NOTE COMPLÉMENTAIRE ATELIER DE CONSERVATION-RESTAURATION DE PEINTURE. Christian et Françoise Morin 58 avenue Marceau Feyry Bergerac

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1 CAHORS. (LOT) CATHÉDRALE Saint-Étienne TABLEAU Nativité Sommaire Étude Documentation Illustrations NOTE COMPLÉMENTAIRE En 1990, le tableau n'a fait l'objet que d'une simple fiche de repérage de la part d'aurel Bongiu, et son étude restait donc à faire. En , le tableau a été restauré par l'atelier de Christian et Françoise Morin : il a paru intéressant de compléter le dossier en y ajoutant, avec l'autorisation des restaurateurs, l'étude réalisée à cette occasion. ATELIER DE CONSERVATION-RESTAURATION DE PEINTURE Christian et Françoise Morin 58 avenue Marceau Feyry Bergerac RAPPORT DE TRAITEMENT DU TABLEAU " La Nativité " Commune : Cahors Édifice : cathédrale Protection M.H. : aucune Maître d ouvrage : D.R.A.C. de Midi Pyrénées

2 Vérification : M. B. Ducourau Localisation : mur nord de la sacristie Dimensions : 1,42 x 2,24 m Technique : huile sur toile Datation : XVIIe siècle. Auteur : anonyme Date de l intervention : 08/10/97 au 25/06/98 SOMMAIRE 1. Étude technique et état de conservation de l œuvre Aperçu des châssis successifs Le support toile Technique picturale Interventions antérieures. 2. Traitement de conservation 2.1. Dépose Moyens d accès au tableau Traitement préalable Transport en atelier 2.2. Traitement de conservation du support Intervention sur la toile Enlèvement des mastics débordants 2.3. Traitement de conservation de la couche picturale Allégement du vernis Enlèvement des repeints Rebouchage des lacunes Vernissage 2.4. Restauration picturale Retouche des lacunes Repiquage des abrasions Vernissage final 2.5. Mesures de conservation préventive 3. Documentation graphique 4. Documentation photographique

3 1. Étude technique et état de conservation de l œuvre Aperçu des châssis successifs. Le châssis d origine a laissé une légère déformation de la couche picturale, visible en lumière tangentielle (cf. relevé et photo n 2). Il devait être fixe avec une traverse et deux montants de renfort. Ses bois avaient une section moyenne de 6 cm. Contrairement aux montants verticaux, les montants horizontaux n ont pas marqué la peinture : ceci peut résulter d une légère réduction de format en hauteur consécutif au changement de châssis. Deux faits étayent cette hypothèse : d une part, le cadrage est extrêmement serré en haut de la composition, de sorte que le sommet de la chevelure de Joseph est masqué par le cadre et, d autre part, la peinture se poursuit au delà des pliures formées par le châssis que nous avons déposé. Le châssis que nous avons déposé est fixe avec un montant de renfort central et quatre écharpes aux angles (cf. photo n 3). Ses montants sont assemblés à mi-bois, le montant central est monté avec un tenon ouvert. Tous ces assemblages sont cloutés avec des pointes sans tête rabattues et matées des deux côtés. L extrémité des écharpes est chanfreinée de manière à ne pas dépasser du cadre. Tous les bois sont en chêne, grossièrement rabotés et la trace du passage de la scie est régulièrement visible. Les montants verticaux extérieurs sont plus minces que les autres et sont alignés sur le plan arrière du châssis. Le décrochement ainsi créé sur la face avait déformé et usé la toile aux angles du tableau. Le montant intermédiaire de renfort est pour sa part aligné sur la face avant du châssis. Comme les autres bois, il est non démaigri et ses arrêtes vives ont provoqué la chute de matière picturale. De nombreux trous et galeries ouverts attestent de la présence à un moment donné d insectes xylophages. Le tableau a dû être mouillé, comme l indique les tâches et auréoles à la base du châssis Le support toile. C est un tissus de lin à armature toile moyenne et serrée. Sa contexture est de 12 fils en chaîne et 13 fils en trame. Une lisière borde le côté gauche du tableau et la toile ne présente pas de couture, elle est formée d un seul lé de 2,3 mètres de largeur. Le fait est exceptionnel pour une toile du XVII siècle, époque où la production courante des métiers à tisser était d une largeur d un mètre. Ceci nous amène à nous interroger sur la provenance de cette toile et par là même de l origine de l œuvre.

4 Le maintient de la toile sur le second châssis était obtenu par des pointes plates sans tête rabattues (cf. annexe) et des semences. Ces semences, posées régulièrement tous les 6 à 7 cm, ont été plantées au cours d une restauration, alors que la toile était encore fixée au châssis. Ainsi certaines pointes plates gardèrent leur place et leur fonction, et certaines autres disparurent sous la toile. Nous avons découvert une troisième sorte de pointe, utilisée aux angles du tableau. Ce sont des pointes en laiton de 2 cm environ et dont la tête est une boule formée par l enroulement en spirale d une bande de laiton. Cette boule est maintenue par le matage du sommet de la pointe (cf. annexe). Leur provenance et leur fonction particulière, s il y a lieu, nous sont restées inconnues. Aujourd hui après consolidation, la toile a été remontée avec des bandes de tension fixées avec des agrafes, ce système permet une tension continue de la toile et une meilleure répartition des contraintes. La toile comprenait 14 accrocs et déchirures dont certains ont été comblés avec des incrustations de toile de lin Technique picturale. La technique du peintre est tout a fait représentative des peintures du XVIIe siècle, seule la largeur de la toile est insolite. La préparation est double : une première préparation ocrée est recouverte d une seconde couche grise, utilisée localement en réserve, ou pour refroidir certains glacis colorés. L épaisseur de cette préparation est faible, elle laisse presque partout deviner la texture de la toile. La couche picturale est fine et inégalement lissée. La matière picturale et la touche sont très différentes selon les parties traitées. Ainsi, l âne et le bœuf sont rapidement brossés, d une matière légère qui s efface dans le fond, suggérant à peine leur encolure. A l opposé, le soin apporté au traitement des vêtements des anges atteste de la recherche d un rendu très poussé. Il faut cependant tenir compte de l usure de la couche picturale qui rend délicate toute appréciation définitive. Le manteau de la Vierge et celui de Joseph, sont usés et les repeints ne permettent plus de juger de la qualité plastique de la peinture. Par contre, les usures de la couche picturale révèlent des étapes de la conception de l œuvre ou des repentirs. Le bouquet de fleurs tenu par l ange à gauche de la Vierge laisse voir le prolongement du manteau de la Vierge peint en premier à cet emplacement (cf. photo n 33). Le repentir de la position du bras droit de l enfant est, lui aussi, bien

5 visible. Initialement prévu plus incliné, le peintre a relevé le bras plaçant une seconde main maladroitement reliée au bras. Les deux anges peints de part et d autre de la vierge apportent un certain déséquilibre à la composition de la peinture. Celui de gauche, figuré de profil était largement repeint. Son nettoyage a mis au jour une figure incomplète ou tout du moins très usée. L élimination du repeint brun foncé entre la Vierge et saint Joseph a permis de découvrir un cinquième ange non visible sur les photographies infrarouge. Cet ange nous parvient encore plus usé que le précédent (cf. photo n 37 et 38) Interventions antérieures Comme la majorité des tableaux anciens, la Nativité de Cahors a déjà fait l objet de plusieurs restaurations. En l absence de documents (contrat ou facture de peintre restaurateur) ou de cachet de l atelier au dos de la toile, nous ne pouvons qu observer les impacts de ces interventions sur la peinture. La chronologie de certaines de ces opérations reste donc incertaine. La plus ancienne intervention est le changement de châssis. Ceci devait s accompagner d une restauration complète de l œuvre qui intégra la première série de pièces posées au dos de la peinture. Ces pièces sont tirées d une toile moyennement serrée. Leur découpe et leur positionnement ne tient compte d aucun droit fil (cf. annexe). L adhésif utilisé pour leur collage, suite à sa rétraction, a marqué le contour des pièces sur la face du tableau et déformé la toile (cf. photo n 8). Pour consolider la couche picturale, une ou plusieurs couches de colle ont été étendues au revers de la toile, recouvrant les pièces de renfort. Un repassage pourrait expliquer l écrasement local de la couche picturale. Une nouvelle restauration s avéra nécessaire pour réparer les nombreuses déchirures et lacunes provoquées par le contact de la toile sur le châssis. Une deuxième série de pièces vint consolider déchirures et trous au revers. La toile utilisée est moyenne et assez lâche (cf. annexe ), l adhésif correctement dosé n a pas endommagé l œuvre. Le restaurateur a travaillé sans démonter la peinture, il l a retendue et l a fixée avec des semences. Par la face, les lacunes ont "été comblées avec un mastic à la cire largement débordant et en relief (cf. photo n 14 et suivantes). La technique picturale du peintre laisse une place importante au travail de la réserve, qui joue sur la seconde préparation froide. Il apparaît tout de même évident que les nettoyages successifs ont usé la couche picturale. Ainsi après avoir déverni le tableau et retouché les lacunes, le restaurateur a repeint en partie l œuvre, en modifiant ainsi

6 considérablement son aspect (cf. le relevé des principaux repeints et photographies sous ultraviolet). La plus importante transformation porte sur le fond de la peinture. Le dégradé coloré de l arrière plan qui réuni les personnages de la nativité dans un espace géométrique fini, est transformé en un fond uni sur lequel ces mêmes personnages se détachent, presque étrangers à l action. De cette manière, l ange placé entre Marie et Joseph n était plus visible. Une bande d une largeur de deux centimètres à la périphérie de la peinture, est recouverte d un vernis mais exempte de tout repeint. Le restaurateur a donc déverni et repeint le tableau sans le démonter de son cadre. Le châssis garde la trace d un ancien montage sur le cadre, non localisable dans cette chronologie (cf. photo n 12). En dernier lieu, des retouches ont été faites pour masquer des lacunes au droit des montants du châssis. Ces retouches ne concernent pas tout le périmètre du châssis et étaient posées sans mastics préalables. 2. Traitement de conservation 2.1. Dépose Moyens d accès au tableau Montage d un échafaudage roulant avec un plateau à une hauteur de 9 mètres Traitement préalable et emballage L état du tableau ne nécessitait pas de précautions particulières pour le transport. Emballage du tableau dans son cadre, dans deux épaisseurs de papier bulle Transport en atelier Transport vertical Traitement de conservation du support Interventions sur la toile La conservation-restauration des œuvres d art a pour double objectif de conserver l intégrité de l objet pour en assurer sa pérennité dans le temps et de présenter cet objet au public dans les meilleurs conditions possibles de

7 lisibilité. A notre avis le vieillissement physique naturel d une œuvre d art, tel le réseau de craquelure d âge ou la modification chromatique des pigments d une peinture, consécutifs de l évolution des matériaux fait partie intégrante de celle ci. Ces préoccupations ont guidé nos choix d interventions sur la Nativité de Cahors. Les divers accidents et déchirures du support étaient susceptibles de nous faire opter pour le rentoilage ou le doublage de la toile. Ces opérations auraient indistinctement dissimulé la toile originale et fait disparaître ou atténuer des informations, telle que les marques du premier châssis ou l irrégulière planéité de la peinture résultant des contraintes internes de l œuvre développées au cours des années. Ainsi, après évaluation de la solidité de la toile et de sa bonne adhérence à la préparation nous avons choisi une intervention minimale pour la toile, en remontant celle-ci avec des bandes de tensions après consolidation de chaque accroc et déchirure. Ce type de consolidation ne permet pas, lors du remontage sur châssis, une tension aussi importante que celle autorisée par une toile rentoilée ; ainsi, la planéité du tableau n est pas parfaite et laisse apparaître les déformations naturelles de l œuvre. Par ailleurs nous devons nous interroger sur la planéité initiale des peintures anciennes dont les châssis largement sous dimensionnés supportent difficilement d importants efforts de compression. Les opérations de menées sur le support sont les suivantes : - Brossage et aspiration des poussières et croûtes indurées au dos de la toile. - Élimination des mastics débordant sur la couche picturale. - Suppression des pièces au revers de la toile. Les adhésifs étant dégradés nous avons pu retirer ces pièces mécaniquement, sans apport d humidité. - Remise en plan et en place des déchirures et des petites déformations de la toile. Après une légère humidification de la toile au droit des déformations et un rattrapage de la hauteur du châssis avec des cales, le tableau est retourné, la peinture au dessus. Les déformations sont mises sous une pression légère, obtenue avec des cales de marbre de masse variable. Ces cales préalablement

8 chauffées à 40 C, assurent une lente diffusion de chaleur dans la couche picturale sans danger pour celleci. Un film de Mélinex et, une ou deux feuilles de papier buvard sont intercalées entre le marbre et la couche picturale. Les déchirures dont les lèvres présentaient un écaillage avaient été préalablement cartonnées. - Incrustation de pièces et de fils de renfort dans les lacunes et les accrocs. - Collage bord à bord des déchirures avec un acétate de polyvinyle. - Pose de protections (cartonnage de papier Boloré) sur les zones fragiles susceptibles de s écailler pendant le retournement du tableau (cf. photo n 6). - Retournement du tableau, démontage de la toile, nettoyage de celle-ci au droit des bois du châssis, aplanissement des bords de la toile. - Retournement du tableau, suppression des protections provisoires et pré-consolidation des zones écaillées. - Cartonnage de la peinture avec du papier Boloré NH 22 SD et pose de tirant en papier Kraft. L adhésif employé est du Tylose MH 300P (méthylhydroéthylcellulose) à 5 % dans de l eau additionnée de Nipagine (hydroxy 4 benzoate de méthyle) - Après séchage, retournement du tableau et élimination des couches de colle appliquées sur la toile durant les précédentes restaurations. La colle a été ramollie avec des compresses de Tylose appliquée au travers de papier ouate pendant 5 minutes environ puis grattées mécaniquement. Les compresses sont de petite surface : 20 cm x 20 cm et disposées en quinconce pour limiter les risques de mouvement réactif de la toile (cf. photo n 9 et 10). - Résorption de la grande déformation de la toile provoquée par la pièce de tissu collée à l arrière de la tête de l âne. Dans ce but, nous avons à trois reprises humidifié le cartonnage et judicieusement remplacé les bandes de tensions en fonction de l évolution de la déformation (cf. photo n 7 et n 8). - Refixage général de la toile avec une solution de colle de peau à 5 % dans de l eau contenant de la Nipagine puis repassage léger au travers d un tissu. - Pose de pièces de renfort à l arrière des déchirures. Ces pièces sont en non tissé polyester (bondina 30 g) collé avec du Plextol B500 épaissi au toluène et régénéré une fois sec avec ce même solvant (cf. photo n 11).

9 - Mise en place de bande de tension à la périphérie du tableau. Ces bandes de toile de lin (290 g) ont été collées avec de la Béva 371 (cf. annexe). - Retournement et décartonage de l œuvre. - Remontage sur le châssis avec des agrafes Enlèvement des mastics débordants Les anciens mastics avaient été réalisés à la cire. Ils étaient largement débordants sur l original et recouverts de repeints parfois assez grossiers (cf. photo n 14 et suivantes). Après quelques essais nous avons adopté le mélange isopropanol-toluène pour éliminer le repeints et les mastics. Lorsque ces derniers étaient très épais, nous avons gratté la cire au bistouri avant d effectuer un nettoyage chimique. Nous avons découvert sous cette couche de peinture une très belle matière, très fine avec une préparation grise. Le traitement des carnations de la Vierge et de Jésus est grandement amélioré et nous soupçonnons que les deux anges disgracieux sont largement repeints. Liste des essais chimiques réalisés White spirit Isooctane-isopropanol Isopropanol-toluène Isopropanol-toluène Traitement du châssis L ancien châssis était responsable des principaux dommages constatés sur la couche picturale, il était nécessaire de la remplacer. Le nouveau support de la toile est un châssis flottant qui permet une tension plus souple et homogène. Les montants ont été badigeonnés de trois couches successives de xylophène Traitement de conservation de la couche picturale

10 Allégement du vernis La couche picturale était recouverte d une épaisse couche de vernis oxydé (cf. photo n 13). Les essais de nettoyage avaient déjà été réalisés lors de l enlèvement des mastics débordants. Le mélange isopropanol-toluène était d une bonne efficacité dans la plus part des endroits et il ne solubilisait pas la couche picturale Enlèvement des repeints Comme nous l avions laissé entendre lors des essais d enlèvement des mastics débordants, les repeints qui recouvraient cette couche picturale étaient importants. Les photographies en ultraviolet mettent certains d entre eux en évidence (cf. photo n 13 et 42), mais beaucoup de repeints sont difficiles à déceler car il sont exécutés directement sur l original et recouverts d un épais vernis dont l importante fluorescence brouille les photographies. C est pour cette raison que les repeints de la chevelure des anges (cf. photo n 32) ou ceux sur le visage de l ange peint de profil (cf. photo n 36), sont délicats à discerner. Sur les fonds, le traitement original était jaune (ocre jaune) avec un dégradé allant vers le rouge dans la partie droite et vers le brun dans la partie gauche. Avec l accord de l Inspecteur des Monuments Historiques, nous avons décidé d éliminer ces repeints dans les fonds. Cela nous a permis de découvrir un cinquième ange, entre Marie et Joseph, qui était esquissé. Le mélange de solvant a été le même : isopropanoltoluène. Nous avons dû le laisser agir plus longtemps sur les fonds jaunes qui étaient recouverts de brun. Sur ces parties nous avons employé des compresses de pulpe de papier et d un gel de synthèse AC520 que nous avons posé derrière une couche de papier. Ces compresses étaient laissées deux minutes, avant un nettoyage au coton imbibé du même mélange. Ce protocole est resté insuffisant dans la zone située à gauche de la Vierge et à droite de l ange de profil. A cet endroit, tous les solvants se sont révélés inactifs, il est probable que cette partie a été chauffée lors d une précédente restauration. Nous avons dû gratter au bistouri les petits repeints bruns légèrement incrustés au fond des

11 craquelures et des creux de la trame de la toile. Cette méthode laborieuse a été effectuée sous lunette loupe. Sur les personnages, nous avons découvert un traitement sous-jacent différent des chevelures. A l exception de la Vierge qui porte un drapé sur la tête, les personnages possèdent des cheveux clairs. Les visages des deux anges situés à droite étaient lourdement repeints. Là encore, nous avons éliminé ces repeints. La robe rouge de Joseph avait été repeinte avec une peinture probablement fabriquée à base d un vernis, la matière très épaisse et légèrement transparente rappelle la matière du vernis. Le mélange isopropanol-toluène ne solubilisait pas ces repeints. Nous avons ajouté de la diméthylformamide pour obtenir : isopropanol-toluène-dmf en concentration : Ce mélange assez fort nécessitait une application longue et nous avons préféré laisser les repeints dans les zones où ils étaient très épais. A l issue de ce nettoyage, nous nous trouvons devant un tableau qui n est pas terminé. Deux anges sont seulement esquissés, les mains de l ange en bas à droite ne sont pas finies, le manteau de la Vierge est visible au travers de ces mains. Il y a un repentir dans l emplacement de la main droite du petit Jésus, mais le peintre n a pas pris parti car les deux versions sont présentes sur la composition (la matière noire qui recouvre une des deux versions est un repeint). Le vêtement sous le manteau de l ange de droite est constitué d essuyages de pinceau sur la préparation grise de l ensemble Rebouchage des lacunes Les lacunes ont été nettoyées soigneusement afin d éliminer les résidus de cire, puis elles ont été rebouchées avec un mélange de carbonate de calcium et de colle de peau dosée à 10 % et additionnée de Nipagine. Le vernissage a eu lieu trois semaines plus tard pour permettre l évaporation des produits chimiques utilisés pour le nettoyage et l allégement du vernis Vernissage Une couche de vernis Damar, posé au pinceau, en solution dans un mélange toluène (1/3) - white-spirit (2/3).

12 2.4. Restauration picturale Les principes de la retouche ont été définis avec l Inspecteur des Monuments Historiques lors de sa visite en atelier. Une " retouche minimaliste " parut le meilleur moyen pour tenir compte à la fois de la technique picturale du peintre qui utilise beaucoup la préparation grise en réserve, et de l usure générale de la couche picturale qui accentue l importance de cette couche froide. Face aux incertitudes posées par la présence des anges de chaque côté de la Vierge, et du fait de leur relative évanescence il a été décidé de les conserver visibles sans y apporter de retouche Retouche des lacunes Les lacunes ont été retouchées avec des pigments secs liés par de la Movilith 20 en solution dans un mélange éthanol-diacétone. La technique de retouche est dite " à tratteggio " Repiquage des abrasions Avec les mêmes matériaux que pour la retouche, nous avons effectué des repiquages dans le fond jaune, à gauche de la Vierge. Ailleurs, seuls les accidents qui gênaient la lisibilité de l œuvre ont été repiqués Vernissage final Une couche, plus fine, mais de même composition de vernis Damar, passée au pinceau. Puis, une vaporisation très légère, au pistolet, de paraloïd B72, en solution dans du xylène. Cette dernière procure à la toile un aspect satiné Mesures de conservation préventive Une toile de protection a été mise en place à l arrière du tableau, fixée sur le châssis, mais sans contact direct avec la toile peinte, dans le but d éviter l accumulation de poussière entre la toile et le châssis en partie basse. Le système de fixation du tableau a été repris. Les pattes de scellement sont plus longues, le tableau ne touche plus le mur.

13 Sommaire Étude Documentation Illustrations DOCUMENTATION Conservation régionale des Monuments historiques (Toulouse) MORIN (Christian et Françoise). Rapport du traitement du tableau «La Nativité», multigraphié, 1998, non paginé [7 p. + 3 pl.]. Sommaire Étude Documentation Illustrations ILLUSTRATIONS Fig. 1 Photo. IVR73_ VA J.-F. PEIRÉ Ensemble avant intervention. Fig. 2 Photo. Christian et Françoise MORIN Ensemble après nettoyage. Fig. 3 Photo. Christian et Françoise MORIN Ensemble après restauration. Fig. 4

14 Photo. Christian et Françoise MORIN Détail du deuxième l'ange à gauche avant intervention (photographie sous ultra-violet). Fig. 5 Photo. Christian et Françoise MORIN Détail de l'ange de gauche avant intervention (photographie sous ultra-violet). Fig. 6 Photo. Christian et Françoise MORIN Détail de l'ange de gauche pendant l'allégement des vernis. Fig. 7 Photo. Christian et Françoise MORIN Détail du visage de la Vierge pendant l'élimination des repeints. Fig. 8 Photo. Christian et Françoise MORIN Détail : ange en second plan après élimination des repeints.

15 Région Midi-Pyrénées, Service régional de l'inventaire, 2000