ANALYSE- DIAGNOSTIC DE LA FILIERE REGIONALE RIZ DU CENTRE-OUEST

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UNITE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL (UPDR) ETUDE «DIAGNOSTIC ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ A MADAGASCAR FAO TCP/MAG/8821 ANALYSE- DIAGNOSTIC DE LA FILIERE REGIONALE RIZ DU CENTRE-OUEST Jeudi 27 avril 2000 Version 2 Document de travail Ce document présente les résultats d une étude FAO réalisée avec l UPDR sur base d une enquête filière consolidée avec les résultats de l EAB. Ces résultats en termes de volume de production et de surfaces rizicoles diffèrent des chiffres officiels du MINAGRI et n engagent à ce stade que les experts responsables de l Etude.

TABLE DES MATIERES 1 INTRODUCTION... 6 1.1 PRESENTATION DU CADRE DE L ETUDE FAO-UPDR FILIERE RIZ... 6 1.2 L HISTORIQUE DES INTERVENTIONS ET POLITIQUES SUR LA FILIERE RIZ... 6 1.3 BASES DE TRAVAIL DE L ETUDE FILIERE RIZ... 8 1.3.1 Six filières régionales différenciées et analysées... 8 1.3.2 18 modèles d exploitation et 6 systèmes de culture différenciés... 8 1.3.3 Huit niveaux d enquêtes (producteurs, collecteurs, décortiqueurs, rizeries, grossistes, détaillants, consommateurs, vendeurs d intrants... 9 1.3.4 Une équipe multi-disciplinaire malgache... 9 1.4 POURQUOI UN DIAGNOSTIC STRATEGIQUE RIZ PAR SOUS-FILIERE REGIONALE... 10 2 RESULTATS NATIONAUX ET PLACE DE LA REGION DANS LA RIZ ICULTURE MALGACHE... 11 2.1 LE POIDS ECONOMIQUE DE LA FILIERE RIZ NATIONALE... 11 2.2 MIEUX CONNAITRE LES RIZICULTEURS POUR DYNAMISER LE SECTEUR... 11 2.2.1 Depuis une approche par système de production à partir de critères agronomiques... 11 2.2.2 A une approche par stratégie d exploitation basée sur des critères économiques... 12 a) Modèles d exploitation en situation de micro-stratégie rizicole d autosuffisance... 13 b) Modèles d exploitation avec spéculation rizicole dominante... 13 c) Systèmes diversifiés en polyculture avec autosuffisance partielle en riz... 14 2.2.3 Une forte autoconsommation et des résultats financiers médiocres... 15 2.3 LA FILIERE AVAL ET L AJUSTEMENT DE L OFFRE ET DE LA DEMANDE... 16 2.3.1 Transformation et commercialisation... 16 2.3.2 Ajustement de l offre et de la demande par les échanges interrégionaux et extérieurs... 16 2.4 LES BENEFICIAIRES DE LA VALEUR AJOUTEE AU NIVEAU NATIONAL... 18 2.4.1 D un point de vue financier... 18 2.4.2 D un point de vue économique... 18 2.5 POSITION ET POIDS DE LA REGION CENTRE OUEST DANS LA FILIERE NATIONALE RIZ... 19 3 CONDITIONS DE PRODUCTION, SYSTEMES DE CULTURE ET MODELES D EXPLOITATION... 21 3.1 LES SYSTEMES DE CULTURE... 21 3.1.1 Caractéristiques et performances des systèmes de culture... 21 a) Poids relatif des systèmes de culture... 21 b) Analyse comparative régionale des résultats du riz aquatique... 21 c) Performances comparées du système de riz aquatique repiqué en foule... 22 d) Analyse comparée des systèmes SRI, SRA et semi-direct... 23 e) Performances en riz pluvial... 23 3.1.2 Caractérisation globale par niveau de technicité... 24 3.1.3 Rentabilité et productivité du travail par système de culture... 25 3.1.4 Analyse technique des conditions de production (équipt, maîtrise d eau)... 25 3.2 MODELES D EXPLOITATION DOMINANTS... 26 3.2.1 Modèle 7 Centre Ouest : Simple riziculture aquatique... 26 3.2.2 Modèle 8 Centre Ouest : Double riziculture aquatique... 27 3.2.3 Modèle 9 Centre Ouest : Simple riziculture aquatique + riz pluvial... 28 3.2.4 Modèle 10 Centre Ouest: Double riziculture aquatique + simple aquatique + riz pluvial... 29 3.3 DIAGNOSTIC ET MICROSTRATEGIE DES PRODUCTEURS... 30 4 CARACTERISTIQUES DE LA SOUS-FILIERE REGIONALE... 32 4.1 PRINCIPAUX AGENTS ET OPERATEURS DANS LA SOUS FILIERE REGIONALE... 32 4.2 PRESENTATION DU GRAPHE DE LA SOUS-FILIERE RIZ DU CENTRE OUEST... 33 4.3 LA PRODUCTION ET LES PRESTATAIRES EN AMONT... 34 4.3.1 Ventes d intrants agricoles... 34 4.3.2 Crédit rural... 34 4.3.3 Encadrement agricole... 35 Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 2 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

4.4 LA COMMERCIALISATION ET LA TRANSFORMATION REGIONALE... 36 4.4.1 Analyse régionale des flux de paddy et de riz... 36 4.4.2 Fonctionnement des agents assurant la collecte et la commercialisation amont... 36 a) Les collecteurs semi-grossistes... 37 b) Profil micro-économique du Collecteur semi-grossiste... 37 4.4.3 Décortiqueurs, rizeries et pilonnage... 38 a) Evolution de l activité de transformation... 38 b) Profil micro-économique de l opérateur décortiqueur... 38 c) Profil micro-économique de la rizerie... 39 4.4.4 Equilibre offre demande : Grossistes et détaillants... 40 a) Fonctionnement et profil micro-économique du grossiste... 40 b) Fonctionnement et profil micro-économique du détaillant... 41 4.5 L AVAL : LA DEMANDE REGIONALE EN RIZ (CONSOMMATEURS)... 43 a) Consommateurs ruraux... 43 b) Consommateurs urbains... 43 4.6 ANALYSE FINANCIERE ET ECONOMIQUE, REPARTITION DE LA VALEUR AJOUTEE... 44 4.6.1 Analyse financière... 44 a) Comparaison des comptes par type d agent... 44 b) Répartition de la Valeur ajoutée monétaire... 44 4.6.2 Répartition des gains monétaires entre agents et autres intervenants... 45 4.6.3 Analyse économique avec des prix de marché... 45 4.7 INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES ET ROUTIERES... 46 4.7.1 Périmètres irrigués.... 46 4.7.2 Infrastructures routières.... 47 5 DIAGNOSTIC PROSPECTIF... 49 5.1 CONTRAINTES ET POTENTIALITES... 49 5.1.1 Première identification des contraintes par type d agent... 49 5.1.2 Réflexion «Un historique d échecs et de mal développement sur la région du Ménabe»... 49 a) Les choses qui ont marché mais pas comme prévu... 49 b) Les échecs et actions catastrophes... 49 5.1.3 L enclavement et le réseau routier... 50 5.1.4 Manque d appui de l Etat et manque de prestataires vis à vis du secteur privé... 50 5.1.5 Potentiel et dynamiques régionales... 51 a) Un Potentiel agronomique unique... 51 b) Priorité stratégique pour l investissement public : l infrastructure routière... 51 c) Dynamique d investissement privé... 52 d) Dynamique organisationnelle... 52 e) Gestion des infrastructures hydrauliques... 53 5.2 PROPOSITIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE DE PORTEE NATIONALE... 53 5.3 SIMULATIONS D ALTERNATIVES ET D EVOLUTIONS FACTUELLES... 53 5.3.1 Simulation sur l emploi de fertilisants minéral en riz aquatique et l extension, l amélioration du système SRA... 53 a) Hypothèse basse (horizon 2-3 ans)... 54 b) Hypothèse haute (horizon 5-6 ans)... 54 5.3.2 Simulation d une augmentation des prix du riz et du paddy de 20%... 54 5.3.3 Simulation d une hausse des prix du carburant de 50% (par rapport à 99)... 55 5.3.4 Simulation combinée d une hausse du carburant de 50%, d une hausse du riz de 20% et d une augmentation du rendement aquatique de 10%... 55 5.4 PROPOSITIONS D OBJECTIFS ET D ACTIONS PRIORITAIRES SUR LE COURT TERME (2000-2002)... 55 5.4.1 Objectifs de court terme (2003)... 55 5.4.2 Actions de court terme... 55 a) Routes... 55 b) Information vulgarisation -OP... 56 c) Amont et aval : Crédit, intrants, commercialisation... 56 d) Concertation et gestion du développement régional... 56 5.5 PROPOSITIONS D OBJECTIFS ET ACTIONS ENVISAGEABLES SUR LE MOYEN TERME (2002-2006)... 57 5.5.1 Objectifs de moyen terme... 57 5.5.2 Actions proposées à moyen terme... 57 ANNEXES ANNEXE 1 : Présentation des 18 modèles d exploitation caractérisés en trois catégories de stratégies paysannes Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 3 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

ANNEXE 2 : Modèle agrégé des flux de paddy et riz échangés entre agents (Centre Ouest) ANNEXE 3 : Compte agrégé de la filière régionale du Centre Ouest (Analyse financière) ANNEXE 4 : Compte agrégé de la filière régionale du Centre Ouest(Analyse économique aux prix de marché) ACRONYMES ANAE Agence Nationale d Actions Environnementales AUE, AUR Association d usagers de l Eau, association d Usagers du Réseau BTM Banque des T Malgache CIRAD Centre International de Recherche en Agriculture et Développement CPE Coefficient de Protection Effective CPN Coefficient de Protection Nominale CRD Coefficient de Coût en Ressources Domestiques DPEE Direction de la Prévision et des Etudes Economiques FAO Food and Agriculture Organisation FAUE, FAUR Fédération d Associations d Usagers de l Eau, fédération d AUR INSTAT Institut National de Statistiques MB Marge Brute MO Main d Oeuvre PE2 Programme Environnemental phase 2 PNVA Programme National de Vulgarisation Agricole RBE Revenu Brut d Exploitation RNE Revenu Net d Exploitation SSA Services de Statistiques agricoles de la DPEE MINAGRI SRA Système de Riziculture Amélioré (système de riziculture aquatique avec repiquage en ligne) SRI Système de riziculture Intensive TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée UPDR Unité de Politique de Développement Rural VA Valeur Ajoutée Agent ou opérateur : On appelle agent ou opérateur un acteur économique, c est à dire une cellule élémentaire intervenant dans l économie, un centre autonome d action et de décision (paysan, commerçant, entreprise, organisme de développement). Définitions Analyse financière : on parle d analyse financière quand il s agit de mesurer les résultats financiers d une activité en tenant compte pour les produits, de la seule production commercialisée, et pour les charges de celles qui font uniquement l objet d une transaction monétaire. Ainsi des variables telles que l autoconsommation, les dons, les paiements en nature, le travail familial qui contribuent à l activité de l agent, n apparaissent pas dans les comptes d exploitation des agents économiques. Analyse économique : il s agit de donner une valeur monétaire à l ensemble ou à certaines des variables précédentes de façon à intégrer dans l analyse l ensemble des éléments qui vont déterminer la stratégie du producteur. Cela facilite également la comparaison des résultats d exploitation entre secteurs ou filières pour lesquelles les niveaux d autoconsommation et de travail familial diffèrent. L analyse économique peut utiliser les prix de marché ou prix financiers ou bien utiliser un nouveau système de prix. Analyse des politiques : L'analyse des politiques regroupe l'ensemble des outils employés pour suivre l'impact/ l'effet des mesures politiques en cours sur l'ensemble du secteur rural et sur les principales filières de production / simuler des mesures à l'étude pour en estimer les effets possibles. Ceci vise à fournir aux décideurs un appui à la décision (révision de la politique en cours)... Diagnostic stratégique : Le concept de diagnostic stratégique s'oppose aux habituelles "descriptions" de la situation actuelle" par lesquelles tout exercice de réflexion stratégique se devait de Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 4 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

démarrer. Une description de la situation actuelle est certes nécessaire, mais elle ne saurait tenir lieu de diagnostic, c'est à dire de jugement porté sur cette situation. Le diagnostic sera dit stratégique s'il s'oriente déja vers des propositions. Le diagnostic stratégique consistera à faire une sélection des problèmes avec ceux qui sont chargés de mettre en oeuvre les solutions, ensuite à les expliquer et les hiérarchiser, puis à inventorier les solutions envisageables. - Exploiter l'analyse de la situation actuelle, - l'inventaire et la hiérachisation des problèmes à résoudre - et les différentes solutions envisageables pour résoudre ces problèmes (y compris des alternatives de solutions possibles pour un problème donné. Filière de production : On appelle filière de production l'ensemble des agents économiques qui concourent directement à la production, à la commercialisation puis à la transformation et à l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même produit agricole (ou d'élevage). Ainsi de la culture du riz, de celle du coton, de l'arachide, à l'élevage (filière viande, filière cuirs et peau), la filière englobe la succession des opérations qui, partant en amont d'une matière première - ou d'un produit intermédiaire - aboutit en aval, après plusieurs stades de transformation/ valorisation/ commercialisation à un ou plusieurs produits finis au niveau du marché de consommation ou de l'exportation 1. L'étude ou l'analyse de filière permet la mise à plat d'une filière de production en définissant les intervenants, les circuits, les flux de produits, puis en analysant la commercialisation, la transformation de ces produits puis leur débouché consommation/ exportation. Une fois mise à plat, la filière fait l'objet d'un bilan financier par intervenant et au niveau global puis d'un bilan économique... Une telle étude doit prendre en compte les aspects financiers, commerciaux, humains, politiques, législatifs, économiques. Mesure politique "Une mesure est un acte du Gouvernement dans le domaine législatif, réglementaire, institutionnel, organisationnel n'impliquant pas d'investissement ou de dépenses autres que les dépenses de fonctionnement des administrations chargés de l'exécution de la mesure". Stratégie de développement La stratégie de développement est l'ensemble des actions coordonnées pour atteindre un objectif de développement. La stratégie n'est pas comme la politique une exclusivité gouvernementale, chaque agent économique peut avoir sa propre stratégie. Une stratégie se concrétisera par un programme d'investissement et si nécessaire des mesures d'accompagnement. Système de culture : ensemble des facteurs (type de terroir, régime hydrique, mode de faire-valoir, pratiques culturales, intrants agricoles ) mis en œuvre par un exploitant pour assurer la production d un type de riziculture (aquatique, pluvial, tavy). L analyse des systèmes de culture porte donc essentiellement sur des variables agronomiques. Elle se prête bien à l étude des performances techniques de la riziculture en terme de rendements.. Système de production ou Modèle d exploitation: il définit la place faite dans l exploitation à chacun des types de riziculture (aquatique, pluviale, tavy). En d autres termes, c est le mode de combinaison de deux ou trois types de riziculture au sein d une même exploitation. L analyse des systèmes de production permet de comprendre l économie des ménages de riziculteurs, leurs stratégies d exploitation, leur fragilité ou leur capacité d accumulation. Valeur Ajoutée La valeur ajoutée est la richesse nouvelle que crée une activité de production. Elle n est pas mesurée par la valeur brute P du produit, mais par cette valeur P diminuée des richesses qu il a fallu consommer (consommations intermédiaires CI) pour la produire. La valeur ajoutée mesure ainsi la création de richesse, l apport du processus de production-commercialisation considéré à la croissance de l économie 1 G. Duruflé, P. Fabre, J.M. Yung, Les effets sociaux et économiques des projets de développement rural: manuel d'évaluation, Ministère de la Coopération, 1988 Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 5 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

1 INTRODUCTION 1.1 PRESENTATION DU CADRE DE L ETUDE FAO-UPDR FILIERE RIZ Le sous secteur riz constitue la principale filière du secteur agricole à Madagascar. Son poids économique en fait un pilier majeur dans l ensemble du développement socio-économique de Madagascar. Cette filière a été déjà très étudiée sur de nombreux aspects spécifiques au niveau des systèmes de production, des techniques, des coûts de production, des aménagements hydrauliques, des habitudes de consommation, les problèmes de commercialisation et transformation. On a par ailleurs réalisé un véritable état des lieux de la filière en avril 1996, lors du fameux atelier de Mantasoa. L objectif du projet FAO finançant l Etude filière riz UPDR est d aider le Gouvernement à : améliorer le diagnostic entamé par la préparation et la tenue de l atelier sur l état des lieux de la filière riz, actualiser l étude économique de la filière, renforcer l analyse des situations et des résultats à tous les stades de la filière, et définir à partir de ce travail systématique les priorités et les choix à faire pour une politique de la filière. A noter que, pour cette étude, le Gouvernement Malgache et la FAO privilégient la dimension économique de l analyse de la filière riz et tout particulièrement l analyse de l intégration de ces activités dans le contexte macro-économique malgache. Une analyse approfondie est véritablement indispensable pour permettre au Gouvernement de mettre en œuvre une politique adéquate pour relancer la filière riz en cogérant mesures de contrôle, mesures d encouragement, investissements publics et prestations de service aux producteurs et aux opérateurs de la filière. Une telle politique devra répondre notamment à l ensemble des points suivants : Comment relancer rapidement la production rizicole destinée à la commercialisation qui provient davantage de certaines zones de production bénéficiant d avantages structurels? Comment renforcer les dynamiques régionales de filière (suppression des goulots d étranglement : enclavement, accès aux services, marchés concurrentiels)? Comment répondre au phénomène de détérioration des grands périmètres irrigués et aux dérives de gestion engendrées par le retrait de l Etat? Comment relancer une dynamique d intensification au niveau des producteurs (Associations, intrants, vulgarisation, crédit, prix au producteur )? 1.2 L HISTORIQUE DES INTERVENTIONS ET POLITIQUES SUR LA FILIERE RIZ Les années jusqu'à 1985 illustraient une volonté constante de la puissance publique de contrôler l'organisation de la filière du riz et son fonctionnement : réglementation en matière de prix à la production et à la consommation, et administration et coordination des activités du secteur(bureau de stabilisation et de commercialisation du riz : BSCR et SINPA); ceci s explique suite au caractère stratégique du riz par sa forte consommation et son commerce éventuel et par l héritage colonial de protection de l'état des consommateurs et producteurs Le riz est cultivé à Madagascar dans toutes les situations et toutes les régions. Il est intimement lié à la vie culturelle et quotidienne malgache; il constitue la principale filière vivrière du pays. Dans les vingt dernières années, du fait de l évolution des conditions économiques générales et de la désorganisation périodique des structures, la place du riz a subi une double évolution. La production n a pas suivi l augmentation de la demande et la production locale disponible par tête en riz blanc aurait baissé de 138 kg en 1975 à près de 130 kg en 1998 (soit 6-7% de baisse). Les importations ont permis de compenser partiellement le déficit de la production locale. Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 6 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

Jusqu en 1995, elles sont restées inférieures à 100 000 tonnes/an, récemment elles se sont progressivement rapprochés de 180 000 tonnes. La substitution au riz d autres sources alimentaires, dont des tubercules, a également pris place dans le cadre de l urbanisation croissante et de l expansion des filières maïs et manioc. Malgré des efforts pour une amélioration de la production et la diffusion d innovations, la productivité reste faible et l utilisation d intrants (engrais, semences) est très en deçà des recommandations de la recherche (10 kg/ha contre 340 recommandé). Le potentiel de terres irriguées est loin d être négligeable et de nombreux aménagements ont été réalisés, qu ils soient de conception traditionnelle ou récente mais la maîtrise de l eau n est pas acquise, du fait des conditions naturelles ou de l insuffisance d entretien. La riziculture malgache est très diversifiée et ne peut se résoudre à un modèle simplifié. Les systèmes de production et les systèmes en rizière y sont nombreux. Ces systèmes ont des modes de conduite différents selon les origines du peuplement, la densité de population, les caractéristiques du relief et du régime hydraulique des cours d eau. La diversité des systèmes de production se retrouve aussi en matière de fonctionnement et de stratégie de décision des producteurs. Des analyses déjà anciennes 2, ont montré que dans les exploitations agricoles des Hauts plateaux les mouvements d échanges en riz ne s expliquaient pas simplement par les besoins d autoconsommation de la famille mais aussi les exigences des relations familiales et de besoins monétaires. Dans certaines régions (Lac Alaotra, Marovay) la production rizicole alimentait directement un circuit de commercialisation dont une partie était destinée à l exportation. Quelles que soient les régions un réseau de sous-collecteurs et collecteurs, agréés par des usiniers privés, achetaient la production de riz. Cette organisation n a pas survécu aux désordres économiques engendrés par les différents modes de gestion de la filière et en particulier lors de la création des sociétés étatiques La situation de la filière rizicole ne peut pas être isolée de la situation de l ensemble des filières vivrières et du problème de la sécurité alimentaire. Des projets ou programmes soutenus par les bailleurs extérieurs apportent un appui à la Sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté qui sont parmi les priorités du Gouvernement. Etat des lieux de la filière. Soucieux de mettre en œuvre une véritable politique rizicole dans le pays, le Ministère du développement rural a chargé l Unité de politique de développent rural (UPDR) d organiser en avril 1996 un atelier pour faire l état des lieux de la filière riz, avec le soutien financier de la Banque mondiale et le soutien technique de la FAO et du PNUD. La masse d informations rassemblées et l importance des échanges de points de vue au cours de cet atelier sont une avancée considérable. Néanmoins, la complexité de la filière est grande et les enjeux de son organisation sont énormes. Or il s avère que les statistiques de base doivent être actualisées et que l analyse économique de la filière est quasi inexistante, même si l on considère les études FOFIFA/CIRAD (Leplaideur, 1993) et l étude CERDI sur le commerce du riz (1993). 2 Guy de Haut de Sigy et al. Section économie rurale IRAM 1966; Etat des lieux de la filière riz (avril 1996); suivi des hameaux test (FOFIFA - 1990). Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 7 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

1.3 BASES DE TRAVAIL DE L ETUDE FILIERE RIZ 1.3.1 Six filières régionales différenciées et analysées Six zones ont été identifiées comme des entités spécifiques à enquêter, étudier et analyser séparément. Chaque zone a été différenciée en prenant en compte la notion de zone agro-écologique et la logique de filière d approvisionnement tout en respectant les limites administratives de fivondronana.il s agit de : 1. La région Nord : constituée par la province d Antsiranana sans la sous préfecture de Nosibe 2. La région Nord Ouest : constitué par la province de Mahajanga. 3. La région Centre Ouest : regroupant d une part la région du moyen Ouest et d autre part les sous préfecture du cenre Ouest de Madagascar. Il s agit de la partie Ouest de la province d Antananarivo et de celle de Fianarantsoa, la partie Nord de la province de Toliara y compris Betioky Benenitra et Betroka 4. La région Hauts plateaux : Il s agit de la province d Antananarivo hors moyen Ouest avec les plateaux de la province de Fianarantsoa. 5. La région Est : constituée par le littoral Est de la province de Fianarantsoa et la province de Toamasina sans la région du lac Alaotra. 6. La région du Lac Alaotra qui comprend la totalité des fivondronana de Ambatondrazaka, Amparafaravola, Andilamena et Moramanga La couverture des régions est précisée dans le tableau ci-dessous : NORD NORD OUEST CENTRE OUEST HAUTS PLATEAUX Antsiranana Mahajanga Toliara Antananarivo Antalaha Besalampy Manja Ambohidratrimo Andapa Soalala Beroroha Ankazobe Sambava Maevatanana Morombe Arivonimamo Vohémar Ambato Boeni Ankazoabo Manjakandriana Ambanja Marovoay Belo/Tsiribihina Anjozorobe Ambilobe Mitsinjo Morondava Ambatolampy Tsaratanana Mahabo Miarinarivo Port Bergé Betioky Sud Antanifotsy Mandritsara Miandrivazo Andramasna Analalava Sakaraha Faratsiho Befandriana Benenitra Antsirabe Antsohihy Betroka Fianarantsoa Bealanana Fenoarivo Centre Ambositra Fandriana Kandreho Tsiroanomandidy Ambalavao Ambatomainty Betafo Ambohimahasoa Antsalova Ambatofinandrahana Ikongo Maintirano Ikalamavony Midongy du Sud Morafenobe Ihosy Vondrozo Mampikony Soavinandriana Ivohibe Iakora Befotaka EST Ifanadiana Vangaindrano Farafangana Vohipeno Manakara Mananjary Nosy Varika Toamasina Maroantsetra Mananara Nord Fénérive Est Vohibinany Vatomandry Mahanoro Marolambo Tanambao Manampotsy Vavatenina Anosibe an ala Soanierana Ivongo LAC ALAOTRA Ambatondrazaka Amparafaravola Andilamena Moramanga NON COUVERTE Nosibe Sainte Marie Ampanihy Bekily Beloha Tsihombe Amboasary Ambovombe Taolagnaro L extrême Sud et les îles (Nosibe et Sainte Marie) ne faisaient pas partie du champ d enquête. Les régions non couvertes représentent une surface très marginale en riz. 1.3.2 18 modèles d exploitation et 6 systèmes de culture différenciés Avec en moyenne trois modèles d exploitation rizicole dominants par région étudiée, la présente étude a identifié, caractérisé et analysé 18 modèles d exploitation dominants. Il s agit de: Modèle d'exploitation n 1 Nord : riz aquatique+ r iz tavy Modèle 2 Nord : riz aquatique + riz tanety Modèle 3 Nord : Double riziculture aquatique sur bas fond Modèle 4 Nord Ouest : Simple riziculture asara sur bas fond Modèle 5 NO : Simple riziculture asara + maraîch. Modèle 6 NO : Double riziculture aquatique asara et jeby Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 8 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

Modèle 7 Centre Ouest : Simple riziculture aquatique Modèle 8 CO : Double riziculture aquatique Modèle 9 CO : Simple riziculture aquatique + riz pluvial Modèle 10 CO: Double riziculture aquatique + simple aquatique + riz pluvial Modèle 11 Hauts Plateaux: Simple riziculture aquatique (2ème saison) Modèle 12 HP : Simple riziculture aquatique (2ème saison)+ cult. Contre-saison (légume, blé) Modèle 13 HP: Simple Riziculture aquatique + riz pluvial Modèle 14 Est: Tavy exclusif Modèle 15 Est: Simple riziculture aquatique + riz tavy Modèle 16 Est: Simple riziculture aquatique Modèle 17 Lac Alaotra : Simple riziculture aquatique Modèle 18 LA : Simple riziculture aquatique + riz pluvial L enquête auprès des producteurs de paddy a considéré deux unités statistiques bien distinctes. D une part, l exploitation agricole a été retenue pour tous les volets concernant le ménage et ceux relatifs à l ensemble de l exploitation rizicole ; d autre part, les parcelles ont été considérées pour l étude de la riziculture (2550 parcelles enquêtées en termes de superficie, production, rendement, modalités de gestion technique, coûts de production ). L analyse au niveau des parcelles a permis d analyser les performances par système de culture. Trois système de culture rizicoles principaux sont retenus le riz aquatique, le riz pluvial et le riz tavy. Au sein du riz aquatique, quatre sous systèmes selon la technique culturale sont considérés, différenciés en termes d analyse. Il s agit du Riz aquatique en semis direct, Riz aquatique avec repiquage en foule, du repiquage en ligne ou système de riziculture amélioré (SRA) et du système de riziculture intensif (SRI). En final, 6 systèmes de culture sont appréhendés et différenciés par région 1.3.3 Huit niveaux d enquêtes (producteurs, collecteurs, décortiqueurs, rizeries, grossistes, détaillants, consommateurs, vendeurs d intrants Entre juin et novembre 1999, trois équipes de collecte investigation enquête (CIE) comprenant enquêteurs et consultants ont couvert l ensemble des 6 régions identifiées (zones rurales couvertes par deux équipes CIE Nord et Sud) ainsi que les principales agglomérations urbaines (équipe CIE Urbaine) réalisant des enquêtes par questionnaire préétabli auprès de : 1235 producteurs 477 consommateurs urbains 153 collecteurs, 331 détaillants 134 décortiqueurs, 6 rizeries 60 vendeurs d intrants La saisie et le traitement des questionnaires s est étalé entre août et décembre 1999. L analyse des données s est terminé courant mars 2000 avec la sortie d une série de documents de résultats préliminaires d enquête de rapports d analyse et de synthèses des experts impliqués. 1.3.4 Une équipe multi-disciplinaire malgache Le Ministère de l Agriculture a mobilisé une équipe de Conception Analyse Synthèse (CAS) coordonnée par l UPDR (William Randriambololona) pour piloter l étude avec un économiste Luc Razafimandimby,, un agronome Jacqueline Rakotoarisoa (FOFIFA), un statisticien Jean Marie Rakotovao, un expert en commercialisation, Théophile Ramarojanao (Ministère du Commerce), un expert en Génie rural, Alfred Raherivelo (X²Z). Les équipes CIE d enquête ont mobilisé les experts précités avec des consultants additionnels (Pascal Ravohitrarivo, agronome, Victor Kakotoniaina, Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 9 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

économiste, Abel Ratovo Henri, économiste) et des enquêteurs. L équipe de Saisie Traitement Analyse (STA) dirigée par l expert statisticien comprenait également un spécialiste en analyse de données, Raphaël Ratovoarinony (MADIO) un informaticien, Léonce Ranarison et deux opérateurs de saisie. Un appui extérieur a été fourni à la supervision technique de l équipe par la FAO 3 et la Coopération Française. 1.4 POURQUOI UN DIAGNOSTIC STRATEGIQUE RIZ PAR SOUS-FILIERE REGIONALE L étude en cours a rapidement conclu que la prise en compte des disparités régionales en matière de riz impliquait une réflexion stratégique par sous filière régionale d approvisionnement en riz. Le poids du sous secteur riz dans l économie rurale régionale lui confère en effet un rôle multiple, comme principal secteur employeur, principal secteur en termes de distribution de revenus, comme poste majeur dans les dépenses des consommateurs, comme poids lourd dans la sécurité alimentaire régionale. L évolution de ce secteur est donc un sujet majeur à discuter dans un cadre de réflexion stratégique et de politique régionale en impliquant les principaux partenaires au développement (Opérateurs privés, représentants des riziculteurs, services publics, ONG et projets). Selon les régions, que ce soit pour améliorer l approvisionnement ou pour gérer l écoulement des excédents, les stratégies seront fortement différenciées tout en s intégrant dans un cadre cohérent à l échelle nationale. 3 experts FAO Leteuil (Centre d Investissement), Haribou (FAO Accra), consultants internationaux : Marie Hélène Dabat, Pierre Fabre (experts CIRAD) et Louis Bockel Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 10 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

2 RESULTATS NATIONAUX ET PLACE DE LA REGION DANS LA RIZ ICULTURE MALGACHE 2.1 LE POIDS ECONOMIQUE DE LA FILIERE RIZ NATIONALE La base de production se résume en quelques chiffres 1 721 000 exploitants rizicoles travaillant sur 1 450 000 ha de surfaces cultivées en riz, soit 0,84 ha de surface rizicole par exploitation. La superficie rizicole cultivée de Madagascar se partage en trois systèmes de culture avec 79% des surfaces en rizière aquatique, 10% en pluvial et 11% en tavy. Le volume brut de production de 2,78 millions de tonnes de paddy génère un volume disponible de 2,59 millions de tonnes en 1999, soit 1,73 millions de tonnes de riz. 62% du paddy est auto consommé soit 1,61 millions de tonnes de paddy laissant un disponible de 978000 tonnes ; 782 000 tonnes de paddy sont commercialisées, le reste étant employé en dons, redevances Le volume annuel de riz malgache ainsi commercialisé sur le marché par les producteurs est de 519 200 tonnes, auxquelles s ajoutent 187 000 tonnes de riz importé, soit un volume annuel total de plus de 706 000 tonnes de riz commercialisé. Ce riz commercialisé passe par un ensemble d opérateurs avant d être vendu au détail auprès de consommateurs à hauteur de 415 000 tonnes en milieu urbain (couverture des besoins de 3, 71 millions de consommateurs urbains à raison de 112 kg/an) et de 293 000 tonnes en zone rurale La coexistence de régions excédentaires et déficitaires et la structure de consommation des agglomérations urbaines engendre un volume important d échanges interrégionaux de 177-178 000 tonnes de riz local provenant de zones excédentaires. Avec un Chiffre d affaires monétarisé de 4883 milliards de fmg et un poids économique de 6630 milliards de fmg (intégrant l approvisionnement non monétarisé), la filière d approvisionnement en riz constitue la première activité économique de Madagascar en termes de volume, générant une valeur ajoutée de 2270 milliards de fmg. Elle constitue une activité professionnelle pour 1 million750000 opérateurs, généralement chefs de ménage dont les revenus affectent ainsi une population de près de 9-10 millions d habitants. Le volume de travail généré simplement par la production rizicole (hors transformation, commercialisation) correspond à 242 millions de jours de travail par an, soit l équivalent de 970 000 emplois à plein temps auxquels s ajoutent près de 70 000 emplois salariés générés en aval de la production. 2.2 MIEUX CONNAITRE LES RIZICULTEURS POUR DYNAMISER LE SECTEUR 2.2.1 Depuis une approche par système de production à partir de critères agronomiques L étude a distingué a priori 18 systèmes de production à raison d une moyenne de 3 systèmes de production pour chacune des 6 régions étudiées parmi 7 systèmes de production existant à Madagascar (Annexe 1). Les critères d identification de ces 18 systèmes de production sont liés : (i) au type de riziculture selon le type de terroir et le mode d alimentation hydrique, (ii) au nombre de récolte de riz réalisées en une année pour un type de riziculture ou pour la pratique simultanée de 2 ou 3 types de riziculture, (iii) à l état du sol après la récolte du riz, (iv) à la région concernée. Ils ont servi de base à la constitution de l échantillon de l enquête auprès des producteurs. Ainsi les 7 systèmes de production recensés à Madagascar peuvent être dominants, minoritaires ou inexistants selon les régions concernées, on identifie : Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 11 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

- la «simple riziculture aquatique» est le système de production le plus pratiqué à Madagascar. Elle intéresse plus de 1 million d exploitants rizicoles et 55% des superficies cultivées. Elle se pratique dans 5 sur 6 des régions enquêtées ; - cette riziculture est suivie par le système «riz aquatique et riz pluvial», pratiqué par environ 235.000 exploitants rizicoles et qui représente 17% des superficies emblavées en riz. On le rencontre dans le Nord, le Centre-Ouest, les hauts Plateaux et au lac Alaotra ; - le «riz aquatique et riz tavy» se positionne en troisième position. Avec de l ordre de 142.000 exploitants rizicoles, il couvre 9% de la riziculture malgache et se retrouve dans le Nord et à l Est ; - la «double riziculture aquatique» vient ensuite. Elle représente 7% des superficies rizicultivées et intéresse environ 107.000 exploitants du Nord-Ouest, du Nord et du Centre-Ouest ; - pratiqué uniquement dans le Centre-Ouest par quelques 59.000 exploitants, le système combinant «double riziculture aquatique, simple riziculture aquatique et riz pluvial» occupe 6% de la superficie rizicole nationale ; - enfin les deux derniers systèmes, «simple riziculture aquatique suivie d une autre culture» et «tavy exclusif», occupent une superficie respective de 3% de l ensemble. Ces systèmes de production sont respectivement pratiqués par environ 53.000 et 79.000 exploitants. Le «tavy exclusif» ne se fait qu à l Est tandis que la «simple riziculture aquatique suivie d une autre culture» se rencontre dans le Nord-Ouest et sur les Hauts Plateaux. Ce classement des riziculteurs par système de production est satisfaisant d un point de vue des variables agronomiques qui caractérisent la diversité des situations de culture rencontrées sur le terrain. Il est de plus très opérationnel puisque les services statistiques du ministère de l Agriculture peuvent fournir une répartition des exploitations rizicoles malgaches par système de production (Enquête Agricole de base 1998/1999), ce qui a permis de constituer un échantillon diversifié de riziculteurs à enquêter et de pouvoir tenir compte de cette diversité des situations dans l analyse et les recommandations faites dans le cadre de l étude FAO/UPDR. Cependant l approche par système de production n est pas suffisante pour comprendre les stratégies économiques des riziculteurs, leurs modes d arbitrage, leur vulnérabilité face aux contraintes qu ils rencontrent et à la variabilité de leur environnement, et leurs résultats. Elle doit être complétée par une approche qui intègre des critères de classification économiques de façon à identifier avec plus de pertinence (objectifs / besoins) les mesures à mettre en œuvre pour dynamiser avec efficacité (résultats / objectifs) les activités rizicoles locales. 2.2.2 A une approche par stratégie d exploitation basée sur des critères économiques Les riziculteurs malgaches dans une forte majorité sont amenés à cultiver le riz sur des surfaces très réduites et en complément d autres cultures. Il existe très peu d exploitants monoproducteurs de riz à Madagascar, même sur périmètres irrigués et excepté dans certaines zones très concentrées comme le lac Alaotra, comme on peut le rencontrer dans certains pays d Asie et d Afrique Ainsi il n y a que 5 des 18 modèles d exploitation, où la surface moyenne par exploitation dépasse 1 Ha, soit près de 22% des producteurs. A l autre extrême, 59% des exploitations travaillent avec moins de 0,7 Ha dans une situation de «quasi- maraîchage rizicole» (8 systèmes de production avec une moyenne de moins de 0,7 ha de superficie en riz/exploitation). Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 12 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

on distingue au sein des modèles d exploitation trois catégories dominantes de stratégies comportementales des producteurs : Les micro-producteurs disposant de moyens et de conditions de production trop limitées (foncier, capital, accès au marché, équipement, travail) et qui sont sur une micro-stratégie rizicole d autosubsistance Les producteurs positionnés sur la vente de riz et disposant d un potentiel technicoéconomique d intensification ou d expansion (moyens, marché, organisation, terres, taille d exploitation) Les producteurs de rente polyvalents disposant d autres alternatives de cultures de rente et de revenus, ce qui les écarte d une stratégie d expansion des activités rizicoles bien qu ils cherchent à maintenir un certain degré d autosuffisance en riz a) Modèles d exploitation en situation de micro-stratégie rizicole d autosuffisance Les modèles d exploitation 4 en situation de micro-stratégie rizicole d autosuffisance (potentiel limité d expansion) produisent en moyenne 816 kg de paddy avec une surface limitée (0,66 ha); ils vendent moins de 150 kg de paddy et présentent un solde ventes achats de riz très négatif de 374 000 fmg en moyenne. Avec seulement 1,52 millions de fmg par ménage par an (209 000 fmg/mois), leur produit brut (riz, autres produits agricoles, élevage, pêche, artisanat, salaires) est de 42% plus bas que le produit moyen national de l ensemble des riziculteurs (2,6 millions fmg/an selon l enquête 99 FAO-UPDR). Cinq systèmes du Nord et de l Est semblent a priori correspondre à cette catégorie (voir annexe 1). Ces 5 systèmes de micro-producteurs regroupent 591 000 exploitants rizicoles (34% des producteurs) et couvrent 482 000 tonnes de paddy, soit 17% de la production brute de paddy avec un rendement moyen de 1,24 tonnes /ha. Ils représentent 388 500 ha de surface rizicole cultivée. Avec valorisation de l autoconsommation, leur revenu brut économique issu du riz est de 461 000 fmg. Conclusion : Leur degré de vulnérabilité (voir revenu) devra être pris en compte dans une stratégie plus orientée «sécurité alimentaire» avec diversification des activités génératrices des revenus et une gestion aval des stocks par les producteurs b) Modèles d exploitation avec spéculation rizicole dominante A l opposé, on peut distinguer 7 modèles d exploitation 5 plus performants, avec un solde très positif ventes achats de riz (moyenne de 1,3 million de fmg), avec en moyenne 2500 kg de paddy de production (1500-5500 kg), au moins 900 kg de ventes moyennes par an et un produit moyen de 3,15 millions fmg (toutes sources confondues). Le RBE économique riz (autoconsommation valorisée) y est de plus de 1,5 millions de fmg. Il s agit des modèles d exploitation du Lac Alaotra, ainsi que de quelques modèles du Centre Ouest, des Hauts plateaux et du Nord Ouest (voir annexe 1). 4 Modèles micro-producteurs en stratégie de subsitance, Modèle d'exploit. N 1 Nord,riz aquatique+ riz tavy Modèle d'exploit. N 2 Nord,riz aquatique + riz tane ty Modèle d'exploit. N 14 Est,Tavy exclusif Modèle d'exploit. N 15 Est,Simple riziculture aquat ique + riz tavy Modèle d'exploit. N 16 Est,Simple rizculture aquati que 5 Modèles avec spéculation riz dominante, Modèle d'exploit. N 4 NO,Simple riziculture azara s ur bas fond Modèle d'exploit. N 6 NO,Double riziculture aquatiq ue Modèle d'exploit. N 8 CO,Double riziculture aquatiq ue Modèle d'exploit. N 10 CO,Double riziculture aquati que + simple aquatique + riz pluvial Modèle d'exploit. N 12 HP,Simple riziculture aquati que (2ème saison) + cult. contre saison Modèle d'exploit. N 17 LA,Simple riziculture aquati que Modèle d'exploit. N 18 LA,Simple riziculture aquati que + riz taney Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 13 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

Ces modèles d exploitation plus spécialisés et plus dépendants en matière de production rizicole concernent plus de 392 000 producteurs (23% des producteurs) qui assurent une production de près de 994 000 tonnes de paddy (36% de la production) sur 527 000 ha de surface rizicole (36%), soit en moyenne 1,34 ha par exploitant, 2,5 tonnes par exploitation avec un rendement moyen de seulement 1,9 tonnes/ha (fort potentiel de croissance). Gagnant en moyenne 3,2 millions de fmg par exploitation, ces producteurs se situent un peu au dessus du produit brut moyen traduisant une bonne performance économique. Conclusion : Ils pourraient constituer le «fer de lance» de la filière riz, c est à dire les modèles d exploitation les plus à même de se moderniser et de se spécialiser sur le riz commercialisé. 3,0 2,5 Prod.paddy (T) 2,0 1,5 Surface riz (Ha) 1,0 0,5 Solde Achats - ventes (mill.fmg) - -0,5-1,0 Modèles microproducteurs en stratégie de subsitance Modèles autosuffisants diversifiés en polyculture Modèles avec spéculation riz dominante RBE Riz (mill. Fmg) c) Systèmes diversifiés en polyculture avec autosuffisance partielle en riz Pris ensemble, ces 6 modèles d exploitation 6 (voir annexe 1) présentent un produit moyen par ménage de 3,27 millions de fmg qui est très diversifié (cultures de rente et élevage) où le riz reste marginal (5-20% des revenus). Ils maintiennent une production rizicole de 1,77 Tonnes par exploitation en moyenne, malgré des surfaces réduites (0,72 ha de riz par exploitation) exploités au maximum avec un rendement moyen performant de 2,4 tonnes/ha (poids important des hauts plateaux : 57% des riziculteurs dont les performances en intensif). Le riz est destinée d abord à l autoconsommation du ménage. Ils ont un solde vente achats de riz positif de 155 000 fmg et un RBE économique riz (avec valorisation de l autoconsommation) de 737 000 fmg Ces systèmes de polyculture relativement performants en termes de revenus présentent une stratégie privilégiant la gestion du risque en diversifiant les sources de revenus, vu le caractère très aléatoire de l ensemble des cultures de rente possibles. Ces modèles d exploitation pourraient justifier 6 Modèles auto-suffisants diversifiés en polyculture, Modèle d'exploit. N 3 Nord,Double riziculture aquat ique Modèle d'exploit. N 5 NO,Simple riziculture azara + maraîch. Modèle d'exploit. N 7 CO,Simple riziculture aquatiq ue Modèle d'exploit. N 9 CO,Simple riziculture aquatiq ue + riz pluvial Modèle d'exploit. N 11 HP,Simple riziculture aquati que (2ème saison) Modèle d'exploit. N 13 HP,Simple Riziculture aquati que + riz pluvial Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 14 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

une stratégie spécifique d appui. Ils représentent près de 737 000 producteurs (43%) et un volume de production brute de riz de 1,3 millions de tonnes (47% de la production) développé sur 534 000 Ha (37% des surfaces). Conclusion : Une stratégie d amélioration des prix du riz au producteur pourrait y générer un regain d intérêt pour le riz comme «culture commerciale génératrice de revenus» si les revenus générés par jour de travail redeviennent incitatifs par rapport aux autres alternatives (amélioration de la productivité du travail rizicole). Néanmoins les surfaces limités par exploitation et les niveaux de rendement limitent le potentiel de croissance 2.2.3 Une forte autoconsommation et des résultats financiers médiocres Le niveau élevé d auto-consommation en riz dans les exploitations rizicoles (rappel : 62% du paddy au niveau national) limite la part de riz commercialisé (30% du paddy au niveau national) 7. La comparaison des parts de production auto-consommée et vendue dans les différentes régions illustre le degré d implication de chaque région dans le marché rizicole. Le Lac Alaotra avec seulement 21% de la production auto-consommée est le principal fournisseur du marché inter régional, tandis qu à l inverse, les riziculteurs de la Côte Est auto-consomment 87% de leur production. Ceci réduit la portée des résultats strictement financiers des exploitations (analyse financière) qui ne sont pas à même de traduire l ensemble des avantages retirés par l exploitant de son activité rizicole. C est pourquoi des revenus économiques valorisant la production non commercialisée sont aussi mesurés pour tenir compte de l ensemble des avantages que représente la riziculture au niveau des producteurs (analyse économique). Ces avantages ne correspondent pas tous à des gains monétaires, c est à dire directement perçus par les exploitants, mais à des réductions de dépenses également. L analyse économique proposée cherche à mesurer ce que serait le résultat ou le revenu des exploitants en situation ou toute la production transiterait par le marché. Même si une telle situation est fortement improbable (le riziculteur demeurera toujours consommateur de riz), cette façon de procéder permet de relativiser le poids économique de la filière riz par rapport à d autres filières et de mieux comprendre les stratégies des producteurs. Cela permet par ailleurs de distinguer parmi les exploitants ceux qui sont faiblement performants de ceux qui le sont techniquement plus mais qui produisent du riz en vue de limiter leurs dépenses alimentaires et sociales. 66% des exploitations rizicoles malgaches 8 présentent aujourd hui un RBE financier négatif pour leur activité riz ; c est à dire qu elles réalisent davantage de dépenses monétaires que d entrées monétaires avec le riz car leur production 9 sert essentiellement à l autoconsommation. Il apparaît néanmoins qu en valorisant le riz auto consommé, ces mêmes exploitations arrivent à un RBE moyen positif de 593 000 fmg pour le riz grâce à leur production. Leur production leur permet d économiser annuellement 725000 fmg de dépenses en riz par exploitant, soit l équivalent agrégé de 828 milliards de fmg de riz. En même temps cette stratégie leur permet de minimiser leurs besoins monétaires et de conserver une certaine autonomie vis à vis des commerçants sans que leur alimentation quotidienne soit excessivement tributaire d entrées financières aléatoires. A l opposé, 7% des exploitations rizicoles réalisent en RBE financier de plus de 500000 fmg; il s agit de 4 des 18 modèles d exploitation dominants analysés ; ils sont situés dans le Lac Alaotra, le Nord Ouest et le Centre Ouest et représentent 112150 exploitants avec une surface moyenne par exploitation de 1,5 ha (80% supérieur à la moyenne nationale) avec un RBE financier moyen de 1,33 7 Le solde correspondant aux pertes post récolte, semences, dons et échanges en nature tels que les redevances foncières. 8 1,14 millions d exploitations provenant de 8 des 18 modèles d exploitation rizicoles différenciés dans l étude 9 pour ce groupe de modèles d exploitations, le RBE moyen est de 131780 fmg par expl. soit un RBE agrégé de l ensemble ces exploitations de -150 milliards de Fmg. Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 15 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest

million fmg par expl. En termes économiques, le RBE moyen passe à 1,98 million de fmg, cela représente un revenu agrégé de 221 milliards de fmg. Entre ces deux groupes, il y a un groupe médian qui regroupe 27% des exploitations rizicoles (467 000 exploitations provenant de 6 des 18 modèles d exploitation rizicoles différenciés dans la filière riz) disposant d un RBE financier riz entre 0 et 500 000 fmg (moyenne de 202000 fmg). Ceux ci semblent mettre à profit le riz pour compléter leurs revenus monétaires. Avec un gain économique de 1,06 million fmg/expl si on est intègre l autoconsommation, l activité riz génère pour eux un équivalent revenu de 496 milliards de fmg. 2.3 LA FILIERE AVAL ET L AJUSTEMENT DE L OFFRE ET DE LA DEMANDE 2.3.1 Transformation et commercialisation Pour la part de transformation du paddy en riz qui est gèrée au niveau des producteurs (1,76 millions de tonnes,soit 67% de la production), on constate en 1999 que 61% de ce paddy est encore transformé par pilonnage manuel, contre 39% par les décortiqueuses. Les disparités entre régions sont très fortes. Dans l Est et le Nord, respectivement 97% et 90% du paddy est encore transformé par pilonnage 10. A l opposé, dans les trois régions du lac Alaotra, du Centre Ouest et des Hauts Plateaux, la multiplication des décortiqueuses dans les villages a contribué à réduire le pilonnage manuel à 30%, 44% et 47% de la production transformée par le paysan. Cette présence de décortiqueuses a aussi influé sur la façon de vendre (davantage de ventes sous forme de riz). Le volume moyen de paddy traité par collecteur semi-grossiste varie ainsi de 6 tonnes (côte est) à 246 tonnes (Centre ouest) selon les régions. Sur la base des volumes commercialisés, les collecteurs sont estimés à plus de 10 000 opérateurs sur l ensemble du pays, qui commercialisent annuellement plus de 639 700 tonnes de paddy (133 tonnes par an par collecteur) et 80 600 tonnes de riz. L enquête a permis de définir une clé de répartition des ventes ou livraisons de paddy des collecteurs auprès des grossistes (35%), des transformateurs (63%) et des reventes aux consommateurs (détail, 2%). Les transformateurs semblent très organisés en terme de réseau de collecteurs directs au nord ouest (82% du paddy commercialisé par les collecteurs), sur les Hauts plateaux (79%) et au Lac Alaotra (82% du paddy commercialisé). La relation collecteur-grossiste est plus forte au Centre Ouest (77%) et au Nord (73% des volumes des collecteurs) où le réseau de transformateurs est moins important. 2.3.2 Ajustement de l offre et de la demande par les échanges interrégionaux et extérieurs Avec un volume estimé de 188 300 tonnes de riz importé 11 et un volume approximatif 527 000 tonnes de riz local, les grossistes gèrent annuellement la distribution d un volume de 716 300 tonnes de riz (estimation 1999). Le volume de 527 000 tonnes de riz malgache commercialisé comprend un volume de 349 000 tonnes de riz acheté et revendu à l intérieur des régions (en commercialisation intra-régionale) ainsi qu un volume d échanges interrégionaux (achat, transport et revente) de 176-178 000 tonnes de riz transférés entre régions excédentaires et déficitaires. Sur ces bases les régions excédentaires nettes sont le Lac Alaotra (excédent achat-ventes estimé de 124 800 tonnes) et le Centre Ouest (excédent de 53 900 tonnes), tandis que les régions déficitaires nettes sont les Hauts Plateaux (52 000 tonnes), l Est (62 500 tonnes), le Nord Ouest (23000 tonnes) et le Nord (39000 Tonnes). 10 Le pilonnage est plus cher par kg transformé : moyenne nationale de 71 fmg/kg de coût en décortiqueuse contre 107 fmg/ kg en pilonnage 11 enquête détaillants filière riz (approvisionnement des détaillants) UPDR-FAO 1999 et croisement avec sources du Ministère du commerce, estimation 99 de 185-189000 tonnes Etude filière riz FAO-UPDR Avril 2000 page 16 Diagnostic de la filière régionale du Centre Ouest