RECHERCHES SUR TOILES 11
Direttore Aurelio Principato Università degli Studi Roma Tre Comitato scientifico Franca Bruera Università di Torino Daniela Dalla Valle Università di Torino Bruna Donatelli Università degli Studi Roma Tre Giovanni Saverio Santangelo Università degli Studi di Palermo Laura Santone Università degli Studi Roma Tre Gilles Siouffi Université Paris Sorbonne Paris IV
RECHERCHES SUR TOILES La collana accoglie lavori realizzati a livello universitario, che riguardino la lingua e la linguistica francese nei suoi più vari aspetti: grammaticale, teorico, storico, didattico e documentario.
Sabrina Aulitto Pour une étude de la terminologie des assurances en diachronie Préface de Giulia Papoff, Maria Teresa Zanola
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À mes enfants Aurelio et Serena
Table des matières 9 Préface 13 Introduction 15 Chapitre I Pour un corpus spécialisé en matière assurantielle 1.1. Description du corpus: le lexique des assurances au XIXème siècle, 16 1.1.1. Les traités, 19-1.1.2. Les monographies, 22-1.1.3. Les revues, 26 1.1.4. Les dictionnaires, 28-1.1.5. Les congrès, 29-1.2. Un exemple d exploitation du corpus, 30-1.2.1. Les accidents de mer: les avaries, 30 1.2.2. Les combinaisons lexicales d avarie dans le sous-domaine des assurances maritimes, 32 39 Chapitre II Glossaire historique du lexique des assurances au XIXème siècle 2.1. Guide à la consultation des fiches, 39-2.2. Le glossaire, 48-2.3. Indice des termes, 220 229 Bibliographie 1. Ouvrages de référence, 229-2. Études en langue de spécialité et en linguistique des corpus, 234-3. Le secteur des assurances, 255-4. Des sources lexicographiques et terminographiques, 264 7
Préface La toile de fond théorique de la terminologie met en relief le noyau de la conceptualisation du problème terminologique, les objets de la science, le système conceptuel et les termes exprimant ces réalités. Cette triade jouit d un intérêt qui se développe au cours du XVIII e siècle. Ces termes - substantif, verbe, adjectif ou syntagme qui assument une de ces fonctions sont des désignateurs, qui déterminent un réseau conceptuel. Cet ensemble de termes a été appelé nomenclature, pour désigner les termes utilisés dans une science ou dans un art: Duhamel du Monceau (1758), dans La physique des arbres, définissait la nomenclature «art de placer les objets d une science et de leur attribuer des noms». C était une définition compatible avec celle qu on donne aujourd hui de terminologie. La terminologie se définit en tant que discipline au XX e siècle sous la pression des exigences de la normalisation et de la néologie, dans un dessein idéaliste de viser à une langue internationale ou universelle des sciences et des techniques, afin de normaliser formellement toute nouveauté lexicale. L histoire terminologique d une discipline permet de reconstituer l histoire de ses connaissances établies et de leur évolution chronologique, c est la clé d accès à ce réservoir culturel. C est l histoire de la terminologie des assurances que pousse Sabrina Aulitto à offrir une clé d interprétation d un secteur très exigeant dans les nécessités de définition des opérations et des produits à présenter à une clientèle de plus en plus vaste. 9
10 Pour une étude diachronique de la terminologie des assurances Aulitto a su mettre au centre des études terminologiques la nomenclature des assurances, sa description, son classement qui se développe à partir du lexique de la langue naturelle et qui ne peut être analysée qu à partir des discours qui la produisent et qui l enregistrent. Le corpus ainsi établi illustre la naissance et l essor de ce lexique spécialisé en même temps que le développement des idées du domaine, caractérisé par l interdisciplinarité: les assurances entrelacent les secteurs économique, financier, juridique et actuariel, et se manifestent dans une riche variété textuelle, que A. consulte avec compétence pour établir son glossaire de référence. Il est évident que l analyse d un domaine hautement spécialisé tel que celui des assurances, vu dans son évolution diachronique, implique une longue formation où l expertise linguistique se double de l œil attentif spécialiste des arbres conceptuels enracinés dans le temps et développés en France suivant une histoire socio-économique complexe: au cours du XIXe siècle cette terminologie est complète pour permettre de représenter les différents aspects de la pratique assurancielle. Le corpus spécialisé qui en a été tiré plus de 80 ouvrages parmi les traités de caractère juridique, les volumes sur l assurance-vie, sur les assurances maritimes, terrestres et sociales, les revues et les dictionnaires spécialisés ouvre à l analyse de l évolution sémantique et lexicale de la communication assurancielle, offrant au lecteur la possibilité de pénétrer dans un terrain inexploré, riche en contenus et en documentation. Un exemple. Les sources lexicographiques et encyclopédiques du XVIIIe siècle décrivent l avarie du point de vue juridique aussi bien que du point de vue pratique: le Dictionnaire Universel de Commerce de Jacques Savary des Bruslons de 1723 présente une description détaillée de l avarie («Terme de commerce de mer. C est le dommage qu éprouve un navire, ou les marchandises dont il est chargé, depuis son départ jusqu à sa destination. Tous les dommages réputés avaries se règlent entre les assureurs et les assurés à raison de leurs intérêts respectifs»), à laquelle s ajoute le classement établi dans l édition de 1762 en avaries grosses ou communes, avaries simples ou particulières,
Préface 11 et avaries menues. L Encyclopédie méthodique de la marine de Panckoucke (1783-1786) précise davantage cette typologie: «simples (pertes de câble, ancres, voiles, dommages causés aux marchandises par les irruptions d eau dues à la mauvaise fermeture des écoutilles etc.), grosses (qui comprennent les dommages causés aux marchandises par leur vice propre, par tempête, prise, naufrage, échouement, le frais faits par sauver, les droits impositions et costume) et les menues avaries (qui sont les lamanages, tuages, pilotages)». La naissance de la pratique des assurances avait été d ailleurs envisagée A. le souligne avec efficacité pour les accidents de mer, c est-à-dire pour les avaries, conçues comme des sinistres. Cette analyse se poursuit dans son évolution diachronique, illustrant la combinatoire qui va l enrichir au fil des années dans le sous-domaine des assurances maritimes. Dans le corpus sélectionné, grâce à un logiciel de concordances, Sabrina Aulitto a choisi d observer aussi les combinaisons lexicales et les cooccurrences des termes-candidats composant le glossaire historique du lexique des assurances qui ont fortement contribué à perfectionner le sens spécialisé des unités terminologiques considérées. Ainsi que l a dit Alain Rey (De l artisanat du dictionnaire à une science du mot, 2010), «Lorsqu on parle de mots en chroniqueur, en lexicographe ou en terminologue, il ne s agit pas de les transfigurer ou de les exalter, comme le font les vrais écrivains ou les poètes, mais de faire leur portrait [ ]. Quoi qu on dise à son propos, le mot manifeste son pouvoir, son inattendu son mystère. Il suffit pour le constater d interroger le moindre mot et de lui faire conter son histoire». Et c est justement ce portrait historique de la terminologie des assurances que cette étude a voulu esquisser. Cette lecture analytique, ponctuelle et diachronique d un glossaire spécialisé en matière assurantielle, que Sabrina Aulitto nous propose, est à la fois un voyage dans le temps et dans l espace, qui nous transporte dans une époque révolue où se développait le commerce maritime et naissait l exigence de créer une nomenclature capable de désigner des réalités nouvelles. Il
12 Pour une étude diachronique de la terminologie des assurances s agit donc d une aventure langagière qui nous raconte, à travers les mots, l évolution d un langage technique, l essor d un domaine spécifique et nous révèle, par là, un aspect inexploré de l histoire de la culture des hommes. Giulia Papoff Maria Teresa Zanola
Introduction Ce travail vise à proposer une étude diachronique de la terminologie des assurances au XIX ème siècle. Cette période présente une riche production de textes qui décrivent la naissance et l évolution de la pratique assurantielle. Dès lors, nous avons pensé réaliser un corpus spécialisé contenant une sélection de ces textes, dans le but d observer l évolution sémantique et lexicale de quelques termes. Le corpus diachronique collecté présente des textes au format électronique consultables à l aide de logiciels de concordances et à travers l emploi d un de ces outils, nous avons extrait un nombre considérable d occurrences et nous en avons choisi 265, en limitant notre recherche aux termes les plus représentatifs. Cette étude suit la méthode de recherche adoptée par l historien français Ferdinand Brunot 1 et, comme nous le suggère Maria Teresa Zanola 2, s inspire de l exemple des travaux en terminologie diachronique conduits par, Peter Jacob Wexler 3 et Louis Guilbert 4. Brunot, dans le VI e volume de son ouvrage monumental, a théorisé les études sur les langues spécialisées, en analysant l 1 F. BRUNOT, Histoire de la langue française des origines à 1900, Tome VI, Le XVIII e siècle. Le mouvement des idées et les vocabulaires techniques, Colin, Paris, 1930. 2 M.-T., ZANOLA, Arts et métiers au XVIIIe siècle. Etudes de terminologie diachronique, L'Harmattan, Paris, 2014, p. 19. 3 P. WEXLER, La formation du vocabulaire des chemins de fer en France (1778-1842), Droz-Giard, Genève-Lille, 1955. 4 L. GUILBERT, La formation du vocabulaire de l aviation, Larousse, Paris, 1965. 13
14 Pour une étude diachronique de la terminologie des assurances période qui va de 1715 à 1815, riche en détails sur la naissance et l évolution des langues techniques. Cet intervalle temporel marque le début du mouvement des idées caractérisé par l exigence de nommer les choses appartenant à un domaine spécifique, à partir du concept ou de l idée transmise. Comme l affirme Jean-Claude Chevalier dans une étude consacrée à Ferdinand Brunot, «la période de 1715 à 1815 apparaît comme une formidable machine productrice de mots et de discours, inscrits dans des lieux de production déterminés, ce qui conduit Brunot à esquisser les traits d une géographie sociale de la langue» 5. Brunot a retracé l histoire de quelques techniques à partir de l analyse de mots-clés qui illustrent les étapes les plus significatives de la formation du secteur objet. Pour ce qui concerne les assurances, il associe la naissance de cette pratique au développement du commerce maritime et surtout aux accidents de mer, les avaries 6. Les mots qu il analyse pour décrire très brièvement l évolution de ce secteur sont: avaries, assurance, police, prime. À partir de cet exemple historique, dans la même optique, nous focaliserons notre attention sur les 265 termes sélectionnés, en essayant d illustrer dans le glossaire historique leurs significations et emplois dans les textes du XIX ème siècle. Dans sa globalité, ce travail, tout en suivant les théories des études en terminologie diachronique et textuelle, cherche à contribuer au manque d analyse sur la naissance et l évolution des connaissances spécialisées. De fait, le secteur des assurances semble être un terrain inexploré, riche en contenus et en sources à consulter et à exploiter. 5 J. C. CHEVALIER, F. Brunot (1860-1937): la fabrication d une mémoire de la langue, in «Langages», Mémoire, Histoire, Langage, 28 e année, n 114, Juin 1994, p.65. 6 F. BRUNOT, op. cit., p. 363.