COÛT DE LA DISTRIBUTION DE L ALIMENTATION EN ÉLEVAGE CAPRIN



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Transcription:

RÉSEAUX D ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE COLLECTION THÉMA COÛT DE LA DISTRIBUTION DE L ALIMENTATION EN ÉLEVAGE CAPRIN POITOU-CHARENTES,VENDEE, MAINE ET LOIRE ET BRETAGNE Vendée, Maine et Loire Poitou-Charentes

Sommaire INTRODUCTION 1/ MÉTHODOLOGIE 1 2/ L ÉCHANTILLON 2 3/ RÉSULTATS MOYENS 3 3.1. Le coût global de la distribution de l alimentation 3 3.2. Le temps de distribution de l alimentation 5 4/ RÉSULTATS PAR SYSTÈME ALIMENTAIRE 6 4.1 La distribution de l alimentation dans les systèmes pâturage et foin 6 4.2 La distribution de l alimentation dans les systèmes ensilage 8 4.3 La distribution de l alimentation dans les systèmes à dominante foin 10 4.4 La distribution de l alimentation dans les systèmes foin séché, vrac ou balles 12 4.5. La distribution de l alimentation dans les systèmes foin et déshydratés 14 4.6. En synthèse 15 5/ LE COÛT DE L ALIMENTATION, DU CHAMP OU DU FOURNISSEUR À LA BOUCHE DE L ANIMAL 16 CARNET D ADRESSES REMERCIEMENTS Ont contribué à ce dossier Rédaction : Nicole Bossis Maquette : Valérie Lochon Avec la collaboration de : Sébastien Bessonnet, Angélique Roué, Julia Chemarin, Anaëlle Verney, Manon Giller, Bernard Poupin

introduction en 2009, le réseau d élevage caprin a calculé le coût de production des fourrages de l implantation à la récolte, rendu exploitation. Avec l agrandissement des troupeaux, les élevages se sont équipés pour simplifier la distribution des concentrés mais aussi des fourrages. dans un contexte où la maitrise du coût de production est essentielle, il semble utile de compléter cette première approche par le calcul du coût de la distribution pour arriver à un coût alimentaire du champ à la bouche de l animal. S appuyant sur des enquêtes spécifiques en exploitations et des résultats issus des suivis annuels, cette synthèse dresse un état des lieux du coût de la distribution des fourrages et des concentrés. elle apporte des éléments d explication concernant les écarts constatés dans les élevages et ainsi des pistes de réflexion pour aider les éleveurs à optimiser leur système et/ou dans leurs choix en matière de système alimentaire. 1/ Méthodologie Sur chaque exploitation du réseau, les tonnages de fourrages et de concentrés distribués ont été recueillis. Les itinéraires de distribution (du lieu de stockage à la gueule de l animal) ont été décrits avec le matériel utilisé. Les coûts des matériels retenus comprennent les charges fixes, les frais d utilisation et d entretien. Les coûts ayant trait à la main d œuvre ne sont pas comptabilisés. Seul le temps consacré à la distribution a été relevé. Les coûts de distribution ainsi obtenus ont été ramenés à la tonne de matière sèche (tms). Attention : Les données recueillies sont des données réelles, fournies par les éleveurs. Certains investissements sont amortis. Les coûts moyens présentés ne peuvent donc pas être utilisés en tant que tel pour calculer un projet économique (installation, investissement, agrandissement, ). cette plaquette présente les résultats obtenus dans 29 élevages du réseau d élevage caprin de Poitou-charentes, Vendée et Maine et loire. 1

2/ l échantillon 29 élevages répartis en 5 systèmes alimentaires : Figure 1 : répartition des élevages enquêtés selon leur système alimentaire Source : Réseau d élevage caprin Poitou-Charentes Vendée et Maine et Loire 2012 Foin séché, vrac ou Foin et balles pâturage 7% Foin 10% majoritaire 31% Ensilage 28% Foin et déshydratés 24% > tableau 1 : caractéristiques des élevages enquêtés Foin et pâturage ensilage Foin majoritaire Foin séché vrac ou balles Foin et déshydratés nombre d élevages 3 8 7 2 9 nombre de chèvres 187 343 262 249 262 litrage produit 96 400 306 700 263 600 198 200 259 200 lait par chèvre 523 894 1 006 796 989 Fourrages distribués en kg/chèvre/an 661 815 787 947 582 concentrés et déshydratés en kg/chèvre/an 363 450 598 428 815 > Figure 2 : composition de la ration hivernale selon le système alimentaire 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Concentrés et déshydratés Ensilage Enrubannage Paille Foin de luzerne Foin de graminées 0% Foin et pâturage Ensilage Foin majoritaire Foin séché vrac ou balles Foin et déshydratés 2

3/ résultats MoyenS 3.1 Le coût global de la distribution de l alimentation Calculé sur 29 élevages en 2012, le coût global de la distribution de l alimentation est en moyenne de 28 euros par tonne pour distribuer les fourrages (57 % des quantités distribuées) et les concentrés et déshydratés (43 % des quantités distribuées). Le coût du stockage de l alimentation (hangar, cellules.) représente un quart de ce coût, la préparation et la transformation des aliments (séchage, aplatissage...), 7 % de celui-ci et la distribution proprement dite, les 68 % restants. Le coût global de la distribution de l alimentation peut varier de 1 à 4, pour un même système alimentaire. Le coût global de la distribution des fourrages est en moyenne de 34 euros par tonne de matière sèche. Ce coût est d abord constitué par des coûts de distribution puis de stockage. Les coûts de transformation concernent uniquement le système foin séché vrac ou balles. Le coût global de la distribution des fourrages varie de 11 (quart inférieur) à 62 (quart supérieur) par tonne de matière sèche. Une analyse par nature de fourrage montre qu il y a assez peu d écart de coût entre l ensilage et les différents types de foin (34-35 /t). Le coût de stockage et distribution de l enrubannage est un peu inférieur (25 /t). ce qui pénalise le coût de la distribution des fourrages Bâtiment de stockage neuf Matériel surdimensionné/ quantités distribuées ce qui réduit le coût de la distribution de fourrages Pas de coût de stockage : stockage extérieur, enrubannage Matériel amorti Matériel en copropriété (voir témoignage en page 4) Le coût global de la distribution des concentrés en moyenne de 24 euros par tonne. Ce coût est d abord constitué par des coûts de distribution puis de stockage. Les coûts de transformation concernent très peu d élevages. Le coût global de la distribution des concentrés varie de 6 (quart inférieur) à 54 (quart supérieur) par tonne. ce qui pénalise le coût de la distribution des concentrés Matériel surdimensionné/ quantités distribuées dac fixe : une station pour 50-60 chèvres ce qui réduit le coût de la distribution des concentrés distribution manuelle! (seaux, plancher béton au dessus de la salle de traite ) > Figure 3 : composition du coût de la distribution de l alimentation Distribution des fourrages Distribution des concentrés Distribution 65% Stockage 26% Préparation transformation 9% Distribution 74% Stockage 24% Préparation transformation 2% 3

gilles amiot et catherine lemairé à chey et patrick charpentier à sepvret dans les deux-sèvres, "une autochargeuse en copropriété pour économiser le coût de la distribution..." Gilles Amiot et Catherine Lemairé sont installés sur 54 ha avec un troupeau de 300 chèvres et Patrick Charpentier est installé sur 88 ha avec un troupeau de 300 chèvres et 30 vaches allaitantes. Ces 2 exploitations à 200 mètres l une de l autre, ont acheté en décembre 2009 une autochargeuse de 23 m 3 (21 000 HT) utilisée en complément du pâturage des chèvres, en place depuis déjà une dizaine d années. Pourquoi avez-vous fait le choix de vous équiper en commun? Tout le matériel que nous achetons, nous l achetons pour une utilisation commune. Chacun note ses heures d utilisation ou le nombre d autochargeuses et nous comptons en fin d année les frais de chacun en utilisant les tarifs d entraide. Les 2 troupeaux pratiquaient le pâturage mais pour optimiser encore la production d herbe nous avons opté pour l affouragement en vert. Cette technique nous permet d exploiter des parcelles éloignées, en vert donc une rotation des cultures plus simple sur la totalité du parcellaire, et d optimiser l exploitation de l herbe en récoltant à des stades plus tardifs par exemple. De plus, nous avions l habitude de ressortir les chèvres après la traite du soir ce qui était parfois contraignant, ce temps de pâturage a été remplacé par une autochargeuse. Le pâturage d automne n était pas toujours possible non plus avec le pâturage. Le pâturage n engendre que très peu de frais en comparaison à l affouragement (charges de mécanisation supplémentaire, plus de temps de travail ) sans l achat en commun il était difficile de faire cet investissement. Comment s organise le travail avec un matériel de distribution en commun? Nous utilisons l autochargeuse chacun notre tour dans la journée, ça ne pose aucun souci d organisation. C est même un atout car en cas d absence il est plus facile de se faire remplacer sur l exploitation que s il fallait sortir les chèvres. Nous exploitons également les prairies à leur meilleur stade et il n y a pas d arrêt dans la distribution du vert car si une exploitation manque d herbe à une période, elle utilise les parcelles de l autre exploitation. Un autre échange de bon procédé, c est le nettoyage de toutes les prairies des 2 exploitations en hiver par les vaches de Patrick. Si c était à refaire? Nous rachèterons notre prochaine autochargeuse ensemble! Avec un démêleur peut-être pour une distribution plus régulière à l auge. La copropriété permet une économie évidente (de moitié) des frais d amortissement, des frais d entretien et d optimiser le temps d utilisation de l autochargeuse qui nécessite quand même un tracteur (75 chevaux) attelé en permanence de mars à novembre! L affouragement en vert permet aussi de passer seulement 35 minutes en moyenne (selon la proximité des parcelles) pour récolter et distribuer 300 kg de matière sèche soit 2 h par tonne contre 3 h en moyenne. Le seul impératif est d avoir confiance en l autre en ce qui concerne le temps de distribution de l alimentation! 4

3.2 Le temps de distribution de l alimentation En 2002, le temps consacré à l alimentation, de la reprise des aliments à leur distribution représentait 45 % du travail d astreinte et s établissait à 3 h 20 par jour avec des écarts très grands entre élevages, de 2 h 40 pour le quart inférieur à 10 heures 20 pour le quart supérieur (Source : Le travail en élevage caprin Résultats du réseau d élevage caprin Poitou- Charentes et Pays de la Loire août 2002). Aujourd hui, le temps consacré à l alimentation a fortement diminué avec en particulier la généralisation de l automatisation de la distribution des concentrés. Il s établit en moyenne à 2 h 10 dans les 29 élevages enquêtés. L élevage le plus rapide consacre, à peine une heure par jour à alimenter son troupeau. Cet éleveur assure à lui tout seul l alimentation de 550 chèvres. Mécanisé pour distribuer sa ration "ensilage de maïs, enrubannage et foin", il a automatisé la distribution des concentrés. L élevage le moins rapide passe 4 heures à alimenter son troupeau. Cet éleveur distribue le foin et les concentrés manuellement. C est aussi un "animalier" qui aime passer du temps auprès de ses animaux. Les éleveurs enquêtés passent en moyenne 1 h 40 pour distribuer les fourrages avec des écarts allant de 1 heure pour le quart inférieur à 2 h 30 pour le quart supérieur. Ils passent en moyenne à peine 30 mn pour distribuer les concentrés mais ce chiffre masque des situations très contrastées entre les éleveurs qui ne passent pas de temps au quotidien car ils ont automatisé cette tâche et ceux qui distribuent l ensemble des concentrés à la main. ce qui pénalise le temps de distribution des aliments Multiplication des bâtiments Multiplication des sites de stockage Absence d équipements nécessité d atteler et de dételer les outils de distribution Préparation des concentrés (aplatissage, laminage, concassage )* Multiplication du nombre d aliments distribués, du nombre de repas. en particulier si pas d automatisation de la distribution des concentrés. ce qui réduit le temps de distribution des aliments désileuse, mélangeuse, dérouleuse, tapis... Automatisation de la distribution des concentrés Proximité du stockage ou des parcelles pour l affouragement en vert Pratiques simplificatrices ; diminution du nombre de repas, du nombre de lots diminution des quantités de concentrés distribuées si pas d automatisation * Cette pratique n est pas nécessaire en élevage caprin. La graine entière (graine de céréales, protéagineux et oléagineux) est une forme très adaptée pour les chèvres qui croquent. Si il y a un problème nutritionnel, la visibilité est améliorée par le rejet dans les crottes. 5

4/ résultats PAr SyStèMe AliMentAire 4.1 La distribution de l alimentation dans les systèmes pâturage et foin Ce système concerne 3 élevages. L alimentation distribuée est constituée en moyenne de 66 % de fourrages et 34 % de concentrés et déshydratés. Ces éleveurs disposent d un tracteur et d un chargeur. Un d entre eux utilise aussi le télescopique de la CUMA. Economes en concentrés et plus globalement en charges de structure, ces éleveurs distribuent les concentrés manuellement. > tableau 2 : coût de la distribution de l alimentation en système pâturage et foin coût en /tonne elevage A elevage B elevage c distribution des fourrages 7 39 13 distribution des concentrés 8 3 16 distribution de l alimentation 8 25 15 > Figure 4 : composition du coût de la distribution de l alimentation en système pâturage et foin Distribution des fourrages Distribution 14% Stockage 86% Distribution des concentrés Distribution 33% Stockage 67% > tableau 3 : temps de travail consacré à la distribution de l alimentation en système pâturage et foin temps de travail quotidien elevage A elevage B elevage c distribution des fourrages 0h50 1h00 1h20 distribution des concentrés 1h00 0h30 0h15 6

jean-laurent ganne à nueil-les-aubiers dans les deuxsèvres, "le pâturage pour un meilleur revenu et moins de travail d astreinte..." Jean-Laurent Ganne est à la tête d un troupeau de 160 chèvres et 13 vaches allaitantes sur une surface de 43 ha totalement autoconsommée en agriculture biologique. Les chèvres sont conduites au pâturage de février à octobre. Seul un télescopique en CUMA est utilisé pour rentrer les bottes, le reste de la distribution se fait à la main tout en restant inférieur (1 h 20 à 1 h 35 selon la saison) à la moyenne de l étude "coût de la distribution" des réseaux d élevage caprin (1 h 40). Pourquoi avez-vous choisi le pâturage? Je suis passé en ration pâturage quand les vaches laitières de l exploitation sont parties sans vraiment d appréhension puisque l environnement local était dans une dynamique de pâturage et qu historiquement les chèvres ont toujours pâturé dans le coin. De plus, plusieurs études, notamment de mon centre de gestion, démontraient dans ces années 2000 que les élevages bovin lait qui pâturaient s en sortaient mieux économiquement. J ai donc fait le choix du pâturage pour avoir un meilleur revenu et me libérer du temps d astreinte, car quand les chèvres sont au pâturage on apporte l alimentation à l auge quand on veut dans la journée, elles ne le mangeront qu en rentrant. En termes de temps de distribution de l alimentation, il est réduit aussi du côté des concentrés malgré la distribution manuelle, car l apport est limité (500 à 800 g). Quelles contraintes avez-vous rencontrées? Il a fallu s adapter car la chèvre n est pas une petite vache, les RGA ne sont pas adaptés, la sensibilité au parasitisme est plus forte et les périodes de reproduction sont différentes. La sortie au champ et les clôtures sont finalement très simples. Aujourd hui il reste encore des choses à améliorer comme la production de fourrages d été sur des terres séchantes, la gestion du pâturage d automne et bien sûr les caprices de la météo. Un bémol également puisque la productivité par chèvre est réduite ce qui ne correspond pas à la demande de plus en plus forte en lait de chèvre. Si c était à refaire? Je referais tout pareil d autant que cette pratique correspond à des problématiques du futur en utilisant moins d énergie directe (récolte) et indirecte (concentrés). L exploitation des prairies au pâturage est simplifié et nécessite moins d engrais, de désherbant ou autre phyto car les chèvres mangent tout et on travaille en association d espèces. 7

4.2 La distribution de l alimentation dans les systèmes ensilage Ce système concerne 8 élevages. L alimentation distribuée est constituée en moyenne de 64 % de fourrages et 36 % de concentrés et déshydratés. Ces élevages sont plus équipés que les élevages des deux systèmes précédents. Ils disposent en général de deux tracteurs : un tracteur équipé du chargeur et un tracteur sur la mélangeuse (5 élevages) ou la désileuse (3 élevages). On trouve dans ce groupe des dérouleuses de foin (2 élevages) et une balayeuse pour repousser la ration dans l auge. Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 4 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur utilise une brouette distributrice et un autre distribue les concentrés uniquement en salle de traite. Enfin, un éleveur travaille en ration complète et ne dispose donc pas de matériel pour distribuer les concentrés. > tableau 4 : coût de la distribution de l alimentation en système ensilage coût en /tonne Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 38 16 61 distribution des concentrés 31 7 61 distribution de l alimentation 35 16 56 > Figure 5 : composition du coût de la distribution de l alimentation en système ensilage Distribution des fourrages Distribution des concentrés Stockage 16% Distribution 84% Distribution 77% Stockage 22% Préparation 1% > tableau 5 : temps de travail consacré à la distribution de l alimentation en système ensilage temps de travail quotidien Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 2h05 0h50 2h45 distribution des concentrés 0h20 0h00 1h10 En ensilage, l amélioration du temps et des conditions de travail passent par : Un bon positionnement du (ou des) site (s) de stockage par rapport à la chèvrerie, Un bâtiment adapté avec soit un couloir suffisamment large pour mécaniser soit des tapis Bien sûr la mécanisation de la distribution La simplification du rationnement avec la mise en œuvre de ration complète. A condition d apporter suffisamment de fibres au râtelier en complément. Mélangeuse à bol 8 Dérouleuse de foin Désileuse

luc rambaud, earl le cabriolait, à la verrie en vendée a opté pour une mélangeuse avec un système de pesée pour piloter la ration de ses chèvres Pourquoi avez-vous fait le choix de la mélangeuse? Plusieurs facteurs ont déterminé mon choix d investir et de travailler avec une mélangeuse. En 2003, je souhaitais trouver une solution pour mécaniser la distribution des concentrés à mes chèvres. Je ne voulais pas d un DAC (distributeur automatique de concentrés) car mes cellules de stockage des concentrés ne se trouvaient pas à proximité de la chèvrerie. Par ailleurs ma désileuse commençait à donner de sérieux signes de fatigue et je cherchais un matériel de distribution permettant de gérer le fourrage et les concentrés. Après plusieurs visites chez des éleveurs caprins utilisateurs de mélangeuses mon choix s est arrêté sur une mélangeuse avec une vis verticale de la marque "Jeulin" équipée d un système de pesée. Y a-t-il des inconvénients? Pour la "fabrication" de la ration il faut obligatoirement avoir 2 tracteurs (un pour la mélangeuse et un pour charger) et cela entraine une consommation d énergie (fuel) non négligeable. J entame ma dixième campagne laitière avec ce matériel et pour alimenter un troupeau caprin je pense qu il faut être très vigilant sur la qualité des aliments incorporés dans le mélange (pas de moisissures, pas de terre). Au tas d ensilage, j enlève la couche supérieure sur 25 à 30 cm que je distribue à mes bovins et je garde uniquement le cœur du silo pour la ration mélangée de mes chèvres. Pour optimiser le temps de chargement et de "fabrication" du mélange, le regroupement des différents points de stockage des aliments (hangars, silos, cellules des concentrés,...) est nécessaire, ce qui n est pas mon cas pour l instant. Quels sont les pièges à éviter? Pour moi, il me semble important de respecter un ordre d incorporation des aliments dans la mélangeuse. Les aliments fibreux doivent être incorporés les premiers suivis des aliments concentrés et en terminant par l ensilage de maïs. A coté, de cette ration mélangée j ai conservé une distribution de paille dans des râteliers installés dans chaque lot de chèvres. Lors de l unique distribution quotidienne du fourrage, la ration mise à disposition ne doit être que partiellement accessible pour les animaux (environ 1/3). Pour mon troupeau, je repousse le mélange 3 à 4 fois dans la journée. Si c était à refaire? La mélangeuse a parfaitement répondu à mes attentes notamment sur la pénibilité du travail et sur le gain de temps obtenu pour alimenter mon troupeau. Ce poste pourrait encore être optimisé en regroupant les différentes cellules de stockage des concentrés sur un même lieu et en mécanisant le chargement des concentrés dans la mélangeuse directement avec des vis. Le système de pesée est un véritable plus pour piloter la ration des chèvres. L investissement de 21 000 réalisé en 2003 est rentabilisé et le matériel est encore en parfait état de fonctionnement. Du côté des animaux, je distribue à mes chèvres une ration qui permet d atteindre un niveau de performance laitière satisfaisant (950 kg/chèvre) sans problème métabolique majeur. 9

4.3 La distribution de l alimentation dans les systèmes à dominante foin Ce système concerne 9 élevages. L alimentation distribuée est constituée en moyenne de 57 % fourrages et 43 % de concentrés et déshydratés. La puissance moyenne du (ou des) tracteur (s) utilisé pour distribuer les fourrages est de 85 chevaux. La plupart des élevages disposent d un tracteur équipé d un chargeur pour distribuer le foin. Un éleveur utilise une dérouleuse. A noter du matériel en copropriété et de la sous traitance pour deux élevages. La majorité des élevages disposent d un couloir d alimentation avec des cornadis. Un tapis d alimentation est installé dans un élevage. Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 4 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur est équipé de DAC fixes (5 stalles pour 300 chèvres), un éleveur utilise une brouette distributrice et les deux autres éleveurs distribuent les concentrés manuellement. En foin, l amélioration du temps et des conditions de travail passent par : > tableau 6 : coût de la distribution de l alimentation en système foin dominant coût en /tonne Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 25 9 49 distribution des concentrés 17 0 31 distribution de l alimentation 21 6 33 > Figure 6 : composition du coût de la distribution de l alimentation en système foin dominant Distribution des fourrages Distribution des concentrés Distribution 77% Stockage 23% Distribution 72% Stockage 27% Préparation 1% > tableau 7 : temps de travail consacré à la distribution de l alimentation en système foin dominant temps de travail quotidien Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 1h40 0h50 2h25 distribution des concentrés 0h40 0h00 1h40 Un bon positionnement du (ou des) site (s) de stockage par rapport à la chèvrerie, si besoin, prévoir un sous stockage en chèvrerie Une bonne organisation du stockage de foin, "pouvoir accéder au fourrage souhaité au bon moment à tous les types de foin. La mécanisation de la distribution qui peut aussi servir au paillage La simplification du rationnement avec la mise à disposition de foin à volonté (balles rondes en râteliers, pas de distribution journalière).mais cette technique est risquée d un point de vue du rationnement, en particulier si les apports de concentrés sont conséquents. Elle facilite le tri, la régularité de la consommation n est pas assurée (préhensibilité réduite du fourrage, appétence diminuée faute d aération suffisante du foin ). 10

au gaec les cabanes à st ciers du doret en charentemaritime, alexandre lorit a opté pour une dérouleuse électrique et un tapis d alimentation pour nourrir ses 400 chèvres Alexandre passe à peine 1 heure pour alimenter son troupeau quand le temps quotidien consacré à la distribution s établit en moyenne à 1 h 40. Son coût stockage + distribution par tonne de fourrage est 10 % inférieur au coût moyen observé et 50 % inférieur lorsque l on y inclut la rémunération de la main d œuvre. Pourquoi avez-vous choisi un tel équipement? Avant de construire le bâtiment, nous avions 200 chèvres. Il fallait 1 h 30 pour affourager les animaux. Aujourd hui on peut dire qu avec 2 fois plus de chèvres, je mets 2 fois moins de temps et c est beaucoup moins pénible! Je gagne aussi de la place sous le bâtiment : moins de surfaces en béton et moins de toiture! Le système est démontable et le bâtiment peut être réorganisé ou réorienté si nécessaire. Cela donne beaucoup de souplesse. Y-a-t-il des inconvénients? Oui, par exemple, c est plus difficile de distribuer plusieurs foins en même temps ou de fonctionner avec autant de lot qu on le souhaite. Mais l inconvénient premier, c est l accès pour le paillage. Pour les bottes carrées, il y a un chariot roulant, tout simple, qui peut s adapter au-dessus du tapis. On pose la botte et on peut pailler en hauteur, en se déplaçant avec la botte. Nous utilisons des bottes rondes qui, elles, ne tiennent pas en équilibre sur le chariot! Si c était à refaire? Je ne prendrais qu un seul tapis avec un bâtiment en longueur. Ca diminuerait encore le coût et le temps de travail. Actuellement, il y a 2 tapis pour les chèvres et 1 tapis pour les chevrettes et il faut donc déplacer la dérouleuse. La contrainte de l élevage, c est le temps à passer et la pénibilité de certaines tâches. Pour moi, c est là-dessus qu il faut travailler pour que l activité fonctionne bien. 11

4.4 La distribution de l alimentation dans les systèmes foin séché, vrac ou balles Ce système concerne 2 élevages. L alimentation distribuée est constituée en moyenne de 64 % de fourrages et 36 % de concentrés et déshydratés. Un éleveur est équipé d un séchoir vrac avec une griffe sur rail qui dépose le foin dans la chèvrerie. Il a également investi dans un DAC mobile. L autre est équipé d un séchoir balles rondes. Il reprend ses balles avec un tracteur équipé d un chargeur. Il est équipé de DAC fixe. > tableau 8 : coût de la distribution de l alimentation en système foin séché; vrac ou balles coût en /tonne elevage A elevage B distribution des fourrages 61 68 distribution des concentrés 91 62 distribution de l alimentation 70 67 > tableau 9 : temps de travail consacré à la distribution de l alimentation en système foin séché; vrac ou balles temps de travail quotidien elevage A elevage B distribution des fourrages 2 h 20 1 h 00 distribution des concentrés 0 h 10 0 h 10 12

christophe Favard, à romagne dans la vienne, "du séchage vrac pour économiser les concentrés Pourquoi avez-vous choisi d investir dans le séchage en vrac? Mon objectif est de faire 750 litres de lait par chèvre et par an avec uniquement des produits de l exploitation. Avec le foin en bottes, mon système était trop gourmand en concentrés et je n y parvenais pas. Avant, il m arrivait souvent de découvrir du foin marron à l ouverture d une botte, c était rageant! Maintenant, je garantis un foin de qualité toute l année, en récoltant à 50 % de matière sèche, et en ramassant toutes les feuilles. Je suis sûr de faire du bon foin en 1 ère coupe, difficile à valoriser chez les autres. Cette année, j ai commencé à faucher au 10 mai quand les autres fauchaient au 1 er juin. De plus, j assure une quantité suffisante de foin par animal quelle que soit l année climatique. Au 10 juin, je fais ma 2 ème coupe alors que d autres n ont pas fini la 1 ère et je profite de l arrière-saison avec des récoltes jusqu à La Toussaint. J ai fait le choix du séchage pour économiser l aliment, et non pour augmenter ma production laitière. Je suis ainsi passé de 1,3 kg de concentré (dont 500 g acheté) à 800 g de concentré uniquement autoconsommé, en restant à 750 litres par chèvre (résultats 2012 : 465 de marge brute/1 000 l avec 200 chèvres). Le séchoir est un choix sur toute une carrière. Ma stratégie sur les dix premières années est de compenser exactement le coût du séchoir par l économie de concentrés acheté, sans tenir compte des subventions. L année prochaine, le séchoir est payé et je continue à économiser autant de concentré. Je pense qu il faut compter entre 12 et 15 ans avant d avoir un retour sur investissement. Y a-t-il des inconvénients? Gérer l excédent quand le séchoir est plein. Le volume des cellules a été calculé sur la base d 1 tonne de matière sèche par chèvre et par an (avec les chevrettes). Selon les années, j ai parfois plus de fourrage que de besoin, alors je bottèle une parcelle et je vends. Nous devons être deux le jour de la récolte, au moins sur les 1 ères coupes : une personne va chercher le foin avec l autochargeuse, l autre l engrange. Sur les petits chantiers, une personne suffit, mais à partir de 7 ha je me fais aider. Par contre, une fois le foin rentré, si le travail est bien fait (taux d humidité optimal), on n y touche que pour distribuer! Quels sont les points à anticiper avant la mise en place? D abord, on ne peut pas envisager un séchoir vrac avec un parcellaire éclaté et des parcelles éloignées. Ou alors, il faut une très grosse autochargeuse! J associe à la luzerne pure d autres espèces fourragères. Le problème qu on a, c est que la ration de base manque d énergie. Si on compense ce déficit énergétique par un achat de concentré énergie, on ne respecte pas l objectif d économiser le concentré. Je gère ce déficit énergétique par le choix des espèces implantées : pour moi, c est 2/3 de luzerne et 1/3 de graminées. Pour être cohérent quant à l économie d engrais, je travaille avec des mélanges multi espèces sur des rotations de 5 ans. Si on est sur une rotation courte, on peut commencer par des mélanges plus simples, type RGH trèfle violet. C est une satisfaction d offrir à mes chèvres plusieurs espèces dans leur assiette! Quelles sont les erreurs "de débutant" à éviter? Il y a des règles strictes à respecter. Les 1 ères années, on a tendance à vouloir rentrer le foin trop vite. Or, 50 % de MS, c est primordial pour que le foin soit réussi. Rentrer du foin en-dessous du taux d humidité requis ne doit se faire qu exceptionnellement (pluie). Maintenant, j apprécie les 50 % de MS sans sonde. On se fait vite ses repères. Par exemple, si, au moment d engranger, des paquets restent collés à la griffe, on n y est pas. Idem si l andaineur a du mal à ramasser et que le fourrage reste par terre. Il s agit d être attentif et de savoir s adapter. Pour le raygrass, j attends une journée supplémentaire. Au printemps, je fane systématiquement, alors qu en été je retourne simplement l andain. Il faut aussi laisser du temps entre deux chargements. Si on rentre une quantité importante un jour, il en faut moins le lendemain. On apprend ainsi à échelonner ses récoltes en fonction des groupes de parcelles, pour ne pas passer trop de temps sur la route, et en fonction des espèces, dont le temps de séchage diffère. Si c était à refaire? J intègrerais un stock de report dans le calcul de la capacité de stockage. Les années où il y a beaucoup de foin, il m arrive de ne pas avoir assez de place pour engranger tout ce qui est récolté. En effet, la quantité récoltée varie, alors que la quantité reprise pour alimenter les chèvres est stable. Si on est confronté à ce problème sur une coupe, on le retrouve sur les coupes suivantes, vu qu on récolte tous les 35 jours. Un espace tampon me permettrait de palier l excédent de récolte, par exemple une travée supplémentaire ou un mètre de plus en hauteur (ventilateur adapté). Je distribue le foin à la fourche après l avoir repris à la griffe et l avoir déposé en tas dans le couloir d alimentation. L idéal, ce serait une griffe qui engrange et qui distribue directement aux chèvres. Mais pour cela, il aurait fallu aligner le séchoir et la chèvrerie. Impossible chez moi car j aurais été contraint de creuser, avec un risque d infiltration. En revanche, je pense que le capteur de chaleur sous le toit est incontournable dans notre région Poitou- Charentes. Il permet d avoir un air sec qui préserve la qualité du fourrage et l intégrité des feuilles. Qu est-ce que vous conseilleriez à quelqu un qui se pose la question? De ne pas se laisser impressionner par le prix. Tout en s assurant que le montant de l aliment économisé couvre le montant de l investissement! C est sur la marge nette qu il faut raisonner et non la production laitière. D oser sortir des sentiers battus Par contre, c est très important d aller voir ailleurs. Le Segrafo est de très bon conseil et a un carnet d adresses. 13

4.5 La distribution de l alimentation dans les systèmes foin et déshydratés Ce système concerne 7 élevages. L alimentation distribuée est constituée en moyenne de 41 % fourrages et 59 % de concentrés et déshydratés. La puissance moyenne du (ou des) tracteur (s) utilisé pour distribuer les fourrages est de 90 chevaux. La plupart des élevages disposent d un tracteur équipé d un chargeur pour distribuer le foin. A noter un télescopique et un tracteur télescopique pour deux élevages. Pour distribuer les concentrés et déshydratés, 3 élevages sont équipés de DAC (Distributeur Automatisé de Concentrés) mobiles, un éleveur d un DAC fixe, un éleveur utilise une brouette distributrice et les deux autres éleveurs distribuent les concentrés manuellement. > tableau 10 : coût de la distribution de l alimentation en système foin et déshydratés coût en /tonne Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 38 7 68 distribution des concentrés 16 8 24 distribution de l alimentation 25 12 38 > Figure 7 : composition du coût de la distribution de l alimentation en système foin et déshydratés Distribution des fourrages Distribution des concentrés Distribution 65% Stockage 35% Distribution 76% Stockage 24% > tableau 11 : temps de travail consacré à la distribution de l alimentation en système foin et déshydratés temps de travail quotidien Moyenne Mini Maxi distribution des fourrages 1h25 1h00 2h05 distribution des concentrés 0h25 0h05 0h40 14

4.6 En synthèse > tableau 12 : coût et temps consacrés à la distribution de l alimentation selon les systèmes alimentaires coût en /tonne Foin et pâturage * ensilage Foin majoritaire Foin séché, vrac ou balles * Foin et déshydratés ensemble nombre d élevages 3 8 9 2 7 29 nombre de chèvres 187 343 262 249 262 276 coût de la distribution en /tonne 16 35 21 68 25 28 soit aux 1 000 litres 30 46 30 124 34 42 temps quotidien consacré à la distribution 1 h 40 2 h 30 2 h 20 1 h 50 2 h00 2 h 10 * Attention : compte tenu du petit nombre d élevages en systèmes "foin et pâturage"et "foin séché vrac ou balles", ces données sont à prendre avec précaution. Le coût de production des fourrages Le coût de production moyen des différents fourrages varie de 51 la tonne de matière sèche pour des prairies temporaires fauchées 2 fois à 81 la tonne de matière sèche pour des prairies enrubannées puis fauchées. Les coûts moyens varient peu d une espèce fourragère à l autre. Par contre, pour un même fourrage les coûts peuvent variés sur une échelle de 1 à 5! C est l adéquation entre la mécanisation, les frais d intrant et le potentiel de production qui permet une cohérence et un coût maitrisé. Le coût du maïs ensilage apparait comme le moins variable. RÉSEAUX D ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE COLLECTION THÉMA Poitou-Charentes Bretagne Vendée, Maine et Loire LE COÛT DE PRODUCTION DES FOURRAGES DANS LES EXPLOITATIONS CAPRINES Réseau d élevage caprin Poitou-Charentes, Vendée, Maine et Loire et Bretagne Les charges d alimentation en caprins pèsent fortement sur les charges opérationnelles. Les achats de fourrages et de concentrés sont fréquents, pour différentes raisons : surface trop petite, travail, maîtrise technique, problème de qualité Des questions se posent autour de l intérêt économique de produire ses fourrages et d améliorer ainsi l autonomie alimentaire de l exploitation ou plutôt d acheter ses fourrages. Aujourd hui, il existe peu de références sur le coût des fourrages, c est pourquoi les réseaux d élevage caprins ont consacré leur enquête annuelle 2009 à ce sujet. S appuyant sur des enquêtes spécifiques en exploitations et des résultats issus des suivis annuels, cette synthèse dresse un état des lieux du niveau des charges de mécanisation, du coût de production de l alimentation et plus spécifiquement des principaux fourrages récoltés. Elle apporte des éléments d explication concernant les écarts constatés dans les exploitations et ainsi des pistes de réflexion pour aider les éleveurs à optimiser leur système et/ou dans leurs choix en matière de système fourrager et plus globalement de système alimentaire. Cette plaquette présente les résultats obtenus dans 38 exploitations du réseau d élevage caprin de Poitou-Charentes, Vendée, Maine et Loire et Bretagne. MÉTHODOLOGIE Sur chaque exploitation du réseau, les itinéraires techniques de chaque fourrage ont été recueillis. Les différentes interventions d implantation, de conduite et de récolte ont été décrites avec le matériel utilisé. Les coûts des matériels retenus font référence aux publications du BCMA (Bureau de Coordination du Machinisme Agricole), (coûts d acquisition, coût d entretien, coût d utilisation) pour l année 2007 ou à des coûts d entreprise ou de CUMA. Les coûts ayant trait au fermage et à la main d œuvre ne sont pas comptabilisés. En parallèle, nous disposions pour chacune de ces fermes, des charges opérationnelles des surfaces fourragères et des rendements obtenus. Les coûts de production ainsi obtenus ont été ramenés à la tonne de matière sèche (tms). Par itinéraire, les temps de travaux ont également été relevés pour chaque intervention. Les données recueillies dans le cadre du suivi annuel des exploitations ont également permis une approche plus globale concernant l ensemble des charges de mécanisation de l exploitation et un calcul du coût de production de l alimentation. Poitou-Charentes, Vendée, Maine et Loire et Bretagne 1 15

5/le coût de l AliMentAtion, du champ ou du FourniSSeur à la Bouche de l AniMAl Avec l ensemble de ces données, il est possible de reconstituer le coût de l aliment arrivé à la bouche de l animal. Les frais des différentes étapes ont donc été compilés et la rémunération de la main d œuvre incluse. La tonne de fourrage revient à 158 et le concentré à 392. Rapporté aux valeurs énergétiques ou azotées, le coût le moins élevés reste en faveur des fourrages. On constate bien ici, l intérêt économique pour l éleveur de travailler sur ses fourrages, du choix des espèces à la stratégie de distribution en passant par la qualité de la récolte. Production 65 /tonne + Stockage et distribution 34 /tonne + Fourrages 1 h 00/tonne de temps de travail 2 h 55/tonne de temps de travail Achat à 350 /tonne concentrés achetés 24 /tonne + 1 h 10/tonne de temps de travail TOTAL 99 /tonne + 59 /tonne pour rémunérer le temps de travail * 374 /tonne + 158 /tonne 392 /tonne ufl 0,7 1 coût à l unité 225 /uf 392 /uf MAt 12 % 20 % 18 /tonne pour rémunérer le temps de travail * coût à l unité 13 /point de mat 20 /point de mat * 15 /heure de coût de main d œuvre Même si les écarts observés entre exploitations sont grands et souvent liés à des situations bien spécifiques, des tendances se dessinent : - Le coût de production des fourrages c est en moyenne 65 et 1 heure de travail/tonne. - Le coût de la distribution de l alimentation, c est 28 /tonne distribuée et 42 /1000 litres en moyenne soit environ 7% du coût de production d un atelier laitier caprin (avant rémunération de la main d œuvre). - Pour éviter le dérapage des coûts, il faut ajuster au mieux les investissements avec les tonnages à traiter. - Du champ à l auge, le coût de la distribution représente un tiers du coût du fourrage. Du fournisseur à l auge, la distribution représente 5% du coût du concentré. - Arrivé devant la bouche de la chèvre, la tonne de fourrage coûte 2 fois moins cher que la tonne de concentré. 16

Carnet d adresses > Unité de programmes «Réseaux d élevage caprins» Nicole BOSSIS Institut de l Elevage 05 49 44 74 94 nicole.bossis@idele.fr Sébastien BESSONNET Chambre d Agriculture de lacharente-maritime 05 46 50 45 00 sebastien.bessonnet@charentemaritime.chambagri.fr Angélique ROUÉ Chambre d Agriculture des Deux-Sèvres 05 49 77 15 57 angelique.roue@deux-sevres.chambagri.fr Julia CHEMARIN Chambre d Agriculture de la Vienne 05 49 36 33 68 julia.chemarin@vienne.chambagri.fr Anaëlle VERNEY Chambre d Agriculture d Ille et Vilaine 02 23 48 26 93 anaelle.verney@ille-et-vilaine.chambagri.fr Manon GILLIER Chambre d Agriculture du Maine-et-Loire 02 41 40 20 80 manon.gillier@maine-et-loire.chambagri.fr Bernard POUPIN Atlantic Conseil Elevage 17-85 02 51 41 93 93 bernard.poupin@atlanticconseil-elevage.fr Remerciements : Merci aux éleveurs qui nous ont accueillis pour la réalisation de ce document. 3

COÛT DE LA DISTRIBUTION DE L ALIMENTATION EN ÉLEVAGE CAPRIN En 2009, le réseau d élevage caprin a calculé le coût de production des fourrages de l implantation à la récolte, rendu exploitation au travers de 38 suivis. En 2011, ce travail a été complété par le calcul du coût de la distribution pour arriver à un coût alimentaire du champ à la bouche de l animal. 29 élevages du réseau d élevage caprin de Poitou-Charentes, Vendée et Maine et Loire ont fait l objet de cette nouvelle enquête. D après ces enquêtes, la production d une tonne de fourrage coûte en moyenne 65 et nécessite 1 heure de travail. La distribution de l alimentation (fourrages et concentrés) coûte en moyenne 28 par tonne et nécessite environ 3 heures par tonne de fourrage distribué et une heure par tonne de concentrés. LES PARTENAIRES FINANCEURS FRANCEAGRIMER LE MINISTÈRE DE L AGRICULTURE (CASDAR) Le suivi et la valorisation annuelle des données de l échantillon national des exploitations suivies dans le cadre du dispositif RECP (Socle national) sont cofinancés au plan national par FranceAgriMer (dans le cadre du soutien aux filières pour l amélioration des conditions de production) et par le Ministère de l Agriculture (CASDAR) dans le cadre du PNDAR 2009-2013. L acquisition de données issues d exploitations complémentaires au Socle national ainsi que la réalisation d études ou de valorisations thématiques du dispositif relèvent d autres sources de financement. Décembre 2013 Document édité par l Institut de l Elevage 149 rue de Bercy - 75595 Paris cedex 12 - www.idele.fr - PUB IE : 00 14 502 001 LES RÉSEAUX D ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE (RECP) Issu d un partenariat associant l Institut de l Elevage, les Chambres d agriculture et des éleveurs volontaires, le dispositif des RECP repose sur le suivi d un échantillon d environ 2 000 exploitations qui couvrent la diversité des systèmes de production d élevage bovin, ovin et caprin français. Il constitue un observatoire de la durabilité et de l évolution des exploitations d élevages. Ce dispositif permet également de simuler les conséquences de divers changements (contexte économique, réglementations, modes de conduite) sur l équilibre des exploitations. Ses nombreuses productions sous formes de références ou d outils de diagnostic alimentent des actions de conseil et de transfert vers les éleveurs et leurs conseillers. Crédit photos : Réseau d Elevage caprins Ouest Création : Bêta Pictoris - Réalisation : Valérie lochon (Chambre régionale d agriculture Poitou-Charentes)