Mémoire sur le Projet Oléoduc Énergie Est TransCanada Présenté par la Municipalité de Sainte-Justine-de-Newton lors de la Consultation publique de la Communauté métropolitaine de Montréal Nom de la personne et de l organisme : Mme Patricia Domingos, Municipalité de Sainte- Justine-de-Newton. Porte parole énergie. Adresse postale : 810 montée Noire, Sainte-Justine-de-Newton QC J0P 1T0 Numéros de téléphone : 450 764 3291, 450 802 6920 Adresse courriel : pdomingos@live.ca Nom de la personne contact : Patricia Domingos 1. Présentation de l Auteur Bonjour, je me nomme Patricia Domingos. J aimerais vous remercier de m accorder un moment pour exprimer ma position sur le projet de l Oléoduc Énergie Est. Avant de commencer, je voudrais vous dire que je suis présente ici à titre de porte parole Énergie de 1
la municipalité de Sainte-Justine-de-Newton. Ancienne mairesse de cette municipalité et me battant contre le renversement du flux de la ligne 9B d Enbridge et ce depuis 2011, j ai choisi de le faire sous cette étiquette. Ne voulant pas monopoliser la tribune, je ne suis inscrite qu une fois aux présentations orales mais j ai également déposé 3 autres mémoires. Un en tant que citoyenne car quelque soit mes différentes affiliations politique, je suis et serai toujours une citoyenne anxieuse des conséquences issues de l extraction des sables bitumineux et de leurs transports. J en ai également déposé un en tant que Chef du Parti équitable, l un des dix neufs parti provinciaux du Québec. Et un dernier en tant que candidate de Forces et Démocratie pour Salaberry-Suroît. Je suis une des premières élues si ce n est la première à avoir demandé des explications quant au transport du pétrole issu des sables bitumineux et il m a fallu de nombreux mois et ma ténacité pour que les autres maires et la MRC de Vaudreuil-Soulanges passent des résolutions concernant les 2 projets. Bien que nous soyons de plus en plus nombreux à vouloir rejeter les 2 projets, le risque de ne pas y arriver est plus présent que jamais 2. Résumé Nous sommes à la croisée des chemins. Nous n avons plus les moyens de favoriser une croissance économique absolue et à tout prix sans mettre en danger la santé de notre capital naturel et de ce fait mettre à mal le bien-être des générations à venir. En toute conscience collective, nous avons l obligation de nous poser les vraies questions et d agir de façon à ne pas sacrifier l avenir de notre planète et de tous ses habitants pour un profit immédiat. La majorité des québécois et québécoises ne veulent pas des pipelines. Ils ne veulent pas non plus devenir une autoroute pour le pétrole de l Ouest. Et avec raison. Les risques l emportent largement sur les avantages. En toute conscience, il est de notre devoir de cesser de nous poser de fausses questions (pipeline ou pas de pipeline?) et de plutôt miser sur les questions qui auront une réelle possibilité de nous amener vers des solutions économiquement, socialement et 2
environnementalement intelligentes et durables. La vraie question que nous devons nous poser est : Comment pouvons-nous réduire notre dépendance sur le pétrole? Augmenter l exploitation des énergies fossiles non renouvelables et polluantes n est pas la solution à nos besoins énergétique et surtout pas aux enjeux environnementaux auxquels nous faisons collectivement face. De faire du Québec une autoroute pour le pétrole n est pas socialement, économiquement, ni environnementalement viable ni acceptable. Il est temps de réfléchir sérieusement au genre d héritage que nous voulons laisser à nos enfants et nos petits-enfants, et d agir en toute et bonne conscience collective avant qu il ne soit trop tard. Pour ce faire, il faut dire non au projet Énergie Est et non à tout autre projet de transport de pétrole en sol Québécois, et dire non à tout projet qui vise la croissance de l industrie d exploitation des énergies fossiles non renouvelables. 3. Exposé général Je m adresse aujourd hui à votre conscience individuelle, et à votre conscience collective. Je m adresse à la partie en vous qui peut faire preuve de compassion et d empathie envers tous les habitants de cette planète humains, animaux, végétaux. Je m adresse à la partie en vous qui sent la vérité et voit le potentiel destructeur de décisions pour un profit aujourd hui aux dépens de la richesse naturelle de demain. Ce faisant, je vous implore de laisser de côté pour un instant la croyance que l industrie du pétrole est bonne pour notre économie et absolument nécessaire au maintient de nos trains de vies. Plutôt, je vous demande de vous poser les questions suivantes : 1. Quel héritage désirons-nous laisser à nos enfants, nos petits-enfants et toutes les générations à venir? 2. Êtes-vous en mesure de citer des études indépendantes solides et crédibles qui démontrent sans équivoque le gain économique pour le Québec? 3. Êtes-vous en mesure de garantir au peuple québécois que les coûts environnementaux encourus ne seront pas plus élevés que les gains? 4. Sommes-nous réellement prêts à jouer à la roulette russe avec l avenir de notre capital naturel, social, et économique pour un projet qui, jusqu à présent, ne semble pas pouvoir démontrer un impact économique positif qui vaille les risques encourus par la population québécoise et son patrimoine naturel? 3
5. Quelles alternatives avons-nous réellement explorées en vue de satisfaire nos besoins énergétiques de façon à assurer la santé humaine, sociale, environnementale et économique de notre nation? Ce sont ces questions que j amène sur la table aujourd hui, et que je vous demande de considérer très sérieusement lorsque vous devrez prendre une décision sur le projet de l Oléoduc Énergie Est. À la croisée des chemins : il est temps de se poser les vraies questions Nous sommes à la croisée des chemins. Il ne suffit plus de faire l autruche et de s enfouir la tête dans les sables bitumineux et faire appel à la pensée magique. Surtout lorsque l avenir de notre planète et celle de ses habitants est en jeu. Je ne désire pas être alarmiste. Ceci n est pas mon but aujourd hui. Par contre, je crois qu il est nécessaire qu on se pose des questions fondamentales avant d aller de l avant avec ce projet et tout autre projet fondé sur l exploitation du pétrole. Surtout s il est appelé à transiter sur nos terres et dans nos eaux! Dans le document de consultation de cette audience publique, on nous offre l opportunité de répondre à plusieurs questions, dont une étant de savoir si le projet de l Oléoduc Énergie Est est vraiment nécessaire. Les incidents liés au transport ferroviaire récemment ont de toute évidence eu un impact sur l imaginaire collectif et ont eu force de raison de nous faire collectivement croire qu il est nécessaire d investir dans des oléoducs pour diminuer les risques de catastrophe telles que la tragédie du lac Mégantic, par exemple. Évidemment, de tels événements doivent à tout prix être empêchés. Mais, en toute conscience, nous devons enlever nos œillères et penser aux enjeux avec une perspective beaucoup plus large que le cadre restreint que la question suivante nous impose : transport ferroviaire, fluvial ou oléoduc? Je crois que la vraie question qui s impose n est pas si le projet est nécessaire mais plutôt si même nous pouvons nous permettre d aller de l avant avec ce projet et tout autre projet qui appelle à une croissance de l exploitation pétrolière et à une croissance du nombre de barils de pétrole transporté pour raffinage et exploitation? Ceci est la vraie question que nous devons plutôt nous poser en tant que société. Selon moi, la réponse est catégoriquement NON. 4
Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer sur cette voie. Au contraire, nous devons miser tous nos efforts afin de sortir de l ère du pétrole; se défaire de notre dépendance sur les hydrocarbures. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire autrement. Et donc, nous devons, dès maintenant, cesser de nous poser de fausses questions et plutôt miser sur les questions qui auront une réelle possibilité de nous amener vers des solutions économiquement, socialement et environnementalement intelligentes et durables. Les dirigeants et les sympathisants de projets d exploitation pétrolière tentent de convaincre le public qu il n y a aucune autre alternative. Donc, on se voit devant la question : pipeline, transport ferroviaire ou maritime? Même si au fond, tous ces modes de transport vont, dorénavant, cohabiter; la quantité de pétrole transporté va augmenter de façon dramatique, et les risques associés à cette hausse aussi. Mais qu est advenue de l autre question possible? C est-à-dire : Comment pouvons-nous réduire notre dépendance sur le pétrole? Selon moi, là est la vraie question, surtout une fois qu on a réalisé qu en effet, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à accroître notre dépendance au pétrole. Non seulement est-ce une ressource non renouvelable, elle est aussi très polluante et contribue très largement aux changements climatiques. Et il est de plus en plus clair que nous ne pouvons simplement pas investir dans une industrie qui ne fera que faire en sorte que, collectivement, nous allons continuer de repousser à demain (et peut-être à trop tard) notre besoin criant de faire une transition vers des énergies renouvelables propres. Au nom de la survie de nos enfants, de nos petits-enfants, et au nom de la santé de cette planète et tous ses habitants humain, végétaux, animaux je vous implore de reformuler votre façon de penser. Le temps est venu de changer de paradoxe. La vraie solution est une transition vers des énergies renouvelables plus propres. Et peu importe ce qu en diront les magnats du pétrole et ceux qui sont en faveur du développement de ce marché, cette transition est faisable et réaliste. Elle est, en fait, la seule solution réaliste pour le bien-être futur de notre planète et de ceux qui y habitent! Au Québec (et ailleurs) il est de plus en plus clair que les risques liés au projet sont beaucoup plus grands que les bénéfices. À quel prix, sommes-nous, peuple québécois, prêts à sacrifier l avenir de nos enfants et petits-enfants pour des retombées économiques qui, somme toute, seront presque nuls? À quel prix sommes-nous enclins à jouer à la roulette russe avec notre eau potable, nos terres agricoles, notre industrie touristique, notre faune et notre flore? Et dans quel but? Devenir 5
une autoroute de pétrole pour que s enrichisse d autres aux dépens du bien-être de la société québécoise? Je crois qu il est de plus en plus clair au fur et à mesure que s informe la population québécoise que ce projet et tout autre projet de transport de pétrole sur le territoire québécois n est pas socialement acceptable. Pire encore, il n est pas environnementalement viable ni même économiquement bénéfique. Les risques (et soyons francs, les coûts qui devront être défrayés par le portefeuille publique lorsque, et non pas si, des déversements auront lieu) ne valent pas les miettes en retombées économiques qu engendrera ce projet. En outre, la feuille de route des grandes corporations quand il s agit de débourser des fonds pour nettoyer leurs dégâts une fois leurs profits accomplis ne me porte qu à croire que la facture sera prise en charge par nous, citoyens et citoyennes. En conclusion, j aimerais véhiculer, au nom de tout ce que je représente et au nom de tous les organismes communautaires et environnementaux qui sont du même avis, le message suivant : Non, c est non. Que pouvons faire pour s opposer à tous ceux qui ne veulent pas nous écouter? Bien que pas toujours d accord sur le principe de lois qui viennent restreindre nos libertés d action, il me semble que face à ces géants, il faut trouver un moyen imparable de les arrêter. Avec leur argent et leurs belles paroles, ils endorment de nombreux citoyens, de nombreux propriétaires terriens. Il faut que cela cesse. Bien que nous soyons propriétaire de notre terrain et de la maison, de nombreuses lois ont été mises en place au fil du temps qui sont pour certaines de nature provinciale comme les excavations. Une autre loi très importante est celle qui oblige tout propriétaire d une piscine creusée à entourer celle-ci d une clôture. Pourquoi? Pas seulement pour protéger les habitants de la maison, petits ou grands mais tout le monde autour. Sécurité oblige Alors comment et pourquoi laisserait-on un propriétaire terrien, appâté par le gain décider unilatéralement de laisser passer un pipeline sur son terrain avec une contrepartie monétaire? En cas de déversement, c est la sécurité de toute la population qui sera en jeu. Si nous disons NON aux pipelines, il faut exiger de notre gouvernement une loi interdisant sur le territoire du Québec que toute personne ne puisse négocier seule avec tout intervenant en matière de transport de pétrole issu des sables bitumineux. Les municipalités ne seraient plus mises devant un fait accompli mais auraient alors un droit de regard et de décision. 6
La majorité des québécois et québécoises ne veulent pas des pipelines. Ils ne veulent pas non plus devenir une autoroute pour le pétrole de l Ouest. Nous sommes amplement en mesure de rencontrer nos besoins énergétiques à même l importation de pétrole conventionnel plus léger (dont l impact environnemental est beaucoup moindre) pendant que nous travaillerons collectivement et avec acharnement vers une transition à des énergies renouvelables propres. Considérant que le but des compagnies pétrolières canadiennes est d augmenter leur production et leur exportation vers les marchés extérieurs en balayant dans notre cours tous les risques, ces entreprises devraient se trouver une autre valise qui saura accepter la poignée dans le dos que lui offre le projet de l Oléoduc Énergie Est de TransCanada et tout autre projet d Oléoduc ou même de transport accru de pétrole en terre québécoise. Avant de terminer ce mémoire, je voudrais remercier la ville de Laval pour avoir fait un mémoire aussi complet. Je pense qu il était temps que des villes viennent appuyer tous ceux qui se battent depuis des mois et des mois. Je voudrais remercier la MRC de Vaudreuil-Soulanges. Je voudrais aussi dire bravo et ne lâchons pas à tous ceux qui depuis plusieurs années, jour après jour, ont par conviction continué la lutte, mis du temps et de l argent, parlé, informé, manifesté pour se faire entendre. De crainte d en oublier, je ne dresserai pas la liste mais nous sommes désormais partout et unis. Sans tous ces groupes, nous ne serions pas là. 7