02 MAI 2012 Spécial Élections Contact MAGAZINE POUR LES POUVOIRS PUBLICS, LES ORGANISATIONS DU SECTEUR SOCIAL PROFIT ET LES ENTREPRISES Édition CPAS >> KOEN ANCIAUX, CPAS DE MALINES
Le défaitisme? Ce n est jamais une solution. Les CPAS sont confrontés à de nouveaux défis, avec des répercussions financières. Mais la peur de l avenir ne résout rien, estime Koen Anciaux, président du CPAS de Malines. «Une administration locale doit faire un usage optimal de la marge de manœuvre dont elle dispose.»
«Le revenu d intégration sociale reste une charge importante, mais nous avons pu faire baisser de 30 % le nombre de bénéficiaires de ce revenu, en nous érigeant en organisme d activation.» Les réformes et mesures adoptées par les autorités fédérales et régionales au cours de la législature précédente ont-elles eu un impact financier sur le CPAS de Malines? Koen Anciaux : Aucune mesure prise en particulier n a eu d effets drastiques. Mais nous ressentons l effet conjugué de la multiplicité des mesures. Les nouvelles normes de qualité pour les maisons de repos augmentent structurellement nos frais de personnel et de fonctionnement, alors que les CPAS n étaient même pas autour de la table quand les autorités flamandes ont pris ces décisions. Autre exemple : la régularisation des étrangers. Certes, l équivalent du revenu d intégration so ciale perçu par certains d entre eux est subsidié à 100 %, mais nous devons mettre à disposition un nombre supplémentaire de fonctionnaires pour traiter ces dossiers. Et ce qui me préoccupe surtout, ce sont les deux indexa tions attendues en 2012. Je crains que nous ne devions puiser dans nos économies pour pouvoir faire face à ces augmentations salariales. Vos économies? K. A. : Au début de la législature, elles s élevaient à 10 millions d euros, et elles s élèvent actuellement à 12 millions. Le CPAS est une entreprise qui compte 700 travailleurs équivalents temps plein, et qui réalise un chiffre d affaires annuel de 54 millions. La dotation de la Ville est passée de 10 à 8,9 millions par an. Le reste est généré par des revenus locatifs, des subsides, les revenus des centres de soins, etc. Les économies d un CPAS doivent servir à réaliser les investissements pour l avenir, pas à compenser des augmentations salariales. Le revenu d intégration sociale pèse-t-il lourd? K. A. : Le revenu d intégration sociale reste une charge importante, mais nous avons pu faire baisser de 30 % le nombre de bénéficiaires de ce revenu, en nous érigeant en organisme d activation. Nous apprenons aux gens à vivre avec un revenu d intégration. Nous passons les dépenses du ménage au peigne fin avec eux. Une personne qui, après avoir réussi une formation d aide ménagère, trouve du travail à plusieurs adresses distantes les unes des autres, et qui ne sait pas faire du vélo, nous la sortons du chômage en lui apprenant à faire du vélo, et en lui procurant une bicyclette pour une somme extrêmement modique. Pour nous, être disposé à travailler, ça implique qu on est occupé huit heures par jour et pas deux ou
>> Principale réalisation : une maison de repos de 150 lits. trois heures à chercher un emploi, à suivre des formations, etc. À ceux qui ne parlent pas assez bien le néerlandais, nous proposons de suivre gratuitement des cours de langue. S il apparaît qu une personne ayant introduit une demande de revenu d intégration sociale a déménagé en provenance d un autre État de l UE, où elle avait un emploi, sa demande est rejetée. Cette politique sévère a un effet pervers. Comme nous allouons moins de revenus d intégration sociale, Malines perçoit aussi moins d argent du Fonds des Communes. Quel a été votre principale réalisation durant la législature qui vient de se terminer? K. A. : Une nouvelle maison de repos de 150 lits. La crise économique et financière a-t-elle des conséquences au niveau des investissements de votre administration? K. A. : Nous allons devoir postposer d un an ou deux l ouverture de deux nouveaux centres de services. La crise fait aussi chuter nos revenus de manière indirecte, par exemple en raison du fait que des entreprises bénéficient d une suspension de leur précompte immobilier pour des bâtiments inoccupés. Ce qui diminue les rentrées fiscales, et par conséquent aussi la quote-part à laquelle nous avons droit. Quels sont les principaux défis que le CPAS de Malines aura à relever durant les années à venir? K. A. : La priorité, c est de continuer à activer les bénéficiaires du revenu d intégration so ciale. À côté de cela, notre principale mission consistera à réaliser le plan stratégique de la Ville de Malines en matière de soins. Ce plan comprend deux centres de services, ainsi que la rénovation en profondeur d une maison de repos de 320 lits. Nous prévoyons également la construction de 50 résidences services. Une réduction des allocations de chômage et une accélération des procédures d asile pourraient-elles avoir un impact sur les CPAS? K. A. : Si les demandeurs d asile obtiennent plus rapidement le feu vert, un certain nombre d entre eux pourront prétendre plus vite à un revenu d intégration sociale. Ce qui entraînera un surcroît de travail pendant un certain temps. Même si l allocation de chômage devient inférieure au revenu d intégration sociale ce que je ne pense pas nous verrons quand même augmenter notre charge de travail. Je souhaiterais faire remarquer ici que la personne qui fait ce que le VDAB (équivalent du Forem/Actiris en Flandre) lui demande de faire trouvera presque toujours du travail, et ne devra pas venir frapper à la porte du CPAS. Le logement constitue un défi pour notre société. Un CPAS peut-il contribuer à apporter des solutions concrètes? K. A. : Un CPAS reste tributaire du cadre mis en place aux niveaux supérieurs. Notre «Cellule Logement» dispose d une certaine marge de manœuvre pour octroyer des prêts, mais c est la «Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen» (Société flamande de logement social) qui fixe les balises. Tout ce qu un CPAS peut faire, c est essayer d utiliser de manière optimale les marges de manœuvre dont il dispose. Pour l attribution de nos logements so ciaux, nous optons de préférence pour des locataires qui ont un emploi. En effet, pour pouvoir remédier à nos points faibles au niveau social et entretenir notre patrimoine, nous avons besoin d un mix qui génère suffisamment de revenus locatifs. Avec 3 000 logements sociaux, Malines se situe au-dessus de la norme. Parmi ces logements, mille sont inoccupés, parce que nous entamons un vaste programme de rénovation. Nous avons encore un deuxième atout au niveau local. Avec les communes environnantes, nous tenons une Agence immobilière sociale. Et cela a un impact sur le marché privé de la location, tant au niveau des prix que de la qualité du logement.
Autre débat de société : les effets du vieillissement de la population. Y voyez-vous une mission pour votre administration? K. A. : Malines est une ville à taille humaine, où se loger reste abordable. Avec clairement un afflux de jeunes ménages. Notre ville est atypique, la moyenne d âge de sa population est en baisse. Mais bien entendu, nous connaissons aussi les défis liés au vieillissement de la population. Nous distinguons trois manières différentes pour un CPAS d y apporter sa contribution. La première consiste à garantir la mobilité des personnes âgées notamment grâce à une Centrale des moins-mobiles, et à l enthousiasme de personnes bénévoles, ce qui aide à lutter contre l isolement. La deuxième méthode consiste à développer des centres de services. Cela coûte beaucoup d argent, mais tout ne doit pas nécessairement y être accessible gratuitement. Un centre de services n est pas là pour faire concurrence au café du coin. Troisième possibilité pour un CPAS : suivre la situation en matière de logement, et prévoir par exemple un accueil temporaire dans une maison de repos. Pensez-vous qu il est aussi possible pour un CPAS de stimuler l emploi? K. A. : On ne peut pas créer indéfiniment de l emploi dans l économie sociale. Il y a donc des limites. On ne peut pas non plus continuer à accumuler les subsides locaux, en plus des subsides octroyés par les instances supérieures. Quelque part, il faut que cela s arrête. Un atelier protégé, par exemple, doit générer lui-même une partie de ses revenus, et rester compétitif au niveau des prix. Cela me semble un bon modèle. Ici à Malines, nous avons une agence pour l emploi qui dispose d un bon arsenal de moyens, et qui, ces dix dernières années, a aidé la Ville à réaliser une opération de rattrapage grâce à des subsides supplémentaires. Les CPAS vont-ils devoir remédier aux conséquences sociales de la crise économique? Et pourront-ils y arriver? K. A. : Si les instances supérieures décident de répercuter le problème de ces conséquences sociales sur les administrations locales en leur demandant d y apporter des solutions, cela constituera une rupture de promesse. Mais ce que je suis disposé à accepter, c est que les autorités supérieures vérifient étroitement si et dans quelle mesure les administrations locales affectent efficacement les moyens qui leur sont alloués. Les finances des administrations locales sont sous pression. Ces administrations seront-elles toujours en mesure de mener à bien les tâches qui leur incombent? K. A. : Ce ne sera pas facile. Mais la peur de l avenir ne résout rien. Nous ne devons pas nous laisser aller au défaitisme. En travaillent dur, nous y arriverons. «On ne peut pas créer indéfiniment de l emploi dans l économie sociale. Il y a donc des limites. On ne peut pas non plus continuer à accumuler les subsides locaux, en plus des subsides octroyés par les instances supérieures. Quelque part, il faut que cela s arrête.»
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