QUIZZ Journée Mondiale du refus de la misère 2014 1. Le travail Souvent on dit «Les pauvres ne veulent pas travailler» À votre avis, quelle proportion de personnes au travail accepterait de poursuivre leur activité en gagnant moins? Quelle proportion de personnes au chômage serait prête à reprendre une activité même si cela ne leur procure pas un gain financier? 48 % 64 % la valeur accordée au travail et la volonté d'assurer le meilleur avenir possible aux siens conduisent la plupart des bénéficiaires d'allocations-chômage à accepter la reprise d'un emploi, même sans gains financiers immédiats. (Source : Direction Générale du Trésor, 2009, et étude coordonnée par Duncan Gallie en 1999, citée par Jean Gadrey, http://bit.ly/wyvo4w) Les principaux freins évoqués pour la reprise sont le manque d emplois, de moyens de transport, de formations adaptées, de modes de garde d enfants, les problèmes de santé, etc. Dire que les personnes en grande précarité ne veulent pas travailler n évite-t-il pas aussi à certains décideurs de s interroger sur le cruel manque d emplois dans notre pays et sur la manière de lutter contre les freins à la reprise d emploi? D après le rapport de l Observatoire Nationale de la Pauvreté et de l exclusion Sociale (mai 2013) plus des deux tiers des personnes en situation de pauvreté sont en emploi ou en recherche d emploi. 2. L'immigration Souvent on dit : «l immigration coûte cher à la France» Combien coûte l immigration à la France en prestations sociales? Combien rapporte l'immigration à la France en prestations sociales? L'immigration coûte 68 milliards d'euros en prestations sociales. Les populations immigrées perçoivent en moyenne davantage de prestations sociales que les Français natifs pour ce qui est des aides au logement et du RSA (et un peu plus pour ce qui est des allocations familiales et des allocations chômage). Mais c est le contraire pour ce qui est de l assurance maladie et de l assurance vieillesse. L'immigration rapporte 72 milliards d'euros en impôts et cotisations sociales chaque année. (Source : Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, On entend dire que l immigration coûte cher à la France. Qu en disent les économistes?, Paris, Eyrolles/Les Échos, 2012.). Avec 4 milliards d euros de bénéfices, la population immigrée est donc une chance pour aider au paiement de nos retraites. Pour la plupart des pays, remarque l OCDE, l impact de l immigration est positif.
3. Le logement En période de restriction budgétaire, l État réduit l aide au logement social. Le niveau de la production de logements sociaux a progressé régulièrement jusqu en 2007 mais s est effondré depuis : seulement 333 000 logements ont été commencés en 2009 contre 435 000 en 2007. En France combien de personnes souffrent de mal-logement? 3,5 millions personnes sont touchées par le mal-logement en France. Auxquels il faut ajouter 290 000 ménages ayant recours à des pratiques de restriction ou de privation de chauffage. (Source : Fondation Abbé Pierre - Rapport sur le mal logement 2014, d'après Insee et différentes sources.) L absence de logement stable provoque pour une famille des ruptures durables dans l emploi, la santé, la scolarité qui auront des conséquences et des coûts élevés pour la collectivité. L insalubrité, les logements indignes, les logements difficiles, les logements sur-occupés, sont toujours pour les personnes qui ont déjà plein de difficultés. C est une difficulté de plus qui vient se rajouter. Pour avoir accès à un logement, il faut avoir un travail. Pour avoir un travail il faut avoir un logement, c est un cercle infernal. On n y arrive pas, quand on cumule plusieurs handicaps sociaux, cela devient insurmontable. En France combien de personnes vivent encore dans des logements qualifiés de «mauvaise qualité»? 6 millions de personnes sont touchées par les logements de «mauvaise qualité», situant la France au 18 ème rang européen sur 24 pays. (Source : Fondation Abbé Pierre - Rapport sur le mal logement 2014, d'après Insee et différentes sources.) Les bailleurs sociaux ne tiennent plus leur rôle à savoir l accession à un logement social aux personnes qui ont de faibles revenus. Avec 600 de revenu (chômage ou retraite), vous n avez plus accès à un logement HLM. La France ne construit pas assez de logements sociaux. Elle laisse le marché libre à des sociétés HLM à caractère industriel et commercial. Avec des logements dit «sociaux» mais difficilement accessibles, avec des logements indécents pour les plus démunis. 4. Le placement des enfants Pour un grand nombre d enfants et de parents, le placement est une solution qui crée des ruptures profondes. Un enfant ou une fratrie peuvent-ils être Les causes du placement d un enfant d une famille pauvre tiennent placés pour raison de grande pauvreté? souvent aux conditions d accès de la famille au logement, à la santé, etc. Des difficultés pourraient dans de nombreux cas être résolues par un soutien à la famille qui coûterait par ailleurs moins cher que la solution du placement. «Six milliards d euros sont dépensés chaque année de façon empirique, sans que l on cherche à connaître l efficacité de ces interventions» (rapport «La protection de l enfance» de la Cour des comptes, octobre 2009).
5. La santé Souvent on entend : «Avec la CMU, tout le monde à accès aux soins» L'ensemble de la population en France accède-t-elle aux soins médicaux? Combien de personnes ne disposent pas de la couverture maladie universelle (CMU) alors qu'elles y auraient droit? Parmi les foyers pauvres, quel pourcentage renonce aux soins de santé? En août 2012, 21,5 % des bénéficiaires du RSA socle n avaient pas accès à la CMU-C (Couverture Maladie Universelle et sa Complémentaire) alors qu ils y ont normalement droit et ont renoncé à certains soins pour raison financière. Selon le Fonds CMU, un quart des médecins refusent des patients bénéficiaires de la CMU. En 2012, plus d 1/3 des bénéficiaires potentiels, soit 2 millions de personnes, ne disposaient pas de la CMU. (Source : enquête dans les CES de l Assurance Maladie mars 2011) En 2009 : 11 % En 2010 : 23 % En 2011 : 33 % (Sondage CSA/Europ Assistance/Cercle santé société, cité dans Odenore, L Envers de la «fraude sociale». Le scandale du nonrecours aux droits sociaux, Paris, Éd. La Découverte, 2012) 6. L'école La loi d'orientation sur l'école de 2005 dit que la scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires d acquérir et de maîtriser une base commune de connaissances et compétences, qui sont indispensables pour construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. Pensez-vous que l'école corrige les inégalités sociales? qu elle constitue un ascenseur social? Noter les réponses et partager les observations : En France, l'impact du milieu social sur la réussite ou l'échec scolaire est plus grand que dans beaucoup d'autres pays européens, et il grandit au fil des années. En 2009, plus de 75 % des élèves dont les parents ont une profession intellectuelle ont obtenu le bac général contre 33% pour les enfants d'ouvriers, 41% pour les enfants de chômeurs (rapport CESE sur les inégalités à l'école) *ATD milite pour une école de la coopération, de la réussite pour tous, et non pas une école de la compétition et de l'exclusion. 7. L'espérance de vie Un homme de 35 ans a aujourd'hui une espérance de vie différente selon sa situation professionnelle : S'il est cadre, il vivra jusqu'à 82 ans, S il est ouvrier, il vivra jusqu'à 76 ans, S il est chômeur, il vivra jusqu'à 66 ans. (Source : INSEE première, n 1372, 2011) Cette situation représente-t-elle une injustice et une violence?
8. Les minima sociaux Souvent on entend : «les gens font tout pour toucher le maximum d'aides». «Notre modèle social, enferme les pauvres dans l assistanat». Savez-vous combien de personnes ont droit au revenu de solidarité active (RSA), et ne le demandent pas? Une personne sur deux ne fait pas la demande de RSA. Les raisons sont: la volonté de ne pas dépendre de l'aide publique, la complexité des démarches, le manque d'information, le souhait de ne pas être contrôlé (Source Odenore http://bit.ly/zfpwii). Ainsi une majorité de personnes préfèrent s en sortir par leurs propres moyens, plutôt que de devoir effectuer des démarches administratives complexes en ayant à justifier de leurs difficultés tous les trois mois. L assistance, c est une solution de secours surtout pour nos décideurs qui n ont ainsi pas à chercher de solutions plus durables avec ceux qui endurent la pauvreté et l exclusion... et que l on suspecte régulièrement d être des profiteurs et des «assistés.» Parfois on entend : «Il vaut mieux rester chez soi et toucher le RSA, que d aller travailler et toucher le SMIC» Comparez revenu du RSA, seuil de pauvreté et revenu d un Simcard (1120 ) : Montant RSA socle 2014 Foyer Pas d'enfant Nombre d'enfant de moins de 25ans (ou personnes à charges) 1 Enfant 2 Enfants Personne Seule 499 749 899 Sans aide au logement SEUIL DE PAUVRETE (Insee 2011) 814 1058 * non renseigné Couple 749 899 1049 Sans aide au logement SEUIL DE PAUVRETE (Insee 2011) 1221 1465 * 1872 * (*) Avec enfant de moins de 14 ans. Seuil revalorisé pour enfant de plus de 14 ans
9. le seuil de pauvreté Pour une personne seule : Ce seuil est en France égal à 50 % du revenu médian de la population, soit 814 par mois en 2011. L Union Européenne utilise un seuil à 60 % du revenu médian de la population, soit 977 par mois en 2011. Combien de personnes vivaient sous le 4,8 millions de personnes étaient sous le seuil de pauvreté en seuil de pauvreté en 2010? 2010 (source : INSEE 2012) Quelle est l'augmentation du nombre de En 8 ans ce nombre a augmenté d'un million de personnes (plus ces personnes entre 2002 et 2010? 27 %) (source : INSEE 2012) Quel est le taux de pauvreté à Mulhouse? 31 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Mulhouse est classé en 12 ème position des grandes villes françaises de plus de 100 000 habitants (source : Observatoire des inégalités 2011) Dans un classement des 20 villes (plus de 10 000 habitants), les plus inégalitaires de France, comment se positionne Mulhouse? 9 ème place du classement des 20 villes les plus inégalitaires de France (hors Dom Tom et villes de moins de 10 000 habitants). (source : Observatoire des inégalités, mars 2014) 10. La société de consommation Deux témoignages de personnes en situation de pauvreté. L'une dit : «Le plus dur, c'est que je ne peux rien donner, offrir aucun cadeau!» ; La deuxième : «C'est très dur d'aller faire ses courses ; avec 480 de RSA, quand j'ai tout payé, je ne peux presque plus acheter de nourriture et les magasins sont tellement pleins de tant de choses!» Dans notre société, tout le monde est sommé de consommer pour exister tandis que certains sont exclus de l'accès au nécessaire. Un auteur écrit : «le capitalisme produit des déchets industriels, en même temps qu'il produit des rebuts humains : les pauvres, les chômeurs et les millions d'êtres humains qui meurent de faim à travers le monde Ne s'agit-il pas d'un génocide silencieux?» Notre société se donne-t-elle les moyens de lutter contre la pauvreté et contre ses causes? Un sociologue constate : «les classes populaires ne se pensent plus comme un collectif qui a des armes politiques pour lutter contre son exploitation, mais comme des individus isolés, qui ont des droits à défendre isolément. Cela produit du ressentiment vis-à-vis des plus pauvres comme réponse collective au malheur social.» 11. Regard sur la pauvreté La pauvreté est-elle une question politique qui se pose en termes de justice ou bien une question de philanthropie et de charité? ATD pense que la lutte contre la pauvreté se pose en termes d'organisation collective, de juste distribution des salaires, du travail, du capital. Considérer la misère en termes compassionnelle conduit à tenter de soulager les misérables, mais pas à combattre la misère et ses causes. L'approche affective ne correspond pas à la loi qui reconnaît des droits fondamentaux aux individus en même temps que des devoirs.