LE SABLE OU LE ROC JÉSUS DOIT INTERVENIR DANS NOTRE EXISTENCE

Transcription

1 LE SABLE OU LE ROC La réputation du Sermon sur la Montagne n est plus à faire. On l a appelé à juste titre la Charte de la vie chrétienne. Le message en est surprenant et la manière dont il est présenté davantage encore; car celui qui parle n est pas un orateur à l éloquence enflammée, ni un philosophe au raisonnement subtil. Il se révèle comme le Dieu personnel de chaque homme, le maître souverain de ses créatures qui se voit contraint d intervenir dans leur existence. Les prophètes avaient coutume de précéder leurs déclarations de la formule solennelle : «Ainsi parle l Éternel» (Jérémie 2, 2, un exemple parmi d autres) Lui, parle à la première personne du singulier : «27 Vous avez appris qu il a été dit : 28 mais moi, je vous dis» (Matthieu 5, 27-28) En examinant le contenu de son discours, on peut presque dire qu il fait irruption dans la vie quotidienne de chaque homme jetant sur son existence une lumière implacable, à la fois douloureuse et réconfortante, un peu comme le scalpel du chirurgien qui doit inciser pour guérir. Il considère l intérieur et l extérieur. Il relève les anomalies dans les attitudes des hommes, leurs erreurs, leurs folies, leurs fausses espérances, leurs petitesses, leurs ambitions d avance vouées à l échec. Il parle aussi des possibilités latentes de chaque homme. Il montre comment la vie doit et peut être débarrassée de sa gangue impure pour briller comme de l or aux yeux du Créateur. Dans le Sermon sur la Montagne, nous comprenons mieux ce qu il a voulu dire en affirmant : «6 Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.» (Jean 14, 6) Ces déclarations sont tellement bouleversantes quand on les considère dans leur contexte, qu aucun homme, aucune époque, ne devrait y être indifférent. JÉSUS DOIT INTERVENIR DANS NOTRE EXISTENCE Jésus se présente à vous comme celui qui doit intervenir dans notre existence pour redresser une situation désespérée, pour réparer ce qui s est abîmé et détérioré par le péché, retrouver ce qui est perdu, orienter ceux qui sont égarés, éclairer ceux qui ne savent plus que croire et qui marchent de ténèbres en ténèbres; rendre l espérance à ceux qui n ont plus que la mort pour horizon. Son message nous atteint à travers près de vingt siècles avec le même impact. Il a gardé l éclat originel, la force stimulante et le charme qui attirent irrésistiblement les cœurs sincères. Mais pour que son intervention soit efficace : il exige l action c est-à-dire l obéissance. Et c est à ce point, à la fin du discours, que se situe cet appel à l action, sous la forme d une parabole dont la puissance d évocation est extraordinaire. «24 C est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. 25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette 1

2 maison : elle n est point tombée, parce qu elle était fondée sur le roc. 26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande.» (Matthieu 7, 24-27) Parmi ses auditeurs, personne n a pu se méprendre sur le sens de cette parabole. Personne n était assez fou pour se mettre à construire une maison avec pour simple fondation le sable palestinien. Ils connaissaient tous la soudaineté des orages pendant la saison d hiver. De véritables torrents se créaient en quelques minutes, balayant tout sur leur passage. C est pourquoi on avait soin de creuser, creuser bien avant (comme le dit Luc dans le texte parallèle Luc 6, 46-48) jusqu à la roche. Et alors seulement on posait le fondement. Il doit en être de même de l édifice de la vie. Jésus déclare catégoriquement que celui qui rejette l enseignement fondamental qu il a donné est en train d édifier quelque chose qui est voué d avance à la ruine, parce que les fondations ne valent rien. Tout ce qui n est pas fondé sur le roc de la Parole du Christ, tout ce qui est édifié au mépris des principes qu il nous donne, repose fatalement sur le sable des chimères, de l aveuglement, et de la folie des hommes. UN TERRIBLE AVERTISSEMENT On sent combien cette parabole constitue un terrible avertissement La pluie, le vent, les torrents et la ruine. «18 Tout ce qui est visible est passager» affirme l apôtre Paul. Jésus est venu pour nous aider à voir l invisible, à percevoir l éternité des choses que l œil ne voit pas (2 Corinthiens 4, 18). Combien ces paroles sont encore nécessaires aujourd hui plus que jamais. Interrogez les hommes. Sur quoi sont-ils en train de construire leur existence? Quelles sont leurs ambitions? Ils veulent tous réussir. Ils veulent bien construire leur maison, mais sur quoi? Sur quelles bases? C est en général l argent qui compte avant tout. Bien sûr dira-t-on, on a besoin d argent. Sans argent c est la misère c est vrai. Et le Seigneur n interdit pas de posséder de l argent ni de travailler pour en avoir. Il n interdit pas d être riche. Il condamne seulement cette anomalie mortelle dans l attitude des hommes qui consiste à aimer l argent au point qu il devient l objet principal de leurs préoccupations. L argent que l on a déifié, synonyme de sécurité? De succès, de puissance. «10 Car l amour de l argent est la racine de tous les maux;» affirme l apôtre Paul (I Timothée 6, 10). Et Jésus déclare qu il est impossible de servir à la fois Dieu et l argent. On reconnaît dans cette phrase encore le Maître qui impose un choix entre deux alternatives : Dieu ou l argent; le sable ou le roc; pour moi ou contre moi. 2

3 Oui, il faut choisir, et dans ce sens, chaque homme est maître de sa destinée. LE CHEMIN DE LA VIE OU DE LA MORT «8 Voici, je mets devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort», avait dit le prophète Jérémie de la part de Dieu (Jérémie 21, 8). Et combien ne choisissent-ils pas de s engager résolument dans le chemin large et spacieux qui conduit à la perdition? Combien ne choisissent-ils pas de bâtir sur le sable en se laissant emporter par le matérialisme effréné des temps présents. Aimer l argent, c est aimer le plaisir, et faire de sa vie essentiellement une recherche constante de la jouissance et du confort matériel. Pour cela, il faut éliminer Dieu et toute moralité contraignante «24 Car, ou il haïra l un, et aimera l autre; ou il s attachera à l un, et méprisera l autre.» (Matthieu 6, 24) On garde le strict minimum pour se conformer à une certaine morale sociale. Sans le dire, on pense : «32 Mangeons et buvons, car demain nous mourrons.» (1 Corinthiens 15, 32) Cette philosophie est exploitée à fond par la presse, les hebdomadaires, les revues, et les illustrés, qui répandent le poison du matérialisme, respiré avec avidité par des millions. Partout, à tout moment de la journée, l homme est l objet de spéculations pour la réclame, l industrie des plaisirs, la production avide de gains plantureux. Tout cela se ligue contre lui pour exacerber la chair et ses appétits, le désir de paraître, l amour de l argent et de la gloire. Et souvent, l homme s abandonne. LA FOLIE DE L HOMME Alors, parce qu il peut vivre avec tout le confort, qu il possède une voiture, qu il est bien assuré, il s imagine qu il est indestructible. De plus, la science fait des progrès extraordinaires. La Science L Argent L Avenir assuré L homme essaie de se rassurer. N entend-il pas celui qui lui dit : «26 Que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s il perdait son âme?» (Matthieu 16, 26) «20 Insensé! Cette nuit même ton âme te seras redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui sera-t-il?» (Luc 12, 20) Folie de l homme qui cherche des garanties là où il n y en a pas. Folie de l homme qui brûle son temps et sa vie à courir après le superflu et qui néglige l essentiel. Il passe tout son temps et toute sa vie à construire sa maison, à améliorer son apparence, à l embellir, à l enrichir, à la décorer mais lorsque viennent les pluies des 3

4 jours sombres, les vents de l épreuve et les torrents de la souffrance, cette belle maison ne sert à rien. On la croyait un refuge sûr et confortable, mais elle se lézarde, elle s effrite, elle chancelle, elle s écroule et se laisse emporter vers le néant, laissant son constructeur sans abri, nu, faible et terrorisé dans la tourmente parce qu elle ne reposait pas sur un fondement solide. En effet, que peut l argent et que peut la science devant la souffrance sous ses formes multiples et ses multiples causes; devant le chagrin de ceux qui viennent de perdre un être cher ou devant la mort, cet événement qui nous attend tous? Certaines maisons peuvent traverser l existence à l abri des grandes épreuves. Elles ont une apparence solide. Les crevasses dans les murs ont été calfeutrées tant bien que mal. Mais vient l heure suprême du jugement où ne subsisteront que les maisons fondées sur le roc de la Parole du Christ. Comment peut-on pratiquement fonder sa vie sur le Christ? 1 Tout d abord, en comprenant que nous avons besoin d entendre ce qu il a dit; que ce sont des paroles qui sauvent la vie, car sans elles, nous étions en train de la perdre. 2 En comprenant que Jésus n est pas venu pour nous enseigner une religion que nous devons greffer à notre existence, comme un à côté de la vie, dans lequel nous devons nous réfugier en cas de besoin. Non, pour Lui, la vie et la religion se confondent. Ou bien on vit pour Lui et avec Lui, et alors on vit vraiment «10 avec abondance.» (Jean 10, 10) Ou bien on vit sans Lui et contre Lui et c est déjà la mort, c est-à-dire la séparation avec la seule source de lumière et de vie. Il faut choisir maintenant aujourd hui. Car demain, il sera peut-être trop tard. 3 Il faut agir. Non pas seulement l invoquer en criant Seigneur, Seigneur Mais en mettant en pratique les règles et les principes qu il est venu nous enseigner. «46 Pourquoi m appelez-vous Seigneur, Seigneur! Et ne faites-vous pas ce que je dis?» (Luc 6, 46) Combien de fois n avons-nous pas mérité ce reproche plein de tristesse? La foi, la vraie foi est celle qui agit. C est celle qui obéit. Autrement, elle ressemble un corps sans vie. C est un cadavre (Jacques 2, 26). La foi ne discute pas ses paroles. Elle ne se demande pas constamment si ses commandements sont conciliables avec la vie moderne. Elle n essaie pas de les adapter. Elle s efforce d y obéir. Elle les met à l épreuve en les mettant en pratique. Et cela dans toutes les phases sous tous les aspects de l existence : dans la souffrance, dans l épreuve, en face de mon prochain qui m aime ou qui me hait, en face du lendemain qui m inquiète, dans mes rapports intimes avec Dieu, dans mes responsabilités envers les autres Je dois toujours m inquiéter de faire, de penser, d être et de devenir ce que le Christ veut, quelles que puissent être les conséquences. Je dois demeurer assez lucide en tout temps pour demeurer disponible à sa volonté. Pour cela, il faut que sa Parole soit présente dans ma vie. «16 Que la Parole du Christ habite parmi 4

5 vous abondamment;» a dit l apôtre Paul (Colossiens 3, 16). Elle sera à la fois le ciment avec lequel j assemblerai mes pierres chaque jour, et le fondement inébranlable devant les épreuves de la vie et l épreuve ultime qu est la mort. Le Christ est réellement, avec sa Parole. La seule garantie qui ne trompe jamais. Il est la Vérité. Il n est aucune situation dans la vie, aucun problème, pour lequel il ne soit pas une solution suffisante. Alors que tout Le reste se dérobe, Lui seul demeure jusqu à la fin, jusqu au-delà de la mort où il nous donne rendez-vous. Je conclurai mes remarques sur cet hommage que M. Léon Tolstoï dépose aux pieds de notre Seigneur : Jésus-Christ apprend à l homme qu il y a en lui quelque chose qui l élève audessus de la vie remplie d ambition, de peur et de jouissance; qui écoute son enseignement, a le sentiment d être comme l oiseau qui, inconscient jusqu alors de posséder des ailes s aperçoit soudain qu il peut voler librement sans avoir rien à craindre. L auteur : M. RICHARD ANDREJEWSKI Copier en forme de Word par M. Denis Tarko 5