IMPACTS SOCIO-ÉCONOMIQUES ET ZOOSANITAIRES DE LA TRANSHUMANCE



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IMPACTS SOCIO-ÉCONOMIQUES ET ZOOSANITAIRES DE LA TRANSHUMANCE F. A. Abiola, A. Teko-Agbo, C. Biaou et M. Niang Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires BP 5 077 Dakar, Sénégal Original : français Résumé : L objectif de la synthèse est de contribuer à une meilleure connaissance de la pratique de la transhumance, à travers un questionnaire adressé aux pays africains membres de l Organisation mondiale de la santé animale. Vingt-quatre pays à la date du 19 janvier 2005 ont répondu à ce questionnaire et ont indiqué leurs préoccupations en matière de données sur l élevage dans chacun des pays et leur appréciation de l impact social, économique et zoosanitaire de cette pratique. Au niveau importance économique de l élevage des réponses reçues, les 5 pays les plus importants producteurs de bovins, sont le Soudan (39 millions), l Afrique du Sud (13,7), Madagascar (7,9), le Mali (7,3) et le Burkina Faso (7,3). Il ressort que pour la plupart des pays : la contribution de l élevage au PIB varie entre 0,7 et 21,4 % sauf en Afrique du Sud avec 43,9 % et le Tchad 40,0 %. le budget alloué aux productions animales et aux contrôles sanitaires est généralement inférieur à 2,0 % à l exception de Sao Tomé et Principe (supérieur à 80 %) et de la Namibie (10,9 %). Au niveau impact social, les conflits entre agriculteurs et éleveurs constituent le premier problème. Ces conflits sociaux proviennent surtout des dégâts infligés par les animaux transhumants aux cultures. Il y a aussi les problèmes fonciers et, dans une moindre mesure, les vols de bétail, les problèmes sanitaires et les conflits de pouvoir. Il n est pas encore possible de cerner les emplois même s ils sont temporaires, que la pratique de la transhumance peut permettre de créer. Au niveau impact zoosanitaire, les 5 maladies les plus redoutées pendant la transhumance sont respectivement la fièvre aphteuse, la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la peste des petits ruminants (PPR), les trypanosomoses et les charbons. Les coûts liés aux maladies lors de la transhumance ne sont généralement pas estimés, mais pour un pays comme l Angola, ces coûts peuvent atteindre 8,5 millions d euros (hors pertes en production) Lorsque ces maladies éclatent, l'existence de peu de structures sanitaires (pharmacies, cliniques vétérinaires, etc.), l'éloignement de l'éleveur des postes de santé, la préoccupation des bergers et leurs habitudes traditionnelles d automédication de leurs animaux, sont autant de facteurs qui limitent les possibilités de réussite des traitements. Il est heureux de constater l importance accordée à cette question par des Etats et les réunions tant nationales que régionales qui sont consacrées par ceux-ci à la transhumance avec l instauration par des groupes de pays (par exemple, les pays de la CEDEAO et de la CEMAC) de passeport du bétail et de certificat international de contrôle de la transhumance. Il faut nécessairement si on ne peut la supprimer, en améliorer l organisation et la gestion pour espérer en réduire les conséquences négatives. 89

1. INTRODUCTION La transhumance est un mode d élevage pastoral qui fait référence à une pratique de déplacement des troupeaux, saisonnier, pendulaire, selon des parcours bien précis, répétés chaque année. Ce mot provient du latin trans et hummus «au delà des terres». Cette pratique par endroits pose des problèmes souvent graves. Tenez deux exemples au Bénin et au Burkina Faso : Tchaourou au Bénin le jeudi 12 novembre 2004, 7 morts Une scène peu compréhensible a mis à feu et à sang l arrondissement de Bétérou dans la commune de Tchaourou. Au total, sept personnes auraient trouvé la mort (WEB1). Kampala au Burkina Faso le mardi 30 novembre 2004 : dégâts matériels importants avec 2 morts Les agriculteurs affirment avoir explosé parce que finalement à bout de patience, face aux provocations, aux agressions et à la violence à répétition de la part des éleveurs de la communauté peuhle de Kampala (Sidwaya quotidien du Burkina, des 9 et 10 décembre 2004). Ces exemples parmi tant d autres, montrent toute la complexité de la forme de transhumance pour la recherche de l eau et du pâturage et la difficile cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, alors qu ailleurs, le mot transhumance sonne comme un moment de fête (transhumance touristique) et de rencontre familiale (transhumance sociale). La transhumance touristique : Fête traditionnelle et émouvante, chère au cœur des provençaux, la Fête de la Transhumance de Saint Rémy de Provence par exemple en France est sans aucun doute, la fête la plus célèbre du sud de la France qui fasse revivre les départs vers les alpages. La transhumance sociale : les déplacements de certaines tribus d'éleveurs telles que les Touaregs et les Peulh avec leur bétail au Niger constituent une occasion de resserrement de liens entre familles dispersées dans différents pays et de participation à des manifestations par exemple, des fêtes traditionnelles réunissant plusieurs groupes ethniques. L objectif de la présente synthèse est d aborder cette question complexe de la forme de transhumance pour la recherche de l eau et du pâturage ou de la transhumance à visée commerciale en nous basant autant que c est possible, sur le vécu quotidien des différents pays et des différentes Institutions qui s y intéressent. Nous ferons tout ceci à travers un questionnaire adressé par l intermédiaire de l organisation mondiale de la santé animale (OIE) aux Etats membres. Le questionnaire couvre les 5 aspects suivants : Les données sur l élevage ; Les données sur la transhumance ; L impact social de la transhumance ; L impact économique de la transhumance ; L impact zoosanitaire de la transhumance. Nous remercions les pays qui ont déjà répondu au questionnaire proposé, au nombre de 24 au 19 janvier 2005. 2. LES DONNÉES SUR L ÉLEVAGE 2.1. Généralités sur l'élevage en Afrique subsaharienne Depuis quelque temps, l élevage connaît un engouement dans la plupart des pays africains comme le montrent dans un certain nombre d entre eux : les effectifs et le taux de croissance ; la part de l élevage dans les économies nationales ; ce que représente cette activité dans le commerce extérieur (FAO/STAT, 1999), (SIDIBE, OIE, 2001), (BANQUE MONDIALE, 2002), RENARD et al. (2004). 90

2.2. Effectifs et le taux de croissance des cheptels Les effectifs et le taux de croissance des cheptels répertoriés sont présentés au Tableau 1. Tableau 1 Effectifs (E) et taux de croissance (TC) des cheptels Pays Bovins Ovins- Caprins Camelins Asins- Equins Porcins Volailles E (x10 3 ) TC (%) E (x10 3 ) TC (%) E (x10 3 ) TC (%) E (x10 3 ) TC (%) E (x10 3 ) TC (%) E (x10 3 ) TC (%) Algérie 1 560,86-0,094 17845,82 (ov) 1,65 (ov) 256,1-44,276 - - - 151 200-3137,04 (cap) 2,94 (cap) Afrique du Sud 13 721 + 17,4 28 248-0,1 < 1-481 + 12 1 555-0,1 48 500-65 Angola 3,5 4,4 3,0 3,2 - - 0,15-1,5 12 14,5 - Benin 1676 2,5 1996 2 - - 0,9 2 278 1 12 800 3,25 Botswana 2 500 2 1 300 2 700 1 510 3 4 1 650 5 Burkina 7 300 2 16 700 3 14 2 36 1 1 800 2 30 800 3 Centrafrique 3129 1,7 222 (ov) 2,5 - - - - 676 2,5 4211-2514 (cap) - Congo RDC 564,4 6 2 087,3 11, - - - - 827,7 4 17 832,1 - Côte d'ivoire 1407,2-0,38 2518-3,21 - - - - 336,2-0,00 30 226-3,5 Djibouti - - - - - - - - - - - - Guinée Bissau 410,044 2,5 450,101 3 - - 1,043 0 70 000 4 473 000 7 Ile Maurice 9-20 - - - 0,5-13 - 30 000 33 Madagascar 7 917 2,8 1 565 2,5 - - - - 675 12 2 201 2,4 Mali 7 313 3 19 430 5 681,27 2,5 965 2 73,57 8 23 000 13 Namibie 2394,2 1,12 4468 5,25 0,075 14,64 208,4-5,78 32,2 16,91 642,6 12 Ouganda 6 557 +4,3 9 424 +6,1 1-10 - 1 225-3,9 23 031-1,2 Sao Tome et 546 5 25,813 15 - - - - 25,992 2,5 170,856 10 Principe Sénégal 3 018 0,7 8 582 1,3 4 0,3 900 1,8 303 7,3 26 075 3,8 Soudan 38985,8 0,6 88 725,2 0,3 3340,6 0,4 60568,2 37171 0,9 Swaziland 593,520-1,6 17,497 (ov) 4,3 0 0 11,537-2,8 30,163-2,9 1733,39 3,5 312.510 (cap) -2,9 Tanzanie 17,7 1,7 16,0 2,2 néant néant néant néant 0,8-27 000 - Tchad 6 435 2,4 8 343 2,5 1 221 3 366 2 75 5 20 000 - Togo 285 0,9 1090 5 1240 5 - - 270 3 8100 5 Zambie 2,342-1,4 1,097 5 - - 4 0,01 269 6 32,000 20 L effectif des bovins varie en fonction des pays, avec un maximum observé au Soudan (38 985 800 têtes) et un minimum en Zambie avec 2 342 000 têtes. Le taux de croissance est également variable en fonction des pays ; il est négatif au Swaziland (-1,6%), en Zambie (-1,4%) et en Côte d'ivoire (-0,38%) ; le maximum est observé en Afrique du Sud (17,4%). Les autres pays ont généralement un taux de croissance des bovins d environ 2%. Il ressort de ce tableau que les 5 plus importants producteurs de bovins sont : le Soudan (39 millions), l'afrique du Sud (13,7 millions), Madagascar (7,9 millions), le Mali (7,3 millions) et le Burkina Faso (7,3 millions). On peut faire les mêmes choses pour les petits ruminants et les camelins. Les autres espèces n ont pas été prises en compte parce qu elles ne semblent pas concernées par la transhumance. 2.3. Importance économique de l élevage La part de l élevage dans les principaux indicateurs macroéconomiques sont présentés dans le Tableau 2. 91

Tableau 2 Part de l élevage dans les indicateurs économiques Pays Part dans le PIB (%) Part dans les recettes d exportation (%) Part dans les revenus des populations rurales (%) Budget alloué aux productions animales et aux contrôles sanitaires (%) Algérie 4,41 10 Millions - Budget global Ministère Afrique du Sud 43,9 6,7 - - Angola 4 - - 1,5 Millions /année Bénin 7 - - < 1 Botswana 3,5 3-2 Burkina Faso 12 19 - < 1 Centrafrique 10,6 30 488-0,46 Congo RDC 7 20 0,5 - Côte d Ivoire 2-10 - Djibouti 3 4 444 370 0,2 Guinée Bissau 17 - - Au moins 0,5 Ile Maurice 0,7 4,7-0,2 Madagascar 7,4 4,3 Millions - 1,04 Mali 12 15 30 < 1 Namibie 9,3 11,9 70 10,86 Ouganda 9 44 Millions (2002) 296 - S. T. et Principe 4-5 - - > 80 Sénégal 7,5 0,4 - - Soudan 21,4 73,5 Millions 37,64 1,681 Swaziland 1,3 Milliards 7 Millions (2004) 44 (1995) 1,28 (2004/2005) Tanzanie 4,3 0,3 15 0,2 Tchad 40 58 Millions 76 /an 9 Togo 6 0,05-0,25 Zambie 6,04 - - 0,5 Dans l ensemble, il ressort que : pour la plupart des pays, la contribution de l élevage au PIB varie entre 0,7 et 21,4 %. Toutefois, en Afrique du Sud cette part s élève à 43,9% et au Tchad à 40,0%. la part de l élevage dans les recettes d exportations en termes numéraires varie de 4 444 euros au Djibouti à 73,5 Millions d euros au Soudan. En terme de pourcentage, elle varie de 0,05% au Togo, à 20,0% en RDC. Le budget alloué aux productions animales et aux contrôles sanitaires est généralement inférieur à 2,0% à l exception de Sao Tomé et Principe (supérieur à 80 %) et de la Namibie (10,9%). 2.4. Élevage et commerce extérieur Les valeurs d importation sont relativement élevées. Elles atteignent 20 Millions d euros en Côte d Ivoire et 12,6 Millions d euros en Algérie. Ces deux pays représentent les plus grands importateurs de bétail sur pied, d après cette enquête. 3.1. Données générales sur la transhumance 3. DONNEES SUR LA TRANSHUMANCE Dans la plupart des pays, on distingue deux variantes de transhumance : la transhumance nationale et la transhumance transfrontalière. Alors qu elle est redoutée en Afrique, elle est un moment fort de fête par exemple dans certains pays européens comme la France, dans l Aveyron (WEB2). 92

La question qu on se pose est de savoir si l élevage en Afrique peut se faire dans un certain nombre de pays sans la transhumance à la recherche de l eau et du pâturage. Alors, si l élevage doit continuer avec la transhumance, quoi faire pour en réduire les inconvénients si on ne peut la transformer en des moments de fête, la réduire ou la supprimer? Une bibliographie sommaire montre que des réunions tant nationales que régionales sont consacrées périodiquement aux questions touchant à la transhumance : cas des pays de l espace CEDAO et CEMAC. 3.2. Les projets d élevage incluant la transhumance Sur 24 pays ayant répondu, 17 pratiquent la transhumance. L Afrique du Sud, le Botswana, la RDC Congo, l Ouganda, le Sao Tomé et Principe et le Swaziland ne pratiquent pas du tout la transhumance. Dans certains pays comme la Côte d Ivoire on dénombre jusqu à 20 projets tous financés par l extérieur concernant la transhumance. 3.3. Les Textes et les accords régionaux Les principaux textes et accord régionaux actuels sont présentés au Tableau 3. Tableau 3 Textes fondamentaux et accords régionaux relatifs à la transhumance Pays Textes législatifs ou réglementaires Accords régionaux Algérie Instruction inter ministérielle (ACHABA-AZZABA) non Angola oui non Bénin -Loi 87-073 du 27 septembre 1987 portant réglementation de la vaine de pâture des animaux et de la transhumance oui Décision A/DEC.5/10/98 DU 31 OCTOBRE 1998 -L Arrêté interministériel n 010/MISAT/MDR/DCAB du 20 janvier 1992 portant création, organisation, attribution et fonctionnement des comités de transhumance Burkina Faso -Loi N 014/96/ADP et Loi N 034-2002/AN oui (CEDEAO, CILSS) Centrafrique -Loi 65-61 du 3 juin 1965 et Arrêté N 0033 du 20 octobre 2004 oui CEBEVIRHA Côte d Ivoire -Décret 96-431 du 3juin 1996 portant réglementation du pâturage et oui (CEDEAO) des déplacements du bétail Djibouti non non Guinée Bissau non non Madagascar non non Mali -Loi portant charte pastorale -Loi régissant la police sanitaire et les accords de transhumance avec certains pays voisins oui (CEDEAO,UEMOA, CILSS, LIPTAKO- GOURMA) Namibie oui oui (Accord bilatéral avec l Angola) Ouganda non oui (IGADD) Sénégal -Décret 80-268 du 10 mars 1980 sur le parcours du bétail oui (CEDEAO) Soudan -loi relative aux contrôles vétérinaires au niveau des pistes de transhumance (1973) -loi relative à la régulation des pistes de bétail Tanzanie non non Tchad -Loi 04 de 1959 réglementant la transhumance oui Commission Tripartite Tchad-Soudan-RCA et CEBEVIRHA Togo Loi N 99 002/12 février 1999 (police sanitaire des animaux sur le oui (CEDEAO) territoire national) Zambie non non non Au niveau régional, la plupart des pays pratiquant la transhumance ont souscrit à des accords bilatéraux, multilatéraux ou régionaux au sein d organismes qui traitent de la transhumance. 93

3.4. Aspects importants des textes et les accords régionaux Les principaux aspects relatifs à la mobilité des animaux, la préservation de l environnement, l utilisation durable des ressources pastorales, la gestion des conflits, les taxes ordinaires et les taxes en cas de destructions des biens ont fait l objet d une énumération dans les réponses envoyées. On remarque qu en Afrique de l Ouest les accords régionaux prennent en compte les différents aspects importants de la transhumance (mobilité des animaux, utilisation durable des ressources pastorales, gestion des conflits et préservation de l environnement). 3.5. La gestion de la transhumance Dans la plupart des pays, la gestion de la transhumance revient au ministère chargé de l élevage, conjointement avec d autres structures ministérielles telles que l administration du territoire (Bénin), l environnement (Madagascar, Sénégal et Zambie). Malgré que la gestion de la transhumance relève de l Etat, son organisation lui échappe généralement. Elle est souvent assurée par l éleveur comme individu, des associations d éleveurs ou marginalement par les services d élevage (Direction de l élevage, autres services). La durée de la transhumance dans l ensemble des pays varie de 3 à 7 mois. On peut distinguer une transhumance purement nationale (Algérie, Madagascar), et une transhumance transfrontalière qui peut concerner seulement les zones frontalières ou intéresser toute l étendue du territoire du pays. L un des exemples qui nous paraît le plus indicatif est celui de la RCA. La plupart des pays pratiquant la transhumance accueillent des animaux en provenance des pays frontaliers, sauf l Algérie où la transhumance transfrontalière est interdite. Certains pays comme la Côte d Ivoire, le Togo, la Zambie et la Guinée Bissau ne font qu accueillir les animaux en transhumance. 3.6. Déroulement de la transhumance Il ressort de cette enquête que les motifs de transhumance sont principalement le manque de pâturages et le manque d eau. Les motivations les moins fréquentes pour les départs en transhumance sont les raisons familiales et les ventes d animaux. Les sources d information pour partir en transhumance sont : les éleveurs eux-mêmes, les organisations d éleveurs, les marchés, les médias, les populations locales et les services d élevage. Excepté le cas de l Algérie où la transhumance est motorisée à 80%, les déplacements d animaux se font à pied. Pour les pays de la CEDEAO et de l espace CEMAC, le document administratif exigé pour la transhumance est appelé certificat international de transhumance (CIT). En outre, la plupart des pays exigent un document sanitaire (laisser passer zoo sanitaire, certificat de vaccination, fiche de vaccination, certificat vétérinaire). L Angola, la Guinée Bissau et la Zambie n exigent aucun document sanitaire. Le Bénin, la RCA, le Soudan et Madagascar prélèvent en outre une taxe sur les animaux transhumants. 3.7. Création, gestion et entretien des pistes et des gîtes d étape Généralement les pistes pastorales, les pistes de transhumance et les gîtes d étape sont gérés par l Etat (Algérie, Bénin, Centrafrique, Madagascar, Soudan et Togo). Il y a des pays où les organisations d éleveurs assurent au moins partiellement cette gestion (Burkina-Faso, Côte d Ivoire, Mali, Zambie). Les difficultés liées à la transhumance ne manquent pas. On peut citer : le nombre d animaux non connu avec précision ; les itinéraires prévus et non respectés ; l insuffisance de structures adéquates d accueil ; les vols du bétail ; le non retour des animaux après la période de transhumance. 94

4. IMPACT SOCIAL DE LA TRANSHUMANCE 4.1. L impact social positif d une transhumance bien organisée En Europe par exemple en France, on veut avant tout privilégier l aspect touristique de la transhumance : voir la transhumance vers Aubrac (WEB3) et la transhumance dans la ferme de séjour Espondaburu (WEB4). A cette forme de transhumance, sont associés tous les effets collatéraux du tourisme avec la création d emplois temporaires : pour l accueil et l information du public, pour l hébergement, pour des activités sportives, pour la promenade et la découverte du milieu naturel, pour l organisation de séminaires Comment c est possible de bénéficier en Afrique des effets collatéraux possibles de la transhumance? 4.2. L impact social négatif d une transhumance mal organisée Le manque d'organisation de la transhumance dans la plupart des pays en Afrique, l'absence de système de contrôle et de dispositifs d'accueils, engendrent le plus souvent des troubles sociaux qui se caractérisent, par des conflits entre agriculteurs et éleveurs avec des conséquences parfois dramatiques. Ces conflits ont généralement pour causes, la destruction des cultures par le bétail transhumant, le surpâturage, la compétition accrue sur les terres de pâture et les points d'eau, le mauvais comportement des bergers transhumants, les vols du bétail. Outre ces conflits, on peut noter d autres impacts sociaux comme la non-scolarisation des enfants pasteurs et l'exode rural. 4.3. Principales conséquences sociales de la transhumance répertoriées Seize pays ont signalé connaître régulièrement des problèmes sociaux liés à la transhumance. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs constituent le premier problème. La non scolarisation des enfants est également important ; c est même le premier problème au Djibouti, en Angola, à Madagascar ou en Zambie. L exode vers les zones d infrastructures pour le bétail, l absence de vaccination, l exposition des populations et la dislocation des familles constituent aussi des conséquences énumérées. Les conflits sociaux proviennent surtout des dégâts infligés par les animaux transhumants aux cultures. Il y a aussi les problèmes fonciers et dans une moindre mesure, les vols de bétail, les problèmes sanitaires, les conflits de pouvoir. 4.4. Principaux conflits vécus dans les pays ces 5 dernières années Au cours des 5 dernières années, la transhumance a engendré des conflits dans 10 pays. Ces conflits ont généralement engendré des morts d hommes sauf en Guinée Bissau où ne déplore que des dégâts matériels. Ils ont été le plus souvent réglés de façon coutumière ou à l amiable. En Algérie cependant, on a le plus souvent recours au tribunal alors qu en RCA les problèmes se règlent généralement par affrontements. La première solution proposée pour prévenir les conflits lors de la transhumance à la suite de cette enquête est l élaboration, la diffusion et la mise en œuvre rigoureuse d une réglementation adéquate. Cette réglementation doit découler d une concertation entre les différents acteurs et les différents pays d une même sphère de transhumance. Elle nécessite quelques préalables : l identification correcte du bétail ; l aménagement des parcours pastoraux avec des couloirs de transhumance ; la sensibilisation et la formation au plan civique des acteurs du monde rural ; le renforcement des capacités des autorités administratives locales ; l allocation des moyens financiers adéquats aux institutions compétentes pour l organisation et la gestion correctes de la transhumance 95

5. IMPACT ECONOMIQUE DE LA TRANSHUMANCE 5.1. Impact économique positif de la transhumance à visée commerciale ou mouvement du bétail pour le commerce. L impact économique est perceptible surtout avec la transhumance à visée commerciale qui permet l'approvisionnement en protéines animales des grands centres urbains. Les circuits commerciaux des animaux induisent des milliers d'emplois secondaires comme par exemple au Burkina Faso où ils étaient estimés à 60 000 équivalent temps pleins en 2001 (FAO, 2003). L importance de la transhumance commerciale des animaux est variable en fonction des pays. Les exemples en Afrique de l Ouest montrent qu à partir des zones sahéliennes qui sont celles de production, partent les principaux flux pour approvisionner les grands centres de consommation situés dans les pays côtiers, formant trois zones : La zone du "couloir central": les animaux partent du Mali et du Burkina Faso pour alimenter la Côte d'ivoire, le Ghana, le Togo et dans une moindre mesure le Bénin ; La zone "Nigeria": les animaux viennent du Tchad, du Niger, du Soudan, de Centrafrique et accessoirement du Mali et du Burkina Faso pour alimenter le Cameroun, le Nigeria, le Bénin et le Togo ; La zone de la "façade Ouest": les animaux partent de la Mauritanie, du Mali et alimentent le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau. 5.2. Possibilités de créations d emplois avec la transhumance Outre qu elle permet la sauvegarde de la valeur marchande des animaux en mettant à leur disposition de l eau et du pâturage, la transhumance peut permettre la création d emplois même s ils sont temporaires. Avec un minimum d organisation, les pays d accueil peuvent tirer profit de la transhumance. Pourquoi ne pas citer pour espérer les copier ces exemples en Aubrac et dans les Pyrénées (WEB5)? La création d emplois temporaires va améliorer les revenus des habitants de la localité du pays d accueil. Elle va alors les empêcher de nourrir des préjugés d hostilité vis à vis de la transhumance. 6. IMPACT ZOOSANITAIRE DE LA TRANSHUMANCE 6.1. Les risques de contamination par les animaux transhumants Le premier problème évoqué en ce qui concerne la transhumance est le risque épidémiologique qu'elle occasionne. En effet, le troupeau transhumant peut disséminer rapidement des maladies contagieuses dans ses déplacements. Ce qui mettrait en péril le cheptel de régions entières, voire tout un pays. Le problème devient particulièrement grave dans le cas de transhumance transfrontalière. On citera comme exemples: la contamination en 1978 de bovins du Sénégal dans la région du fleuve par les bovins transhumants atteints de la peste bovine, la réapparition de la péripneumonie contagieuse bovine dans le département de Niamey au Niger en 1980, à la suite de mouvements de transhumance d'animaux au-delà des frontières nationales. La précocité des départs fait parfois que les animaux échappent aux campagnes de vaccination dans leurs pays d'origine. Ces troupeaux non vaccinés contre les grandes épizooties ne le seront pas le plus souvent dans les pays d'accueil et vont constituer un danger permanent de dissémination des maladies infectieuses. Le déplacement des animaux à la recherche d'eau, des pâturages ou de marché, les fait parfois pénétrer dans des réservoirs invétérés de certaines maladies infectieuses : champs maudits pour la fièvre charbonneuse, réservoirs de tiques pour la cowdriose, zones à glossines pour la trypanosomose, zones marécageuses où pullulent des arthropodes vecteurs d'arboviroses. 96

6.2. Les principales maladies redoutées par les services de santé animale lors de la transhumance Elles varient en fonction des pays et figurent dans le Tableau 4. Tableau 4 Les principales maladies redoutées Pays Maladies redoutées au cours de la transhumance Maladies redoutées pendant et après Animaux Populations humaines la transhumance Algérie -Fièvre aphteuse, Clavelée -Brucellose -Clavelée, Fièvre catarrhale du mouton Angola -PPCB, Dermatose nodulaire contagieuse, Fièvre charbonneuse, Tuberculose, Brucellose bovine, caprine Rage, charbon bactéridien -PPCB, Dermatose nodulaire contagieuse, Charbon bactéridien et ovine Bénin -PPCB, Fièvre aphteuse Choléra, Paludisme -PPCB, Fièvre aphteuse Burkina Faso -Péri Pneumonie Contagieuse Bovine (PPCB) -Fièvre aphteuse -Tuberculose - Brucellose -PPCB, Fièvre aphteuse -Trypanosomoses Centrafrique Trypanosomoses, Babésiose, Fièvre aphteuse, (peste des petits ruminants (PPR) Côte d Ivoire Djibouti Guinée Bissau Madagascar -Peste bovine -PPCB -Fièvre aphteuse -Fièvre aphteuse -Fièvre de la vallée du Rift -Brucellose -PPR -Maladies parasitaires externes et internes -Charbons bactéridien et symptomatique -Pasteurellose -Trypanosomoses -PPR -Charbon symptomatique, Dermatose Nodulaire Cutanée, Tuberculose bovine, Douve du foie -Brucellose -Trypanosomiases humaines africaines -Tuberculose -Brucellose -Fièvre de la vallée du Rift -Brucellose -Echinococose -Taeniasis -Paludisme -Trypanosomiases humaines africaines -Choléra Zoonoses, Rage, Tuberculose Mali -PPCB, Fièvre aphteuse, Charbons, trypanosomoses Tuberculose, Brucellose, Charbon bactéridien Namibie -PPCB, Fièvre aphteuse, Maladie Nodulaire Cutanée, -Rage Rage Ouganda - - - Sénégal -PPCB, Fièvre aphteuse, PPR, Clavelée et Variole Brucellose, caprine, Fièvre de la Vallée du Rift, Gales Tuberculose, Fièvre de Soudan Tanzanie Tchad Togo Zambie Pasteurellose, Charbons, Fièvre aphteuse, PPR, Clavelée -Trypanosomoses -Maladies telluriques -Fièvre aphteuse -Dermatose Nodulaire Cutanée -PPCB -Fièvre aphteuse -Charbon bactéridien la Vallée du Rift -Leishmaniose, -Paludisme, -Schistosomiases -Trypanosomoses, Babésioses, PPR -PPCB -Fièvre aphteuse -Maladies parasitaires externes et internes -Cowdriose -Brucellose - -Charbon symptomatique, Douve du foie, Dermatose nodulaire contagieuse -Fièvre aphteuse, PPCB -PPCB -PPR, Fièvre aphteuse, Clavelée et Variole caprine, Gales -Fièvre aphteuse, PPR, Clavelée, trypanosomiases, Pasteurellose, Charbons -Tuberculose -Charbon symptomatique -Brucellose -Charbon bactéridien - -Fièvre aphteuse -Dermatose Nodulaire Cutanée -Charbon bactéridien -Fièvre aphteuse -Charbon bactéridien Pendant la transhumance, les 5 maladies les plus redoutées chez les animaux sont respectivement : la fièvre aphteuse ; la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) ; la peste des petits ruminants (PPR) ; les trypanosomoses ; les charbons. 97

Chez l homme, ce sont surtout la brucellose et la tuberculose. Ce sont effectivement des maladies redoutables. Des approches d estimations des coûts de ces maladies permettent de se faire une idée sur les pertes qu elles peuvent entraîner lorsqu elles apparaissent. 6.3. Les estimations des coûts des maladies pouvant intervenir lors ou après les transhumances Les maladies animales occasionnent des pertes économiques importantes aussi bien au niveau des éleveurs qu'aux niveaux régionaux et nationaux. La prévention et le contrôle des maladies visent à réduire temporairement ou définitivement ces pertes et, en ce qui concerne les principales épidémies animales, à empêcher les catastrophes économiques et sociales qu'elles engendrent tout en améliorant la productivité de l'élevage. La plupart des analyses d'estimation tiennent souvent compte des pertes directes et indirectes imputables aux maladies. Ces pertes se traduisent par une augmentation des mortalités, une baisse des productions et un retard de croissance des animaux (AHAMET, 2004). Les pertes sont beaucoup plus importantes dans les systèmes d'élevage où il y a peu ou pas de contrôle des mouvements des animaux. Une étude menée dans un ensemble de 12 pays d'afrique (Burkina Faso, Tchad, Côte d'ivoire, Ethiopie, Ghana, Guinée, Kenya, Mali, Mauritanie, Niger, Tanzanie et Ouganda) a montré que les pertes dues à la PPCB, maladie transfrontalière sont estimées par pays à 3,4 millions d'euros pour la PPCB endémique et 5,3 millions d'euros pour la PPCB épidémique (TAMBI et al., 1998) La première épidémie de la peste bovine en Afrique a tué 10 millions de têtes de bovins sur l'ensemble du continent, ce qui a causé une famine généralisée en 1987 (FAO, 2001). En Ethiopie, le coût économique annuel total des pertes dues la peste bovine est estimé à 9,3 millions de dollars US (SIDIBE, 2001). Les coûts liés aux maladies lors de la transhumance ne sont généralement pas estimés. Ils ont toutefois été abordés par quelques pays (voir Tableau 5). Tableau 5 Estimation des coûts des maladies liées à la transhumance Pays Estimations de coûts économiques (équivalents euro) pour les pertes d animaux pour les pertes de coûts de contrôle production Algérie négligeable négligeable - Angola 7 Millions - 1,5 Millions Bénin non non non Burkina Faso non non non Centrafrique non non non Côte d'ivoire non non non Djibouti - - - Guinée Bissau non non non Madagascar 168 034,46 euros/an (douve du foie) - 6 981 euros/an (charbon symptomatique) et 275 810,5 euros/an (douve) Mali PPCB en 2000 = 48 476 au titre des - 0,5 Millions au titre des frais de vaccination contre la PPCB mortalités Namibie non non non Ouganda - - - Sénégal - - - Soudan - - - Tanzanie Tchad non non non Togo non - - Zambie 222 222 444 444 1,1 Millions 98

Quatre pays ont donné des estimations : l Angola où les coûts sont estimés à 8,5 millions d euros (hors pertes en production) ; le Madagascar pour la douve du foie (168 034,46 euros par an) alors que la tuberculose, la dermatose nodulaire cutanée et le charbon symptomatique semblent avoir des rôles importants ; le Mali en 2000, a enregistré des pertes estimées à 548 476 euros du fait de la PPCB ; la Zambie où les pertes sont estimées à 1,8 millions d euros (toutes pertes confondues). Aucune conclusion ne peut être tirée à partir de ces chiffres, mais ils indiquent que les pertes dues aux maladies pendant la transhumance sont apparemment importantes. Le contrôle des mouvements des animaux, associé à une meilleure maîtrise des maladies animales transfrontalières, peut constituer un élément indispensable pour la croissance économique des pays en voie de développement. Le bénéfice engendré par le projet de vaccination contre cette maladie en Côte d'ivoire en 1994 est de 518 millions de F CFA et ce bénéfice a contribué de façon significative à la progression du PNB agricole et au maintien de la sécurité alimentaire dans le pays (SIDIBE, 2001). Ce qui justifie pleinement les programmes d'épidémiosurveillance dans les mouvements des animaux. Par ailleurs, en zone pastorale, l'existence de peu de structures sanitaires (pharmacies, cliniques vétérinaires, etc.), l'éloignement de l'éleveur des postes de santé, la préoccupation des bergers et leurs habitudes traditionnelles d automédication pour leurs animaux, sont autant de facteurs qui limitent leur accès à ces structures lorsque les maladies éclatent (voir Tableau 6). Tableau 6 Disponibilité en structures sanitaires et principaux médicaments recommandés lors de la transhumance Pays Facilités d'accès aux produits vétérinaires Pharmacies Dépôts Marchés Médicaments les plus utilisés Algérie oui oui non -Anti parasitaires internes -Anti parasitaires externes Angola oui non non -Antibiotiques -Antiparasitaires -Antiseptiques - Chloramphénicol Bénin oui oui oui -Vaccins -Trypanocides -Vermifuges -Anti infectieux (antibiotique, sulfamide) Burkina Faso oui oui oui -Trypanocides -Vaccins -Déparasitants Centrafrique oui oui oui -Trypanocides - Anti parasitaires Côte d'ivoire oui oui non -Trypanocides -Déparasitants -Vaccins (contre la PPCB) Djibouti non oui non - Anti parasitaires - Antibiotiques Guinée Bissau oui non non -Déparasitants -Trypanocides -Antibiotiques -Vaccins Madagascar oui oui oui - Anti parasitaires -Vitamines - Antibiotiques Mali oui oui oui -Vaccins -Trypanocides -Antibiotiques -Déparasitants Namibie oui oui non -Vaccins -Antibiotiques 99

Ouganda oui oui oui Sénégal oui oui oui -Antibiotiques - Antiparasitaires Soudan oui oui oui -Antibiotiques -Antiparasitaires sanguins et externes -Anthelminthiques Tanzanie - - - - Tchad oui oui oui -Antiparasitaires -Vaccins -Antibiotiques Togo oui oui oui -Trypanocides -Vermifuges et vermicides -Antibiotiques Zambie oui oui oui -Antiparasitaires externes -Anthelminthiques Ne disposant pas de ces intrants dans des structures adéquates, les bergers transhumants se retournent vers les marchés pour s'approvisionner en médicaments vétérinaires de moindres coûts et dont les qualités sont souvent douteuses. Ainsi la transhumance favorise le maintien des marchés illicites de médicaments vétérinaires, du fait de l'accès difficile aux structures sanitaires sur tout le long des parcours. Les classes thérapeutiques les plus utilisées lors de la transhumance, sont les antiparasitaires et les antibactériens. ABIOLA (2003) avait trouvé un pourcentage élevé de trypanocides non conformes (près de 100 %) dans les marchés illicites des zones d'élevage lors d'une étude menée sur la qualité des médicaments vétérinaires en Afrique de l'ouest et du Centre. 7.1. Approches de solutions déjà évoquées 7. RECOMMANDATIONS Pour la transhumance transfrontalière, il s agit avant tout, du contrôle des mouvements transfrontaliers des animaux. En général les approches de solution sont régionales. C est le cas par exemple : de la mise en place du passeport pour le bétail transhumant franchissant les frontières ; de la demande de prise en compte d une série de dispositions précises, relatives aux conditions de déplacement des animaux (vérification de l identité des propriétaires éleveurs), aux conditions sanitaires et mesures de lutte contre les principales maladies exigées lors des déplacements, aux mécanismes de prévention, de gestion et de règlements des conflits liés à la transhumance Nous ajouterons qu il faut aller vers la possibilité de création d emplois même temporaires lors des grandes transhumances et montrer ainsi aux communautés d accueil que la transhumance leur est utile, à l image de ce que dans certains pays on qualifie ces derniers temps, de nouveaux riches. Ces nouveaux riches ont transformé l accueil et la vente des véhicules d occasion venant d Europe en une véritable filière à hautes potentialités de revenus. 7.2. Les recommandations issues de l enquête du rapporteur Les différentes recommandations proposées par les pays, sont énumérées dans le Tableau 7. 100

Tableau 7 Recommandations proposées par l enquête Pays Recommandations pour réussir la transhumance Algérie -Transparence dans l'échange d'information -Programmes régionaux de prophylaxie sanitaire -Etablir une réglementation collective relative à certaines épizooties -Identification des itinéraires et les points de contrôle des animaux -Définir les aires de réception d'animaux transhumants -Structure bien organisée chargée de la transhumance Angola -Construction des abreuvoirs -Créer les conditions d études des enfants -Créer les conditions pour le contrôle d ectoparasites -Créer des textes législatifs ou réglementaires pour contrôler la transhumance Bénin -Œuvrer dans un cadre sous régional pour l'organisation de la transhumance (aménagement des parcours, des zones d'accueil, échange de délégations, activités de communication multi média) Burkina Faso - Centrafrique -Prendre connaissance des textes législatifs et réglementaires régissant les activités de l'élevage dans le pays -Emprunter les pistes de transhumance -Se soumettre au contrôle des chefs de postes vétérinaires -S'informer sur les aires protégées (réserves et parcs naturels) -Respecter les règlements en vigueur dans le domaine Côte d'ivoire -Elaborer de façon particulière des textes réglementaires adaptés et applicables, -Dégager des moyens conséquents pour une application effective de ces textes, -Identifier des zones pastorales dans les localités d'accueil. Djibouti Guinée Bissau Madagascar Mali -Contrôle sanitaire et déparasitage avant la transhumance -Avoir un texte qui réglemente la transhumance, -Existence d'un certificat national et international de la transhumance, -Définition des axes de la transhumance, -Résolution des conflits entre les éleveurs et agriculteurs par voie pacifique, -Existence d'un certificat sanitaire qui inclut les maladies transfrontalières, -Définition d'une zone agro-sylvopastorale. -Définir officiellement les périodes de transhumance -Créer des zones officielles pour la transhumance -Créer des textes réglementaires relatifs à la transhumance -Le respect de la législation des pays d'accueil et des accords de transhumance, -L'information et la sensibilisation des acteurs, -L'aménagement des pâturages, des points d'eau, des pistes et gîtes d'étape. Namibie -Adoption de programmes de contrôle et de prévention des maladies, -Systèmes d'épidémiosurveillance, -Identification du bétail pour la traçabilité. Ouganda - Sénégal Soudan -Mise en place de plans de gestion concertée des ressources pastorales, -Mise en place de cadres de concertation entre les différentes parties prenantes, -L'aménagement des zones d'accueil et des pistes de transhumance. -Création de postes de contrôle vétérinaire au niveau des frontières -Postes de contrôle inter étatiques -Mise en vigueur des textes vétérinaires -Réglementation et protection des zones pastorales et des pistes de transhumance -Participation de la CAHWs dans les programmes d épidémiosurveillance -Utilisation de passeports d animaux Tanzanie Tchad -Réactualiser les textes réglementant la transhumance qui datent de l époque coloniale Togo - Zambie - Les recommandations formulées dans cette enquête s articulent autour de deux grands axes : a) au plan institutionnel : définir et/ou harmoniser un cadre règlementaire sous régional propre à la transhumance ; définir une structure nationale chargée de gérer la transhumance, avec un cadre sous-régional de concertation entre les pays ; créer des cadres locaux de concertation entre le populations rurales concernées par la transhumance. 101

b) au plan technique et financier : renforcer les échanges d informations en matières de ressources pastorales entre les pays ; renforcer la coopération sous-régionale en matière d épidémiosurveillance ; renforcer les capacités des structures locales à la définition des périodes et itinéraires de transhumance, des points de contrôle et des aires de réception des animaux transhumants ; sensibiliser les acteurs de la transhumance sur la préservation de l environnement et des aires protégées ; renforcer les contrôles sanitaires et l identification des animaux ; doter les structures chargées de la transhumance de moyens financiers adéquats ; aménager des pâturages, des points d eau, des pistes et des gîtes d étapes ; créer des cadres de règlement des conflits sociaux liés à la transhumance. 8. CONCLUSION GENERALE A l heure actuelle, il n est pas exagéré de dire que la transhumance est une partie intégrante des méthodes d élevage traditionnel dans nombre de pays africains. C est une activité complexe, déjà au niveau national avec les zones traversées avec des animaux et des hommes pas toujours au courant de cette complexité (voir cartes de quelques exemples de cette traversée). On peut aisément imaginer les dérives qui peuvent naître lors des transhumances transfrontalières si aucune harmonisation de la pratique n est adoptée et comprise par ceux qui l utilise (voir carte de l exemple de la RCA). Il est donc nécessaire que nous continuons à en parler afin de mieux la comprendre pour en minimiser les conflits souvent graves qui en découlent. C est l objet de cette synthèse qui sera améliorée par nos discussions et par les réponses que nous espérons recevoir de ceux qui n ont pas eu le temps de le faire maintenant. C est pour aller dans cette direction consistant à mieux cerner cette activité que les suggestions en annexe sont faites. BIBLIOGRAPHIE 1. ABIOLA F.A., (2003). Qualité des anthelminthiques et des trypanocides au Cameroun (étude préliminaire par un sondage limité). Rapport d'expertise.-13p. 2. AHAMET M., (2004). Incidence économique de la maladie de Gumboro sur les performances des poules pondeuses : cas des poules élevées en cage dans la région de Dakar (SENEGAL). Thèse : Méd. Vét.: Dakar, EISMV/UCAD, 20. 3. BANQUE MONDIALE, (2002). WDI,World Bank, 2002. 4. FAO, (2001). La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture. Impact économique des ravageurs des plantes et des maladies animales transfrontalières. Collection FAO : Agriculture. Rome, 2001 ; 33-295p. 5. FAO, (1999). Livestock- environment interaction, issues in options : livestock and the environment, finding a balance. Rome : FAO., 115p. 6. FAO/CDI., (2003). Etude sectorielle. IEPC. Rome, 2003. 7. RENARD J. F., LY C. et KNIPS V., (2004). L'élevage et l'intégration régionale en Afrique de l'ouest. REPUBLIQUE FRANCAISE/FAO/CIRAD. 39p. 8. SIDIBE S. A. (2001). Impact économique des maladies animales sur l élevage en Afrique subsaharienne. (18-28) In : Actes du séminaire sur l utilisation des trypanocides en Afrique subsaharienne, Dakar, EISMV, 6 au 9 février 2001. - 170p. 102

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