Juin 2017 Evolution des pratiques agricoles

Documents pareils
Contexte : Objectif : Expérimentation :

Fertiliser le maïs autrement

DIRECTIVE NITRATES ZONE VULNERABLE 4ème Programme d Actions

La campagne 2004/05 a vu des livraisons globalement stables:

DIRECTIVE NITRATES : LES CONTRAINTES SUR LA GESTION DE L INTERCULTURE

TCS, strip-till et semis direct

STOCKAGE DES BOUES DE STATIONS D EPURATION URBAINES Bassin Artois Picardie

RESULTATS DE L ESSAI VARIETES D ORGES D HIVER EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE CAMPAGNE

La couverture des risques agricoles

Techniques agronomiques innovantes de la conduite du maïs fourrage

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

SAGE nécessaires ( Disposition 13A-1 SDAGE Loire Bretagne)

L assurance récoltes en France

Gestion de l azote en TCS et semis direct

Comment concevoir son lit biologique

Semis direct: de l essai à la pratique

Conventions de calcul pour la réalisation des cas types en agriculture biologique

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

NOTICE D INFORMATION À L ATTENTION DES BÉNÉFICIAIRES POTENTIELS DE LA PROCEDURE DES CALAMITES AGRICOLES

Le Taillis de saule à Très Courte Rotation Guide des bonnes pratiques agricoles

les outils les enjeux les applications locales Déchets ménagers : maîtrisons les impacts sur l environnement connaître pour agir

D après l enquête 2011 sur les pratiques culturales, environ ha étaient semés en semis-direct, essentiellement dans des résidus de culture.

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.


Le printemps et l été du compost

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

GESTION ET VALORISATION DES CENDRES DE CHAUFFERIES BOIS

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

25/02/2013. Le SIBV de la Seiche. Commission Professionnelle Agricole (CPA) Réunion n 1 22 février 2013 Piré-sur-Seiche

DAIRYMAN aux Pays-Bas

STRATEGIE AGRONOMIQUE

Fiche de renseignements accompagnant la demande de permis de construire en zone agricole dans le Haut-Rhin

RÉSULTATS DE L OBSERVATOIRE TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU RAD Synthèse Exercice comptable 2010

SEMINAIRE SUR LES RISQUES AGRICOLES

FICHE TECHNIQUE. Méligèthe du colza. Comment le reconnaître? Numéro de commande 1484, Édition pour la Suisse, Dernière actualisation

Note récapitulative : culture de Taillis à très Courte Rotation (TtCR) de saules

Exemple du SATESE MAGE 42

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

Merci de retourner ce document complété par courrier, fax ou mail (Joindre un plan de situation des bâtiments)

Prélèvement/préparation p des échantillons et analyse des reliquats d azote

Moyens de production. Engrais

BILAN DE LA CAMPAGNE 2014

Taillis à courte ou très courte rotation (TTCR) : gestion des pratiques d implantation

La lettre électronique du service économie agricole de l'essonne n 3 juillet 2012

Le compost. Un petit écosystème au jardin

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

ne définition de l arbre.

Journées portes ouvertes ECOPHYTO

Sorgho grain sucrier ensilage L assurance sécheresses

Valérie Roy-Fortin, agr. Bio pour tous! - 6 mars 2015

UNE MEILLEURE CONNAISSANCE

Prix Pierre Potier L innovation en chimie au bénéfice de l environnement

10 en agronomie. Domaine. Les engrais minéraux. Livret d autoformation ~ corrigés. technologique et professionnel

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Projet MERINOVA : Les risques météorologiques comme moteurs d innovation environnementale dans la gestion des agro-écosystèmes

OUVERT02 - Maintien de l ouverture par élimination mécanique ou manuelle des rejets ligneux et autres végétaux indésirables Sous-mesure :

Pour la mise en place d une licence de conseil stratégique au service de l agroécologie

SELLE Masse d'eau AR51

La filière noisette : un développement des surfaces est encore possible d après Unicoque.

Le miscanthus : opportunités énergétiques à la ferme. Laurent Somer, ValBiom asbl Sankt Vith / Saint-Vith 13 juin 2014

COMPTE RENDU. Journée semis direct dans le Béarn

ASPECTS JURIDIQUES DE L ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

MINISTERE DE LA REGION WALLONNE

DEMANDE D'AUTORISATION D'EXPLOITATION D'UNE INSTALLATION DE STOCKAGE DE DÉCHETS INERTES. Au titre de l'article L du Code de l'environnement

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

Concrete example of land consolidation connected to motorway passage and development annexes

Reussir. le passage au non-labour. Qu'est-ce que le non-labour? Il y a plusieurs types de non-labour... Reussir

Maïs grain irrigué. Synthèse variétale 2014

Biostatistiques Biologie- Vétérinaire FUNDP Eric Depiereux, Benoît DeHertogh, Grégoire Vincke

les cinq étapes pour calculer les jours d avance

LA MUNICIPALITE DE FROIDEVILLE AU CONSEIL COMMUNAL

RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE MODÈLES DE CALCUL

Environnement, économie, société : le maïs sur tous les fronts

1.2. REALISATION DES OPERATIONS DE PRELEVEMENTS ET D ANALYSES

POLITIQUE DE COHÉSION

Informations techniques sur la culture de l ananas

COURS GESTION FINANCIERE SEANCE 4 CHOIX DU NIVEAU DU FONDS DE ROULEMENT PLANS DE TRESORERIE FINANCEMENTS ET PLACEMENTS A COURT TERME

livrets les Lutter contre l érosion des terres Ministère de la Région wallonne Direction générale de l Agriculture

Mise au point de systèmes de culture innovants par un réseau d agriculteurs et production de ressources pour le conseil 1

Journée technique ARRA Gestion quantitative de la ressource en eau

Table des matières. Sommaire exécutif... I 1.0 Introduction Constats et faits saillants... 2

L eau invisible 1 Tous les sols contiennent-ils de l eau?

Coûts des pratiques viticoles dans le Sud-Ouest en fonction de la typologie de production. Damien AMELINE, CER France Midi-Pyrénées

Les ouvriers du sol et les pratiques agricoles de conservation

Les principaux sols de la plaine et des collines du Bas-Rhin

Cette option est aussi disponible sur les clients Windows 7 sous la forme d un cache réparti entre les différentes machines.

Adaptation, genre et autonomisation des femmes 1

Rotations dans la culture de pomme de terre : bilans humiques et logiciel de calcul

RESOLUTION OIV-VITI GUIDE D APPLICATION DU SYSTÈME HACCP (HAZARD ANALYSIS AND CRITICAL CONTROL POINTS) A LA VITICULTURE DE L OIV

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

11. Perspectives. 2 La culture en association de froment et de pois : une opportunité pour réduire l abondance des pucerons en été...

La méthanisation en Poitou- Charentes - Enjeux et perspectives

BULLETIN de SANTE du VEGETAL Franche-Comté

R y o aume aume du du Maroc Mar Mai 2009

Bien choisir sa variété de maïs ensilage

Annexe 2: Région des Savanes Caractéristiques et bas fonds identifiés

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

FICHE TECHNIQUE. Vers de terre Architectes des sols fertiles. Présence et mode de vie. N de commande 1619, Édition Suisse, 2013.

Transcription:

Juin 2017 Evolution des pratiques agricoles L impact des activités humaines, qu elles soient domestiques, industrielles ou agricoles sur la qualité de l eau n est plus à démontrer. Les influences ne sont pas identiques qu il s agisse d eaux superficielles ou souterraines. On conçoit aisément que les rejets d eaux usées domestiques seront plus impactants sur les eaux superficielles tandis que le nitrate lixivié des terres agricoles atteindra lui au bout de plusieurs années les eaux souterraines. Le nitrate est naturellement présent dans les eaux, mais dans des proportions bien inférieures à ce qu on peut mesurer actuellement. Les réserves d eau souterraine se rechargent principalement en hiver lorsque la consommation en eau par les végétaux est plus faible. Les pluies hivernales s infiltrent alors dans le sol en se chargeant entre autres en nitrate qui est une molécule soluble dans l eau. Cette lixiviation est inévitable, mais en limitant les quantités de nitrate résiduel dans le sol avant la période de lessivage, on diminue ainsi les quantités qui vont atteindre la nappe phréatique. ----------------------------------------- Evolution des pratiques Le Code de Bonnes Pratiques Agricoles a vu le jour en 1994. Il s agissait d un recueil de conseils pour limiter les pertes en azote sur les exploitations. Le suivi de ces conseils était d application volontaire et pour cette raison, s il a permis d ouvrir la réflexion en faveur des pratiques favorables à la protection des ressources en eau, son efficacité en a été limitée. Le premier programme obligatoire est apparu en 2001 et a déjà subi à plusieurs reprises des actualisations des mesures en fonction des résultats obtenus et de l évolution des connaissances. L évolution des pratiques agricoles en matière de gestion de l azote a été considérable depuis 2001. Parmi celles-ci, on distingue des mesures préventives sur l ensemble du territoire, par exploitation, mais également des mesures curatives. Les adaptations dans les exploitations agricoles ne se sont pas toutes opérées à la même vitesse car certaines demandaient des changements de la manière de travailler, des modifications fonctionnelles, structurelles et parfois des investissements importants ; MESURES PREVENTIVES

Capacités de stockage Chaque exploitation doit disposer de suffisamment de capacité pour stocker ces engrais de ferme de manière à les épandre aux périodes qui en permettent une valorisation optimale et surtout d éviter les épandages aux périodes les plus à risque. Cette mesure a également eu comme conséquence positive une diminution de la complémentation minérale puisque les pertes étaient limitées et donc l efficacité améliorée. Qualité de répartition L efficacité des engrais de ferme évolue aussi avec la fréquence des apports et les quantités épandues. La réglementation impose le respect de quantités maximales admissibles par parcelles et par exploitation, ce qui a conduit à augmenter les échanges de matières organiques entre exploitations et donc de limiter les déséquilibres sur le territoire mais aussi le nombre de parcelles à risques. 18% Pourcentage d'exploitations dont la liaison au sol est > 1 13% 12% 11% 3% 4% 4% 4% 3% 2% 3% 3% 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 L évolution du machinisme agricole a également conduit à une amélioration de la qualité des épandages, de la répartition intraparcellaire, de la diminution des pertes par volatilisation.

Efficacité de l encadrement La qualité des outils mis à disposition des agriculteurs s est aussi homogénéisée. Ainsi, le recours à des outils harmonisés de conseils de fertilisation, la promotion des analyses, les nombreuses démonstrations de matériels d épandage, de compostage, ont conduit à une prise de conscience essentielle de la valeur des engrais de ferme. MESURES CURATIVES Comme déjà cité ci-dessus, le nitrate qu on retrouve dans les nappes phréatiques est issu en grande majorité de la lixiviation sur les parcelles agricoles. Les nappes phréatiques se rechargent avec les pluies hivernales, le phénomène est inévitable. Si le raisonnement de la fertilisation est devenu une pratique commune, il n est pas pour autant le gage d une eau de qualité. En effet, certaines cultures représentent un risque plus élevé car les quantités de nitrate qu elles vont laisser dans le sol au début de l hiver sont importantes. Ces quantités peuvent être élevées, même dans le cas d une fertilisation raisonnée. Il en est ainsi pour les légumineuses telles que le pois de conserverie, capable, sans fertilisation, d enrichir le sol en azote. Les cultures récoltées précocement et laissant au sol de grandes quantités de résidus de récolte, sont également pointées du doigt car elles ne sont plus présentes pour prélever une part importante de la minéralisation de l humus. Un accident cultural (grêle, gel, dégâts de gibier, phytotoxicité, ) n est jamais à exclure non plus. Dans ce cas, à tout quintal non produit, correspond une quantité d azote non prélevée et donc potentiellement lessivable pendant l hiver. Les meilleurs outils disponibles pour récupérer ces engrais sont les racines des cultures pièges à nitrate. L implantation de ces cipans est obligatoire dans certaines situations depuis plus de 15 ans. Si au départ, elles ont pu être considérées comme des contraintes supplémentaires, elle sont maintenant reconnues pour les nombreuses utilités au-delà du piégeage de l azote (production de fourrage, structure du sol, entretien du taux d humus, lutte contre l érosion, contre les adventices, )

Le choix du couvert, fonction de la date et de la technique de semis, de la rotation, des objectifs, est prépondérant dans la réussite de son implantation et dans l atteinte des buts recherchés. Depuis 15 ans, le pourcentage de couverture de sol obligatoire pendant la période hivernale n a fait qu augmenter pour atteindre aujourd hui 90% en zone vulnérable. --------------------------------------------- EFFICACITE DES MESURES EN PLACE La Région Wallonne s est dotée d un outil de mesure du risque lié à chaque parcelle. Il s agit d une analyse de la quantité de nitrate présent dans le sol en fin d automne. La Région Wallonne organise un contrôle chaque année dans 5% des exploitations en zone vulnérable. Depuis 2008, la valeur moyenne des analyses réalisées dans le cadre de ces contrôles est en diminution, ce qui témoigne de la prise de conscience par le secteur que des efforts doivent être consentis. 140 Evolution des APL moyens par culture 120 100 80 60 40 20 0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Betterave Céréales + CP Céréales Maïs PDT Colza Légumes Prairie APL Moyen EVOLUTION DE LA QUALITE DE L EAU De par la vitesse de lixiviation du nitrate (de l ordre de 1 m par an dans les limons) et de la profondeur des nappes phréatiques, l évolution de la qualité de l eau est un phénomène très

lent. L évolution de la teneur en nitrate des principales masses d eau semble s être infléchie depuis 2002 comme le montre le graphique ci-contre. L asbl PROTECT eau (anciennement Nitrawal) encadre aussi des agriculteurs dans des actions captages. A Arquennes, 7 agriculteurs ont notamment été conseillés pendant 6 ans par l équipe de PROTECT eau ainsi qu une équipe scientifique de l ULg-Gembloux Agro-Bio tech. Le captage d Arquennes offre la particularité d un bassin d alimentation réduit (78 ha) uniquement agricole, une nappe à très faible profondeur et donc la possibilité d observer rapidement sur la qualité de l eau les effets des pratiques agricoles mises en place. Les règles observées par les agriculteurs du captage étaient ni plus ni moins les règles du Programme de Gestion Durable de l Azote. Après 10 ans, dont 6 d encadrement la teneur du nitrate des eaux du captage a diminué de 15 à 20 mg/l, témoignant de l efficacité des mesures mises en place quand leur respect est généralisé.