Les nouvelles pistes étudiées par les chercheurs dans le domaine de l alimentation des lapins



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Transcription:

PERSPECTIVES Analyses des Journées de la Recherche cunicole Le Mans 19-20 nov. 2013 Les nouvelles pistes étudiées par les chercheurs dans le domaine de l alimentation des lapins François LEBAS Directeur de Recherches Honoraire France Tunis 26 février 2014 1

Le but principal de cette rapide intervention est de faire un survol des communications en relation ave l alimentation de lapins et présentées lors des 15èmes journées de la recherche cunicole en France en novembre 2013. Des communications concernant l alimentation ont été présentées dans deux sections 1. Alimentation et Techniques d élevage 2. Le lapereau sous la mère 2

Equations de prévision de la concentration en énergie digestible et de la teneur en protéines digestibles des matières premières destinées à l alimentation des lapins (F. Lebas Association Cuniculture) A partir des valeurs contenues dans la base de données «Feedipedia» disponible gratuitement en ligne, l auteur a cherché à déterminer dans quelle mesure il est possible d évaluer la digestibilité d une matière première pour le lapin. www.feedipedia.org Les valeurs de composition chimique classiques, ainsi que la digestibilité chez le Lapin ont donc été relevées => Une matrice de 40 matières premières a été établie, avec au moins la composition chimique et la teneur en énergie digestible chez la lapin => La valeur de digestibilité des protéines est disponible pour seulement 37 de ces matières premières. 3

4

Coefficient de DIGESTIBILITÉ des PROTÉINES (% de digestibilité apparente globale) Équation 6 CUDLap = + 64,734 (P < 0,001) + 0,646 MAT (P < 0,001) + 2,170 CB (P < 0,001) + 0,414 NDF (P = 0,025) - 2,894 ADF (P < 0,001) ± 9,338 % R² = 0,825 Calcul basée sur la composition de 37 matières premières 5

Impact de la date de transition entre l aliment maternité et l aliment péri-sevrage : un levier d'action pour améliorer l'état corporel des lapines (Weissman et coll., Inzo) Le passage de l aliment de maternité à l aliment péri-sevrage a été fait soit 21 jours après la mise bas dans le lot J21 soit à 28 jours dans le lot J28. Tous lapereaux ont été ensuite sevrés à 35 jours Effet sur les lapereaux Lot Poids au sevrage Pertes 21-35 jours J21 970 g 0% J28 959 g 1,8% 6

Intérêt d une mise à jeun quotidienne pour améliorer les performances des lapins en engraissement (J. Duperray et coll. Evialis) Lapins en engraissement nourris à volonté ou rationnés de diverses manières de 36 jours (sevrage) à 71 jours (abattage) - aucun antibiotique utilisé A volonté 24h/24 Accès 14h/24 Rationné 80% 1 fois Rationné 80% 4 fois Mortalité 36-71 jours 0 0 0 3,3% * GMQ (g / jour) 44,7a 45,9b 39,9c 38,7d Indice de Consom. 3,36a 3,26b 3,07c 3,09c Le jeûne d au moins 10 heures des 2 lots 14h/24 et R80-1fois est favorable aux performances des lapins Note : pour le lot R80-1fois il faut élever les lapins 5 jours de plus pour avoir le même poids à la vente que le témoin à volonté 7

Ingestion restreinte et concentration énergétique de l aliment : Impact sur la santé, les performances des lapins (Kdudsen INRA et groupe expérimentation cunicole) Question : Faut-il utiliser des aliments ayant la même composition pour des lapins nourris à volonté et des lapins rationnés? => Comparaison d un aliment témoin T classique d engraissement-finition et d un aliment plus concentré en énergie et en protéines H, distribués à volonté ou rationnés à 80% T100% T80% H100% H80% Mortalité engr. 10,4% 7,9% 11,9% 9,1% Index Risque Sanit. 24,3% 17,0% 23,0% 18,4% GMQ g/jour 48,1 44,9 49,5 45,9 Indice de Consom. 3,39 3,08 3,00 2,73 8

Incidence de deux solutions à base de composants d huiles essentielles sur les performances de croissance, la flore et la qualité des viandes de lapin en engraissement (Giannenas et collab., Grèce) L objectif de cet essai était d évaluer les effets d une addition dans l aliment, de deux préparations commerciales à base d huiles essentielles ( CRINA Rabbit : produit A testé à 150-300 et 600 ppm dans l'aliment) et d huiles essentielles + acide organique (CRINA Poultry-Plus : produit B, testé à 300 et 600 ppm) sur les performances de croissance des lapins en engraissement, la flore digestive et la qualité des viandes Les auteurs trouvent des effets favorables lors de l utilisation des deux produits (il fallait s y attendre, ils en vendent ) Selon les auteurs le CRINA Rabbit, produit A, contient du thymol, de l'eugénol, du guaiacol (un précurseur de l'eugénol) et du m-crésol (un précurseur d'antiseptiques et de pesticides), mais sans aucune précision sur les concentrations présentes dans le produit testé. Les recherches bibliographiques conduites sur le Web n'ont fourni aucune indication sur la composition de ce produit, pas même le site du fabricant. 9

La composition précise du CRINA -Poultry-Plus par contre a été trouvée non dans la communication présentée ci-dessus ou sur le site de la firme, mais sur le site Internet de l'efsa (Agence Européenne de Sécurité Alimentaire : http://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/doc/2620.pdf - EFSA Journal 2012, 10 (3) 2620). Ce produit B contient non pas 4 substances actives comme indiqué dans la communication, mais 7 : acide benzoïque (83%), thymol ( 1.9 % ), eugenol ( 1 % ), benzylsalicylate (0.3 %), piperine (0.1 %), isoamylsalicylate (0.1 %) et trans-anethole ( 0.1 % ). En 2012 l'efsa n'a pas admis le produit «PoultryPlus» dans la liste des additifs agrées pour le poulet de chair en raison d'un manque d'information sur divers points touchant en particulier l'innocuité de certaines de 7 molécules le composant et de l'additif complet lui-même vis à vis de l'environnement, mais surtout parce que, selon le dossier qui lui a été fourni, il n'y a d'effet significatif favorable sur les performances zootechniques des poulets attribuable à l'usage de cet additif potentiel, que dans 1 essai sur les 8 présentés 10

Autre piste étudiée par les chercheurs, en marge de l alimentation stricte, celle des conditions d implantation de la flore digestive chez le lapereau encore au nid (Equipe INRA Toulouse) 1. Les études de comportement d allaitement ont montré qu au moment de l allaitement la mère lapine dépose 2 ou 3 crottes dures dans le nid de ses lapereaux, surtout entre 8 et 14 jours 2. Les lapereaux consomment une partie de ces crottes, ce qui accélère nettement l implantation d une flore digestive de type adulte (stable) 3. Si les lapereaux n ont pas accès à ces crottes, ils sont plus fragiles ensuite y compris pendant la période d engraissement Mortalité observée entre les âges de 14 et 35 jours puis entre 2 et 80 jours Témoin 2,4% 15,5% si retire crottes émises par la mère 3,2% 22,8% Si on les remplace par 3 fois plus de crottes fraîches fournies par d autres lapines 1,3% 9,3% Si les lapines fournissant ces crottes de remplacement recevaient des antibiotiques (tétracycline+tiamuline) 3,7% 13,2% 11

Dernière orientation, issue des travaux du dernier congrès mondial de 2012 Un apport de luzerne verte 1mois avant abattage modifie la composition des graisses des lapins (Dal Bosco et collab. Italie) Par rapport au témoin l addition de luzerne (40g / tête et / jour) donne une viande plus maigre : 1,19% vs 2,15% de lipides dans la viande fraîche Cela donne aussi une augmentation de la proportion de tous les acides gras de type oméga 3 dans ces lipides (C18:3 et à chaîne longue) ainsi qu augmentation de la teneur en oméga 3 totaux : 152 vs 105 mg d oméga 3 / 100 g de muscle (+ ~ 50%). 12

Merci pour votre attention Note : les résumés et les textes complets des communications présentées lors de journées de la recherche cunicole en novembre 2013 Au Mans, sont disponibles gratuitement sur le site Internet www.cuniculture.info 13