Notes de voyage (4): Moldavie Après les visages tristes de la Gagaouzie, place à la douceur de vivre et aux sourires de la Moldavie. La langue moldave est - presque - du roumain. L accent est différent, mais je m y retrouve. Un pays pauvre, mais qui met les bouchées doubles pour rattraper les années perdues dans l ère soviétique. Un bonheur de rouler dans ce pays. Je fais en moyenne 75 Km par jour, et 600 m de dénivelé. Mais dans les grandes villes comme Chisinau, je renonce au vélo. Les gens roulent comme des fous, c est trop dangereux.
Les cyclistes agricoles. En fait, ces demi-vélos sont des mini-charrues qui creusent un sillon pour les semences.
Au bord de la route, des iris sauvages. Derrière, le vignoble moldave
Une terre noire, parcourue ici par un tracteur ivre
Au bord des routes, on voit souvent des puits, où le voyageur peut se servir. Beaucoup de scènes religieuses aussi.
L église de Causeni a été construite au 15e siècle, quand les Turcs occupaient le pays. Pour ne pas concurrencer les mosquées et leurs minarets, ils ont exigé que les murs ne soient pas plus haut qu un homme à cheval. L église est donc à moitié enterrée. Elle contient des fresques superbes - mais elle est en rénovation, pas moyen d entrer...
Le monastère Marthe et Marie
Le monastère de Marthe et Marie est en construction, une partie des fresque est déjà réalisée.
A l arrière des monastères, c est la tonte ou la tonsure?
La cathédrale de Chisinau, avec son clocher séparé. Voici 18 ans qu il a été reconstruit, sur la base d anciennes photographies. En effet, en 1962, le régime soviétique l avait démoli - comme il a démoli d innombrables clochers en Moldavie. Est-ce dans le régime soviétique que l Etat Islamique a cherché son inspiration?
Décidemment, la religion vieillit mieux que le béton Eglise orthodoxe à Chisinau - en arrière plan, un immeuble abandonné
A côté de la gare de Chisinau, le marché second hand
Le monastère de Condrita, non loin de Chisinau.
A une trentaine de kilomètres de Chisinau, le monastère Capriana.
Cricova, au nord de Chisinau: un domaine viticole très grand, et de très grands vins. D anciennes carrières de calcaires sont utilisées pour stocker les fûts - quelques 30 millions de litres vieillissent ainsi. Les 60 kilomètres de galeries vont faire pâlir d envie les Valaisans, fiers de leurs quelques centaines de mètres des caves du Tunnel.
Nous sommes à 90 mètres sous terre. Chaque avenue souterraine porte un nom. Ici, c est l avenue Champagne. Des dizaines de milliers de bouteilles de mousseux sont stockées, retournées régulièrement, selon la méthode champenoise.
Ces galeries sont devenues un musée du vin. Elles hébergent de vieux vins français, pillés par les nazis, récupérés à la fin de la guerre par les Soviétiques, et qui ont abouti par ici. Un Richebourg de 80 ans, cela vous tente?
Ce qui frappe dans cette région - mais aussi en Roumanie - c est la structure de la population. Dans les villages, on ne voit presque que des vieux. Dans les villes, au contraire, c est une population très jeune, beaucoup de couples avec de petits enfants. Et pourtant, les cigognes survolent les villages, pas les villes...
Le trajet de Chisinau vers Iasi, puis vers la Bucovine, est bien long. Je prends le train, mon vélo démonté et emballé comme bagageà main. A la frontière entre la Moldavie et la Roumanie, des milliers de bogies encombrent les voies. Car il faut faire un changement de roue: l écartement des voies est différent. Ceci rallonge un peu le voyage: j ai mis 5 heures et 50 minutes pour faire les 110 Km qui séparent Chisinau de Iasi.
Surprenant: durant près de trois heures, mon wagon est soumis à des mouvements bizares: on avance on recule, on tamponne, puis enfin on s immobilise. Que le grand cric me croque: mon wagon est soulevé, le bogie enlevé, remplacé par un autre. Trois heures pendant lesquelles il est interdit de sortir du wagon. Et de prendre des photos, bien sûr... Demain, en train de Iasi vers la Bucovine et ses monastères peints.