Aspects normaux et pathologiques de la lecture. Laurent Sparrow

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1 Aspects normaux et pathologiques de la lecture Laurent Sparrow Université de Lille 3 UFR de Psychologie Laboratoire URECA BP 60149 59653 Villeneuve d'ascq Cedex laurent.sparrow@univ-lille3.fr Résumé : Lorsque nous lisons un texte, nous n avons pas conscience de la difficulté et de la complexité des opérations réalisées par notre système visuel. En une fraction de seconde, notre cerveau reconnaît les mots et accède à leur sens. Néanmoins, avant d arriver à tel niveau de lecture fluente, de longues séances d apprentissage sont nécessaires et de nombreux enfants, malgré cela, éprouvent de sérieuses difficultés face à l écrit. Si la lecture semble si facile au lecteur expert c est en raison du caractère automatisé des processus mis en jeux. De nombreux traitements cognitifs sont réalisés, allant de la perception visuelle jusqu à la reconnaissance des mots pour finalement aboutir à la compréhension explicite du texte. Néanmoins, le caractère automatique et très rapide de ces traitements rend leur étude très complexe. Mais grâce à l enregistrement des mouvements oculaires, ces processus peuvent être étudiés en temps réel et de façon plus naturelle ; des mesures comme les durées de fixations ou la position du regard permettent d inférer les traitements cognitifs sous-jacents au décodage et à la compréhension. Cette approche est très fructueuse et bon nombre de processus perceptuels et linguistiques ont ainsi pu être étudié. De plus, les investigations concernant la motricité oculaire des sujets mauvais lecteurs ou dyslexiques ont permis de mieux localiser les étapes de traitement perturbées chez ces sujets. Mots clés : lecture, mouvements oculaires, accès lexical, médiation phonologique, dyslexie.

2 Abstract ; Normal and pathological aspects of reading While reading a text, one has no conscious access to the complex nature of the operations in which the visual system is engaged. Within fractions of a second, the brain identify the words and gain access to their meaning. These underlying treatments are particularly uneasy to disentangle in the expert reader due to the automatization of the operations. Eye movements recording provides an ecological way to study these process in real time: it is now possible to infer the sequence of cognitive operations leading to decoding and comprehension. Moreover, by investigating the oculomotor responses in poor readers and dyslexic subjects, the impaired stages of words processing have been better identified. Keywords : reading, eyes movements, lexical access, phonological mediation, dyslexia.

3 Introduction L étude des mouvements oculaires est depuis longtemps considérée comme un moyen privilégié d investigation des processus mis en oeuvre dans la lecture (Huey, 1908 ; Javal, 1906). Les mesures oculomotrices présentent l avantage d être sensibles à un grand nombre de processus cognitifs et peuvent être obtenues dans des conditions relativement naturelles, par exemple, sans demander au sujet de réponse particulière. En effet, les tâches habituellement utilisées dans ce domaine consistent à présenter au sujet des mots isolés puis à enregistrer des réponses de décision lexicale, de décision catégorielle ou de prononciation. Ces épreuves permettent un contrôle très précis de la situation expérimentale, mais comportent un inconvénient majeur : les procédures utilisées pour lire des mots présentés isolements ne sont peut-être pas équivalentes à celles qui sont utilisées pour lire des mots présentés en contexte. Une activité comme la lecture n est peut-être pas décomposable en plusieurs comportements élémentaires (le tout n est pas forcément égal à la somme des parties). De plus, ces tâches font parfois appel à des stratégies spécifiques qui ne seront pas utilisées en lecture. Par exemple, un lecteur adulte identifie, en moyenne, 5 mots par seconde, ce qui fait 200 ms par mot. Or, les latences de décision lexicale les plus rapides ne descendent pas en dessous de 500 ms, ce qui représente plus du double du temps requis pour identifier un mot. Ce délai supplémentaire représente le temps nécessaire à la prise de décision et à la réalisation de la réponse : ces processus ne sont pas forcément impliqués dans la lecture normale. L extrême rapidité des processus de reconnaissance visuelle des mots mérite d être soulignée puisque l identification d un mot nécessite que sa forme lexicale soit distinguée de toutes les autres formes lexicales connues du lecteur et dont le nombre est estimé entre 30 000 et 50 000 formes (sans compter les formes alternatives comme les italiques, ou les écritures manuscrites). Afin de rendre compte de cette rapidité, les chercheurs ont formulé l hypothèse d une structure de stockage très organisée des mots appelée lexique mental. Dans ce cadre, reconnaître un mot écrit consisterait alors à mettre en correspondance la forme physique, visuelle de ce mot imprimé sur une page et sa représentation abstraite, stockée en mémoire, sa représentation lexicale.

4 Cette mise en correspondance et non seulement rapide mais aussi automatique, ce qui rend son étude encore plus complexe. Chez un adulte - lecteur expert - le caractère automatique de l'identification des mots écrits est mis en relief par l'effet dit "stroop", qui résulte d'une interférence entre le sens d'un mot et sa forme. Ainsi, quand on demande de nommer la couleur de l'encre d'un mot, la réponse est plus longue quand le mot écrit est un nom de couleur qui ne correspond pas à la couleur de l'encre, par exemple, "vert" écrit en rouge. Le lecteur expert ne peut donc pas s empêcher de lire, même lorsqu on lui demande explicitement de ne pas le faire, ce qui est le propre d'un automatisme. Cet exemple indique que l'expert a accès quasi immédiatement et automatiquement à la forme, mais aussi au sens des mots. Ces propriétés sont en soit très étonnantes quand on sait que la lecture est une compétence très récemment acquise. Phylogenèse du langage L écriture est une invention récente, de quelques milliers d années. L architecture de notre cerveau n a donc pas encore eu la possibilité de s adapter aux difficultés posées par la reconnaissance visuelle des mots, ce qui n est pas le cas pour le langage oral. L analyse neuropsychologique du langage, débutée au XIXe siècle avec des auteurs comme Broca (1861) et Wernicke (1874), a permis de mettre en évidence des centres spécialisés dans le traitement du langage oral. Cette spécialisation, qui résulte d une lente évolution, facilite la production et la compréhension du langage articulé. Or, aucune aire cérébrale ayant quelques propriétés originales n est spécialisée dans le traitement du langage écrit. Comme nous le verrons un peu plus loin, on peut même spéculer qu au contraire, ce sont les systèmes d écritures eux-mêmes qui ont évolué afin de s adapter aux contraintes de notre système visuel. Australopithecus Afarensis s'est dressé sur ses deux pattes il y a cinq millions d'années. Plus de deux millions et demi d'années se sont ensuite écoulées entre la bipédie et le début de la fabrication d'outils et un autre million d'années avant le dernier accroissement brusque de la capacité cérébrale, il y a 500 000 ans. L'Homo Erectus quittait l'afrique il y a 350 000 ans et laissait la place à l'homo Sapiens Sapiens il y a un peu plus de cent mille ans. Le moment de l'apparition du langage

5 ne fait pas l'unanimité, mais il est probablement apparu quelque part en Afrique de l'est il y a près de 150 000 ans. En tout cas, les auteurs s accordent pour admettre que les conditions physiologiques et anatomiques, indispensables à l apparition du langage, se retrouvent chez l Homo Sapiens-Sapiens. Les premiers crânes retrouvés ayant une structure définitivement moderne remonteraient à 50 000 ans, mais il est tout à fait possible que cette configuration anatomique soit le résultat d une évolution ayant débutée il y a 100 000 ans, chez l Homo Erectus. En tout état de cause, la communication (sous forme de signes) et l utilisation de symboles (par exemple, des coupelles creusées dans la pierre recouvrant une sépulture, des marques en croix) sont bien antérieures à l apparition du langage. Le langage est bien évidemment basé sur le symbole : tel objet est représenté par un autre (oral ou visuel). Anatomiquement, l Homo Sapiens est très différent de ses prédécesseurs, avec en particulier la capacité de communiquer oralement. Il est tout a fait possible que certains ancêtres du Sapiens parlaient, mais ils devaient utiliser une langue bien différente pour une raison simple : le système vocal permettant de produire des sons de paroles n apparaît que chez l Homo Sapiens. En effet, la langue orale est composée de sons spécifiques : il ne s agit pas de bruits, de musique, mais de sons bien particuliers, composé d un mélange des deux et de résonances. Les sons sont des vibrations de l air. Ces vibrations sont émises par les cordes vocales puis sont modifiées par un système très complexe de filtres appelé le tractus vocal. Ces filtres amplifient, rajoutent des harmoniques de telle sorte qu au final, le son produit est très complexe, composé de plusieurs pics de fréquence. Ce sont ces pics qui permettent de différencier les sons entre eux. INSERER FIGURE 1 Le tractus vocal Chez l'être humain adulte, la cavité laryngée (milieu du cou, figure 1) forme un premier tube et les cavités buccale et nasale forment un second tube. Par comparaison, chez tous les mammifères, le larynx est haut, presque au même niveau que la langue et débouche immédiatement dans les cavités nasale et buccale alors que chez l'humain adulte, le larynx est beaucoup plus bas. Cet abaissement donne naissance à la cavité laryngée, absente chez les mammifères (figure 1). Chez

6 l'australopithèque, la portion de pharynx au-dessus du larynx était bien plus petite que chez l'homme moderne. Cet espace pharyngique restreint ne lui permettait pas de moduler les sons produits par les cordes vocales, du moins pas autant que chez Homo Sapiens (Lieberman, 1973). L australopithèque utilisait probablement un système de communication plus développé que celui des grands singes, mais son répertoire vocal était très limité par rapport à celui de l'homme moderne. Néanmoins, cette hypothèse d une baisse du larynx ne nous apprend rien sur l origine même du langage : ce n'est certainement pas parce que Sapien peut parler qu il s est mis à parler. Une autre hypothèse, plus plausible, serait de considérer que cette descente du larynx constitue, en fait, une amélioration considérable du système vocal et donc de la communication. INSERER FIGURE 2 Pour bien comprendre pourquoi, il suffit de suivre le chemin parcouru par les ondes sonores (figure 2). A l origine des sons de parole, nous avons une vibration des cordes vocales ayant une certaine fréquence (fréquence fondamentale). Puis, par propagation de l air, ces vibrations vont voyager dans les différentes cavités du tractus vocal où elles vont entrer en résonance, c'est-à-dire qu elles vont s enrichir de nouvelles fréquences. Les petites cavités vont générer des fréquences élevées (donc des sons aiguës) alors que les cavités plus importantes vont générer des fréquences plus basses (et donc des sons plus graves). Ces différentes fréquences vont donc enrichir le son de base afin de produire des sons plus complexes. Ces différents pics de fréquence sont appelés des formants. Les sons de paroles sont composés de 3 formants F1, F2 et F3 : le premier dépend de la cavité pharyngale, le deuxième de la cavité buccale et le troisième de la position des lèvres (figure 2). Grâce à la présence de ces formants, ces sons complexes et riches peuvent être facilement distingués. Ce caractère distinctif permet de communiquer facilement, rapidement et de façon efficace : les sons de paroles sont faciles à discriminer. Voilà pourquoi on considère que la descente du larynx constitue une amélioration du système langagier : un son riche en harmoniques est plus facile à produire et à reconnaître qu un son pauvre en fréquences ou composé essentiellement de bruits. Grâce à ce système, il est possible de produire 650 sons différents (appelés phonèmes), mais, pour une langue comme le français, en trentaine seulement de ces phonèmes est utilisée. Ce qui,

7 finalement, rend ce système très économique : avec à peine 30 sons différents, nous sommes capables de produire et de comprendre une infinité d énoncés! Nous verrons un peu plus loin que les systèmes d écriture alphabétique permettent de relier les unités de base de l écrit (les graphèmes comme «a» «f» mais aussi «ou», «ph») aux unités correspondantes de l oral (les phonèmes, c'est-à-dire les sons /a/, /f/ ). L écrit et l oral sont donc reliés, et pour bien comprendre comment le lecteur expert lit (ou comment l enfant apprend à lire), il est nécessaire de s intéresser aussi à la façon dont il produit et comprend les énoncés oraux. Spécialisation hémisphérique Cette possibilité de prononcer des sons complexes est une chose, encore faut-il coordonner tous les muscles impliqués et pour cela, il nous faut un cerveau suffisamment développé pour le faire. Les études de neuropsychologie ont permis la découverte des aires du cerveau spécialisées dans ces fonctions, grâce notamment à l étude des aphasies, qui est une perte partielle ou complète de l utilisation du langage consécutive à des lésions cérébrales. Les anarthries sont aussi un phénomène important : il s agit d une perte du programme articulatoire pour l exécution d un mouvement (comme la mobilité de la langue). Ces études ont notamment débuté grâce à Broca, anthropologiste et anthropométriste, qui tenait dans les années 1860 une consultation à l'hôpital de Bicêtre. Il a constaté qu un de ses patients présentait un trouble sévère de la production du langage sans atteinte de la compréhension. L'autopsie permet à Broca de décrire l'aspect extérieur du cerveau de son patient : il observe alors une lésion de la région frontale inférieure ; en fait, la lésion est massive, due à une énorme hémorragie ventriculaire frontale gauche. En 1865, Broca a étudié les cerveaux de quatre autres patients présentant les mêmes symptômes et localise les centres du langage articulé dans le lobe antérieur gauche. L aphasie de Broca met en avant l existence d une aire critique de la production de sons du langage articulé. Il s agit de l aire de Broca située dans l hémisphère gauche (d où la loi de la dominance hémisphérique gauche du langage). Lorsque les sons parviennent à une oreille, le système auditif les analyse et envoie ensuite un message au cortex auditif. Les sons sont reçus comme signifiants quand ils sont décodés dans l aire de Wernicke (une aire de la compréhension). Pour que l on puisse simplement répéter les mots par exemple, il faut que ce signal décodé soit transféré jusqu à l aire de Broca. Les ordres sont

8 ensuite transmis aux aires corticales motrices qui commandent le mouvement des lèvres, de la langue, du larynx. C est donc grâce à cette spécialisation que le langage oral peut être produit et compris si facilement et si rapidement. Pour le langage écrit, les choses ne se passent pas de la même façon. Comme nous l avons indiqué plus haut, il n y a pas de spécialisation particulière. Que l on présente un mot ou une image, les mêmes aires corticales réagiront. En effet, on pense que l apparition de l écriture est trop récente pour que l architecture de notre cerveau se soit modifiée afin de s adapter aux difficultés particulières de la reconnaissance visuelle des mots. Si nous représentons l évolution de notre espèce sur une échelle de temps équivalente à une année, et si nous considérons que les premières formes de langage sont apparues le 1er Janvier avec l Homo Habilis, alors nous pourrons dater l apparition de l écriture au 31 Décembre à 10 heures, c'est-à-dire, très récemment. Phylogenèse de l écrit Partout où elle est apparue, l écriture a débuté par des systèmes de représentations pictographiques représentant le plus fidèlement possible un objet réel. Ce type d écriture suppose bien sûr l existence d autant de signes que d objets, ce n est donc pas un système très économique ni très facile à utiliser. Pour éviter la multiplicité de ces signes, on améliora alors ce système. D abord en permettant au dessin de signifier non seulement l objet dessiné mais aussi certaines réalités rattachées au même objet : ainsi, en Mésopotamie, pays entouré de montagnes, le symbole permettant de représenter ces montagnes symbolisera aussi par la suite l idée de frontière, et, au-delà de la frontière, l étranger (figure 3). On passe ainsi du pictogramme à l idéogramme. INSERER FIGURE 3 La simplification ultime, et très ingénieuse aussi, interviendra avec la création de l alphabet. Cette fois, on ne garde qu un signe, simplifié à l extrême, en ne le référant plus ni à l image, ni au son de l objet désigné, mais juste au début du son. Prenons l exemple de la lettre «a». Au commencement était le bœuf ou le taureau. Cet animal avait une grande importance pour les civilisations rurales : force motrice,

9 symbole d énergie. Chez les Phéniciens, le bœuf (dont l ancien nom sémitique est «aleph») ne représente plus qu une image stylisée de la tête avec quelques variantes. Par la suite, l image figurative disparaît et la tête devient un simple trait sur lequel reposent les cornes. Le signe, à l étape suivante, tourne à 90 et les cornes traversent la tête. Puis c est le retournement complet de cette forme qui donnera l'alpha grec, d où provient le "A" de notre alphabet, qui sera en même temps associé au premier son du mot «aleph», c'est-à-dire au phonème /a/ (figure 4). INSERER FIGURE 4 Cet alphabet phénicien, formellement établis 1000 ans avant J.C., ne cessera d être modifié et simplifié. Les Grecs vont le transformer pour l adapter à leur langue. L invention la plus significative des Grecs sera l attribution à certaines lettres phéniciennes, dont ils n avaient pas l usage, la valeur de voyelles : alpha ( Α ), l epsilon (Ε), l omicron (Ο) et l upsilon (Ψ). Pour la sonorité i, ils inventèrent une nouvelle lettre, le iota. Au début les mots étaient écrits sans séparation, mais plus tard on les sépara les uns des autres. Dans le même ordre d idée, les accents sont apparus progressivement. La langue grecque avait en effet cette particularité de posséder un accent musical qui se traduisait dans chaque mot par un changement de hauteur portant sur une des syllabes de ce mot. L alphabet que les Grecs avaient hérité des Phéniciens ne tenant pas compte de telles nuances, ils inventèrent alors les trois accents de l écriture grecque : aigu, grave et circonflexe. Progressivement, son par son, signe par signe, l alphabet grec fut ainsi élaboré mais avec des différences notables selon les régions. Mais vers 400 avant J.C., on imposa un alphabet commun, sans variantes locales, ainsi qu un sens de lecture, de la gauche vers la droite. Concernant le français, dérivé du latin, la graphie actuelle a été fixée fin du XIV sous la pression des imprimeurs. Un même système, mais beaucoup de variantes Ce principe alphabétique n a pas été adopté dans toutes les civilisations. Certains systèmes sont restés idéographiques (comme le Chinois, qui dispose de plusieurs milliers de signes, ce qui rend son apprentissage très difficile). D autres sont restés syllabiques (de 80 à 120 signes). Quant au système alphabétique, une autre variabilité apparaît concernant la façon de représenter les couples lettre-son, c'est-à-

10 dire, les relations graphème-phonème. En effet, certaines langues multiplient ces relations (langues irrégulières), alors que d autres tendent à les réduire (langues régulières). La langue anglaise, par exemple, dispose de 1120 graphèmes pour une quarantaine de phonèmes. En français, on utilise 190 graphèmes pour 35 phonèmes, et en Italien, 33 pour 25 phonèmes. Voltaire, membre de l Académie Française, écrivait à propos d une réforme de l orthographe : «l écriture est la peinture de la voix, plus elle est ressemblante, meilleure elle est». Mais certains académiciens, plus conservateurs, ont préféré «suivre l ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d avec les ignorants et les simples femmes»! Cette irrégularité pose d ailleurs beaucoup de difficultés en ce qui concerne l apprentissage, les jeunes Italiens lisent nettement mieux et plus rapidement que les Français et les Anglais (Paulesu et al., 2001). En effet, lors de l apprentissage, les enfants vont s appuyer principalement sur une procédure de décodage (qui consiste à relier les graphèmes aux phonèmes), ce qui est long et laborieux. L irrégularité d une langue n est pas un facteur causal déterminant en ce qui concerne les troubles d apprentissage de la lecture, mais représente tout de même une difficulté supplémentaire qui ne facilitera pas l apprentissage chez les enfants éprouvant déjà un certain retard. L accès au lexique On trouve donc dans une langue comme le français des mots dont la prononciation peut facilement être déduite de l orthographe (mots réguliers comme «table») et d autres pour lesquels cela n est pas possible (mots irréguliers). Le graphème «OI» par exemple, se prononce /wa/ dans «oie», «oiseau» et /O/ dans «oignon». Ce mot est donc irrégulier, cela signifie qu il est nécessaire d apprendre sa prononciation, et qu il n est pas possible de la déduire. Coltheart (1978) a d ailleurs constaté que la procédure utilisée pour lire les mots réguliers et irréguliers n était pas forcément la même. En effet, il a observé que certaines personnes étaient incapables de prononcer les mots irréguliers, alors que la prononciation de mots réguliers, de mots nouveaux ou d autres qui n existent pas dans la langue (pseudomot, comme «clixe») restait possible. Il observa aussi, dans un autre échantillon de sujets, que certaines personnes étaient cette fois incapable de prononcer des mots nouveaux ou des pseudomots tout en gardant la possibilité de lire des mots irréguliers ou réguliers. On peut donc conclure de ces observations que, pour lire, les sujets de ces

11 deux populations utilisent une procédure qui est efficace pour les mots réguliers, mais qui reste inopérante pour les mots irréguliers dans le premier cas, comme pour les mots nouveaux ou les pseudomots dans l autre. INSERER FIGURE 5 Coltheart (1978) considère donc que 2 procédures sont nécessaires afin de pouvoir lire tous les types de mots (figure 5), mais que chez certains sujets, l une de ces procédures pouvait être déficiente. Une première procédure, appelée «accès direct», fonctionne par appariement direct entre la forme visuelle du mot et sa représentation lexicale stockée en mémoire. Les mots seraient donc reconnus sur la base de leur orthographe. Cette procédure est efficace pour les mots irréguliers car elle permet de récupérer en mémoire une représentation phonologique déjà stockée, mais inopérante pour les mots nouveaux ou les pseudomots car dans ces deux cas, il n existe pas de représentation lexicale. Pour ces deux types de matériel, on utilise une procédure indirecte, appelée aussi procédure d assemblage phonologique, qui consiste à associer aux graphèmes composant le mot ou le pseudomot, le phonème correspondant puis à fusionner l ensemble afin d en déduire la prononciation. Cette procédure d assemblage ne peut donc pas être utilisée pour les mots irréguliers sous peine d aboutir à une prononciation totalement erronée (pour le mot «oignon», on obtiendrait /wanion/ par exemple). Selon Coltheart (1978), ces deux procédures sont utilisées en parallèle chez le lecteur expert. Si l une de ces procédures est déficiente cela pourrait engendrer des difficultés de lecture (dyslexie) de type différent selon le type de procédure atteinte. La dyslexie de surface serait issue d une déficience de l accès direct, le patient rencontrerait alors des difficultés pour lire les mots irréguliers. La dyslexie phonologique, plus fréquente, serait associée à une déficience de la procédure indirecte d assemblage phonologique, ayant pour conséquence des difficultés de lecture de mots nouveaux ou de pseudomots. Dans la formulation initiale de son modèle, Coltheart (1978) considérait que les deux procédures étaient activées automatiquement et que la procédure indirecte d assemblage phonologique était plus lente, à cause du processus même d assemblage. En effet, cette procédure se déroule en trois temps : le mot est d abord décomposé en graphèmes élémentaires, puis, dans un deuxième temps, on

12 associe, à chacun de ces graphèmes le phonème correspondant et enfin, ces phonèmes sont fusionnés afin d obtenir le code phonologique final. Ces opérations ralentissent le traitement. Par conséquent, selon Coltheart (1978), les mots fréquents ont plus de chances d être reconnus grâce à la voie directe puisque à force de rencontrer ces mots, on réalise des associations directes entre la forme visuelle du mot et leur représentation lexicale. En revanche, si le mot n a pas été rencontré très souvent, la médiation phonologique a plus de chances de participer à son identification puisque ces associations directes n ont pas pu être consolidées par la répétition. Néanmoins, les modèles théoriques plus récents n opposent plus la voie directe et la voie indirecte. Ils insistent au contraire sur l interactivité de divers processus et sur l activation simultanée d informations phonologiques et orthographiques (Harm & Seidenberg, 2004). Au début de l apprentissage de la lecture, les enfants vont s appuyer principalement sur la conversion grapho-phonologique. Cela leur permet d'apprendre à lire tous les mots réguliers («table», «route» ). En revanche, ils font beaucoup d'erreurs quand ils doivent lire des mots irréguliers, même très fréquents, comme «sept», généralement lu comme «septembre». Comme nous l avons évoqué précédemment, la facilité de cet apprentissage dépend de la transparence des relations entre code écrit et code oral. S'il n'y a pas de système d'écriture totalement transparent par rapport à l'oral, certains le sont plus que d'autres : l'espagnol, l'italien, l'allemand, et même le français, par rapport à l'anglais. Or plus l'écriture est proche de l'oral, plus vite et mieux les enfants apprennent à lire. Un autre point crucial est que les études longitudinales - celles dans lesquelles on suit les mêmes enfants pendant une longue période pour traquer les prédicteurs de l'apprentissage de la lecture - montrent que la maîtrise du décodage est le sine qua non de cet apprentissage, les bons décodeurs précoces étant ceux qui progressent le plus, y compris pour la lecture de mots irréguliers (Morais, 1988 ; Sprenger-Charolles & Casalis, 1996). La conversion grapho-phonologique permet donc la construction du lexique orthographique et donc la possibilité d'utiliser, au fur et à mesure qu'il s'enrichit, la procédure directe. Si la voie phonologique est déficiente, les conséquences seront donc importantes sur l'apprentissage et les chances de devenir un bon lecteur.

13 Afin d étudier ces processus les chercheurs ont développé des paradigmes spécifiques (décision lexicale, décision sémantique, prononciation ) et pour assurer un contrôle expérimental correct, ils ont procédé de manière analytique. Ainsi, différentes étapes ont été identifiées et analysées séparément : analyse perceptuelle, accès au lexique, accès au sens, compréhension ; de même, la majorité des études concernait la lecture de mots isolés, quitte parfois à sacrifier la nature même de la lecture (lire des phrases afin d en déduire un sens) au profit d avantages méthodologiques. C est dans ce contexte que c est développé un recours massif aux techniques d enregistrement des mouvements oculaires. L avantage de cette méthode est qu elle donne la possibilité d étudier la lecture en temps réel et de façon plus naturelle ; des mesures comme les durées de fixation ou la position du regard permettent d inférer les processus cognitifs sous-jacents à la lecture. Cette approche est très fructueuse et bon nombre de processus perceptuels et linguistiques ont ainsi pu être étudiés dans des conditions normales de lecture. Motricité oculaire dans la lecture Au cours de la lecture, les yeux ne parcourent pas le texte de façon continue, mais par sauts brusques appelés saccades, immédiatement suivies par des périodes de fixation où l œil reste immobile. L enregistrement des saccades et des fixations permet d obtenir une multitude d indices que l on peut classer en 2 catégories : les indices temporels (durées des fixations) et les indices spatiaux (amplitude des saccades, lieu de fixation dans le mot). Chez le lecteur expert, la longueur moyenne d une saccade est de 7 à 9 caractères et la durée moyenne des fixations est comprise entre 200 et 250 ms. Environ 10 à 15 % des saccades sont des régressions, c'est-à-dire que le sujet retourne à un endroit du texte qui a déjà été lu précédemment. Néanmoins, ces valeurs fluctuent énormément d un mot à l autre, et l objectif des études utilisant l enregistrement des mouvements oculaires est de rendre compte de cette variabilité. Les durées de fixations sont affectées par la difficulté du traitement cognitif. Ainsi, les mots de basse fréquence sont fixés plus longuement que les mots de fréquence élevée. Cet effet de fréquence est classiquement interprété comme témoignant de

14 l accès lexical. On observe aussi un effet de la contrainte contextuelle, que l on évalue en mesurant la prédictibilité du mot, c'est-à-dire la proportion de juges qui, au cours d un pré-test, ont correctement prédit le mot cible à partir du contexte précédant (par exemple, si on présente «il était une», on constate que 90 % des sujets répondent «fois»). En lecture, les mots prédictibles sont fixés moins longtemps que les mots peu prédictibles. Concernant les points de fixation, on observe que les lecteurs ont tendance à positionner leur regard à mi-course entre le début et le milieu du mot. Ce point a été dénommé lieu de fixation préféré (Rayner, 1979). Les points de fixation se distribuent de façon gaussienne auteur de ce lieu de fixation préféré et ces distributions sont sensibles à la distance de départ de la saccade et à la longueur du mot cible. Ainsi, quand le lieu de départ de la saccade s éloigne du mot cible, la distribution des lieux de fixation se décale vers la gauche et la variance s accentue. Ces différents indices ne sont utilisables que lorsque les mots ont fait l objet d une fixation, or on constate que, pour un texte simple, 17 % des mots ne sont pas fixés par le sujet sans que, pour autant, la compréhension en soit perturbée. Ce résultat a conduit les chercheurs à proposer un nouvel indice, la probabilité de fixation. La longueur des mots et le lieu de départ de la saccade influent fortement et de façon additive sur cette probabilité, la fréquence et la contrainte contextuelle ayant moins d influence (Brysbaert & Vitu, 1998). Même si la majorité des saccades sont progressives (de la gauche vers la droite), on observe entre 10 à 15 % de régressions. Ces régressions dépendent de la difficulté du texte, de la syntaxe (Rayner & Pollatsek, 1989) mais aussi de la prédictibilité (Zola, 1984). La dyslexie Dans les pays économiquement favorisés, environ 20 % à 25 % des enfants présentent des difficultés d'apprentissage de la lecture. Un cinquième d'entre eux (entre 3 et 6 % selon les études) peut être considéré comme dyslexiques. Mais il y a plusieurs types de dyslexiques : les dyslexies développementales et les dyslexies acquises. On parle de dyslexie développementale lorsqu un enfant éprouve un retard