L espoir préside. Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce journal sur la voie publique : donnez-le. Merci!



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Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce journal sur la voie publique : donnez-le. Merci! L espoir préside RÉSULTATS Barack Obama a été largement élu mardi 44 e président des Etats-Unis, bénéficiant d une mobilisation exceptionnelle des Américains. P.2 ANALYSE Le démocrate, candidat symbole pour les minorités, a réussi, en fin stratège, une campagne sans faux pas. P.3-4 DÉFIS Installé à la Maison Blanche le 21 janvier, Obama aura de gros dossiers à règler. P.6-8 RÉACTIONS Du Kenya aux cités françaises, le monde s est passionné pour le scrutin et attend un changement de politique. P.10 et 12 FRANCE Un Noir ou un Arabe président semble encore utopique. P.14 www.20minutes.fr N 1501 JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 JUSTIN SULLIVAN / AFP

2 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 Symbole Les électeurs se sont mobilisés en masse pour élire le premier président noir du pays. Une victoire Une nation en pleine réconciliation FABIANO / SIPA Il sera le 44 e président des Etats- Unis. Mais Barack Obama devra patienter encore un peu. Bien qu élu mardi, il ne sera désigné que le 15 décembre par les grands électeurs, avant de prêter serment et d entrer officiellement en fonction le 20 janvier prochain. Ce n est qu à ce momentlà qu il succédera à George W. Bush à la Maison Blanche. La victoire du candidat démocrate est sans appel. Barack Obama a largement battu son adversaire, le républicain John McCain. Il lui fallait J. COUNTESS / AFP A Chicago (en haut) et New York (en bas), les partisans de Barack Obama ont fêté la victoire du candidat démocrate une bonne partie de la nuit. obtenir une majorité de 270 grands électeurs sur 538, il en a remporté pour l instant 349 contre 163 pour son rival. Les 26 grands électeurs du Missouri et de la Caroline du Nord n ont pas encore été attribués. Si cette victoire est historique, c est pour plusieurs raisons. Tout d abord, Barack Obama est le premier Noir à être élu président des Etats-Unis, Quarante-quatre ans «seulement» après l abolition des lois ségrégationnistes en Amérique. Et puis il y a le taux de participation, exceptionnel : 66 %, des électeurs, soit 136,6 millions de personnes sur les quelque 153 millions d inscrits, se sont rendus aux urnes. Du jamais vu depuis 1908. Partout dans le pays, les Américains ont été contraints de faire parfois plusieurs heures de queue avant de voter. «Le changement est arrivé en Amérique», a résumé Barack Obama dans son premier discours après son élection. «Si jamais quelqu un doute encore que ce pays est un endroit où tout est possible, qui S. PLATT / AFP se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, la réponse lui est donnée ce soir», a-t-il déclaré devant 240 000 personnes venues l acclamer à Grant Park. Dans cet immense jardin public situé dans son fief, à Chicago, au bord du lac Michigan, Barack Obama a également tenu à rendre hommage à son adversaire, John McCain. Le sénateur de l Arizona avait reconnu sa défaite quelques minutes plus tôt. Sophie Cois S. PLATT / AFP

JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 spécial usa 3 qui illustre les progrès accomplis dans un pays dont le passé est marqué par l esclavage et la ségrégation Le rêve afro-américain a trouvé son visage Au cœur de la foule, venue écouter le discours de victoire de Barack Obama, Jesse Jackson, l ancien candidat à la présidentielle et leader de la lutte pour l émancipation des Noirs, les yeux pleins de larmes. L émotion de cet ancien compagnon de Martin Luther King, assassiné en 1968, témoigne de l immense révolution qui s est jouée mardi. En devenant le futur 44 e président des Etats-Unis, le sénateur de l Illinois fait mentir les pessimistes qui affirmaient, pendant sa campagne, que le pays n était pas prêt à élire un Noir. Mais, si l événement témoigne du chemin parcouru, il rappelle aussi à des millions d Afro- Américains des souvenirs encore vifs de ségrégation, jusque dans les années 1960, et d esclavage, aboli il y a cent cinquante ans. «L histoire des Noirs américains est sans doute l une des plus tragiques de toute l aventure humaine», rappelle Nicole Bacharan dans Les Noirs américains. Des champs de coton à la Maison Blanche (éd. du Panama). En prononçant son premier discours à Chicago, la ville où il a choisi de s installer il y a plus de vingt ans, mais aussi la capitale noire de l Amérique, Barack Obama s inscrit comme l héritier symbolique de la lutte pour les droits civiques. «Ce soir, je pense à cette femme qui a voté à Atlanta ( ). Ann Nixon Cooper a 106 ans. Elle est Les scénaristes avaient déjà élu Barack Obama Barack Obama premier président noir des Etats-Unis? Et David Palmer alors! Dès 2002, dans la série «24 heures chrono», sur la Fox, ce sénateur démocrate noir du Maryland s installait à la Maison Blanche. Autre précédent en 1998 : Morgan Freeman, dans le film Deep Impact. Bref, les scénaristes avaient un temps d avance. Ou pas. Car, des présidents fictionnels de couleur, celui qui ressemble le plus à Obama s appelle Santos : MICHAEL / MOMENT PHOTO / SIPA en 2006, dans la série «A la Maison Blanche» sur NBC, ce quadra démocrate latino triomphait de son adversaire républicain, bien plus blanc et plus âgé. Or, le scénariste de la série a reconnu avoir eu l idée de ce personnage en 2004 en s inspirant de Barack Obama himself! Le futur président des Etats-Unis n était pourtant alors qu un jeune candidat au Sénat. Parfois, l anticipation se mue en intuition. Alice Coffin d une génération née juste après l esclavage. A cette époque, quelqu un comme elle ne pouvait pas voter pour deux raisons : parce que c était une femme et à cause de sa couleur de peau», a-t-il confié. Ce fils d un père kényan noir et d une mère du Kansas blanche, né en 1961 à Hawaï, et qui a vécu en Indonésie, s est toujours gardé de se présenter comme le candidat noir, préférant un message d unité. Seul susceptible, selon lui, de refermer les plaies raciales de l Amérique. Cela suffira-til? Pas si sûr. Armelle Le Goff Sur www.20minutes.fr Retrouver tous les reportages du Bondyblog aux USA modèles Abraham Lincoln (1809-1865) 16 e président des Etats-Unis, sa volonté d abolir l esclavage déclenche la guerre de Sécession. Lyndon Johnson (1908-1973) Le 36 e président signe en août 1965 le Voting Rights Act, qui permet aux Noirs américains d exercer leurs droits civiques. Martin Luther King (1929-1968) Pasteur noir américain, symbole de la lutte pour l intégration des Noirs américains. Harold Washington (1922-1987) Elu maire de Chicago en 1983, il fut le premier Noir à occuper cette fonction. «Historique», même pour McCain M. WILSON / AFP John McCain, mardi soir. Fair-play. Face à ses partisans rassemblés à Phoenix, capitale de son fief, l Arizona, le républicain John McCain, 72 ans, a tenu un discours très humble : «Cet échec, c est le mien, pas le vôtre», leur a-t-il lancé. «Le peuple américain a clairement parlé.» Le sénateur de l Arizona a même reconnu la dimension «historique» de l élection de Barack Obama, soulignant «la signification particulière qu elle a pour les Noirs américains». Candidat malheureux des primaires républicaines contre George W. Bush en 2000, McCain, 72 ans, réussit un spectaculaire retour, en 2007, lors de la course à l investiture. Peu aimé de la base du parti, il réussit pourtant à séduire avec un ticket de choc, Sarah Palin, très conservatrice gouverneur de l Alaska. Mais cette dernière, peu préparée, s avère vite embarrassante. McCain, qui avait avoué que l économie n était pas son fort, perd la main dès la mi-septembre alors que les Etats-Unis s enfoncent dans la crise. C. B. et A. Le G.

4 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 Politique Le nouveau chef d Etat dispose d une majorité renforcée au Congrès, mais il devra faire ses preuves Un fin stratège dans le Bureau ovale A quoi ressemblera l administration Obama? Le nouveau président a déjà des noms précis en tête. Parmi eux figurent plusieurs anciens conseillers de Bill Clinton, dont Rahm Emanuel, qu Obama verrait bien secrétaire général de la Maison Blanche. Pour les finances, un poste crucial en pleine crise économique, plusieurs noms circulent, dont celui de Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor sous Clinton et conseiller économique pendant la campagne d Obama. Sa garde rapprochée actuelle fera aussi partie du casting pour des postes de conseillers spéciaux. On évoque Valerie Jarrett, avocate et l une de ses plus proches collaboratrices, E. DUNAND / AFP Lors d un meeting à Sunrise, en Floride, fin octobre. Sa victoire vient consacrer une campagne presque sans faux pas. «Après deux ans sous les feux de la rampe, il n a pas une seule fois perdu le contrôle de lui-même. Pas plus que son équipe de campagne n a perdu de sa cohésion», soulignait dimanche, dans The Observer, le journaliste Andrew Rawnsley. Un sans-faute qui a convaincu les Américains, à une large majorité : 52 % contre 46 %. Barack Obama, pourtant métis dans une Amérique encore largement gouvernée par des Blancs, leur a paru fait pour le job. Mais cela ne va pas être facile. «La présidence sera un nouveau défi pour lui. Personne ne connaît de façon spontanée les codes et les personnes clés à Washington. C est un système extrêmement complexe», prévenait en juin dernier Ruth Mandel, chercheuse en sciences politiques. A 47 ans, Obama élu sénateur de l Illinois il y a seulement quatre ans, aurat-il les épaules suffisament solides? S il sait s entourer ce dont témoigne sa campagne, oui, s accordent à dire les spécialistes de la vie politique américaine. Obama n a, de toute façon, pas le choix. Le nouvel hôte de la Maison Blanche va devoir agir vite s il ne veut A la recherche de la «dream team» K. TRIPPLAAR / SIPA John Kerry, pressenti comme secrétaire d Etat. son directeur de cabinet au Sénat, Pete Rouse, son directeur de campagne, David Axelrod, et le conseiller stratégique David Plouffe. Le nouveau président américain piochera également parmi les républicains. Le sénateur Chuck Hagel est pressenti pour devenir secrétaire à la Défense, poste actuellement occupé par Robert Gates. Longtemps favori, celui-ci souhaite quitter ses fonctions le 20 janvier. Al Gore et John Kerry, les candidats démocrates battus respectivement à la présidentielle de 2000 et à celle de 2004, pourraient revenir sur le devant de la scène. Le premier comme représentant spécial du président pour les questions écologiques, le second au poste de secrétaire d Etat. Barack Obama a onze semaines pour former son gouvernement, mais compte faire vite face aux innombrables défis qui l attendent. Les premières nominations devraient tomber dans quelques jours. F. V. pas décevoir tout aussi rapidement. Extrêmement inquiète, du fait de la crise qu elle traverse, l Amérique a donné un quasiblanc-seing à celui qui a basé sa campagne sur l espoir et le changement. Le pays a même renforcé la domination démocrate au Congrès (lire ci-dessous). Une première pour le parti de l âne depuis 1992. Mais qui pourrait s avérer un cadeau empoisonné pour le nouveau président, dans le cas où il peinerait à contrôler un Congrès impatient. Néanmoins, Obama est un habile tacticien et a sans doute plus d une carte à jouer. Sa campagne et son ascension fulgurante, depuis ses premiers pas politiques à Chicago en 2000, témoignent de sa grande finesse politique. Ses talents de conciliateur pourraient lui servir tant à la Maison Blanche, qu à l extérieur, dans ses relations avec les chefs d Etat étranger. Le 20 janvier, une nouvelle ère devrait s ouvrir à Washington, mais il n y aura pas de lune de miel. Armelle Le Goff Le Congrès emporté par la vague démocrate Les démocrates ont remporté une large victoire au Congrès, renforçant ainsi leur majorité acquise lors des élections de 2006. En effet, en plus de choisir leur nouveau président, les Américains votaient aussi pour renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants. Au Sénat, le parti de l âne conserve ses 12 sièges mis en jeu et arrache 5 sièges aux républicains. Selon les derniers résultats, ils obtiennent donc 56 sénateurs contre 41 républicains. Mais les démocrates échouent à passer la barre symbolique des 60 sénateurs. A la Chambre des représentants, les démocrates gagnent 26 sièges par rapport à 2006. Ils comptent à présent 235 représentants contre 199 élus républicains. C est la première fois depuis 1992 que les démocrates contrôlent la Maison Blanche et les deux chambres du Congrès. S. C. référendum Grosse surprise en Californie, un référendum local visant à interdire les mariages homosexuels a été approuvé par 52 % des électeurs. La Cour suprême californienne avait pourtant légalisé les unions gay en mai dernier.

6 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 Défis A partir du 21 janvier, Barack Obama aura à régler beaucoup de problèmes, notamment économiques L Amérique, attention travaux! Au lendemain de sa prise de fonction, le 20 janvier, il lui faudra se retrousser les manches. Voici la liste des dossiers en souffrance que Barack Obama devrait trouver en haut de la pile sur le Bureau ovale. 1 L indépendance énergétique L objectif d Obama est de «soulager les familles», premières à souffrir de l essence chère, même si le prix du baril de pétrole a chuté ces derniers mois. Obama a promis d investir 12 milliards d euros sur dix ans afin de ne plus être dépendant du pétrole du Moyen- Orient (environ 20 % des importations américaines), et de créer «des emplois verts». Il est revenu sur son opposition à l «offshore drilling» (forage pétrolier au large des côtes américaines). Mais, selon lui «ce n est pas la réponse à tout», car les Etats-Unis «disposent de 3 % des réserves mondiales, mais en consomment 25 %». Il demande donc «à tous les Américains de faire un effort et de changer leurs habitudes». Le réchauffement 2 climatique Alors que George W. Bush s est muré, huit ans durant, dans une opposition quasi systématique à toute initiative internationale pour lutter contre le réchauffement planétaire, Barack Obama s est dit favorable à la réduction de 80 % par rapport à 1990 des émissions de gaz à effet de serre d ici à 2050. Il s est également prononcé en faveur du système des permis à polluer. L accès aux soins 3 pour les pauvres Hillary Clinton, l ancienne First Lady s y était cassé les dents lorsque Bill était à la Maison Blanche, Obama a promis de reprendre le flambeau d une couverture maladie pour tous, car près de 48 millions d Américains ne sont pas assurés. Son plan s articule autour de deux axes : rendre les assurances plus accessibles en utilisant la carotte et le bâton avec les employeurs et créer une offre publique de qualité. Combien tout cela coûterait? On avance le chiffre de 110 milliards de dollars. croissance Avec un PIB dépassant les 11 000 milliards d euros, les Etats-Unis sont la première économie du monde. Mais elle est entrée en récession, avec une croissance négative de - 0,3 % au troisième trimestre 2008. chômage Le taux de chômage est actuellement de 6,10 % de la population active, son plus haut niveau depuis 1994. pauvreté Plus de 37 millions d Américains vivent sous le seuil de pauvreté, soit un citoyen sur huit. budget Le déficit budgétaire approche les 7 000 milliards d euros et la dette publique explose. Elle s élève à 70 000 milliards d euros, soit 67,5 % du PIB alors qu elle représentait 58 % du PIB en 2000. La réforme 4 de l Education Selon Barack Obama, «un étudiant sort de la fac avec en moyenne 15 000 de dettes». Il promet un abattement de 3 000 pour ceux qui accepteraient de faire un service civil. Cela rendrait, selon lui, quasi gratuits les community colleges, des établissements publics qui ne proposent en général qu un diplôme en deux ans, mais avec la possibilité de transfert vers une autre université pour terminer ses études. Obama fait également de la petite enfance une priorité. Les impôts 5 et la classe moyenne Les impôts auront sans doute été au cœur de la plus grande controverse de cette fin de campagne, depuis l apparition de la figure de «Joe le plombier», lors du dernier débat qui a opposé John McCain et Barack Obama. Malgré tout, Obama a répété qu il baisserait les impôts de 95 % des travailleurs, en priorité les familles avec enfants, celles monoparentales et les personnes âgées. Seules les familles gagnant plus de 200 000 et les célibataires à plus de 120 000 annuels pourraient voir leur contribution augmenter. 6 L immigration clandestine Les Etats-Unis compteraient quelque 20 millions de travailleurs clandestins. Obama s est dit prêt à examiner dans quelle mesure ils pourraient être régularisés, ainsi que leur famille, sans pour autant se dire en faveur d une amnistie générale. Armelle Le Goff et Philippe Berry à Los Angeles J. LANE / EPA / SIPA Des traders, à New York, début octobre. Une marge de manœuvre étroite pour résoudre la crise A peine élu, Barack Obama a rappelé hier que le monde était confronté à «la plus grave crise financière depuis un siècle» et que «la route» allait être «longue et escarpée». Pour faire face, Barack Obama a d ores et déjà approuvé le plan Paulson de 700 milliards de dollars, auquel il souhaite ajouter 50 milliards supplémentaires notamment pour soutenir familles et collectivités locales en difficulté. Le nouveau président a aussi souhaité que soient renforcées les agences fédérales de surveillance des marchés financiers et s est prononcé pour un contrôle accru des rémunérations et des bonus des dirigeants par les actionnaires. Reste à savoir si la crise laissera à Barack Obama les coudées franches pour mener à bien son programme, comme la mise en place d une véritable assurance-maladie universelle (lire ci-contre). Selon Marie-Pierre Ripert, analyste à Natixis, «certaines mesures phares risquent d être mises entre parenthèses par la crise, mais le chantier de la santé est trop emblématique pour ça». Néanmoins, avec une dette record et un budget grevé, l exercice s annonce difficile. Louis Moulin

JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 spécial usa 7 Fantôme Le futur ex-président, tombé à 25 % d opinions favorables, est le grand absent de ces derniers jours Bush a testé le pouvoir d invisibilité Depuis la fin de la semaine dernière, c est l homme invisible. Pas une déclaration, pas un événement public où l on aurait aperçu George W. Bush, retranché durant plusieurs jours dans sa retraite présidentielle à Camp David. Même au lendemain de la victoire de Barack Obama, c est seulement par la voix de sa porte-parole que le Président a félicité le vainqueur. «Vous êtes sur le point d entreprendre l un des plus grands voyages de votre vie. Félicitations, je vous souhaite d y trouver du plaisir», aurait-il dit à son successeur au téléphone. Ce soudain évanouissement médiatique, que les porteparole du Président ont imputé à sa charge de travail, devait surtout permettre de AFP George W. Bush, le 4 novembre. se faire oublier pour laisser toutes ses chances au républicain John McCain, qui l a fui pendant toute la campagne. Mais cela n aura pas suffi. «John, vous avez donné tout ce que vous pouviez. Je suis fier de vous, et je suis désolé que cela n ait pas marché», a compati le Président au téléphone. Bush a également rendu hommage au discours de McCain saluant la victoire d Obama : «Vos propos ont été fabuleux et de haute tenue», a-t-il assuré, selon sa porte-parole. A défaut de pouvoir fêter la victoire de John McCain le soir de l élection, Bush a fêté l anniversaire de son épouse Laura, 62 ans, autour d un dîner privé dans ses quartiers personnels à la Maison Blanche. Il n est sorti publiquement de son silence qu hier, assurant de la «coopération complète» de son administration dans la période de transition, qu il promet «en douceur». Puis, à l issue de ses deux mandats, le 20 janvier, l homme quittera son poste. Avec un record à son actif : celui de son impopularité auprès des Américains, culminant à 75 % d opinions négatives. Faustine Vincent transition D ici au 20 janvier, Bush a promis de tenir Obama au courant de toutes les «décisions importantes». Au cours de cette période, il conserve tous les pouvoirs, dont celui de chef des armées. Avant de céder sa place, il doit accueillir le sommet mondial sur la crise financière le 15 novembre, à Washington. Il doit aussi caler avec le gouvernement irakien les conditions du maintien de la présence militaire américaine en Irak après le 31 décembre.

8 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 les réactions Condoleezza Rice «Le président élu Obama s est révélé un personnage exaltant et je suis sûre qu il le restera», a indiqué la secrétaire d Etat, Condoleezza Rice. «En tant qu Africaine- Américaine, je suis particulièrement fière, car notre pays revient de loin.» Colin Powell «Nous ne nous sommes pas totalement réconciliés au sein de notre société, au sein de notre pays. Mais ce que représente Obama est le meilleur de l Amérique», a réagi l ancien secrétaire d Etat de George Bush. Oprah Winfrey «C était la plus grande expérience de ma vie. Je n ai pas vu une Amérique aussi unie depuis le 11 Septembre 2001», a déclaré, la présentatrice star aux Etats-Unis. Que penser de l élection américaine? Que va pouvoir faire Obama? L Amérique va-t-elle vraiment changer? Posez vos questions à Daniel Leconte, journaliste, lauréat du prix Albert- Londres. Il y répondra aujourd hui dès 15 h. Déménagement Le gagnant de l élection va loger avec sa famille à la Maison Blanche Les femmes d Obama s installent Michelle Obama en First Lady, c est la preuve que le rêve américain existe. Elle le reconnaît elle-même en expliquant qu elle est «une anomalie statistique». Elevée dans une banlieue réputée difficile, son parcours défie tous les clichés. Douée pour les études elle prenait déjà, à 13 ans, des cours de biologie de niveau universitaire. Viennent ensuite les universités prestigieuses : elle obtient un diplôme de sociologie à Princeton, et d avocat à Harvard. Mais dans sa thèse de fin d études qu elle consacre à la communauté noire et aux étudiants afro-américains de Princeton, elle révèle qu elle s est souvent sentie seule au milieu des riches étudiants blancs. Sa perception aiguisée des divisions raciales aux Etats-Unis lui a valu d être taxée de «moitié amère» de Barack Obama. Des critiques qu elle balaie en déclarant que «nulle part ailleurs qu en Amérique [son] histoire aurait pu être possible». Pendant la campagne, Michelle et ses deux Lifting à la Maison Blanche C est une tradition aux Etats-Unis, l une des premières décisions du nouveau président concerne la couleur du tapis du Bureau ovale! Ça peut paraître trivial, mais dans le bureau de l homme le plus puissant du monde, chaque détail compte. Le Congrès a même alloué un budget de 1,2 million d euros par an pour rénover la Maison Blanche. Tous les quatre ans, 78 000 de ce budget sont mis à la disposition des nouveaux locataires pour y refaire la décoration intérieure. Traditionnellement, c est la First Lady qui s en charge. Et le travail ne manque pas, la Maison Blanche compte une centaine de pièces. Car le 1 600 Pennsylvania J. RAEDLE /GETTY / AFP P. J. RICHARDS / AFP La femme de Barack Obama, Michelle, ainsi que ses filles (de droite à gauche) Malia et Sasha, lors du discours du nouveau président à Chicago. Le Burau ovale. Avenue, c est à la fois le bureau, la résidence et le lieu de réception du Président. Pour que tout soit prêt lors de la passation de pouvoir le 20 janvier prochain et l arrivée de Michelle Obama, Laura Bush, en bonne maîtresse de maison, a déjà commencé les travaux. So. C. filles, Malia, 10 ans et Sasha, 7 ans, ont aidé Barack Obama à garder les pieds sur terre. Pour elles, le Président est avant tout un homme ordinaire, en témoignent les nombreuses anecdotes que Michelle a distillées tout au long de la campagne. Ainsi le soir où Barack Obama s est offert trente minutes de publicité sur les grandes chaînes de télévision américaines, la principale préoccupation de Malia a été de savoir si son père allait interrompre «sa télé». D après Michelle Obama, son mari a rassuré sa fille en lui expliquant qu il n allait pas empêcher la diffusion des programmes de Disney Channel. First Ladies, oui, mais pas groupies. Sophie Cois promesse Barack Obama va tenir une de ses promesses électorales, celle d offrir un chien à ses filles. «Vous avez mérité le chiot qui va venir avec nous à la Maison Blanche», a-t-il déclaré lors de son discours. Un nouveau président sous très haute surveillance A cause de la couleur de peau de Barack Obama, la sécurité du Président est devenue une question majeure. Alors qu il n était que candidat à l élection, Obama a en effet bénéficié d une plus grande protection que ses rivaux. Trois tentatives d assassinat, plus ou moins sérieuses, ont ainsi été déjouées durant la campagne. Toutefois, «la protection est déjà maximale pour les présidents américains, explique l historien spécialiste des Etats-Unis, François Durpaire, il n y aura pas de dispositif spécifique pour Barack Obama», assure-til. Selon lui, les services secrets américains redoutent plus l attaque d un déséquilibré agissant seul qu une action des groupes d extrême droite. So. C. murs Ils étaient presque invisibles mardi sur la scène où Barack Obama a prononcé son premier discours après son élection. Pourtant deux grands murs en verre blindé bordaient le podium pour protéger le nouveau président d un éventuel attentat.

10 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 les réactions Nelson Mandela (Afrique du Sud) «Votre victoire a démontré que personne, partout dans le monde, ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur.» Abdoulaye Wade (Sénégal) «Il va y avoir quelque chose de changé au niveau mondial. Mais je souhaiterais surtout que cela amène un changement en France.» José Manuel Barroso (Commission européenne) «J espère sincèrement que sous la direction du président Obama, les Etats- Unis joindront leurs forces à l Europe pour mener à un New Deal.» Lula da Silva (Brésil) «J espère qu Obama aura une relation plus forte avec l Amérique du Sud et le Brésil et que le blocus de Cuba sera levé.» Benoît XVI «J adresse ma bénédiction afin que Dieu le soutienne, lui et le peuple américain, et que toutes les personnes de bonne volonté puissent travailler pour bâtir un monde de paix, de solidarité et de justice.» International La victoire de Barack Obama suscite beaucoup d espoir dans le monde Nairobi fête «l enfant du Kenya» Hier matin, 7 h, sur l esplanade du Kenyatta Conference Center de Nairobi. La foule laisse éclater sa joie, devant l écran géant installé pour suivre les élections américaines. Les chiffres annoncés par CNN sont implacables. Les Kényans exultent. Certains se mettent à danser. Bernard, technicien dans une entreprise de la City de Nairobi, le quartier des affaires, est persuadé qu avec l élection de Barack Obama, «le monde va changer de perception. On va arrêter de raisonner sur la couleur de peau et les origines. A présent, nous, les Noirs, nous pouvons aller où nous le voulons. Nous n avons plus d excuses. Toutes les portes nous sont ouvertes.» Cependant, avant le verdict tant attendu, la nuit de mardi à mercredi a été calme à Nairobi, où personne n osait croire à un quelconque pronostic. Ainsi Macharia, vendeur dans une boutique de téléphonie mobile du centre de Nairobi, confiait ses doutes : «Je suis sur la réserve, avouaitil. Malgré les sondages en S. MAINA / AFP A Nairobi, hier. faveur d Obama, je pense que les chances sont de l ordre de 50-50.» L ampleur de l événement n avait pourtant échappé à personne. De nombreux Kenyans n ont pas fermé l œil de la nuit. Réunis entre amis dans des bars pour suivre le déroulement des élections sur les chaînes américaines, ils ont ensuite filé au petit matin au Kenyatta Conference Center. Dix mois après les troubles ethniques très sanglants des dernières présidentielles kényanes, peu importe que l on soit kikuyu ou luo, la tribu du défunt père de Barack Obama, c est main dans la main que l on célèbre le triomphe d «un enfant du Kenya». A Nairobi (Kenya), Arnaud Bébien férié Dans la foulée de la victoire d Obama, le président kenyan Mwai Kibaki a annoncé qu aujourd hui jeudi serait un jour férié au Kenya pour cause d «Obama Day», un jour historique que les Kenyans promettaient hier de ne «jamais oublier». Le monde attend une rupture avec la politique de Bush La victoire de Barack Obama a soulevé une vague d espoir dans le monde. Plusieurs dossiers sensibles attendent le démocrate. Afghanistan Selon le président Hamid Karzai, cette élection ouvre une «ère nouvelle». Il espère notamment qu Obama, qui a promis de renforcer son contingent militaire dans le pays, mettra fin aux bavures américaines. Hier, l une d entre elles a encore tué quarante civils afghans dans le sud du pays. Irak Pragmatique, Bagdad a prédit qu il n y aurait pas de «brusque changement politique, et il n y aura pas un désengagement rapide américain d Irak». Obama veut retirer les troupes en seize mois. Iran Alors que George W. Bush envisageait de bombarder l Iran, Téhéran a jugé hier que l élection d Obama était un «signe évident» d une volonté de changement politique. Le démocrate est favorable à un dialogue avec l Iran «si et seulement si cela peut faire avancer les intérêts des Etats-Unis», mais dit maintenir «toutes les options sur la table». H. ZALMY / AFP En Afghanistan, une attaque a fait quarante morts hier. Proche-Orient Israël a tenu à souligner la force de ses relations avec Washington et a dit espérer, comme les Palestiniens, la relance du processus de paix. Favorable à la création d un Etat palestinien, Obama prône l isolement du Hamas et du Hezbollah tant qu ils n auront pas renoncé au terrorisme et reconnu le droit à l existence d Israël. Russie Plus offensif, le président russe Medvedev a appelé à un «dialogue constructif», tout en accablant les Etats-Unis et en agitant la menace d une riposte à leur projet de bouclier antimissile en Europe. Faustine Vincent

12 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 Banlieues De Romainville à Vénissieux, les cités se sont aussi passionnées pour l élection aux Etats-Unis «C est une leçon pour la France» Les Etats-Unis sont à mille lieues de leur quotidien, mais l élection de Barack Obama a aussi passionné les banlieues françaises. Romainville (Seine- Saint-Denis), cité Youri-Gagarine, hier après-midi. Christian Bidonot, président de l association Outremer Obama Organisation, est encore au champagne. «La nuit a été longue. Dans mon immeuble, tout le monde est pour Obama, même les mamies le trouvent sympa!» Il rêve déjà de créer, d ici à la fin de l année, une «fédération de la diversité» pour, dit-il, peser dans la vie politique et avoir «un président français qui nous représente tous». Dans la cité, il improvise une distribution de badges à l effigie de son chouchou. «Ça passionne vraiment. L ouverture ne sera pas que des paroles, vous allez voir!» Fred, 16 ans, d origine haïtienne, assure avoir mis son réveil à 3 h, puis à 5 h, pour suivre les résultats. Faras, en terminale littéraire, d origine béninoise, se réjouit : «C est bien que ce soit un Black! Il a l air plus ouvert et plus social, moins raciste. En plus, McCain il a pas fait le rageux, il est resté correct quoi.» Le lycéen souligne surtout que l élection américaine a été «plus passionnante» que la présidentielle française l année dernière. Mais pense «qu un Noir ne serait pas élu ici. Déjà qu ils viennent juste de mettre Roselmack sur TF1!» «Ici, tout est encore très fermé pour les gens issus de l immigration» A Vénissieux, dans la banlieue de Lyon (Rhône), le sentiment est aussi partagé entre espoir et prudence. «C est une leçon pour la France. Mais ce qui s est passé aux Etats-Unis, ce n est pas pour aujourd hui ici», estime Mokrane Kessi, patron d une brasserie. Il pense quand même que «l élection de Barack Obama est un espoir pour les minorités. Cela peut nous ouvrir des portes en France, où tout est encore très fermé pour les gens issus de l immigration.» Deux rues plus loin, Tahar Ketfi, un coiffeur de 31 ans, né à Lyon de parents algériens, imagine qu «un jour sans doute, un homme, de n importe quelle origine mais que l on considérera comme un Français à part entière, pourra accéder au pouvoir. Mais pas avant une vingtaine d années.» En cette veille de rentrée, son salon est rempli d adolescents. Eux aussi ont suivi l élection. «C est bien pour les Américains qu il ait été élu, mais ça va rien nous rapporter», balance Nasser, 14 ans. «Les Etats-Unis sont précurseurs pour tout. Chez nous, c est pas possible un truc pareil», renchérit Abdallah, 16 ans. «On s en fout qu Obama soit black. Quand il parle, il nous intéresse» Cité nucléaire à Cronenbourg, en périphérie de Strasbourg (Bas-Rhin). Mohamed, 26 ans, estime d emblée qu «avant d avoir un Arabe ou un Noir comme président en France, je pense que nous aurons plutôt une femme». Une opinion que partage son ami Saïd, 30 ans, chauffeur routier. «Les Français ne sont pas encore capables d accepter un immigré au pouvoir, affirme-t-il. Il faudra que nous attendions longtemps, peut-être parce qu il y a toujours un vieux réflexe colonial?» Saïd voudrait désormais que l on voie autre chose que la couleur du 44 e président des Etats-Unis. «On s en fout qu il soit black ou métis, quand il parle, il nous intéresse, explique-t-il. Qu il le veuille ou non, il ne peut pas rejeter ses origines, mais il n a pas séduit et heureusement que les électeurs noirs.» «Il a brûlé toutes les étapes. C est un Superman!» Direction Marseille (Bouches-du-Rhône). Cité Castellane, Rahouf M Kadmi, 29 ans, responsable d une association de lutte contre l exclusion, est impressionné par le parcours du nouveau président des Etats-Unis. «Je ne sais pas comment Obama a fait pour y arriver. Il a brûlé toutes les étapes, c est un Superman! Franchement, il n avait rien à envier à ses adversaires. C est un homme décomplexé, il ne fait pas une politique de Noir ou de Blanc, il est fédérateur. En France, les jeunes des quartiers croient que les bonnes choses sont pour les autres. Son parcours montre qu il faut sortir de l autocensure.» Ghona Mandjak, 23 ans, sérigraphiste, trouve que «c est bien pour la communauté afro aux States. Un Noir président en France? Pour l instant, ça reste une blague.» Un peu plus optimiste, Saïd Athoumani, 21 ans, tapissier d ameublement et décorateur, estime que «c est historique, surtout aux Etats-Unis. Moi, j ai l image d un pays où il y a encore beaucoup de ségrégation.» Mais il reste inquiet pour l avenir : «Avec la crise, la guerre en Irak, la Russie Cela va être dur pour lui.» Nos rédactions locales : Charles Centofanti, Elisa Frisullo, Philippe Wendling et Frédéric Tchalian G. VARELA / 20 MINUTES S. POUZET / 20 MINUTES L. CERINO / 20 MINUTES S. PAGANO / REPORTAGES / 20 MINUTES Saïd, Raidouane, Mohamed et Mohamed, à Cronenbourg (Bas-Rhin). Fred et Faras, lycéens à Romainville (Seine-Saint-Denis). Ghona Mandjak, à Marseille (Bouches-du-Rhône).

14 spécial usa JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 Minorités L émergence d un candidat à la présidence noir ou arabe semble encore impossible en France A quand un Barack Obama chez nous? Un Obama à la française, qui aurait plus de chances de s appeler Souleymane, Mamadou ou Farid, ce n est pas pour demain. Les représentants des minorités, les sociologues, les hommes politiques de couleur interrogés par 20 Minutes sont unanimes : la population est mûre, mais pas les partis (lire ci-dessous). A en croire une récente enquête Ifop pour Le Journal du dimanche, 80 % des sondés se disent prêts à envoyer à l Elysée un candidat noir, et 58 % un leader d origine maghrébine. «Or, quand j étais candidat aux élections municipales à Paris, on me reprochait d avoir un vrai métier je suis avocat et d avoir vécu à l étranger. Vous vous rendez compte? Le personnel politique en place vit comme au XIX e siècle!», s exclame Jean-Claude Beaujour, guadeloupéen. WITT / SIPA L Assemblée nationale est encore loin de refléter la diversité des Français. Pour lui, la France a même reculé ces dernières années. «Rappelez-vous, nous avons eu un président du Sénat noir!» De fait, Gaston Monnerville, à la tête de l institution de 1959 à 1968, était guyanais. Actuellement, on compte, hors DOM-TOM, une députée noire et quatre sénatrices d origine maghrébine. «Les partis sont rétifs au changement» Rama Yade Secrétaire d Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l homme. A quand un Obama à la française? Je ne peux pas vous donner une date précise, mais le peuple français est tout à fait prêt à voter pour un Obama français. J ai confiance en lui. Je crois en sa capacité d ouverture. Seulement les occasions qui lui sont données sont trop rares. Pourquoi? Parce que le système politique est terriblement conservateur. Il refuse le changement, ce qui empêche l émergence de candidats de couleur à des positions éligibles lors des élections nationales. A WITT / SIPA chaque élection, c est la même déception. Le changement ne viendra que de la pression de l opinion publique, qui, elle, est en avance sur ses élites. Les partis sont-ils racistes? Disons plutôt que la plupart des cadres des partis sont rétifs au changement. Les places sont chères, certains attendent leur tour depuis vingt ans, d autres s accrochent longtemps. Ils préfèrent rester entre eux. C est dangereux, car pour rester dynamique et attractif, un pays a besoin de renouveler ses hommes et donc ses idées. L élection d Obama peut-elle débloquer les mécanismes qui bloquent la diversité au sein de la vie politique? Sa victoire est un choc psychologique, une provocation délicieuse. Il prouve qu être président et noir, c est possible. Les hommes politiques ne peuvent plus s abriter derrière les réticences imaginaires des électeurs. La France doit suivre le mouvement pour ne pas prendre un coup de vieux. Recueilli par L. de C. Et seuls 2 000 conseillers municipaux élus en mars dernier sont issus de la diversité, soit 0,4 % contre 788 avant les élections, certes. Quid de Rachida Dati, Fadela Amara ou encore Rama Yade, nommées au gouvernement? «Ces personnalités talentueuses ne font pas le printemps de la diversité», estime Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran). Pour les sociologues Vincent Geisser et El Yamine Soum, auteurs de Discriminer pour mieux régner (Ed. de l Atelier), cette diversité est même purement «cosmétique et superficielle». Le président du Cran se veut tout de même optimiste : «Barack Obama secoue la somnolence française. Si nous mettons aujourd hui en place une affirmative action [discrimination positive] à la française, dans quinze ans, un Noir de France pourra prétendre à l Elysée.» Ce n est donc pas pour demain. Laure de Charette Concert de bonnes intentions parmi la classe politique Une fois l Obamania retombée, que restera-t-il de ces jolies déclarations d intention? Hier, la classe politique, droite et gauche confondues, a salué avec chaleur une élection historique. Nicolas Sarkozy, un des premiers chefs d Etat à réagir, a salué «le choix du changement, de l ouverture et de l optimisme». «Ce message du peuple américain résonne bien audelà de vos frontières», a- t-il assuré dans une lettre au président élu. Cette élection est «une occasion historique de conjuguer nos efforts», a appuyé le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner. «Message d espoir et de sursaut» pour Bertrand Delanoë, hommage de Ségolène Royal à «l Amérique métissée», «rêve réalisé» de Martin Luther King, selon Martine Aubry : les ténors du PS en lice pour la conquête du parti n ont pas été en reste. L. de C. leçon «Un président noir, une première dame des Etats-Unis noire, c est une grande leçon de la société américaine. Cela va dans le sens qu il faut sur la réflexion qu on doit avoir sur l homme», a estimé hier Lilian Thuram, footballeur guadeloupéen.

16 grand paris JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 pour nous écrire : paris@20minutes.fr JUSTICE Enquête sur des gélules amaigrissantes Le parquet de Bobigny (93) a ouvert hier une information judiciaire contre X après le décès vendredi d une femme de 32 ans ayant absorbé des gélules amaigrissantes. La victime, originaire de Sevran, serait décédée d une embolie pulmonaire après absorption de ce médicament. Des fournisseurs sont recherchés dans l enquête. EMPLOI Recrutements pour les étudiants du 95 Le Forum entreprises et étudiants du Val-d Oise se tient aujourd hui de 10 h à 18 h à l université de Cergy-Pontoise, 33 bd du Port. Des simulations d entretien ainsi que des ateliers de rédaction de CV et de lettres de motivation y sont organisés. Rens. : www.forumvaldoise.fr ERRATUM Contrairement à ce que nous écrivions dans l édition d hier, la Ville de Paris a mis en avant une étude prouvant que les ondes wi-fi dans les bibliothèques étaient «80 à 400 fois inférieures au seuil réglementaire» et non supérieures. Culture La boîte la plus branchée des 80 s rouvrait hier ses portes en salle de spectacle Le Palace fait place au théâtre Après des années à l abandon, la Palace a été classé Monument historique et donc rénové comme à son ouverture en 1923. Les années Palace sont révolues, mais le Palace nouveau est sur les rangs. Ce lieu du 9 e arrondissement, qui fut la boîte la plus célèbre d Europe des années 1980 pour ses soirées déjantées, redevient théâtre, sa vocation d origine lors de son ouverture en 1923. Fermé depuis 1996 et laissé à l abandon, il accueillait hier soir Valérie Lemercier pour la première de son spectacle. Un clin d œil pour celle qui a débuté dans la série éponyme. Ses nouveaux propriétaires belges, les frères Vardar, voulaient tourner la page. «La drogue, la coke, ce n est pas notre truc. On préfère les lieux qui ferment avant minuit et aller danser chez les autres», ironise Hazis. Lorsqu il a visité le Palace pour la première fois, il a trouvé le lieu «dans un piteux état. Il était peint en rouge et noir, avait été saccagé et taggé par les squatteurs ; il y avait des fuites d eau partout.» Classé à l inventaire des Monuments historiques, le Palace doit être rénové dans sa configuration d origine. Fresques, balcons, tout est revu à l identique durant vingt mois de travaux. Seule une petite galerie pailletée d argent a été sauvée. Elle abrite quelques portraits de stars de l époque faste du Palace. Une période folle que certains racontent encore. «J ai rencontré une dame très distinguée récemment dans un dîner, qui m a dit : Vous reprenez le Palace, c est formidable. C est là que j ai fait ma première fellation en public, s amuse Hazis. C était comme ça à l époque, après la libération sexuelle mais avant le sida.» Plus soft, les riverains du théâtre ont aussi la nostalgie du lieu, et ils étaient nombreux à se presser devant les portes quelques jours avant son ouverture. «J ai connu la période théâtre puis boîte de nuit, on revient dans la première configuration, ça peut être bien», confiait mardi une passante d une soixantaine d années. «Beaucoup de gens sont repassés ici avec une certaine émotion pendant les travaux. J essaie de les comprendre, mais on ne peut pas vivre éternellement dans le passé déluré des années 1980», conclut Hazis. Magali Gruet Photos : Serge Pouzet

JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 grand paris 17 Le tribunal en a vu de toutes les couleuvres L audience n a pas manqué de mordant hier, à la 12 e chambre correctionnelle du tribunal de Créteil (Val-de-Marne). Maxime P., 55 ans, fasciné depuis l adolescence par les reptiles, a tenté d expliquer à la justice comment il a pu s occuper d un élevage de serpents et autres «nouveaux animaux de compagnie» (lire encadré) au fond de son jardin de Champignysur-Marne sans certificat ad hoc. L alerte est donnée en juin dernier par un voisin qui découvre une couleuvre rouge d Amérique sur son balcon. «Un Pantherophis guttatus», essaie en vain de préciser le prévenu face à un tribunal peu vivariophile. En tout, ce sont 72 serpents dont 47 venimeux que les pompiers découvrent dans l élevage d agrément de Maxime P. «Mais aucun S. COOK / REX / SIPA Trois mygales étaient présentes dans l étrange ménagerie de Maxime P. n était dangereux», explique celui qui remet en cause la compétence de l expert judiciaire. «L expert ici, c est mon client», relève l avocat Jean-François Blay qui, certificat de scolarité à la main, prouve que Maxime P. avait en classe de 3 e une moyenne de 17,58 en sciences naturelles. S il n avait pas de certificat pour posséder les animaux, c est qu il «ne s y est pas pris à temps». «Aujourd hui, il n y a plus de serpents chez vous, où sont-ils?», s inquiète la présidente de la chambre. «On ne sait pas, ils ont été saisis», répond laconiquement l avocat. Le jugement de son client, déclaré coupable, a été ajourné à septembre. Le temps qu il puisse finir sa formation théorique pour l obtention des papiers. Dans ce cas, il ne devrait pas payer l amende de 1 000 requise par le procureur de la République. Alexandre Sulzer ménagerie Maxime P. possédait 17 crotales, 25 couleuvres et 30 vipères. Mais également 3 mygales et 3 scorpions de 17 cm. Il s est défendu en expliquant que seuls 25 reptiles étaient adultes. FAITS DIVERS Une mineure mise en examen Une jeune fille de 17 ans, qui avait caché sa grossesse à sa famille et dont l enfant prématuré est décédé le jour de sa naissance, a été mise en examen hier pour défaut de soins. L adolescente avait accouché dans sa chambre samedi à Longjumeau (91) et s était rendue dans l après-midi à l hôpital alors que l enfant, né après six mois et demi de grossesse, était déjà mort.

18 france JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 pour nous écrire : france@20minutes.fr Le bonheur attend le nombre des années JUSTICE Ferrara se braque Antonio Ferrara, jugé aux assises de Paris pour son évasion de Fresnes en mars 2003, a annoncé hier qu il «refuse d être jugé», après le rejet d une demande de renvoi du procès. La poupée vaudou rejugée le 13 L appel de Nicolas Sarkozy, débouté en première instance dans l affaire de la poupée vaudou, sera examiné par la cour d appel de Paris le 13 novembre. TRANSPORTS Ils ne visaient pas les caténaires Les tirs qui ont endommagé samedi une caténaire dans l Essonne et provoqué des perturbations sur le TGV Atlantique visaient un lampadaire et étaient certainement le fait de personnes qui s amusaient, selon l enquête. ENVIRONNEMENT Le Grenelle 2 avance Le texte de l avantprojet de loi dit «Grenelle 2» a été transmis aux acteurs du Grenelle de l environnement, avant sa présentation en Conseil d Etat et en Conseil des ministres. Un geste considéré comme «positif» par France Nature Environnement. L Insee a décidé de faire dans le ressenti. L Institut national de la statistique et des études économiques s est penché sur le sentiment de «bonheur» et de bienêtre des Français, à l occasion de la parution aujourd hui de son «portrait social» annuel du pays, qui fait le point large sur l année 2007 (emploi, inflation, démographie, inégalités ). La crise de la quarantaine S appuyant sur une question posée aux Français depuis 1975 «Dans l ensemble, êtes-vous satisfaits de la vie que vous menez?», les très sérieux statisticiens en sont arrivés à la conclusion populaire que l argent ne fait pas le bonheur. D après leurs mesures, le sentiment de bienêtre, fort durant la jeunesse, baisse jusqu à la quarantaine, atteint son «apogée» entre 65 et 70 ans, puis rechute, souvent à cause de la maladie ou du deuil. Explications de Vincent Marcus, l auteur de l étude : «A partir de 60 ans, on a révisé ses attentes et acquis de l expérience et de la sagesse.» Surtout, l institut estime que «la courbe du bonheur n est pas celle du revenu», car celui-ci est censé être à son maximum vers 45 ans. Moralité : «La recherche du bonheur reste essentiellement une affaire personnelle», et l argent ne peut qu y «contribuer». Les prix à la loupe Autre affaire de ressenti, l Insee s est attaqué à la distorsion entre la perception par le public d une Les militants PS se penchent sur les motions avant le congrès B. CHIBANE / SIPA WIDMANN / TPH / SIPA forte hausse du coût de la vie, et l évolution réelle des prix. Pour l institut, entre 2000 et 2005, l «indice des prix à la consommation» a grimpé de 5 %, et celui du «coût de la vie» de 6 %. Une différence jugée donc «faible». Résultat, si l Insee et le public divergent, c est «parce qu ils ne parlent pas de la même chose», estime le statisticien Jérôme Accardo. L Insee mesure les prix d un «panier fixe» de biens de consommation, alors que le public compare les prix de produits «évoluant au fil des ans en fonction des progrès techniques». En clair, comparez le même téléviseur entre 2000 et 2005 et vous François Hollande. Il n y a pas qu aux Etats- Unis que l on vote. Les militants socialistes vont tenter ce soir de départager les six motions en lice pour le congrès de Reims le 14 novembre. Quelque 130 000 adhérents doivent décider de la succession de François Hollande. Trois motions se détachent : celles de Bertrand Delanoë, de Martine Aubry, de Ségolène Royal, suivies de celle de Benoît Hamon. Si le maire de Paris est le léger favori des sondages, il y a fort à parier qu aucun courant n obtiendra la majorité. De quoi promettre un jeu d alliances avant Reims. François Hollande, qui soutient Delanoë, joue déjà la dramatisation, craignant un PS «ingouvernable» si aucune motion ne l emporte. Martine Aubry, elle, a pris les devants, en souhaitant hier que les responsables de courants se rencontrent «le plus tôt possible» pour dégager une ligne majoritaire. Selon l Insee, le sentiment de bien-être atteint son apogée entre 65 et 70 ans. constaterez que son prix baisse ; comparez un téléviseur époque 2000 et un autre plus évolué époque 2005, et son prix aura grimpé. Bastien Bonnefous inégalités Dans son portrait social, l Insee note aussi que les inégalités de niveau de vie persistent. Par exemple, en 2007, les 20 % de Français les plus aisés disposaient de 38,6 % des revenus disponibles, soit plus de quatre fois plus que les 20 % les plus modestes. Six mois de prison ferme pour le nouvel écart de Samy Naceri L acteur Samy Naceri a été condamné hier à six mois de prison ferme et à 7 500 d amende pour avoir renversé accidentellement une policière à bord d une voiture qu il manœuvrait sans permis, en octobre à Paris. Aucun mandat d arrêt n a La récidive encore dans le viseur Rachida Dati a présenté hier en Conseil des ministres «un projet de loi tendant à amoindrir le risque de récidive criminelle» et posant des conditions au placement en rétention de sûreté d un condamné après l exécution de sa peine. été délivré contre le comédien de 47 ans, absent du procès. Il reviendra à un juge d application des peines de définir les modalités d exécution de la sentence. Déjà condamné à plusieurs reprises, Naceri était jugé en état de récidive légale. Ce texte veut aussi renforcer la surveillance des personnes qui ne pourront pas être placées en rétention à leur libération. Les syndicats de magistrats ont dénoncé «une priorité donnée à l empilement de textes répressifs».

20 france JEUDI 6 NOVEMBRE 2008 CONSOMMATION Chaussures allergisantes Un produit antimoisissures interdit, glissé dans des chaussures importées de Chine, a provoqué de graves réactions allergiques depuis début octobre. GOUVERNEMENT Cher personnel Les frais de personnel des ministères ont explosé en un an, avec notamment une hausse de 20 % des primes versées aux collaborateurs, selon Le Monde. Justice Depuis février, la loi prévoit des audiences pour les personnes jugées irresponsables Un malade mental jugé pour ses victimes Il est schizophrène au dernier degré. Mais il a été jugé, hier, à Douai (Nord). Depuis février dernier, la loi Dati prévoit des audiences pour les personnes jugées irresponsables pénalement. Hier, il s agissait du sixième procès de ce genre en France. Trop dangereux, l homme accusé de meurtre avec préméditation sur sa mère adoptive n était pas là. Le mari de la victime, si. «Avant la loi, il aurait reçu un pauvre courrier avec accusé de réception, explique Emmanuel Riglaire, son avocat. Il aurait appris le non-lieu comme ça.» A la place, les magistrats ont examiné ce cas pendant quatre heures. «Au moment du crime, il était tellement malade mental qu il n avait plus aucun discernement», est venu expliquer le psychiatre à la barre. Si ça ne soulage pas, ça explique au moins pourquoi l accusé est venu voir ses parents, par un beau matin de 2006, armé d un couteau de cuisine. «Son seul regret, c est de ne pas avoir tué tout le monde, a reconnu son avocat. Il ne se croit pas malade.» L avocat général n est pas de cet avis. En raison du trouble mental de l accusé, il a demandé à ce qu il soit reconnu coupable mais à ce qu il bénéficie d un non-lieu. Le même résultat qu avec l ancienne procédure, en somme. A cela près que la loi prévoit désormais une indemnisation des victimes et des mesures de sûreté. «S il sort de l hôpital, les victimes seront automatiquement prévenues, précise Emmanuel Riglaire. Avant, ce n était pas forcément le cas.» A Douai, Vincent Vantighem B. CHIBANE / SIPA Emmanuel Riglaire, avocat du mari de la victime, hier. Un suspect menacé de mise en examen pour le meurtre de la Montagne Verte La femme de 32 ans retrouvée sans vie dimanche à la Montagne Verte, un quartier de Strasbourg, était sa fille. Son corps gisait dans un chemin bordant un cours d eau, à quelques centaines de mètres à peine de chez lui. Entièrement dénudé, il était partiellement brûlé au niveau du visage et des organes génitaux. Décédée par étranglement, la victime ne présentait pas de traces de violence sexuelle. Depuis que la police lui a annoncé la nouvelle lundi, Christian n a qu une obsession, honorer sa mémoire. «Monique était une fille bien, explique-t-il. Elle avait le cœur sur la main.» Deuxième d une famille de cinq enfants, elle était maman d une fillette de 10 ans. Secrétaire de formation, elle vivait depuis quelque temps du RMI. «C était quand même une bonne mère de famille, précise Christian. Nous l adorions, malheureusement elle fréquentait des sales types.» Ainsi, les trois hommes interpellés depuis son identification, dont deux de ses ex-compagnons, étaient tous connus des services de police. Hier, le parquet a requis contre l un d eux une mise en examen pour homicide volontaire et demandé sa détention provisoire. Les deux autres personnes entendues ne paraissent «pas impliquées», a-t-on appris de source judiciaire. A Strasbourg, Philippe Wendling témoignages Selon le procureur de Strasbourg hier, le suspect «nie toute participation aux faits», mais des témoignages laissent entendre que son attitude était bizarre la veille de la découverte de la victime. Selon certaines sources, il aurait été vu en train de pousser une poubelle en pleine nuit, non loin des berges où gisait le corps de la jeune femme.