Item 125 : Oeil et sclérose en plaques



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Transcription:

Item 125 : Oeil et sclérose en plaques Date de création du document 2008-2009

Table des matières * Introduction... 1 1 Généralités... 1 2 Signes oculaires...2 ENC : OBJECTIFS Décrire les manifestations des atteintes oculaires de la SEP : NORB, atteintes oculomotrices. Connaître les principes de la prise en charge d'une NORB.

INTRODUCTION La sclérose en plaque (SEP) est une maladie auto-immune entraînant la formation de foyers de démyélinisation au sein du système nerveux central. La neuropathie optique - encore dénommée névrite optique ou névrite optique rétrobulbaire (NORB) - est une neuropathie optique inflammatoire démyélinisante ; elle est une des manifestations les plus fréquentes de la SEP, dont elle peut être inaugurale. I GÉNÉRALITÉS La neuropathie optique atteint des adultes jeunes, le plus souvent entre 20 et 40 ans, avec une nette prédominance pour le sexe féminin (environ 75%). ELLE EST LE PREMIER SIGNE DE LA MALADIE DANS 1/3 DES CAS. Les autres atteintes oculaires sont plus rares ; il s agit principalement de paralysies oculomotrices. II SIGNES OCULAIRES Ils sont dominés par la neuropathie optique et les atteintes oculo-motrices. A. La neuropathie optique Elle se manifeste typiquement par une baisse d acuité visuelle rapidement progressive, sur quelques heures à quelques jours, importante, unilatérale. Des douleurs rétro-oculaires, augmentées lors des mouvements oculaires, accompagnent ou précèdent la survenue de la neuropathie optique. Ces douleurs sont un signe important d orientation car elles évoquent le caractère inflammatoire de la neuropathie. Elles sont présentes dans 80% des cas. A l examen l acuité visuelle est le plus souvent abaissée de façon importante, pouvant être inférieure à 1/10ème. à l éclairement de l oeil atteint, le réflexe photomoteur direct est diminué, de même que le réflexe consensuel de l oeil sain ; à l éclairement de l oeil sain, RPM direct et RPM consensuel (RPM de l oeil atteint) sont conservés («pupille de MarcuGunn»).

l examen du fond d oeil est normal ; dans quelques cas peut exister un oedème papillaire modéré. Examens complémentaires l examen du champ visuel montre un scotome central ou cæco-central. l examen de la vision des couleurs montre classiquement une dyschromatopsie d axe rouge- vert. les potentiels évoqués visuels (PEV) sont très altérés au stade aigu ; ils peuvent montrer sur l oeil controlatéral sain un allongement des temps de latence traduisant un ralentissement de la conduction évoquant des lésions de démyélinisation. Figure 1 : Scotome central unilatéral Figure 2 : Scotome cæco-central unilatéral Évolution l évolution se fait vers la régression avec le plus souvent une bonne récupération visuelle, en environ trois mois. Quatre-vingt pour cent des patients récupèrent une acuité visuelle normale. après récupération peut s observer un phénomène de Uhthoff qui traduit la thermolabilité des axones démyélinisés : elle se traduit lors de l élévation de la température corporelle (ex. effort physique, prise d un bain chaud) par une baisse transitoire, réversible, de l acuité visuelle. une récidive homo- ou controlatérale survient chez 30% des patients.

Traitement l ONTT (Optic Neuritis Treatment Trial) a montré l efficacité de la corticothérapie à fortes doses, qui accélère la récupération visuelle et retarde la survenue d un 2ème épisode, sans toutefois modifier le pronostic final. le traitement recommandé comporte une corticothérapie de 14 jours : le traitement est également celui de la SEP, notamment par l interféron. Pronostic le pronostic fonctionnel de la neuropathie optique est le plus souvent favorable ; une récupération incomplète avec baisse d acuité visuelle définitive est cependant possible, notamment dans les formes sévères avec baisse d acuité visuelle initiale profonde. L acuité visuelle initiale est en effet le meilleur facteur prédictif de l acuité visuelle finale le risque de développer une SEP à distance d un épisode isolé de neuropathie optique est de 30% en moyenne à 5 ans. Les principaux facteurs de risque sont : Diagnostic différentiel C est celui des autres neuropathies optiques, qui doivent être éliminées devant un tableau atypique (cf chapitre «ALTÉRATIONS DE LA FONCTION VISUELLE») B. Autres atteintes 1. atteintes oculo-motrices paralysies du VI, avec : paralysies internucléaires : l ophtalmoplégie internucléaire l oeil atteint présente un déficit de l adduction alors que l adduction des deux yeux est conservée dans la convergence. 2. nystagmus Il est présent chez plus d 1/3 des patients présentant une SEP évoluant depuis plus de cinq ans.

3. périphlébites rétiniennes Engainements blanchâtres des veines rétiniennes périphériques ; présentes chez 5% des patients. Figure 3 : Paralysie interernucléaire Le parallélisme des deux yeux est conservé en position primaire (a), mais il existe une limitation de l'adduction de l'oeil droit dans le regard latéral gauche (b). Tableau 1 : Principales manifestations ophtalmologiques de la sclérose en plaques Neuropathie optique : - Baisse d acuité visuelle centrale - Douleurs réto-oculaires aux mouvements du globe oculaire - Diminution du réflexe photo-moteur direct - Champ visuel : scotome central ou cæco-central - Évolution : immédiate : régression avec récupération fonctionnelle secondaire : récidives homo-ou controlatérale (environ 30% des cas) - Traitement : corticothérapie (protocole de l ONTT) traitement de la SEP (interféron) Atteintes oculo-motrices : - paralysies du VI - ophtalmoplégie internucléaire Nystagmus Périphlébites rétiniennes