Portrait statistique de la jeunesse bruxelloise à son arrivée sur le marché du travail



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Portrait statistique de la jeunesse bruxelloise à son arrivée sur le marché du travail Observatoire bruxellois de l Emploi février 2011 0. Introduction L évolution démographique et le niveau de chômage sont deux thèmes qui suscitent beaucoup d attention lorsqu on évoque la Région bruxelloise, à plus forte raison lorsque l on s intéresse au groupe cible des jeunes sur le marché du travail. Cette contribution a pour objectif de dresser un rapide état des lieux statistiques de ces jeunes bruxellois. La première partie constitue un bref aperçu démographique situant les jeunes par rapport au reste de la population en âge de travailler, l évolution de leur nombre et leur niveau de qualification. La seconde partie fait le point sur la situation des jeunes sur le marché du travail. Elle débute avec le parcours scolaire des jeunes qui sera suivi de leurs premiers pas sur le marché du travail et des caractéristiques des contrats décrochés. L emploi peut être précédé ou suivi de périodes de chômage, plus fréquentes chez les jeunes, nous verrons leurs caractéristiques et les facteurs explicatifs du chômage. Enfin, l analyse longitudinale des jeunes qui quittent l école permet d observer comment s opère le passage de l enseignement vers le marché de l emploi. Il s agit de suivre le début du parcours dans la vie active des jeunes quittant la formation initiale et qui viennent s inscrire auprès des services régionaux de l emploi, le cas échéant auprès d ACTIRIS. Dans les politiques d emploi régionale, fédérale et européenne, le jeune est considéré comme ayant de 15 à 24 ans. Toutefois, de plus en plus de jeunes arrivent sur le marché du travail après cet âge principalement en raison de l allongement des études. C est donc pour des raisons de pertinence liées aux diverses thématiques abordées que ce document s intéresse tantôt à la situation des 15 à 24 ans, tantôt à celle des 15 à 30 ans. 1. Contexte démographique L évolution démographique d une ville, d une région ou d un pays, ainsi que sa structure, ont un impact direct sur le marché de l emploi. L objectif est ici de fournir une représentation de la répartition des jeunes de 15 à 30 ans par rapport à l ensemble de la population bruxelloise en âge de travailler, mais également d observer l évolution de cette jeune population et son niveau de qualification. Au cours des dernières années, on a assisté en Région bruxelloise à une forte croissance de la population en âge de travailler. En 2009, celle ci compte 226.217 jeunes âgés de 15 à 29 ans, ce qui représente un accroissement de 12,8% entre 2000 et 2009. L augmentation est un peu plus marquée au sein de la population âgée de 25 à 29 ans (14,8%). Cependant, si l on considère l ensemble de la population c est la frange des moins de 15 ans qui a augmenté le plus considérablement (18,7%). 1

Tableau 1 : Évolution de la population en RBC de 2000 à 2009 < 15 ans 15 24 ans 25 29 ans 30 49ans 50 64 ans 65 ans > 2000 171.014 118.032 82.520 281.789 145.055 160.908 2009 202.986 131.479 94.739 331.904 167.555 152.399 Var. 2000 2009 en v. a. 31.972 13.447 12.219 50.115 22.500 8.509 en % 18,7 11,4 14,8 17,8 15,5 5,3 Contrairement à ce qui s observe au niveau des autres régions du pays, la population bruxelloise rajeunit. Selon les projections du Bureau fédéral du Plan pour la période allant de 2007 à 2060, le rajeunissement de la population bruxelloise serait considérable à l inverse des deux autres régions qui connaitraient un vieillissement plus ou moins prononcé. Par ailleurs, concernant la prochaine décennie, le nombre de jeunes Bruxellois de 15 à 24 ans continuera de s accroître, tandis que la Wallonie connaîtra une stabilisation de la population de cette tranche d âge et qu en Flandre elle diminuera. À Bruxelles, tant le taux de natalité que le solde migratoire contribuent à cette croissance démographique dont les répercussions sur le marché du travail se feront ressentir dans les années à venir. En effet, Bruxelles fera probablement face à une croissance du chômage due à l élargissement de l offre de la main d œuvre. Graphique 1 : Évolution et projection de la population des jeunes de 15 à 24 ans selon la région (taux de croissance de 2000 à 2009 et de 2010 à 2020) 14 11,4 12 9,6 10 8,6 8 En % 6 4 2,1 2 2,4 0,4 0 2 4 2000 2009 2010 2020 2000 2009 2010 2020 2000 2009 2010 2020 Région bruxelloise Région flamande Région wallonne Sources : Bureau fédéral du Plan, SPF Économie DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l Emploi De plus, il importe de souligner l influence de la croissance de la population dans les tranches d âge les plus jeunes sur le taux de chômage des jeunes. La pression concurrentielle sur le marché du travail est davantage marquée dans un contexte de croissance de la population active, et ce d autant plus pour les jeunes. Comme l indique le graphique suivant, le niveau de scolarité des Bruxellois est à la hausse de manière générale. On compte relativement plus de fortement qualifiés parmi les jeunes de 25 à 29 ans que dans les classes d âges supérieures. La part des faiblement qualifiés augmente dans une plus grande mesure encore avec l âge, et davantage pour les femmes. Notons que la tranche d âge des 20 à 24 ans présente relativement peu de fortement qualifiés étant donné qu une partie de ces jeunes n ont pas encore terminé leurs études supérieures. 2

Graphique 2 : Proportion de la population bruxelloise selon l'âge et le niveau d'études en RBC en 2009 60 50 40 En % 30 20 10 0 De 20 à 24 ans De 25 à 29 ans De 30 à 49 ans 50 ans et plus Hommes Faiblement qualifiés Femmes Faiblement qualifiées Hommes Fortement qualifiés Femmes Fortement qualifiées Par ailleurs, une hausse des qualifications plus importante chez les femmes que chez les hommes dans les jeunes générations apparaît clairement sur le graphique. Près de 50% des femmes de 25 à 29 ans détiennent un diplôme du supérieur, ce pourcentage se situant à peine à 25% pour celles de 50 ans et plus. Chez leurs homologues masculins, ces proportions s établissent respectivement à 46% et à 36% pour les plus âgés. 2. Situation des jeunes sur le marché du travail 2.1 Éducation et formation Le niveau d études conditionne l insertion des jeunes sur le marché du travail, et notamment la rapidité de celle ci. À Bruxelles, les exigences en termes de qualification sont très élevées. Un peu plus de la moitié des postes de travail bruxellois sont occupés par des travailleurs hautement qualifiés, tandis qu en Flandre et en Wallonie, un tiers des postes de travail le sont. Dès lors, plus le diplôme est élevé, plus les probabilités de s insérer rapidement sur le marché de l emploi sont accrues. Ce niveau particulièrement élevé des qualifications requises à Bruxelles s explique entre autres par la tertiarisation de l économie, phénomène se retrouvant dans la plupart des villes à dimension internationale. Dans la première section, la hausse générale du niveau de qualification de la population bruxelloise avait été mise en avant. Mais si la part de la population faiblement qualifiée tend effectivement à diminuer au sein de la population jeune, un nombre important de jeunes abandonnent toutefois l école sans obtenir de diplôme et arrivent, dès lors, précocement sur le marché de l emploi. Selon les indicateurs structurels européens, le jeune en décrochage scolaire est défini comme «une personne ayant quitté l école sans diplôme, qui n y retournera pas ou qui n a pas achevé sa formation». Dans le cadre de la Stratégie de Lisbonne, cet indicateur européen est fixé à un taux de maximum 10,0% à atteindre pour 2020. Le taux d abandon scolaire reflète le nombre de personnes qui quittent chaque année l école sans obtenir de diplôme. Le tableau ci dessous compare la situation des trois régions face à ce phénomène. 3

Tableau 2 : Proportion de jeunes n ayant pas terminé l enseignement secondaire supérieur et ne se retrouvant plus dans le système éducatif (en % de la population âgée de 18 à 24 ans) Bruxelles Flandre Wallonie Belgique Moyenne 1998 2000 20,9 13,2 16,8 15,1 Moyenne 2007 2009 18,6 8,8 14,4 11,7 Sources : SPF Économie DGSIE (EFT), Eurostat, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi Le taux d abandon scolaire semble diminuer sur le long terme. Les jeunes se retrouveraient donc dans une moindre mesure qu auparavant précocement au chômage. Cependant, la situation est extrêmement contrastée lorsque l on examine la situation par région. En effet, la Flandre remplit l objectif fixé avec un taux moyen de 8,8% sur les trois dernières années. Le taux diminue plus lentement en Région bruxelloise et en Région wallonne, et ce dans des proportions comparables. Par ailleurs, le pourcentage d abandon scolaire continue à se situer, pour la population bruxelloise, largement au dessus du niveau des deux autres régions. Si l on considère le décrochage scolaire sous l angle du genre, les jeunes hommes ont plus souvent tendance à quitter l école sans obtenir de diplôme. Leur taux d abandon scolaire est systématiquement supérieur à celui de leurs homologues féminines. Ainsi, certaines difficultés ayant trait à l éducation et à la formation peuvent expliquer en partie le chômage des jeunes. L échec scolaire et la dualisation scolaire, mais aussi les exigences en termes de qualifications et en termes de connaissances linguistiques sur le marché du travail compliquent l insertion professionnelle des jeunes, plus particulièrement à Bruxelles. 2.2 Les jeunes et l emploi 2.2.1 Structure de la population des jeunes en Région bruxelloise Avant d examiner la situation des jeunes face à l emploi, il est intéressant de passer en revue la répartition des jeunes au regard de leur activité. Le schéma suivant est construit à partir des données de l Enquête sur les forces de travail et distingue la population active et inactive des 15 à 24 ans. Graphique 3 : Structure d activité des jeunes Bruxellois de 15 à 24 ans en 2009 Population des 15 24 ans : 131.479 Femmes : 67.358 Hommes : 64.121 Part des 15 24 ans dans la population totale : 12,2% Population inactive (BIT) : 94.754 Femmes : 48.797 Hommes : 45.957 Part de la population inactive jeune : 72,1% Population active (BIT) : 36.725 Femmes : 18.561 Hommes : 18.164 Part de la population active jeune : 27,9% Étudiants de 15 ans et + : 85.156 Femmes : 42.426 Hommes : 42.730 Part des étudiants : 89,9% Autres inactifs de 15 24 ans : 9.598 Femmes : 6.371 Hommes : 3.227 Part des autres inactifs : 10,1% Ont un emploi BIT : 25.071 Femmes : 12.923 Hommes : 12.148 Part des jeunes avec emploi : 68,3% Chômeurs BIT : 11.654 Femmes : 5.638 Hommes : 6.016 Part des jeunes chômeurs : 31,7% En 2009, les jeunes de 15 à 24 ans soit quelque 130.000 personnes représentent 12,2% de la population bruxelloise totale. 72,1% d entre eux sont inactifs, la plupart d entre eux se trouvant encore aux études (89,9%). Sans s avancer sur les causes de ce phénomène, près de 10.000 jeunes dont une majorité de femmes ne se trouvent ni aux études, ni à l emploi, ni au chômage au sens du 4

Bureau international du Travail (BIT). Une partie d entre eux se situe en retrait du marché du travail, tandis qu une autre partie se retrouve dans des catégories de chômage en dehors des définitions internationales. Quant à la population active jeune, elle ne s élève qu à 27,9% de l ensemble de la population de cette tranche d âge. Elle comprend, pour un peu plus de deux tiers, les personnes ayant un travail (68,3%) et, pour le reste, les personnes à la recherche d un emploi (31,7%). 2.2.2 Caractéristiques du taux d emploi des jeunes en Région bruxelloise Le taux d emploi est influencé par plusieurs facteurs tels que l âge, le sexe, la présence ou non de jeunes enfants 1, mais également, comme on le verra, par le niveau de scolarité et par la nationalité. En 2009, on dénombre environ 25.000 travailleurs sur une population de plus de 131.000 jeunes de 15 à 24 ans, soit un taux d emploi de 19,1%. Le faible taux d emploi des jeunes s explique principalement par le fait qu un grand nombre de jeunes de cette tranche d âge sont toujours aux études. Ce phénomène est renforcé par l allongement des études (constaté de manière générale, mais plus précisément en ce qui concerne les études supérieures, avec l entrée en vigueur du décret de Bologne) ainsi que par le niveau de redoublement qui retardent tous deux l entrée des jeunes sur le marché du travail. La tranche d âge des 25 à 29 ans présente un taux d emploi se situant à 64,7%, soit à un niveau nettement plus élevé que celui de la tranche des 15 à 24 ans (19,1%). Le taux d emploi se situe à son niveau le plus élevé, soit à 69,4%, pour les 30 à 49 ans avant de diminuer à partir de 50 ans. À partir de 25 ans, le taux d emploi diffère selon le sexe, celui des hommes étant systématiquement supérieur à celui des femmes. Le taux d emploi des femmes diminue entre 30 et 34 ans alors que celui des hommes progresse. L écart s amenuise à partir de l âge de 45 ans. Tableau 3 : Taux d emploi selon le sexe et l âge en RBC en 2009 15 24 ans 25 29 ans 30 49 ans 50 64 ans Total Hommes 18,9 70,4 76,4 56,5 61,0 Femmes 19,2 59,5 62,0 43,1 49,3 Total 19,1 64,7 69,4 49,6 55,1 Total hors étudiants 54,1 68,8 63,3 Étant donné que le parcours scolaire des jeunes tend à s allonger, il paraît intéressant pour analyser le taux d emploi d opérer une distinction au niveau du statut des jeunes, c est à dire de comparer le taux d emploi des jeunes au taux d emploi des jeunes hors étudiants. La distinction entre ces deux taux trouve tout son intérêt pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans : le taux d emploi s élève à seulement 19,1% contre 54,1% si on exclut du calcul les étudiants. La différence entre ces deux taux d emploi est de moindre importance pour les 25 à 29 ans, puisque dans cette classe d âge une part plus importante a déjà achevé ses études : on obtient respectivement 64,7% et 68,8% hors étudiants. Les taux d emploi plus élevés de cette classe d âge s expliquent par le fait que les jeunes qui détiennent des niveaux d études plus élevés s insèrent plus rapidement sur le marché de l emploi et sont beaucoup moins nombreux à poursuivre des études que les jeunes de 20 à 24 ans. 1 La présence de jeunes enfants dans un ménage tend à améliorer le taux d emploi des hommes tandis qu il réduit le taux d emploi des femmes. Voir à ce propos le focus de l Observatoire bruxellois de l Emploi «L emploi des femmes bruxelloises : aperçu des inégalités de genre», avril 2010. 5

Graphique 4 : Taux d emploi des jeunes de 25 à 29 ans selon le niveau de scolarité en RBC et en Belgique en 2009 En % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 41,8 51,9 59,2 79,7 78,7 Faible Moyen Élevé 88,6 Région bruxelloise Belgique Les jeunes de 25 à 29 ans fortement qualifiés présentent les meilleurs taux d emploi. Ils sont sensiblement plus nombreux à travailler que les jeunes moyennement qualifiés, soit 78,7% contre 59,2%. Par contre, à peine un peu plus de 40% des faiblement qualifiés sont à l emploi. Ces données confirment la relation étroite entre le niveau d éducation et l emploi de manière générale. Toutefois, on constate que le taux d emploi est plus faible en Région bruxelloise que dans les autres régions, et ce quel que soit le niveau de scolarité. Ceci nous indique que le problème de l emploi des Bruxellois n est pas résolu par la seule amélioration des niveaux de scolarité des jeunes. Il s agit également de tenir compte d autres facteurs conditionnant l accès à l emploi des jeunes, qu ils soient de nature socioéconomique ou qu ils aient trait à la promotion de la diversité. Tableau 4 : Taux d emploi des jeunes de 25 à 29 ans selon la nationalité en RBC en 2009 25 29 ans 15 64 ans Belges 68,3 55,4 UE 27 73,0 63,2 Hors UE 27 40,1 38,7 Total 64,7 55,1 En effet, si les jeunes de 25 à 29 ans ont un taux d emploi global de 64,7%, des différences apparaissent notamment en fonction de la nationalité. Le meilleur taux d emploi revient aux jeunes ressortissants européens, suivis des Belges, qui se situent tous deux au dessus de la moyenne. Les jeunes connaissent un taux d emploi toujours plus élevé que le taux d emploi total. Quant aux jeunes de nationalité extracommunautaire, leur taux d emploi est très faible (40,1%), tout comme celui des 15 à 64 ans (38,7%). Or la Région bruxelloise est caractérisée par une présence importante de populations de nationalité ou d origine étrangère. 2.2.3 Volumes d emploi par secteur d activité L analyse des volumes d emploi en fonction du secteur d activité NACE nous permet d observer où se situent les jeunes par rapport à l ensemble des travailleurs. 6

Tableau 5 : Emploi total des Bruxellois selon le secteur d activité (NACE 2 ) en 2009 < 30 ans 15 ans > v.a % v.a % % < 30 ans / travailleurs Total secteur secondaire 11.902 13,8 56.053 13,9 21,2 Industrie 6.494 7,5 32.022 7,9 20,3 Construction 5.409 6,3 24.031 6,0 22,5 Total secteur tertiaire 74.379 86,1 346.430 85,8 21,5 Commerce de gros et de détail 13.205 15,3 45.866 11,4 28,8 Hôtels et restaurants 5.832 6,8 22.863 5,7 25,5 Transports, entreposage et communications 4.625* 5,4 24.047 6,0 19,2 Activités financières 4.686* 5,4 21.770 5,4 21,5 Services aux entreprises 16.133 18,7 62.601 15,5 25,8 Administration publique 5.320 6,2 31.307 7,8 17,0 Enseignement 5.795 6,7 30.523 7,6 19,0 Santé et action sociale 9.986 11,6 49.623 12,3 20,1 Services collectifs 4.590* 5,3 22.276 5,5 20,6 Divers 4.206* 4,9 35.554 8,8 11,8 Total des activités 86.358 100,0 403.758 100,0 21,4 En général, 21,4% des travailleurs bruxellois ont moins de 30 ans. Cette proportion tombe à 6,2% si l on ne considère que les jeunes de 15 à 24 ans. La distribution des jeunes au sein des différents secteurs d activité est proche de celle de l ensemble des travailleurs. Plus de 85% des travailleurs sont occupés dans le secteur tertiaire. Les secteurs du commerce, des services aux entreprises (qui comprend notamment l intérim et le nettoyage) et de l horeca comptent la plus grande proportion de jeunes de moins de 30 ans parmi l ensemble des travailleurs. En revanche, les jeunes sont relativement moins représentés dans les secteurs de l administration publique, l enseignement, les transports et communications. 2.2.4 Régime de travail des jeunes en RBC Jusqu à présent, l accès à l emploi et le taux de participation des jeunes ont été analysés sous divers angles de vue. Toutefois, il reste un aspect important, à savoir l analyse du temps de travail et du type de contrat. Elle révèle une diversité de conditions de travail possibles, certaines plus précaires que d autres. Dans cette section relative à l emploi, l objectif est donc de cerner sous quel régime de temps de travail les jeunes sont occupés : temps partiel ou temps plein. Le type de contrat, permanent ou temporaire 3, constitue également un indicateur de précarité. L analyse de ces différentes données indique que l insertion des jeunes est caractérisée par une certaine insécurité (contrats temporaires, temps partiel, difficultés de trouver un temps plein ). Au vu des données de l Enquête sur les Forces de Travail, 19,1% des travailleurs bruxellois ont un emploi à temps partiel en 2009. La part de l emploi à temps partiel dans l emploi total en Région bruxelloise est la plus élevée chez les jeunes de moins de 25 ans (31,7%), et particulièrement chez les femmes. Au delà de 25 ans, ils sont 16,7% à travailler à temps partiel. Cette proportion décroît jusqu à l âge de 40 ans où elle reprend une lente ascension pour atteindre son pic chez les travailleurs de plus de 55 ans. 2 3 Les activités du secteur primaire ne sont pas reprises dans le tableau, les effectifs de celles ci étant marginaux en Région bruxelloise. Par contre, les activités des autres secteurs ont été reprises quels qu en soient les effectifs. Les chiffres marqués d un astérisque incitent le lecteur à la prudence quant à l interprétation des données se situant en deçà du seuil de représentativité fixé à 5.000 unités. Cette analyse est menée sur base des données de l Enquête sur les forces de travail. Certaines caractéristiques ne sont pas détaillées cidessous au vu du faible échantillon des jeunes Bruxellois selon tous les différents types de contrats. 7

À Bruxelles comme dans le reste du pays, de fortes divergences apparaissent selon le sexe. 30,3% des femmes bruxelloises travaillent à temps partiel contre 9,9% des hommes. En Belgique, plus de 80% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. Chez les hommes, le temps partiel est plus fréquent en début et en fin carrière alors que les femmes doivent recourir à ce type de contrat tout au long de leur carrière dans des proportions variables. La part de l emploi à temps partiel augmente essentiellement à partir de 35 ans tandis que chez les hommes cette proportion se réduit fortement. Pour les travailleuses de 25 à 29 ans, la part de l emploi à temps partiel est similaire en Région bruxelloise et dans l ensemble du pays, soit un peu moins de 25%. À mesure que l âge avance, cette part augmente plus rapidement pour la Belgique (36,0% pour les 30 à 34 ans, 42,2% pour les 35 à 39 ans) que pour Bruxelles (25,3% pour les 30 à 34 ans, 29,7% pour les 35 à 39 ans). En outre, à Bruxelles particulièrement, les femmes travaillent à temps partiel à défaut de trouver un emploi à temps plein, moins souvent dans le cadre de la garde des enfants ou pour des raisons familiales. Les contrats temporaires ne se répartissent pas de manière égale au sein de la population. Ils se rencontrent davantage chez les moins de 30 ans (22,3% de l emploi salarié total) et leur importance diminue avec l âge (8,8% au delà de 30 ans). De fait, ils sont particulièrement utilisés par les employeurs à l égard des nouveaux entrants sur le marché du travail. Mais ces types de contrats peuvent également servir de tremplin aux jeunes arrivant sur le marché du travail sans aucune expérience. On constate par ailleurs que le recours à l emploi temporaire est plus fréquent à Bruxelles qu en Belgique, tant chez les jeunes de moins de 30 ans (20,4% pour la Belgique) que pour l ensemble des travailleurs salariés (8,2%). Néanmoins, si l on détaille ces chiffres pour les autres régions, on s aperçoit que la Wallonie présente un niveau d emploi temporaire des jeunes (se situant à 26,6%) supérieur à celui de Bruxelles. Tableau 6 : Types de contrat (permanent/temporaire) dans l emploi salarié des jeunes en RBC en 2009 < 25 ans 25 29 ans < 30 ans Total Emploi permanent 15.052 45.789 60.842 301.408 Emploi temporaire 7.909 9.545 17.454 40.700 dont CDD (e.i.) 5.561 9.062 23.286 Emploi total 22.961 55.334 78.295 342.108 Emploi temporaire / Emploi total (en %) 34,4 17,2 22,3 11,9 Remarque : (e.i.) = effectifs insuffisants (soit < 5000 unités) À Bruxelles, pour la population de moins de 30 ans, plus de la moitié des contrats temporaires sont des contrats à durée déterminée. Viennent ensuite les contrats d intérim, les contrats d étudiants et les formations, stages ou contrats d apprentissage. Le manque d expérience professionnelle peut entraver l insertion sur le marché du travail. Bien qu il ne soit pas uniquement spécifique aux jeunes Bruxellois, ce facteur peut peser plus lourdement sur un marché de l emploi plus exigeant en termes de qualifications. Notons par ailleurs que les jeunes sont surexposés à la précarité par des allers et retours successifs entre périodes courtes d emploi et périodes de chômage, et ce quel que soit leur niveau de scolarité. Entre 2000 et 2009, l emploi temporaire a connu une hausse à Bruxelles tant chez les jeunes que pour l ensemble des travailleurs. Néanmoins, la croissance est plus forte chez les jeunes. Sur la même période en Belgique, l emploi temporaire des jeunes a augmenté dans une moindre mesure qu à Bruxelles tandis qu il a diminué pour l ensemble des travailleurs. 8

2.3 Le chômage des jeunes Pour l année 2009, le taux de chômage des jeunes en Belgique est légèrement supérieur à la moyenne européenne (21,9% en Belgique contre 19,8% dans l UE des 27). Comparé aux autres régions du pays, Bruxelles connaît le niveau de chômage des moins de 25 ans le plus élevé (31,7% contre 15,7% pour la Région flamande et 30,5% pour la Région wallonne). Cependant, la Région bruxelloise voit son taux de chômage des jeunes diminuer entre 2008 et 2009 en dépit de la crise économique mondiale et de la sensibilité conjoncturelle plus forte de l emploi des jeunes. La Flandre subit quant à elle une augmentation non négligeable du taux de chômage des jeunes qui se répercute sur les chiffres nationaux. Toutefois, ce taux de chômage en Flandre se situe toujours nettement en deçà de ceux des autres régions. Selon les dernières données disponibles de l EFT (au troisième trimestre 2010), le taux de chômage des jeunes demeure élevé malgré une légère embellie sur le marché du travail en Belgique pour cette frange de la population. Tableau 7 : Évolution du taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans selon la région de 2000 à 2009 Région bruxelloise Région flamande Région wallonne Belgique 2000 30,7 11,3 27,0 17,5 2008 33,2 10,5 27,5 18,0 2009 31,7 15,7 30,5 21,9 Var. 2000 2009 en point de % 1,0 4,4 3,5 4,4 Var. 2008 2009 en point de % 1,5 5,2 3,0 3,9 Le niveau élevé du taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans s explique par des facteurs liés à la formation, tels que l échec scolaire, la dualisation de l enseignement à Bruxelles, mais aussi par les exigences en termes de qualifications, d expérience Cependant, on a déjà vu que la tranche d âge des 15 à 24 ans n est pas représentative de l ensemble des jeunes ayant terminé leurs études. En effet, les jeunes universitaires terminent leurs études en moyenne à l âge de 24 ans. Le tableau suivant détaille l évolution du taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans et de 25 à 29 ans par rapport au total des 15 à 64 ans, selon le sexe. On y remarque notamment que le taux de chômage des jeunes de 25 à 29 ans s apparente à celui de l ensemble de la population. Tableau 8 : Évolution du taux de chômage des jeunes selon le sexe en RBC de 2000 à 2009 15 24 ans 25 29 ans 15 64 ans 2000 Hommes 32,5 20,0 14,2 Femmes 28,7 16,8 13,7 Total 30,7 18,5 14,0 2008 Hommes 33,7 17,1 15,5 Femmes 32,6 19,5 16,7 Total 33,2 18,2 16,0 2009 Hommes 33,1 16,8 15,9 Femmes 30,4 18,7 15,8 Total 31,7 17,7 15,9 Var. 2000 2009 en point de % 1,0 0,8 1,9 Var. 2008 2009 en point de % 1,5 0,5 0,1 9

Chez les jeunes de 15 à 24 ans, les femmes ont un taux de chômage plus faible que les hommes. C était également le cas en 2000 en ce qui concerne la classe des 25 à 29 ans. Cependant, au cours des dernières années, le taux de chômage des jeunes femmes de 25 à 29 ans a augmenté de telle manière qu en 2009 ce taux dépasse celui des hommes de cette tranche d âge. 2.4 Caractéristiques du chômage des jeunes en Région bruxelloise Dans cette dernière section, on examinera sur la base des données administratives la situation des demandeurs d emploi inoccupés inscrits en Région bruxelloise et en particulier des jeunes selon diverses caractéristiques telles que le niveau de scolarité, la durée d inoccupation, l âge, les connaissances linguistiques, le lieu de résidence ou encore la nationalité. Intéressons nous d abord à une dimension fondamentale dans l analyse du chômage que constitue le niveau de scolarité. Dans le graphique ci dessous, les demandeurs d emploi inoccupés ont été répartis selon quatre niveaux de scolarité 4. Les «autres études» représentent, en moyenne annuelle 2010, 35% du total des demandeurs d emploi et 11,5% des demandeurs d emploi de moins de 25 ans. Parlant des jeunes, elles laissent présumer d une densité importante de primo migrants sur le marché du travail bruxellois. Graphique 5 : Répartition des DEI selon l âge et le niveau de scolarité (moyenne annuelle 2010) < 25 ans 11,5 49,1 32,3 7,1 25 29 ans 23,9 27,6 29,3 19,2 30 49 ans 42,3 25,8 17,8 14,1 50 ans > 45,0 30,7 13,3 11,0 Total 35,0 30,5 21,1 13,3 0% 20% 40% 60% 80% 100% Autres études Faible Moyen Élevé Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi Si l on considère l ensemble des DEI, un peu moins de deux demandeurs d emploi sur trois sont faiblement scolarisés (35% issus d «autres études» et 30,5% disposant tout au plus du diplôme de l enseignement secondaire inférieur). Cette observation doit être nuancée selon l âge. Parmi les demandeurs d emploi de 50 ans et plus, plus des trois quarts sont faiblement scolarisés tandis que parmi les jeunes de 25 à 29 ans, ils ne sont plus que 51,4%. Ainsi, le constat de la hausse des niveaux de qualification que nous avions fait à propos de l ensemble de la population s applique également à la réserve de main d œuvre. Notons que les différences importantes qu on observe en ce qui concerne les niveaux de scolarité entre les demandeurs d emploi de moins de 25 ans et ceux de 25 à 29 ans s expliquent notamment 4 Pour rappel, le niveau «faible» regroupe toutes les personnes ayant obtenu au maximum un diplôme de l enseignement primaire ou de l enseignement secondaire inférieur. Le niveau «moyen» concerne les DEI qui ont obtenu comme diplôme le plus élevé celui de l enseignement secondaire supérieur ou qui ont terminé un apprentissage. Le niveau «élevé» comprend les personnes qui possèdent un diplôme de l enseignement supérieur, universitaire ou non. Les «autres études» correspondent quant à elles aux études effectuées à l étranger sans équivalence de diplôme en Belgique. 10

par la durée des études. En effet, les titulaires d un diplôme de l enseignement supérieur, universitaire ou non, arrivent plus tardivement sur le marché du travail que les autres. Graphique 6 : Répartition des DEI de moins de 30 ans selon le niveau de scolarité et la durée d inoccupation (moyenne annuelle 2010) Faible 29,4 18,0 21,7 30,9 Moyen 31,6 19,3 21,3 27,8 Élevé non universitaire 40,4 20,0 19,5 20,1 Élevé universitaire 47,6 22,6 18,2 11,7 0% 20% 40% 60% 80% 100% < 6 mois de 6 à 11 mois de 12 à 23 mois = ou > 24 mois Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi On observe ensuite une distribution différente de la durée d inoccupation des demandeurs d emploi de moins de 30 ans selon le niveau de scolarité. Les personnes disposant au maximum d un diplôme de l enseignement secondaire inférieur se retrouvent beaucoup plus fréquemment dans le chômage de longue durée (un an ou plus), que dans celui de courte durée (moins de six mois). Il en va de même pour les diplômés de l enseignement secondaire supérieur, bien que ceux ci sortent un peu plus rapidement du chômage comme nous le voyons dans le graphique ci dessous. Par contre, en ce qui concerne les demandeurs d emploi dont le niveau d études est élevé, supérieur universitaire ou non, la répartition indique la tendance inverse. Plus précisément, 52,6% des jeunes de moins de 30 ans faiblement scolarisés sont concernés par le chômage de longue durée, tandis que parmi les universitaires cette proportion s établit à 29,8% et qu ils sont 47,6% dans un chômage de courte durée. Au plus le diplôme obtenu est élevé, au moins la durée du chômage est longue. La relation entre le niveau de scolarité et durée d inoccupation est donc inversement proportionnelle. Graphique 7 : Taux de sortie vers l emploi des DEI selon l âge et le niveau de scolarité en 2008 80 70 60 50 En % 40 30 20 10 0 20 24 25 29 30 34 35 39 40 44 45 49 50 54 55 59 60 64 Faible (dont autres études) Moyen Élevé Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi 11

À la lecture de ce graphique, on constate d abord que les taux de sortie du chômage diminuent avec l âge. Ensuite, la différence par niveau de scolarité est plus importante pour les jeunes, ce qui laisse supposer que les études faites sont relativement plus importantes pour eux et qu avec l âge, l expérience joue davantage dans les chances de s extraire du chômage. Certes, le diplôme représente un avantage pour accéder à l emploi, mais les connaissances linguistiques, en Région bruxelloise plus que dans les autres régions, constituent aussi un atout majeur sur le marché du travail qui va de pair avec le diplôme obtenu. Sur base des données d ACTIRIS, il est possible d évaluer le niveau de connaissance de la seconde langue nationale des demandeurs d emploi inscrits, en l occurrence au 31 janvier 2010. Environ 17% de l ensemble des demandeurs d emploi inoccupés (DEI) affirment posséder une connaissance orale moyenne de l autre langue nationale. Chez les jeunes de moins de 25 ans, ce pourcentage est un peu plus faible (soit près de 13%) alors que chez les 25 à 29 ans il est un peu plus élevé (soit plus de 19%). De plus, les connaissances linguistiques de la seconde langue nationale ont tendance à augmenter avec le niveau d études. En effet, lorsque l on compare le niveau de connaissances linguistiques et le niveau de scolarité des DEI, on remarque que les DEI ne possédant qu un diplôme d études primaires sont systématiquement ceux dont le niveau de connaissances linguistiques (déclaré) est le plus faible. Enfin, les contrastes socio spatiaux sont par ailleurs très marqués en Région bruxelloise. En effet, la différence de taux de chômage des jeunes entre les communes du Sud est et du Nord ouest est fortement marquée. Ces disparités socio spatiales s illustrent également sur les deux cartes suivantes qui reprennent, par quartier statistique, les proportions de jeunes demandeurs d emploi inoccupés de 25 à 29 ans selon le niveau de scolarité. Il y apparaît que les proportions de jeunes demandeurs d emploi faiblement scolarisés sont sensiblement plus grandes dans les communes du Nord ouest de la Région bruxelloise et particulièrement dans les quartiers du «croissant pauvre» 5, soit de la zone concentrant depuis plusieurs décennies les populations les moins favorisées sur le plan économique. Les demandeurs d emploi fortement scolarisés résident quant à eux beaucoup plus souvent dans les quartiers plus aisés du Sud est de la Région. 5 Cette zone reprend les quartiers en première couronne nord et ouest, qui sont parmi les plus pauvres de la Région bruxelloise et qui forment un croissant autour du centre ville. Les quartiers du croissant pauvre sont : à l intérieur du Pentagone, les quartiers situés à l ouest de la jonction Nord Midi plus les Marolles ; l est d Anderlecht et de Molenbeek Saint Jean (entre le chemin de fer et le canal) ; au nord, la commune de Saint Josse, l ouest de Schaerbeek et les zones industrielles le long du canal ; au sud, le bas de Saint Gilles et le bas de Forest. 12

Cartes 1 et 2 : Proportions de jeunes DEI de 25 à 29 ans faiblement et fortement scolarisés par quartier de la Région bruxelloise (moyenne annuelle 2008) 6.8 37.8 37.8 47.1 47.1 55.8 55.8 62.7 62.7 87.8 Faiblement scolarisés 0 7.0 7.0 11.4 11.4 19.8 19.8 34.5 34.5 73.2 < 100 habitants < 100 habitants < 10 DEI 25 29 ans < 10 DEI 25 29 ans Fortement scolarisés Source : ACTIRIS, calculs et cartographie Observatoire bruxellois de l Emploi La lecture du tableau ci dessous permet de comparer les communes bruxelloises selon les caractéristiques des demandeurs d emploi de moins de 25 ans et leur taux de chômage. On peut se rendre compte des différences notoires entre les communes de la première couronne et celles de la deuxième couronne, les unes et les autres présentant des structures assez différentes du chômage des jeunes. 13

Tableau 9 : Caractéristiques et taux de chômage administratif des jeunes DEI (< 25 ans) selon la commune de résidence (moyenne annuelle 2010) Total DEI Jeunes DEI (< 25 ans) Sexe Durée d inoccup. Scolarité Nationalité Taux de chômage des jeunes Nombre Nombre % Femmes % 1 an et + % Faible % UE 27 % Hors UE 27 % Anderlecht 11.869 1.915 50,0 39,5 62,8 8,5 13,2 33,2 Auderghem 1.722 259 46,5 33,0 50,6 5,9 6,9 24,4 Berchem Sainte Agathe 1.869 306 51,9 34,2 59,7 6,7 7,4 28,4 Bruxelles 16.947 2.534 45,7 40,3 63,2 6,8 13,5 32,8 Etterbeek 3.864 547 48,1 36,1 53,1 9,7 10,4 28,2 Evere 3.061 527 47,6 36,8 58,9 4,5 9,8 29,7 Forest 5.357 751 51,5 38,4 60,5 12,8 12,1 32,6 Ganshoren 1.920 274 50,2 38,6 53,8 8,0 8,6 25,9 Ixelles 7.593 883 48,7 35,4 54,5 9,9 12,0 27,3 Jette 4.270 658 48,6 36,6 57,7 6,1 10,6 29,5 Koekelberg 2.243 322 52,2 39,9 61,2 10,3 15,2 33,2 Molenbeek Saint Jean 11.293 1.959 48,7 43,6 66,2 7,4 13,7 40,0 Saint Gilles 6.081 745 50,0 35,8 61,1 16,9 15,2 33,3 Saint Josse ten Noode 3.943 639 46,5 41,6 70,8 6,2 17,7 37,9 Schaerbeek 14.292 2.361 51,2 41,7 63,4 6,4 15,6 35,5 Uccle 4.513 603 46,0 28,7 51,4 10,9 4,8 24,6 Watermael Boitsfort 1.349 187 42,1 25,4 47,7 3,9 3,4 25,3 Woluwe Saint Lambert 2.631 401 47,3 27,9 45,7 5,4 6,1 23,7 Woluwe Saint Pierre 1.573 210 49,5 21,4 41,4 6,8 4,4 19,8 Région bruxelloise 106.390 16.079 48,7 38,4 60,6 8,1 12,5 31,8 Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi En Région bruxelloise, les plus fortes proportions de jeunes DEI faiblement qualifiés se retrouvent dans les communes de la première couronne que sont Anderlecht, Bruxelles, Molenbeek Saint Jean, Saint Josse Ten Noode et Schaerbeek. Toutes ces communes présentent par ailleurs des proportions de jeunes demandeurs d emploi dont la durée d inactivité dépasse un an, toutes supérieures à la moyenne régionale qui se situe à 38,4%. Les jeunes DEI les plus qualifiés, avec une courte durée d inactivité, se situent quant à eux davantage dans les communes de la seconde couronne. En ce qui concerne la nationalité, on remarque par ailleurs que ce sont encore les mêmes communes, auxquelles se rajoutent Koekelberg et Saint Gilles, qui recensent les plus fortes proportions d étrangers hors Union européenne parmi les jeunes demandeurs d emploi. Ainsi, le tableau ci dessus rend compte de la ségrégation socio spatiale que l on observe en Région bruxelloise. Certaines communes présentent un taux de chômage plus élevé que la moyenne. En effet, ces communes plus pauvres que les autres rendent la population plus vulnérable sur le marché du travail. De plus, ces habitants des quartiers socio économiquement défavorisés sont davantage confrontés aux discriminations ethniques à l embauche. 3. Insertion professionnelle des jeunes après études La section précédente a permis de rendre compte de la situation générale des jeunes face aux études, à l emploi et au chômage. Dans cette dernière section, l objectif est de s intéresser à un groupe bien spécifique, celui des jeunes qui quittent l école. Il s agit d observer comment s opère pour eux le passage des études à l emploi. Les jeunes qui quittent l école effectuent pour la première fois le passage de l enseignement vers le marché du travail. La réussite de l intégration de ces nouveaux arrivants sur le marché du travail dépend fortement de la mesure selon laquelle leurs 14

connaissances scolaires répondent aux exigences posées par les entreprises en termes de connaissances, aptitudes et compétences. L insertion des jeunes au terme de leurs études est analysée ici sur la base des données administratives. Il s agit de suivre le début du parcours dans la vie active des jeunes quittant leur formation initiale et venant s inscrire auprès des services régionaux de l emploi, le cas échéant auprès d ACTIRIS. L avantage essentiel de l utilisation de cette source administrative est le fait qu à l issue de leurs études, les jeunes sont tenus de s inscrire auprès d ACTIRIS comme demandeur d emploi s ils veulent entrer en ligne de compte pour pouvoir bénéficier d allocations de chômage au terme de leur stage d attente. Un autre avantage, d ordre pratique, est que chaque demandeur d emploi reçoit un code d identification unique grâce auquel il peut être suivi de manière relativement simple tout au long de son parcours d insertion. En pratique, on réalise un suivi longitudinal sur un an des jeunes qui ne sont plus soumis à l obligation scolaire et qui sont venus après leurs études s inscrire auprès d ACTIRIS. Dans le cadre de cette étude, les inscriptions prises en compte sont celles qui ont lieu durant la période de juillet à octobre, soit les mois d inscription les plus fréquents pour les jeunes qui ont terminé leurs études. Ceux ci sont suivis pendant un an. Cette méthode permet d établir des taux de sortie du chômage un an après leur inscription selon diverses caractéristiques. Pour les jeunes qui sont toujours inscrits un an plus tard, on observe si certains sont sortis du chômage de manière temporaire pendant leur période d inscription. Dès lors, les taux de sortie du chômage à un an se voient enrichis par ces sorties temporaires vers l emploi. Afin d être prises en compte, ces dernières doivent être supérieures à 28 jours de travail. Notons que les jeunes ayant trouvé immédiatement un travail et qui ne sont par conséquent pas venus s inscrire auprès d ACTIRIS ne sont pas pris en compte dans l analyse. La proportion de ceux ci varie toutefois selon le niveau d études et les filières choisies. L absence de données concernant l ensemble des jeunes Bruxellois ayant quitté l enseignement constitue donc un biais à cette analyse. 3.1 Description des jeunes venus s inscrire auprès d ACTIRIS entre juillet et octobre 2009 Chaque année, on dénombre environ 6.000 jeunes venant s inscrire auprès d ACTIRIS durant la période allant du 1 er juillet au 31 octobre. En 2009, ils étaient 6.073 exactement. C est au courant du mois de septembre que la plus grosse partie vient s inscrire (2.470 jeunes en 2009, soit 40,7%), le reste se distribuant presque également entre les trois autres mois. Le tableau suivant présente une répartition des jeunes qui sont venus s inscrire en 2009 selon le sexe et le niveau d études. Au vu de ces données, 29,4% de ces jeunes possèdent un diplôme de l enseignement supérieur, universitaire ou non. 35,5% sont diplômés de l enseignement secondaire supérieur (3 e et 4 e degrés ou apprentissage terminé). Soulignons qu une proportion importante des jeunes venant s inscrire n a pas obtenu le diplôme de l enseignement secondaire supérieur (21,1% disposent au plus du diplôme du second degré de l enseignement secondaire), tandis que 13,9% des jeunes ont effectué leurs études à l étranger sans obtenir jusqu ici d équivalence de diplôme. Notons par ailleurs que l on dénombre relativement plus de femmes que d hommes venant s inscrire. Ainsi, en 2009, 53% des jeunes venus s inscrire auprès d ACTIRIS étaient des femmes. L affirmation selon laquelle les jeunes femmes obtiennent des diplômes plus élevés que les jeunes hommes se trouve en outre parfaitement illustrée dans le tableau ci dessous. En effet, pour les niveaux d études qualifiés de faible ou moyen, c est à dire dont le diplôme le plus élevé est obtenu de l enseignement primaire ou de l enseignement secondaire, la proportion d hommes est plus importante. Par contre, on relève une proportion nettement plus forte de titulaires d un diplôme de l enseignement supérieur chez les femmes (34%) que chez les hommes (24,1%).. Pour rappel, cette 15

observation ne vaut pas seulement pour les données du chômage mais également au niveau de toute la population. Tableau 10 : Répartition des jeunes venus s inscrire après leurs études en 2009 selon le sexe et le niveau d études Niveau d études En nombre En % Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Au plus secondaire 1er degré 329 208 537 11,5 6,5 8,8 Secondaire 2e degré 406 344 750 14,2 10,7 12,3 Général 97 62 159 3,4 1,9 2,6 Technique 111 92 203 3,9 2,9 3,3 Professionnel 198 190 388 6,9 5,9 6,4 Secondaire 3e et 4e degrés 1.031 1.045 2.076 36,2 32,4 34,2 Général 372 375 747 13,0 11,6 12,3 Technique 361 373 734 12,7 11,6 12,1 Professionnel 298 297 595 10,4 9,2 9,8 Supérieur non universitaire 365 616 981 12,8 19,1 16,2 Supérieur universitaire 323 480 803 11,3 14,9 13,2 Apprentissage 49 32 81 1,7 1,0 1,3 Autres études 349 496 845 12,2 15,4 13,9 Total 2.852 3.221 6.073 100,0 100,0 100,0 Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi Sur cinq jeunes venant s inscrire au cours de la période considérée, plus de quatre (81,9%) ont moins de 25 ans. Bien entendu, l âge auquel les jeunes s inscrivent dépend essentiellement du niveau d études atteint. Ainsi, les jeunes ayant tout au plus atteint le second degré de l enseignement secondaire ou ayant terminé un apprentissage seront plus nombreux à s inscrire à l âge de 18 ans, tandis que c est à l âge de 20 ans que les effectifs seront plus importants pour les diplômés de l enseignement secondaire. On retrouve ici un impact du retard scolaire que nous avions évoqué plus haut. En ce qui concerne les études supérieures, l âge modal est de 23 ans pour les diplômés de l enseignement non universitaire et de 24 ans pour les universitaires. Les personnes ayant effectué leurs études à l étranger sont, quant à elles, plus nombreuses à venir s inscrire à l âge de 25 ans. Enfin, près de trois jeunes venus s inscrire sur dix en 2009 (29,3%) résidaient dans l un des quartiers du «croissant pauvre». À titre de comparaison, près de 35% de l ensemble des DEI réside dans l un de ces quartiers. Plus globalement, c est le cas d environ 22% de la population bruxelloise en âge de travailler. 3.2 Taux de sortie à un an des jeunes venus s inscrire en quittant l école Cette partie présente les résultats du suivi longitudinal sur 12 mois des jeunes venus s inscrire après leurs études et détaille les taux de sortie de ces jeunes du chômage au cours de cette période. À la lecture du tableau ci dessous, on constate que le niveau d études a un effet important sur la réussite de l insertion professionnelle des jeunes. En effet, les probabilités de sortir du chômage et la rapidité de la transition entre études et emploi augmentent avec le fait que le jeune détienne un diplôme valorisé sur le marché du travail. Concrètement, moins de la moitié des jeunes ne disposant pas du diplôme attestant la fin des études secondaires sont parvenus à s insérer sur le marché de l emploi au bout d un an après leur inscription, contre plus de trois universitaires sur quatre (hormis les sorties temporaires). 16

Tableau 11 : Taux de sortie à un an d écart des jeunes venus s inscrire après leurs études en 2009 selon le niveau d études Niveau d études Jeunes ayant terminé leurs études (nombre) Encore inscrits comme DEI un an plus tard (nombre) Taux de sortie à un an (hors sorties temp.) (%) Dont jeunes encore DEI sans expérience (nombre) Taux de sortie total (y compris sorties temp.) (%) Au plus secondaire 1er degré 537 272 49,3 222 58,7 Secondaire 2e degré 750 376 49,9 294 60,8 Général 159 66 58,5 50 68,6 Technique 203 97 52,2 75 63,1 Professionnel 388 213 45,1 169 56,4 Secondaire 3e et 4e degrés 2.076 915 55,9 662 68,1 Général 747 300 59,8 223 70,1 Technique 734 310 57,8 214 70,8 Professionnel 595 305 48,7 225 62,2 Supérieur non universitaire 981 293 70,1 177 82,0 Supérieur universitaire 803 199 75,2 114 85,8 Apprentissage 81 22 72,8 14 82,7 Autres études 845 233 72,4 187 77,9 Total 6.073 2.310 62,0 1.670 72,5 Source : ACTIRIS, calculs Observatoire bruxellois de l Emploi En ce qui concerne les filières d enseignement, le tableau nous montre ensuite que ce sont les jeunes issus de l enseignement professionnel qui présentent les probabilités les plus faibles de s insérer sur le marché du travail, ceci alors que l apprentissage présente, quant à lui, des taux de sortie du chômage relativement importants. Les diplômés de l enseignement secondaire général et technique connaissent des probabilités de sortie plus élevées, avec un léger avantage pour les premiers à l issue du cursus secondaire. Ceci n est pas étonnant dans la mesure où l on tient compte de la tertiarisation de l économie bruxelloise. Il est encore possible de détailler les domaines dans lesquels les études ont été suivies et, de cette manière, de faire ressortir ceux d entre eux qui pour telle ou telle filière d enseignement assureront les meilleurs taux de sortie 6. Ainsi, dans le cas de l enseignement professionnel par exemple, les études dans les domaines paramédical et de l horeca assureront près de trois fois plus de chances de sortir du chômage au bout d un an que le domaine textile. Les domaines de la mécanique, du travail du bois et de la construction se situent quant à eux à un niveau intermédiaire. Pour les diplômés de l enseignement technique, les domaines de la mécanique, de l horeca et de l informatique assurent les meilleurs taux de sortie. En ce qui concerne l enseignement supérieur, on constate des taux de sortie généralement élevés, en particulier dans les domaines des sciences exactes, des sciences de la santé, de l économie et du droit 7. Le domaine artistique de l enseignement supérieur non universitaire présente tout de même un taux de sortie nettement plus faible que les autres. Dans l enseignement universitaire, les filières liées aux sciences humaines ont également des taux de sortie se situant en retrait. On remarque par ailleurs que pour les jeunes de niveau scolaire élevé, il y a peu de distinction entre hommes et femmes sur le marché du travail. Autrement dit, en termes d insertion professionnelle, les inégalités entre hommes et femmes s avèrent d autant plus «pénalisantes» que les jeunes sont dépourvus de diplômes. Néanmoins, cette analyse en termes de taux de sortie du chômage n apporte pas d éclairage quant aux conditions de travail et de rémunération à propos desquelles 6 7 Afin d obtenir des effectifs significatifs pour calculer des taux de sortie, cette partie de l analyse a été menée en traitant les données issues de deux années successives, soit 2008 et 2009. À ce propos, voir notamment le focus de l Observatoire bruxellois de l Emploi «Aperçu des besoins relatifs aux métiers scientifiques et technologiques», juin 2010. 17

plusieurs études 8 indiquent des salaires inférieurs pour les jeunes femmes, y compris pour les plus diplômées. En Région bruxelloise, le déficit de scolarité d une partie de la population jeune est aussi celui de la dualisation, avec une polarisation sociale de la population entre d une part les quartiers «riches», favorisés et d autre part les quartiers défavorisés à forte proportion d habitants issus de l immigration. Cette hétérogénéité socio spatiale exerce également ses effets sur les chances qu auront les jeunes de s insérer sur le marché du travail. Ainsi, il apparaît que si près de deux jeunes sur trois (65,4%) résidant hors du croissant pauvre parviennent à sortir du chômage au bout d un an, cette proportion s établit à peine à plus d un sur deux (53,7%) pour les jeunes du croissant pauvre. On observe par ailleurs que les écarts en termes de taux de sortie du chômage entre les quartiers favorisés et les quartiers défavorisés existent quel que soit le niveau de scolarité des jeunes, de telle manière que les jeunes issus des quartiers défavorisés ayant investi dans des études supérieures enregistrent encore une probabilité plus faible d insertion que leurs homologues des quartiers plus favorisés. 4. Conclusion Le chômage ne se justifie pas uniquement par des problèmes de qualification, ses origines sont multiples. Certains facteurs sont spécifiques aux jeunes, comme la sensibilité aux variations conjoncturelles telles que celles qu a entraînées la crise économique mondiale qui a débuté fin 2008. Leur arrivée au terme de leurs études dans une économie en contraction se traduit par une insertion plus complexe sur le marché du travail. En effet, les entreprises réduisent leur nombre de recrutements, les jeunes se retrouvent surreprésentés parmi les candidats à l embauche et les employeurs privilégient les personnes qui disposent d une expérience professionnelle. De plus, si les entreprises doivent réduire leurs effectifs, elles se séparent plus souvent des travailleurs qui sont arrivés en dernier, en l occurrence les jeunes. D autres facteurs sont plus généraux, tels que les phénomènes de discrimination ethnique à l embauche, la pression concurrentielle élevée sur le marché du travail bruxellois, la recomposition de l emploi à Bruxelles, les facteurs individuels compliquant la recherche d emploi, ou encore la ségrégation socio spatiale. Enfin, lorsqu ils accèdent à un emploi, les jeunes sont souvent confrontés à une forme de précarité par l alternance de périodes d emploi et de chômage, la difficulté d obtenir un contrat de travail à temps plein et ce malgré que nombre d entre eux ont tenté de se conformer au mieux aux exigences du marché du travail, en termes de qualification notamment. Si le rajeunissement de la population représente un atout certain pour Bruxelles, il amplifie encore les défis intimement liés particulièrement chez les jeunes que sont ceux de la formation, de la lutte contre le chômage et de l accès à un emploi de qualité. Observatoire bruxellois de l Emploi, février 2011 8 Citons notamment les publications du Céreq, dont «Quand l école est finie Premiers pas dans la vie active de la Génération 2004», 2008. 18