Sport, Santé et Préparation Physique N 49 Lettre électronique des entraîneurs du Val-de-Marne Février 2007 Université Paris 12 Conseil général du Val-de-Marne Sommaire de ce numéro : 1) PLACE ET ROLE DU DISCOURS EN PRÉPARATION PHYSIQUE 2) COLLOQUE SPORT SANTÉ 3) DIABETE INSULINODEPENDANT ET SPORT : COMPATIBLES, MAIS A QUELLES CONDITIONS? 1) PLACE ET ROLE DU DISCOURS EN PRÉPARATION PHYSIQUE : R. Ziane Le discours fait partie des outils pédagogiques utilisés par les entraîneurs. Cependant, mal employé, il peut desservir les pratiquants et leurs performances. Quels sont les rôles du discours en préparation physique? Quelle place accorder au discours? Comment faire du discours un outil pédagogique efficace? Rôles et limites du discours Pour s entraîner efficacement, sans perdre de temps et sans se blesser, les pratiquants ont besoin que leur entraîneur leur divulgue toutes les informations nécessaires et suffisantes. Pour conduire les entraînements et guider l apprentissage, les entraîneurs utilisent des explications, des descriptions, des consignes verbales et des encouragements. Leur discours est fondé sur leurs connaissances techniques, historiques et scientifiques. Ce discours vise à transformer les représentations mentales des pratiquants, c est-à-dire leur façon de voir les choses (techniques, difficultés ). Mais, les pratiquants n ont pas besoin de connaître immédiatement, systématiquement ou de façon détaillée : - tous les processus sous-jacents (physiologiques, biomécaniques ), - toutes les évolutions techniques et leurs variations. Il s agit là de préoccupations d entraîneurs, dont les buts, les attentes et les logiques diffèrent de ceux des pratiquants. Cependant, le besoin d information des pratiquants croît avec leur niveau d implication dans l activité. Il faut alors répondre de façon ponctuelle à ce besoin d information, sans "saturer" son auditoire, car : Trop de discours tue l activité physique. Place et caractéristiques du discours En début de séance, la prise en main du groupe permet de divulguer en une seule fois des informations qui concernent l ensemble des participants. Ceci implique de capter l attention de chacun.
Chaque nouvel exercice doit être précédé par une nouvelle prise en main. Mais, pour de ne pas faire baisser l intensité de l entraînement, il faut : - montrer ou décrire et expliquer le nouvel exercice, d abord une seule fois, en employant un vocabulaire simple et compréhensible de tous 1. Il est inutile de se répéter, de multiplier les exemples ni même de recourir à des explications scientifiques ou fondées sur la genèse de l activité. - introduire les nouvelles consignes une à une, si possible sans interrompre l activité physique des pratiquants, en particulier lorsque ces consignes ne concernent qu une minorité. - éviter les mots redondants (ok? d accord? compris?). En effet, une des principales dérives consiste à interrompre systématiquement le travail de tout le groupe. Une autre dérive, consiste à consacrer plus de temps aux explications qu à la pratique. Conclusion Les séances de préparation physique doivent d abord et surtout être l occasion de pratiquer des activités physiques. Lorsque le discours amène à interrompre la pratique de façon récurrente ou prolongée, c est : - soit, lors de phases de récupération programmées, pour introduire des explications, des consignes ou un nouvel exercice, - soit au détriment de l apprentissage, de l entraînement donc de la performance. Références : Bouthier, D., Griffet, J. & Coll. (1992). Représentation et action en activités physiques et sportives. CEDAPS/UFR-STAPS d Orsay. Ziane, R. (2006). L'abandon de l'activité sportive. Sport, Santé et Préparation Physique. Let. 38 : 2. 2) COLLOQUE SPORT SANTÉ Au-delà de la recherche de performances et de la passion qui nous anime, sommes nous vraiment en mesure de dire quels sont les impacts du sport sur notre santé? A l heure où les conséquences de la sédentarité et le vieillissement de la population constituent de véritables problèmes de santé publique, il semble utile pour nous aussi d être capable de répondre à cette question. Si l on considère que nombre de sportifs d aujourd hui auront peut-être à encadrer demain une activité physique et sportive à des fins de loisir ou de santé ; si l on considère qu il faudra être capable d avancer des arguments afin de convaincre ou de justifier des choix, alors, le contenu du colloque intitulé «La santé par le sport» organisé par le Comité Départemental Olympique et Sportif du Val-de-Marne le 20 janvier 2007 à Créteil intéressera certainement les sportifs et les entraîneurs. Nous vous présentons ici les thèmes qui ont été abordés en vous proposant à chaque fois des liens vous permettant d avoir accès aux résumés des interventions. 1 Le discours doit être adapté à l auditoire (enfants, adultes, débutants, spécialistes), tant sur le fond que sur la forme. Les descriptions, les explications et les consignes verbales doivent être claires.
Place de l'activité physique dans le traitement de l'asthme de l'enfant. Dr Chantal KARILA Hôpital Necker Paris Le sport : un outil de prévention et d'intégration pour l'enfant obèse. Thierry FAUCHARD Cadre technique FFEPMM La prévention des maladies cardiovasculaires. Dr J C VERDIER Equilibre et prévention des chutes. Thierry MAQUET Résultats d'une enquête sur la promotion de l'activité physique par les médecins généralistes du Val-de-marne. Pierre BILLARD La prévention des douleurs articulaires. Dr Pierre GARÇON Sport et diabète de type II : un exemple de programme de prévention. Thierry FAUCHARD Cadre technique FFEPMM Au bilan on retiendra que les effets bénéfiques de l activité physique sur la santé s exerceront à condition d être pratiquée sans excès et surtout de façon régulière. Pour cela, la notion de plaisir occupe une place centrale dans le choix des individus. Diabète insulinodépendant et sport : compatibles, mais à quelles conditions? R. Ziane Diabète et sport ont longtemps été considérés comme incompatibles. Mais, dans les années 50, le joueur de tennis Bill Talbert 2 a montré la voie de la compatibilité. 1 Qu est-ce que le diabète insulinodépendant? 2 Quels sont les complications et les traitements? 3 Quelles sont les effets de la pratique d activités physiques sur le diabète? Qu est-ce que le diabète insulinodépendant? Chez les personnes en bonne santé : 1 lorsque le taux de sucre dans le sang est trop bas (hypoglycémie) le pancréas 3 sécrète du glucagon. Cette hormone entraîne une libération de sucre dans le sang, par conversion du glycogène hépatique et musculaire ou des graisses de réserve. 2 lorsque le taux de sucre dans le sang est trop élevé (hyperglycémie), le pancréas sécrète de l insuline. Cette hormone rend les cellules adipeuses perméables au sucre, qu elles mettent en réserve sous forme de graisse. Chez les personnes souffrant de diabète sucré 4 insulinodépendant, le pancréas n est plus capable de sécréter suffisamment d insuline pour abaisser le taux de sucre dans le sang. 2 Bill Talbert : (1918-1999) a figuré 13 fois au top 10 USA entre 1941 et 1954. Vainqueur de la coupe Davis dans les années 50, il est le premier sportif de haut-niveau diabétique à avoir montré comment cette maladie pouvait être "surmontée". 3 Pancréas : C est une glande située derrière l'estomac. Elle participe : - à la digestion en sécrétant le suc pancréatique dans l intestin grêle, - à la régulation de la glycémie par la sécrétion de deux hormones antagonistes, l'insuline (hypoglycémiante) et le glucagon (hyperglycémiante). 4 Diabète sucré : Il en existe deux types : - type I ou diabète insulinodépendant. Il concerne plutôt les enfants et les jeunes. - type II, dit non-insulinodépendant, également appelé diabète gras (excès de poids).
Traitements et complications Dans ce cas, l élévation anormale de la glycémie doit être ajustée par une injection d insuline. C est vital. Mais, des crises d hypoglycémie peuvent se produire à cause : 1 d une erreur diététique (part insuffisante de glucides), 2 d une prise excessive d insuline, 3 d un effort physique épuisant. A terme, le diabète méconnu ou mal soigné peut entraîner des complications : 1 perte de la vue par atteinte de la rétine, 2 neurologiques (convulsions, confusion mentale, épisode de paralysie, coma.), 3 insuffisance rénale, 4 altération macro et microvasculaires (lésions des extrémités dont les orteils 5 ). Actuellement, la pompe à insuline permet d'obtenir un bon contrôle de la glycémie. Elle est considérée comme la meilleure défense contre les complications à long terme. Ci-contre : pompe à insuline. (Image extraite de : www.parlonsdiabete.com) Effet de la pratique d activités physiques La pratique d activités physiques : 1 augmente considérablement le besoin en sucre des cellules, provoquant une baisse de la glycémie, 2 permet ainsi de diminuer les doses d'insuline. La pratique d une activité physique peut ainsi être une aide quotidienne du diabétique. C est à partir de cette idée que Bill Talbert a su maîtriser son diabète. Les exercices réalisés en endurance aérobie seraient les plus efficaces. L activité physique retarderait et même empêcherait l'apparition de certains diabètes non-insulinodépendant. Restrictions La pratique d activités physiques nécessite impérativement un suivi médical et un autocontrôle de la glycémie avant et après l'exercice pour éviter les crises d hypoglycémie. Certains sports ne doivent pas être pratiqués : les sports violents (sport de combat, rugby), ceux pratiqués en compétition, en altitude (alpinisme) ou en profondeur (plongée). L idéal est une activité d endurance pratiquée de façon régulière en termes d horaire, de durée et d intensité : cyclisme, course à pied, ski de fond. Ceci permet de mieux connaître et gérer ses réactions à l effort. Diététique du diabétique Elle consiste entre autre en une quasi-éviction des aliments susceptibles d entraîner une hyperglycémie, c est-à-dire ceux dont l index glycémique 6 est élevé : sucre, sucrerie, gâteaux, sodas. Mais, chez les diabétiques, les glucides à faible index glycémique doivent quand même représenter 45 à 50% des calories apportées par l'alimentation. Conclusion La pratique d activités physiques diminue fortement les besoins en insuline des personnes diabétiques. Une musculature entraînée et développée est significativement plus apte à 5 Ces lésions s accompagnent alors d un risque élevé de gangrène, dont l issue est l amputation. 6 Ziane, R. (2004). Index glycémique et hypoglycémie réactionnelle. Sport, Santé et Préparation Physique. Let. 22 : 4.
consommer et à stocker du glucose en cas d hyperglycémie et à en libérer en cas d hypoglycémie. Les diabétologues préconisent la pratique, 3 fois par semaine, de 30 à 45 minutes d activités d'endurance : vélo, natation, course à pied. L'entraîneur sportif doit s'attendre, à ce qu un jour ou l'autre, un élève diabétique fasse une crise d'hypoglycémie. Les signes sont une sudation importante, une malaise voire des convulsions. Aussi, l entraîneur doit s assurer que de tels pratiquants ont sur eux le morceau de sucre qui pourra les sauver. Références Guillet, R. & Genéty, J. (1973). Abrégé de médecine du sport. Editions Masson. Mirouze, J. & Renard, E. (2004). Diabète. In Encyclopedia Universalis. Mérignac. Coordinateurs SSPP : Thierry Maquet : Université Paris 12 thierrymaquet@tele2.fr Philippe Gérard/Corinne Bouvat : Service départemental des Sports - Conseil général du Val-de-Marne - 2, rue Tirard - 94000 Créteil - Tél. 01.43.99.73.92 / Fax : 01.43.99.73.96 / e-mail : sds@cg94.fr