RAPPORT D'OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LA GESTION DU SYNDICAT INTERCOMMUNAL D ALIMENTATION EN EAU ET D ASSAINISSEMENT DE CRIQUETOT-L ESNEVAL



Documents pareils
Unité territoriale Dordogne 94, rue du Grand Prat Saint-Pantaléon-de-Larche Tél :

OPERATIONS NON BUDGETAIRES

BUDGET ANNEXE DE L ASSAINISSEMENT

La gestion des services publics d eau et d assainissement

Note sur la simplification de l instruction budgétaire et comptable M14

Bordeaux, le 22 mars Le Président Références à rappeler : Ch.R//CB/ROD II/ / Monsieur le Président,

L amortissement des immobilisations

LES MODIFICATIONS DE L INSTRUCTION M 14 ET M 4

ANALYSE FINANCIERE DES COMPTES ANNEXES D EAU ET D ASSAINISSEMENT DE LA CAB!

LES ORIENTATIONS DU 10 ème PROGRAMME D INTERVENTION DE L AGENCE DE L EAU RMC

DISTRIBUTION D EAU POTABLE

Autorisation et Convention

Placements à court terme sur le marché monétaire. en monnaies étrangères

GUIDE DIDACTIQUE DU PLAN COMPTABLE DE L ETAT CEMAC TOME 2 RELATIF AUX FONCTIONNEMENT DES COMPTES DIVISIONNAIRES

UNIVERSITES DES MAIRES ET PRESIDENTS DE COMMUNAUTES DE LOIRE-ATLANTIQUE. Module «Elaborer le budget de sa commune Les fondamentaux»

L examen des recettes lors du contrôle budgétaire d une collectivité territoriale en France. Séminaire Eurorai Alicante 23 avril

LES ETAPES DE LA CREATION

Madame la Maire, Je vous prie d agréer, Madame la Maire, l expression de ma considération la plus distinguée.

Comptes rendus d Activités Techniques et Financières du Service de l Eau Potable Année 2004

Compte général de l État pour 2008

GUIDE PRATIQUE. Du provisionnement des emprunts à risques

RAPPORT ANNUEL SUR LE PRIX ET LA QUALITE DU SERVICE PUBLIC D ASSAINISSEMENT COLLECTIF

SYTEPOL Syndicat de Transport d Eau Potable de l Ouest de Limoges

Guide comptable. Les inscriptions comptables

Exemple du SATESE MAGE 42


GROUPE. Comptes consolidés. Au 31décembre 2013

SIVOM DE LA VALLEE DU CADY PRESENTATION DU BUDGET PRIMITIF 2015

COMMANDE REF ADMIN-CS-540-CDD

Interprétation IFRIC 12 Accords de concession de services

Syndicat Mixte Oise-Aronde

Sdage, état d avancement de la révision et prochaine consultation

LES ORIENTATIONS DU 10 ème PROGRAMME D INTERVENTION DE L AGENCE DE L EAU RMC Volet eau potable

La procédure de sauvegarde

Du budget à la comptabilité

Sommaire détaillé. Partie 1-Lemandat du trésorier CE... 25

12 Les partenariats publics privés

NOR : DEV O C

SECRÉTARIAT D ETAT CHARGE DU BUDGET. publique. Le Ministre de l Intérieur,

Evaluation. de la politique «Assainissement» de l agence de l eau Adour-Garonne. Synthèse et recommandations

RAPPORT D OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LES COMPTES ET LA GESTION DE LA COMMUNE DE TARBES

LA COMPTABILITE ASSOCIATIVE

NORME IAS 20 LES SUBVENTIONS PUBLIQUES

Le compte administratif 2011

Le Plan Départemental de l Eau

DEBAT D ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2015

LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX (E.P.L.) SITUES HORS DU CHAMP DE L INTERCOMMUNALITE

Mesdames et messieurs les préfets de région (pour exécution),

Ressources APIE. La comptabilisation des frais de R&D. de l immatériel. Pour agir. En bref. Agence du patrimoine immatériel de l État

Débat d orientations budgétaires Conseil municipal du 4 novembre 2013

DOL DE BRETAGNE ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2011

Situation financière Capacité d'investissement

Marché public LIGNE DIRECTRICE SUR LA FIXATION DES FRAIS DANS UNE PROCÉDURE DE PLAINTE TRIBUNAL CANADIEN DU COMMERCE EXTÉRIEUR

Délibération n 39 Conseil municipal du 29 juin 2012

Comptes de tiers (Classe 4)

UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE

BULLETIN OFFICIEL DE LA COMMUNE DE BESANÇON

Gestion budgétaire et financière

AVIS. VU le code des juridictions financières, notamment ses articles L et R ;

Conseil communautaire. Mercredi 3 décembre h30 à Villers Marmery COMPTE RENDU

August ASSOCIATION CANADIENNE DE LA CONSTRUCTION MÉMOIRE PRÉBUDGÉTAIRE 2015 Comité permanent des finances

COMPETENCE INFRASTRUCTURES DE CHARGE POUR VEHICULES ELECTRIQUES

Les Marges de Manœuvre Financières des Collectivités s Locales

COMPTE - RENDU DU CONSEIL MUNICIPAL DU 8 MARS 2012

THEME 1 : Le contrôle des ressources financières allouées au secteur de la santé publique

Baromètre PME Wallonie Bruxelles : Quatrième trimestre 2013

Audit financier & budgétaire de la Ville de Clamart

Le Président, Bordeaux, le 15 septembre 2011

EAU ET MILIEUX AQUATIQUES. Les 9 es programmes d intervention des agences de l eau

XI.4. La télésurveillance des installations 24h/24 90 > 2008 > RAPPORT ANNUEL EAU POTABLE DU DÉLÉGATAIRE > COMMUNAUTE DE L AUXERROIS

CdC du Pays bellêmois Conseil Compte Administratif 2014 BUDGET GÉNÉRAL. Compte Administratif 2014

L IMPACT DE LA MUTUALISATION SUR LES RESSOURCES HUMAINES

LE SECTEUR DE L EAU EN JORDANIE : ENJEUX ET ENSEIGNEMENTS. Présentation des enjeux du secteur

Audit financier et fiscal

Assainissement non collectif

Ce document a été numérisé par le CRDP de Bordeaux pour la

COMPTES ANNUELS CONSOLIDATION DU 01/07/2009 au 30 Juin 2010

Chapitre 8 : Les provisions

Séminaire du 17 octobre 2014 «La gestion des milieux aquatiques dans la loi MAPTAM et le SAGE : quels enjeux pour la Baie de Saint Brieuc?

PRESENTATION DU CONTEXTE, DU CADRE JURIDIQUE ET COMPTABLE

La Commission Permanente du Conseil Régional Nord - Pas de Calais réunie le 15 octobre 2012, sous la présidence de Monsieur Daniel PERCHERON,

La construction du budget communal. 25 avril 2015

PRÉAVIS N 53 AU CONSEIL COMMUNAL

RAPPORT DU CONSEIL COMMUNAL AU CONSEIL GENERAL

Sommaire. Loi du 13 juillet 1989 portant création d un établissement public dénommé «Parc Hosingen» (telle qu elle a été modifiée)...

DELIBERATION DU CONSEIL REGIONAL

Chasse-sur-Rhône REUNION PUBLIQUE JEUDI 30 OCTOBRE Salle Jean MARION

DEBAT D ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2015

TAXES & PARTICIPATIONS : quelques outils à la disposition des communes

PROCÉDURE DE MISE EN FORME DES DONNÉES NÉCESSAIRES À L OUTIL D AIDE À LA GESTION DES MILIEUX LAGUNAIRES EUTROPHISÉS

CATALOGUE DES FORMATIONS INFORMATIQUES 2015

COMITÉ DE LA RÉGLEMENTATION COMPTABLE RÈGLEMENT N DU 14 DÉCEMBRE 2007

TITRE 3 LE CADRE BUDGETAIRE

La comptabilité analytique : un outil indispensable pour la gestion et le suivi des projets.

2.1 - Améliorer l offre de soins sur le Pays

BUREAU SYNDICAL SMIRTOM DU SAINT AMANDOIS

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

CPOM Guide méthodologique d élaboration et de suivi des contrats pluriannuels d objectifs et de moyens en Ile-de-France

1. Quelles sont les nécessités et obligations comptables. 2. Pourquoi établir un bilan, un compte de résultat, un budget?

Transcription:

RAPPORT D'OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LA GESTION DU SYNDICAT INTERCOMMUNAL D ALIMENTATION EN EAU ET D ASSAINISSEMENT DE CRIQUETOT-L ESNEVAL

I - PROCEDURE L examen de la gestion du syndicat intercommunal d alimentation en eau et d assainissement de Criquetot-l Esneval a été engagé le 25 novembre 2005. Le contrôle a porté sur les comptes produits à la Chambre depuis le précédent jugement, à savoir les exercices 1999 à 2003, ainsi que sur certains éléments de la gestion des exercices 2004 et 2005. Après un entretien préalable entre le magistrat instructeur et l ordonnateur et après en avoir délibéré, la Chambre a adressé un rapport d observations provisoires auquel l ordonnateur a répondu le 12 février 2007. Après examen de cette réponse, la Chambre, qui a délibéré le 1 er décembre 2009, a retenu les observations définitives suivantes. II PRESENTATION GENERALE DU SYNDICAT 1 Le service d adduction en eau potable A partir de trois sites d exhaure, le syndicat approvisionne environ 4 700 usagers et quelques entités industrielles et agricoles situés sur le territoire de 21 communes dont 5 ont rejoint en 2001 l établissement à la suite de la dissolution du syndicat d eau et d assainissement de la région de Montivilliers qui lui était voisin. L arrivée de ces nouvelles communes représente un enjeu en volume d activité de plus de 700 000 m 3 pour le service d eau. Selon le rapport technique présenté par le fermier au titre de l exercice 2003, la qualité de l eau distribuée n était pas toujours de bonne qualité. Trois éléments sont avancés : le taux de nitrate se rapproche de la norme maximale sans la dépasser, la turbidité est systématique après chaque événement de pluie, enfin, l eau contenait des éléments d aluminium et d atrazine. Depuis, comme l indique l ordonnateur dans sa réponse, les travaux nécessaires ont été effectués pour remédier à ces dysfonctionnements. 2 Le service de l assainissement des eaux usées Le service d assainissement collectif des eaux usées comprend un réseau de collecte de 41,7 kilomètres, 3 usines d épuration et 7 unités de lagunage. Le rapport technique du délégataire au titre de l exercice 2003 fait état de trois unités conformes et de sept unités non conformes. En retenant le critère du nombre d équivalents habitants comme élément d évaluation, la moitié de la population déverse des effluents dans des équipements non conformes à la réglementation. Autrement dit, la moitié des usagers paient un service destiné à protéger l environnement et qui ne remplit pas ce rôle.

Le rapport d analyse effectué par le SATESE établit que l une des stations d épuration par lagunage n est pas satisfaisante. L équipement, dimensionné pour 500 équivalents habitants, reçoit les eaux usées de 792 E.H. Les précédentes visites du service effectuées depuis 1996 avaient relevé une situation qualifiée de dramatique : surchargement de la lagune, un seul bassin sur les trois opérationnel, accroissement du nombre des nouveaux usagers. Une remise aux normes de l équipement et l achat de terrains sont nécessaires à défaut d abandon du site. Une première évaluation des investissements s élève à 6 millions d euros pour favoriser l autonomie de l approvisionnement en eau potable, promouvoir la qualité de l eau, éviter les hausses de prix global de l eau (adduction en eau potable, assainissement collectif, assainissement non collectif). Pour ce qui est de la mise en place du service de contrôle de l assainissement non collectif, le comité syndical accuse un retard par rapport à l échéance du 31 décembre 2005 fixée par l article L. 224-9 du code général des collectivités territoriales. En réponse, l ordonnateur indique la volonté d un projet de réhabilitation globale après obtention des financements nécessaires. III LA GESTION PATRIMONIALE 1 Le rendement du réseau de distribution Les comptes rendus techniques fournissent dix critères de performance du service. Deux d entre eux méritent attention parce qu ils reflètent un niveau insuffisant du rendement technique du réseau de distribution même s ils sont en progression. L indice de perte par jour et par kilomètre est de 2,40 m 3 et le taux de rendement est de 70 % en 2004. Or, les fuites dans le réseau d eau engendrent des coûts indirects : l utilisation en pure perte de produits de traitement, la consommation énergétique liée à la distribution, le surdimensionnement d ouvrages nécessaires à la production d une eau perdue pour la consommation. Sur le plan sanitaire, les fuites révèlent d éventuels dégâts sur les infrastructures, à même d altérer le produit délivré aux consommateurs. 2 L inventaire Le syndicat ne dispose pas d un inventaire complet de ses immobilisations. Certes, des documents ont été fournis mais ils se limitent à des tableaux comprenant, pour chacun des deux services, une liste d équipements et de travaux qui ont pu être identifiés et chiffrés. Le fermier a fourni un autre document faisant état des biens qui lui sont confiés, une liste technique sans indication de date d achat, de la valeur amortie et de leur aspect qualitatif. 2

La Chambre recommande au syndicat de faire procéder à un inventaire technique, comptable et qualitatif permettant une gestion patrimoniale du service plus efficiente. Dans sa réponse, l ordonnateur évoque l établissement d un nouvel avenant qui sera l occasion d établir un inventaire précis. 3 Les amortissements techniques des immobilisations Le syndicat ne parvient plus, sur le produit des surtaxes, à financer les dotations aux amortissements techniques de ces services d eau et d assainissement. Il a manqué ainsi, pour faire apparaître la valeur résiduelle des biens non totalement amortis, un total de près de 500 000 euros pour l eau et de 878 000 euros pour l assainissement sur 2003 et 2004. Pour la seule année 2003, l absence d amortissement technique a conduit à sous évaluer le prix au m3 du service de 0,38 euros, pour l eau, et de 1,57 euros pour l assainissement, le syndicat se privant de moyens de financement d équipement dont il a besoin, tant pour améliorer la qualité de l eau potable que pour accroître sa capacité à traiter les eaux usées. 4 Le transfert de l actif et du passif du syndicat de Montivilliers Le liquidateur du syndicat d eau et d assainissement de la région de Montivilliers n avait pas été nommé quand, en juillet 2004, la Chambre avait été saisie du déficit du compte administratif 2003. Dans son avis, la Chambre avait attiré l attention pour le syndicat de connaître et d intégrer dans ses comptes les éléments bilanciels de l intégration des cinq communes conformément aux dispositions de l article L.5211-26 du code général des collectivités territoriales. Dans sa réponse, l ordonnateur précise que le liquidateur a été nommé en 2006, soit cinq ans après la dissolution du syndicat. IV LA GESTION COMPTABLE DU SERVICE 1 Les mauvaises imputations comptables A L ABSENCE D APUREMENT DU COMPTE 23 Le compte 23 enregistre les immobilisations dites en cours et qui ont vocation à être réalisées sur au moins deux exercices. A leur mise en service, elles font l objet d une intégration au compte 21, ce qui n est pas effectué. 3

L absence d apurement du compte 23 au fur et à mesure de l achèvement des travaux se traduit par un gonflement de ce compte au détriment du compte 21 (immobilisations terminées) qui lui a vocation à traduire la valeur du patrimoine syndical, et donc à permettre le calcul des dotations aux amortissements, source d autofinancement du syndicat. B L AMORTISSEMENT DES SUBVENTIONS Le syndicat pratique l amortissement des subventions en appliquant un taux moyen de 40 % des amortissements techniques par le service d eau et 60 % par le service d assainissement. Ainsi, le mode de calcul n est pas fondé sur les biens qui ont donné lieu à subvention mais sur tous les biens amortis. 2 L absence de comptabilité des engagements et ses conséquences Le syndicat ne procède pas à la tenue de la comptabilité des engagements, obligation qui découle de l article L. 2342-2 du code général des collectivités territoriales, rappelé par la Chambre dans son avis budgétaire du 10 septembre 2004. Une comptabilité des engagements bien tenue, c est-à-dire qui ne soit pas la simple différence entre les prévisions et les réalisations, est un gage de sécurité de l évaluation des restes à réaliser. Elle permet la fixation du montant du résultat global de chaque exercice comptable. De la sorte, l affectation des résultats peut être effectuée dans de bonnes conditions. Alors que de 1999 à 2001, les résultats des exercices étaient systématiquement affectés en section d exploitation, le comité syndical n a pas procédé en 2002 et 2003 à l affectation des résultats. Il importe que, pour chacun des services, cette opération soit effectuée car elle permet de fixer la part du résultat global qui doit être affectée d abord à la couverture du besoin de financement de la section d investissement et la part, en supplément, qui peut être affectée soir en exploitation soit en investissement. Ce mécanisme donne l occasion au comité syndical de prendre position chaque année sur ses capacités financières pour mener à bien ses projets et sur les efforts demandés aux usagers au moyen de la surtaxe, de l emprunt ou la combinaison des deux. 4