Méthodologie d approche globalisée du risque en agriculture, l exemple du Canada et du Québec Robert Keating Président de la Financière agricole du Québec - Canada #FinAgri13 55
L agriculture au Canada et au Québec Recettes monétaires agricoles 2012 (milliards $ CA) Canada Québec Productions végétales 30,5 2,7 Productions animales 21,4 5,3 Assurance récolte et stabilisation du revenu 1,8 0,4 Total 53,7 8,4 56
Offre globale de gestion des risques 57
Filiale de développement international Réalisations récentes Étude de faisabilité pour la mise en place de mécanismes d assurance récolte dans les huit pays de la zone de l Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (2010-2012) Développement d une assurance indicielle climatique pour région de Puno, au Pérou (2012) Système de financement et d assurance agricole en Haïti (2011-2018) www.fadqdi.qc.ca 58
Partenaire dans la gestion des risques d affaires des entreprises agricoles et agroalimentaires du Québec www.fadq.qc.ca 59
4 èmes Assises mondiales du financement agricole et rural Paris, France 27 septembre 2013 Gestion intégrée des risques agricoles au Canada et au Québec Robert Keating, président-directeur général
C est pour moi un plaisir et un honneur de vous entretenir aujourd hui sur la gestion des risques agricoles au Canada et au Québec. D ailleurs, notre modérateur, monsieur Jesús Antón, qui a coordonné les études réalisées dans le contexte du rapport de l OCDE intitulé «Gestion des risques en agriculture évaluation et conception des politiques», a également rédigé le chapitre sur les politiques globales de risque d entreprise au Canada. Ce chapitre situe très bien la gestion des risques agricoles au Canada et au Québec. Je ne peux que faire un rapide survol de ce sujet aujourd hui, alors pour avoir une vision plus approfondie, je vous encourage à consulter le rapport chapeauté par M. Antón. La gestion des risques est une composante essentielle pour assurer la pérennité d une offre de service en financement agricole et rural. Au Québec, La Financière agricole du Québec (FADQ), dont je suis le président-directeur général, a pour mission de soutenir et de promouvoir, dans une perspective de développement durable, le développement du secteur agricole et agroalimentaire. Ce développement est assuré par une offre de services financiers adaptée aux réalités des entreprises œuvrant sur le territoire agricole québécois et appuyé par une approche globale de gestion des risques. Mais tout d abord, avant de vous présenter cette approche, il importe de bien situer le contexte géographique, politique et économique dans lequel les entreprises agricoles du Canada et du Québec évoluent. Le Canada est un état fédéré, composé de dix provinces et de trois territoires. L agriculture est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les provinces. Les activités agricoles sont concentrées principalement dans le sud du pays. Il s agit pourtant d un contexte d agriculture nordique; notre climat est particulier et la période sans gel est assez courte. Les activités agricoles comptent pour 1,7 % du PIB canadien. Le Québec occupe une superficie de 1,5 million de kilomètres carrés, soit 3 fois la superficie de la France. C est la deuxième province la plus importante en terme de population, avec 8 millions d habitants. La zone agricole occupe 4 % du territoire québécois, mais seulement 2 % est cultivé. Le secteur bioalimentaire (agriculture, pêches, transformation et détail) compte cependant pour 7 % du PIB du Québec et contribue à 12 % de l emploi total de la province. 1
Au niveau fédéral, à la suite d un premier programme quinquennal appelé Cultivons l avenir, les programmes de Cultivons l avenir 2, toujours quinquennaux, ont été lancés en avril 2013. Ces programmes ont pour objectif de promouvoir l innovation, la compétitivité et le développement des marchés agricoles. Afin d aider les agriculteurs à gérer les risques attribuables aux graves instabilités du marché et aux catastrophes, Cultivons l avenir 2 assure la continuité de trois programmes de gestion des risques. Agri-stabilité est un programme de premier niveau d intervention, de type individuel, qui protège le revenu global de l entreprise agricole contre les risques du marché et les catastrophes. Cette protection est basée sur la marge de production de l entreprise. Lorsque, pour une année de participation donnée, la marge de production baisse de plus de 30 % par rapport à la marge de référence, cette baisse de marge est comblée à 70 % par un paiement du programme. Le deuxième programme, Agri-investissement, est un programme individuel basé sur l épargne. Le participant peut déposer annuellement dans son compte jusqu à 1 % de ses ventes nettes ajustées et recevoir, en contrepartie, des contributions gouvernementales équivalentes. Le participant peut alors faire des retraits de son compte pour atténuer les risques du marché ou pour investir afin d améliorer l efficacité de son entreprise. Finalement, il y a Agri-protection, aussi appelé l assurance récolte. Les gouvernements soutiendront également les efforts de l'industrie consacrés à la recherche sur de nouveaux outils de gestion des risques en agriculture, à leur développement et leur mise en application. Deux milliards de dollars canadiens sont prévus pour ces programmes dont les frais sont partagés avec les provinces dans une proportion de 60 % à 40 %. Chaque province peut y prévoir ses propres adaptations, en fonction des particularités de son industrie agricole. Cultivons l avenir 2 prévoit également un milliard de dollars canadiens pour des initiatives stratégiques réalisées par le gouvernement fédéral. Il est à noter que le Québec compte pour 16 % des recettes monétaires agricoles du pays. Comparativement à l'ouest du Canada, où les grandes cultures et la production bovine sont dominantes, l agriculture québécoise s est développée d abord autour de la production laitière. La production porcine occupe également une part importante de l économie agricole du Québec. 2
Le gouvernement québécois accorde une attention particulière au développement du secteur hautement stratégique du bioalimentaire. À cette fin, en mai 2013, il a lancé la Politique de souveraineté alimentaire du Québec dont l un des objectifs est de développer un secteur bioalimentaire prospère, rémunérateur, générateur d emplois, respectueux de l environnement et contribuant à l occupation du territoire québécois. La Financière agricole du Québec est l un des opérateurs de ce développement. Relevant du portefeuille du ministre de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation, tout en étant une société d État distinct du ministère, la mission de la FADQ est de mettre à la disposition des entreprises agricoles des produits et des services en matière de protection du revenu, d assurance et de financement adaptés à la gestion des risques inhérents à ce secteur d activités. Le soutien offert aux entreprises agricoles favorise leur compétitivité et leur productivité. La FADQ est présente sur l ensemble du territoire québécois. Nous avons 700 employés répartis entre le siège social et 22 centres de service. Le soutien de la FADQ aux entreprises agricoles québécoises en matière de la gestion globale des risques agricoles repose d abord sur une analyse de l entreprise agricole par nos conseillers afin de bien comprendre l ensemble des risques pouvant affecter sa durabilité. Ensuite, nous pouvons proposer des solutions adaptées aux besoins précis de l entreprise. Ces risques sont de différentes natures. Les risques naturels et climatiques peuvent affecter directement la production. Les entreprises agricoles doivent également faire face aux fluctuations du prix d achat des intrants et du prix de vente des produits. De plus, les risques associés à la disponibilité et au coût des capitaux, de même qu aux liquidités doivent être considérés. La Financière agricole du Québec met à la disposition des entreprises des solutions répondant à ces différents besoins. D abord, en fournissant des services de financement répondant aux différentes étapes du cycle de vie d une entreprise agricole. Des garanties de prêt sont offertes pour sécuriser l accès au crédit auprès des institutions financières privées. Le financement ainsi supporté par la FADQ atteint 4,4 milliards de dollars canadiens d encours. Un programme d aide à la relève est également en place, de même qu un fonds d investissement dédié à cette clientèle. 3
Comme j ai mentionné plus tôt, la FADQ administre au Québec les programmes fédéraux de gestion des risques d entreprise Agri-stabilité, Agri-investissement et Agriprotection. À cette offre de service s ajoutent des programmes spécifiques au Québec. L assurance stabilisation des revenus agricoles agit en complémentarité au programme fédéral Agri-stabilité. Cependant, alors que Agri-Stabilité vise le revenu global de l entreprise, l ASRA est particulier à chaque produit assuré et couvre les pertes économiques causées par des baisses de prix ou une augmentation des coûts de production, en fonction de données collectives établies pour l'ensemble du Québec. Le programme verse une compensation aux entreprises agricoles lorsque le prix moyen de vente d'un produit est inférieur au revenu stabilisé. Celui-ci est basé sur un coût de production établi après enquête auprès d'entreprises agricoles spécialisées dans chaque secteur. Le programme Agri-Québec, qui est un programme d autogestion des risques de type compte d épargne, est pour sa part complémentaire à Agri-investissement. Le montant maximal que le participant peut déposer dans son compte Agri-Québec chaque année correspond à 3 % de ses ventes nettes ajustées. La contribution gouvernementale équivalente est assumée à 100 % par le gouvernement du Québec. Finalement, l assurance récolte (ou Agri-protection) couvre les risques climatiques (telles que la grêle ou le gel hâtif) et naturels (des catastrophes telles que la sécheresse ou les inondations) affectant les principales productions végétales. À travers ces différents programmes d assurance et de protection des revenus et d assurance récolte, l ensemble des valeurs assurées par la Financière agricole du Québec est de près de 4,8 milliards de dollars canadiens. L intervention de la FADQ se fait donc à plusieurs niveaux et en tenant compte du contexte particulier du secteur agricole au Québec, soit la contrainte de la petite superficie cultivée du territoire qui peut limiter l'accès à la propriété et les défis de la culture nordique. Nous agissons d une part, par le financement en permettant aux entreprises agricoles l'accès à un financement privé adéquat à un coût équitable, et ce, dans toutes les régions et tous les secteurs de production. Ensuite, notre intervention directe se situe réellement au niveau de la gestion des risques, en proposant de multiples solutions en réponse aux aléas auxquels les entreprises font face. Ainsi, l intervention de la FADQ assure la pérennité du secteur agricole. 4
En terminant, j aimerais profiter de cette occasion pour mentionner que la FADQ s est dotée, depuis maintenant six ans, d une filiale de développement international. À but non lucratif, cette entité a été créée pour partager notre modèle de gestion intégrée des risques agricoles. Nos projets les plus récents comprennent la réalisation d une étude de faisabilité pour de l assurance récolte dans les huit pays de l Union économique et monétaire ouestafricaine, le développement d une assurance climatique, de type indiciel, au Pérou, ainsi que le démarrage du Système de financement et d assurance agricole en Haïti (SYFAAH). Pour ce dernier projet, FADQDI et ses partenaires comptent sur un appui financier de 19 millions de dollars canadiens, de l Agence canadienne de développement international. Nos partenaires de mise en oeuvre du SYFAAH sont l Institut interaméricain de coopération en agriculture, qui travaille au renforcement des capacités techniques en agriculture et à l encadrement de l État d Haïti, et Développement international Desjardins, pour la professionnalisation du secteur financier et l encadrement de l accès au crédit. À ce jour, un fonds d assurance prêt agricole a été mis en place et un projet pilote d assurance récolte pour la production de riz irrigué est également en cours. Ces réalisations démontrent que des solutions de gestion des risques agricole peuvent être proposées dans différents contextes en tenant compte des réalités géographiques, climatiques et agroéconomiques propres à chaque pays. Je vous remercie pour votre écoute. C'est avec plaisir que j'approfondirai les thèmes abordés au cours de cette présentation lors de la période de discussion. 5