Du 7 au 11 février, 24 enfants en CM1/CM2 à Stains, au Nord de Paris, ont appris les fondamentaux de la photographie, ont pris des photos à destination d enfants indiens et ont réalisé une exposition dans leur école. Tout juste revenues d Inde, Claire et Dorothée rapportent aux élèves de Stains les images et messages des correspondants indiens. Après avoir projeté la vidéo des ateliers qui se sont déroulés deux semaines auparavant à Kappai, les exclamations et interrogations fusent: «Mais ils marchent pieds nus?! Quels âges ont-ils? Quel est le nom de ce garçon? C'est beau l'inde!» Les photos réalisées et sélectionnées par les enfants indiens sont présentées à la classe de Stains accompagnées d'un portrait individuel, du nom de chaque enfant et d une légende. Cela suscite encore plus de questions et une envie d'échanger et de faire des photographies.
Les enfants apprennent les techniques de base de la photographie au cours d ateliers alternant théorie et pratique. Une photo est une histoire. Ce n est pas seulement appuyer sur un bouton. Tout ce que l on choisit de mettre dans son cadre et la façon dont on va le mettre sert à raconter une histoire. Quelle histoire souhaitez-vous raconter dans votre photo? Valeurs de plan, points de vue, lignes de fuite, lignes d horizon, exposition à la lumière, sont les outils transmis aux jeunes photographes pour décrire leur environnement en images. Chaque notion est expliquée en classe de façon théorique avant d être illustrée par des jeux, des expérimentations et des exemples de photos.
«Que voulez-vous montrer aux enfants indiens? - Le centre Carrefour! - Ma cité! - Les bonbons de la boulangerie!» Durant trois jours, les enfants déambulent dans les rues de Stains pour photographier leur contexte de vie. Equipés de cadres en carton et d appareils photos, les enfants sortent par petits groupes avec leur maîtresse pour prendre cinq clichés chacun. Dans un temps imparti, ils sont d abord missionnés sur un thème précis (les commerces, les jeux, les animaux), laissant progressivement la place à leur envie et imagination.
Chaque série de photos est ensuite analysée en classe afin d'observer ensemble la pertinence du cadrage, l exposition du sujet à la lumière, la clarté de l histoire racontée par le photographe. Les progrès sont très nets entre chaque session de prises de vue. A l issue des ateliers, les enfants préparent eux-mêmes leur exposition photo. Chaque élève choisit celle de ses photos qui représente le mieux son mode de vie. Les 24 photos ainsi sélectionnées sont imprimées en format A4, et assemblées par les enfants eux-mêmes sur des cadres avec leur portrait individuel et une légende. Les élèves agencent les grilles et panneaux d exposition sous le préau de l'école.
16h : la cloche sonne, les élèves ouvrent les portes de l'exposition. Parents, professeurs et élèves s avancent surpris et impressionnés par les travaux réalisés. En présence du directeur, et sur un air de musique tamoule, les classes de l école défilent une à une, puis c est au tour des parents de venir admirer l expo photo Eye for an Eye. Après une dégustation de nourriture indienne, les vidéos des ateliers en Inde et en France sont projetées. Rapidement, le préau se remplit et l émotion de l ouverture laisse la place aux rires, aux discussions, et aux félicitations. Déjà 17h, l heure du départ en vacances et des au revoir, le préau se vide, les derniers panneaux sont soigneusement pliés pour être affichés à la rentrée.
Comme en Inde, les enfants français ont gardé l appareil photo avec lequel ils ont suivi les ateliers. C est leur maîtresse, Mademoiselle Maud Villain, qui assurera le suivi du projet en organisant des ateliers photos chaque semaine. Les deux groupes, français et indiens, vont continuer à échanger mensuellement leurs photos par la poste et par internet. Le projet aboutira sur deux expositions, en France et en Inde, mêlant les photos des deux groupes afin de mettre en valeur l échange interculturel des enfants à travers l apprentissage de la photographie.