TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF:



Documents pareils
«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

LE JEU EXCESSIF. Dr Christine Davidson M.Philippe Maso. Décembre 2011

LES MECANISMES DE DEFENSE

Trouble d anxiété généralisée

Critères de l'addiction et de la dépendance affective chez la victime de manipulateur pervers narcissique

Guide à l intention des familles AU COEUR. du trouble de personnalité limite

Nouvelles addictions. Dr Marie VERSCHAVE Praticien hospitalier Service de médecine interne E et addictologie

Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum Q19. Psychiatrie adulte Module D Pr Jean Louis Senon Année universitaire

Guide d accompagnement pour la prise en charge des troubles anxieux chez l enfant

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

9.11 Les jeux de hasard et d argent

Les troubles mentaux dans le contexte de l Assurance de Personne. SCOR inform - Septembre 2012

«Les jeux en ligne, quelle influence en France?»

LES ADDICTIONS. Docteur Sandrine TRAPE Chef de Clinique Assistante en Psychiatrie CHU de Fort de France. le 15/04/11

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

Attirez-vous les Manipulateurs? 5 Indices

testez-vous! Préparez vos partiels en toute sénérité!


Différents facteurs impliqués dans l addiction

Réponse et temps de réponse aux items en psychométrie. R. Trouillet M.C.F. H.D.R. Lab. Epsylon EA4556

DUPUP Les Perversions

Introduction. Pourquoice livre?... Comment utiliser ce livre?... Que contient ce manuel?... Chapitre 1

Autisme Questions/Réponses

La dépression qui ne répond pas au traitement

LE SYNDROME D ASPERGER ou AUTISME DE HAUT NIVEAU TROUBLES SPÉCIFIQUES DES APPRENTISSAGES

Le bilan neuropsychologique du trouble de l attention. Ania MIRET Montluçon le

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Définition trouble psychosomatique. TROUBLES PSYCHOSOMATIQUES Item 289. Définition trouble psychosomatique. Définition trouble psychosomatique

Description des résidants dans les IHP et les MSP

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

COUPLE ET PROBLÈMES SEXUELS

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

POURQUOI RESSENTONS-NOUS DES ÉMOTIONS?

Une échelle d évaluation semistructurée. B. Gravier

La prise en charge d un trouble bipolaire

Fonctionnement neural et troubles cognitifs chez le patient bipolaire: preuve ou surinterprétation

LA PERSONNALITE NORMALE ET PATHOLOGIQUE Jean Bergeret Dunod, Paris, 1996

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Quelles sont les principales difficultés sociales que rencontrent les enfants et les adolescents?

Plan de la présentation Introduction présentation La réalité virtuelle pour le jeu pathologique

Migraine et Abus de Médicaments

La prise en charge de votre épilepsie

La schizophrénie est une maladie évolutive; elle comporte 5 phases, qui se succèdent souvent dans l ordre 2 :

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

Professeur Thierry BOUGEROL

«La capacité à être seul», WINNICOTT

TROUBLES ENVAHISSANTS DU COMPORTEMENT (TEC)

LES TROUBLES DU COMPORTEMENT de l enfant et de l'adolescent

Dossier thématique de la. Fondation de l'avenir. Chirurgie du futur SOMMAIRE

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Le s t r o u b l e s d u

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

LA PRISE EN CHARGE COGNITIVE ET COMPORTEMENTALE DU JOUEUR PATHOLOGIQUE (Jeux de hasard et d argent)

Programme d Enseignement EPTHECC «Enseignement de la Psychopathologie et des Thérapies Comportementales et Cognitives»

PSYCHOSOMATIQUE, RELAXATION, PSYCHOTHERAPIES A MEDIATION CORPORELLE

Dr Julie Dauphin, Ph.D. Psychologue clinicienne

Comment la proposer et la réaliser?

Affirmation de soi, confiance en soi, estime de soi

Le DSM 5 et les troubles de la personnalité

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Qu est ce que le handicap psychique?

Le Stress Post - Traumatique

SNAP-IV Instructions pour la cotation

Le Modèle Conceptuel de Virginia Henderson. P. Bordieu (2007)

Conférence sur l addiction au numérique du 21 mars 2013

Plans de soins types et chemins cliniques

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

HARCÈLEMENT CRIMINEL. Poursuivre quelqu un, ce n est pas l aimer!

Les cyberaddictions. Daniele Zullino Médecin chef de service Privatdocent Faculté de Médecine UNIGE. Service d addictologie

Quand le corps devient objet de l autre

La migraine : quelle prise de tête!

AVIS DE LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DE L AUTISME DANS LE CADRE DE LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LA LUTTE CONTRE L INTIMIDATION

Cadre de gestion. Banque de données. Responsable de la banque Kieron O Connor. Coresponsables de la banque Frederick Aardema Marc Lavoie Julie Leclerc

Module 2. De la conception à la naissance

Information sur le sujet. Tests-assignés

Surfer Prudent - Tchats. Un pseudo peut cacher n importe qui

Définition, finalités et organisation

Rapport sur les maladies mentales au Canada

Le coût social du jeu excessif

Aimerais-tu en connaître davantage sur les troubles alimentaires? Clique sur chacune des sections pour avoir plus de détails

Efficacité de la réalité virtuelle pour faciliter la prévention de la rechute auprès de joueurs en traitement

Programme Scientifique

LE MARKETING SOCIAL ET

DOMAINE 7 RELATIONS ET RÔLES

Les troubles de la personnalité, les personnalités pathologiques. Classification, grandes lignes des troubles de la personnalité.

Programme intercantonal de lutte contre la dépendance au jeu (PILDJ) Actions neuchâteloises

IMAGES ET REALITES DE LA SANTE MENTALE EN POITOU-CHARENTES

LES DEPENDANCES Article théorique psy au vocabulaire professionnel LE MODELE CLASSIQUE PSYCHANALYTIQUE : FREUD ABRAHAM KLEIN WINNICOTT- FENICHEL

HABITAT INDIGNE, SOUFFRANCE PSYCHIQUE. ET DEFENSES DELIRANTES DANS LES EXCLUSIONS (internes et externes) Lyon, 2014

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

CES FOUS QUI NOUS GOUVERNENT

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

TRAITEMENT DES MAUX DE TÊTE PAR EMDR INTÉGRÉ

DOSSIER MEDICAL (à faire remplir obligatoirement par le Médecin et à retourner accompagné du Dossier administratif au Centre Addictologie d Arzeliers)

Programme internet de traitement du jeu excessif Partie cognitivo-comportementale

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

Transcription:

TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF: IFSI Nice Emmanuel Mulin, emulin@orange.fr

Définition Historique Clinique: *formes cliniques *épidémiologie *co morbidités *modèles Evolution Complications Traitement PLAN:

Définition: La névrose obsessionnelle est définie par la présence de symptômes obsessionnels associés à une organisation névrotique de la personnalité. Le diagnostic est posé losqu existent: des obsessions des compulsions dont les rituels une organisation névrotique de personnalité une répercussion invalidantes des symptômes

Historique: Les obsessions compulsions ont été décrites avant la psychiatrie par les exorcistes et les confesseurs. Traité des scrupules de Duguet(1717) proposant des méthodes pour apaiser l âme. Esquirol et les monomanies affectives ou raisonnantes, 1838 Westphal et la névrose de contrainte, 1878: idées parasites faisant intrusion dans le processus de pensée contre la volonté => névrose anankastique ou de destin Janet et la psychasthénie, 1903: description clinique des obsessions compulsions

Janet: fonds psychasthénique: sentiment d incomplétude de la pensée et de l action, perception douloureuse par le patient, inhibition de l action Processus obsédants: agitations forcées, le patient se sent forcé de façon irrésistible à penser ou à accomplir des actes. Idées obsédantes et compulsions:obsessions de sacrilège, du crime, de la honte de soi, de la honte du corps et hypochondriaques. La peur ne porte pas sur les objets du monde extérieur mais sur les actes du sujet. Absence de conviction de l obsession

Freud et la névrose obsessionnelle: distinction entre obsessions et phobies: L obsession associe une idée s imposant au patient à un état émotif. Les idées obsédantes ont un sens=> analyse. idées obsédantes et surmoi cruel: conflit entre 2 énergies (pulsion et répression) obligeant le Moi à un compromis entre désir et interdit névrose obsessionnelle et caractère anal: mécanismes de défense=> déplacement, isolation, annulation Caractère anal=> ordre, entêtement, parcimonie, ambivalence

Trouble obsessionnel compulsif (T.O.C): Regain d intérêt 1980 Apparition des thérapies comportementales Mise en évidence de l activité de certains antidépresseurs dans le T.O.C Développement des classifications et des études épidémiologiques Finalement très proche de la conception de Janet

Clinique: Les critères les plus utilisés par les chercheurs et les cliniciens sont ceux du DSM IV et de la CIM 10. Critères DSM C. soit obsessions soit compulsions D. Reconnaissance du caractère excessif et déraisonnable E. Détresse marquée, dévoreuse de temps (>1h/j) F. N est pas limité à un autre trouble de l axe I éventuellement associé G. N est pas du à un abus de substance ou autre tb anxieux

Obsessions: 2. Pensées, impulsions ou images répétitives et persistantes, ressenties comme intrusives et inappropriées, causant une anxiété ou une détresse marquée. 3. Les pensées, impulsions, images ne sont pas simplement des soucis excessifs à propos de pbm de la vie réelle. 4. La personne tente d ignorer ou de refouler ou neutraliser ces symptômes 5. La personne reconnaît que ces symptômes sont des produits de son esprit

Compulsions: 2. Des comportements répétitifs ou actes mentaux que la personne se sent obligée d accomplir en réponse aux obsessions suivant des règles qui doivent être appliquées rigidement. 3. Le comportement répétitif ou l acte mental vise à réduire la détresse ou à prévenir un événement redouté. Cependant absence de lien réaliste ou clairement lien excessif.

Formes cliniques: Les «laveurs»: 80% des cas: femmes Début des troubles rapides. Obsessions déclenchées par des stimuli environnementaux. Evitement. Rituels de lavages apaisant l anxiété. Ex. lavages plus de 10 fois/j, refus de toucher les poignets de portes, portent des gants en permanence

Les «laveurs» ritualisent le lavage le plus svt par Crainte de contamination, en les multipliant, ou en Associant des comportements inadaptés: Eau de Javel

Les «vérificateurs»: Aussi svt des hommes que des femmes Début progressif Cherchent à prévenir des catastrophes possibles dans le futur: vérifient électricité, gaz, voiture, place d objet dangereux, peur d être par mégarde responsable d un accident Le rituel n entraine que peu de diminution de l anxiété car le vérificateur ne peut être certain du futur Recommence +++ en fonction des idées dépressives, anxieuses

Les «ruminateurs»: Patients présentant des pensées obsédantes avec peu ou pas de rituels comportementaux Ruminations incoercibles et intrusives Doute, culpabilité, horreur, dégoût, pensées sexuelles inacceptables. Autres types: Obsessions d actes impulsifs:comportements ritualisés, idées obsédantes concernant le risque potentiel contrairement aux phobies Obsessions d ordre et de symétrie: ordre, couleurs, nombres, arrangements ne pouvant être bouleversés

les procrastinateurs: tendance à remettre au lendemain. incapacité à prendre une décision sans anxiété+++ les accumulateurs: accumulation d objets sans valeur, «syndrome de diogène» formes chez l enfant: Conduites répétitives ritualisées chez l enfant ne sont pas systématiquement pathologiques. Evolution à prendre en compte Début possible vers 5 ans Pronostic moyen 50% de persistance.

Thèmes les plus fréquents des obsessions: Contamination ou saleté (45%) Doute (42%) Peur de la maladie (36%) Besoin de symétrie (31%) Impulsions agressives: peur d être agressif (31%) impulsions sexuelles: peur de la sexualité (26%) Présenté seul ou simultanément

EPIDEMIOLOGIE: Prévalence: entre 1,9 et 3,2% 4e rang des patho psychiatriques Sex ratio: voisin de 1 Age de début: svt adolescence, adulte jeune Parfois dés 5 ans (tendance à cacher les troubles au départ) Événement déclenchant fqt retrouvé dans 30% des cas: evt de vie banal (mariage, accouchement ) ou stressant (agression, accident )

CO MORBIDITES: Co morbidités d axe I: SCZ (12%) Phobie sociale (18%) Dépression (67%) Maladie de Gilles de la Tourette (7%) Trouble des conduites alimentaires (17%) Alcoolisme (12%) Trouble panique (7%) Co morbidités d axe II: Personnalité obsessionnelle compulsive (20%) Personnalité anankastique ou psychasthénique Personnalité schizotypique

Modèle biologique: héritabilité génétique d une prédisposition rôle ++ de la sérotonine: neuromédiateur de l inhibition comportementale et de l évitement du danger rôle de la dopamine: facilitateur de l activation des comportements rôle de la noradrénaline: régule la dépendance à la récompense et le maintien des comportements hyperfonctionnement du noyau caudé et orbitofrontal

Modèle comportemental: Activation émotionnelle anormalement élevée. Si seuil critique association de état interne d activation à un stimulus environnemental selon un phénomène de «pseudo conditionnement». habituation. Modèle cognitif: Obsessions causées par des interprétations erronées, catastrophiques surestimant l importance des pensées. pensées intrusives actes mentaux Évaluation et rituels neutralisation pensées automatiques

Les interprétations négatives et les neutralisations sont reliées à des schémas de danger, de culpabilité, d infériorité situés dans la mémoire à long terme et traitant automatiquement l info en dehors de la conscience, le sujet émet des rituels de manière automatique sans en percevoir le sens. Approche dimensionnelle: continuum impulsivitécompulsivité: Impulsivité/compulsivité situés aux extrémités d une même dimension de dyscontrôle comportemental. =>échappement social assuré par le cortex frontal + circuits sous corticaux. Impulsif Perso antisociale Etat Limite Recherche de risque Gilles de la Tourette Compulsif TOC Risque: aversif, évitement

Evolution: Amélioration fréquente dans les formes légères à modérées depuis nouvelles approches. Amélioration possible dans certaines formes sévères Evolution continue dans 80% des cas Détérioration dans 10% des cas Les formes graves peuvent entraîner un einvalidité massive Evolution possible par poussée certains troubles à l adolescence évoluent vers un trouble schizophrénique

Complication: Décompensation dépressive fréquente TS et suicide Invalidité sociale et professionnelle Alcoolisation Abus de toxiques Evolutions psychotiques rares (1%) Diagnostics différentiels: SCZ Dépression Autres névroses Syndrome démentiel Pathologies neuros: Epilepsie temporale, Gilles de la Tourette, syndrome de PANDAS(TOC post strepto), Chorée de Sydenham

Traitement: Ambulatoire sauf si invalidant ++ Traitements pharmacologiques: ADP serotoninergiques ou bi ergiques: efficaces sur les rituels TOC résistants: antipsychotiques atypiques Psychothérapies: Psychanalyse et P.I.P: relativement peu efficace Thérapies comportementales et cognitives: Cherche à modifier les schémas dysfonctionnels Exposition progressive pour habituation Thérapies de groupe

Psychochirurgie et neurostimulation: TOC résistants extrêmement invalidants: Protocole de chirurgie cérébrale avec mise en place d électrodes de stimulation profonde en évaluation. Neurostimulation transcrânienne: Ne présente pas les dangers et les inconvénients de la psychochirurgie. Mais pas de données permettant de conclure à son efficacité. Gamma knife pour cingulotomie stéréotaxique: Pas de donnée pour conclure à intérêt

Compléments: Surveiller le risque suicidaire dans les formes graves Sociothérapie: ré insertion professionnelle. Psychothérapie de soutien systématiquement associée: suivi régulier, surveillance de la tolérance au traitement.

Ca y est, c en est terminé de la théorie Merci de votre attention