COMIC CON Thierry Dadolle
Comic Con : Abréviation de San Diego Comic-Con International, conven - tion de bandes dessinées créée en 1970 qui se tient traditionnellement l été au San Diego Convention Center. 4
Prologue Le réveil est brutal. Malgré l abri des paupières, la lumière agresse les yeux clos de la jeune femme qui s éveille sur la plage. Son front se plisse pour résister à l assaut du jour. L esprit embué, elle lève une main couverte de sable pour protéger son visage. Le léger ressac de la mer vient lui chatouiller les pieds, le soleil chauffe son dos exposé aux alizés qui font bruisser les feuilles des arbres bordant le rivage. En temps normal, elle se serait vivement redressée pour découvrir ce qui l entoure, mais son corps lui paraît éreinté. Son esprit n est guère mieux. Elle demeure encore quelques secondes les yeux clos, cherchant difficilement le souvenir des heures précédentes. Malheureusement, rien ne vient à sa mémoire. Finalement, elle décide de se redresser sur ses avant-bras en coinçant le visage contre le torse pour profiter de l ombre portée de ses épaules. Les paupières s ouvrent lentement, éblouies par la réverbération de la lumière sur le sable immaculé. Les yeux mi-clos, la jeune femme devine une végétation luxuriante à quelques pas de son visage. Tandis qu elle tourne la tête de droite à gauche pour observer le décor, les parfums et les bruits qui l entourent lui parviennent, réanimant son esprit. Elle ne devrait pas se trouver sur cette plage. La veille, si c était bien la veille Elle se trouvait à San Diego, sur la côte californienne. La convention annuelle de bande dessinée venait de s achever. En compagnie d amis et de collègues, lors d une soirée privée, elle fêtait le succès de ces cinq jours d expositions. Bien loin de cette plage. La jeune femme s agenouille, prenant subitement conscience de sa nudité. Son premier réflexe est de vérifier 5
que personne ne l observe. Ses coups d œil vont et viennent, mais elle n aperçoit rien d autre que la végétation abritant un énorme piton rocheux derrière la ramure des arbres. Subitement elle constate que ses cheveux n effectuent aucun mouvement lorsqu elle tourne la tête. Habituellement, sa chevelure tombe sur ses épaules. Elle devrait coller, au moins, à son visage. Sous l émotion, elle porte machinalement une main sur ses oreilles légèrement décollées, constatant que sa chevelure a été coupée pour ne former plus qu un toupet fournit sur le haut du crâne. Anormalement, ses doigts ont rencontré un bandeau métallique. Un serre-tête dont le centre, placé sur le front, paraît muni d une gemme. Ses doigts tâtent l objet, font le tour du crâne, cherchent une fermeture, un poussoir, pour libérer cet accessoire qui ne lui appartient pas. Malgré ses efforts, le serre-tête de métal ne veut pas lâcher prise. Après quelques minutes d essais infructueux, la jeune femme se retourne pour avancer sur les genoux jusqu à la mer afin d essayer de se regarder dedans. L eau turquoise est trop limpide pour qu elle puisse servir de miroir. Le désespoir, l incompréhension, submerge la jeune femme. Ses épaules se secouent tandis qu elle sanglote en lâchant une longue plainte affligée. A quelques pas, un perroquet multicolore craille, indifférent. 6
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