L OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES

Documents pareils
L OBSERVATOIRE DES CRÉDITS AUX MÉNAGES. Tableau de bord. 25 ème rapport annuel. Michel Mouillart Université Paris Ouest 29 Janvier 2013

L OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES

LES ENSEIGNEMENTS DE L OBSERVATOIRE DE L ENDETTEMENT DES MENAGES. LES CREDITS DE TRESORERIE AUX PARTICULIERS EN FRANCE

L assurance-emprunteur

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

LES FACTEURS DE FRAGILITE DES MENAGES

LES CONDITIONS D ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES DES MÉNAGES VIVANT SOUS LE SEUIL DE PAUVRETÉ

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord trimestriel 2 ème Trimestre 2014

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord trimestriel 1 er Trimestre 2013

Le 4 ème trimestre 2014 et les tendances récentes

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES. L assurance-emprunteur

[ les éco_fiches ] Situation en France :

Motards et Scootéristes, le paradoxe : Un sentiment croissant d insécurité sur la route, mais toujours des prises de risque

Les ménages et le crédit

LA BANQUE DES PARTICULIERS ET DES ENTREPRISES

OBSERVATOIRE UFF / IFOP DE LA CLIENTÈLE PATRIMONIALE

LE PASS-TRAVAUX. Edition Le prêt PASS-TRAVAUX concerne principalement les propriétaires, seuls 2% des bénéficiaires étaient locataires en 2007.

L ASSURANCE EN LIGNE. Etat des lieux et prospective

Panorama du Crédit à la Consommation de SOFINCO. Les Seniors & le Crédit à la Consommation

NOTE DE CONJONCTURE DE L ARTISANAT

Le Comité de Bâle vous souhaite une belle et heureuse année 2013 Adoption du ratio de liquidité LCR

Baromètre PME Wallonie Bruxelles : Quatrième trimestre 2013

PREVISIONS A 6 MOIS DES ACQUEREURS. Revue de presse Mars 2014

Crédit à la consommation, un bon outil pour la rentrée?

Les dépenses et la dette des ménages

À quoi sert une banque?

CONJONCT URE. +1 point. Intentions de recrutements de cadres : entre prudence et reprise de confiance

Le Baromètre de l économie. BVA - BFM - La Tribune - The Phone House

MIEUX CONNAÎTRE L ÉVOLUTION DE LA QUALITÉ DE LA CONSTRUCTION GRĀCE AU TABLEAU DE BORD SYCODÉS CRÉÉ PAR L AQC

Les micro-entrepreneurs, les travailleurs non-salariés, la crise et l assurance

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord mensuel. Janvier 2015

3C HAPITRE. 56 Les actifs financiers des résidents 58 Les passifs financiers des résidents 62 La masse monétaire et ses contreparties

Le présent chapitre porte sur l endettement des

Baromètre 2010 Publi-News - Solucom de la relation banque / client LES ENQUÊTES SOLUCOM. The power of simplicity. Juillet 2010

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

Panorama 2004 du véhicule d entreprise et de la mobilité automobile professionnelle

Le système bancaire dans la crise de la zone euro. par Michel Fried* (Synthèse de l exposé fait au CA de Lasaire du 21/06/2012)

L assurance française : le bilan de l année 2012

AVIS DU CESER Séance plénière du 14 novembre 2014

SOMMAIRE. Réalités REVUE DE L UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES. Refuser la spirale du surendettement, Hubert Brin, Président de l UNAF...

MES PROJETS. Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager.

Un climat des affaires conforté

LE CRÉDIT A LA CONSOMMATION Au-delà des idées reçues

Complémentaire Santé. Assurance Santé, Prévoyance, Retraite : risques perçus, risques assurés

Les Français et les nuisances sonores. Ifop pour Ministère de l Ecologie, du Développement Durable et de l Energie

Situation financière des ménages au Québec et en Ontario

conseils de gestion budgétaire tout simples pour vous aider à améliorer votre situation financière

BAROMÈTRE DE L ÉCONOMIE NUMÉRIQUE

Les Français et le pouvoir d achat

Observatoire de la performance des PME-ETI

Publication de comptes financiers du secteur privé non-financier

Internet modifie la relation des Français. ais à leurs banques. Présentation du 12 janvier 2010

En 2010, le ménage guadeloupéen recourt moins au. Endettement des ménages guadeloupéens : Faible recours aux crédits à l habitat

NOTE DE CONJONCTURE DE L ARTISANAT EN HAUTE-NORMANDIE SOMMAIRE. Décembre N 6

8 èmes Rencontres de l Épargne Salariale

Bientôt plus d'1 Français sur 10 client d'une banque en ligne.

Protection du budget. Prévoyance

CECOP. Centre d études et de connaissances sur l opinion publique LES FRANCAIS ET LEUR RETRAITE. Une enquête CECOP/CSA pour Le Cercle des épargnants

Pratiques et besoins de financement des entreprises artisanales

Protection des renseignements personnels, publicité ciblée et médias sociaux : Ampleur du problème : certaines observations déconcertantes

Monnaie, banques, assurances

«Regroupement de crédits : halte aux idées reçues» C O N F E R E N C E D E P R E S S E, 1 7 d é c e m b r e

Très légère hausse de la confiance des chefs d entreprise en février

Remarques d Ouverture par M. Mohammed Laksaci, Gouverneur de la Banque d Algérie, Président de l Association des Banques Centrales Africaines

I N V I T A T I O N Cycle de formation

Observatoire des courtiers d assurance. Point 0 - Avril 2011

Malgré une image des banques entachée par la crise, les Français restent très attachés à leur agence bancaire

Les Français, l épargne et la retraite Enquête 2011

Le marché immobilier de bureaux en Ile-de-France 4 ème trimestre Accelerating success.

Evaluation Agi Son Agi son Evaluation de la campagne de sensibilisation aux risques auditifs liés à l écoute de musiques amplifiées

CMP-Banque, une banque municipale et sociale

Guide du crédit à la consommation

Les placements des organismes d assurance à fin 2012

Les actifs financiers les plus couramment

Investissements et R & D

La crise de Lionel Artige. Introduction à la Macroéconomie HEC Université de Liège

Un moyen de limiter les risques

L analyse des marchés immobiliers par Crédit Foncier Immobilier sur les 9 premiers mois de 2013

OBSERVATOIRE DU REGROUPEMENT DE CREDITS - Sondage PollingVox pour Bourse des Crédits -

QU EST-CE QU UNE BANQUE? 2 E PARTIE Les banques et la crise financière

Mesure du surendettement en Europe

Mise à jour risque pays

Etat des lieux du crédit à la consommation en France

L OBSERVATOIRE LCL EN VILLE - RÉALISÉ PAR BVA L ÉCONOMIE DU PARTAGE, ZOOM SUR LES JEUNES URBAINS. Juin 2014

LE DOLLAR. règne en maître, par défaut

Focus sur les politiques publiques de l épargne en France

LA BALANCE DES PAIEMENTS

Structure de l épargne et croissance Olivier Davanne

b ) La Banque Centrale Bilan de BC banques commerciales)

Les Français et la banque en ligne

L endettement chez les jeunes Rapport final

A 13,3 jours, les retards de paiement des entreprises françaises sont au plus haut depuis dix ans.

UN 1 ER SEMESTRE EN DEMI-TEINTE

les travailleurs non-salari

Qu est-ce que la croissance économique? Quels sont ses moteurs?

Dans la plupart des économies avancées, les prix immobiliers ont fortement

Maîtriser son endettement

Transcription:

25 ème rapport annuel L OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES Tableau de bord présenté par Michel MOUILLART Professeur d Economie à l Université Paris Ouest - Mardi 29 janvier 2013-1

Les faits marquants en 2012 : une détention des crédits en recul, dans un environnement peu favorable. En 2012, le taux de détention des crédits est descendu à 48,6 %. L année 2012 a été affectée par la crise des dettes souveraines. Et les ménages ont révisé leurs projets de consommation, comme ils l avaient annoncé à la fin de l année 2011. D autant que sous l effet de la loi Lagarde, ils ont continué de réduire leur utilisation des crédits renouvelables. Néanmoins, le taux de détention des crédits immobiliers a progressé, tiré par l accession à la propriété. En effet, comme en 2008, alors que les flux de l accession se sont effondrés, la part des ménages détenant des crédits pour l accession a continué à augmenter, bénéficiant avec retard de la forte remontée du nombre des accédants constatée en 2011. La dégradation rapide de l économie et de ses perspectives a en outre affecté les ménages qui recourent aux crédits : l appréciation qu ils portent sur leur situation financière s est de nouveau dégradée et ils se sentent moins à l aise avec leur budget que par le passé. Aussi, pour la 2 ème année consécutive, les ménages estiment que le poids de leurs charges de remboursement s est alourdi. Les ménages sont moins confiants dans l'avenir, ils hésitent à recourir au crédit immobilier : fin 2012, 4,1 % des ménages déclaraient avoir l intention d en souscrire un dans les six prochains mois. La demande de crédits immobiliers, après avoir reculé de 30 % depuis 2007, reste donc à très bas niveau. Il en est de même des intentions de recours aux crédits à la consommation : elles diminuent pour la 5 ème année consécutive pour se fixer à 3,5 %, contre 5,1 % en 2007. 2

Le taux de détention des crédits à la consommation a nettement reculé en 2012, plus fortement que lors de la crise des années 2008-2009 : il s établit à 27,6 %, au plus bas depuis le début des années 2000. La diffusion des «cartes» de magasin a encore reculé à 5,8 % des ménages, comme celle des crédits directement contractés sur le lieu de vente à 6,2 %. Et dans un environnement dégradé (crise économique, dispositions de la loi Lagarde), les ménages ont aussi réduit leur recours aux crédits à la consommation contractés auprès d une banque ou d un organisme de crédit. Les ménages abandonnent des projets de consommation durable et certaines de leurs dépenses courantes. Le taux de détention des crédits immobiliers s est encore accru, à 31,4 % : la part des ménages détenant des crédits afin d accéder à la propriété a progressé pour s établir à 23,7 %. 25 20 15 10 23,6 22,1 22,1 21,2 21,1 20,7 21,4 21,3 20,0 17,5 18,1 18,3 18,8 18,8 19,1 19,419,0 19,2 17,2 16,5 17,2 18,4 11,6 12,0 12,0 11,9 12,4 11,9 11,8 12,5 11,7 11,1 11,8 21,0 17,2 10,4 5 0 Immobilier Consommation Les deux 4

Les crédits à la consommation servent principalement à réaliser des projets d équipement (auto, moto, équipement ménager, travaux) : en 2012, ces usages concernent 92,4 % des ménages qui utilisent des crédits à la consommation, comme en 2009. 60 57,4 59,9 54,0 Depuis 2009, le taux de détention des crédits à la consommation recule. L usage de ces crédits pour financer des véhicules automobiles, des motos ou des biens d équipement de la maison a diminué fortement. Et dans une moindre mesure, le financement de dépenses moins essentielles pour le ménage (des loisirs, des vacances ou des placements financiers). 2009 2010 2011 2012 40 20 0 23,3 24,6 20,9 14,2 11,7 13,8 11,4 11,2 9,6 3,5 3,6 3,2 3,6 2,6 3,0 2,5 1,7 1,8 Part des ménages détenant des crédits à la consommation qui financent ce type de dépenses (en % des ménages avec crédit(s) à la consommation) 5

Depuis le déclenchement de la crise des dettes souveraines, le sentiment des ménages détenant des crédits sur leur situation financière continue de se dégrader : après un décrochage prononcé en 2011, la part des ménages qui estiment que leur situation financière s est récemment détériorée augmente encore un peu en 2012. 8,8 % considèrent qu elle s est nettement dégradée (8,8 % en 2011) 38,0 % qu elle s est un peu dégradée (37,2 % en 2011) 43,5 % qu elle s est stabilisée (42,8 % en 2011) 9,7 % qu elle s est améliorée (11,2 % en 2011) Mais en 2012, la part de ceux qui considèrent que leur situation financière s est nettement dégradée reste inférieure au niveau qu elle avait atteint lors du déclenchement de la crise des années 2008-2009. 100% 80% 60% 40% 20% 0% 4,0 4,7 6,2 6,8 6,4 6,0 9,1 10,4 7,9 6,8 8,8 8,8 23,1 25,0 28,8 27,8 30,4 26,8 31,4 35,4 33,6 38,3 37,2 38,0 52,9 50,8 47,6 49,2 46,3 51,4 44,7 39,4 45,3 48,1 42,8 43,5 20,0 19,5 17,4 16,2 16,9 15,8 14,8 11,9 11,4 11,5 11,2 9,7 Nettement dégradée Un peu dégradée Stabilisée Améliorée 6

La détérioration de la situation financière et budgétaire des ménages provoque une nouvelle érosion du sentiment qu ils expriment sur le poids de leurs charges de remboursement. 4,9 % beaucoup trop élevé (3,8 % en 2011) 10,2 % le considèrent trop élevé (10,5 % en 2011) 35,9 % élevé mais supportable (36,2 % en 2011) 49,0 % le considèrent comme supportable ou très supportable (49,5 % en 2011) Mais 84,9 % des ménages qui détiennent des crédits estiment toujours que leurs charges de remboursement sont supportables. La situation des ménages qui recourent au crédit ne s est pas dégradée du fait du recours au crédit ou des conditions de crédit qui leur sont faites, mais en réponse à la détérioration de l environnement général constatée depuis deux ans. 100% 80% 60% 40% 20% 0% 59,1 58,2 57,5 55,0 51,4 52,9 48,8 50,9 50,5 52,1 49,5 49,0 28,0 28,7 30,2 31,2 34,5 33,3 33,3 33,7 33,9 34,1 36,2 35,9 9,0 9,2 8,1 9,4 9,8 9,3 11,7 10,5 10,7 9,3 10,5 10,2 3,9 3,8 4,2 4,4 4,3 4,5 6,2 4,9 4,9 4,5 3,8 4,9 Supportable ou très supportable Elevé mais supportable Trop élevé Beaucoup trop élévé 7

Les intentions de recours au crédit dans les mois à venir : stabilisation à bas niveau pour les crédits immobiliers, et pour la demande de crédits à la consommation. 6 5 4 5,0 Intentions de souscrire un crédit immobilier 6,0 5,8 5,5 5,6 5,3 4,9 4,9 4,8 4,8 4,0 4,1 7 5 5,3 Intentions de souscrire un crédit consommation 6,1 5,1 5,0 4,8 4,6 4,5 4,6 4,4 4,1 3,6 3,5 3 3 Dans les 6 prochains mois, 4,1 % de l ensemble des ménages envisagent de souscrire un crédit immobilier. La demande est toujours indécise, compte tenu du contexte macroéconomique. Pour la 2 ème année consécutive, l Observatoire constate un niveau d intentions particulièrement bas. 3,5 % de l ensemble des ménages envisagent de souscrire un crédit à la consommation. La demande semble se stabiliser à bas niveau, après 4 années consécutives d une baisse sans précédent depuis le début des années 2000. Les ménages restent très inquiets face aux perspectives économiques des prochains mois. 8

En conclusion En 2012, le taux de détention des crédits est descendu à son plus bas niveau depuis 1989, à 48,6 %. Le recours au crédit reste pourtant un élément décisif de réalisation des projets, tant immobiliers que de consommation. Et ces utilisations s inscrivent le plus souvent dans une logique de projet. Néanmoins, depuis le déclenchement de la crise des dettes souveraines, les ménages confirment leur très grande prudence. Et ils envisagent, comme en 2011, de limiter le recours à de nouveaux crédits : 3,5 % des ménages déclarent avoir l'intention de souscrire un crédit à la consommation dans les 6 premiers mois de 2013 et 4,1 % des ménages envisagent de souscrire un crédit immobilier. Jamais, depuis 1989, les ménages n avaient été aussi peu nombreux à envisager de s engager sur des investissements immobiliers ou des dépenses de consommation durable. L érosion de l appréciation qu ils portent sur leur situation financière et budgétaire vient en outre altérer leur rapport aux charges de remboursement des crédits contractés. Alors que les conditions de crédit s améliorent, le poids ressenti et exprimé des charges s alourdit. Pour autant, la part des ménages qui estiment que ces charges de remboursement sont supportables reste élevée : à 84,9 %, donc juste un peu en dessous du niveau annuel moyen constaté depuis le début des années 2000. 9