EPU Association Médicale du Val de Loire Le 29 janvier 2009



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EPU Association Médicale du Val de Loire Le 29 janvier 2009 Alain Gravier, Gilles Ollagnon, Anne Iordanoff

Coqueluche Bordetella pertussis (OMS : 300.000 décès dans monde), strictement humaine, transmission par goutelettes de salives (toux) Vaccination introduite en France 1959, étendu en 1966 (DTCP) Diminution spectaculaire du nombre de cas et décès Diminutions des contacts, perte progressive de la protection vaccinale, atteinte des ados et adultes : Modification de la transmission : ado/adultes vers enfants (nourrissons non vaccinés) CNR : 3 coqueluches dans sa vie

Coqueluche- Epidémiologie Effets de la vaccination 1959-1986 MORBIDITE: N/an 8000 1959 Vaxicoq Décroissance majeure de l incidence des cas et de la mortalité: 1967 : ~ 4000 cas notifiés 1970 : 1000 cas et 30 décès notifiés 1985 : 86 cas et 1 décès notifiés 7000 6000 5000 1966 Tetracoq Résurgences périodiques (pic tous les 3-4 ans) depuis les années 80 4000 3000 2000 1000 1986 Arrêt de l obligation de déclaration de la coqueluche 0 1950 1960 1970 1980 BEGUE P. et al. Épidémiologie de la coqueluche en Europe en 1995, Med Mal Infect 1995 ; 25 : 1263-1267. BARON S. et al. Renacoq : Surveillance de la coqueluche à l hôpital en 1998, bilan de trois années de surveillance. BEH 34/2000 : 143-145. 1986

Nombre de cas hospitalisés 1-2 mois 3-4 mois 5-6 mois 7-12 mois 2 2 ans 3 ans 4 4 ans 5 5 ans 6 6 ans 7 7 ans 8-14 ans 15-20 ans 20-25 ans 25-35 ans > 35 ans 0 2 4 8 10 12 Coqueluche épidémiologie actuelle Italie (Infection naturelle) France* (vaccination) BEGUE P. et al. Épidémiologie de la coqueluche en Europe en 1995, Med Mal Infect 1995 ; 25 : 1263-1267. *Étude Le Puy réalisée en Velay à l hôpital Armand Trousseau, Paris, 1991/1992. PIC chez les nourrissons avant 6 mois et les adultes Il s agit d une transmission parent-enfant

Coqueluche - épidémiologie A partir de 1980 : Recrudescence de la coqueluche, en raison de l épuisement de la protection 30000 25000 20000 Evolution de la Coqueluche aux Etats-Unis de 1980 à 2005 vaccinale. Apparition de la 15000 Cas coqueluche chez les adolescents 10000 et les adultes jeunes anciens 5000 vaccinés, qui la transmettent à de petits nourrissons non protégés : 0 1980 1983 1985 1987 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2003 2005 il s agit d une transmission parentenfant 1998 : Introduction d un rappel vaccinal coqueluche à 11-13 ans

Coqueluche Etude ET 501 Etude prospective ( France, Allemagne, Etats-Unis et Canada) de février 2003 à octobre 2004-95 cas index et 404 cas contacts inclus Wendelboe AM et al. Transmission of Bordetella pertussis to Young Infants. Pediatr Infect Dis J 2007; 26 293-9.

Coqueluche

Coqueluche Clinique Classiquement 3 phases : -1- Incubation : 7 à 10 jours, asymptomatique - 2- Phase catarrhale : 1 à 2 semaines : atypique (rhinorhées, mx de tête, petite toux, pas de fièvre) : grande contagiosité car souvent non diagnostiquée. -3 Phase paroxystique : 5 à 8 semaines, quintes de toux +/- caractéristiques, svt sans fièvre, associées à une reprise respiratoire difficile (recrudescence nocturne),vomissements, cyanose. Possibles complications infectieuses surtout respiratoires, neurologiques et dénutrition 32% des toux rebelles > à 7 jours et < à 31 jours sont des coqueluches.

Coqueluche Diagnostic biologique Identification de la bactérie Bordetella pertussis -1- Culture Aspiration naso- pharyngée avec ensemencement pratiqué le plus rapidement possible (délai 2 h, pas de milieu de transport). Spécificité quasi absolue, sensibilité moyenne Prélèvement à faire dans les 2 premières semaines de la maladie 2. PCR Détection de l'adn bactérien à partir de l aspiration nasopharyngée (délai 24h, pas de milieu de transport) Utile dans les 3 premières semaines chez les sujets en phase d'état ou sous antibiotiques. Non remboursé par la Sécurité Sociale (56 euros) -3- IF directe sur échantillon abandonnée

Coqueluche Diagnostic Biologique - Diagnostic indirect : Sérologie : ELISA et immuno-empreinte (+++) si la toux dure depuis plus de 3 semaines. Recherche des Ac anti FHA (Spécifique de Bordetella) et anti PT (spécifique de B pertussis). Permet d'étendre le diagnostic de certitude aux cas où la culture est défaillante. Attention, ininterprétable en cas de vaccination récente (< 3 ans) Immuno-empreinte remboursée par la Sécurité Sociale

COQUELUCHE - Traitement L'antibiothérapie (macrolides) Indiquée dans les 3 premières semaines d'évolution Diminue les risques de contamination en éliminant la bactérie des sécrétions Autorise le retour en collectivité après 5 jours de traitement Ou 3 jours si le malade est traité avec à l azithromycine. Permet parfois d'écourter la maladie si administrée au début de la phase catarrhale. Après le début des quintes, son effet sur l'évolution de la toux est nul Préconisée pour toutes les personnes proches du malade non vaccinées ou dont la vaccination coqueluche remonte à plus de 5 ans et ce, quel que soit leur âge.

COQUELUCHE - Traitement Antibiotique de référence : macrolides (clarithromycine et azithromycine) Posologie de la Clarithromycine: Enfant: 15 mg/kg/j pendant 7 jours, en 2 prises journalières, sans dépasser 500mg Adulte: 500 à 1000mg/j en 2 prises journalières Posologie de l Azithromycine: Enfant: 20 mg/kg/j pendant 3 jours, en une seule prise, sans dépasser 500mg Adulte: 500mg/j pendant 3 jour, en une seule prise Les autres macrolides peuvent être proposés (érythromycine, josamycine) En cas d intolérance aux macrolides, le cotrimoxazole peut être utilisé en cas d allergie mais son efficacité n'a pas été clairement établie Les fluoroquinolones n ont pas été évaluées Les bétalactamines (pénicillines, céphalosporines) sont inefficaces

COQUELUCHE - Traitement Thérapeutiques n ayant pas fait leurs preuves : Fluidifiants, antitussifs : utilité non démontrée Salbutamol, corticoïdes : restent discutés (réduction de l intensité des quintes???) Gammaglobulines standard: ne doivent pas être prescrites

Coqueluche - Politique vaccinale Primo vaccination à 2, 3 et 4 mois Rappel à 16-18 mois Rappel à 11-13 ans Rattrapage chez l adolescent à 16-18 ans. Rattrapage chez l adulte (injection > 10 ans) et notion de projet parental