Pr Eric DECONINCK CHU-Besançon

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Transcription:

FORMATION EN CANCÉROLOGIE à destination des travailleurs sociaux de Franche-Comté «Hors de l hôpital, la prise en charge du cancer et de ses répercussions» Pr Eric DECONINCK CHU-Besançon

Hématologie: étude des maladies du sang, et, par extension, des maladies de la moelle osseuse et des organes hématopoïétiques secondaires (rate, ganglions) Cellules sanguines: globules blancs (polynucléaires, lymphocytes, monocytes), globules rouges, plaquettes. Production au sein de la moelle osseuse, grâce aux propriétés des cellules souches hématopoïétiques.

Prolifération non contrôlée d un clone de cellule sanguine, ayant perdu (leucémie aiguë) ou non (leucémie chronique) sa capacité de différentiation. Les leucémies sont également classées en fonction de la nature des cellules en cause (myéloïde ou lymphoïde) Leucémies aiguës : Environ 3000 cas/an en France 54% chez l homme 1% des cancers 1,9% des décès/cancer

Prise en charge: Traitement de soutien: transfusions (CGR, CPA) antibiothérapie (et souvent antifongiques) Traitement spécifique: chimiothérapie: induction (en chambre à flux), consolidation, +/- entretien greffe de cellules souches (allogreffes surtout, soit d emblée, soit en cas de rechute) abstention (chez les patients âgés avec comorbidités)

La plus fréquente des leucémies Age médian: 65 ans (90% des LLC surviennent après 50 ans) Incidence: 3 à 5 cas/100 000 habitants/an Pas d étiologie connue Souvent diagnostiquée chez des patients asymptomatiques Adénopathies, splénomégalie, hépatomégalie, soit d emblée, soit en cours d évolution.

Survie médiane: 10 ans. Très variable d un patient à l autre. Complications: infectieuses: favorisées par les traitements; infections bactériennes, virales (zona) immunologiques: thrombopénie auto-immune; anémie hémolytique auto-immune néoplasiques: transformation en lymphome agressif, de très mauvais pronostic (< 6 mois)

Traitement: non systématique adapté à l âge et aux comorbidités principalement proposé en cas d atteinte ganglionnaire multiple, et/ou d anémie/thrombopénie protocoles d immuno-chimiothérapie(rituximab, fludarabine, endoxan) chez les patients jeunes les «nouvelles» drogues font leur apparition : traitement oral ambulatoire

On distingue: La maladie de HODGKIN (ou lymphome de Hodgkin) Les lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH) Parmi les LMNH, on distingue: les LYMPHOMES B (85% des cas en France) les LYMPHOMES T (15%)

5 fois moins fréquents que les lymphomes malins non hodgkiniens Age médian: 25 ans et 65 ans Rôle d EBV (Epstein Barr Virus)? Symptomatologie clinique variable: adénopathies, isolées ou multiples signes généraux (fièvre, sueurs nocturnes, amaigrissement) atteintes extra-ganglionnaires (poumon, os, foie...)

La plus fréquente des hémopathies malignes Nombreux sous-types, différents dans leur évolution et dans leur traitement On distingue les lymphomes B des lymphomes T Parmi les lymphomes B, on distingue des formes indolentes et des formes agressives Risque augmenté en cas d infection par le VIH ou d immunodépression Rôle d EBV dans l apparition de certains lymphomes Pas de cause connue dans la majorité des cas

Hodgkin: Evolution mortelle en l absence de traitement > 80% de guérison avec les traitements actuels. LMNH: Extrêmement variable Les formes agressives peuvent être guéries dans environ 50% des cas Les formes indolentes sont le plus souvent incurables, mais peuvent avoir des évolutions prolongées.

Hodgkin: association chimiothérapie (3 à 4 cures) et radiothérapie (15 à 18 séances) dans les formes localisées chimiothérapie seule (protocole ABVD) dans les formes diffuses (6 à 8 cures mensuelles) LMNH: chimiothérapie (CHOP le plus souvent), en association avec de l immunothérapie (rituximab) abstention dans certains cas (LMNH indolents)

Prolifération maligne d un clone pasmocytaire Age médian: 60 ans Incidence: 4/100 000/an, en augmentation. Symptômes en rapport: avec la production par les cellules malignes d une immunoglobuline monoclonale avec une activation par les cellules malignes des ostéoclastes, à l origine d une destruction osseuse avec l envahissement progressif de la moelle osseuse par les cellules malignes, à l origine de cytopénies.

Diagnostic: souvent suspecté sur l existence de douleurs osseuses parfois posé à l occasion d une complication (insuffisance rénale aiguë; hypercalcémie; fracture pathologique) Electrophorèse des protéines sériques: montre le pic monoclonal Myélogramme: montre l envahissement de la moelle par des plasmocytes anormaux Radiographies osseuses: montrent des lacunes

Evolution: maladie incurable complications fréquentes: rénales (favorisées par les injections d iode et par la prise d AINS), osseuses, infectieuses médiane de survie: 4 ans environ, mais très variable d un patient à l autre Traitement: la chimiothérapie est de moins en moins utilisée l intensification thérapeutique avec greffe de cellules souches reste le standard avant 65 ans les «nouvelles» drogues (bortezomib, thalidomide, lenalidomide) occupent une place centrale dans la prise en charge actuelle du myélome

On distingue: les allogreffes les autogreffes les greffes de cellules souches hématopoiétiques: Moelle CSP Sang de cordon

Ce sont les propres cellules souches du patient qui seront réinjectées. Conditionnement moins lourd. Pas de GVH. Donc beaucoup mieux supportée que l allogreffe. Intérêt: permettre la réalisation d une chimiothérapie à fortes doses pour détruire un maximum de cellules cancéreuses, sans entraîner d aplasie irréversible (grâce à la réinjection des cellules souches) Indications: lymphomes agressifs, myélome

Nécessite dans un 1 er temps: la destruction de la moelle osseuse du patient la neutralisation de son système immunitaire (pour éviter un rejet du greffon) Réalisé grâce à de la chimiothérapie à fortes doses +/- irradiation corporelle totale (=conditionnement) Les cellules souches (venant d un donneur sain apparenté ou non) sont ensuite perfusées, avant d aller coloniser la moelle et de produire une nouvelle hématopoïèse.

Celles inhérentes au conditionnement et à l aplasie d au moins 3 semaines lui faisant suite Celles inhérentes à la greffe: GVH (Graft Versus Host) aiguë ou chronique: troubles digestifs signes cutanés complications infectieuses complications hépato-biliaires L allogreffe reste cependant un traitement lourd, grevée d une morbi-mortalité significative A 2 ans de la greffe, 70% des patients survivants à la greffe sont guéris. Complications à long terme: à 10 ans, 59% des patients greffés souffrent d au moins une affection chronique