Dossier de presse. Vue du cloître, XIII e siècle

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1 Dossier de presse Vue du cloître, XIII e siècle

2 Présentation Au cœur de l'alsace, à mi-chemin entre les musées de Strasbourg, Mulhouse, Fribourg-en-Brisgau et Bâle, le musée d'unterlinden accueille chaque année en moyenne visiteurs faisant de lui un des musées des Beaux-Arts de province les plus visités en France. Fondée en 1847, la Société Schongauer gère les collections du musée d Unterlinden. Dotée d une autonomie financière et administrative, elle dispose d'un budget propre, alimenté principalement par les droits d'entrée et le service des ventes. Musée d'association, Unterlinden est en même temps un musée contrôlé par la Direction des Musées de France et respecte notamment la clause d'inaliénabilité des collections. Historique du musée Connu essentiellement pour abriter le Retable d Issenheim, un des chefs d œuvre de l art de l Occident chrétien, le musée est situé dans l ancien couvent des dominicaines d Unterlinden fondé au XIII e siècle. En 1230, deux veuves nobles, Agnès de Mittelnheim et Agnès de Hergheim, décident de se retirer au lieu dit "Unterlinden" ou "Sous les Tilleuls" à Colmar. Elles sont rattachées à l ordre dominicain en Le couvent devient dès lors un des ensembles monastiques les plus importants d'alsace. Le chœur de la chapelle est consacré par Albert Le Grand en Aux XIV e et XV e siècles, le couvent est un haut lieu de la mystique rhénane. Après le départ des moniales à la Révolution, les bâtiments se délabrent peu à peu jusqu au milieu du XIX e siècle. Un archiviste de la ville, Louis Hugot ( ), donne au couvent d'unterlinden une nouvelle destination. Il fonde en 1846 un cercle d érudits chargés de constituer un cabinet d estampes doublé d une école de dessin. Ce cercle prend le nom en 1847 de Société Schongauer, et ne tarde pas à étendre sa gestion aux objets d art provenant du séquestre de la Révolution. Louis Hugot cherche en 1849 à sauver l'édifice d'unterlinden dont on vient de décider la démolition et à conserver une mosaïque romaine découverte à Bergheim, ainsi que l ensemble de l héritage artistique conservé par la Société qu il préside. A son initiative, la mosaïque est installée dans la chapelle d'unterlinden et un musée est créé, géré par la Société Schongauer, dans les bâtiments de l'ancien couvent que la ville met à sa disposition. Le musée ouvre ses portes en 1853, présentant au public un fonds de sculptures et de peintures, notamment le Retable d'issenheim, ainsi qu une importante collection de plâtres d antiques destinée à former le goût des amateurs. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 1

3 Les collections du musée Le Retable d Issenheim Une œuvre de réputation mondiale Exposé dans la chapelle, le Retable d Issenheim est l œuvre monumentale et saisissante de deux grands maîtres du gothique tardif : Grünewald pour les panneaux peints et Nicolas de Haguenau pour la partie sculptée ( ). Le choix de ces artistes est dû à Guy Guers, précepteur de la commanderie des Antonins de 1490 à 1516 : représenté sculpté au pied de saint Augustin, son blason apparaît sur le panneau de la Visite de saint Antoine à saint Paul l Ermite. Consacré à saint Antoine, il ornait le maître-autel de l église de la commanderie des Antonins d Issenheim. L ordre des chanoines hospitaliers recevait, dans ce village au Sud de Colmar, les malades et pèlerins venus prier saint Antoine, protecteur et guérisseur du mal des ardents ou du mal de saint Antoine (maladie provoquée par l ergot du seigle). Si l on peut aujourd hui admirer le Retable d Issenheim au musée d Unterlinden, c est grâce à la volonté de plusieurs hommes qui ont su conservé ce patrimoine, aussi bien lors de la Révolution française en le déplaçant à Colmar, que durant les deux guerres mondiales par le biais de plusieurs transferts (Munich, château de Lafarge dans le Limousin, château de Hautefort dans le Périgord, Strasbourg, Château du Haut-Kœnigsbourg). Depuis le 8 juillet 1945, le retable n a plus quitté la chapelle du Musée d Unterlinden. Le retable originel : une œuvre monumentale Il n existe pas de descriptif du retable, avant sa dislocation en 1794, mais certains témoignages et une étude de la composition d ensemble permettent d imaginer la disposition primitive du retable dans l église du couvent d Issenheim, avant l abandon de la structure, des décors, du couronnement lors du transport des statues et des peintures à Colmar. L ensemble du chef-d œuvre qui nous est parvenu est formé de plusieurs panneaux de tilleul peints qui s articulent autour d une caisse centrale composée de sculptures. Le retable fermé Dans le panneau central de la crucifixion, contrairement à l iconographie la plus répandue, les bourreaux et les soldats ne participent pas à la scène. La composition est centrée sur la figure du Christ mort à la chair meurtrie, entouré à sa Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 2

4 gauche par la Vierge, saint Jean et Marie Madeleine, à sa droite par saint Jean Baptiste, venu du monde des morts, symbolisant l Ancien Testament : il annonce en le montrant du doigt le Christ, premier prophète du Nouveau Testament. Sa présence fait également référence à l iconographie du Jugement Dernier où le Christ est entouré de la Vierge et de saint Jean Baptiste. Succédant à cette scène, le panneau de la prédelle représente La Mise au Tombeau dont la composition horizontale équilibre les lignes verticales de la Crucifixion. La Vierge, Marie-Madeleine et saint Jean contemplent une dernière fois le Christ descendu de sa croix. Saint Antoine, patron de l ordre des Antonins d Issenheim, attaqué par un monstre et Saint Sébastien, percé de flèches, protecteur de la peste, encadrent la Crucifixion. Saint Antoine n apparaît pas seulement au titre de patron du couvent, mais en tant que guérisseur des malades. Saint Sébastien, Patron des archers, est au Moyen Age le premier des saints implorés contre la peste. Pour les chrétiens du Moyen Age, saint Sébastien avait à la fois le pouvoir d enrayer les épidémies de peste et celui de les provoquer. Ainsi s explique à une époque hantée par la terreur de l épidémie, l ardeur de la dévotion à saint Sébastien. Première ouverture Dans L Annonciation, Grünewald reprend l iconographie traditionnelle de l Ange Gabriel surprenant la Vierge en pleine lecture. Le mouvement dramatique des deux personnages, littéralement plaqués au premier plan, tranche avec l atmosphère de calme et de sérénité qui les entoure. Reprenant le parti de la concordance entre l Ancien et le Nouveau Testament, Grünewald représente dans l angle gauche du tableau le prophète Isaïe qui avait annoncé l événement, traité en grisaille comme une sculpture décorative de la voûte. Dans la partie centrale, Le Concert des Anges a fait l objet de plusieurs interprétations par les historiens de l art : selon les uns, il se présenterait comme un hymne à la Nativité, selon les autres il symboliserait l attente de la Nativité, le Madone au jardin en étant l accomplissement ; pour les autres encore, la chapelle dans laquelle sont regroupés la Vierge et les anges musiciens serait une vision poétique du Temple de Salomon ; on a voulu voir également dans Le Concert des Anges une illustration du monde du mal. Enfin, dans le panneau de la Résurrection, se mêlent les mystères de l Ascension et de la Transfiguration. Ces trois éléments consécutifs de la vie du Christ se conjuguent en une représentation unique. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 3

5 Deuxième ouverture Consacrés à saint Antoine ( ), patron de l ordre des Antonins d Issenheim, les panneaux peints illustrent deux épisodes de la vie du saint : La Visite à saint Paul dans le désert et La Tentation. Le premier panneau s inspire de la Légende dorée de Jacques de Voragine et décrit ce moment de rencontre où un corbeau envoyé par Dieu quotidiennement pour nourrir saint Paul d un morceau de pain a, le jour de cette visite, doublé la ration. Dans son second panneau, Grünewald s inspire de la Vie de saint Antoine par Saint Athanase. Il y illustre l assaut des démons et le cri de détresse de saint Antoine qui apparaît sur le papier en bas à droite du panneau. Les sculptures de Nicolas de Haguenau occupent le centre de la caisse (reconstituée en 1930). Saint Antoine trône au milieu des docteurs de l Eglise en tenant ses attributs : la règle de l Ordre et le Tau avec à ses pieds le cochon, emblème des Antonins. Saint Jérôme ( ), auteur de la vie de saint Paul, est reconnaissable à son chapeau de cardinal et au lion couché à ses pieds. Saint Augustin ( ), dont la règle a inspiré la règle des Antonins, porte la mitre et la crosse liées à son sacerdoce. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 4

6 Grünewald, Retable d'issenheim, , peinture sur tilleul Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 5

7 Un grand musée d'art médiéval Autour du cloître, la chapelle gothique et les bâtiments de l'ancien couvent d'unterlinden offrent un cadre idéal aux collections de sculptures romanes et gothiques, tapisseries, vitraux et peintures des Primitifs allemands et plus particulièrement rhénans (XV e -XVI e siècles). La peinture Parlant des panneaux des Primitifs, Joris-Karls Huysmans écrit : "Près de Grünewald, tous s'écroulent". C'est juger sévèrement Gaspard Isenmann, maître du Retable de la collégiale Saint-Martin de Colmar exécuté entre 1462 et 1465 qui décrit la Passion du Christ ou encore Martin Schongauer (Colmar, vers Breisach, 1491), que ses contemporains appellent très tôt "la gloire des peintres" et que Dürer cherche à rencontrer à Colmar en 1492 : sa plus ancienne peinture, le Retable d'orlier (vers 1470), commandée elle aussi pour la chapelle du couvent des Antonins d'issenheim, dévoile une Annonciation où la solennité de la représentation se mêle à l'intimité d'une rencontre. Aux côtés des œuvres d'isenmann et de Schongauer, un nombre important de panneaux témoigne de la vitalité de la production artistique du monde rhénan de la fin du XV e siècle : le Retable de la Vierge attribué à Urbain Hutter, la Crucifixion de l'église des Franciscains, le Retable de Stauffenberg, une Nature morte aux bouteilles et aux livres (Allemagne du sud, vers 1470) qui constitue la plus ancienne nature morte indépendante de la peinture européenne depuis l'antiquité, un Portrait de femme (vers 1510) exécuté par Hans Holbein l'ancien, seule peinture de cet artiste conservée dans un musée français et la célèbre allégorie de la Mélancolie (1532) peinte par Lucas Cranach l'ancien ( ). Parmi les récentes acquisitions citons : la belle Crucifixion ( ) de Lucas Cranach l'ancien mise en regard de la Mélancolie ; une Vierge à l Enfant (v ) attribuée au Maître du retable de Schöppingen ; une Vierge à l Enfant, panneau du début du XVIe siècle (Allemagne du Sud), premier panneau peint de la collection lié au thème de l Immaculée Conception (la Vierge à l Enfant, debout sur un croissant de lune, évoque la femme de l Apocalypse) : il se fait l écho en peinture de la série des Vierges sculptées reprenant la même iconographie et présentée au rez-dechaussée du musée. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 6

8 Lucas Cranach l Ancien, La Mélancolie, 1532, peinture sur bois Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 7

9 La sculpture La sculpture architecturale et ornementale du XII e au XIV e siècle domine dans les collections du musée. Son évolution est présentée au rez-de-chaussée, dans la première salle, par des œuvres issues notamment de la chapelle d Alspach et de collégiale Saint-Martin à Colmar. A partir des XIV e et XV e siècles, la sculpture religieuse se développe à l intérieur des églises s animant toujours plus pour atteindre à la fin du gothique une torsion des corps enveloppés dans des drapés aux mouvements dynamiques. La collection des sculptures en bois polychrome de la fin du XV e et du début du XVI e siècle du musée d Unterlinden permet de saisir l aboutissement de cette évolution et de comparer la production d ateliers différents du Rhin supérieur, mais aussi des régions voisines de la Bavière, la Souabe et la Franconie. Elle se développe au rez-dechaussée (fin XV e siècle) et dans la tribune de la chapelle (début XVI e siècle) du musée. L iconographie codifiée liée au thème de l Immaculée Conception (la Vierge à l Enfant, debout sur un croissant de lune, évoque la femme de l Apocalypse) offre des traitements stylistiques diversifiés en fonction des ateliers de sculpteurs d où émanent les œuvres (le joyau de cet ensemble est la Vierge à l Enfant de Niedermorschwihr, v.1480). Les retables, supports privilégiés des représentations du Christ et de la Passion, s inspirent ici des gravures contemporaines (les deux reliefs d Ammerschwihr, v.1500, reprennent la composition des gravures de Schongauer ; les retables de Bergheim, v.1510, et de Kientzheim, v , prennent pour modéle celles de Dürer). L Homme de douleurs attribué à l atelier bâlois de Martin Hoffmann (début XVI e siècle) est représentatif des recherches sur le modelé du corps et ses rapports avec le drapé tourbillonnant caractéristiques des ateliers du Rhin supérieur à la fin du Moyen Age. L iconographie des saints est richement illustrée avec une Sainte Barbe (v.1470) de Strasbourg, un Saint Sébastien (v.1500) de Souabe, une Sainte Anne trinitaire (atelier du Maître de Rabenden, v ) de Bavière, des Saint Jacques couronnant (Rhin supérieur, v.1500 ; atelier bâlois des Guntersummer, début du XVI e siècle), le Martyre de sainte Catherine ( ), fragment de retable attribué au Maître H.L. où l impression de mouvement est poussée à l extrême Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 8

10 Rhin supérieur, Martyre de sainte Catherine, v , sculpture Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 9

11 Les gravures de Martin Schongauer (v ) Avant même de fonder la Société Schongauer, Louis Hugot ( ), Bibliothécaire Archiviste de la ville de Colmar, cherchait à constituer une collection d estampes pour la Bibliothèque municipale, afin de «former le goût et l esprit du public». Il voulait surtout acquérir des gravures de Martin Schongauer, célèbre artiste colmarien, dont la ville ne possédait aucune estampe et sous le nom duquel la société avait placé son patronage. Ce n est finalement qu en 1977 que le musée d Unterlinden fait l acquisition de sa première gravure originale de Schongauer : l Ange de l Annonciation. Cette acquisition suivie de celle de deux gravures exceptionnelles en 1979, Dieu couronnant la Vierge et Saint Christophe, marquent enfin l essor et la concrétisation de la volonté de constituer un fonds de gravures du maître colmarien. L ambition de réaliser le vœu de Louis Hugot et l audace des différents conservateurs qui se sont succédés depuis permet au musée d Unterlinden de s enorgueillir de posséder à ce jour 85 gravures de Martin Schongauer (le musée a pu acquérir en 2006 grâce à une souscription publique une série de 7 gravures appartenant à la passion du Christ). Les plus prestigieuses, telles l Encensoir, la Crosse épiscopale, la Tentation de saint Antoine, Saint Jean à Pathmos, figurent dorénavant à l inventaire du musée d Unterlinden. La collection a également été enrichie d un ensemble de gravures de contemporains de Martin Schongauer dont Albrecht Dürer, Hans Baldung Grien et le Maître A.G. sont les principaux représentants, constituant ainsi un véritable fonds d estampes des XV e et XVI e siècles. Les vitrines installées dans un petit cabinet d estampes au rez-de-chaussée donnent lieu à une série de présentations temporaires incluant une sélection de gravures de Martin Schongauer. Acquis en 1885 pour montrer les estampes les plus remarquables de la collection, un tourniquet à volets mobiles présente les fac similés des 116 gravures de Martin Schongauer publiés par Amand-Durand en 1881, donnant ainsi au public un aperçu de son œuvre gravé, à l entrée de la section des Primitifs. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 10

12 Martin Schongauer, Première vierge folle, , gravure au burin sur cuivre Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 11

13 La galerie d art moderne Historique Dès l ouverture du musée d'unterlinden au public en 1853, la Société Schongauer a consacré une place importante aux artistes de son temps, le musée accordant une part centrale à leur instruction. Louis Hugot, son premier conservateur, acquiert un nombre important d estampes qui fonde la nouvelle mission pédagogique du musée telle qu il la conçoit. Les différentes écoles italienne, française, hollandaise et flamande y sont représentées. Pour constituer ses collections, le musée a suscité de nombreux dons quelquefois de la part des artistes eux-mêmes, ainsi que d importants dépôts de l Etat soucieux de former et d enrichir les collections publiques. La collection d art moderne s est développée véritablement à partir des années 1960 grâce à d importantes acquisitions et donations (Friedlander, Reichel) et ne se limite plus au cadre régional. Dans un premier temps, la collection s est organisée autour des artistes du milieu du XX e siècle (Bazaine, Bissière, Debré, Dubuffet, Soulages ), puis autour de l établissement d un panorama de l art français (Delaunay, Monet, Picasso, Renoir, Rouault ). Depuis les années 1990, la section d art moderne s est enrichie autour de deux axes : les années (Bram van Velde, Bissière, Geer Van Velde, Fautrier, Hélion, Magnelli...) et les rapports entre la France et l Allemagne (Baumeister, Bissier, Dix, Grosz, Beckmann ). Les collections La collection des œuvres du XIX e siècle est actuellement présentée au premier étage du musée. L art du XX e siècle quant à lui occupe une partie du sous-sol du bâtiment et est destiné à être décroché à l occasion d expositions temporaires (se renseigner au préalable). L extension du musée d Unterlinden vers les bains municipaux (programmée pour 2012) permettra une présentation régulière et permanente des collections des XIX e et XX e siècles contemporaines à l histoire du musée d Unterlinden. Les peintures XIX e La collection de peintures du XIX e siècle présente en premier lieu un important fonds de peintures de paysages romantiques. Représentatif de l école régionale, il est dominé par les œuvres de Henri Lebert, de David Ortlieb ou de Michel Hertrich dont les vues de Colmar constituent un important témoignage iconographique et révèlent son intérêt de miniaturiste à reproduire la nature avec fidélité. Parallèlement, un fonds d estampes, de dessins et de lithographies a été confié par la Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 12

14 Société Schongauer dans les années 1960 à la Bibliothèque municipale de Colmar et a pu être en partie présenté à l occasion de l exposition consacrée à l Histoire du musée (2003). D autres grandes figures de l art alsacien dominent dans les collections autour du néo-classique Jean-Jacques Karpff, élève de David, peintre de l entourage impérial très représenté à travers ses peintures, miniatures en grisaille et dessins. Théophile Schuler, peintre strasbourgeois formé dans l atelier de Drolling et de Delaroche fut très proche du mouvement romantique. Fasciné par la renommée mystique de l ancien couvent des Unterlinden, il fit don en 1862 à la Société Schongauer de son chef d œuvre, Le Char de la mort, qui est un des manifestes politiques les plus intéressant de l art français du XIXe siècle. Une autre grande figure de la peinture du XIXe siècle en Alsace est Jean-Jacques Henner, élève de Charles Goutzwiller et du peintre de genre Drolling, qui donna très tôt quelques-unes de ses œuvres majeures au musée, témoignant de son art qui se situe à la rencontre des influences des primitifs allemands et des maîtres italiens. Enfin, l œuvre d Auguste Bartholdi, autre figure éminente de l art alsacien du XIXe siècle, est esquissée à travers un ensemble de sculptures ou de projets de sculptures, complémentaire aux collections du musée qui lui est dédié à Colmar. Le monde de l industrie et des grandes manufactures colmariennes du XIX e siècle est rattaché à ce fonds à travers les figures importantes de Henri Lebert et Jean- Georges Hirn, tous deux peintres de fleurs liés à l industrie du tissu imprimé, mais dont les œuvres les plus importantes relèvent autant de l histoire de la nature morte que de l histoire locale. L école alsacienne est également représentée par Gustave Brion ou Camille Alfred Pabst qui décrivent dans leurs tableaux, empreints d un romantisme historique et sentimental, la vie dans une Alsace idéalisée. Enfin, dernier témoignage de l identité alsacienne sous l Annexion, l art entre 1900 et 1918 est évoqué à partir du Cercle Saint Léonard avec Gustave Stoskopf, Charles Spindler et le premier Hansi La peinture XX e siècle Historique Cette section retrace quelques grandes tendances des avant-gardes depuis l Impressionnisme jusque dans la deuxième moitié du XX e siècle. Les recherches sur la lumière au tournant du XX e siècle se lisent dans les œuvres de Bonnard, Delaunay et Monet. Le dialogue engagé qui unit les artistes français et allemands (Baumeister, Bissier, Ernst) au cours du XX e siècle est une caractéristique de la collection. La collection privilégie également une relecture des mouvements de l abstraction des années (Hartung, Hélion, Soulages, Bram van Velde). La collection d arts Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 13

15 graphiques permet une découverte pertinente du courant de la Nouvelle Objectivité allemande des années 1920 avec notamment des œuvres de Otto Dix, Max Beckmann et George Grosz. Elle est riche également d un fonds de collages surréalistes (Cadavres exquis d André Breton notamment, collages de Georges Hugnet, Max Ernst et Joseph Cornell), de gravures de Friedlander, de compositions de Hans Reichel et de collages de Jeanne Coppel et Joe Downing. Pour des raisons de conservation, la présentation des œuvres graphiques est régulièrement renouvelée. Par ailleurs, la collection d art moderne n est pas visible toute l année (se renseigner au préalable). Du tournant du siècle à la première guerre mondiale L œuvre de Robert Delaunay, Nature morte au perroquet, évoque la technique néo-impressionniste qui influence un temps le peintre. Né dans les années , le courant artistique dont Seurat et Signac sont les représentants les plus connus, approfondit la réflexion des impressionnistes sur la théorie des couleurs de Chevreul et développe l application de touches divisées sur la toile. Cette section présente également des œuvres d artistes majeurs (Monet, Guillaumin, Bonnard, Derain) qui développent une conception nouvelle de la nature et de l'art, au tournant du XX e siècle. Dans leurs paysages se lisent les recherches sur la lumière et la couleur, partagées par les mouvements d avant-garde du début du XX e siècle. Le musée possède dans ses collections une des plus belles versions de la Vallée de la Creuse (1889), de Claude Monet. Les tableaux de Guillaumin, Les ruines du château de Crozant (1898) et La pointe Notre Dame de Trayas (1913), fin du XVIII e siècle, ainsi que la toile de Pierre Bonnard, Paysage normand (1920), forment un groupe cohérent autour du paysage impressionniste et post-impressionniste. L entre deux guerres Les collections d art moderne permettent une illustration du courant de l art abstrait des années 1920 à la Seconde Guerre mondiale. On peut d abord observer les premiers pas d une abstraction évidente avec Léger, Brauner et Baumeister. La Nature morte bleue et rouge (1938) appartient à la période mécanique de Fernand Léger, liée à la civilisation urbaine et industrielle. La fascination pour la beauté froide de l assemblage mécanique et l acceptation de la géométrisation envahissante de la vie moderne nourrissent son œuvre. Dans les années vingt, Baumeister partage avec plusieurs de ses contemporains, parmi lesquels Fernand Léger et Oskar Schlemmer, le goût pour les compositions mécaniques. Le Personnage vert ( ), où le corps humain est réduit à l apparence d une structure géométrique, est caractéristique des recherches Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 14

16 que le peintre allemand entreprend au lendemain de la Première guerre mondiale. Par la suite, l artiste prend ses distances avec les compositions architecturées et plonge dans l informel d où émergent des signes archaïsants. Dans les années 1920, les peintres de la Nouvelle Objectivité allemande (Otto Dix, Max Beckmann, George Grosz), dont certains ont connu le traumatisme de la Première Guerre mondiale, rendent compte de la réalité culturelle et sociale de la République de Weimar. Ils refusent les avant-gardes expressionnistes et cubistes du début du siècle et se distinguent par leur vision du monde, notamment par l impitoyable caricature des rapports humains. Les œuvres d Alfred Manessier, de Jean Bazaine, Gustave Singier, Maurice Estève et Maria Helena Vieira Da Silva évoquent la richesse du paysagisme abstrait qui s inscrit dans la modernité tout en se réclamant du cubisme, de Braque et de l art roman. Ces artistes créent, au cours de la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle forme d abstraction prenant largement appui sur l observation de la réalité qu ils évoquent ensuite de façon stylisée, au moyen de formes et de couleurs et sans renoncer à la structure. Cette tendance a connu des prémices pendant la guerre et puise largement dans l œuvre de Roger Bissière et Charles Lapicque. L après guerre Deux tendances principales de l abstraction au XX e siècle sont représentées dans les collections : l orientation géométrique et l inspiration lyrique. L abstraction géométrique devient une des tendances dominantes de l après-guerre et s impose avec le Salon des Réalités Nouvelles ( ) et son chef de file Auguste Herbin. Les œuvres de Kupka et Magnelli au musée illustrent l épanouissement de ce courant d inspiration et la rigueur structurel de son style. A l opposé de l abstraction géométrique se développe également un art informel, porté sur l absence de forme, le rejet de la structure et le recours à la spontanéité. Wols et Georges Mathieu ouvrent la voie mais Hans Hartung et Pierre Soulages marquent cette tendance de propositions décisives. Les tenants de l abstraction gestuelle (Hantaï, Loubchansky, Bazaine, Bryen ) s opposent alors fermement aux tenants de l abstraction géométrique. Ils valorisent les structures organiques et l engagement physique du peintre dans son travail. D autres tendances de l abstraction révèlent des œuvres à l inspiration totalement personnelle. L œuvre de Bram van Velde, composée de formes triangulaires, de cercles, d éclats, d aplats, abandonne toute référence et paraît portée vers le dépouillement. Serge Poliakoff, artiste russe, naturalisé français en 1962, compte parmi les plus grands de l abstraction d après-guerre mais son œuvre n est comparable à aucune autre. Influencée par le cubisme de Mondrian, sa recherche est Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 15

17 celle d un espace tout en aplats où les couleurs sont nettement délimitées dans un découpage angulaire. Sa Composition murale, 1967, est un véritable mur de peinture qui serait une actuelle réminiscence du polyptique. Nicolas de Staël, Portrait d Anne, 1955 Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 16

18 La collection archéologique Enrichies régulièrement grâce aux fouilles régionales, les collections archéologiques sont regroupées au sous-sol : la cave du couvent est consacrée à la préhistoire, la protohistoire et la période mérovingienne, la salle voisine à la période romaine. Les collections offrent un aperçu à peu près complet des différentes étapes de l'évolution de l'homme, à travers d'innombrables objets de la vie domestique ou de contextes funéraires, découverts pour la plupart dans la moitié nord du Haut-Rhin. Le Paléolithique ( avant J.-C.) est mal connu en Alsace en raison de l'absence de grottes. Seuls quelques silex et des ossements de faune quaternaire (Voegtlingshofen) peuvent être rapportés à la période finale de cette phase. Le Néolithique ( avant J.-C.), véritable révolution marquée par les débuts de l'agriculture et de la sédentarisation, constitue une étape capitale dans l'histoire de l'humanité. Les habitats (Colmar, Hattstatt, Merxheim) livrent des vases hémisphériques ornés d'un ruban incisé. Les anneaux-disques de serpentine d'herrlisheim, objets funéraires de prestige, constituent les pièces marquantes de cette phase. La période campaniforme ( av. J.-C. est bien représentée par des céramiques, des pointes de flèche et des brassards d'archers provenant de contextes funéraires. Pour l'âge du Bronze ( av. J.-C.), la nécropole tumulaire d'appenwihr offre un choix d'objets significatifs du Bronze moyen régional (jambières à spirales, épingles, colliers de perles d'ambre, poteries excisées). L'habitat de hauteur du Hohlandsberg, site de référence au niveau européen, offre toute la variété des types céramiques du Bronze final. Le Premier âge du Fer (période de Hallstatt, av. J.-C.) est bien connu grâce aux nombreux tumulus régionaux, qui ont livré quantité d armes et de parures en bronze, fer, verre, corail ou or. Parmi les pièces remarquables : la pyxide en bronze de la tombe aristocratique d'appenwihr I, le poignard en fer de Riedwihr et surtout les bijoux en or de la sépulture princière d'ensisheim. Le Second âge du Fer (période de La Tène, av. J.-C.) est caractérisé par des torques à médaillons et un habitat découvert à Houssen. La période gallo-romaine (50 av. J.-C ap. J.-C.) est illustrée par les découvertes dans l'important castrum de Horbourg/Argentovaria et par la mosaïque de Bergheim. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 17

19 L'époque mérovingienne ( ap. J.-C.) n'est connue qu'à travers des nécropoles (Herrlisheim, Colmar, Horbourg), qui ont livré des pièces rarissimes, notamment des éléments de harnachement damasquinés, en fer et argent et une pyxide en or. Mosaïque gallo-romaine (II e, III e siècle) découverte à Bergheim en 1848 Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 18

20 Un lieu privilégié de la mémoire alsacienne Les arts et traditions populaires Vitrine des arts et traditions d Alsace, le musée d Unterlinden présente différentes formes populaires d expression artistique : art du vignoble, imagerie, poterie, costumes. Au rez-de-chaussée, une cave à vin est reconstituée dans une salle pavée où sont entreposés pressoirs, outils et des fûts sculptés de la fin du XVIII e siècle. Deux pressoirs de 1654 et 1687 jouxtent un petit pressoir de vin de paille et divers ustensiles du vendangeur, du vigneron et du tonnelier. Au premier étage, des vitrines de la galerie du cloître présentent les objets utilisés par la société marcaire et le monde de la mine. Différents objets témoignent de la vie populaire mais aussi de la tradition culinaire alsacienne à travers une collection de moules à pain d anis ou à gâteau du XVII e siècle (provenant pour la plupart du couvent d Unterlinden) et une collection de moules à gaufres des XVII e et XVIII e siècles. L imagerie populaire est évoquée par un ensemble de verres peints au thème religieux qui ornaient les intérieurs alsaciens. Une chambre reconstituée (Alsace du Sud, XVIII e -XIX e siècles) réunit cette production à côté du mobilier polychrome traditionnel. La poterie de terre vernissée du XIX e siècle, issue des ateliers de Soufflenheim et de Betschdorf, complète l évocation des arts et traditions d Alsace. Le musée et l histoire locale Par la diversité de leur présentation, les salles du premier étage servent d'introduction à l'histoire locale. Une galerie de portraits présente au public quelques personnalités du monde politique et administratif. Les éléments de décor sauvegardés reconstituent l ambiance quotidienne de cette classe dirigeante : une chambre Gothique dont le motif sculpté de la cheminée évoque l œuvre gravé de Martin Schongauer, une salle Renaissance aux fenêtres soutenues par des cariatides, un plafond peint de 1714 dont l ornementation de fleurs et de paysages est peuplée de saints et d allégories. Le musée a pu conserver, provenant de la maison des «Demoiselles anglaises», un plafond peint du milieu du XVIII e siècle, célébrant le triomphe de Flore. Le musée conserve également un ensemble exceptionnel de peintures murales, réalisées par le peintre Georges-Joseph Bader en 1783, découvert dans la maison Kiener et désormais présenté au premier étage du musée dans la salle des poêles. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 19

21 La prospérité de Colmar transparaît dans une belle collection d objets témoignant de l intense activité économique de la ville au XVI e siècle (aunes, poids et mesures étalons, sceaux, monnaies, coins ) et quelques familles patriciennes sont immortalisées dans l importante collection de vitraux armoriés des XV e, XVI e et XVII e siècle. Une immense Déclaration des Droits de l Homme témoigne de l importante diffusion de la doctrine révolutionnaire à Colmar. Tout autour, d autres objets et peintures font écho à cet épisode de l histoire de France. A noter également la présence de souvenirs évoquant Jean-François Reubell membre du Directoire, l Empire évoqué par des portraits de généraux colmariens tels que Jean Rapp général et comte d'empire. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 20

22 Les arts décoratifs La collection de céramique La céramique de poêles Deux vitrines sont consacrées à la céramique de poêles du Moyen Age au XIX e siècle en Alsace. La première présente pour la première fois les carreaux de poêles découverts lors des fouilles de sauvetage de la place Rapp en 1998 à Colmar. Tous datent des XIV e et XV e siècles et rappellent l importance de ce mode de chauffage dans les demeures et châteaux alsaciens. Les deux carreaux représentants un ange tenant un écusson sont issus du Hohlandsbourg, les carreaux du XVI e siècle trouvent leur origine à Colmar ou en Alsace. La seconde vitrine évoque plus particulièrement la famille Acker dont le père travailla à la manufacture des Hannong au XVIII e siècle (carreau bleu et blanc) et dont le fils installa sa manufacture à Colmar au XIX e siècle. Connus pour leur production de poêles bleus et blancs dont le musée possède des exemplaires dans ses salles, les Acker contribuèrent à enrichir le musée en offrant notamment les très majestueux carreaux du XVII e siècle évoquant les saisons présentées ici. La manufacture de Joseph et Paul Hannong La céramique alsacienne doit sa réputation au XVIII e siècle grâce à la famille Hannong. Charles-François Hannong ( ), immigré de Maëstricht, s'établit à Strasbourg vers 1709, y créa une faïencerie en 1723, à laquelle il ajouta une autre à Haguenau en Les deux établissements prirent un rapide essor, fabriquant des assiettes, tasses, vases, soupières qui connurent un grand succès. Sa production de céramique à décors de lambrequins bleus et blancs est évoquée ici dans une première vitrine, avec les motifs de fleurs des Indes influencées des productions orientales. Le fils Paul, né en 1700 à Mayence, mort en 1760, continua l'oeuvre du père. On lui doit la réussite de la mise au point du pourpre de Cassius ainsi que ses couleurs de petit feu. En 1951, pour la première fois en France, il parvint à fabriquer de la porcelaine dure. Après avoir ruiné la fabrique Hannong, Paul émigra au Palatinat, à Frankenthal, où ses réalisations eurent un grand succès. Son fils Joseph revint en Alsace après 1760 ; il remonta l'usine de Strasbourg, qui retrouva un grand prestige. La vitrine qui lui est consacrée présente son travail de fleurs esseulées et de bouquets en qualité fine et contournée. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 21

23 La céramique de Lunéville En 1728, Jacques Chambrette fonda à Lunéville la première manufacture de faïencerie de Lorraine. L'établissement va alors connaître un grand essor économique et artistique et très vite attirer les faveurs de la noblesse. En 1749, les ducs de Lorraine lui accordent la qualification de "Manufacture Royale de Fayence". Encouragé par ses premiers succès, Jacques Chambrette crée en 1758 la Manufacture de Saint-Clément (à 10 km de Lunéville), spécialisée dans la fabrication de prestige. La faïencerie deviendra alors le fournisseur de la Reine Marie-Antoinette pour son Trianon. Faïence et porcelaine de Niderviller Fondée en 1735 par le baron Jean-Louis de Beyerlé, et encore en activité aujourd'hui, la manufacture de Niderviller était au XVIII e siècle l'une des plus prestigieuses d'europe. Le musée illustre en partie la production de cette manufacture depuis 1750 jusqu'au début du XIX e siècle. Les décors en qualité fine réalisés par cette manufacture représentent souvent des fleurs des Indes et fleurs esseulées, camaïeux et trompe l'œil et montre l influence des fleurs strasbourgeoises sur la production. Une famille de céramistes alsaciens les Anstett de Haguenau et de Colmar Le baron Jean-Louis de Beyerlé avait comme bras droit François-Antoine Anstett. Formé à l école de Meissen, il dirigea la manufacture de Niderviller de 1754 à En 1764, Anstett alla à Strasbourg où il apporta son savoir-faire et exerce son influence dans les ateliers de peinture des Hannong. Il s installa à Haguenau vers 1780 pour établir une manufacture de faïence fine. Le plus jeune fils de François-Antoine Anstett établit à Colmar une manufacture de porcelaine et de faïence fine en Il installa ses ateliers dans l ancien Hôpital militaire (aujourd hui les Catherinettes). La qualité de ses pièces est excellente. Un témoignage important des essais d impressions sur faïence de sa manufacture est conservée au musée d Unterlinden : il s agit un fragment d une assiette de faïence anglaise, avec un paysage imprimé sous couverte en camaïeu, daté de A l envers, on trouve l inscription suivante : «fragment d impression sur faïence provenant des premiers essais à Colmar par Anstett». Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 22

24 La collection de céramique de Théodore Deck Né à Guebwiller en 1823 et mort à Paris en 1891, Théodore Deck est le personnage central de la céramique française au XIX e siècle. Après un apprentissage chez un poêlier strasbourgeois, le jeune Deck parcourt l'europe à la recherche de nouveaux horizons culturels et techniques. Il séjourna ainsi à Graz, Vienne, Budapest, Berlin, Düsseldorf et termina son voyage à Paris en Il y fréquente les milieux artistiques mais c'est essentiellement aux aspects techniques qu'il s'intéresse. En 1861, il présente au Salon des arts et industries de Paris quelques réalisations qui le font aussitôt reconnaître comme un maître. Il accueille dans ses ateliers les artistes de son temps et met à leur disposition une large gamme de techniques nouvelles comme une glaçure sur feuille d'or ainsi qu'une palette d'émaux inédite dont il a trouvé l'inspiration dans les productions turques ou persanes. De tout cela, c'est surtout un bleu superbe que le public profane a retenu : une nuance turquoise éclatante qu'il adopte aussitôt sous le nom de Bleu de Deck ou Bleu Deck. Auteur d'un traité magistral sur la faïence, il devient en 1887, directeur de la Manufacture de Sèvres. L orfèvrerie Autour d une vitrine consacrée au Trésor des Trois-Epis, sont présentés des objets profanes essentiellement colmariens des XVI e et XVIII e siècles et une vitrine d orfèvrerie religieuse des XVII e et XVIII e siècles. Le trésor des Trois-Épis Découvert le 4 mai 1864, lors de travaux de nivellement de la place devant la chapelle des Trois-Épis, le chaudron en cuivre renfermant le trésor fut présenté avec son contenu dans un premier temps dans une vitrine à l Hôtel de Ville d Ammerschwihr. Puis, pour des raisons de conservation, et afin de couvrir les frais des travaux de la Ville, la commune d Ammerschwihr décida de se dessaisir définitivement du trésor en le mettant en vente. Les trois-quarts des monnaies furent vendus à un marchand de médailles à Francfort et le quart restant au directeur de l Hôtel de la Monnaie à Strasbourg. Considérant que le vidrecome avait un intérêt tout particulier du fait de son originalité et son usage corporatif, le conseil municipal d Ammerschwihr l offrit à la Ville de Colmar pour son musée en Le musée d Unterlinden acheta en 1869 les autres objets de trésor. L étude de ce trésor a permis de déterminer la date de son enfouissement après La guerre de Trente ans avait transformé dès 1621 la région alsacienne Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 23

25 en un terrible champ de bataille où s affrontaient armées protestantes et armées impériales catholiques. Plusieurs années avant l incendie de la chapelle (1636), sans doute aux premières approches de l invasion suédoise (fin 1632), le chapelain de Notre-Dame des Trois-Épis, soucieux de préserver du pillage les objets précieux donnés en ex-voto par les pèlerins, les enferma dans un chaudron, avant de les enfouir sous la place du parvis de la chapelle. La chapelle fut pillée, mais le trésor ne fut jamais découvert et le chapelain en fuite ou décédé emporta son secret dans la tombe. La place du trésor dans les collections du musée d Unterlinden En entrant dans les collections du musée d Unterlinden, l ensemble exceptionnel d objets qui compose le trésor des Trois-Épis est devenu le noyau de la collection d orfèvrerie. Ces objets, témoignage de la période de la Renaissance, par leur décor et leur forme, illustrent plusieurs centres réputés pour la qualité de leur production : Augsbourg, Nuremberg, Strasbourg, Kaysersberg, Bâle, Fribourg-en- Brisgau et, bien sûr, Colmar. On retrouve parmi ces pièces le goût pour l Antiquité qui caractérise une des tendances de l époque : l orfèvre enrichissait de monnaies romaines les pieds ou la décoration du couvercle. L orfèvrerie strasbourgeoise est la plus représentée avec six objets, dont deux hanaps : l un, au poinçon de Paulus Graseck, surmonté d un couvercle, présente un motif d algues tout à fait original; l autre, un superbe gobelet sur pied de Dietrich Brey, marqué du poinçon aux trois palettes surmontées de la fleur de lis en usage à Strasbourg entre 1534 et Enfin, le trésor comprend un hanap en vermeil exceptionnel par sa qualité, exécuté par le maître colmarien Johannes Kemser, cité en 1622, témoignage de l habileté et du savoir-faire des orfèvres colmariens, capables de rivaliser avec les grands centres d orfèvrerie d Augsbourg et de Nuremberg. Parmi les autres objets du trésor conservés par le musée d Unterlinden, citons une médaille du XVI e siècle commémorant la fondation des fédérations suisses ; des pendentifs dont certains sont en pierre fine, d autres en cristal de roche, matériau considéré pendant tout le Moyen Âge et jusqu au XVII e siècle comme une pierre précieuse, taillée, sculptée et gravée dans les grands ateliers de joaillerie de Milan, Augsbourg, Nuremberg et Paris ; une dizaine de bagues dont la moitié en or, représentative des goûts de l époque Renaissance, reprenant pour certaines des motifs de volutes ou de reliefs végétaux de part et d autre d un chaton monté d une pierre de couleur. La bague sceau de la collection illustre quant à elle l utilisation pratique de ce type de bijou : elle servait à sceller, avec l'empreinte de son propre cachet, un document que les armoiries permettaient d identifier. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 24

26 L ensemble des pièces du trésor des Trois-Épis est un témoignage précieux du travail très en vogue de l orfèvre dans les pièces de joaillerie ou d orfèvrerie. Dans cette salle du Trésor, une cheminée de Wagkeller traduit la munificence de la première renaissance rhénane (1536) : Charles Quint (1521) est encadré par Mercure et par saint Georges, les deux sources de la puissance temporelle. La cheminée aux armes de la famille Roettlin marque une dernière étape au XVI e siècle : des montants décorés des cariatides et des bouquets. Les taques réemployées proviendraient d un bâtiment de la Régence d Ensisheim, ce qui expliquerait la présence des armoires de l Autriche. Trésor des Trois-Epis, XVI e XVII e siècle, or, argent, pierres Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 25

27 Les étains alsaciens Autour d une vitrine centrale qui présente les objets prestigieux et de corporations essentiellement alsaciens, se déploient quatre vitrines : - les objets destinés au culte protestant - les pièces d orfèvrerie d étain des villes de Colmar, Mulhouse, Ribeauvillé et Strasbourg avec leur décoration artistique - la vaisselle d étains inspirée de l argenterie des XVII e, XVIII e et XIX e siècles - enfin une série de pichets liés à l importance de la culture de la vigne provenant de Colmar, Mulhouse et Ribeauvillé. Histoire de l étain Utilisé dès l Antiquité, l usage artistique de l étain se répand au XV e et surtout au XVI e siècle en Europe. Son apogée se situe au début XVIII e siècle, puis il est supplanté par la faïence et la porcelaine. Vers 1747, la toxicité de l étain est dénoncée : hautement oxydable, facilement attaqué par les acides végétaux, il contient de l arsenic provenant de l adjonction de plomb. Il est alors rejeté par la noblesse. Seuls l étain fin et l étain commun (10-20% de plomb) sont autorisés pour les pièces à usage alimentaire. Le nombre d étains conservés est limité par la pratique courante de la refonte. La plupart date de la fin XVII e et surtout du XVIII e siècle. À la fin XIX e siècle, il retrouve un usage décoratif. La décoration des objets en étain est faite en relief (par la fonte) ou par gravure : au trait (avec un burin) ou au tremblé (avec un ciselet, dans un mouvement de vibration qui donne un trait en zigzag). Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 26

28 Les poinçons L activité des fondeurs d étain est réglementée par des ordonnances qui imposent en particulier l obligation d apposer un poinçon de contrôle (ville) et un poinçon de maître. Jusqu au milieu du XVIII e siècle, le poinçon de maître ne porte pas le nom en toutes lettres du maître, mais ses initiales, souvent accompagnées d emblèmes et d une date (qui n est pas celle de la fabrication mais celle de l entrée du potier dans la maîtrise). À partir du milieu du XVIII e siècle apparaît le poinçon de qualité : figurine d ange tenant épée et balance, nom en toutes lettres avec inscription Etain fin ou Fin. À la fin XVIII e siècle le poinçon prend la forme de banderole. Il est important de relever que chaque fondeur utilise plusieurs poinçons. Le poinçon de contrôle, d autre part, reprend les armoiries de la ville et comporte une date qui correspond à l année de l établissement des statuts ou des règlements de la corporation. À Strasbourg par exemple, il est toujours accompagné du poinçon du maître, les deux marques ne sont jamais réunies en une seule. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 27

29 Le mobilier L apogée de l ébénisterie alsacienne se situe au moment de la Renaissance. Dès le XVI e siècle, l art du meuble est sévèrement réglementé, le chefd œuvre étant l armoire à deux corps dont le montage suit les lois de l architecture édictées par Vitruve avec la superposition des ordres, comme dans l architecture palladienne. L armoire originaire du château des comtes de Ribeaupierre (Ribeauvillé, début du XVII e siècle), chef-d œuvre des ébénistes colmariens, matérialise cette référence au premier étage du musée. Remarquer aussi la superbe porte en marqueterie provenant de l ancienne chancellerie de Colmar dont les panneaux conçus comme des tableaux indépendants mais symétriques trahissent des modèles italiens. L armoire à sept colonnes marque la seconde renaissance du meuble et le musée d Unterlinden en possède plusieurs exemplaires représentatifs, évocation du rayonnement des ateliers colmariens : la structure est plus simple, l armoire ne comportant plus qu un seul corps toujours richement orné. Descendant direct de l armoire, le dressoir apparaît au début du XVII e siècle, le musée en conserve un exemplaire exécuté vers Au XVIII e siècle, l art du meuble se met au diapason parisien et se fond dans le mouvement international ; il subit ensuite la banalisation propre aux artisanats de l ère industrielle. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 28

30 Clavecin Ioannes Rückers Anvers, 1624 Ce clavecin, pièce exceptionnelle acquise par le musée d Unterlinden de Colmar en 1980, fut construit en 1624 dans les ateliers des Rückers à Anvers par Ioannes Rückers ( ), fils aîné de Hans Rückers. Instrument à deux claviers transpositaires, c est à dire décalés l un par rapport à l autre d une «quarte», il comportait à l origine un jeu de 8 pieds et un autre de 4 pieds. Il fut transféré vers 1660 en France et a subi deux modifications essentielles au niveau de sa structure, d une part, avec l alignement des deux claviers et de sa décoration, d autre part. Un nouveau piétement de style Louis XIV fut construit et un couvercle représentant l affrontement musical de Pan (flûte) et d Apollon (lyre) arbitré par le roi MIDAS fut peint. Propriété de la famille de Sade, le clavecin orna les salons du château de Condé-en- Brie dans l Aisne (où il est cité dans les inventaires dès le XVIII e siècle) jusqu au moment de son acquisition par le musée d Unterlinden en 1980, après une restauration exemplaire réalisée dans les ateliers parisiens des Tempéraments Inégaux, sous la direction de Christopher Clarke. Élégant et sobre dans sa présentation, à la mécanique sensible et précise, aux sonorités somptueuses, cet instrument constitue actuellement l une des références, tant pour les clavecinistes que pour les facteurs instrumentaux et suscite régulièrement des enregistrements. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 29

31 Une importante collection d armes La collection d armes du musée d Unterlinden trouve son origine dans les séquestres révolutionnaires de A ce titre, fut saisi au château de Ribeauvillé ce qui allait constituer le noyau de l ensemble des armes exposées actuellement au musée. Le bouclier de parade des seigneurs de Ribeaupierre, de la fin du XVI e siècle, se distingue de cet ensemble par son décor consacré au cycle des saisons. La venue en 1879 d Edmond Fleischhauer ( ) à la tête de la Société Schongauer va être déterminante pour la mise en valeur de la collection d armes. Créant au musée d Unterlinden de nouvelles salles, il en consacrera l une d elle non plus seulement aux armes en provenance de Ribeauvillé, mais également aux alentours de la ville, auxquelles s ajoutèrent des achats et dons divers. Inlassable collectionneur, Edmond Fleischhauer rassembla, pour son compte personnel, des meubles anciens, des peintures, des sculptures, mais aussi et surtout des armes anciennes. Son catalogue rédigé sur plus de 20 ans compte près de 850 pièces toutes catégories confondues. C est en léguant sa collection au musée d Unterlinden en 1896, qu il va apporter la contribution majeure et définitive à l ensemble des armes déjà acquises. L association des armes anciennes du collectionneur d une part, de celles que détenait déjà le musée (armes saisie à la Révolution) d autre part, et enfin les dons et d achats complémentaires de la Société Schongauer et de ses membres, a permis de constituer ce qui forme aujourd hui en Alsace l une des plus importantes collections d armes, tant de chasse que de guerre, s étageant de la période médiévale au XVIII e siècle. Dossier de presse, musée d Unterlinden - Colmar 30