos), des gerbes de fleurs (Lescar, Gelos), des urnes funéraires (Lescar), le casque du poilu... Architectes et sculpteurs Si les monuments les plus simples ne font appel qu à des carriers ou des marbriers (Mathiérou à Sendets, Escalle à Ousse), d autres sont conçus par des artistes : des sculpteurs, des mosaïstes, voire des architectes. Les monuments de Lescar, Bizanos, Gelos et Jurançon s ornent de figures sculptées par Henri Poublan et Ernest Gabard. Celui de Gan est le fruit de l association d un architecte, Gabriel Andral, et d un mosaïste, Maumejean ; celui de Pau, dont l édification comprend une véritable assise urbanistique, nécessite l intervention de l architecte Henry Challe et du sculpteur Georges Vérez, dont le projet est choisi suite à un concours. Papier à en-tête du sculpteur Henri Poublan, vers 1920 (Archives municipales de Gelos, 1M1b)

L absence apparente de monuments «sur catalogue» Le choix de monument aux morts sur catalogue, est, de la part des communes françaises, un phénomène tellement répandu qu il ne peut être passé sous silence. En effet, par souci d économie et par commodité, les conseils municipaux optent parfois pour des monuments fabriqués en série. Des entreprises (marbreries ou fonderies) présentent ainsi leurs productions dans des catalogues ou des circulaires ; une revue spécialisée, publiée dès 1919, L Art funéraire et commémoratif, vient compléter cette aide aux édiles indécis. Quelques modèles ont connu un grand succès et se sont vendus à plusieurs centaines d exemplaires, au point d être parfois copiés par des sculpteurs locaux! Certains sculpteurs s associent à ces entreprises qui éditent leurs œuvres en série en bronze, fonte bronzée ou pierre. C est le cas, pour les sculpteurs qui nous intéressent, d Henri Poublan avec son Buste de poilu, ou de Georges Vérez avec une Victoire ailée (édités par la Société anonyme des fonderies et ateliers de construction du Val-d Osne, sous les numéros 512 et 870 du catalogue). En ce qui concerne les communes de l agglomération, et dans l état actuel des recherches, on ne trouve pas de monument «sur catalogue» ; seuls certains éléments de bronze, plaqués sur les monuments (palmes, croix de guerre, motifs divers) proviennent de fabrications en série. La proximité, dans les Pyrénées, de nombreux carriers et marbriers peut expliquer ce phénomène. Les obélisques Sur les 16 monuments étudiés, 10 sont des obélisques : ces constructions simples, dépouillées, sont l expression de l hommage officiel dans sa forme la plus stricte, la plus visible et la moins coûteuse. C est d ailleurs le type le plus répandu en France pour les monuments aux morts. Monument aux morts de l Association Bourbaki, vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Le décor et la croix À travers des ornementations symboliques récurrentes, les monuments révèlent un certain nombre d allusions et de messages. Palme Dans l iconographie antique, la palme est le symbole de la victoire, voire de la victoire sur la mort, et suggère également les honneurs ; elle est visible, sculptée à même le monument, à Artigueloutan, Billère, Bizanos, Idron, Lée, Lons, Sendets,ou rapportée en bronze à Lescar, Mazères-Lezons et Ousse. Lauriers Sous forme de couronne ou de guirlande, le laurier symbolise les honneurs, la victoire et les vertus militaires. On peut l observer sur les monuments de Bizanos, Gan, Haut-de-Gan, Gelos et Jurançon. Olivier La branche d olivier, qui symbolise la justice, la paix et la sagesse, n est présente que sur le monument de Pau. Casque du poilu Le poilu en personne, hormis à Mazères-Lezons, n est pas représenté ; mais il est évoqué par des éléments de son équipement (les grenades ou le masque à gaz comme à Lescar) ou plus précisément par son casque : c est le cas à Billère, Bizanos, Haut-de-Gan, Gelos, Lescar. Palme sur le monument d Artigueloutan, détail (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP) Drapeau Le drapeau français, à la signification patriotique évidente, est présent à La Chapelle-de-Rousse, Lée, Sendets. Ces deux derniers monuments le présentent entremêlé avec la palme et la croix, soient les représentations conjointes de la patrie, de la victoire et de la foi, soulignées par la maxime Pro Deo, pro Patria. Casque de poilu sur le monument de Haut-de-Gan, détail (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

La croix de guerre 1914-1918 La croix de guerre, créée par la loi du 8 avril 1915, est une décoration militaire attribuée pour récompenser une conduite exceptionnelle au cours de la première guerre mondiale. C est le sculpteur Paul-Albert Bartholomé qui réalise le modèle définitif, à quatre branches et deux épées croisées ; le centre représente une tête de République au bonnet phrygien, ornée d une couronne de lauriers, avec en exergue les mots : «République française». Il porte la date au revers. Plus ou moins épurée, elle figure sur tous les monuments de l agglomération, sauf ceux de La Chapelle-de-Rousse, Lée, Gelos et Ousse. Ceux de Haut-de-Gan, Jurançon et Lescar en comportent deux. La croix Au moment de l armistice, treize années se sont écoulées depuis la loi de séparation de l Église et de l État du 9 décembre 1905 ; celle-ci «interdit d apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics... à l exception... des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires...». Or, de nombreuses communes françaises choisissent d orner leur monument d une croix latine, symbole de l Église, ce qui donne lieu à d importantes polémiques et conduit le Ministre de l Intérieur, en 1919, à distinguer les monuments «(...) placés dans un cimetière ou sur une voie publique. En ce qui concerne les premiers, liberté entière doit être laissée aux municipalités pour l ornementation ou les attributs dont elles voudront les revêtir ; quant aux seconds, ils ne doivent comporter aucun emblème religieux». Dans l agglomération, la moitié des communes décide d orner son monument d une croix : Bizanos, Gelos, Idron, La Chapelle-de-Rousse, Lons, Pau, Sendets et Mazères-Lezons dans son état initial, Lée optant même pour deux croix! Dans l état actuel des recherches, on n est pas en mesure de savoir si ce symbole donna lieu, à l époque, à des débats. On peut simplement constater qu hormis ceux d Idron et Mazères-Lezons, érigés dans des cimetières, les autres monuments porteurs d une croix, «situés sur la voie publique», ne respectent pas la loi. Croix de guerre sur le monument de Lescar, détail (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Armoiries Quelques communes ont intégré leurs armoiries dans leur monument aux morts : il s agit de Bizanos, Gan et Lescar. Ce choix marque la volonté d intégrer à l hommage, l histoire ou la tradition de la cité. Les dédicaces et citations La mention «Mort pour la France» a été créée par la loi du 2 juillet 1915 puis modifiée par celle du 28 février 1922. Cette énonciation officielle figure en mention marginale sur les actes de décès des militaires morts à la guerre. On la retrouve donc naturellement sur les monuments aux morts, car elle est codifiée et possède une valeur juridique et officielle ; elle se décline sous plusieurs variantes : la plus évidente est la dédicace aux enfants «morts pour la France» ou «morts pour la patrie», ce qui traduit des intentions tout à fait différentes. Enfin, si Mazères-Lezons se contente d un laconique «Morts pour la patrie, 1914-1918» sans même préciser le nom du village, Lescar s exprime en discours direct, à travers l allégorie de la ville sculptée : «À mes enfants morts pour la patrie». Victor Hugo Deux communes, Gan et Lée, ont inscrit des vers de Victor Hugo, extraits de la première strophe du poème Hymne : «Ceux qui sont morts pour la Patrie ont droit qu à leur cercueil la foule vienne et prie... La voie d un peuple entier les berce en leur tombeau». Le poète l avait composé en 1831 pour son recueil Les Chants du crépuscule, à l occasion du premier anniversaire de la révolution de 1830, et en l honneur des morts tombés sur les barricades. La tradition républicaine s était emparée de ces vers, qui étaient chantés par les enfants des écoles sur une musique de Hérold. Les noms des morts Les monuments expriment un profond civisme républicain : chacun porte, pour l éternité, le nom des morts, dans le respect à la fois des individus et du principe d égalité républicaine (les citoyens ne sont-ils pas égaux devant la loi comme devant la mort?). Ainsi, l ordre d inscription des noms est en général alphabétique, parfois chronologique (Idron, Lée, Mazères-Lezons, Ousse, Sendets), toujours sans indication de grade ; le monument d Artigueloutan, qui présente, quant à lui, les noms classés par grade (lieutenant, adjudant, sergent, caporal, soldat), constitue une exception. Celui de Pau enfin, au vu de l ampleur des pertes humaines, n en porte aucun.

L inauguration L inauguration est l occasion de cérémonies officielles, en présence des personnalités politiques. Si les monuments de village sont généralement inaugurés avant 1922, la démarche est plus complexe et plus longue à Pau. Des monuments évolutifs À l issue des guerres du XXe siècle (seconde guerre mondiale, guerres de décolonisation d Algérie, Maroc, Tunisie, Indochine), les monuments aux morts de la première guerre mondiale deviennent le support logique des noms des nouveaux morts : ceux-ci peuvent être gravés à même le monument (Gelos, Jurançon, Lescar, Lons), mais dans la majorité des cas font l objet d un ajout de plaque(s). Ces modifications peuvent également s avérer d ordre esthétique ou idéologique, comme à Mazères-Lezons où la croix, au sommet, est remplacée en 2004 par un buste de poilu. Les plus spectaculaires évolutions sont les déplacements des monuments, dues en général à l augmentation des flux de la circulation (Artigueloutan et Gelos, ce dernier étant resté au stade de projet) ou à des réaménagements urbanistiques (Billère, Bizanos). Enfin, le cas d Ousse, dont le monument a été remplacé suite à la destruction de l original par les intempéries et la mauvaise qualité de la pierre, est suffisamment rare pour être évoqué. Les cérémonies commémoratives Avec la disparition, le 12 mars 2008, de Lazare Ponticelli, dernier combattant français de la «Grande guerre», s éteint l ultime possibilité de témoignage direct de la guerre 1914-1918. Dorénavant, la transmission de la mémoire de la première guerre mondiale passe, pour une part, par l organisation de cérémonies officielles. C est en 1922 que le 11 novembre devient une fête nationale. Il rassemble alors, devant les monuments aux morts, les anciens combattants, les jeunes des écoles, les élus pour commémorer les morts de la guerre. Lors de cette cérémonie républicaine et funéraire, on rend hommage aux disparus : après une minute de silence, le nom de chaque soldat est appelé, suivi de l annonce «mort pour la France», une gerbe de fleurs est déposée, la Inauguration du monument aux morts de Lescar, 1922, carte postale (Service des Archives de la CDAPP, 26Fi150) Marseillaise est souvent jouée ou chantée. Cette cérémonie peut se reproduire également lors des fêtes patronales. Aujourd hui le sens de cette commémoration tend à s estomper avec l oubli des souffrances des soldats et de leurs familles. La célébration du devoir républicain à travers ceux qui l ont accompli se transforme en souvenir du passé ; la multiplication des célébrations nationales et l engouement commémoratif du XXe siècle font éclater le modèle traditionnel de la commémoration nationale et civique.

LES MONUMENTS A LA LOUPE

ARTIGUELOUTAN Initialement construit sur la place publique dite des Platanes, le monument aux morts a été déplacé devant l église, suite à une délibération du 22 septembre 1978, afin d améliorer la circulation qui devenait périlleuse. De type «civique patriotique», il s agit d un obélisque décoré d une palme et d une croix de guerre ; sa particularité est de présenter les noms des morts de la commune, non pas de manière alphabétique ou chronologique, mais par grades militaires, ce qui constitue une exception et une rareté. La dédicace insiste sur le thème de la gloire et de l honneur. La délibération du 4 avril 1920 nous renseigne sur le financement de la construction du monument : le coût est alors de 4250 F (dont 2450 F pour la taille et le transport de la pierre), couvert par une souscription publique et une subvention municipale de 500 F. Comme la loi le prévoit, une subvention de 1300 F est demandée au Préfet pour parachever le monument avec l établissement d une grille. Le 6 juin 1954, il est décidé de faire redorer les inscriptions. Monument aux morts d Artigueloutan : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registres de délibérations du Conseil municipal (1895-1929, 1930-1978) plus particulièrement séances des 29 février 1920 et 22 septembre 1978 - Registres d état civil >Aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques : - Mouvement de la population (1880) ; Listes nominatives de recensement (1906, 1911) (E dépôt Artigueloutan 1F1) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d un prochaine mise en ligne. - Tableaux de recensement des classes (1837-1900) (E dépôt Artigueloutan 1H1) Monument aux morts d Artigueloutan : noms des soldats décédés (détail) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil municipal d Artigueloutan, délibération du 26 août 1919 (Archives municipales d Artigueloutan).

BILLÈRE Le 24 avril 1920, le conseil municipal décide de constituer un dossier de demande de subvention pour la construction du monument aux morts : le coût, d après les devis et les plans, s élève à 4500 F et la souscription a rapporté 3222,35 F. Décision est prise de le construire sur la place de l Église ; un crédit de 1277,65 F est ouvert, le maire priant le Préfet des Basses-Pyrénées d obtenir une subvention, «aussi élevée que possible». Le monument, de type «civique patriotique», est un obélisque décoré de deux palmes, d un casque de poilu et de la croix de guerre ; au moment de l aménagement de la place Saint-Laurent, à la fin des années 1990, il sera déplacé de quelques mètres, depuis le mur du presbytère jusqu au centre de la place. L église Saint-Laurent, toute proche, abrite également une plaque, sculptée par Henri Poublan, qui porte les noms des morts de la paroisse. Monument aux morts de Billère : épigraphe (détail) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil Municipal de Billère délibération du 24 avril 1920 (Archives municipales de Billère)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registre de délibérations du conseil municipal (1920-1946) (plus particulièrement séance du16 octobre 1921) - Recensements de la population (1841-1936) (F1b sans cote) - Tableaux de recensement militaire (1882-1934) (H1ab) - Registres d état civil - Cadastre : matrices (12 volumes) (1822-1967)

BIZANOS C est le Comité constitué par les soldats démobilisés qui a l idée d élever à Bizanos un monument aux morts. Par lettre du 12 juin 1919, il sollicite une subvention municipale : le 6 juillet le conseil municipal rejette la demande et annonce qu il s occupera lui-même de cette question. Le 25 octobre de la même année, il décide que le monument sera érigé sur la place de l Église. Le sculpteur choisi est Henri Poublan à qui l on doit également les monuments de Gelos et Lescar ; il représente, dans un «menhir» de marbre blanc de Saint-Béat, une allégorie de la Victoire (elle porte une palme dans sa main), surgissant de sa gangue de pierre, et désignant à deux enfants de bronze le sacrifice humain : la portée pédagogique de ce monument est évidente, l un des enfants, du reste, tient sous le bras son cartable d écolier. Les frais s élèvent à 9000 F et sont couverts par une souscription communale (1500 F), une souscription publique et une subvention de l État (480 F), qui sera employée en 1921 à la pose d une grille. L emplacement est rendu libre, le 2 novembre à 14 heures, par la vente des sept arbres qui s y trouvent. En 1927, Monsieur Miganne demande par lettre à ce que le nom de son fils Jacques-Georges, mort à la guerre, soit gravé sur le monument : cela explique qu il ne soit pas classé alphabétiquement, mais à la fin de la liste. En 2006, le monument aux morts, cédant la place au réaménagement du carrefour, est déplacé à l est de l église. Monument aux morts de Bizanos, buste en bronze de l écolier debout (détail) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Dessin sur calque du projet d Henri Poublan, 28 janvier 1920 (E dépôt Bizanos 1M7, cl. J.M. Decompte, ADPA)

Lettre de demande d inscription de nom sur le monument, 28 septembre 1927 (E dépôt Bizanos 1M7, cl. J.M. Decompte, ADPA) Note de protestation de Henri Lamothe, ancien conseiller municipal, 22 décembre 1919 (E dépôt Bizanos 1M7, cl. J.M. Decompte, ADPA)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie - Registres d état civil >Aux Archives départementales des Pyrénées Atlantiques : - Érection d un monument aux morts (1919-1927) (E dépôt Bizanos 1M6) - Extraits du registre des délibérations du conseil municipal (1882-1955) (E dépôt Bizanos 1D1) - Mouvements et recensements de la population (1836-1896) (E dépôt Bizanos 1F1-6) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d une prochaine mise en ligne. - Tableaux de recensement militaire (1886-1921 (E dépôt Bizanos 1H3)

GAN L évidente particularité du monument aux morts de Gan est de s écarter des représentations sculptées habituelles, et de se présenter sous la forme d une gigantesque mosaïque. Ce parti pris semble être le fait de l architecte, Bertrand Gabriel Andral, responsable de sa réalisation en même temps que de la restauration de l église : passionné d archéologie, il fait très certainement allusion à la mosaïque antique d époque gallo-romaine découverte au quartier de Las Hies, ou bien à celle du pont d Oly. À deux reprises, le conseil municipal de Gan rend un hommage appuyé aux héros de la guerre, avant de s intéresser à la construction de deux monuments : l un au bourg, l autre au quartier de Haut-de-Gan. Dans un premier temps, le conseil municipal décide, le 19 décembre 1918, qu une plaque de marbre portant les noms des morts de la commune sera placée à la mairie, dans la salle du conseil municipal, puis qu une «stèle (colonne)» sera établie au cimetière. Un appel à la souscription est alors lancé. Cette décision est modifiée lors de la séance du conseil municipal du 23 mars 1919 : il est alors prévu que le socle d une croix, présente sur la place de l Église, sera agrandi pour y graver les noms des enfants de la commune morts pour la France. Le 22 décembre 1920, le conseil approuve le projet de monument présenté par l architecte Bertrand Gabriel Andral, monument à élever «à l angle droit de l église» alors en restauration sous sa direction ; les plans et devis définitifs sont votés le 25 février 1921. Une commission municipale est chargée du suivi des travaux. Le financement des deux monuments de la commune de Gan paraît difficile à suivre ; on sait seulement que la souscription se monte à 4278 F fin février 1921 et que la somme des deux monuments est de 19 994,70 F le Gan. L église, avant 1922, carte postale (Service des Archives de la CDAPP, 26 Fi104) Gan. L église, après 1922, carte postale (Service des Archives de la CDAPP, 26 Fi105) 17 novembre 1922. Ce monument s inscrit dans le type «civique patriotique», de par sa dédicace et les alexandrins qui y sont gravés : «Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie ont droit qu à leur cercueil la foule vienne et prie», extraits du poème de Victor Hugo, Hymne. La mosaïque, due aux ateliers Maumejean (faire lien avec biographie) qui réalisent en même temps le décor intérieur de l église, montre une croix de guerre décorée du blason de Gan et couronnée de rameaux d olivier.

Conseil municipal de Gan, délibération du 23 mars 1919 (Archives municipales de Gan)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registre de délibérations du conseil municipal (1888-1926) (particulièrement les séances des19 décembre 1918, 22 décembre 1920, 25 février 1921) - Registres d état civil après 1831 >Aux Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques - Recensements de la population (1831-1911) (E dépôt Gan 1F1-8), Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d un prochaine mise en ligne. - Recensements militaires (1877-1922) (E dépôt Gan 1H3) Monument aux morts de Gan : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

HAUT-DE-GAN Les constructions des monuments aux morts de Haut-de-Gan et de Gan sont intimement liées : les délibérations du conseil municipal de Gan concernent toujours les deux monuments. Le fait d édifier un monument propre à un quartier est courant dans le cas de communes dont le territoire résulte du regroupement de plusieurs anciennes paroisses ayant conservé un sentiment d individualité (c est également le cas pour Jurançon et la Chapelle-de-Rousse). Dans un premier temps, le conseil municipal de Gan décide, le 19 décembre 1918, qu une plaque commémorative sera placée au cimetière de Hautde-Gan. Un appel à souscription est lancé. Cette décision est modifiée lors de la séance du conseil municipal du 29 mars 1919 : comme au bourg, on décide que le socle de la croix qui se trouve devant l église de Haut-de-Gan, sera agrandi pour y graver les noms des enfants du quartier morts pour la France. Le 22 décembre 1920, le conseil approuve le projet de l architecte Bertrand Gabriel Andral, qui consiste à apposer une plaque contre le mur extérieur de la chapelle ; plans et devis définitifs sont votés le 25 février 1921, pour un prix de 1200 F. Ce monument est une simple plaque, décorée d une palme et d un casque de poilu. Sa dédicace aux enfants morts «pour la patrie» le classe dans les monuments de type «civique patriotique». Monument aux morts de Haut-de-Gan : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil municipal de Gan, délibération du 23 mars 1919 (Archives municipales de Gan)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registre de délibérations du conseil municipal (1888-1926) - Registres d état civil >Aux Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques - Recensements de la population (1831-1911) (E dépôt Gan 1F1-8) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d un prochaine mise en ligne. - Tableaux de recensement militaire (E dépôt Gan 1H3) Haut de Gan, L église et l entrée du village, carte postale (service des Archives de la CDAPP, 26Fi120)

GELOS La commune de Gelos conserve le dossier complet de la construction de son monument aux morts. L élaboration et le fonctionnement du comité y sont très clairs : constitué par délibération du 29 mai 1919, il a pour responsable le vicaire de la paroisse, tandis que les présidents d honneur en sont des notables gelosiens dont certains ont perdu un fils au cours du conflit. Durant l été 1919, la municipalité fait paraître une annonce dans la presse locale et régionale, demandant «aux artistes, architectes, etc., d adresser d urgence à la mairie leurs projets et devis». Les réponses sont assez nombreuses ; c est finalement le projet du sculpteur palois Henri Poublan, daté du 17 janvier 1920, qui est choisi pour une somme de 10 000 F : celui-ci reprend à l identique son projet de monument pour la commune de Pissos dans les Landes, daté du 26 septembre 1919, mais non exécuté. Pour ce monument patriotique et funéraire, Henri Poublan choisit de représenter une veuve désignant les dates 1914-1919 à son enfant orphelin, lequel apporte une gerbe devant une croix symbolisant une tombe : ils viennent se recueillir devant l obélisque en mémoire de leur mari et père défunt. Cet obélisque est couronné d un casque de poilu et d une corniche où apparaissent des têtes de lion et d aigles renversées, symboles de la victoire sur l ennemi. Pour respecter la circulaire (10 mai 1920) du Ministre de l Intérieur qui demande que les monuments placés dans les lieux publics ne s ornent d aucun emblème religieux, sauf ceux implantés dans les lieux de culte ou les cimetières, Henri Poublan enlèvera la croix initialement prévue dans le projet. Notons que les obus disposés alentour sont acquis gratuitement comme trophées de guerre au moment de la liquidation des stocks du Ministère de la Guerre. L inauguration a lieu le 18 février 1923, organisée conjointement par des délégués du conseil municipal, de l Union nationale des combattants et du comité du monument. Ce dernier a finalement entièrement financé la construction du monument, en ayant réuni une souscription de 10 000 F. Monument aux morts de Gelos : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP) Alors que, déjà en 1919, la décision de son emplacement a suscité de nombreux débats, en 1978, face au développement de la circulation automobile, la municipalité envisage de déplacer le monument dans le jardin, contre l église, notamment pour ne plus encombrer le carrefour lors des commémorations. Le projet se heurte alors à une farouche opposition de la part d une association d anciens combattants et doit être abandonné. Le problème de l emplacement des monuments aux morts reste donc encore sensible 60 ans après...

Lettre d appel à la souscription, s.d. (Archives municipales de Gelos, M1b)

Lettre de Mme Tourné, membre du comité, au maire de Gelos sur le projet Poublan, 24 septembre 1919 (Archives municipales de Gelos, M1b)

1978-1-2 : Lettre de M. Estrem, président-fondateur de la section de l ARAC, au maire de Gelos, sur le projet de déplacement du monument aux morts, 12 décembre 1978 (Archives municipales de Gelos, M1b)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registres de délibérations du conseil municipal (1893-1920, 1920-1946) - Monument aux morts (1919-1921) (Archives municipales de Gelos, M1b) - Déplacement du monument (1978-1979) Avis d inhumation, restitution des objets de valeurs des défunts, avis de disparition, avis de décès (1914-1918) (Archives municipales de Gelos, H4e) - Cadastre : matrices des XIXe et XXe siècles

IDRON Ce monument, situé devant l église et dans l enclos du cimetière, est de type «patriotique funéraire» : il s agit d un obélisque, décoré d une palme et d une couronne mortuaire ; sa particularité est de présenter, en plus de la dédicace qui insiste sur le thème de la gloire, l inscription «In anathema oblivionis N oublions jamais», à la fois en latin et en français. Malheureusement le registre de délibérations des années 1920 et le dossier de construction du monument n ont pas été retrouvés. Nous ne disposons donc d aucune information historique sur ce monument. Toutefois, il est possible, grâce à d autres sources comme les listes nominatives de recensements ou les matrices cadastrales, d élargir l étude du monument à l histoire des soldats de la commune morts pour la France. Monument aux morts d Idron : vue d ensemble (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registres d état-civil - Recensements de population : listes nominatives (1846-1946). - Mouvements de population : états (1856-1906) - Cadastre : matrices napoléoniennes (1828-1914, 4 volumes)

JURANÇON Avec six cents mobilisés et plus d une centaine de morts, Jurançon est la quinzième commune du département en matière de pertes humaines pendant la première guerre mondiale. Aussi, la première évocation d un projet de monument à ses morts, dès le 24 novembre 1918, ne se fait pas attendre. Un comité, chargé de recueillir les fonds, est formé quelques mois plus tard. La souscription s organise alors dès mars 1919 et s étend jusqu au quartier palois du 14 juillet où les sommes recueillies atteignent 25000F. En effet, cet ancien quartier jurançonnais appartient à la paroisse de cette commune : ses habitants se font d ailleurs enterrer dans le cimetière communal. C est en partie pour cette raison que le chanoine Hourcade, curé de Jurançon et vice-président du comité, adresse au maire une lettre de protestation le 11 août 1920 au sujet du nouvel emplacement du monument aux morts. Ainsi, alors que le 1er août, le conseil vote pour le cimetière comme emplacement du monument, les élus préfèrent très vite opter pour un lieu public, plus particulièrement la place devant l église. D après la lettre du curé Hourcade, ce serait Ernest Gabard, le sculpteur choisi, qui aurait préféré cet emplacement. Malgré tout, les fondations sont creusées devant le cimetière dès le mois d octobre. C est en fait le 21 septembre 1919 que le conseil municipal demande un projet au sculpteur palois Ernest Gabard qui présente sa maquette début novembre, pour finalement signer un traité le 5 du même mois. Au début de l été 1920, les délibérations laissent apparaître un certain retard dans l évolution du projet. Ce monument est à classer dans le type «patriotique funéraire», non seulement à cause de sa dédicace, mais également par les deux figures qu il montre : ce couple de personnes âgées, vêtu de costumes régionaux, vient rendre hommage au fils disparu. Monument aux morts de Jurançon : épigraphe et figures (détail) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Monument aux morts de Jurançon : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Lettre d Édouard Hourcade, vice-président du comité et curé de la paroisse, au maire de Jurançon, 11 août 1920, (extrait) (E dépôt Jurançon, 1M4, cl. J.M. Decompte, ADPA)

Pour approfondir et élargir les recherches : >Aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - Correspondance relative à la construction d un monument aux morts (E dépôt Jurançon 1M4) - Registre de délibérations du conseil municipal (1908-1920) (E dépôt Jurançon 1D11) - Dénombrement des habitants (1926) (E dépôt Jurançon 1F1) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d une prochaine mise en ligne. - Cadastre : matrices (1821-1976, 8 volumes) (E dépôt Jurançon 1G4-11) - Tableaux de recensement des classes (1816-1932) (E dépôt Jurançon 1H1-5)

LA CHAPELLE DE ROUSSE La démarche de construire un monument aux morts propre à un quartier est courante, notamment dans le cas de communes dont le territoire résulte du regroupement de plusieurs anciennes paroisses ayant conservé un sentiment d individualité ; tout comme pour Gan et Haut-de-Gan, c est le cas pour Jurançon et le quartier de La Chapelle-de-Rousse, où ce sentiment est particulièrement prégnant, au point de donner lieu à des délibérations spécifiques de la part du conseil municipal de Jurançon. D ailleurs, après la seconde guerre mondiale, les habitants de la Chapelle-de-Rousse tentèrent d obtenir le statut de commune autonome. Ainsi, les élus décident, le 17 octobre 1920, de demander des devis pour l achat et la mise en place d une plaque commémorant les soldats défunts de ce quartier. Cette plaque, qui peut sembler très simple au premier abord, est à classer dans les monuments «civiques patriotiques», du fait de la présence de deux drapeaux peints et de la dédicace «à la mémoire glorieuse» ; la croix, ainsi que la proximité du cimetière, pourraient le faire glisser dans les monuments funéraires. Monument aux morts de La Chapelle-de-Rousse : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil municipal de Jurançon, délibération du 17 octobre 1920 (E dépôt - Jurançon 1D11, cl. J.M. Decompte, ADPA)

Pour approfondir et élargir les recherches : >Aux Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques - Correspondance relative à la construction d un monument aux morts (E dépôt Jurançon 1M4) - Registre de délibérations du Conseil municipal (1908-1920) (E dépôt Jurançon 1D11) - Dénombrement des habitants (1926) (E dépôt Jurançon 1F1) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d une prochaine mise en ligne. - Cadastre : matrices (1821-1976, 8 volumes) (E dépôt Jurançon 1G4-11) - Tableaux de recensement des classes (1816-1932) (E dépôt Jurançon 1H1-5)

LÉE Le 26 août 1919, le conseil municipal décide d élever un monument aux morts, financé par une souscription et par un apport de 500 F de la part de la commune. Le 25 septembre 1921, le maire, qui préside également le Comité pour l érection du monument, décide de combler le déficit de la souscription : la somme de 700 F est immédiatement votée par le conseil municipal pour achever «cette œuvre sacrée» ; 500 F supplémentaires sont dévolus à l établissement d une «avenue des Martyrs de la Nation». L abattage d un chêne, qui gêne l emplacement du monument, est alors nécessaire. Ce monument, de type «civique patriotique», est un obélisque surmonté d une croix. En effet, il est décoré d une palme, d un drapeau et d une croix entremêlés, accompagnés de la devise «Pro Deo pro Patria» tout comme à Sendets. On remarque surtout l alexandrin de Victor Hugo «La voix d un peuple entier les berce en leur tombeau», extrait du poème Hymne (d autres vers de ce poème sont gravés sur le monument aux morts de Gan). Malgré ce symbole républicain très fort, le monument porte, à son sommet, une deuxième croix. La cohabitation de ces deux symboles n est pas si surprenante en 1921, quinze ans seulement après la loi de séparation de l Église et de l État. Monument aux morts de Lée : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Monument aux morts de Lée, citation : «La voix d un peuple entier les berce en leur tombeau» ( Victor Hugo) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil municipal de Lée, délibération du 26 août 1919 (E dépôt Lée 1D3, cl. J.M. Decompte, ADPA)

Pour approfondir et élargir les recherches : >Aux Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques - Cahier de délibérations du conseil municipal (1896-1926) (E dépôt Lée 1D3),

LESCAR Tout comme à Bizanos et Gelos, le sculpteur Henri Poublan réutilise à Lescar (d où sa femme est originaire), son modèle alliant figures et obélisque. Il choisit ici de représenter, sous les traits d une femme en deuil, l allégorie de la ville de Lescar portant une couronne crénelée (symbole des remparts de la ville). Elle porte une palme et vient rendre hommage à «ses» enfants morts pour la patrie l épigraphe, sous cette forme, constitue une très grande originalité, emportant dans le pan de son drapé couronnes mortuaires et casques des défunts. Détail original, l artiste a représenté, sur le dessus de la corniche, des éléments de l équipement du poilu : grenade, masque à gaz (proche de la tête de mort) etc., tout comme sur la plaque de l église Saint-Laurent de Billère. Ce monument est clairement à classer dans le type «patriotique funéraire», les allusions à la mort étant nombreuses, comme l hommage que la figure en deuil vient rendre aux défunts, l urne funéraire au sommet, ou encore l évocation du sol du champ de bataille. Monument aux morts de Lescar : dédicace et figure (détail) (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Monument aux morts de Lescar : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie - Registre de délibérations du conseil municipal (1907-1935) - Cadastre : matrices (1912-1964, 4 volumes) (1G1-4) - Registre d état-civil >Aux Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques - Recensements de la population : état nominatif des habitants de la commune et une liste de la population du canton (an VIII, 1793, 1817, 1831-1861 (E dépôt Lescar 1F1-2) Les mouvements et recensements de population sont également consultables sous forme numérisée dans la salle de lecture du Service communautaire des Archives et feront l objet d une prochaine mise en ligne.

LONS Suite à la lecture d une lettre du Préfet, le conseil municipal décide d ériger un monument aux morts le 8 juillet 1919. C est le 7 février 1920 qu est choisi son emplacement, près de l église, en même temps que sont approuvés les plans et devis dressés par M. Jamborré, maître-carrier à Arudy ; notons que contrairement à d autres communes où l emplacement occasionne des débats passionnés, il est clairement stipulé à Lons que ce choix est opéré pour des raisons administratives et pécuniaires. Le financement est à la fois public et privé, puisque le conseil municipal vote le 29 septembre 1920 un crédit de 200 F, destiné à compléter les 300 F obtenus par souscription. La grille entourant le monument (aujourd hui disparue) est réalisée, tout comme celle du monument de Lescar, par le serrurier Jules Poublan. Gravée au dos, la phrase «Aux héros dont le sacrifice nous a donné la Victoire», forte en symbolique patriotique, classe ce monument dans le type «civique patriotique». Il s agit d un grand obélisque relativement dénudé, sommé d une croix et orné seulement d une palme et de la croix de guerre. Monument aux morts de Lons : vue de face (cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Conseil municipal de Lons, délibération du 7 février 1920 (Archives municipales Lons)

Pour approfondir et élargir les recherches : >À la mairie : - Registre de délibérations du conseil municipal (1911-1937) (plus particulièrement les séances des 8 juillet 1919, 29 septembre 1920) - Registres d état-civil (1892-1932) - Listes de recensement militaire (XIXe et début XXe siècles) >Aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - Registres d état-civil (avant 1902)

MAZÈRES-LEZONS Le cas de Mazères-Lezons est tout à fait représentatif de l hommage appuyé d une commune à ses morts, notamment dans la délibération du 3 août 1919 : celle-ci comporte, en plus de la longue liste des morts et «de tous ceux qui, de près ou de loin ont pris part à la grande guerre», la retranscription des discours d inauguration du monument et de la fête des Poilus. Par ailleurs, les délibérations ne s intéressent pas uniquement aux étapes administratives de la construction du monument ; on y apprend qu un second monument est érigé conjointement à l église, à l initiative du curé dont on ne retrouve pourtant aucune trace aujourd hui. Le monument communal, d un aspect proche du cairn de nos montagnes, est une rocaille constituée de pierres maçonnées ; il sert de support à des plaques, portant les noms des morts classés chronologiquement, ainsi qu à une croix, remplacée en 2004 par un buste de poilu en terre cuite, offert par l artiste et ancien champion cycliste Robert Gibanel. De par sa localisation au cimetière, la croix qu il portait et son épigraphe laconique, il est à classer dans les monuments «funéraires patriotiques». Conformément au discours d inauguration, il vient symboliser au cimetière les «tombes lointaines» des morts : «Nous aimons à penser que les affligés qui viendront prier sur la tombe des leurs voudront s agenouiller ici et joindre leurs prières à celles des parents, des veuves et des enfants de nos héros qui reposent loin des leurs [ ]». Monument aux morts de Mazeres-Lezons : noms des soldats décédés (détail) ( cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)

Monument aux morts de Mazeres-Lezons : vue d ensemble ( cl. V. Lisita, Service des Archives de la CDAPP)