Syndicat suisse des services publics Région Vaud Av. Ruchonnet 45 Case postale 1324 CH- 1001 Lausanne Tél. 021 341 04 10 Fax 021 341 04 19 vaud@ssp-vpod.ch www.ssp-vpod.ch À l'attention du Conseil d Etat, de la Direction générale de l enseignement post-obligatoire (DGEP), de la FORS, des écoles supérieures du social et des associations d employeurs du secteur social, des EMS et de l'accueil de l'enfance. Cahier de doléances sur la formation des assistant e s socio-éducatifs/ives (ASE) Le Syndicat des services publics (SSP) a organisé deux rencontres avec les futur e s assistant e s socio-éducatifs/ives (ASE) du canton. Ces rencontres ont permis un échange très riche entre apprenti e s de différentes institutions et des professionnel le s du secteur social et de l accueil de l enfance. Les questions abordées montraient bien le besoin de se pencher plus en profondeur sur la qualité de formation et les conditions de travail pour les ASE et sur les nombreux problèmes auxquels ils/elles sont confronté e s. Nous avons enrichi ces échanges en organisant trois permanences syndicales durant lesquelles les ASE ont pu poser individuellement leurs questions et exposer leurs problèmes. À partir de ces échanges, nous avons élaboré le présent cahier de doléances qui, nous espérons, sera pris en compte par les autorités cantonales, par les responsables de la formation ainsi que par les employeurs dans les lieux de discussion et de décision où l'on traite de la formation des ASE. 1. Sur les conditions de travail et la complémentarité avec le personnel HES/ES : des conditions de travail disparates et des cahiers des charges très flous. La formation des ASE se heurte à une lacune majeure: nous n'avons toujours pas, à l'heure actuelle, une idée claire de quoi consistera le travail des ASE formés sur le terrain, qui se traduirait par un cahier des charges général. Sur le terrain, cela se traduit par une sensation de flou par rapport au contenu de la formation, aux attentes envers les futurs ASE et aux rapports que ceux-ci entretiendront avec les professionnels de niveau HES et ES. Sur le terrain, cela se traduit, pour les apprenti e s comme pour les formateurs/trices, à une incompatibilité entre le contenu des cours et les actions effectuées sur le terrain. Divers cahiers des charges pour les ASE sont entrain d être rédigés avec plus ou moins de responsabilités selon les institutions. Dans certaines institutions ou garderies, les ASE se voient uniquement confié e s des tâches répétitives alors que le plan de formation prévoit une formation complète et diversifiée. De même, certain e s apprenti e s se sentent mal accueilli e s sur leur lieu de travail. En effet, ils/elles sont perçu e s par certain e s éducateurs/trices actuel le s comme des concurrents notamment en raison du salaire plus faible que ces derniers recevront ; de même la crainte de perdre leur place de travail dans le futur est souvent exprimée. Nous préconisons que l intégration des futur e s ASE se fasse sur la base d une organisation participative qui garantisse l indivisibilité de la personne ainsi que la reconnaissance de la diversité des compétences du personnel quel que soit son niveau de formation. Dans ce modèle, tout e professionnel le, quel que soit son niveau de formation, peut répondre aux divers besoins de l usager/ère s il/elle en a été crédité par une décision de l équipe dans son ensemble.
Nous demandons que les associations faîtières élaborent en collaboration avec les professionnel le s et notre syndicat un descriptif de poste pour les ASE qui se traduira ensuite dans les institutions par un cahier des charges spécifique à chaque poste. Les apprenti e s AS sont sur le point de mettre sur pied en collaboration avec le SSP un groupe de travail pour l élaboration de ce descriptif de poste. Nous demandons l introduction d un ratio au sein des équipes 2/3 HES-ES 1/3 ASE afin de garantir la qualité de l accueil (institutions sociale, garderies, EMS ; accueil parascolaire). 2. Sur le déroulement de la formation, de stages Une première constatation semble faire l'unanimité des personnes consultées : la structure des cours n'est pas claire, tant pour les apprenti e s que pour les formateurs/trices. Par exemple, le classeur contenant le plan de formation est incompréhensible. Cet outil est difficilement utilisable pour les apprenti e s comme pour les formateurs/trices. Une formatrice s est plainte du manque de directives qu elle avait pour suivre les apprenti e s ne sachant même pas s il existait du matériel. La maturité professionnelle intégrée n existe pas pour les apprenti e s en formation duale alors qu elle est intégrée à la formation en école. C est en effet une demande des apprentis e s de pouvoir poursuivre leur formation au niveau tertiaire (HES). Les apprenti e s généralistes en formation duale déplorent le fait que leurs objectifs ne sont souvent pas adaptés. Ils/elles aimeraient avoir une meilleure adéquation entre les objectifs et le temps mis à disposition. Certain e s apprenti e s en filière CFC en emploi ou en formation duale nous ont informé que leur employeur ne voulait pas les libérer pour les cours interentreprises ou pour suivre des stages dans d autres secteurs. Ainsi, ils/elles ont dû faire cela sur leurs jours de congé ou pendant leurs vacances. Les apprenti e s en formation duale nous ont fait remarquer que les cours en tronc commun sont très orientés «Petite enfance». Très peu de cours spécifiques sont organisés sur le handicap ou sur le secteur personnes âgées. Plusieurs apprenti e s en formation duale nous ont fait remarquer qu ils/elles étaient compté e s dans le ratio de l équipe. Par exemple, dans une garderie, une apprentie nous avait fait part qu elle palliait le manque de personnel. On lui avait attribué comme quasi unique tâche celle de changer les couches-culottes des enfants durant six mois. Cette pratique est inadmissible du point de vue formatif et devrait être bannie. Certain e s jeunes nous ont fait remarquer qu ils/elles ne participaient pas aux colloques ou aux synthèses. Ils/elles déplorent le manque d encadrement des FEE. Les apprenti e s en formation duale font état du manque de commissaires d apprentissage. Revendications du SSP Le SSP demande que le plan de formation soit revu en lien avec l élaboration du cahier des charges des ASE. 2
Les apprenti e s ASE exigent une meilleure définition entre les cours de tronc commun et les cours spécifiques ainsi qu une répartition plus équilibrée en termes d heures entre ces deux catégories. Il sera aussi pris en compte le profil de l enseignant e pour que les divers secteurs (handicap, personnes âgées, enfance) soient bien représentés. Le SSP demande aux employeurs que les règles du contrat d apprentissage soient négociées paritairement entre employeurs et employés. La participation des apprenti e s aux colloques et synthèses incluant un fort potentiel formatif, il est indispensable que les apprenti e s y participent et bénéficient donc d un temps de travail hors présence usagers dans le cadre de leur horaire cadre. Le SSP exige que les apprenti e s ne comptent pas dans le taux d encadrement. Le SSP demande que la maturité professionnelle soit mise en place pour les apprenti e s en formation duale. Pour les apprenti e s (volée 2006-2008) en formation duale, un complément de formation en 12 mois doit être mis en place pour accéder au niveau HES 3. Insuffisance du nombre de places de stage dans les institutions Les apprenti e s qui doivent effectuer un stage pratique préalable avant de commencer leur formation, ne peuvent le faire par manque de place. Les apprenti e s qui suivent leur formation au gymnase peinent à trouver une place de stage. En effet, une concurrence entre étudiant e s de niveau tertiaire (ES et HES) et apprenti e s ASE commence à voir le jour. Les institutions reçoivent chaque jour des dizaines de demandes de stage. La demande dépasse grandement l offre. Ainsi de plus en plus de jeunes se trouvent sur le carreau. Cette situation ne s améliorera pas à l avenir. Les apprenti e s en voie généraliste (formation duale) ont également des difficultés à trouver des places de stages, et plus particulièrement dans le secteur handicap. Le SSP demande que cette question soit prise au sérieux et qu un groupe de travail se crée pour y trouver des solutions. 4. Conditions d apprentissage dans les institutions Nous constatons que les conditions d'apprentissage diffèrent considérablement d un lieu à l autre. Certain e s apprenti e s ne se font pas rembourser leurs frais de transport et de repas lorsqu ils/elles vont aux cours, alors que l entreprise formatrice a l obligation de rembourser ces frais. Pour les personnes qui suivent la formation d adulte en deux ans, certaines institutions n octroient pas du temps hors présence des usagers/ères afin qu'ils/elles puissent réfléchir sur leur pratique. Un jeune nous a appris qu il ne recevait un salaire inférieur à la norme vu qu «il coûtait déjà très cher à l institution» selon son employeur. De même, certain e s apprenti e s font état du dépassement régulier de leur horaire de travail normal sans compensation, et avec pour conséquence une fatigue grandissante. 3
Le SSP demande aux employeurs que les conditions cadres du contrat d apprentissage soient appliquées et, négociées paritairement entre employeurs et employés. Le SSP revendique qu au minimum les apprenti e s touchent le salaire préconisé par l ORTRA nationale à savoir : 665 francs en première année ; 920 francs en 2 ème année, 1230 en 3 ème année. L analyse de la pratique avec le/la formateur/trice ne pouvant pas, dans les métiers de relations humaines, s effectuer en situation, en regard des usagers/ères, il est indispensable dans le processus formatif, que l apprenti e bénéficie d un temps hors présence usagers pour analyser ses pratiques avec le/la formateur/trice. Ce temps a été évalué entre 10 et 15 % du temps de travail et dans le cadre de l horaire contractuel. 5. Sur le rôle des formateurs/trices en entreprise (FEE) sur le lieu de travail: la formation des ASE est un défi, et une surcharge de travail, pour les FEE. Le rôle des FEE reste actuellement beaucoup trop flou. Il est effectivement difficile de suivre un e apprenant e quand on ne connaît pas son futur cahier des charges et quelles prérogatives il/elle aura. C'est une explication possible pour la disparité de conditions de travail sur le terrain. En outre, pour ceux qui n'ont pas suivi la formation de praticien ne formateur/rice en HES, les 5 jours de formation pour les FEE (dits cours CFFE) sont insuffisants. En outre, le manque de place est problématique au point que des nombreux/euses FEE commencent souvent à former des ASE sans aucune formation au préalable. Le FEE se trouve ainsi devant une pratique nouvelle qu il/elle n a pas l habitude d exercer et doit assumer seul e une lourde responsabilité. Une question importante se pose alors: dans quelques années, les ASE, une fois formé e s, seront amené e s à devenir des FEE. Quelle formation supplémentaire pour cela? Les FEE se plaignent d une surcharge de travail concernant le suivi de l apprenti e. Plusieurs FEE nous ont informé que dans certaines institutions ou garderies, ils/elles n ont pas de décharges horaire pour faire le suivi des apprenti e s. Ce suivi doit se faire durant les heures de travail et non durant leur congé. Revendications du SSP Le SSP demande que la formation FEE dispensée par la DGEP soit complétée par une formation pédagogique spécifique adaptée aux exigences de formation des apprenti e s et stagiaires visant l obtention d un CFC. Nous vous rappelons que dans le rapport de synthèse des 5 sous-groupes du groupe relais vaudois (GRV), les associations d employeurs et les syndicats s y étaient montrés favorables. Il est indispensable dans le processus formatif, que le/la FEE bénéficie d un temps hors présence usagers pour analyser les pratiques de l apprenti e. Ce temps a été évalué entre 10 et 15 % du temps de travail et dans le cadre de l horaire contractuel. Nous vous rappelons que ce point faisait l unanimité au sein du GRV. 6. Accès au diplôme tertiaire: le manque de classes au niveau tertiaire Le SSP considère que la formation de CFC doit être conçue comme un premier pas dans le monde du secteur social. L'accès à la formation tertiaire doit ainsi être assurée. C'est une volonté des 4
personnes en formation, ainsi qu'une nécessité du terrain. L office fédéral de la formation professionnelle (OFFT) prévoit dans loi la mise en place d une passerelle pour les ASE afin qu ils/elles accèdent au niveau ES (formation en 3600 heures et non 5400). De même, l EESP garantit une formation en emploi pour les travailleurs/euses sociaux/ales. A l IPGL, avant de pouvoir débuter leur formation, les étudiant e s ont un délai d attente d environ deux ans. Le SSP demande que l Etat garantisse financièrement l ouverture suffisante de classes de niveau ES et HES. Le SSP demande aux associations d employeurs de promouvoir la formation continue et de favoriser les formations en emploi (conditions cadres à négocier entre partenaires sociaux) Le SSP demande aux écoles d ouvrir des classes spécifiques pour les ASE et de permettre leur formation en cours d emploi. Cela signifie concrètement appliquer leur formation aux contraintes professionnelles. 5