CREDIT D IMPOT RENOVATION ENERGETIQUE: Une mesure coûteuse pour le budget de l Etat et inefficace pour l environnement. Mercredi 28 octobre 2015



Documents pareils
COALITION FRANCE POUR L EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

AU SOMMAIRE DU DOSSIER DE PRESSE

Financez vos travaux d économies d énergie : l éco-prêt à taux zéro

La Région met en œuvre un prêt bonifié pour la rénovation énergétique des logements

Fiscalité environnementale

Contribution des industries chimiques

Améliorer la performance énergétique, les aides de l'état

Bilan thermique et social simplifié

N O R D - P A S D E C A L A I S

Bilan thermique et social simplifié

Conférence de presse

Rénovation énergétique des logements : la piètre performance des professionnels impose une reconstruction du système

Transition énergétique : l expérience de l Allemagne

V- Conclusion: La relation Marché / Emploi / Formation Prévision à l horizon 2014

Loi de finances pour 2015 Aides à la rénovation énergétique des bâtiments

NOTE A L ATTENTION DE MONSIEUR LE FORMATEUR. Aspects financiers

APPEL à MANIFESTATIONS D INTERET (AMI) INVESTISSEMENTS D AVENIR EDITION 2010

Rénovation énergétique : Comment anticiper la précarité énergétique des copropriétés? Pierre-Manuel PATRY Directeur Technique SENOVA

en rénovation habitat Qualifications et certifications RGE Comprendre

PRÉSENTATION DE L OFFRE D ENERGIES POSIT IF

PLAN DE RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DE L HABITAT

LES AIDES DISPONIBLES POUR AMELIORER SON LOGEMENT DRAGA- ARDÈCHE

COALITION FRANCE POUR L EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

DE RENOVATION? GUIDE DES AIDES FINANCIÈRES 2015 VOUS AVEZ UN PROJET. Confort amélioré Economies d'énergie Patrimoine valorisé

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : DE NOUVELLES DISPOSITIONS POUR DYNAMISER LE DÉVELOPPEMENT DU CHAUFFE-EAU SOLAIRE EN MARTINIQUE DOSSIER DE PRESSE

En MIDI- PYRENEES SOIREE DREAL LES AIDES. Quercy Energies

COUVERTURE ET ÉTANCHÉITÉ

RESEAUX DE CHALEUR FLEXIBILITE ENERGETIQUE ET DEVELOPPEMENT

RGE FAITES FINANCER VOS TRAVAUX!

Le coût des politiques climatiques. Double dividende ou coûts excessifs?

Mobiliser les copropriétés face au défi énergétique. Yoann Girbeau, Chargé de mission Energie Climat, ALEC SQY

L ÉNERGIE EN MAYENNE. Citoyens Responsables associatifs Élus locaux Usagers. Acteurs. de la transition énergétique. en Mayenne

Financement de la réhabilitation des logements

Jean-Yves RICHARD ADEME

Une proposition pour financer l investissement bas carbone en Europe

Comprendre la réglementation thermique 2012 (RT2012)

Synthèse n 16, Février Financement de la croissance verte et orientation de la création monétaire

Conseil Interrégional des Chambres des Métiers de la GR 2

Le Plan de Rénovation Énergétique de l Habitat Réunion de présentation du 19 juin 2014 Arrondissement de Libourne - DDTM de la Gironde

Choisir un professionnel compétent

habitat RÉNOVATION Quelles qualifications et certifications RGE pour quels travaux? Comprendre

Evolution du mix électrique en France - Qui paiera?

Consultation sur le livre blanc du financement de la TEE Préparation de la conférence bancaire et financière : Contribution de la Caisse des Dépôts

«ÉCO-SOLIDAIRE» LE DISPOSITIF LA RÉUNION, ILE SOLAIRE ET TERRE D INNOVATION PLUS D UN MILLIER DE FOYERS RÉUNIONNAIS BÉNÉFICIAIRES

Le financement de la réhabilitation thermique des bâtiments

Une stratégie Bas Carbone

Ce dispositif fiscal, mis en place en 2005, est en vigueur jusqu'en 2016.

Economies d énergie Rénovation thermique des bâtiments

Les crédits nouveaux à l habitat des ménages : les tendances à mi 2014

ÉCO-RÉNOVER EN TOUTE SIMPLICITÉ

Les aides pour les sociétés civiles immobilières

HABITER MIEUX DANS LE GRAND NANCY juin 2011 ~ juin 2014

QU EST-CE QU UN CHAUFFE-EAU THERMODYNAMIQUE?

logements rénovés par an d ici à 2017, selon l objectif du plan de rénovation énergétique de l habitat. Source : ministère du Développement durable

Investissez dans la 1 ère SCPI qui conjugue immobilier d entreprise et développement durable

Comment mobiliser les copropriétaires et financer de gros travaux

TRAVAUX DE PLOMBERIE SOMMAIRE

RÉNOVATION ET ENTRETIEN DU PARC DE LOGEMENT SOCIAL ET RÉGION WALLONNE: BESOINS EN FINANCEMENT

Analyse de la position allemande

Simplifiez-vous la rénovation énergétique avec Énergies POSIT IF

SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES D AVENIR

Crédit d impôt et Livret de Développement Durable. Deux outils pour financer les projets d amélioration de la performance énergétique des logements

Résidence des Badinières

Incitations à l acquisition de véhicules neufs moins polluants en 2014

Les instruments économiques de protection de l environnement. Prof. Bruno Deffains, bruno.deffains@u-paris2.fr. Sorbonne Université

INSTALLATION D ÉQUIPEMENTS THERMIQUES ET DE CLIMATISATION

TROIS ASPECTS DE LA COMPARAISON ALLEMAGNE-FRANCE SUR L ELECTRICITE

DOSSIER DE PRESSE Borne électrique test. Installation de la 1 ère borne de rechargement électrique test à Arras

BLEU CIEL D EDF, L EXPERTISE D EDF AU SERVICE DES ÉCONOMIES D ÉNERGIE

LA RENOVATION ENERGETIQUE. atelier o

DELIBERATION DU CONSEIL REGIONAL

ENJEUX ENERGETIQUES. Le Monde et la France. L énergie dans les territoires

Comparaison des enjeux énergétiques de la France et de l Allemagne

Gérard COLLOMB et ses équipes sont à l écoute de vos sollicitations et de vos demandes, car la Ville de demain se construit évidemment avec vous.

Le bois, la première des énergies renouvelables

Comment optimiser la performance énergétique de son logement?

Avis d Energie-Cités. Cette proposition est disponible sur :

Production électrique : la place de l énergie éolienne

Analyse du processus de décision des propriétaires rhônalpins en matière de rénovation énergétique :

Classification des actions d efficacité énergétique

Objectif. La capacité de l appareil de production à répondre à la demande. La demande client en matière d éco-rénovation.

La rénovation énergétique des logements collectifs à chauffage collectif. Performance et potentiel des systèmes de chauffage à eau chaude

Impôts TVA à 5,5% ou 10% - Travaux dans les logements de plus de 2 ans. particuliers. professionnels du bâtiment

livret d éd épargne bancaire. Taux de rémunr

Appuis de l ADEME à la Transition Energétique dans les Transports

La transition énergétique du secteur du bâtiment

Mesures évaluées % %

PIG Programme d Intérêt Général Communauté de Communes Les Hauts du Lyonnais. Réunion Publique du 27/06/2013

ATELIER PARISIEN D URBANISME. Le parc de bureaux parisien et son potentiel de transformation

Que nous enseigne la base de données PAE?

R. A. A. Bébian. Mimographie, ou essai d écriture mimique. París, 1825

BÂTIMENT DURABLE. Région RHÔNE-ALPES. L actualité trimestrielle du développement durable sur les marchés du bâtiment N 02 - DECEMBRE

La perspective de «windfall profits» (profits indus) pour les électriciens allemands

Intégrez les enjeux énergie-climat dans vos documents d'urbanisme

L énergie en France et en Allemagne : comparaisons

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

que devez vous savoir avant le 26/09/2015?

Questions fréquemment posées au sujet de la sortie du nucléaire en Allemagne

Travaux d amélioration de la performance énergétique dans les bâtiments existants ( )

La transition énergétique en France et en Allemagne

Transcription:

CREDIT D IMPOT RENOVATION ENERGETIQUE: Une mesure coûteuse pour le budget de l Etat et inefficace pour l environnement Mercredi 28 octobre 2015

Rénovation énergétique : enjeu majeur de politique environnementale Parc de logements : un impact environnemental non négligeable 30% de la consommation d énergie totale, juste derrière le transport 12% des émissions de CO2 Performance énergétique du logement : un gouffre économique pour les ménages 85% du parc de logement soit 23,4 millions de logements ont une performance énergétique médiocre, voire déplorable. Augmentation des prix de l énergie de 29% depuis 2005 avec une facture moyenne de 1697 /an. D ambitieux objectifs environnementaux pour le secteur résidentiel(loi de Transition énergétique) 87% de diminution des gaz à effet de serre d ici à 2050 28 % de réduction de la consommation d énergie d ici à 2030 2

Travaux de rénovation énergétique : un marché stagnant et des opportunités inexploitées Un marché de la rénovation énergétique qui ne progresse pas durablement Après avoir progressé jusqu à 15,1 milliards d en 2008, les dépenses de rénovation énergétique sont redescendues en 2013 à leur niveau de 2006 (12,8 milliards d ). Des opportunités de rénovation pas toujours concrétisées En 2013, dans 42% des cas où des travaux auraient pu s accompagner d une amélioration énergétique, cette occasion n a pas été saisie. Exemple: refaire l étanchéité d une toiture sans en réaliser l isolation 3 Au vu de ces éléments, à quoi a bien pu servir le crédit d impôt (créé en 2005), pilier de la politique publique d incitation à la rénovation? L UFC Que Choisir a décidé de se pencher aujourd hui sur ce dispositif

1 er grief :Crédit d impôt : pas de stimulation Crédit d impôt : un outil coûteux sans effet d entraînement sur les ménages Entre 2006 et 2008, une croissance du marché de l efficacité énergétique portée par un contexte favorable (campagnes d information, Grenelle de l environnement) et des aides massives(6,6 milliards d de CIDD en 3 ans) Depuis 2009, malgré une baisse de 73% du crédit d impôt, les dépenses réelles des ménages(hors compensation du crédit d impôt) restent relativement stables (-1%)endépitdelacrise. 4 Malgré 15,6 milliards d de crédit d impôt entre 2005 et 2013, les dépenses réelles des ménages semblent insensibles à la stimulation fiscale

2 ème grief : voire un risque d inflation Le prix moyen des travaux suit l évolution du crédit d impôt Entre 2006 et 2008 : le prix moyen des travaux de rénovation énergétique augmente de 1 500, avec la montée en puissance du CIDD Entre 2008 et 2013 : le prix moyen des travaux baisse de 1 600 avec la diminution du CIDD sans se traduire dans l ampleur des projets L augmentation du CIDD et du prix moyen des travaux n a fait passer le nombre de rénovations «abouties» que de 3% à 5% du total. 5 L augmentation du prix moyen des travaux entrainée par le crédit d impôt ne se retrouve pas dans l ampleur des rénovations

1 ère cause :Un crédit d impôt inadapté à la population cible Un dispositif trop complexe pour 50 % des ménages effectuant des travaux Le crédit d impôt a été modifié 7 fois en 10 ans (évolution de taux, équipements éligibles, modalités) Seulement 1 ménage sur 2 a eu connaissance du crédit d impôt avant le début des travaux. Une mesure inefficace pour les biens en location Près d un logement sur deux (42%) est en location, avec une performance énergétique en moyenne plus dégradée Le dispositif n est pas adapté à ces logements : moins de 1% des locations en ont bénéficié. 6 Connu de seulement 1 ménage sur 2, inadapté aux biens en location, le crédit d impôt ne permet pas d influer sur une grande partie du parc de logements

2 ème cause:un crédit d impôt qui ne donne pas le cap de la rénovation vertueuse Un crédit d impôt qui n oriente pas vers les investissement pertinents Part dans les dépenses de rénovation des ménages Origine des pertes thermiques d un logement non rénové Isolation 34% 57% à 75% Fenêtres 41% 10% à 15% «L effet plancher» du crédit d impôt Moins d une fenêtre installée sur deux (45 %), en 2014, avait une performance thermique satisfaisante. Seulement 8 % des consommateurs allaient audelà des performances minimales pour obtenir le CIDD(Uw<1,2). Parson «effetplancher», le créditd impôt incite à choisir des produits tous juste assez performants pour être éligibles. 7 Non basé sur la performance globale atteinte, et insuffisamment sur la performance réelle des équipements installés, le crédit d impôt a un effet pervers : une incitation au minimum

Le cas allemand : un dispositif incitatif tourné vers la performance globale de la rénovation Financement par la banque publique KfW Permet de prêter aux consommateurs à des taux très attractifs sans coût pour l Etat. Accompagnement des travaux de rénovation énergétique Avant travaux : une évaluation du niveau de performance du projet pour bénéficier des aides. Après travaux : contrôle de la réalisation des travaux et certification du niveau de performance énergétique atteint Un financement et des aides corrélés à la performance atteinte et non aux équipements installés pour mieux inciter les ménages. En Allemagne, une multiplication par 3,5 des investissements depuis 2006 et quasiment 200 000 logements rénovés en «basse consommation» par an alors que la France peine avec seulement 15 000 logements recensés par an 8

Les demandes de l UFC Que Choisir Dans le cadre de l examen en cours du projet de loi de Finances pour 2016, l UFC- Que Choisir demande aux parlementaires: L instauration d un crédit d impôt progressif (en taux et en niveau), basé sur la performance thermique atteinte après travaux et non plus sur les équipements installés. La création d'une complémentarité entre l Eco-prêt et le CITE afin que tous les consommateurs qui réalisent une rénovation énergétique lourde de leur logement puissent cumuler le CITE et l Eco-prêt, là encore en fonction de la performance atteinte. Plus largement, et notamment au vu des nombreux litiges traités par nos associations locales, l UFC Que Choisir demande que les assertions en termes de performance soient une obligation de résultat pour les professionnels. 9