MICROORGANISMES RESPONSABLES D INFECTIONS Infection POZZETTO B, Saint Etienne Janvier 2009 Objectif Un grand nombre d agents infectieux (parasites, levures, bactéries, virus, prions) peuvent être responsables d infections nosocomiales (IN). Néanmoins, certains d entre eux sont plus fréquemment impliqués ; il est indispensable de les identifier et de connaître leur habitat préférentiel, leur(s) mode(s) de transmission nosocomiale, leur(s) porte(s) d entrée dans l organisme et les principales pathologies dont ils sont à l origine, afin d organiser plus efficacement la prévention et la prise en charge de ces dernières. Techniques et méthodes PRESENTATION DES PRINCIPAUX AGENTS INFECTIEUX RESPONSABLES D IN Les tableaux ci-après répertorient par grands types d agents infectieux ceux qui sont le plus souvent rendus responsables d IN, aussi bien chez les patients que chez les soignants. Leur reconnaissance repose, à partir d échantillons judicieusement prélevés, sur les techniques microbiologiques et parasitologiques couramment développées dans les laboratoires concernés. Cette liste n'est pas exhaustive, de nombreux autres agents infectieux peuvent être impliqués de façon ponctuelle dans le survenue d'une IN. Le lecteur est invité à se reporter aux ouvrages spécialisés cités dans la rubrique "Pour en savoir plus" pour des information concernant ces pathogènes. En cas de suspicion d épidémie nosocomiale (voir fiche «conduite à tenir devant une épidémie d infections nosocomiales), il est nécessaire, pour affirmer ce caractère épidémique, d identifier précisément l agent infectieux en cause et, s il s agit d un germe relativement banal, de recourir à des méthodes de typage phénotypiques (biotypage, profil de résistance aux antibiotiques, sérotypage, ) ou génotypiques (ribotypage, électrophorèse en champ pulsé, profils de restriction des acides nucléiques viraux, analyse phylogénétique de souches ) pour établir la parenté entre les souches isolées chez les patients, les soignants et/ou l environnement hospitalier. Ces informations sont complémentaires des recommandations pour la mise en place des précautions complémentaires d'hygiène développées dans le chapitre «prévention de la transmission croisée»: www.chu-st-etienne.fr/hospitalisation/hygiene_securite/isolement_accueil.asp?pos=h. Responsables Le responsable du laboratoire de microbiologie est en charge de la vigilance par rapport à l'apparition de nouveaux pathogènes, de nouvelles résistances et de cas groupés. Le CLIN et l'équipe opérationnelle d hygiène sont responsables de la mise en œuvre des procédés de surveillance et de prévention adaptés. Le médecin en charge du signalement des IN est responsable de la déclaration à la DASS et au CCLIN des cas inhabituels d IN de par leur gravité, leur caractère épidémique, la nature du germe ou son niveau de résistance aux agents anti-infectieux Le responsable de service doit être vigilant pour identifier des situations inhabituelles par rapport aux résultats microbiologiques de son service. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 1 / 10 Janvier 2009 CCLIN Sud-Est
Pour en savoir plus Références Avril JL, Carlet J et al. Les infections nosocomiales et leur prévention. Ellipses, Paris, 1998, 687 pages. Pozzetto B. coordonnateur. Infections nosocomiales virales et à agents transmissibles non conventionnels coordonnateur. John Libbey Eurotext, Montrouge., 2001, 554 pages. Guides et recommandations Comité Technique national Des Infections Nosocomiales (CTIN). Isolement septique Recommandations pour les établissements de soins. Ministère de l'emploi et de la Solidarité, 1998, 51pages. Société Française de Microbiologie. Le REMIC. Référentiel en Microbiologie Médicale (bactériologie et mycologie), 3 ème édition. Vivactis plus éditions, Paris, 2007, 232 pages. Société Française de Microbiologie. Le REVIR. Référentiel en Virologie Médicale, 2 ème édition. Vivactis plus éditions, Paris, 2007, 159 pages. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 2 / 10 Janvier 2009 CCLIN Sud-Est
PARASITES Pediculus capitis (pou de tête) Pediculus corporis (pou de corps) Pediculus pubis (pou de pubis ou morpion) (zones pileuses) (vêtements, literie, matériel de toilette ) Sarcoptes scabei hominis LEVURES Aspergillus sp Aéroporté (A. flavus, niger, ) (végétaux, sol, poussières) (exclusivement à partir de Candida sp (C. albicans, glabrata, krusei ) Cryptococcus neoformans Animal Animal (pigeons) l'environnement) D ENTREE A Poils, cheveux Pédiculose Cutanéo-muqueux Gale Pneumocystis carinii hominis BACILLES A GRAM POSITIF Clostridium difficile Listeria monocytogenes (spores) (végétaux, sol, poussières, aliments) Aspergillose invasive chez l immunodéprimé (SIDA, transplantés) Candidose cutanéo-muqueuse chez l'immunocompétent et l immunodéprimé Aéroporté Méningo-encéphalite Septicémie chez l immunodéprimé (rare) Pneumocystose invasive chez l immunodéprimé Diarrhée post-antibiothérapie Colite pseudo-membraneuse Listériose chez l immunodéprimé (méningite, méningo-encéphalite, septicémie ) Diffusion d'un clone épidémique dénommé O27 responsable de formes sévères, surtout dans les institutions de personnes âgées. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 3 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
COCCI A GRAM POSITIF Enterococcus sp (E. faecalis, faecium) (entérocoques) Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) Staphylocoques à coagulase negative (S. hominis, S. epidermidis, S. capitis ) Streptococcus agalactiae (streptocoque B) Streptococcus pneumoniae (pneumocoque) (eaux, aliments) (peau, rhinopharynx, vagin) (poussières, aliments) (peau, muqueuses) Animal (peau, muqueuses) (TD, vagin) et animal (voies aériennes supérieures) Materno-foetale Staphylococcie : Infection de la peau et des parties molles (plaie, brûlure),septicémie Infection osteo-articulaire Infection sur cathéter et sur prothèse Toxi-infection alimentaire Staphylococcie Infections sur cathéter et sur prothèse Méningite, endocardite Péritonite Pneumonie Infection cutanéomuqueuse Infection du nouveau-né à l'accouchement Pneumonie Bronchite Infections ORL Méningite Arthrite Emergence de souches résistantes à la vancomycine (ERV) devant faire l'objet de mesures de prévention très renforcées pour éviter leur dissémination. Bactéries souvent multirésistantes aux antibiotiques : SARM ou S. aureus résistant à la méthicilline ; VISA (ou GISA) ou S. aureus de sensibilité diminuée à la vancomycine (ou aux glycopeptides). Ces bactéries doivent faire l'objet de mesures de prévention très renforcées pour éviter leur dissémination. Bactéries pouvant présenter une sensibilité diminuée à l'amoxicilline. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 4 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
COCCI A GRAM POSITIF Streptococcus pyogenes (streptocoque A) BACILLES A GRAM NEGATIF ENTEROBACTERIES Enterobacter sp (E. aerogenes, cloacae ) Escherichia coli Klebsiella sp (K. pneumoniae, oxytoca) (voies aériennes supérieures) (sol, eau, végétaux) (eau, aliments) (sol, eau, végétaux) Scarlatine Angine Infections de la peau et des parties molles (fascite nécrosante) Erysipèle choc toxique Rhumatisme articulaire aiguë Erythème noueux Glomérulonéphrite Infections génitales gravissimes post accouchement ou chirurgie gynécologique Diarrhée Infections urinaire et génitale Méningite Toxi-infection alimentaire Une surveillance particulièrement vigilante doit être mise en oeuvre pour dépister les entérobactéries porteuses de gènes de multirésistance aux antibiotiques (β lactamases à spectre élargi ou BLSE, imipénémases) et pour éviter leur propagation nosocomiale. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 5 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
BACILLES A GRAM NEGATIF ENTEROBACTERIES Proteus sp (P. mirabilis, vulgaris) Salmonella enterica - typhi, paratyphi - salmonelles mineures Serratia sp (S. marcescens, liquefaciens) Yersinia enterocolitica AUTRES BACILLES A GRAM NEGATIF Acinetobacter baumannii Bordetella pertussis (bacille de Bordet-Gengou) (sol, eau) (eau, aliments) (eau, aliments) (eau, sol, végétaux) (eau, sol, aliments) (peau et muqueuses) (eau, sol) (voies aériennes supérieures) Fièvres typhoïde et paratyphoïdes Toxi-infections alimentaires Diarrhée Possibilité de transmission par des produits sanguins contaminés du fait de la résistance de cette bactérie au froid. Bactérie souvent multirésistante aux antibiotiques. Coqueluche Recrudescence de cas nosocomiaux du fait d'une atténuation de l'immunité post-vaccinale des adultes jeunes qui constituent un réservoir pour les nourrissons non vaccinés susceptibles de faire des infections graves. Rappel vaccinal du personnel fortement recommandée. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 6 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
AUTRES BACILLES A GRAM NEGATIF Burkholderia cepacia Haemophilus influenzae Legionella sp (L. pneumophila, ) Pseudomonas aeruginosa (bacille pyocyanique) Stenotrophomonas maltophilia AUTRES BACTERIES Mycobactéries - tuberculeuses (Mycobacterium tuberculosis, bovis, africanum) - atypiques (M. aviumintracellulare, xenopi ) Mycoplasma pneumoniae (eau, sol) (muqueuses) Animal (muqueuses) (eaux tièdes, climatiseurs) (eau, sol, végétaux) (sol, végétaux) (également bovin pour M. bovis) Animal (voies aériennes supérieures) Bronchite Infections ORL Méningite Epiglottite Légionellose : Fièvre de Pontiac Aéroporté (eau) Per-opératoire Infection de la peau et des parties molles (plaie, brûlure) Tuberculose pulmonaire Tuberculose extra-pulmonaire Méningite tuberculeuse Infection respiratoire basse Infection ganglionnaire Infection disséminée chez l immunodéprimé atypique Infections ORL et respiratoire haute Formes neurologiques Bactérie souvent multirésistante aux antibiotiques. Contamination à partir de réservoirs d'eau chaude ou tiède (douches, hydrothérapie, balnéothérapie ) justifiant une surveillance environnementale. Bactérie souvent multirésistante aux antibiotiques et notamment à la ticarcilline. Bactérie souvent multirésistante aux antibiotiques. Emergence de souches de mycobactéries tuberculeuses multirésistantes aux antituberculeux. Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 7 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
VIRUS A ADN Adénovirus (ADV) Cytomégalovirus (CMV) (formations lymphoïdes, TD) (cellules mononucléées, cellules épithéliales salivaires, rénales, cellules endothéliales) Virus de l hépatite B (HBV) (foie) Virus herpès simplex (HSV) Virus varicelle-zona (VZV) VIRUS A ARN Entérovirus Myxovirus influenzae (virus de la grippe) (ganglions nerveux sensitifs) (ganglions nerveux sensitifs) (eau) (arbre respiratoire) Aéroporté Gouttelette Infection respiratoire haute et basse Bronchite, bronchiolite Kérato-conjonctivite Gastro-entérite Fièvre prolongée Syndrome mononucléosique Infection chronique chez l immunodéprimé (rétinite, pneumopathie, colite ) Hépatite aiguë Hépatite chronique Association au cancer primitif du foie Infection cutanéo-muqueuse Kérato-conjonctivite Méningo-encéphalite Infection chronique chez l immunodéprimé Varicelle Zona Méningo-encéphalite Infection chronique ou grave (pneumopathie) chez l immunodéprimé Méningite poliomyélite Infection respiratoire Bronchite- angine herpangine Infection cutanée Infection oculaire Péricardite Grippe commune Grippe maligne Bronchite, bronchiolite Vigilance par rapport aux appareils d'ophtalmologie mal désinfectés pouvant être à l'origine d'épidémies de kérato-conjonctivite. Vaccination obligatoire du personnel soignant. Vaccination très fortement recommandée chez le personnel soignant en contact avec des patients fragiles ou âgés Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 8 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
VIRUS A ARN Rhinovirus Rotavirus Virus des fièvres hémorragiques (Ebola, Marburg, Lassa ) Virus de l hépatite A (HAV) (arbre respiratoire) (eau, aliments) Réservoir animal encore mal connu (eau, aliments) Virus de l hépatite C (HCV) (foie) Virus de l immunodéficience humaine (HIV) Virus parainfluenza (PIV) Virus respiratoire syncytial (RSV) (lymphocytes T) (arbre respiratoire) (arbre respiratoire) Rhume banal Infection ORL Bronchite, bronchiolite Gastro-entérite Déshydratation Fièvres hémorragiques virales de gravité variable Hépatite chronique Immunodéficience SIDA Infection respiratoire haute et basse Infection respiratoire haute et basse (en particulier bronchiolite) Epidémies nosocomiales dans les pays en développement en raison du non respect des précautions élémentaires d'hygiène vis-àvis du risque sanguin. Transmission nosocomiale souvent consécutive à un non respect des règles d'hygiène (exposition à des traces de sang, partage de matériel, utilisation multipatients de solutions injectables à usage unique ). Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 9 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est
VIRUS A ARN Virus du SRAS (Sars-CoV) Réservoir animal encore mal connu (contact rapproché) Virus West Nile Moustiques (arbovirose) (piqûre de moustique) AGENTS TRANSMISSIBLES NON CONVENTIONNELS OU PRIONS PrP res PrP res forme variante (système nerveux, oeil) (système nerveux central, œil, amygdales, formations lymphoïdes associées au tube digestif) Animal (bovins) Infection respiratoire grave Epidémie en 2006 ayant fait plus de 800 morts dont un grand nombre de cas nosocomiaux (personnels de santé contaminés à partir de patients infectés) Peropératoire (hormones de croissance ) Peropératoire Fièvre isolée Méningite Méningoencéphalite Encéphalopathie spongiforme de pronostic constamment mortel Encéphalopathie spongiforme de pronostic constamment mortel Transmission possible par les produits sanguins provenant Contamination possible par des produits sanguins contaminés provenant de donneurs en phase d incubation de la maladie. * TD : tube digestif Fiches conseils pour la prévention du risque infectieux - Infection Page 10 / 10 Mai 2004 CCLIN Sud-Est