Analyse de la littérature et gradation des recommandations



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Stratégies et bonnes pratiques de l antibiothérapie en ville et DPC (Développement Professionnel Continu) Pr P. Dellamonica CHU de Nice Objectifs Comprendre comment sont réalisées les recommandations Exemples de recommandations : rhino, angine, sinusite Pourquoi des efforts en France? Comment améliorer : DPC (www.hassante.fr/epp) DU d'antibiologie - avril 20 1 2 Analyse de la littérature et gradation des recommandations Sélection de la littérature Listing : LIRE LE TITRE NON ANAES Janvier 2000 OUI LIRE LE RESUME Les résultats, s ils sont valides, seraient-ils utiles? Article : OUI NON REJETER L ARTICLE 3 LIRE LA SECTION «MATERIEL ET METHODES» 4 Exemple : analyse d un article thérapeutique L étude est-elle comparative? Prospective? Randomisée? La population de l étude correspond-elle à la population habituellement traitée? Toutes les variables cliniquement pertinentes sont-elles prises en compte? L analyse statistique est-elle adaptée? L analyse est-elle faite en intention de traiter? 6 1

Niveaux de preuve scientifique de la littérature et force des recommandations selon l ANAES-HAS Niveau de preuve scientifique des études Niveau 1 : -Essais comparatifs randomisés de forte puissance -Méta-analyse d essais comparatifs randomisés -Analyse de décision basée sur des études bien menées Force des recommandations (grade) A Preuve scientifique établie Méthodologie pour l élaboration de recommandations professionnelles Niveau 2 : -Essais comparatifs randomisés de faible puissance -Etudes comparatives non randomisées bien menées -Etudes de cohorte Niveau 3 : -Etudes cas-témoin Niveau 4 : -Etudes comparatives comportant des biais importants -Études rétrospectives -Séries de cas -Etudes épidémiologiques descritpives B Présomption scientifique C Faible niveau de preuve scientifique 7 HAS Janvier 2006 8 Méthodes d élaboration des recommandations professionnelles Conférences de consensus : 4 à 6 questions sont traitées Recommandations rédigeables par des nonexperts Techniques utilisées si les données scientifiques disponibles sont limitées Nécessité d un jury et débats publics Recommandations pour la pratique clinique : Nombreuses questions Littératures abondantes sur les sujets Consensus formalisé : Questions pouvant être nombreuses et très proches de la clinique Données de la littérature absentes, insuffisantes ou discordantes Nécessité d obtenir un accord professionnel des acteurs 9 Formulation des recommandations Accord sur une indication Accord sur une indécision Accord sur une nonindication Désaccord entre les membres du groupe «Il est recommandé de» «Le groupe ne peut conclure ; ne dispose pas d éléments pour» «Il n est pas recommandé de» «Le groupe est en désaccord sur ; ne peut conclure» Antibiothérapie par voie générale en pratique courante d les infections respiraoires hautes de l adulte et l enfant Afssaps - Octobre 200 www.afssaps.sante.fr 11 12 2

Rhinopharyngites : essais publiés versus placebo Référence (année) Taylor 1977 Todd 1984 Heikkinen 199 N 197 (2- ) 142 (> 2 mois) 11 (1-4 ) Méthodologie Randomisé double aveugle vs placebo Randomisé double aveugle vs placebo Randomisé double aveugle vs placebo Critères d inclusion -Infection respiratoire -Ambulatoires Rhinopharyngite purulente -Infection respiratoire haute et antécédents d au moins 3 OMA dont 1 d les 6 mois -Rhinite et/ou toux et/ou fièvre Médicament (durée) Amoxicilline ou cotrimoxazole ( J) Céphalexine vs céphalexine + décongestionnant vs décongestionnant (- 6 J) Amoxicilline + acide clavulanique (7 J) Résultats Pas de différence sur le % de guérison ni sur les symptômes à J4. AB > pbo sur rhinorrhée à J8 Pas de différence sur rhinorrhée, fièvre au è J, complications Pas de différence sur la survenue de l OMA purulente Référence (année) Howie 1970 Kaiser 1996 N 829 (20-49 ) 300 (16-64 ) Méthodologie Randomisé double aveugle vs placebo Randomisé double aveugle vs placebo Critères d inclusion Infection respiratoire haute Infection respiratoire haute Médicament (durée) Tétracycline ( J) Amoxicilline + acide clavulanique ( J) Résultats -Pas de différence sur les symptômes, le nb de J d arrêt de travail -Le taux d effets indésirables est > sous AB -Pas de différence sur le taux de guérison, de persistance ou d aggravation des symptômes -Chez les 20% pour qui la culture d aspiration nasopharyngée est > : AB > pbo -23% sous AB ont des effets indésirables digestifs vs %vs pbo 13 14 Référence (année) Autret-Leca 2002 Bucher 2003 N 203 (3mois -3 ) 22 (adulte s) Méthodologie Randomisé double aveugle vs placebo Randomisé double aveugle vs placebo Critères d inclusion Infection respiratoire haute Rhinopharyngée aiguë Médicament (durée) Amoxicilline + acide clavulanique ( J) Amoxicilline + acide clavulanique (6 J) Résultats Pas de différence entre les 2 gpes sur la survenue de l OMA purulente -Pas de différence sur le délai de guérison, le nb de J d arrêt de travail ou de diminution -Le taux d effets indésirables est > sous AB Quelle(s) conclusion(s) tirer de ces études? 1 16 Exemple de recommandation En cas de rhinopharyngite non compliquée, le traitement est essentiellement symptomatique Une attitude thérapeutique minimale comporte un traitement par voie générale et un traitement par voie locale : Éviter de couvrir l enfant Aérer la pièce Faire boire le plus souvent possible Prescrire un traitement antipyrétique et antalgique (données utilisées par le site de l Assurance Maladie) Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à doses anti-inflammatoires ne sont pas indiqués. Les corticoïdes par voie générale ne sont pas recommandés d les rhinopharyngites aigües Les vasoconstricteurs par voie nasale sont réservés aux adultes et enfants de + 12 en respectant les contre-indications et précautions d emploi Les antibiotiques locaux par instillation nasale, endosinusienne ou par aérosol ne sont pas recommandés d les rhinopharyngites aiguës 17 18 3

Epidémiologie de l angine aiguë à streptocoque A Principales caractéristiques cliniques des angines à SGA et des angines virales L angine est une pathologie fréquente. En France, environ 9 millions de diagnostics par an et jusque récemment, 8 millions de prescriptions d antibiotiques. Selon l âge, 60 à 90% des angines sont virales (adénovirus, virus influenza, virus respiratoire syncytial, virus parainfluenza) L angine à SGA ne représente que 2 à 40% des cas de l enfant, de à 2% des cas adulte Elle survient surtout à partir de l âge de 3 : pic d incidence entre et 1 Chez le nourrisson et l enfant de 3, les angines sont souvent virales et le streptocoque est rare Elle est rare chez l adulte Intérêt du TDR (grade A) Signes fonctionnels ou généraux Signes physiques Angine à SGA -Début brusque -Odynophagie intense -Absence de toux -Fièvre élevée -Erythème pharyngé intense -Purpura du voile -Exsudat -Adénopathies satellites sensibles -Eruption scarlatiniforme Angine virale -Début progressif -Odynophagie modérée ou absente -Présence de toux, coryza, enrouement, diarrhée -Vésicules (herpangine due à un entérovirus, coxsackie ou gingivostomatite herpétiforme) -Eruption évocatrice d une maladie virale (ex : syndrome pieds-mains-bouche) -Conjonctivite 19 20 Comment traiter? Le traitement recommandé en France est l amoxicilline pendant 6 jours (grade B) Les céphalosporines de 2è et 3è génération per os peuvent être utilisées, notamment en cas d allergie aux pénicillines s contre-indication aux céphalosporines Les traitements d une durée de jours ne sont plus à privilégier (notamment la pénicilline V qui est le traitement historique de référence de l angine), les C1G orales, l ampicilline et certains macrolides. L association amoxicilline-acide clavulanique et le céfixime ne sont plus indiqués d l angine à SGA Traitements antibiotiques courts recommandés pour les angines à SGA (pour les posolgies, se référer au document source) En cas d allergie aux pénicillines : Allergie aux pénicillines s contre-indication aux céphalosporines : céphalosporines de 2è et 3è génération per os (grade A): Céfuroxime-axétil : 4 J Cefpodoxime-proxétil : J Céfotiam-héxétil : J Contre-indication aux béta-lactamines (pénicillines, céphalosporines) : macrolides, kétolides ou pristinamycine 21 22 Stratégie / DPC Macrolides : Azithromycine : 3 J Clarithromycine : J Josamycine : J Kétolides : Télithromycine : J Pristinamycine au moins 8 J Il n est pas recommandé de donner «à l avance» au patient une prescription antibiotique d la mesure où la preuve diagnostique est apportée par le TDR (utilisé par 16% des MG)! Le score clinique de Mac Isaac est utilisable pour l adulte La persistance des symptômes après 3 J doit conduire à rééxaminer le patient En cas d échec clinique, il n y a pas de consensus pour la prise en charge thérapeutique. Un avis spécialisé en ORL, pédiatrie ou infectiologie peut être nécessaire ainsi que la réalisation de prélèvements (bactériologiques et biologiques) 23 24 4

Score de Mac Isaac (chez l adulte) Fièvre > 38 C Absence de toux Adénopathies cervicales sensibles Atteinte amygdalienne ( Age :. 1 à 44. > 4 volume ou exsudat) = 1 = 1 = 1 = 1 = 0 = -1 Imaginez l arbre décisionnel de prise en charge de l angine à partir du TDR Les patients ayant un score de Mac Isaac < 2 ont au maximum une probabilité d infection à SGA de %. Un tel score, chez l adulte, permet De décider de ne pas faire de TDR et de ne pas prescrire d antibiotique 2 26 Prise en charge de l angine Sinusites Signes cliniques évocateurs d une angine Positif Antibiothérapie -Traitement recommandé : amoxixilline -Notamment en cas d allergie aux pénicillines : C2G ou C3G orale (céfuroxime-axétil, Céfpodoxime-proxetil, céfotiam-héxétil) -Si allergie à la pénicilline : C2G ou C3G orle -Si contre-indication aux B-lactamines :. pristinamycine (> 6 ) ou après prélèvement. soit macrolides. soit télithromycine (> 12 ) TDR* Facteurs de risque de RAA** Positif Culture Antibiothérapie Négatif Pas de facteurs de risque de RAA** Négatif Traitement symptomatiques*** *Réalisation du TDR systématique chez l enfant et si score de Mac Isaac > 2 chez l adulte ** Facteurs de risque de RAA :antécédent personnel de RAA ; entre et 2 associé à des séjours en régions d endémie ou facteurs environnementaux ou épisodes multiples d angine à SGA ***Antalgique et/ou antipyrétique 27 Traitement : Association amoxicilline-acide clavulanique Les céphalosporines orales de 2è génération (céfuroxime-axétil) et certaines céphalosporines orales de 3è génération (cefpodoxime-proxétil, céfotiamhexétil) En cas d allergie aux béta-lactamines : Allergie aux pénicillines s contre-indication des céphalosporines : céphalosporines per os (céfuroximeaxétil, céfuroxime-axétil, cefpodoxime-proxétil, cefotiam-hexétil) Contre-indication aux béta-lactamines : pristinamycine, télithromycine 28 29 30

En cas d allergie à la Pénicilline, quel(s) serai(en)t vos critères pour changer de classe de traitement? 31 32 Comment faire évoluer l utilisation des antibiotiques? 33 34 Les constats Actions menées pour l amélioration des indications d antibiothérapies en ville Les médecins français prescrivent 2 à 3 fois plus que les médecins hollandais, danois. Les taux de résistance sont parmi les plus élevés en France L épidémiologie de la résistance commande la prescription d antibiotiques plus récents Relation prescription/résistance admise Modification de la formation initiale basée sur les RPC (cf Pilly, Popi, reco HAS, AFSSAPS) EPU : stratégie de négociation de nonprescription (étude PAAIR) et DPC Y a t-il un risque à la réduction de la prescription? Nombreuses tentatives de promotion du bon usage des AB : campagnes nationales et européennes, e-bug 3 36 6

Utilisation des Antibiotiques en ambulatoire d 26 pays européens en 2002 (Herman Goossens Lancet 200) www.rivm.nl/earss 37 38 39 40 www.rivm.nl/earss www.rivm.nl/earss www.rivm.nl/earss 41 www.rivm.nl/earss 42 7

PSDP et usage des pénicillines - ESAC Goossens et al., Lancet 200 Regional Variations of Outpatient Antibiotic Use in Italy 43 Total use in DID 3 30 2 20 1 0 Campania Sicilia Calabria Puglia Abruzzo Basilicata Molise Umbria Lazio Italy Marche Toscana Emilia Romagna Lombardia Piemonte Liguria Sardegna Veneto Valle d'aosta Prov.Aut.Trento Friuli Venezia Giulia Prov.Aut.Bolzano J01X J01R J01M J01G J01F J01E J01D J01C J01B J01A 44 General population : Regional antibiotic prescriptions (yearly october-march periods, adjusted data) PAAIR 1 Etude qualitative et quantitative 30 MG enseignants tentent d appliquer in vivo un référentiel de non prescription d antibiotique d les infections respiratoires virales de l adulte En cas de difficulté d application du référentiel, ils doivent produire deux cahiers / mois, un conforme et un non - conforme aux recommandations : décrivent in vivo les situations où l application pose problème imaginent et décrivent in vivo des stratégies pour tenter d appliquer (pas d injonction) La moyenne nationale pour l hiver 2006-2007 :,1 prescriptions pour habitants contre 6,7 pour l hiver 2001-2002 *Réalisé à l aide de Cartes et Données 4 46 11 situations à risque de prescription antibiotique d les infections d origine virale de l adulte 1 Le patient demande de manière explicite des antibiotiques pour des raisons : professionnelles familiales /entourage proche voyages avis spécialisé inquiétude sur la gravité position personnelle examens 47 2 Le patient fait référence à des expériences passées, en particulier lors d expériences considérées à tort ou à raison comme des échecs médicaux 3 Le traitement antibiotique est déjà commencé 4 Le patient renvoie à des épreuves personnelles/familiales/professionnelles douloureuses 48 8

La prescription d antibiotique n est pas le principal problème de la consultation 6 Le médecin est mis de façon implicite ou explicite en concurrence avec d autres médecins plus compréhensifs, parfois même avec sa pratique antérieure 7 Il s agit du 2ème contact ou plus pour cet épisode 8 Le patient lui paraît fatigué ou très fatigué 9 Le médecin pense que le malade a un risque particulier Le médecin doute de l origine virale de la maladie 11 Le médecin a une forte conviction pour ne pas suivre le référentiel d cette situation 49 0 Stratégies de conviction : ce qui marche! La consultation inversée! Prendre très tôt la décision de ne pas prescrire, puis la négocier tout le long de la consultation Faire expliciter la demande : le patient souhaite t-il vraiment des AB? repérer très tôt que la non prescription risque de poser problème partir des craintes et des représentations des patients «pourquoi?» Stratégies d application Proposer une alternative thérapeutique Proposer une «mise en attente» avec réévaluation de la situation en cas de persistance Examen ritualisé et commenté dès le début : Expliquer précisément les différences entre virus et bactéries Expliquer l action des antibiotiques Expliquer les effets nocifs «potentiels» des antibiotiques Proposer une étiologie non infectieuse de «rechange» 1 Prescription différée de 3, 4.7.12..17 jours? 2 Des initiatives européennes et nationales pour promouvoir un usage raisonné des antibiotiques Strategies nationales : France (cf site Assurance Maladie), UK, Irlande, Norvège... Groupes nationaux : STRAMA (Suède), SWAB (NL) Campagnes médiatiques : Belgique, France, UK... Recommandations officielles d'usage Rapports nationaux : DANMAP (Danemark), SWEDRES (Suède), NORM (Norvège), NETHMAP (NL) 3 Développement professionnel continu (DPC) pour une amélioration de la qualité et de la sécurité des soins L évaluation de la pratique d un professionnel de santé consiste à analyser son activité clinique réalisée par rapport aux recommandations professionnelles disponibles actualisées. Une amélioration de la qualité et de la sécurité des soins délivrés aux patients doit résulter de cette comparaison. Cette évaluation s inscrit d une dynamique d amélioration de la qualité des soins conduite à différents niveaux : le système de santé publique (macro), l organisation des soins en réseau entre différents professionnels (méso) et la pratique clinique (micro) (réf OMS 2008) La HAS propose une évaluation formative intégrée à l exercice clinique et facilitée d le cadre du développement de nouveaux modes d exercice, plus collectifs et collaboratifs. Trois dispositifs qui se recoupent : 4 9

1 L'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) comme objectif du DPC 2 La certification prend en compte les démarches d EPP et d accréditation DEVELOPPEMENT PROFESSIONNAL CONTINU (DPC) : Objectif : amélioration des pratiques professionnelles via une évaluation formative Pour qui? : tous les professionnels de santé d le cadre de l obligation de DPC (Loi HPST n 2009-879 du 21 juillet 2009) Quoi? : mise en œuvre de méthodes et outils d amélioration des pratiques professionnelles, d le cadre d une démarche individuelle ou collective (programme d actions souvent pluridisciplinaire) Plus d infos : consulter les rubriques A qui s adresser et Selon votre profession CERTIFICATION DES ETABLISSEMENTS DE SANTE (ES) : Objectif : amélioration de la prise en charge des patients en vérifiant la conformité d un ES aux exigences d un manuel faisant référence Pour qui? : démarche obligatoire pour tous les ES (Ordonnance n 96-346 du 24 avril 1996) Quoi? : mise en œuvre d les chapitres concernés de méthodes et outils d amélioration des pratiques professionnelles Plus d infos : consulter la rubrique l EPP et la certification des ES 6 7 8 3 L accréditation vaut EPP ACCREDITATION DES MEDECINS ET DES EQUIPES MEDICALES : Objectif : amélioration des pratiques professionnelles basée sur une démarche de gestion des risques Pour qui? : les médecins pratiquant une spécialité ou activité à risques (Décret n 2006-909 du 21 juillet 2006) Quoi? : mise en œuvre d un programme d amélioration des pratiques, défini par chaque spécialité médicale, comprenant la déclaration d événements porteurs de risques, la mise en œuvre de recommandations, la participation à des activités de réduction des risques du type méthodes et outils d amélioration des pratiques professionnelles Plus d infos : consulter la rubrique l accréditation des médecins Les raisons du maintien de la mobilisation Consommation d antibiotiques en ville (Source ESAC 2004) France : 2ème rang des pays consommateurs d antibiotiques Others*** Sulf/trim. (J01E) 30 Tetracyclines (J01A) Quinolones (J01M) DDD / 00 inabitants / day 2 MLS** (J01F) Cephalosporins (J01D) Penicillins (J01C) 20 1 Netherlands Latvia Estonia Germany Austria UK Sweden Denmark Norway Czech Rep. Finland Bulgaria Slovenia Hungary Israel Spain Ireland Europe Poland Iceland Croatia Belgium Slovakia Portugal Italy USA Luxembourg France 0 9 Greece 60

Belgium www.antibiotics-info.be 1999-2003 > 2004 40 3 Antibiotic Resistance of S. pneumoniae in Belgium. 198-2007 penig tetra erythro ofloxacine 30 Percentage 2 20 1 61 0 8 86 87 88 89 90 91 92 93 94 9 96 97 98 99 00 1 2 3 4 6 7 Year National Reference Centre S. pneumoniae (University of Leuven) 62 Surveillance des pathologies invasives de l enfant suite à la réduction de la prescription des antibiotiques d les Alpes-Maritimes Y a t il un risque à la réduction de la prescription? Contexte Fin 2000, début de la campagne «Antibios quand il faut» Durée : Campagne visant à faire diminuer d au moins % les prescriptions d antibiotiques chez l enfant, d les Alpes Maritimes Grâce à une utilisation «rationnelle» des antibiotiques Campagne motivée par l augmentation de la résistance des pneumocoques 63 64 Risque de la campagne Prescrire moins d antibiotiques, c est s exposer à un risque d une augmentation des complications d infections bactériennes insuffisamment traitées? But de l étude : étudier l incidence des infections invasives chez l enfant Méthodologie 2 axes d investigation complémentaire : Axe bactériologique avec étude des infections invasives Axe clinique avec étude des principales complications ORL de l enfant Du 1er janvier 1998 au 31 décembre 2003 Chez les enfants de 1 mois à 14 D les Alpes Maritimes 6 66 11

Infections Invasives Pathologies compliquant les infections ORL Bactéries étudiés : H. influenzae S. pneumoniae N. meningitidis S. pyogenes Prélèvements : Hémoculture Liquide de ponction lombaire Liquide articulaire Liquide pleural Liquide péricardique Liquide péritonéal Pathologies étudiées: Phlegmon amygdalien Mastoïdite Ethmoïdite RAA Epiglottite 67 68 Pathologies compliquant les infections ORL Résultats : les infections invasives Pathologies aboutissant fréquemment à une hospitalisation Recherche des dossiers par les Départements d Informatique Médicale de tous les centres hospitaliers accueillant des enfants d le Département Relevé: Des caractéristiques des patients atteints Des éléments cliniques permettant d assurer le diagnostic 113 cas d infections invasives 1998/2003 : 72 à S. pneumoniae 29 à N. meningitidis 7 à H. influenzae à S. pyogenes 69 70 Répartition par âge Répartition des bactéries responsables en fonction des années 14 Nombre d'infections invasives. 30 2 20 1 Répartition des infections invasives en fonction de l'age Streptococcus pneumoniae H. Influenzae Neisseria meningitidis Streptococcus pyogenes Total 70 60 0 40 30 20 0 Taux pour 0000 enfants. 12 8 6 4 2 0 1998 1999 2000 2001 2002 2003 0 < 1 an 1 an 2 3 4 6 7 8 9 11 12 13 14 Age 90 80 70 60 Total H. Influenzae N. meningitidis S. pneumoniae S. pyogenes 0 71 40 30 72 12

Résultats : les pathologies compliquant les infections ORL 30 2 Répartition par âge 2 cas de pathologies cliniques 1998/2003 : 122 sinusites ethmoïdales aiguës 73 mastoïdites 7 phlegmons amygdaliens 2 épiglottites aigües 1 RAA Nombre de cas 20 1 0 <1 1 2 3 4 6 7 8 9 11 12 13 14 73 Phlegmon amygdalien Mastoidite Ethmoidite 74 Conclusions Modélisation, vision prospective Baisse de % des prescriptions d antibiotiques, effective 2000-2003 Pas de modifications des incidences entre 1998 et 2003 mais amorce de baisse en 2003 (vaccin pneumo?) Pas de modifications des résistances entre 1998 et 2003 mais amorce de baisse en 2003 des pneumo I ou R 7 Moyen : des modèles mathématiques pour étudier l évolution des résistances bactériennes selon différents usages des antibiotiques Méthode : Travaux réalisés par l Institut Pasteur et l Inserm 2 exemples illustrant la situation : 2 espèces bactériennes importantes, le pneumocoque et le méningocoque Des scénarios différents selon le niveau d'utilisation de leur antibiotique de référence (ici les bêtalactamines, famille des pénicillines) 76 Exemple 1 : évolution comparée de la résistance du pneumocoque à la pénicilline Part des sensibles et résistants parmis les souches Sp % de souches 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 Les souches résistantes Les souches sensibles 0 2 4 6 8 Utilisation des pénicillines divisée par 2 S R Années Infléchissement significatif des souches résistantes Augmentation significative des souches sensibles 77 Diminuer de moitié la quantité utilisée d antibiotiques (exposition aux antibiotiques) permet : de freiner la progression des souches de pneumocoques résistantes à la pénicilline d améliorer la sensibilité globale des souches sensibles Conséquence : les traitements par les pénicillines des pathologies dues au pneumocoque comme les pneumonies et les otites garderont un niveau d efficacité satisfaisant 78 13

Exemple 2 : évolution de la résistance du méningocoque à la pénicilline G Usage courant de pénicilline G Infléchissement significatif de la proportion des méningocoques résistants Si l usage des pénicillines reste le même : La proportion de méningocoques résistants augmentera significativement Conséquences sanitaires : en une génération, l efficacité des traitements contre des pathologies comme la méningite sera fortement ébranlée Si l usage de la pénicilline G est divisé par 2 +2 79 Si demain, l usage est divisé de moitié : La progression de résistance sera moindre Conséquences sanitaires : préservation de la sensibilité de la majorité des souches de méningocoques 80 Les enseignements / Conclusion 1. Un monde s maîtrise de la consommation d'antibiotiques Est un monde où les antibiotiques actuels ne seront plus aussi efficaces d le futur 2. Un monde où l on consomme moins d antibiotiques ( utilisés uniquement lorsqu ils sont utiles) Un enjeu de santé durable pour préserver notre santé et celle des générations futures Tout traitement inutile ou mal conduit est néfaste La prise de conscience doit être générationnelle La mobilisation doit être collective ET individuelle - chacun peut agir pour réduire encore le recours inapproprié aux antibiotiques Permet d agir sur le niveau des résistances bactériennes et ainsi de préserver l efficacité de ces antibiotiques 81 L avenir des antibiotiques se construit aujourd hui Préservons-le ensemble 82 L Assurance Maladie, opérateur du changement d la durée Des freins demeurent* : Des idées reçues qui perdurent : Moins d 1 Français sur 2 sait que 8 infections ORL sur sont virales et se soignent s antibiotiques 4 % des français interrogés pensent que les antibiotiques font baisser la fièvre (vs 46 % en 2006) 34 % des français interrogés pensent que les antibiotiques permettent d être sur pied plus vite (vs 29 % en 2006) Des situations qui recréent de l attente d antibiotiques : 2 parents sur 3 pensent que les ATB sont indispensables pour leurs enfants en cas d infection qui se répète 74 % des adultes et 81 % des parents pensent que les antibiotiques sont indispensables en cas d infections qui durent 4 axes directeurs pour faciliter le changement de comportement 1 Poursuivre la pédagogie du bon usage des antibiotiques auprès du grand public : Pour expliquer quand les antibiotiques sont utiles Pour faciliter la consultation et la relation patient-médecin L Assurance Maladie repart en campagne et renforce ses actions en 2008 * Source Ipsos mars 2007 enquête barométrique sur les antibiotiques 83 84 14

Le grand public : changer de cap Expliquer quand les antibiotiques sont utiles pour poursuivre l effort pédagogique Une nouvelle campagne télé «si c est viral, pas d antibiotique»: «Le ping-pong» pour les parents «Le rugby» pour les actifs Un nouveau site internet : Des informations sur les pathologies et pour expliquer quand l antibiotique est utile ou pas Un contenu personnalisé : scolaires, parents, jeunes actifs et seniors Diffusion en région de 600 000 brochures d information sur le bon usage des antibiotiques www.antibiotiquespasautomatique.com 8 2 Ré-impliquer les professionnels de santé d le bon usage des antibiotiques 3 Faire des assistantes maternelles un nouveau relais pour le bon usage des antibiotiques 4 Programme d éducation des plus jeunes : CM1, CM2 et 3ème e-bug 86 Merci Une bonne qualité diagnostique doit permettre une prescription pertinente Politique menée nationalement par le PEA (Président : Pr B. Schlemmer) : Groupe 1 : «Pratiques médicales et formations des professionnels» Pr P. Choutet Groupe 2 : «Actions grand public, petite enfance et milieu scolaire» Pr P. Dellamonica Groupe 3 : «Communication professionnelle» Dr R. Cohen Groupe 4 : «Système d information, surveillance, recherce» Pr D. Guillemot 87 1