Dakar : L activité autogérée de E-CHANGER a été un succès C est sur le thème de la coopération solidaire et des apprentissages réciproques entre les acteurs sociaux du Sud et du Nord que s est déroulée la table ronde organisée à Dakar dans le cadre du Forum Social Mondiale le mardi 8 de février par E-CHANGER en collaboration avec deux partenaires: le MST /Brésil et la Marche Mondiale de Femmes de Burkina Faso Devant un public de plus de quarante personnes, cinq intervenants de qualité ont posé leur regard sur le potentiel que les approches, les expériences et les stratégies de développement nées au Sud peuvent représenter pour une coopération plus solidaire et plus efficace entre partenaires du Nord et du Sud. Awa Ouedraogo, responsable de la Marche Mondiale des Femmes, partenaire de E- CHANGER (E-CH) a tout d abord souligné l importance de l écoute mutuelle entre partenaires qui constitue une condition indispensable pour appréhender de façon optimale les souhaits et les visions de l autre. Elle a en outre insisté sur la qualité des compétences et de l engagement de la coopéractrice (Frédérique Sorg Guigma) qui lui offre un appui très professionnel et pertinent. Ceci requiert préalablement une analyse approfondie des besoins du Partenaire du Sud et du profil de la personne qui sera envoyée par E-CHANGER. A partir de son engagement dans la Coordination Nationale du Mouvement des Sans Terres (MST), la brésilienne Gislei Siqueira a mis en évidence la distinction entre ONGs et mouvements sociaux, ces derniers faisant partie intégrante des acteurs traditionnels de la société civile de ce pays. Il est dès lors évident pour M. Siqueira qu un mouvement comme le MST devienne un partenaire important depuis plusieurs années pour E-CHANGER. Elle souligne en outre que, de ce fait, la lutte citoyenne est un facteur déterminant pour garantir le développement de la société dans son ensemble. Dans ce processus, l apprentissage mutuel entre le Mouvement social et le/la coopéracteur/coopér-actrice est une constante et s avère parfois source de conflits. Il serait de ce fait important de bien clarifier et systématiser les relations de communication entre les différents acteurs impliqués. Outre les échanges Nord-Sud, Gislei Siqueira ajoute que des expériences d échanges Sud-Sud ont déjà été réalisées, par exemple pour différentes techniques agricoles. L importance d avoir des coopéracteurs locaux engagés par E-CHANGER est un élément que relève Martina Rönicke Kabore, coordinatrice d E-CH au Burkina Faso. Pour elle aussi la communication constitue un facteur central pour une coopération de qualité et l engagement de coopéracteurs locaux peut, non seulement la faciliter, mais augmenter aussi la richesse apportée par les échanges Sud-Nord. Le regard de Luc Recordon, parlementaire suisse et membre du comité de E-CH, plaide en faveur des moyens à mettre en œuvre par E-CH et ses partenaires du Sud pour devenir convaincant et plaider en Suisse de façon efficace les projets et les causes défendues au Sud. Les visites de terrain et la relation d expériences particulières vécues par les coopéracteurs y contribuent fortement. Mais actuellement, les activités de coopération en général sont encore grandement méconnues de nos élus et de la population suisse en général. Pour Luc Recordon, bien des approches, des techniques, des modes de pensées du Sud sont à faire connaître au Nord dans le but d améliorer encore l efficacité de nos appuis aux partenaires du Sud. Konrad Specker, responsable de la Division Partenariats Nord de la DDC, a volontairement apporté dans ce débat ce qu il a appelé le «regard du technocrate», en questionnant tout d abord la division qui est faite traditionnellement entre un Nord et un Sud. La situation au Nord et au Sud est en effet très complexe et relativise l hypothèse d un enrichissement du Nord par les «valeurs» du Sud, valeurs qui restent d ailleurs à bien définir.
Une approche systémique serait, de son point de vue, mieux adaptée à la réalité. Elle permettrait de déceler ce qui crée les situations et les conditions que la Coopération au développement doit affronter. Il remet aussi en question l implication du coopér-acteur dans la lutte sociale en raison du danger de «politisation» de son action. Pour Konrad Specker, le coopér-acteur doit se limiter à être porteur de compétence et d expérience professionnelle. En outre dans la Coopération au développement, le regard doit toujours rester critique sur soi-même et sur les autres. Ces différents regards ont été suivis d un débat qui a permis au public et aux intervenants de répondre avec conviction aux interpellations du représentant de la DDC et de confirmer l importance de l engagement professionnel, social et solidaire des coopér-acteurs, tout en soulignant l importance de recruter davantage de coopér-acteurs du Sud. Les participants ont aussi conclu à une meilleure utilisation du potentiel que représentent les échanges entre partenaires du Sud qui évitent en grande partie les écueils dus aux différences culturelles rencontrées dans l engagement de coopér-acteurs du Nord. Denis Cattin, membre du Comité de E-CHANGER